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bric à bracs d'ailleurs et d'ici

Conférence filmée d'Edgar Gunzig: l'origine de l'univers

6 Juillet 2007 , Rédigé par Jean-Claude Grosse Publié dans #agora

Conférence filmée d'Edgar Gunzig,
(durée 90 minutes, vidéo mise en ligne avec l'accord d'Edgar Gunzig)
cosmologiste,
sur les origines de l'univers

 

La rencontre a eu lieu en salle de conférence avec 100 étudiants et quelques professeurs au Lycée Dumont d'Urville à Toulon.
Un événement pour les participants, non annoncé volontairement dans la presse qui de toute façon s'en serait foutue. Grâce à internet, cette conférence va prendre une dimension que la presse locale serait bien incapable de lui donner.

Après l'accueil d'Edgar Gunzig par le proviseur-adjoint du Lycée et une présentation de l'homme par Dominique Glasson, Jean-Claude Grosse a raconté comment Edgar Gunzig se retrouvait, ce 30 mars 2007, à Dumont, à savoir :

par la découverte et la lecture de son roman: Relations d'incertitude paru chez Ramsay et disponible en collection de poche chez Labor, roman passionnant, autobiographique, écrit avec Élisa Brune,

puis par une rencontre au Salon du livre de Paris en 2005 et un échange sur le roman,

enfin par une rencontre au Théâtre des Doms en Avignon en 2006 où fut faite et acceptée la proposition d'intervention.

Grand merci à Edgar Gunzig pour son exposé lumineux, pour les échanges avec enseignants et étudiants et pour l'acceptation de mise en ligne de l'exposé: ainsi de nombreuses personnes pourront profiter de ce moment exceptionnel, suivi le 6 avril de la rencontre avec Pierre Marage, physicien des particules.

Parmi les projets à venir:

- ma présence à Peyresq (04) en juin pour filmer la 12° édition de la rencontre internationale de cosmologistes organisée par Edgar Gunzig, rencontres dont Élisa Brune a fait un récit dans Le goût piquant de l'univers, aux Éditions Le Pommier.

- organiser vers septembre-octobre une rencontre filmée entre le cosmologiste Edgar Gunzig et le philosophe Marcel Conche, peut-être en compagnie du physicien Pierre Marage qui connaît le travail philosophique de Marcel Conche sur Pyrrhon ou l'apparence absolue.

 
Conférence-débat donnée le 30 mars 2007 au Lycée Dumont d'Urville à Toulon par le cosmologiste Edgar Gunzig devant une centaine d'étudiants en classes préparatoires scientifiques. Exposé construit et lumineux qui permet d'être au plus près et au plus juste de ce que l'on sait rationnellement aujourd'hui sur l'origine de l'univers.
La vidéo a été réalisée par grossel avec l'accord d'Edgar Gunzig ainsi que la mise en ligne.

 
Résumé de la conférence de Edgar Günzig
et questions

Merci à Monsieur Edgar Günzig pour sa très belle conférence. Pour les lecteurs, je résume quelques points importants abordés.

Les deux piliers sur lesquels s’appuie la cosmologie sont la relativité générale d’Einstein (1916) et la mécanique quantique (1915-1930).

La relativité générale est la première théorie physique de l’espace et du temps au sein de laquelle la gravitation trouve sa source . Cette théorie a une double spécificité :
- elle est universelle, rien n’échappe à l’emprise de la gravitation dans l’univers
- tous les corps ressentent de façon identique la gravitation ; deux corps très différents subissent la même accélération dans le champ de gravitation.

Donc si l’effet ne dépend pas du corps, c’est qu’il est dû au contenant, c’est-à-dire à l’espace-temps; c’est la courbure de l’espace-temps (et en particulier de l’espace lui-même) par les grosses masses qu’il contient, qui traduit localement l’effet de gravitation.
Dans un espace à deux dimensions comme un drap élastique tendu, une grosse boule placée sur celui-ci le déforme et une petite bille lancée sur cette surface ne va plus en ligne droite, mais suit une géodésique du drap, c’est-à-dire que la grosse boule incurve la trajectoire de la petite bille.

