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bric à bracs d'ailleurs et d'ici

Spectacles en recommandé

22 Novembre 2019 , Rédigé par grossel Publié dans #J.C.G., #spectacle

« chaque enfant a besoin de quelqu’un d’irrationnellement fou de lui »

Urie Bronfenbrenner, père de la théorie de l’écologie du développement humain

j'ai pas l'temps j'suis pas comme eux au Palais Neptune de Toulon le 20 novembre 2019
j'ai pas l'temps j'suis pas comme eux au Palais Neptune de Toulon le 20 novembre 2019
j'ai pas l'temps j'suis pas comme eux au Palais Neptune de Toulon le 20 novembre 2019
j'ai pas l'temps j'suis pas comme eux au Palais Neptune de Toulon le 20 novembre 2019
j'ai pas l'temps j'suis pas comme eux au Palais Neptune de Toulon le 20 novembre 2019

j'ai pas l'temps j'suis pas comme eux au Palais Neptune de Toulon le 20 novembre 2019

CIE FOLHELIOTROPE & CIE CRINOLINE 

J’ai pas l’temps 

j’suis pas comme eux

À PARTIR DE TÉMOIGNAGES D'ENFANTS PLACÉS 

Mon analyse

Mercredi 20 novembre 2019 à partir de 8h45 au Palais Neptune à Toulon s'est déroulée la conférence annuelle de l’Observatoire Départemental de la Protection de l’Enfance du Var (ODPE) qui célèbrait le 30ème anniversaire de la convention internationale des droits de l’enfant (CIDE).

L'après-midi, j'ai assisté au Palais Neptune dans le cadre de cette journée à la pièce J'ai pas l'temps, J'suis pas comme eux, écrite à partir de témoignages d’enfants placés.
40% des SDF de moins de 25 ans sont des anciens enfants placés. Mais comment grandir au cœur d’une institution parfois ressentie comme indifférente ?
Entre interrogations, colères, angoisses et joie, parfois, Léna, Malik et Cosmina tentent de se construire. Mais à 18 ans, tout s’arrête : il faut partir. C’est l’heure de la sortie de l’Aide Sociale à l’Enfance et de la dure entrée dans la « vie adulte ». Arriveront-ils à s’en sortir ? Cette pièce est l’adaptation par Véronique Dimicoli d’une recherche universitaire en sociologie, initiée par Pierrine Robin de l’Université de Créteil. Elle porte sur la transition à l’âge adulte après une mesure de protection.
La pièce portée par 5 excellents comédiens professionnels a déjà été reconnue par le prix Tournesol festival off 2018 d'Avignon et le coup de coeur du club de la presse Avignon 2018. 
Bravo à Véronique Dimicoli, metteur en scène varoise; sera-t-elle reconnue par les directeurs de théâtre varois ?
Merci à Florence Brizio de m'avoir signalé cette journée.

Cette pièce est du théâtre documentaire par les circonstances et par le contenu. Adaptation de paroles de jeunes en familles d'accueil et en foyers recueillies dans le cadre d'une recherche sociologique universitaire, à la demande des jeunes rassemblés par cette recherche.

Et elle n'est pas du théâtre documentaire par le traitement artistique du matériau vivant, humain enregistré.
Le parti-pris est de faire entendre la parole des jeunes. Les confessions des 3 jeunes évoquant leurs parcours et leurs rapports aux liens institutionnels sont chargées et entendues. Se retrouvant au centre, ils exposent en s'exposant, soumis aux pantomimes du choeur ou s'en libérant.
La présence de ce choeur au masque blanc, multi-fonctionnel, est un contre-point permettant de mettre de la distance (l'effet de distanciation brechtien) et de rendre léger par l'humour ce qui est pesanteur administrative, aveuglement institutionnel...

Accessoires, une corde lisse que spectateur nous chargeons de sens multiples, corde pour lier, relier, corde pour enchaîner, emprisonner, corde pour malmener, maltraiter, corde pour s'en libérer. Deux chaises, des pancartes : assistante sociale, éducateur, directeur, psychologue, juge... Le choeur est le manipulateur de ces accessoires, manipulateur clownesque, grotesque, comique ce qui évite d'éprouver du ressentiment, de la colère vis à vis de l'institution et des personnels et ce qui permet de ne pas être écrasé par le parcours chaotique, douloureux de ces jeunes. L'empathie devient envisageable : comment pourrait-on améliorer ces dispositifs de soutien, d'accompagnement.
Des lumières pour définir les lieux, salle d'attente, chambre... Une musique accompagnant à propos ce qui se passe sur le plateau. 
Un jeu d'acteurs varié avec arrêts sur image, moments de jeu réaliste, moments de jeu décalé.

