quelques livres récents et plus anciens sur Bonaparte et Napoléon
La Grande Librairie du mercredi 24 mars 2021 fut consacrée au bicentenaire de la mort de Napoléon, le 5 mai 1821, à Sainte-Hélène.
Je retiens essentiellement de cette soirée, l'idée de démocratisation de la gloire selon Pascale Fautrier, d'économie de la gloire selon Thierry Lentz. L'éthique de la gloire remonte à l'antiquité. La recherche de la gloire c'est une tentative de gagner l'immortalité par la gloire éternelle, liée à la gloire donnée par les armes ou par l'oeuvre dépassant son auteur. Marcel Conche, admirateur de Napoléon avec cet étonnement devant la dévotion, le dévouement jusqu'à la mort des grognards pour leur Empereur, décrit très bien cette éthique dans ses essais sur Homère (L'Iliade). La démocratisation de la gloire c'est ce que rendit possible Bonaparte puis Napoléon s'entourant de jeunes généraux. Des destins glorieux, dans l'ombre de celui qui achevait (aux deux sens du verbe) la Révolution française, devenaient possibles. Poète de l'action a dit Chateaubriand dont Marc Fumaroli a préfacé les 400 pages enflammés de Chateaubriand sur Napoléon.
François René de Chateaubriand, puissant écrivain par qui le romantisme est né, fut aussi un diplomate impliqué dans les grands événements de son époque. Adversaire de Napoléon Bonaparte, il fut pourtant fasciné par la grandeur du personnage et lui consacra des pages d'anthologie dans ses célèbres Mémoires d'outre-tombe.
Sans complaisance ni bassesse, François René de Chateaubriand, dresse le portrait d'un génie politique dont la chute, plus que la rapide ascension, souligna la gloire.
Chateaubriand à jamais
Comment juger un grand livre au moment de sa parution ? Personne ne l'attend, il vient de loin, des années de travail et de fermentation. Il prend l'actualité à contre-pied, ouvre à nouveau l'Histoire, dénoue des questions figées.
Il bouscule les académismes et les pseudo-modernités, il respire à l'air libre. Tel est le monument pluriel que Marc Fumaroli vient de dresser à la gloire de Chateaubriand.
Vous ne vous attendiez pas à la résurrection de cet enchanteur-emmerdeur sur la tombe duquel, à en croire Simone de Beauvoir, le jeune Sartre est allé un jour pisser pour fonder son empire ? Vous trouvez Chateaubriand dépassé, réactionnaire, démoralisant, fâcheusement musical ? Je sais, le livre de Marc Fumaroli fait 800 pages, et il faut le lire. Vous n'avez pas le temps, le passé vous rebute, vous vivez au jour le jour en vous défiant des morts ? Tant pis, c'est comme ça, il y a un feu d'enfer dans la bibliothèque profonde. On murmure, ces temps-ci, que la France tombe. Qu'elle lise ou relise donc, pour voir, les Mémoires d'outre-tombe.
Plusieurs livres en un seul, voilà une générosité folle, raison pour laquelle Fumaroli, dans une société de mesquinerie généralisée, doit s'attendre à une réception superficielle, ignorante, pincée, polie, chichiteuse. Que vient faire cette tête de Méduse parmi nous ? Pourquoi rapprocher la question de la Poésie de celle de la Terreur, comme s'il s'agissait d'une même substance physiologique ? Quoi, encore les questions qui fâchent ? La Révolution, Napoléon, la République, le génie du christianisme, la guerre civile interminable, la réconciliation impossible ? Ne vaut-il pas mieux survivre et dormir ?
Mais voilà, et Fumaroli le montre vague après vague, Chateaubriand est le carrefour crucial de l'histoire de France, comme de celle de l'Europe et du monde. Marx était contournable, Rome et la démocratie sont toujours là, quoi qu'en pensent les éradicateurs de tous bords. L'Histoire est loin d'être finie, elle tourne, se retourne, se métamorphose, "sa transformation enveloppe la transformation universelle". Chateaubriand : l'homme des mutations à travers une fidélité stricte. Il a connu la pauvreté, l'exil, les grands voyages, il a découvert pour nous une autre dimension du Temps. C'est un écrivain ? Mais oui, et l'un des plus grands par sa volonté de rassemblement du passé et son influence sur l'avenir.
