Ecrire sur l'olivier à Tourris
le château de Tourris, le cadran solaire, la chapelle; aucune photo permettant une reconnaissance faciale n'a été utilisée
remerciements aux propriétaires du domaine qui nous ont permis de travailler et nous ont ouvert la chapelle et donné un certain nombre d'informations
Consignes pour l'atelier d'écriture du 16 mai 2021
au Ménage, domaine de Tourris
nous allons travailler sur l'olivier en partant de ce constat, c'est un être vivant, sensible et sans faire d'anthropomorphisme, nous allons imaginer, ressentir que lui et nous, nous sommes reliés, faisons partie d'un Tout, la Vie, éternellement créatrice à travers ses cycles, que donc il est une partie du Tout, comme nous, et comme nous, qu'il est le Tout en même temps ; tu n'es pas une goutte dans l'océan, tu es l'océan dans une goutte dit Rûmi ; je rajouterai que partie du Tout et Tout en même temps, ça ne se pense pas, ça se ressent, ça se vit et ce qui est vécu c'est l'amour inconditionnel dont la Vie fait preuve en créant tout ce qui vit ; dit autrement, la Vie comme source, énergie universelle, éternelle, comme information existant de toujours, pour toujours, dans l'instant, dans le présent qui est éternité, le seul temps réel (passé, futur sont des créations de l'homme, pas des animaux ou végétaux), la Vie comme souffle donnant vie, s'incarne, donne forme à la multiplicité de ce qui apparaît, disparaît, ; cette source, elle, est sans forme, elle est vide d'où tout surgit (vision quantique de l'univers et de la vie)
donc, si vous voyez l'olivier, lui aussi vous voit ; si vous lui empruntez une branchette, peut-être faut-il lui demander son accord, ou au moins l'informer de ce que vous allez faire et lui rendre l'équivalent de ce que vous avez pris, une offrande compensatrice
notre travail sera la mise en place d'un rituel, inventé, pas inspiré des traditions animistes et chamaniques même si l'esprit sera le même ; tout ce qui existe matériellement est aussi esprit ; il y a le monde qu'on voit, respire, sent, goûte et le monde parrallèle des esprits ; en lien avec ce que j'ai dit plus haut, je dirai le monde de l'Esprit, de l'Esprit-Saint ; c'est ce que je crois sans vous demander de partager cette croyance ; mais pour l'écriture, vous considèrerez que c'est comme une expérience de pensée (pour nous expérience vécue) au sens d'Einstein qui par exemple se demande que se passe-t-il si je chevauche un rayon lumineux, si je me déplace à la vitesse de la lumière et ça donne la relativité restreinte puis la relativité générale
comme il s'agit d'une démarche de nature spirituelle, il semble à propos de se donner une nouvelle identité
vous décrirez ce nouvel homme ou femme que vous souhaitez être et vous communierez, fusionnerez avec l'olivier, de l'olivier à l'huile d'olive
si Emilie Borel en 10 ans a réussi avec Ivo à produire, en Corse, la 1° huile d'olive française à être reconnue comme une des dix meilleures huiles d'olive du monde dans 7 concours internationaux, c'est en lien avec son amour inconditionnel de ses oliviers, de ses olives ; ça compte énormément, c'est le moteur de l'excellence, ça ne se mesure pas parce que cet amour quasi-mystique c'est l'amour comme force, comme foi qui déplace les montagnes
donc, optez pour l'amour inconditionnel de l'olivier, de ses olives, de ses huiles
vous inventerez pour finir un mantra ; je vous donne un mantra que je pratique chaque jour :
ram vam lam yam ham aum om ; normalement, il se chante selon la gamme do ré mi fa sol la si
il est possible aussi de photographier, de réaliser une aquarelle
ces consignes, c'est plutôt un état d'esprit, une disposition et une intention que vous posez (j'ai l'intention d'entrer en connexion avec l'olivier, de m'éprouver comme olivier...), je vous demande de les accueillir comme vous les ressentirez, attractives, répulsives... ; regardez-vous en train d'éprouver une déception (vous ne vous attendiez pas à ça), une colère contre l'animateur, un rejet de la communion-fusion ; laissez s'exprimer ces ressentis et mettez-vous en position d'observateur, genre vous marchez dans la rue et depuis un balcon, vous vous regardez marcher ; en une minute, colère, déception passent et vous passez à autre chose, un autre ressenti, en général, plus bienveillant
mais d'abord, présentons-nous dans ce que nous croyons être notre identité
depuis le 25 décembre, je ne suis plus JCG mais Vita Nova, auteur d'un roman de métamorphose : Alors, ton livre d'éternité, tu le rends quand ?, démarré le 13 décembre 2020 sur une impulsion soudaine, terminé quant au matériau, le 30 mars, écrit dans un flow inconscient qui a déclenché une pemphigoïde bulleuse, dès le 15 décembre, avec traitement jusqu'à mi-avril ; c'est donc une écriture éprouvée, peut-être même sans que je le sache, ce qu'on appelle une crise de guérison
Les textes
L'oleastre
Evie…Elle est, elle passe, elle se déroule, elle traverse…
Silhouette pesante-corps-terre, tronc-dense.