Aucune utilisation de vidéo comme dans d'autres théâtres documentaires : pas d'images, la parole. Ce choix est essentiel en ce sens que l'enjeu de ces parcours est si possible de permettre au jeune de trouver sa parole, une parole qui lui est propre, libérée des paroles et actes traumatisants du milieu familial, se libérant des paroles institutionnelles, multiples, certaines sourdes aux attentes du jeune, d'autres bienveillantes et accoucheuses d'un jeune adulte libre et responsable.

Ce spectacle a obtenu deux reconnaissances au Festival d'Avignon 2018, prix Tournesol et Coup de cœur du club de la presse.

Il mérite d'être pris en considération par les théâtres du Var. La représentation devant 500 à 600 personnes dans l'auditorium du Palais Neptune à Toulon, le 20 novembre pour le 30° anniversaire de la convention internationale des droits de l'enfant a été un grand moment. L'ovation finale était méritée.

Il n'y a pas eu de débat à l'issue du spectacle. Parler de quoi ? Du contenu ? La question au cœur de ce qu'on voit, qu'on découvre ou qu'on connaît, est si je suis un professionnel de la protection de l'enfance, quel professionnel suis-je ? Un fonctionnaire, un militant de cette cause, un vrai écoutant allant au-delà de son temps (on voit bien avec les féminicides l'incompétence, la surdité de ceux qui sont en charge des mains courantes). C'est une affaire personnelle, de cœur je dirai qui peut être accompagnée par des formations à l'écoute, à la bienveillance, par un suivi régulier (pas un contrôle mais des prises de paroles de ceux qui agissent sur le terrain supervisées par des psys). Le problème de la rigidification de l'institution est réel. Toute institution tend à se bureaucratiser, à perdre de vue ses buts, à détourner ses moyens, à impersonnaliser ses personnels. Je mets à contribution mon passé d'étudiant en sociologie pour signaler que deux sociologues ont oeuvré pour démasquer et corriger : Georges Lapassade (L'entrée dans la vie) et René Lourau (L'analyse institutionnelle). On pourrait citer aussi le mouvement de la psychothérapie institutionnelle, François Tosquelles, Jean Oury et d'autres.

Colin Lucette, « L'arpenteur Georges Lapassade », Nouvelle revue de psychosociologie, 2008/2 (n° 6), p. 313-316. DOI : 10.3917/nrp.006.0313. URL :

https://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-de-psychosociologie-2008-2-page-313.htm

Colin Lucette, Hess Rémi, « Georges Lapassade (1924-2008) : cinquante ans de psychosociologie », Bulletin de psychologie, 2009/2 (Numéro 500), p. 191-193. DOI : 10.3917/bupsy.500.0191. URL :

https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-psychologie-2009-2-page-191.htm

un retour de Florence Brizio

Merci beaucoup Jean-Claude Grosse pour ce retour sur cette pièce et sur cette journée de célébration du 30ème anniversaire de la convention internationale des droits de l'enfant, organisée par l'observatoire départemental de la protection de l'enfance dont je suis responsable en partenariat avec la PJJ et l'ADEPAPE (association d'anciens enfants confiés). 
Cette pièce est issue d'une recherche action par les pairs dirigée par Perrine Robin chercheur en sociologie. Lorsque j'en ai entendu parler, j'ai souhaité qu'elle puisse s'inscrire dans le programme de la journée intitulée"des droits formels aux droits réels: paroles d'enfants ". 

L'observatoire départemental de la protection de l'enfance est une instance pluri institutionnelle ( ASE, PJJ, foyer de l'enfance, éducation nationale, justice, université, associations...) chargé de développer une culture commune de la protection de l'enfance. 
Les institutions se rigidifient parce que comme à l'hôpital et dans tous les services publics, la logique comptable et gestionnaire ne permet plus aux professionnels chargés d'accompagner les personnes vulnérables au quotidien de faire leur métier, occupés de plus en plus souvent à, de tenir à jour des tableaux de bord et des indicateurs, de remplir des documents administratifs.... Ils sont en train de tuer le travail ! 
Les journées comme celle d'hier redonnent du sens, rappelle les fondamentaux. L'ovation finale après la pièce c'était comme des retrouvailles avec le sens du travail social. La parole donnée, échangée, l'écoute, le don, l'entraide, la prise de risque parfois. S'autoriser à aimer un enfant, en lui donnant la parole, la confiance et le temps... "j'ai pas l'temps j'suis pas comme eux".

Magnifique analyse de la pièce !