En amont : Homère, Virgile, Dante, Le Tasse, Shakespeare, Milton, Rousseau, Byron. En aval : son neveu Tocqueville, Balzac, Hugo, Baudelaire, Lautréamont, Rimbaud, Proust, Céline. A la recherche du temps perdu ? Couleur Chateaubriand. Une saison en enfer? Impossible sans Chateaubriand . "Je suis réellement d'outre-tombe", dit Rimbaud, qui a lu tout ce qu'il fallait lire. De sorte qu'on a envie, pour Chateaubriand, de reprendre ce qu'il note lui-même à propos de Bossuet : "Il change de temps et de place à son gré ; il passe avec la rapidité et la majesté des siècles. (...) Il élève ses lamentations prophétiques à travers la poudre et les débris du genre humain." Ecriture profane, écriture sacrée : les Mémoires, pour la première fois en français, réalisent cet alliage et cette transmutation improbable.
La solitude, l'étrangeté à soi et aux événements, la révélation de la terreur sous forme de têtes tranchées, le long duel symbolique avec Bonaparte, la politique nationale et internationale, l'échec de la Restauration libérale, les passions féminines, la foi, l'écriture par-delà le temps et la mort, le retrait inspiré... Qui dit mieux, plus contradictoire, plus ample ?
Chateaubriand n'est pas un opportuniste d'Ancien Régime, ni un contre-révolutionnaire passéiste. Ce n'est pas non plus "un grand paon", comme l'a dit, un peu bêtement, Julien Gracq. Il n'a rien à voir avec Talleyrand, qui aura passé sa vie à "changer de maître comme on change de domestique". Talleyrand et Fouché entrant chez Louis XVIII pour reprendre du service, telle est la "vision infernale" : "Tout à coup, une porte s'ouvre : entre silencieusement le vice appuyé sur le crime." Quelle phrase, quelle scansion. Chateaubriand vient de Rousseau, bien sûr, mais rien à faire : il reste catholique, pécheur et papiste.
Fumaroli, dans un chapitre ébouriffant, le montre poursuivant sans cesse une "sylphide" dont les prénoms seront, tour à tour, Pauline, Delphine, Natalie, Claire, Hortense (sans oublier Charlotte, en Angleterre, qu'il n'épousera pas puisqu'il est déjà marié). Et Juliette, enfin (Récamier), muse et protectrice de ses vieux jours. Son enfance bretonne à château le nourrit sans cesse, et comment ne pas savoir immédiatement que c'est lui en lisant par exemple ce coup d'archet : "Les jours d'orage, en été, je montais au haut de la grosse tour de l'ouest" ? C'est un corps sensible, un royaume (sur terre, dans le ciel). Le royaume n'est pas le roi ni l'idée monarchique : il s'agit plutôt, dit Fumaroli, d'une "poésie tacite" que la violence sanglante ou corruptrice fait surgir comme une vision. Cette vision persiste à travers les bruits, les fureurs et les fastes de l'Empire (Napoléon, "empereur des parvenus", n'en est pas moins l'esprit du monde aperçu par Hegel à Iéna, d'où ce jugement de Chateaubriand : "Après Napoléon, néant").
Portraits, descriptions (l'incroyable récit de la retraite de Russie), retours en arrière, déploiement de l'Histoire : vous ouvrez les Mémoires, vous n'en sortez plus. Fumaroli a raison de parler de "voyance polyédrique", de "cubisme", de"réel à plusieurs faces, à perspectives multiples, à temps superposés". C'est une voix qui chante et semble venir d'une région inconnue : le papier, l'encre, la lenteur, le vent, l'orage, l'Amérique, Jérusalem, les salons, les ministères, Londres, Rome, Venise, la Trappe (La Vie de Rancé).
Chateaubriand ou la noblesse de l'histoire : "La rapidité des fortunes, la vulgarité des mœurs, la promptitude de l'élévation et de l'abaissement des personnages modernes, ôtera, je le crains, à notre temps, une partie de la noblesse de l'histoire." Sans commentaire. Celui-ci, pourtant, à propos des Français, "dogmatiquement amoureux du niveau" : "Ils n'aiment pas la liberté, l'égalité seule est leur idole. Or l'égalité et le despotisme ont des liaisons secrètes."