Elle file, elle fuit, elle évite…
Des yeux verts-fentes.
Elle observe, elle écoute les histoires de rives lointaines, portant des voix de proximité, des voix d’intersection entre des mondes.
Le sentier accroche ses pas, son regard glisse sur l’arbre au bord du chemin.
Des branches hirsutes, un tronc décharné, un feuillage destructuré, épars…
On dit que tu es le bâtard des oliviers, un vulgaire oléastre , tandis que tes pairs arborent des troncs noueux, des éclats argentés et des fruits luisants.
On dit que tu es le gueux, oublié , à côté de tes semblables choyés, taillés, vénérés.
Et pourtant, tes branches fragiles s’élancent vers le ciel, brave expression de ta vitalité.
Tes atouts humbles, frémissants, tes myriades de feuilles captent son attention.
Tu as poussé audacieusement au pied de roches blanches, l’air de rien.
Ton insignifiante existence est un mystère.
Ton feuillage enlace la promeneuse, celle qui vient, l’air de rien, abandonnant ses états encombrants.
« Souffres-tu , l’arbre ? »
Elle enveloppe de ses mains-calice tes bourgeons. Elle ne demande pas d’autorisation, dérisoire passeport pour se lier, s’entrelacer.
Elle t’effleure , sans te froisser, sans te plier.
Une respiration profonde accompagne l’émotion, le face à face devient une évidence.
Elle dépose au cœur de ton feuillage son visage.
Tu en gardes l’empreinte durant une seconde d’éternité.
Les décomptes, les postures, les mesures sont à ton contact insondés, insensés.
Elle te contourne…
Des arbustes t’étouffent , t’enserrent.
Tes frondaisons sont des cris de résilience.
Tes racines sont des espaces de résistance.
« Porteras-tu des fruits, l’arbre ? »
Tu lui murmures :
« Ris à l’ire !
Sois olive, vert de vie !
Enivre toi d ardence ! »
Myriam.B
Tourris 16 mai 2021
BRAVONE
Pour la troisième nuit je me suis réveillée dans le corps de Bravone. C’est ainsi que l’on me nomme de l’autre côté de la nuit. Bravone…, certainement parce que le courage est ce qui me manque le plus.
Non pas que je sois dépourvue de cœur, au contraire. J’accueille volontiers la nature humaine dans ce qu’elle a de brut et d’inconstant. Et ma bienveillance donne facilement protection à celui qui en aurait besoin. Mais le courage !
Je pense à ces résistants naguère égayés dans le maquis. Les ruines d’un hameau, au revers de la colline de Tourris, guide ma pensée vers eux. Je pense aussi aux « Justes », qui sauvaient les juifs au péril de leur vie. L’odeur de la menthe froissée sur cette parcelle de colline où je me suis assise, m’entraîne à leur suite, dans les chemins de l’espoir entre la France et la Suisse. Tant de vies sauvées !
Bravone , pour signifier au monde entier ce que je ne suis pas, ou du moins pas encore, et peut-être jamais ?
Au cœur de mes interrogations, un olivier s’offre à moi, dans la pleine lumière de midi. A l’aplomb du soleil, il est sans ombre.
Viens, m’invite-t-il et tiens-toi, toi aussi, à l’aplomb de TA vérité, de TA réalité. Ainsi, mettant en lumière le TOUT de ton unité, tu seras. Oubliés les coins d’ombre où l’on relègue si facilement ses faiblesses et ses défauts.
