Tchernobyl absinthe l'herbe de l'oubli
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L'Herbe de l'oubli - The Forgotten Land / POINT ZERO-2017
Belgian press award "best show"2017-2018 On April 26, 1986, occurred the biggest disaster in the History of Humanity. The accident of Chernobyl emitted o...
teaser du spectacle
cet article comprend des documents filmés et dossiers sur la catastrophe de Tchernobyl, mais il est aussi un moment d'interrogation sur peut-on et si oui comment, faire théâtre sur de telles catastrophes (ma note sur le spectacle l'herbe de l'oubli suivie de l'échange très fort trouvé sur FB entre Bruno Boussagol et Virginie Symaniec, jouer pour les morts, le million de liquidateurs, jouer pour les vivants ?).
Sur Fukushima, je signale une pièce d'Alexandre Ferran : Kuyô, drame Nô.
JCG
Tchernobyl, en Russe, se traduit absinthe, l’Herbe de l’Oubli ...
34 ans après, quelles leçons retient-on de cette explosion, le 26 avril 1986 ?
Alliant marionnettes et théâtre, le spectacle L’Herbe de l’Oubli vu au Pôle Le Revest, le 24 janvier 2020, a été conçu à partir de la parole de survivants à la catastrophe, d’habitants proches de la zone d’exclusion en Biélorussie, de scientifiques actifs dans le dépistage de césium 137, de personnes ressources partisanes – ou non - du nucléaire qu’a rencontrés la compagnie Point Zéro.
Le 26 avril 1986, le cœur du réacteur numéro quatre de la centrale de Tchernobyl explose et prend feu, projetant un nuage de radioactivité dont on a retrouvé des traces dans toute l’Europe. Poussières, aérosols et gaz radioactifs (dont le césium et l’iode) sont projetés dans l’atmosphère. Le quatrième réacteur, nom de code « Abri », conserve toujours dans son ventre gainé de plomb et de béton armé, près de vingt tonnes de combustible nucléaire.
L’équipe est partie en 2017 en Ukraine et en Biélorussie à la rencontre des survivants et de leurs descendants. Ils les ont interviewés, ils les ont filmés. C’est leur parole qui est donnée à entendre, incarnée par cinq acteurs à la manière du théâtre verbatim. Voilà, c'est le pitch comme on dit.
retour de JCG: Un spectacle d'utilité publique.
La réalité scientifique de ce qui est appelé réserve radiologique naturelle (?), laboratoire, est difficile à mettre en mots. Le nucléaire militaire c'est Hiroshima, Nagasaki, deux bombes, éclair, onde de choc.... Le nucléaire civil, c'est Three Mile Island, Tchernobyl (100 fois plus de radiations que Hiroshima et Nagasaki cumulés), Fukushima. Pour Tchernobyl, près d'1 million de liquidateurs exposés à des doses mortelles ou très dangereuses. Un sarcophage puis un deuxième d'une durée de vie de 100 ans pour des produits radio-actifs à durée de vie de 100.000 ans.
C'est une zone en grande partie composée de forêts où sont réapparus en l'absence de l'homme : lynx, loups, bisons, chevaux sauvages. Quelques personnes âgées sont retournées y vivre pour retrouver leur maison, et puis... Pripiat, la ville abandonnée, devenue aujourd'hui ville touristique. La nature est belle. La rivière bleue foncée. Il y a des champignons. Cette nature inspirante, apaisante est contaminée. On ne sent rien, on ne voit rien. La mort y est invisible, frappant plus les humains que les arbres ou les oiseaux.
Cette zone ce sont des gens qui n’ont d’autre choix que de manger les légumes de leur jardin. Cultivés dans leur terre. Leur terre outragée. Il y en a qui croient que leur jardin est bio 100%. D'autres lavent les légumes à l'eau salée. Aucun effort n'a été fait pour sauver, éduquer cette population. La santé de la population reste préoccupante. Même les enfants qui viennent de naître ont déjà des maladies. Les petites doses de radioactivité et les métaux lourds provoquent des cancers, des accidents cardiovasculaires, des infarctus, des scléroses et aujourd’hui de très jeunes gens souffrent de maladies qui touchent d’habitude les plus âgés.