Faut-il rouvrir un instant le musée des horreurs du XXe siècle pour prouver la justesse d'une telle appréciation ? L'affaire est jugée mais elle peut continuer sous d'autres formes, il suffira de savoir écouter. Chateaubriand est un fanatique de la liberté, là est la surprise. La conséquence logique est la solitude, mais aussi la victoire posthume. Pas de précipitation, des milliers de pages entassées près de son lit de mort dans des caisses de bois. Rejeté par le parti de l'ordre ("J'aimais trop la liberté") comme par celui issu du jacobinisme ("Je détestais trop le crime"), il ne reste à Chateaubriand, la plume à la main qu'il confond avec le crucifix, que des "semences d'éternité". La France, après la Terreur et l'Empire, était devenue un immense commissariat (Fouché, "cerveau de la première police politique secrète"). Bonaparte, en Egypte, feignait, contre Rome, d'être musulman, d'où cette notation qui prend de nos jours une portée savoureuse : "Comme Mahomet avec le glaive et le Coran, nous allions l'épée dans une main, les droits de l'homme dans l'autre." Rien de très nouveau sous le soleil, donc. Si, pourtant : on peut imaginer une Terreur par anesthésie générale et ablation chirurgicale de la poésie. Opération en cours. Conclusion : "Il est pour les hommes des vérités cachées dans la profondeur du temps ; elles ne se manifestent qu'à l'aide des siècles, comme il y a des étoiles si éloignées de la Terre que leur lumière n'est pas encore parvenue jusqu'à nous."
Philippe Sollers
La veille, j'avais vu le remarquable mais très noir documentaire sur Les Damnés de la Commune (18 mars 1871-28 mai 1871).
Bonaparte fut témoin de la journée du 10 août 1792 à Paris. Il en ressentit une profonde aversion pour la populace en colère, pour la canaille, la racaille. Ce mépris, cette haine des émeutiers, des révolutionnaires, du peuple en armes sont caractéristiques de la bourgeoisie. Les termes employés interdisent la reconnaissance de cet autre, de cet étranger, de cette étrangeté.
10 août 1792 : Chute de la monarchie en France
La journée du 10 août 1792 a été qualifiée par certains historiens de « Seconde Révolution ». En effet, cette date, peu connue, fait partie de celles qui ont marqué la Révolution française. Cette journée sanglante et historique marque, en fait, la chute de 1 000 ans de monarchie en France.
Le contexte
Suite à la rupture croissante entre le peuple et le roi de France Louis XVI, le pouvoir de ce dernier s’est fortement dégradé. En Juin 1791, le roi, accompagné de sa femme Marie-Antoinette et de leur famille immédiate tentèrent alors de faire une fuite, de rejoindre le bastion royaliste de Montmédy et de lancer une contre-révolution. Mais cette évasion manquée discrédite fortement de roi. Ce dernier, accompagné de sa femme et de leur famille sont alors assignés à résidence au Palais des Tuileries et surveillés par le peuple. Pourtant, afin de restaurer son autorité, le roi comptait sur l’aide des armées étrangères. Furieux envers la monarchie, le peuple parisien aspire à une république et se prépare à une nouvelle journée de révolution.
La prise des Tuileries
A Paris, dans la nuit du 9 au 10 août 1792, le tocsin commence à sonner aux clochers. Au matin, une foule de sans-culottes se rassemblent aux abords du siège du pouvoir exécutif, le palais des Tuileries. La défense de celui-ci avait déjà été préparée. Plus de 950 gardes suisses et près de 2 000 à 3 000 gardes nationaux étaient présents sur les lieux. Toutefois, ces derniers, accompagnés des canonniers, se sont vite ralliés du côté des insurgés. La foule des Parisiens insultent également le roi. Apeuré, celui-ci, suivi de sa famille, cherche alors refuge au sein de l’Assemblée.
Pendant ce temps, le palais est assailli. Les gardes suisses se mettent à tirer sur les insurgés. Le roi ordonne, mais tardivement, le retrait des gardes suisses. Aidés par les Bataillons des Fédérés de Brest et ceux de Marseille, les sans culottes et les gardes nationaux, qui se sont ralliés, gagnent finalement le combat.
Des pertes en vies humaines et la fin de la monarchie
Cette journée ensanglantée a fait plus de 650 morts au combat chez les gardes-suisses. 300 d’entre eux se sont faits prisonniers, dont 200 sont morts en prison des suites de leur blessure. Plus de 200 aristocrates et gens de maison ont également perdu la vie durant cette prise des Tuileries. Chez les insurgés, cette journée révolutionnaire a fait 200 à 400 morts.