Mon corps se redresse et s’imprègne de la sagesse de ce bel arbre centenaire au feuillage gris argent.
Un chant doux et humble se forme dans ma gorge, comme un mantra. Il circule entre l’arbre et moi : va, vis, vois, bois, moi, toi, JOIE
Cela arrive et cela repart, ça tourne, je danse, je ris. Je sens la chaleur de la joie sortir du cœur de Bravone et inonder chaque cellule, en paix.
Ce rituel m’a réconciliée. Je suis ce que je suis et Monsieur Courage me rendra visite un jour, s’il le veut, s’il se peut…
Tourris le 16 mai 2021
Michelle Lissillour
Au détour du chemin, une panoplie d’arbres, pas très hauts, gris, presque métalliques, froids ! Enfin les visualiser car je ne m’y déplacerai pas.
J’écoute, je regarde, je sens, je touche... dans mon silence cérébral.
L’olivier est un arbre fruitier sur lequel on ne peut rien cueillir ni manger en instantané, rien ! Le goût, mais pour plus tard, si on est patient et accepte la servilité de la communauté.
Peut-être pour ça que je ne l’aime pas, lui. Pour apprécier ses fruits, il faut être domestiqué, devoir passer par la main humaine pour en accueillir la substance. Il est rêche, retors, je le laisse à ses manigances millénaires.
Je n’arrive même pas à comprendre pourquoi il est le symbole de tant d’émotions, je dirai même d’aliénations humaines.
Paix... mais c’est parce qu’il y a eu guerre
Réconciliation... mais c’est parce qu’il y a eu discorde
Pardon... mais c’est parce qu’il y a eu offense, ou mal
Force et victoire... mais de quoi parle-t-on et sur quoi ?
Sa longévité est associée à ce qu’en ont fait des générations de nous, son huile a servi de récompense aux jeux, récompense aux combats de nous... sur nous.
De moi, l’olivier est éloigné.
Il me met mal à l’aise, car il sait que je ne l’aime pas.
Son ombre, quand je la trouve, ne me procure aucun bien-être. Elle est rachitique comme ses rameaux.
De lui, je suis éloignée aussi.
Ce qui m’interroge, c’est sa fascination sur les nous justement, qui semblent retrouver en lui les étapes civilisationnelles de leur passé, la matrice nourricière des débuts. Mais peut-être alors moins les chasseurs-cueilleurs !
De plus, je me méfie des petits qui ont cette sorte de déguisement naturel pour mieux attendrir.
La prochaine fois, j’irai à l’olivier pour lui dire tout ça. Mais je n’arracherai rien à sa vie car je sais que je ne lui donnerai rien en échange.
Je commencerai par l’ancien, celui à côté de la ruine, dont tout le monde a oublié l’existence, je lui demanderai de me raconter ce qu’il en pense.
Il faudra du temps, peut-être de la sagesse, un peu d’intérêt réciproque... pour s’apprivoiser.
Sylvie Combe
17 mai 2021, Le Ménage, domaine de Tourris
aquarelle réalisée par Annabelle Dennet, mantra inventé par Annabelle Dennet, offrande anonyme, dans les herbes
Sans étiquette et sans identité, vierge de tout, je nais à moi-même, chargé de tout un héritage, mais rien n’est encore fixé, riveté à mon âme, tatoué sur ma peau.
Libre de choisir ou de ne pas choisir, je prends mon temps.
Je n’ai ni forme ni genre, simplement je suis.
J’existe par vos regards, je me construis de vos mots, de vos chants.
Je laisse grandir ma nature…
OLIVE LIVRE LIBRE OLIVE LIVRE LIBRE OLIVE LIVRE LIBRE OLIVE LIVRE LIBRE OLIVE LIVRE LIBRE !
Mes racines sont ici, ici ou là, enfin je crois…
Mais avant de me planter là, que l’on me plante là, ma mémoire génétique parcellaire me rappelle avoir beaucoup voyagé, de l’Asie Mineure à tout le pourtour méditerranéen.
Je me suis frotté aux terres les plus arides où seul, je serais mort de soif, j’ai goûté avec délices le voisinage des cerisiers, abricotiers, amandiers, j’ai profité de l’attention des hommes à leur égard, de la luxuriance de leur floraison, de la fluidité de mouvement de leur feuillage souple sous la caresse du vent, du parfum sucré de leurs fruits sous les rayons du soleil.