Scénographie (une datcha ouverte à tous les vents), lumières, musique (excellente), marionnettes dont 4 géantes à la dégaine et au visage expressif, témoins silencieux de ce qui se dit avec des comédiens au service des mots de ces oubliés de l'Histoire, de ce qui se joue avec une marionnette d'enfant, un chat ou un lynx, un cheval abattu, un couple de vieux, tout est superbement mis au service de ce théâtre verbatim sur un sujet majeur dont on se moque éperdument (le nucléaire civil, c'est l'électricité chez tout le monde, propre=slogan, économique=slogan) sauf manifestions épisodiques et sans décision politique radicale; il n'y a qu'à voir avec le nucléaire français et avec les déchets et avec les mines d'uranium (hier Areva en Afrique où on fait toujours la guerre)
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L'Herbe de l'Oubli de Jean-Michel d'Hoop
Pour questionner les traces laissées par la catastrophe de Tchernobyl, la compagnie belge Point Zéro tente une approche entre théâtre, marionnette et documentaire. Sans parvenir à lier ensembl...
une critique de L'herbe de l'oubli; j'ai donc vu un autre spectacle que Anaïs Heluin
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"Kuyô" drame Nô sur la catastrophe de Fukushima - Méras, le 2 décembre 2017
Lecture de la première partie de "Kuyô" à Méras (09350). Partie un... la seconde partie, le retour de l'esprit de la Dame d'Aneyoshi viendra peut-être, mais ...
23 avril 2020, Bruno Boussagol - Le 26 avril prochain, ça fera 34 années que la catastrophe de Tchernobyl a commencé.
Je vais consacrer ces 4 prochains jours à écrire Tchernobyl.
La première chose à dire c'est l'importance déterminante du livre LA SUPPLICATION de Svetlana Alexievitch.
Ce livre fut disponible en France dés novembre 1998.
Dire qu'il a changé la vie de celle ou celui qui le lisait il y a 22 ans n'est pas une figure de style. Fait il le même effet aujourd'hui ? Je ne peux pas le dire. En tout cas si vous ne l'avez pas encore lu, lancez vous sans filet, d'une traite et ne prenez votre respiration que le livre terminé. Si vous avez l'impression de perdre pied, tenez bon... Et on en reparle après.
Je veux aussi tout de suite citer Virginie Symaniec que vous devez/pouvez croiser sur Facebook ou dans les marchés où elle officie. Colportrice inlassable de sa maison d' édition LE VER À SOIE (qui pourrait s'écrire au moins de trois autres façons). Elle fut ma guide spirituelle (dans les deux sens du terme) et spatio-temporelle dans le dédale tchernobylien. Spécialiste mondiale du théâtre biélorussien, courageuse et téméraire, elle fut un rempart pour affronter ensemble (et avec d'autres) les foudres diplomatiques quand la France est menacée par de "tous petits artistes" perdus en pays totalitaire (la Biélorussie donc).
Car notre fait d'arme -outre d'avoir mis en scène une partie de LA SUPPLICATION en France dés juin 1999- fut d'en avoir proposé une version en langues russe et biélorusse à Minsk même (capitale de la Biélorussie) dés 2002. Version qui se joue encore 18 ans plus tard au Théâtre de la dramaturgie biélorussienne et dans divers festivals de l'ex Union Soviétique.
La troisième personne que je veux citer aujourd'hui est Galia Ackerman la traductrice de LA SUPPLICATION mais aussi et surtout maintenant LA spécialiste de Tchernobyl et de la Russie contemporaine. Elle aussi femme au combien courageuse. Comment ne pas l'être quand on brave et traque intellectuellement un homme de la trempe de Poutine !
D'autres personnes comptent énormément comme Vladimir Tcherkoff cinéaste, journaliste, enquêteur méticuleux, auteur de la somme inégalée sur le sujet: LE CRIME DE TCHERNOBYL aux éditions Acte Sud.
Aujourd'hui 25 avril 2020, je voudrais parler de théâtre, par Bruno Boussagol.
De pourquoi certain(e)s font du théâtre.
Finalement de pourquoi je fais du théâtre et pourquoi Tchernobyl occupe une telle place dans ma vie.
Dés mes 15 ans, l'oeuvre de Samuel Beckett m'a stimulé et empêché.