La suspension du roi a alors été prononcée par l’Assemblée législative.
la journée du 10 août 1792 et le décret d'abolition de la monarchie
Chateaubriand et Stendhal sur Napoléon / l'éthique de la gloire à travers l'Iliade de Homère, analysée par Marcel Conche
la haine viscérale de la bourgeoisie pour la populace, la canaille, la racaille... ces expressions interdisant de reconnaître cet autre, cet étranger, cette étrangeté permettent de ne pas entendre la volonté d'émancipation des exploités quand ils se soulèvent
L'onde de choc provoquée par la Révolution française puis par l'Empire a longtemps fait oublier que les guerres napoléoniennes qui s'ensuivirent eurent des répercussions mondiales, loin de l'épicentre européen. Dans cette synthèse magistrale, Alexander Mikaberidze met en lumière leurs incidences politiques, culturelles, diplomatiques et militaires à l'échelle planétaire. Partout, les grandes puissances rivalisèrent pour affirmer leur hégémonie, depuis l'Amérique jusqu'à l'Extrême-Orient. Par leurs effets, directs ou indirects, ces guerres furent l'agent de transformation le plus puissant que l'histoire ait connu depuis la Réforme. L'ordre international s'en trouva durablement modifié, la carte du monde redessinée. Richement documentée, précise, cette somme aussi passionnante qu'érudite est tout à la fois une oeuvre aboutie en même temps qu'une extraordinaire contribution à notre compréhension de cette époque. Austerlitz, Iéna, Wagram, Waterloo... Au-delà de ces noms légendaires, l'historien Alexander Mikaberidze invite à porter notre regard hors d'Europe. De l'Amérique à l'Extrême-Orient, les guerres napoléoniennes ont eu des répercussions politiques, culturelles et militaires sur tous les continents. Elles ont bouleversé l'histoire et redessiné la carte du monde. Une synthèse inédite et magistrale.
Auteur d'une quarantaine d'ouvrages consacrés au Consulat et à l'Empire, Thierry Lentz n'avait pourtant jamais publié de biographie de Napoléon. Ce Dictionnaire historique en fait désormais office : une façon ambitieuse, exhaustive et originale de traiter le " grand homme ", par un de ses meilleurs spécialistes.
En 300 notices choisies librement mais sans négliger aucune facette de l'exercice biographique, l'auteur fait le point sur les connaissances et les recherches les plus récentes sur Napoléon, son œuvre, les événements de sa vie, ses réussites et ses échecs, la trace qu'il a laissée dans la France contemporaine. De sa naissance à sa mort, et même jusqu'au retour des Cendres de 1840 et à l'envol de la légende, tous les sujets sont abordés avec le talent et la clarté qui caractérisent l'auteur : formation, carrière, campagnes militaires, gouvernement, grands événements, conquêtes, batailles, amours, mais aussi conceptions politiques, sociales, diplomatiques.
Ce grand dictionnaire, véritable encyclopédie de tout ce que l'on doit savoir sur Napoléon, séduira aussi bien les spécialistes que les amateurs qui découvriront une histoire renouvelée de la vie et de l'œuvre de l'empereur des Français. Un ouvrage de référence qui fera date.
Les images les plus belles et les plus significatives jamais réunies sur l'Empereur.
Sur un texte clair et séduisant de Thierry Lentz, retraçant en chapitres thématiques les différents traits de la personne et de l'action de Napoléon, de sa naissance à sa mort, ont été réunies et mises en page de façon superbe une centaine d'illustrations, aussi bien les incontournables que d'autres plus rares. Une place particulière est réservée aux portraits permettant d'offrir en contrepoint du texte une biographie par l'image innovante et spectaculaire. Cette alliance réussie donne toute la mesure du destin le plus extraordinaire de notre histoire, et de celle de l'Europe. Cet ouvrage de prestige est, par sa qualité intellectuelle et artistique, sans équivalent.
Sur le confiné le plus célèbre du monde, une vue à couper le souffle.
L'épopée napoléonienne ne s'est pas terminée à Paris avec l'abdication du 22 juin 1815. Dans un tout autre cadre, un rocher au milieu de l'Atlantique-Sud, et dans un registre intime, celui du confinement de quelques Français dans une demeure humide, elle s'est poursuivie pendant six années, dont Las Cases, dans le Mémorial de Sainte-Hélène, n'a donné qu'un aperçu biaisé sur les premiers mois. Ce ne fut pas une extinction lente et passive. Jusqu'à sa mort le 5 mai 1821, Napoléon mena un combat rude et solitaire contre la fatalité. Jamais, placé dans des circonstances exceptionnelles, il ne renonça à l'espérance et à la gloire, qui l'avaient animé toute sa vie. En dépit de la paranoia de ses geôliers et des petitesses de son entourage, il ne renonça à rien, et suscita aussi des complicités inattendues, au point que sa captivité aurait pu tourner autrement. L'empereur n'aimait pas les histoires écrites d'avance. Sans doute est-ce pour cela aussi qu'il continue de fasciner.