Moi qui garde mes feuilles tout au long de l’hiver, je durcis ma peau dans les intempéries, mon cuir épaissi, changé en vert de gris, doit résister à tout, morsures du froid sous les assauts du mistral, brûlure des feux de plein été, des canicules meurtrières.
Ma plus grande gloire, ce sont mes fruits, verts, charnus, noircis par la maturité, dont le jus pressé doré irrigue toute la culture méditerranéenne, en est le lait nourricier.
À ce prix je suis délocalisé, arraché, déplacé, replanté, taillé, mutilé parfois, à la mesure de l’homme qui vit des fruits que je produis ; un oiseau doit pouvoir le traverser sans en frôler une branche dit un proverbe que nul oléiculteur n’ignore.
Je me suis pourtant rebellé, j’ai refusé de grandir. Ma tige très courte n’est qu’un moignon boursouflé, laissant surgir cinq branches en grand désordre habillées d’une frondaison échevelée ;
j’ai échappé sans doute à une taille en règle, trop mal parti, trop mal dégrossi. Au bout de la rangée, à la lisière de la forêt de chênes verts, je me suis fait oublier au milieu des herbes folles, mes fruits ne sont d’aucune économie.
Les oiseaux me trouvent très beau et se prélassent dans mes branches, le sauvage oléastre me tient pour frère, les hommes et les bêtes s’endorment à mes pieds, sous mon ombre généreuse.
Je ne regrette rien…
Marie-Hélène Taillard
17 mai 2021, Le Ménage, domaine de Tourris
Je m'appelle Léo, j'ai 12 ans. Je viens d'être viré de mon collège. Une raison : harcèlement. Tous les matins, j'ai emmerdé méchamment une petite fille de sixième. Je suis très lâche. Je l'appelle le bouledogue. Bouledogue par-ci, bouledogue par la. J'ai 12 ans. Et je n'ai même pas rire, je n'aime pas tout simplement. Au foyer, on a fait de la boxe. J'ai tellement tapé fort sur un garçon que je lui ai cassé une dent à la salle. Je n'ai pas été puni parce que c'est du sport.
Je m'appelle Léo et j'ai 12 ans. Je vis à Chaumont. Je n'aime personne, je n'ai pas de parents. Je vis dans un foyer d'accueil. Avant je vivais dans une famille d'accueil. Je déteste ce mot. Accueil. Moi je n'accueille personne. Je n'accueillerai jamais personne. Ils ont fait venir au foyer un clown. Ça pue les clowns. Puis il a disparu ce jour-là, je suis né entre la buanderie et le jardin. Je suis né de sa connerie. Puis il a disparu et moi, je suis apparu. Je suis apparu entre les machines à laver et les bosquets de Marguerite.
Je m'appelle Léo, j'ai 12 ans, je ne suis pas très beau, assez grand avec un gros cul. C'est pas beau les gros cul, c'est ce que dit l'éducatrice. Le soir, je suis bien quand il fait nuit, je regarde la télévision au foyer. Je regarde ce qu'il y a. Je m'en fous. L'éducatrice a dit qu'un jour je passerai au journal. Je n'ai pas compris. Elle est conne. Alors on est parti à la campagne dans un domaine. Je crois que ça s'appelait Tourris. C'est moche. Et la il y avait Jean Michel le baron du lieu. On a regardé des arbres, des oliviers je crois. Trop bizarre !!! Putain d'arbres. Des années. Ils étaient là avant la construction du foyer. Il y en a un qui était mort, ça faisait comme une grande table. Et de cette table, il y avait cinq arbres qui étaient nés. Trop classe ! On croirait que les cinq arbres gigantesques se mettent à table pour manger.
Le Baron a dit : « Posez vos mains sur les troncs ! Et laissez-vous aller ! » Qu'est-ce que j'en ai à foutre du tronc. Et puis, j'ai fait comme tout le monde. J'aime pas ça mais je l'ai fait. Drôle de sensation ! Pas mal, pas mal du tout. Je me suis installé, assis sur le plateau du vieil arbre mort et j'ai posé mes mains. L'arbre m'a dit : « Pourquoi as-tu fait ça ? » « Je ne sais pas. » Il a demandé qu'on le fasse. J'ai parlé longtemps avec l'arbre jusqu'au soir, c'est mieux que la télévision. Ils sont venus me chercher pour manger. Je n'ai pas dormi.