Tout y est ! 
Sur les besoins fondamentaux de l'enfant, je vous propose la lecture d'un document en pièce jointe. Il vous intéressera. 
Il s'agit d'un rapport sur les besoins fondamentaux de l'enfant issu d'une démarche de consensus associant plusieurs chercheurs relevant de plusieurs disciplines. Le rapport date de février 2017.
 Dans le cadre de l'observatoire, je développe des actions de formation pour sensibiliser les professionnels de la protection de l'enfance à la connaissance de ses besoins fondamentaux. 
À partir du métabesoin de sécurité se déclinent tous les autres besoins: de protection, de sécurité affective et relationnelle, le besoin d'expérience et d'exploration du monde, le besoin de valorisation et d'estime de soi. 
 
Urie Bronfenbrenner, père de la théorie de l’écologie du développement humain : « chaque enfant a besoin de quelqu’un d’irrationnellement fou de lui ». Idée que ce psychologue et chercheur américain a ainsi déroulé : « Pour se développer -intellectuellement, émotionnellement, socialement et moralement- un enfant a besoin de participer à des activités réciproques progressivement plus complexes, régulièrement, sur un temps prolongé, avec une personne ou plus avec qui l’enfant développe un attachement émotionnel fort, mutuel et irrationnel et qui est engagé sur le bien-être et le développement de l’enfant, de préférence à vie ».
 

 

CIE FOLHELIOTROPE & CIE CRINOLINE 

J’ai pas l’temps 

j’suis pas comme eux

À PARTIR DE TÉMOIGNAGES D'ENFANTS PLACÉS 

 

 

RÉSUMÉ

Léna, Malik et Cosmina ont la particularité d’avoir été tous les trois extraits de leur famille d’origine pour être placés en famille d’accueil et en foyer. Comment grandir au cœur d’une institution parfois ressentie comme indifférente ? Entre interrogations, colères, angoisses et joie, parfois, Léna, Malik et Cosmina tentent de se construire. Mais à 18 ans, tout s’arrête : il faut partir. C’est l’heure de la sortie de l’Aide Sociale à l’Enfance et de la dure entrée dans la « vie adulte ». 

Arriveront-ils à s’en sortir ? 


 

NOTE D'INTENTION 

L ‘adaptation d’une recherche sociologique 

Cette pièce est l’adaptation d’une recherche universitaire en sociologie, initiée par Pierrine Robin de l’Université de Créteil, qui porte sur la transition à l’âge adulte après une mesure de protection : « Les jeunes sortant de la Protection de l’Enfance font des recherches sur leur monde. » Une quinzaine de jeunes ont été interviewés par des chercheurs et par d’autres jeunes spécialement formés qui ont été associés à toutes les étapes de la recherche. Leurs propres mots composent l’essentiel du texte de cette adaptation. Leurs expressions, leurs phrasés, leurs codes de langage construisent la musicalité, le rythme et la vérité de leurs récits de vie. 

Ce sont les jeunes de la recherche eux-mêmes qui ont formulé le souhait d’une adaptation théâtrale afin de donner une plus grande visibilité à une réalité encore méconnue du grand public. Pour rappel, les enfants sont confiés aux services de l’aide sociale à l’enfance (ASE) des départements par les juges pour enfants, lorsqu’ils sont en danger dans leur famille (maltraitances, négligences, carences éducatives...) 

Ces enfants sont accueillis dans des familles d’accueil ou dans des foyers. à leur majorité, tout peut s’arrêter. Les départements peuvent mettre fin à leur accueil et à leur accompagnement. 40% des SDF de moins de 25 ans sont des anciens enfants placés. 

Trois personnages, trois types de liens 

Nous avons donc réfléchi ensemble aux moments clés de leurs parcours qu’ils voulaient mettre en relief et imaginé trois personnages, Léna, Malik et Cosmina, qui sont une synthèse de plusieurs témoignages ; ils sont également représentatifs des trois manières de créer le lien dans le cadre du placement et des répercussions dans la façon de gérer l’entrée dans la « vie adulte » : 

- LE LIEN NOUÉ : incarné dans la pièce par le personnage de LÉNA qui, après une bonne prise en charge en famille d’accueil, vit son entrée dans la « vie adulte » comme une rupture avec le cocon protecteur. Elle s’accroche mais elle est vulnérable. 

- LE LIEN SUSPENDU : incarné par le personnage de MALIK qui vit un parcours difficile lié à des placements différents avec des allers-retours en famille. C’est un parcours en dents de scie, jalonné de fugues et de rapports difficiles avec les éducateurs. 