A partir de sources ignorées ou inédites, Pierre Branda traite des différents aspects matériels, politiques et moraux, de l'existence de l'illustre exilé et de ce qui s'y rattache. Tous les acteurs du drame, des compagnons les plus proches aux témoins les plus humbles, des gouvernants aux anonymes, prennent consistance et mouvement, à Sainte-Hélène mais aussi à Londres, à Paris, et partout où le sort de Napoléon obsède, inquiète ou apitoie. Toutes les situations, tous les incidents, sont passés au peigne fin et rendus à leur signification véritable. Il en ressort des éclairages insolites, des portraits toujours justes et parfois sévères, des remises en perspective et, au fil de jours parfois interminables, un récit saisissant, comme si le lecteur n'en connaissait pas la fin.
Cette promenade dans Paris par Pascale Fautrier sur les traces de Napoléon Bonaparte sera l'occasion d'une réflexion sur les ambiguïtés de l'humanisme libéral européen. C'est à Hitler que nous devons d'avoir fait déposer les restes de l'Aiglon auprès du tombeau impérial de son père aux Invalides. De l'extrême droite à l'extrême gauche, Napoléon est vénéré.
Pour célébrer le centenaire de la mort de Napoléon le 5 mai 1921, la République française avait hésité entre deux lieux : les Champs-Élysées et les Invalides ; entre son tombeau et le monument le plus célèbre associé à sa gloire, l'Arc de triomphe. Que célèbre-t-on à son bicentenaire au 5 mai 2021 ? Le général des armées révolutionnaires ou bien l'autocrate qui a rétabli l'esclavage et réduit les femmes au statut juridique d'éternelles mineures tutorées par pères et maris?
850 mètres séparent l'École militaire de Paris et les Invalides : les premiers pas dans la carrière d'homme de guerre et le tombeau.
Comment un jeune étranger, prononçant mal le français, épris de l'antique liberté républicaine et communaliste de sa petite île de Corse, a-t-il pu s'endurcir au point assez fou de se prendre pour Charlemagne et se faire couronner par le pape dans Notre-Dame ? Pourquoi son aventure humaine et inhumaine a-t-elle été si longtemps en Europe et ailleurs un modèle d'accomplissement viril? A l'heure de Trump, Poutine, Bolsonaro, Modi et des couronnements présidentiels au Louvre, est-on bien sûr d'en avoir fini avec les Messies bottés ? Trouverons-nous encore, sous les traces de Napoléon Bonaparte, l'ancienne promesse de justice égalitaire non encore accomplie?
Si les sociétés coloniales des Antilles françaises sont bien connues à travers l’histoire des esclaves, celle de leurs propriétaires restait à faire. Et pour cause : c’est la chronique honteuse de dominants engagés dans une épouvantable entreprise d’exploitation de femmes, d’hommes et d’enfants.
Pourtant, l’histoire des esclaves est indissociable de celle des maîtres. C’est celle que raconte Frédéric Régent, à travers le cas de la Guadeloupe. Il suit en particulier le parcours de quatre familles sur huit générations et reconstitue leur installation sur l’île, à partir de 1635. C’est le temps de la culture du tabac, il faut mettre en valeur les terres : ces premiers colons font appel à des engagés, des Européens, qui sous un contrat de servitude subissent de terribles conditions de travail qui préfigurent celles que subiront les esclaves. Par la suite, certains de ces engagés deviennent eux-mêmes des maîtres. Puis avec le développement de la production de sucre, les esclaves sont de plus en plus nombreux à être importés d’Afrique. Ces maîtres ont recours à une extrême violence. Toutefois, du fait du faible nombre de femmes européennes, certains s’unissent avec leurs esclaves. Au gré de la fortune, quelques-uns de leurs descendants passent pour blancs, tandis que d’autres forment la catégorie des libres de couleur. La production de sucre fait la richesse de ces propriétaires. À travers leurs habitations, ils mettent en place des entreprises mobilisant d’énormes capitaux en s’intégrant à une économie connectée au monde. Les maîtres de la Guadeloupe constituent bien un des acteurs moteurs d’une des principales puissances de l’Europe moderne.
Eté 1815. Après Waterloo, la France est envahie, humiliée, dévastée ; Napoléon part en exil à Sainte-Hélène, la royauté est restaurée. Une jeune femme surgie de nulle part se déclare fille naturelle de l'Empereur ! Sa mère aurait connu Bonaparte lorsqu'il était sous-lieutenant à Auxonne, explique la belle Charlotte Chappuis. Le ministre de la Police générale, Fouché, la fait enfermer, mais l'aventurière échappe à la vigilance des autorités. Tenace, rusée, charmante, suscitant des sympathies politiques et plusieurs demandes en mariage, Charlotte joue sa partie pour défendre sa liberté et faire valoir ses droits. Détective, enquêteur de cette histoire abracadabrantesque, Bruno Fuligni.