Stimulé parce que: plus j'avançais dans mes lectures et représentations (j'ai vu Roger Blin dans FIN DE PARTIE au Théâtre Alpha 347 en 1968), plus je comprenais que c'était l'oeuvre à partir de laquelle ma vie pouvait se justifier.
Empêché dans la mesure où mes convictions militantes me positionnaient politiquement et dramaturgiquement du coté de Brecht.
J'ai progressé dans cette tension intellectuelle pendant les années 70 et 80 avec deux béquilles contemporaines: Dario Fo et Augusto Boal.
J'ai par ailleurs opté très tôt pour un "théâtre pauvre" et une scène que je qualifierai d'abstraite.
En tout cas éloignée le plus possible des lieu institutionnels ou privés.
Au profit des espaces naturels. Ou en friches. Ou détournés. Ou occupés.Ou relégués. Avec une prédilection pour les lieux sombres comme les caves, les églises désaffectée, les forêts (j'ai aussi joué dans des théâtres bien sûr).
L'autre moteur de ma production c'est le noir (la masse noire, le volume noir) et le plein (le trop plein même). Je ne suis pas du tout du coté du fameux "espace vide" de Peter Brook.
Si je devais polémiquer je parlerais "d'espace vidé".
Une oeuvre théâtrale juste ( juste politiquement, le reste étant secondaire) est une oeuvre qui a éliminé (à la hache s'il le fallait) toutes les scories du texte mais aussi du jeu d'acteur, des couleurs, des "moyens techniques"...
C'est pourquoi en 1998, le texte de LA SUPPLICATION m'a permis de clore ce lent work in progress de 25 ans de tensions éthiques, esthétiques et politiques.
Je pouvais sortir de l'oeuvre de Beckett pour entrer de plein pied dans un monde plus beckettien que celui qu'il avait forgé: celui de Tchernobyl.
Et 8 années plus tard proposer ce moment exceptionnel que traduit cette photo du jour.
2005/2006, par Bruno Boussagol
Bruno Boussagol - Le chiffre de 1 million de "liquidateurs" morts depuis le début de la catastrophe de Tchernobyl ou encore malades devenait plausible et dans certaines publications fondé.
Mais ils étaient les grands oubliés de ces 20 dernières années (en 2006) qui étaient aussi celles de la fin de la pérestroïka, de la "chute du mur", de la fin de l' Union Soviétique et de la vie d' "après".
Vassili Nesterenko (grande figure scientifique et "conscience" de Tchernobyl) distillait dans ses interventions et interviews l'idée que sans ces "liquidateurs" qui s'étaient sacrifiés, l'Europe aussi aurait été effacée.
Nous avons une dette immense envers ces hommes et ces femmes (car il y en eut aussi des "liquidatrices").
Comment les artistes engagés que nous étions pouvaient rendre compte de ce déni de reconnaissance ?
De 1999 à 2003 nous avions consacré notre temps et notre énergie à jouer, à "tourner", à organiser et/ou animer des colloques. Nous avions même créé un festival à Gomel en Biélorussie (festival du théâtre francophone) et à Clermont-Ferrand ("en attendant la Biélorussie" avec une cinquantaine d'artistes biélorusses et la revue "perspectives biélorussiennes").
Une voix creusait nos consciences. Celle de Svetlana Alexievitch qui nous avait soufflé de "jouer pour les morts".
Pour ces "liquidateurs" oubliés.
Une idée folle !
Lorsqu'on est metteur en scène, comédien, dramaturge on conçoit le théâtre pour les vivants.
Un public pourrait il être constitué de morts ? Surtout autant !
Cette folie va gagner au final une cinquantaine d'artistes, chauffeurs, cuisiniers, accompagnateurs, traducteurs.
Ce sera LA DIAGONALE DE TCHERNOBYL qui partira le 16 avril 2006 de la très grande manifestation de Cherbourg contre l' EPR (30 000 participants) pour traverser en quelques jours la Belgique, l' Allemagne, la Pologne et l' Ukraine et arriver à Tchernobyl avant le 26 avril. Nous resterons trois semaines à Volodarka accueillis par les villageois.
Pour se faire, nous avions acheté autobus et caravanes qui seront "transformés" dans un premier temps en dortoir et salle à manger puis après plusieurs "résidences" au Parapluie d' Aurillac en salle de cinéma, 2 petits théâtres pour 10 personnes, 2 salles d'exposition et toujours dortoir et salle à manger.