 

- LE LIEN DÉTACHÉ : incarné dans la pièce par le personnage de COSMINA dont le placement est plus tardif. Il s’agit d’une jeune femme déterminée qui s’appuie sur tous les outils mis à sa disposition pour atteindre ses objectifs. Elle a un projet de vie bien défini et s’y tient, devenant le « héros » de sa vie. 


 

" Tribune" artistique et catharsis 

En ayant pour terreau les témoignages de ces jeunes de l’ASE, la pièce s’inscrit dans la lignée du théâtre documentaire et assume son rôle de « tribune » artistique en souhaitant donner la parole aux principaux concernés sans dévoiler d’histoires personnelles. Une fiction, donc, où la parole, nue et brute au départ dans l’expression des émotions traversées durant ces parcours difficiles, devient peu à peu « politique » en venant prendre directement le spectateur à témoin. Ainsi, pas de décor pour laisser place à la parole, mais un espace nu avec, pour seules présences, une corde comme figuration récurrente des différentes manières de vivre le lien, et un métronome pour rappel du couperet des 18 ans. 

Le miroir de l’institution 

Et l’institution ? Incarnée par un couple de comédiens, elle est omniprésente sur scène car c’est elle qui cadre et accompagne. L’aller-retour entre les personnages et le chœur chorégraphie ainsi l’histoire de ces destins à la fois individuels et collectifs. Ce duo clownesque, au visage peint en blanc, est pensé comme contrepoint du lourd héritage des jeunes. Il est le miroir grossissant des absurdités de l’institution pointées dans le témoignage des jeunes : les longs couloirs impersonnels, les piles de dossiers, les procédures etc. ... Mais que l’on ne s’y trompe pas : derrière les fards à la fois inquiétants et grotesques de ces deux adultes, se cachent des sensibilités calfeutrées et éprouvées... 

EXTRAIT

MALIK

Logiquement, à notre âge, on est censé pouvoir faire des erreurs On est censé pouvoir s’casser la gueule 

Mais ... J’ai pas l’temps 

CHŒUR

Non. Franchement. T’as pas l’temps d’faire des erreurs. 

MALIK

En même temps j’ai rien demandé J’ai toujours essayé d’me débrouiller seul. D’me débrouiller au mieux Parce que j’sais que ... J’sais que ... Pour être vraiment sûr d’avoir c’que j’veux Pour pas être déçu... 

CHŒUR

Non. Franchement. T’as pas l’temps d’compter sur eux. 

LénA

Quand j’étais petite, ils disaient : « Oui, vous êtes des enfants comme les autres » Mais ... 

CHŒUR

T’es pas comme eux. 

COsMInA

On te dit d’être comme tout le monde, mais en même temps on te fait comprendre que ... 

CHŒUR

T’es pas comme eux. 

MALIK

Les gens, quand on leur dit « Voilà, je suis placé » 

COsMInA

« Voilà, j’suis dans un foyer » 

LénA

« Voilà, j’suis en famille d’accueil » 

CHŒUR, imitant les réactions d’effarement et de suspicion Oh il vient du foyer Oh elle est placée 

Oh en famille d’accueil ! Elle a fait le bazar ? Elle a un grain ? Il a tout cassé ? 

MALIK

Ils ont pitié 

LénA

Ils comprennent pas 

MALIK

Ils ont peur de qui tu es Je supporte pas 

COsMInA

J’ai perdu des amis pour ça 

MALIK, LénA et COsMInA 

J’suis un cas social, tu crois ? 

CHŒUR

T’es pas comme eux, qu’est-ce que tu crois ? 

les artistes du cirque mort, au paradis éclairé des artistes; le fil qui pend est l’interrupteur qui a allumé les lumières; c'est un interrupteur qui décide de la vie, de la mort, de la vie après la mort; la piste est vide, un nouveau cirque peut surgir avec de nouveaux artistes, de nouveaux numéros; merci le clown fidelis fortibus, fidèle et courageux; photo ab
les artistes du cirque mort, au paradis éclairé des artistes; le fil qui pend est l’interrupteur qui a allumé les lumières; c'est un interrupteur qui décide de la vie, de la mort, de la vie après la mort; la piste est vide, un nouveau cirque peut surgir avec de nouveaux artistes, de nouveaux numéros; merci le clown fidelis fortibus, fidèle et courageux; photo ab

les artistes du cirque mort, au paradis éclairé des artistes; le fil qui pend est l’interrupteur qui a allumé les lumières; c'est un interrupteur qui décide de la vie, de la mort, de la vie après la mort; la piste est vide, un nouveau cirque peut surgir avec de nouveaux artistes, de nouveaux numéros; merci le clown fidelis fortibus, fidèle et courageux; photo ab