Cerner l’homme Napoléon Bonaparte sous toutes ses facettes : telle est l’ambition du présent ouvrage. Depuis l’œuvre de Jean Tulard en 1977, les études napoléoniennes se sont très largement renouvelées, notamment sous l’impulsion du Napoléon, de la mythologie à l’histoire que Natalie Petiteau a publié en 1999. Par ailleurs, de nombreuses sources nouvelles ont été mises au jour. Il était donc temps de relire l’histoire de Napoléon Bonaparte avec toutes ces données inédites, mais aussi dans une démarche qui tienne compte des nouvelles approches du genre biographique. Natalie Petiteau propose ici de comprendre la vie d’un homme, Napoléon Bonaparte, dans un temps spécifique, la Révolution française puis ses lendemains, et dans un espace d’envergure, le continent européen.
Par un retour aux sources, elle livre un portrait intérieur en montrant ses mutations permanentes au gré des événements. Elle donne à voir comment cet officier d’abord farouchement corse puis viscéralement français est devenu un homme politique tout autant qu’un génial chef de guerre. Elle souligne comment il a été perçu comme l’incarnation de la nation française, et comment il s’est lui-même pensé comme tel. Elle montre le processus par lequel il s’est enfermé dans la certitude que lui seul savait ce qu’était la bonne voie pour la France révolutionnée. Napoléon ne pouvait pas concevoir une France qui ne soit pas en position dominante en Europe. Si bien que l’enfant des Lumières et l’officier jacobin qu’il a été a finalement fait figure de tyran sanguinaire. L’un des intérêts de ce livre est aussi de proposer une remise en perspective de cette image légendaire.
Après le coup d’État de Brumaire, Bonaparte affirme : « Je suis la Révolution », pour ajouter « La Révolution est finie ». Trois voies sont alors offertes : le retour au système monarchique, la consolidation des conquêtes bourgeoises et paysannes ou la satisfaction des aspirations des sans-culottes parisiens.
Biographie traditionnelle mais aussi ouvrage de référence, ce Napoléon ou le mythe du sauveur aura été le premier à faire mentir Stendhal quand il prophétisait : « D’ici à cinquante ans, il faudra refaire l’histoire de Napoléon tous les ans. » Il est en effet devenu un véritable classique dont nul ne saurait se passer.
Augmentée de nouvelles annexes, d’une chronologie et d’une filmographie, cette édition est en outre enrichie des recherches les plus récentes menées par les historiens sur tout ce qui touche la France du début du xixe siècle et la geste napoléonienne.
Historien, Jean Tulard est le meilleur spécialiste de Napoléon Bonaparte et de l’époque napoléonienne, à laquelle il a consacré une quinzaine d’ouvrages fondamentaux.
« Les hommes de génie sont des météores destinés à brûler pour éclairer leur siècle. » Napoléon Bonaparte
Le 18 mai 1804, le Sénat proclame Napoléon Bonaparte empereur des Français sous le nom de Napoléon Ier. Par un plébiscite, les Français acceptent ce nouveau changement et se rallient derrière ce général corse qui a su gagner leur cœur par ses actes et ses prises de parole. Son ascension et son hégémonie sur l’Europe ne connaîtront pas de limites pendant une dizaine d’années.
Les principales étapes de la vie de cet homme d’exception sont retracées, de son enfance en Corse à sa mort à Sainte-Hélène. On apprend comment il devint un militaire de génie, et un homme d’état exceptionnel, visionnaire et d’un sens politique hors du commun. Avec lui seront posées les bases d’une société moderne. ll est en effet l’instigateur du Code civil, ou des grandes réformes de l’université. Plus qu’un instrument de conquête, la Grande Armée napoléonienne constitue avant tout l’expression la plus achevée du génie de Napoléon. Les fonctions de chaque corps d’armée, de la Garde et de la Réserve générale de cavalerie, leur évolution et leur rôle sont détaillés de manière précise. Enfin, vous partirez en campagne aux côtés de Bonaparte, et comprendrez son art subtil de la stratégie. À l’aide d’une carte détaillant les mouvements des forces en présence, vous visualiserez les secrets de chaque grande bataille. Vous relirez ainsi d’un nouvel œil le scénario de la victoire de Rivoli en 1797 contre les Autrichiens, un chef-d’œuvre de stratégie militaire.