Ces bus et caravanes devinrent des oeuvres d'art réalisées par Pierre Della Giustina. La photo (de Christian Guy) ci dessous illustre ce processus.
Virginie Symaniec - J'ai toujours été contre cette idée de jouer pour les morts. C'est d'ailleurs ce qui marque ma rupture avec ta démarche et la raison pour laquelle je ne vous ai pas accompagné. La question pour moi n'est même pas de savoir si on peut jouer pour des morts ou pour des vivants. Si personne ne regarde il n'y a de toute façon pas théâtre. Ou alors ce serait dire qu'on serait vu par des morts, ce qui entre pour moi dans une forme de mystique totalement anti-théâtrale et tellement anti-démocratique que cela ne m'est pas possible de le défendre. Il se trouve donc que, pour moi, c'était le fait de faire théâtre qui comptait. Faire théâtre, soudain, politisait tout, et à un point exacerbé, et pas seulement en Biélorussie puisque nos principaux opposants représentaient l'ambassade de France, c'est-à-dire un des principaux États nucléaires, le nôtre (il n'y avait pas encore de centrale nucléaire en Biélorussie à l'époque où nous y étions, mais eux travaillaient pour qu'il y en ait une. Aujourd'hui, il y en a une, c'est fait, ils ont gagné).
Aussi, pour moi, le fondamental est ce qui s'est produit pendant que notre action était vue comme éminemment théâtrale, c'est-à-dire comme éminemment politique ; pendant qu'on nous menaçait parce que nous faisions du théâtre qui allait justement pouvoir être vu, regardé, pleuré et parlé, par des vivants et des survivants qui pouvaient demander des comptes. Pour la première fois, ces survivants pouvaient s'identifier à des gens qui leur parlaient d'eux, de leur histoire, de leurs sentiments. Quoi de plus dangereux que de jouer pour les vivants lorsqu'on ne veut pas que le débat ait lieu ?
L'idée de "jouer pour les morts" était donc pour moi un glissement de terrain qui nous emmenait hors du théâtre. C'était pour moi une compromission inacceptable de ce point de vue. On ne pouvait d'ailleurs pas mieux dénier le sens de mon combat pendant lequel je m'en étais pris justement plein la figure en faisant du théâtre pour les vivants, puisque c'est cette possibilité qui posait apparemment problème. Le fait que tu aies accepté le paradigme de "jouer pour les morts" nous a séparé, mais à te lire aujourd'hui, je comprends que je ne regrette absolument pas de ne pas avoir suivi la diagonale. Le formuler en te lisant me fait beaucoup de bien. Je me suis retrouvée entièrement seule, et j'ai traversé par la suite des années extrêmement difficiles en tant que "dangereuse politique" parce que j'avais osé faire du théâtre pour les vivants donc, mais cela continue à me nourrir et à me donner une force inouïe aujourd'hui.
Bruno Boussagol - Virginie, merci pour ton texte. Je regrette cette rupture au combien ! Mais comme tu l'écris, cette injonction (car je l'ai vécu comme une injonction de la part de Svetlana Alexievitch) ne pouvait que nous séparer. J'ai vécu cette période de 2 années (la préparation et la réalisation) dans un accès maniaque durant lequel rien ne me résistait. Jusqu'à l'entrée dans la Zone interdite puisque ma "correspondante" venait de mourir pendant que nous avancions vers Tchernobyl nous laissant à la barrière face à une administration hostile. Jusqu'à ce qu'une collègue craque et nous ouvre la zone, justifiant qu'elle était contre notre démarche mais qu'elle le faisait en mémoire de sa collègue décédée. Mais cette Diagonale poussée à son terme durant le Festival d' Aurillac m'a permis d'aller à fond dans ma propre rupture d'avec cette partie de moi même qui peut être qualifiée de mystique. J'en suis sorti, épuisé par un zona que je n'avais pas vu grandir dans mon dos (signifiant que j'ai déconstruit en Zone A celle justement interdite !). 6 mois d'inactivité totale. Lorsque j'ai émergé l'oeuvre était accomplie et je pouvais revenir au théâtre pour les vivants. Et ce fut l'aventure WOMEN 68 MÊME PAS MORT.