FIDELIS FORTIBUS CIRCUS RONALDO

Fidelis Fortibus est autre chose qu'un spectacle. Puisque d'entrée, le clown nous dit cirque mort, no comico, et nous invite à sortir. Des tombes, des croix, des lumignons, des instruments de musique, des accessoires, une piste encombrée. Omniprésence des morts impossibles à oublier, devant être ranimés, honorés, mais aussi assez souvent malmenés par le clown énervé par leur inertie...Tout cela donne un cérémonial funéraire très mexicain, sud-américain, s'achevant par une fantaisie funéraire, l'élévation des artistes du cirque mort, rassemblés avec minutie, respect sur un curieux cercueil, jusqu'au paradis des artistes, en haut du chapiteau, d'où les morts peuvent voir une piste vide et propre, cet espace vide appelant à une nouvelle création, à de nouveaux numéros. Le clown a fait le vide en rendant hommage, en étant fidèle, fidèle et courageux (fidelis fortibus), en faisant revivre les numéros de jonglage, de funambule, de magicien, de trapéziste... Nous pouvons sortir. Le public a été particulièrement attrapé par cette histoire et par ce clown-orchestre remarquablement accompagné par des instruments jouant tout seuls. Beaucoup d'émotion. Bravo l'artiste, Danny Ronaldo. Merci à Patrice Laisney pour ce choix. JCG

FIDELIS FORTIBUS FIDÈLE ET COURAGEUX CIRCUS RONALDO

FIDELIS FORTIBUS
"Dans le cadre de la Saison Cirque Méditerranée,
la programmation délicate, poétique de 
Patrice Laisney, d'un artiste entrainant son public dans son univers digne de La Strada, aux lueurs vacillantes de lumignons, entre vie et mort.
Amor.
Le vent s'engouffre dans les pans du chapiteau, la sciure vole,
les guirlandes de guingois, illuminent comme une respiration fragile les ors et le velours pourpre, le décor est un peu miteux, poussiéreux; les instruments, cabossés mais tendrement présents.
L'artiste joue dans l'arène, les enfants ne comprendront pas tout, mais les adultes y verront sans cesse l'aller-retour entre vie et mort .
Avec trois bouts de ficelle, deux chaises bancales, trois ballons de baudruches, un petit rat frémissant, des loupiotes chancelantes, un tutu de dentelles surannées, il nous emballe dans son bric-à-brac désuet.
Chaque mort est plus présent que les vivants. Joue qui du tuba, de la clarinette ou de la flûte traversière .
Le clown triste s'élève vers les cieux, dais qui nous hisse au plus beau de nous-mêmes.
Il s'énerve contre ses morts et pourtant leur écrit un hymne extraordinaire.
Avec Danny Ronaldo, circus Ronaldo.
La Seyne-sur-mer.

Le spectacle a pour fil rouge, une pièce de théâtre de Picasso Les 4 petites filles, injouable et jamais jouée. 
Le spectacle a pour fil rouge, une pièce de théâtre de Picasso Les 4 petites filles, injouable et jamais jouée. 
Le spectacle a pour fil rouge, une pièce de théâtre de Picasso Les 4 petites filles, injouable et jamais jouée. 
Le spectacle a pour fil rouge, une pièce de théâtre de Picasso Les 4 petites filles, injouable et jamais jouée. 
Le spectacle a pour fil rouge, une pièce de théâtre de Picasso Les 4 petites filles, injouable et jamais jouée. 
Le spectacle a pour fil rouge, une pièce de théâtre de Picasso Les 4 petites filles, injouable et jamais jouée. 
Le spectacle a pour fil rouge, une pièce de théâtre de Picasso Les 4 petites filles, injouable et jamais jouée. 

Le spectacle a pour fil rouge, une pièce de théâtre de Picasso Les 4 petites filles, injouable et jamais jouée. 