Passionnant et superbement illustré, ce grand Atlas est un ouvrage qui se révèle indispensable à tous ceux qui veulent partir à la découverte de Napoléon.
La biographie passionnée de Bonaparte par un spécialiste du genre et de la période.
D'Ajaccio à Notre-Dame, André Castelot a mis ses pas dans ceux de Bonaparte pour respirer et restituer le décor de son prodigieux destin. Il nous conduit dans une Corse devenue française quinze mois avant le 15 août 1769, pour nous raconter la naissance de Napoleone Bonaparte ; et nous mène jusqu'à ce 2 décembre 1804 qui le vit à Notre-Dame de Paris tourner le dos au pape, saisir la couronne impériale et se la poser lui-même sur la tête. Exploitant et mettant en valeur, avec son art célèbre du récit qui fait vivre les événements, les lieux et les personnages, une immense masse d'archives, de mémoires et de correspondances parfois inédits ou oubliés, il a écrit cette monumentale biographie, si colorée, si passionnante, que depuis sa première publication son public se renouvelle sans cesse.
"Quel roman que ma vie ! " s'exclamait Napoléon. Ce roman commence au printemps 1779, lorsqu'un enfant de dix ans à l'accent étranger, maigre et mal peigné, entre à l'école militaire de Brienne. Quinze ans plus tard, cet enfant entre dans la légende. Bonaparte est nommé général en chef des armées d'Italie par le Directoire. La suite, c'est Vendémiaire, Lodi, Arcole, la campagne d'Egypte. Cet homme de génie, despotique et visionnaire, s'apprête à conquérir la France, l'Europe et le monde. Son destin impérial est tracé. Jamais plus il ne cessera d'inviter au rêve et de susciter la passion. Max Gallo.
l'indispensable Henri Guillemin
fabuleuse fiction qui donnerait l'envie d'une série de récits dystopiques
« Messieurs-dames, hélas ! l’Empereur vient de mourir ! » La nouvelle se répand rapidement à travers toute l’Europe. Pourtant, Napoléon n’est pas mort. Après une ingénieuse évasion, il a réussi à regagner la France, laissant un sosie occuper sa place à Sainte-Hélène - et ce n’est que ce dernier qui vient de trépasser. Mal ajusté à son incognito, Napoléon va traverser une série d’étranges épreuves. Confronté à son propre mythe, saura-t-il recouvrer son identité ? Et qui est-il donc, maintenant que l’Empereur est mort?
«On ne sait plus depuis deux siècles écrire de contes philosophiques de cette tenue-la?.» (François Nourissier, Le Point).
«La Mort de Napoléon repose sur une idée époustouflante... et est écrit avec la grâce d’un poème.» (Edna O’Brien, Sunday Times).
«Un livre extraordinaire... Simon Leys est un fabuliste expert.» (Penelope Fitzgerald, The New York Times).
Simon Leys est le pseudonyme de Pierre Ryckmans (1935-2014). Historien d’art, sinologue et essayiste internationalement reconnu, il est notamment l’auteur de: Les Habits neufs du Président Mao (1971), Ombres chinoises (1974), Protée et autres essais (2001) et Les Naufragés du Batavia, suivi de Prosper (2003). La Mort de Napoléon (1986) est son seul texte de fiction.
Fiction :
la création de la collection Aporie au sein des Cahiers de l'Égaré.
Que serait-il advenu de tel auteur, philosophe, savant, stratège ou sportif si, à un moment donné de sa vie, le contexte, l’histoire, un événement anodin en avait modifié le parcours… Ce postulat posé, il convient alors d’envisager ce qui aurait pu se passer et parfois bouleverser notre quotidien, tout en collant au contexte historique, à l’environnement sociologique de tel ou tel autre personnage. Ce, de manière originale, inattendue, décalée, tout en gardant une forme de complicité avec la réalité antérieure et en mettant en exergue des passerelles clins d’œil entre ce qui est advenu réellement et ce que l’auteur en fera.
Pour illustrer le propos, voici quelques exemples :
> En 1930, alors qu’il vient de terminer sa scolarité, Albert Camus est chaleureusement encouragé par son instituteur à entreprendre des études secondaires. La mère (analphabète et muette) hésite estimant que l’orphelin de guerre pourrait travailler à la tonnellerie avec son oncle et rapporter un peu d’argent à cette famille démunie du « quartier pauvre ». Mais elle accepte finalement. On connaît la suite… Et si elle avait refusé, si Camus était devenu ouvrier ou un contremaître, s’il avait tout de même rencontré le Meursault de L’Étranger avec lequel il serait allé à la plage… Mais la chute de l’histoire n’est pas la même, et donne un éclairage sociopolitique tout à fait différent dans cette Algérie qui célèbre le centenaire de la conquête.