Virginie Symaniec - J'ai vu que tu l'avais pris comme une injonction, et cela m'a vraiment attristée parce que c'est une idée qu'elle semblait justement avoir ramené de l'Ambassade. Il est vrai que, à l'époque, je l'ai pris comme une trahison.
Women 68 même pas mort, et dire que je n'avais pas fait le lien. Ce spectacle était tellement extraordinaire ! C'est le seul spectacle où je ne me suis même pas rendue compte que j'applaudissais en criant et en tapant des pieds. Nous étions 3 nés en 68 dans la salle. Jamais personne ne nous avait parlé de nous de cette manière. Cette fois, c'est moi qui pouvais vraiment m'identifier. Si mes souvenirs sont bons, je l'ai vu à La Villette avec Philippe et Bertrand qui, par ailleurs, étaient aussi en Biélorussie à Minsk et à Gomel. C'était la première fois qu'on revenait vers toi grâce à Alice d'ailleurs, mais je ne me souviens plus de l'année. Vous étiez, sur scène, absolument splendides et je pense très souvent à ce spectacle encore aujourd'hui. C'est l'un de ceux qui m'ont le plus marqué.
Topor Roland - Bonsoir. Je ne connais pas cette aventure. Je me souviens à l'époque du spectacle des biélorusses de Licedei sur le parking d'un supermarché à Aurillac. Plus tard j'ai lu La Supplication. Et la saison passée j'ai accueilli dans mon théâtre "Ce quelque chose qui est là" adapté de "La Nuit tombée" d'Antoine Choplin par Chantal Morel. Le commentaire de Virginie Symaniec me touche beaucoup. Entre faire théâtre avec les morts qui est la fondation même du théâtre et jouer pour les morts il y a une dérive sémantique qui me semble correspondre à la terrible instabilité de la parole contemporaine. Ce n'est qu'un commentaire dénué de vindicte, juste pour savoir ce qui profondément a motivé un tel projet. Bien cordialement.
Virginie Symaniec - Bonsoir. C'est important, ce lien que vous faites avec "la terrible instabilité de la parole contemporaine" ou le sentiment est d'être en permanence harassé par la dissociation cognitive, le double bind, le tout et son contraire, le mensonge qui fait système. J'avoue que, à l'époque, je n'ai pas du tout pensé les choses sur ce plan plus global car cela n'apparaissait pas de manière aussi crue dans nos vies, mais cette peste commençait pourtant à se répandre. A l'époque, je bataillais, je parlais de contresens. Car dans l'idée de jouer pour les morts, il y avait pour moi un contresens du même ordre que celui qui existait entre le titre original de l’œuvre "La Prière de Tchernobyl. Chroniques du futur" et le titre que son éditeur lui avait donné en français "la Supplication. Chroniques du monde après l'Apocalypse". Aujourd'hui, je dirais que, à l'époque, je ne savais pas que la politique existait comme ça. Maintenant, je le sais, j'ai dû grandir. Merci pour votre réaction.
Bruno Tackels - Merci pour cet échange si fort, qui dit la puissance de ce travail.
Je suis passé à côté, je le regrette beaucoup.
Cela me fait penser à Godard, qui depuis le nouveau siècle ne fait plus de cinéma pour ses contemporains, mais filmé pour les anges, celui de Benjamin et les autres.
Aujourd'hui 26 avril 2020.
Au moment où je publie ce post, ça fait 17 heures et 34 ans que le réacteur N°4 de la centrale de Tchernobyl a explosé libérant une puissante colonne incandescente verte et bleue visible à plusieurs kilomètres et dont les retombées microscopiques ne cessent pas de pénétrer les corps, les sols, les arbres, les légumes et les rivières.
Dans le prologue à LA SUPPLICATION de Svetlana Alexievitch, le personnage que nous nommons Elena raconte ce qui dans un premier temps n'est qu'un simple incendie que son jeune mari est appelé à éteindre.
Ils vivent une vie banale, heureuse et soviétique à la caserne des sapeurs pompiers de Pripiat.
Son mari sera un des premiers irradiés de Tchernobyl et mourra 14 jours plus tard à Moscou.
14 jours qui vont bouleverser l'ordre du monde.
Un basculement paradigmatique que ce que nous vivons actuellement répète à l'échelle planétaire.
Ce prologue est l'un des plus beaux textes d'amour de la littérature contemporaine récente.