BOIULLON IMAGINAIRE

HOMMAGE À PICASSO

Dans le cadre de l'opération de prestige Picasso et le paysage méditerranéen, inaugurée le 15 novembre au Metropolitan Art of Toulon, le MAT, les structures culturelles de TPM ont été invitées à s'y associer.
Le Pôle au Revest a donc passé commande d'un hommage à Picasso à la compagnie italienne Piccoli Principi; j'ai vu cet hommage ce mardi 19 novembre, aux Comoni, la première de Bouillon imaginaire, hommage à Picasso et aux enfants.
Picasso a dit “Dans chaque enfant il y a un artiste. Le problème est de savoir comment rester un artiste en grandissant”. Le spectacle a pour fil rouge, une pièce de théâtre de Picasso Les 4 petites filles, injouable et jamais jouée. 
«En 1865, le terrier d'un lapin permettait à la blonde Alice, petite fille anglaise, de se rendre en un pays où les merveilles succédaient aux merveilles. En 1947-1948, c'est un jardin potager qui est le lieu d'enchantement, choisi par Picasso, où quatre petites filles, désignées par I, II, III, IV, moins élégamment peignées que leur sœur de l'époque victorienne, s'ébattent et, à travers leurs jeux empreints de fraîcheur, de sauvagerie et souvent de malice, évoquent la vie, l'amour, la mort : tout ce monde de magie et d'angoisse à quoi s'ouvre l'adolescence.
Chansons, dictons, litanies, formulettes, coqs-à-l'âne, calembours s'égrènent tout le long de cette pièce de théâtre où l'auteur semble avoir usé d'un langage en vacances : insoucieuses des règles logiques et des syntaxes, les images y déploient leurs fleurs japonaises et, telle une mère Gigogne, la poésie ne cesse d'y proliférer comme si, en un mouvement qui n'aura pas de fin, elle s'enfantait elle-même.»
Michel Leiris.
La narratrice qui est aussi la muse du peintre évoque le déroulement en 6 actes de la pièce, les décors, les 4 petites filles, les péripéties. Elle chante, danse, pose, vole. Le peintre répond aux indications scéniques par de multiples réalisations nées de son sens du bricolage, de sa créativité, de son inventivité en lien avec ce qu'il apprend en apprenant le dessin à ses enfants. Il apprend comment ils voient, regardent, souvent au plus près donc avec vision partielle, morcelée, cubiste. Il dessine sur une vitre (on pense au Picasso peignant sur une vitre face caméra du film de Clouzot). Il dessine une tête d'enfant, triste d'un côté, hilare quand on la retourne. Il est derrière Françoise Gilot avec une grande ombrelle sur la plage de Golfe-Juan (photo de Robert Capa à voir maison de la photographie à Toulon). On pense à des cadavres exquis. Le jeu avec les 6 est drôle, ca6, coc6, nar6... Les musiques sont choisies en lien avec Picasso: Stravinski, Eric Satie, le Picasso de Coleman Hawkins, Manuel de Falla. 
Ce spectacle ludique, pédagogique, inventif avec pas mal de techniques d'aujourd'hui dont les jeunes sont familiers, l'oeil-caméra du fétiche-garçonnet, l'ordinateur, complétant le bric-à-brac de l'atelier de l'artiste va maintenant tourner dans les écoles, collèges, lycées. Je pense qu'il donnera lieu à de beaux échanges avec les artistes Alessandro Libertini et Véronique Nah qui présentent ainsi leur recherche : L’attention de Picasso portée aux enfants est la démonstration que l’apprentissage - quel qu’il soit – tire profit de la réciprocité : les maîtres doivent savoir apprendre de leurs élèves exactement comme les élèves apprennent de leurs maîtres. L’idée de réciprocité est à la base de ce spectacle qui entend mettre en évidence ce que les enfants ont apporté à l’art de Picasso et ce que l’art de Picasso peut apporter au besoin de connaissance des enfants. Les jeunes spectateurs pourront vivre et se retrouver dans l’art de Picasso et les adultes réfléchir sur le potentiel créatif contenu dans chaque enfant.
Pour ma part, ce spectacle m'a renvoyé aux visions de l'enfant par Saint-Exupéry, Christiane Singer, Christian Bobin pour qui l'enfant est un métaphysicien branché sur le Réel voilé, visions qui m'invitent à un cheminement souhaité mais pas encore réalisé vers l'enfant intérieur, celui qui venu de la Lumière se retrouve plongé dans notre nuit, notre obscurité, celle des adultes croyant savoir et maîtriser. "Les nouveau-nés ils viennent de la lumière, et ils sont jetés dans notre nuit, c’est pour ça qu’ils sont éblouissants, c’est pour ça que leur regard est brûlant et que leurs visages sont dévorants comme ça." Christian Bobin.
Merci à Patrice Laisney pour le geste de la commande = faire confiance à l'avance = pari = risque. Ici, pari réussi.