Les équations de la relativité générale sont compliquées car elles traduisent l’effet de rétroaction (feed-back) ; la masse change la géométrie du drap, ce qui modifie le mouvement de la bille, qui elle aussi déforme le géométrie du drap, ce qui re-modifie le mouvement de la bille… On dit que les équation de la relativité générale sont non linéaires.

L’universalité des équations de la relativité générale a permis d’envisager de l’appliquer à l’univers dans son ensemble ; ce fut la première cosmologie scientifique. Friedmann et Lemaître découvrent que l’équation de la relativité générale montre un univers en évolution ; celui-ci a donc une histoire… En passant « à l’envers» le film de l’expansion de l’univers donné par la relativité générale, on tombe inévitablement - comme le montre le théorème de Penrose et Hawking - sur une singularité (appelée par dérision « big-bang » par Fred Hoyle). Si cette théorie décrit bien le contenu et le contenant de l’univers, par contre elle ne fait que ça… Elle ne dit pas d’où vient le contenu; elle ne donne pas les conditions initiales. Elle ne permet donc pas d’expliquer l’origine de l’univers.

En deuxième partie M. Edgar Günzig aborde le deuxième pilier de la cosmologie : la mécanique quantique et la théorie des champs.

Son développement a montré que si nous forçons le monde microscopique a être décrit par les concepts valables à notre échelle, comme la position et la vitesse, alors, le prix à payer pour la connaissance très précise d’une de ces grandeurs, nous amène à une incertitude fondamentale, (et non pas expérimentale), sur l’autre grandeur.
Une conséquence de cette incertitude, c’est que la notion de repos absolu n’existe pas en mécanique quantique; les objets de la mécanique quantique sont toujours en mouvement. Par exemple un petit pendule aura toujours un petit mouvement résiduel appelé mouvement de point zéro. Même une entité étendue ne peut jamais être au repos : on appelle cela le « vide quantique » de l’objet.
Il y a de même une incertitude fondamentale liant énergie et temps. Une incertitude sur l’énergie (et donc sur la masse) entraîne qu’il peut exister des particules virtuelles, pendant un temps très bref. Le vide est donc sillonné en permanence de particules virtuelles qui apparaissent et s’annihilent en permanence.

En troisième partie M. Günzig montre comment grâce aux deux théories précédentes on peut aborder le problème de l’origine de l’univers.

Peut-on faire quelque chose de ces particules virtuelles qui émergent spontanément du vide avant d’y retourner ? Oui : dans les accélérateurs de particules, en fournissant de l’extérieur, de l’énergie, au vide, on peut faire venir à l’existence des particules virtuelles. Mais pour l’univers, il n’y a pas d’extérieur …
La source qui permet d’injecter de l’énergie dans le vide c’est la propre expansion de celui-ci (un phénomène de « bootstrap » en quelque sorte); ainsi, les particules virtuelles deviennent réelles. Nous avons donc un simple transfert d’énergie; puisée dans l’expansion du vide, elle permet la création de matière; ainsi par sa seule dilatation, l’univers crée sa propre matière. Cette expansion crée des zones immenses de vide où peuvent naître des « bébés univers »; nous ne sommes pas un univers unique, mais un univers précédé d’autres univers qui se « re-juvénilisent » en permanence ; notre univers n’est qu’une phase dans une suite infinie: on parle alors de « multivers ».

L’exposé a été suivi de questions de la part du public.

- Monsieur Edgar Günzig a par exemple évoqué une des découvertes expérimentales majeures de ces dernières années : le fait que l’univers que l’on sait être en expansion depuis les années 1920, vient de se révéler en expansion accélérée - ce qui soit dit en passant, montre bien qu’il ne s’agit pas d’une gigantesque explosion (comme le suggère le mot big-bang) auquel cas elle serait obligatoirement décélérée - … confirme bien le caractère « répulsif » du vide, qui agit contre l’effet ralentisseur de l’attraction universelle.

- L’univers évolue-t-il à énergie constante ? Oui, pendant les phases d’inflation (expansions accélérées) il crée sa propre matière, mais c’est au détriment d’une diminution de l’énergie du vide.

- Comment traduire dans la relation newtonienne de la gravitation le fait que l’univers puisse accélérer son expansion, alors que les masses s’attirent comme l’inverse du carré de la distance ? Il faut rajouter un terme répulsif variant cette fois comme le carré de la distance.

 
Dominique Glasson

 

 
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