Nous en avons fait la matrice d'un acte théâtral que Nathalie Vannereau joue depuis 20 ans en tous lieux et par tous les temps sous le titre: ELENA OU LA MÉMOIRE DU FUTUR.
J'en viens maintenant à ma proposition pour le 26 avril 2021.
Dans un an donc.
Proposition à laquelle quiconque peut participer.
Il s'agira à cette date de dire le texte de ce prologue.
Où que l'on soit dans le monde, qui que l'on soit.
Sur une scène de théâtre comme dans un appartement. Dans une forêt comme dans une friche industrielle. Dans une cave comme dans un bistrot.
Pour 10 personnes comme pour 500.
Une représentation unique.
Le texte existe déjà dans une vingtaine de langues.
C'est une proposition simple.
La personne qui porte le texte trouve le lieu de la représentation et le public auquel elle s'adressera.
Elle est comédienne professionnelle, amateur ou pour la circonstance.
Elle joue le personnage ou lit le texte.
Pas d'effet, pas de trucage, pas de détournement, pas de sonorisation.
Pas de colloque, pas de prière.
Avant tout un acte théâtral, un acte artistique dont la puissance sera à la hauteur du CRIME DE TCHERNOBYL
Aucun argent enjeu.
Pas de billetterie payante, pas d'enregistrement, pas de commercialisation d'aucun ordre.
Mon rôle sera celui de coordinateur et animateur du projet.
J'y consacrerai ces prochains 12 mois.
Un site internet dédié recensera toutes les propositions au fur et à mesure qu'elles me seront communiquées.
C'est strictement dans ces conditions que Svetlana Alexievitch aliéne ses droits pour que le Prologue de LA SUPPLICATION soit interprété le 26 avril 2021 n'importe où dans le monde.
La photo qui illustre ce post a été prise à la MAISON DE L'ARBRE de Montreuil lors de la manifestation que nous y avions organisée en avril 2016 sous le titre LA VIGNE, LE BOULEAU ET LE CERISIER en référence aux arbres qui poussent à proximité des accidents nucléaires passés ou à venir.
Nathalie Vannereau y interprétait ELENA OU LA MÉMOIRE DU FUTUR au milieu des portraits de "400 liquidateurs" soviétiques éclairée par 500 bougies.
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2006 ♦ Brut de Béton Production
BRUT DE BETON PRODUCTION "La diagonale de tchernobyl" En résidence de création au Parapluie du 1er mars au 4 avril / du 1er juin au 18 juillet et du 14 au 20 août 2006 "La Diagonale de Tchernoby...
sur le projet et la réalisation La diagonale de Tchernobyl
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2006 La diagonale de Tchernobyl - Photographes Nomades
Thèmes > Cies de théâtre > Brut de Béton Productions
photos de Jean-Pierre Estournet
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For 30 years now, the name Chernobyl has been the synonym of the world's first major nuclear disaster. The events of April 26, 1986 would precipitate changes in the way nuclear power was viewed. The
excellent dossier, faut apprendre à naviguer dedans
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☢️☢️☢️ La bataille de Tchernobyl (1/2) ☢️☢️☢️
Le 26 avril 1986, une flamme de 1000 mètres de haut s'élève dans le ciel d'Ukraine. Le quatrième réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl vient d'expl...
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☢️☢️☢️ La bataille de Tchernobyl (2/2) ☢️☢️☢️
Le 26 avril 1986, une flamme de 1000 mètres de haut s'élève dans le ciel d'Ukraine. Le quatrième réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl vient d'expl...
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DANS LES PARTIES RADIOACTIVES DE TCHERNOBYL
We left for 4 days in the exclusion zone of Chernobyl to explore every nook and cranny. From the nuclear power station to the ghost town of Prypiat, passing ...
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Tchernobyl, hommage virtuel aux victimes - Blog de Jean-Claude Grosse
26 avril 1986, Tchernobyl ; To Olenka Chemezova, a young, talented pianist who died of cancer in the summer of 1995 26 avril 1986, catastrophe de Tchernobyl; To an Angel of Pripyat / Ангелу ...
http://les4saisons.over-blog.com/article-tchernobyl-hommage-virtuel-aux-victimes-72629343.html
une artiste bielorusse a entrepris cet hommage virtuel aux victimes de Tchernobyl