Tombé sur cette perle concernant Les quatre petites filles de Picasso, fil rouge du spectacle Bouillon imaginaire de Piccoli Principi, créé à La Saison Jeune Public du Pôle, le 19 novembre 2019; merci encore à Patrice Laisney
"En 1947-1948, à Golfe-Juan et Vallauris, Pablo Picasso écrit par à-coups un texte poétique, gai et curieux, qui passera presque inaperçu lorsque Gallimard le publiera, en édition pourtant ordinaire et pas coûteuse, en 1968.
Ce poème, les Quatre Petites Filles, se présente sous la forme d'une pièce en six actes. Six actes très courts, situés dans un jardin potager, en Provence, où quatre petites filles, la plupart du temps toutes nues, ne font que prononcer et commettre des bêtises : dès la première seconde elles ont annoncé la couleur : " Jouons à nous faire mal et embrassons-nous avec rage en poussant des cris affreux. "
Il ne semble pas que Picasso ait songé à faire présenter cette prétendue " pièce " sur une scène. Les indications de Jeu décrivent des tableaux tout à fait utopiques, peuplés d'animaux géants, peu réalisables : " Un énorme cheval ailé traîne ses tripes, entouré d'aigles ", " de grands cochons et leurs truies et leurs petits, tous ailés, remplissent le lac ", " un véritable ballet de fourmis ailées remplit de haut en bas la scène, se disputant la reine dans de fantastiques tournois ", " partout le sang coule et inonde la scène ", il y a aussi des " pluies d'yeux ", des " lâchers de quantité de pigeons ", un feu d'artifice qui fuse d'un aquarium géant plein de poissons de toutes les couleurs qui nagent en rond, ainsi de suite, on imagine mal une telle fantasmagorie sur les planches, même chez Bob Wilson.
D'autre part, le texte est très difficile à jouer et à écouter. Il n'y a pas de dialogue, les petites filles disent l'une sans l'autre des fragments qui n'ont pas de suite, qui sont faits dans une langue souvent inventée, et qui pourraient être, par exemple, des sortes de notes personnelles que Picasso aurait griffonnées à son seul usage pour se rappeler un tableau auquel il a pensé, ou pour se remémorer une petite esquisse qu'il a faite, des choses de ce genre.
Notes d'ailleurs merveilleuses à lire, parce qu'en soi elles sont d'une folie déchaînée, et aussi parce qu'elles ressemblent beaucoup aux toiles jeunes, gaies, libres, que Picasso peignait dans ces années-là et exposait à la galerie Leiris. On dirait que Picasso trace ses couleurs de paroles et ses lignes de paroles comme celles de ses tableaux, avec les même lumières vives, les mêmes coq-à-l'âne, les mêmes ellipses tournantes, les mêmes Jeux d'expression, et tout le côté généreux et farceur.
Merveilleuses à lire, disions-nous, mais presque impossibles à écouter, d'abord parce que Picasso les suppose prononcées sans réfléchir par des petites filles qui disent n'importe quoi, et comment pourrait-on " répéter " avec de vraies bouches, après coup, ce charme, cette fraîcheur, ces improvisations imaginaires ? Si Picasso donne à son poème l'apparence d'une pièce de théâtre, c'est afin d'orienter la vision, l'écoute de ses pages, de donner une aimantation de vie, de mettre la lecture en relief, en mouvement, mais cette illusion d'un théâtre " supposé " est fragile, impalpable, et ne peut passer à l'action que dans l'esprit, dans la lune, et pas sur des planches réelles avec des acteurs réels.
Citons des exemples, ce sera plus clair (si l'on peut dire). Picasso écrit : " Un grand ovale jaune lutte en silence entre les deux points bleus de toutes ses griffes retournées dans la chute d'Icare de l'écheveau des lignes du piège du losange vert olive étranglé des deux mains par le violet si tendre du carré de l'arc vermillon lancé de si loin par l'orange ". Et voici un autre passage : " La poussière dorée qui accroche à chaque soupir les sauts de cabri du bandeau blanc qui lève la barque à la fenêtre isole des marches de l'amphithéâtre la charrue et le sillon qui solennellement immolent la chèvre enchaînée sur le papier immaculé de la grande page écrite. "
Comment écouter de telles phrases (tout le texte de Picasso est fait comme ça). Le public ne pourra suivre, il déclarera forfait, alors qu'avec un livre, en s'armant de talent, en faisant des pauses " Volvic " et des mouvements respiratoires, on peut parvenir à lire les Quatre Petites Filles, et à trouver cela, même, charmant et sportif.
M. Jean Gillibert, à qui tout un chacun reconnaît le mérite de foncer dans le brouillard, a eu raison de mettre en scène ce poème de Picasso, car il rappelle ainsi l'existence de ce petit livre phénoménal, mais on ne saurait trop déconseiller d'aller voir ce spectacle au Centre Pompidou : des bidons et de vieux pneus, gris, moches, remplacent les beaux fruits et légumes du jardin potager de Picasso, il n'y a bien sûr ni cheval ailé ni ballet de fourmis, et quatre comédiennes d'âge caduc ou presque, déguisées en fillettes, essaient de donner une dimension lyrique, sentencieuse, à la "partouse" verbale de Picasso. C'est la tasse.
Et pour se retrouver les pieds par terre, citons la seule phrase des Quatre Petites Filles immédiatement saisissable : " Aujourd'hui le 17 du mois de mai de l'année 1948, notre père a pris son premier bain et hier, beau dimanche, est allé voir à Nîmes une course de taureaux avec quelques amis, et mangé un plat de riz à l'espagnole. " Voilà, et le soleil entre dans la chambre, et il fait chaud, rien que de songer à ce mois de mai où Picasso était vivant."
MICHEL COURNOT. 16 mai 1981.