Le lendemain matin, je suis directement venu rencontrer l'Olivier. Je l'ai serré dans mes bras. Et j'ai ressenti puis encore ressenti et enfin je l'ai compris. Jean-Michel a dit : « Récitez un mantra que vous inventez ! » « C'est quoi ça ? » Ai-je répondu. « Des mots que tu ajoutes les uns aux autres et que tu répètes indéfiniment. Comme si tu les récitais. » « Je ne connais pas des mots qu'on ajoute pour les réciter. » Alors j'ai choisi. J'ai regardé l'arbre et je lui ai dit : « Lego Kapla Mario kart Play mobil. » J'ai répété ces mots une vingtaine de fois sans m'arrêter.
Aujourd'hui je les répète encore. Je m'appelle toujours Léo, j'ai 72 ans. Je vis dans les collines de Turquie proche de la ville de Bursa en Asie Mineure. Je fabrique de l'huile, j'ai un domaine avec des hectares d'oliviers. Et je répète tous les jours ma phrase à mes arbres.
Philip Segura
Je m’appelle…
Mon nom porte sang et sons.
Il vibre quand on le prononce, il vibre quand j’aime et suis aimé.
Il fait résonance.
Il reçoit et offre et se nourrit des deux.
Mon nom permet que l’on me nomme…
Que l’on me désigne, non pour me séparer du reste, mais pour me prendre en compte, me considérer comme être, entité parmi les autres.
Car, tant qu’on ne nomme pas, on n’existe pas. Enfin, pas tout à fait…
Je suis fait de bois et de la tendresse des feuilles.
Mes mains ont des routes et mon corps des étoiles.
Comme chacun, je suis géographique et les cercles sont ma principale forme géométrique.
Je tourne de ronds en ronds. J’avance. J’essaie.
Emilio. Voici mon prénom. E-MIII-LIO. Sa sonorité est un appel et une respiration.
Il avance et recule : on pourrait croire et ça peut l’être…
Il faut juste, arrivé au « i », bien l’étirer et puiser, extraire, récolter les fruits à ramener.
Ainsi, ce n’est plus recul, mais retour, retour avec un peu de mieux, de plus profond, de plus vaste.
Tant qu’il y a flux, tant qu’il y a tension, il y a vie et sa capacité d’amélioration et d’expansion.
Alors voilà, je tends, je tends vers, j’aspire.
Un peu comme le tir à l’arc japonais où le départ de la flèche et sa juste visée est presque anecdotique, sans importance.
Mon nom de famille, mon nom de la famille des hommes, c’est Contini.
Je m’appelle Emilio Contini. Voilà mon nom complet.
Je m’appelle, je me rappelle…
Je m’appelle comme je me rappelle, je me rappelle à moi-même.
Je m’appelle, comme je me cherche et je me rapproche.
Tension, toujours, fil tendu.
Comment je m’appelle ? Emilio Contini.
Non.
Comment je m’appelle ?
Je me remets dans un tout. Je me remets en moi-même pour mieux me remettre dans le tout.
Je me rappelle pour m’oublier.
Parfois, il faut laver son nom. Le laver de ce qu’on y met et de ce qu’il reçoit.
Emilio ! Tu seras toujours un vaurien !
Contini, t’es vraiment qu’un abruti !
Emilio, t’as vu ta gueule ?
Contini ! Disparais de ma vie !
Avant, j’allais dans la montage, à la petite source.
Maintenant, je vais chercher mes propres larmes et, voilà, ce sont elles qui lavent et je me sens mieux.
Je suis Emilio Contini. J’ai des années derrière et des années à venir.
Je suis un peu voûté et mes mains voudraient tout garder, tout retenir.
Mes pieds souhaiteraient garder la terre, s’y enfoncer.
Mes yeux n’osent pas assez.
Ma caresse est douce et robuste.
Mon cœur apprend l’écoute, la navigation.
Tant à dire et si peu, si petit, si minuscule. Une fourmi me regarde et me dit : « C’est drôle, c’est tout comme moi ! »
Je m’appelle Emilio Contini.
J’appelle. Je me rappelle.
Je suis.
Suis.
Suivre. Longer. Tourner.
S’y perdre.
Mais la bougie, toujours,
La flamme
Le phare
Navigation.