J’ai écrit sur cette thématique, un petit livre que je tiens à votre disposition. C’est le sixième que je consacre à Camus sur qui je travaille depuis plus de vingt ans.
« Fuyez cette horde confuse, ce mélange effroyable de feuillants, d’aristocrates, d’émissaires de Coblentz, des brigands de tout genre, de tout état, de toute espèce et qui ne fondent leur fortune que sur celle de citoyens propriétaires » Ainsi s’exprimait Olympe de Gouges, brillante femme de lettres à l’origine de la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » et de pamphlets contre le colonialisme. Quels changements aurait apportée cette pionnière du féminisme si les sanguinaires de 1789 ne l’avait pas guillotinée et si elle avait siégé à l’Assemblée ?
> En 1906 Egon Schiele, le peintre et poète autrichien, intègre l’académie des beaux-arts de Vienne. Un autre postulant rate le concours d’entrée qu’il retentera l’année suivante avec le même insuccès. Il abandonne et erre jusqu’à la limite de la clochardisation. Quelques années plus tôt, sa mère avait conduit son fils en consultation auprès d’une certain Sigmund Freud qui se montra démuni vis-à-vis de cet adolescent perturbé qui trouvera son salut en politique. Contre toute attente, Adolph Hitler deviendra le führer… On connaît la suite également !
Que serait devenu ce modeste étudiant s’il avait intégré l’école des beaux-arts ? Peut-être aurait-il été compagnon de route de Schiele ou aurait-il végété dans son art pendant que l’Allemagne cherchait et trouvait une autre issue à sa déliquescence…
> Présentée comme une pécheresse par des apôtres un tantinet machiste, Marie-Madeleine était la plus cultivée de la « bande à Jésus » dont elle était peut-être la petite copine mais surtout une conseillère éclairée à laquelle il demandait souvent son avis, ses conseils…
Et si les apôtres s’étaient un peu effacés devant cette prêtresse… Jésus serait-il allé jusque devant Pilate et sur la croix
> Nous pourrions également nous interroger sur les « révélations » de Mahomet qui emprunte aux autres religions du livre une large partie du Coran alors qu’il est analphabète et que sa vie est celle d’un humble marchand qui fume le kat dont le « moteur » est sa femme Khadidja… Tout un programme eu égard au statut des femmes dans l’Islam.
Et que serait devenu le monde sans cette révélation et une riche marchande ?
> Quand Rimbaud entame sa seconde vie à la fin de 1873 et qu’il tire un trait sur la poésie c’est parce qu’il ne s’estime pas reconnu à sa valeur. Un bateau manqué, un départ reporté et voilà que Rimbaud fait une rencontre avec l’éditeur qui fera son succès. Que devient-il alors en ce monde où comme il l’écrit lui-même « je est un autre » ?
> En septembre 1793, un jeune capitaine ambitieux met sur pied une stratégie pour la reprise de Toulon dont les royalistes se sont emparés et l’ont livrée aux Britanniques. Dépassant les oppositions politiques et les objections de ses supérieurs, Napoléon Bonaparte parvient à reprendre Toulon… Il y acquiert les premiers galons de futur Empereur. Un échec se serait certainement traduit par une sanction, peut-être même une rétrogradation. En tous cas, la face du monde en eut été changée, une partie de notre législation également. Que serait-il advenu faute de pouvoir contempler les siècles de civilisation du haut des pyramides.
> William Web Ellis n’est pas resté dans les mémoires. Pourtant tout a changé dans le sport, ce jour de 1823, au cours d’une partie de foot, quand il se mit à courir avec le ballon dans les mains. C’était au collège de Rugby… Un nouveau sport venait de naître même si ses origines très sommaires remontent à l’Antiquité.
Et si Mister Ellis n’avait pas saisi la balle, le rugby n’aurait peut être jamais existé et, avec lui, ses valeurs dépassant largement le cadre de ses règles. Rappelons-nous qu’en 1995, date à laquelle l’Afrique du Sud organise la coupe du monde de rugby à XV, Nelson Mandela lance Invictus pressentant dans l’événement sportif la possibilité de créer un sentiment d'union nationale derrière l'équipe des Springboks symbole durant plusieurs décennies de s blancs d’Afrique du Sud…