***
Olivier.
Tu parles à ce qu’il n’y a pas d’uni en moi.
Tu parles à ce qui m’empêche de m’unir à l’autre.
Tu parles à moi indécis.
Tu parles à moi qui fleuris.
Tu parles à ma tendresse contrariée, à mes désirs.
Tu parles aux conflits d’aujourd’hui, d’hier et d’avant-moi.
Tu parles rudesse, tu parles s’adapter, tu parles pacifier, réconcilier.
Tu parles souvenons-nous.
Tu parles les fruits de l’arbre.
Tu parles souffrance.
Tu parles beauté.
Je parle beaucoup.
Tu ne dis rien et tu
Dis tout.
Les fruits m’appellent
Que j’en sente l’odeur et le parfum
Et que le soleil me montre le chemin
Thomas Astegiano
Mon écriture
Le Ménage, mas des métayers autrefois, domaine de Tourris
tout est en fleurs, abondance de coquelicots et autres fleurs que je suis incapable de nommer, un mutilé qui ne peut reconnaître et nommer ce qu'il a sous les yeux ; oliviers en floraison, une orgie de fleurs non encore écloses, bourgeons plutôt
des oiseaux chantent dans les arbres ; j'entends loriot, pinson ; merci à notre guide de me guider; je les avais pris pour des rossignols qui ne chantent, trillent que la nuit
dimanche 16 mai entre ascension et pentecôte, entre montée au ciel du ressuscité et descente de l'Esprit-Saint
comment je comprends ces événements ?
La résurrection, c'est l'éveil, le réveil ; on était endormi, aveugle, sourd, on se croyait le centre, au centre, égo = palmier mais pourquoi pas olivier millénaire au cœur du nombril et soudain mais préparé par un long chemin ou comme une illumination, l'éveil, l'appel, l'éveil à cette évidence, tu es divin, l'appel brûlant, sois lumière, rayonne d'amour ; la résurrection, c'est pas après la mort, c'est pendant qu'on vit, un réveil qui nous met debout
L'Esprit-Saint, c'est le 3° larron de la Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit ; 1 (Dieu) = > 3 (Père, Fils, Saint-Esprit) ; c'est quoi ce mystère = incompréhensible, de la Trinité, monothéisme ? à 3 têtes
Le mot Esprit traduit dans le Nouveau Testament le mot grec Pneuma (littéralement Souffle). C'est pourquoi l'étude du Saint-Esprit est appelée la pneumatologie.
L'introduction de l'encyclique Fides et ratio précise :
« La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de la vérité. C'est Dieu qui a mis au cœur de l'homme le désir de connaître la vérité et, au terme, de Le connaître lui-même afin que, Le connaissant et L'aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-même. »
L'encyclique poursuit :
« Il a plu à Dieu, dans sa bonté et sa sagesse, de se révéler lui-même et de faire connaître le mystère de sa volonté (cf. Ep 1, 9), par lequel les hommes ont accès auprès du Père par le Christ, Verbe fait chair, dans l'Esprit saint, et sont rendus participants de la nature divine. »
Dans le catéchisme de l'Église catholique, l'Esprit saint est présenté comme l'interprète de l'Écriture
Le catéchisme rappelle les multiples sens de l'Écriture, le sens littéral et le sens spirituel, ce dernier étant subdivisé en trois, ce qui fait parler de quatre sens de l'Écriture :
-
sens littéral ;
-
sens allégorique ;
-
sens moral (ou tropologique) ;
-
sens anagogique
Le mot qui désigne l'Esprit saint dans la Bible hébraïque est le substantif féminin, rûah, qui signifie très concrètement le souffle ou le vent ; Il en est ainsi en grec ancien (πνεῦμα, « pneũma ») et en latin (spiritus).
Dans le Nouveau Testament, il est représenté par des symboles : la colombe (Mc 1,10), la tempête, les langues de feu (Ac 2, 2-3). Saint Jean le désigne comme Paraclet, ce qui veut dire « Consolateur » ou « Avocat »
Le souffle est le signe et le principe de la vie : Adam, l'homme, devient vivant par insufflation
Celui qui reçoit l'empreinte du Saint-Esprit, gage de notre héritage possède la plus riche dotation qui se puisse imaginer en sagesse, piété et force, celui-là marche dans les voies de Dieu en anticipant le futur, il prophétise, dans un esprit de justice et de sérénité.
« En effet, à l'un est donnée par l'Esprit une parole de sagesse, à l'autre une parole de connaissance, selon le même Esprit ; à un autre, la foi, par le même Esprit; à un autre, le don des guérisons, par ce seul et même Esprit ; à un autre, la puissance d'opérer des miracles ; à un autre la prophétie ; à un autre, le discernement des esprits ; à un autre la diversité des langues ; à un autre le don de les interpréter.
Mais c'est le seul et même Esprit qui produit tous ces dons, les distribuant à chacun en particulier, comme il lui plaît. Car, comme le corps est un et a plusieurs membres, et comme tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu'un seul corps, ainsi en est-il du Christ. Tous, en effet, nous avons été baptisés dans un seul esprit pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit. »
De ce développement tiré de wikipédia, je retire que l'Esprit-Saint c'est le Souffle créateur, le Souffle divin, le Souffle de Vie, de la Vie créatrice, éternellement créatrice, héritage immémorial inscrit, interprété par des traditions fort anciennes d'où nécessité de l'étude, que ce Souffle qui donne vie, donne aussi des dons, variables selon celui qui les reçoit, lequel doit être prêt à les recevoir, ce qui signifie que nous ne sommes pas tous investis par l'Esprit-Saint ou plutôt que nous le sommes tous mais que beaucoup refusent de se reconnaître comme incarnation du Souffle de Vie. Il faut une disposition d'âme, une motivation, une vocation, une mission de vie.
Qui suis-je ?
Je suis Olivier Olive, identifié à ces noms
Olivier très ancien, riche de vies d'avant, sans répétition karmique
de vie en vie, nettoyage, purification favorables au surgissement de la curiosité, du désir, de l'avidité, de la passion, de l'amour de l'expérimentation de l'homme qui a faim, qui cultive pour mettre en réserve, pour temps de détresse, temps d'abondance et enfin de l'amour inconditionnel de l'Olivier, partie du Tout et Tout en même temps
Olives aussi variées que les espèces d'oliviers (des milliers) nés dans des pays variés de Méditerranée : kalamata, lucques, nyons, picholine...
Rituel :
Olive d'Olivier offre-moi ta chair, ta rondeur
d'amour inconditionnel, mon cœur t'aimera
Tu es aimée / tu es ma bien-aimée
Le souffle de la Vie souffle cet air partout, sur tout, de toute éternité, à tout instant
Si tu te sens aimée olive d'olivier, à égalité avec tout ce qui existe, éprouveras-tu de la jalousie ? Auras-tu peur d'être moins aimée ? Voudras-tu que les autres t'aiment plus que je ne t'aime ?
Si tu es ma bien aimée, olive d'olivier, si tu es aimée dans ta singularité, dans ton unicité, trouveras-tu que je ne t'aime pas comme il faut, que je t'aime sans avoir les mots, sans te dire les mots que tu attends, les mots qui t'exhaussent ?
Sous un olivier dressé devant l'entrée du Ménage à Tourris, j'ai tourné, tourné, derviche tourneur honorant la roue du temps
horizontalement d'avant en après
verticalement, de bas en haut
de vie à cessation de la vie
ne pas employer le mot mort, on ne peut rien en dire
cessation de la vie = renaissance par cycle
naissance, croissance, ex-croissance, décroissance, renaissance
Olivier du Ménage, je t'ai demandé puis-je cueillir une branchette en bourgeons ?
pas attendu la réponse par impatience
connard !
Je t'ai cueillie, branchette en fleurs-bourgeons, une orgie de fleurs hermaphrodites, parfaites
je t'ai cueillie sans ton accord
mon offrande c'est le juron que je m'attribue : connard !
Je t'ai vue en fleurs
tu m'as vu
qu'as-tu vu ?
- un connard en train de devenir Bonnard !
Jean-Claude Grosse, animateur de l'atelier
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Les secrets de l'olivier / Emilie Borel - Blog de Jean-Claude Grosse
un livre puissant, personnel et universel, un amour vibrant pour l'olivier; 3 expérimentations de papier à partir de feuilles d'olivier qui m'ont été communiquées par une amie suite à cet art...
https://les4saisons.over-blog.com/2021/05/les-secrets-de-l-olivier/emilie-borel.html
le livre qui a initié les écritures du 16 mai