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La mécanique du hasard / Théâtre du Phare

7 Novembre 2019 , Rédigé par grossel Publié dans #spectacle, #J.C.G.

un décor presque minimaliste, un désert ressemblant à une coupe d'arbre centenaire (généalogique ?), un frigo
un décor presque minimaliste, un désert ressemblant à une coupe d'arbre centenaire (généalogique ?), un frigo
un décor presque minimaliste, un désert ressemblant à une coupe d'arbre centenaire (généalogique ?), un frigo
un décor presque minimaliste, un désert ressemblant à une coupe d'arbre centenaire (généalogique ?), un frigo
un décor presque minimaliste, un désert ressemblant à une coupe d'arbre centenaire (généalogique ?), un frigo
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un décor presque minimaliste, un désert ressemblant à une coupe d'arbre centenaire (généalogique ?), un frigo

un décor presque minimaliste, un désert ressemblant à une coupe d'arbre centenaire (généalogique ?), un frigo

La mécanique du hasard

Théâtre du Phare-Olivier Letellier

d'après Holes (Trous)-Le Passage

de Louis Sachar (1998)

adaptation Catherine Verlaguet

 


La mécanique du hasard, durée une heure, vu à la Maison des Comoni au Revest, le 5 novembre à 19 H 30, dans le cadre de la Saison Jeune Public du Pôle (scène conventionnée d'intérêt national arts et territoires), est un fabuleux spectacle d'une précision et d'une fluidité qui nous captent du début à la fin. Heureusement, si on décroche, impossible de raccrocher, de se raccrocher tellement cette histoire est multiforme, riche d'informations qu'il faut engranger et relier, une histoire de malédiction (l'emploi de ce mot mériterait attention car il est du registre performatif : une malédiction est un énoncé agissant dans le temps, à l'insu de la victime = quand dire c'est faire, or aujourd'hui, le langage performatif est celui de tous les manipulateurs aux pouvoirs, on ne parle pas pour dire le vrai ou la (sa) vérité, on parle pour agir sur le réel, pour qu'il se conforme à ce qu'on en dit ; Jupiter en est un exemple vivant) traversant 4 générations (une discipline étudie ces transmissions, répétitions inconscientes, la psychogénéalogie transgénérationnelle de Anne Ancelin Schützenberger ou la métagénéalogie dont Alejandro Jodorowski est l'inventeur = de l'importance de construire son arbre généalogique), malédiction partant de Lettonie, passant par Las Vegas, s'arrimant dans le lac vert, aujourd'hui asséché, autrefois terre fertile, devenu camp de redressement pour adolescents délinquants. 

Stanley Yelnats = Stanley à l'envers, est un ado envoyé dans ce camp pour creuser des trous au fond du lac. Mais ce sont les héritages familiaux qu’il va déterrer : l’histoire de son horrible-abominable-vaurien-d’arrière-arrière-grand-père qui avait volé un cochon à une tzigane unijambiste qui s’était vengée en lui jetant un mauvais sort, la malédiction. Mais aussi celle de son père inventeur de génie qui s’acharne à recycler les vieilles baskets qui puent grâce à un spray. Ou encore celle de son arrière-grand-père dont la diligence a été dévalisée par la redoutée « Embrasseuse ». Une puissante histoire d’amitié entre ados (lui et Zéro, oui, Zéro, un zéro disent les autres, un héros à sa façon) va se construire sur ce fond de légende héréditaire. Des histoires parallèles, à un siècle d’intervalle, que l’on découvre étrangement liées par des indices savamment distillés tout au long du récit, porté par deux comédiens (Fiona Chauvin, Guillaume Fafiotte) multifonctions, narrateurs, personnages, dont la partition corporelle, gestuelle est comme une chorégraphie avec pour tout accessoire, mais quel accessoire, un frigo (symbole autrefois de la société de consommation) qui est tout, barque, trou, désert, montagne à gravir, lieu du trésor de l'embrasseuse (l'institutrice du village de jadis) qui tue pendant 30 ans les égarés dans le désert pour se venger de la mort de son amant noir par le shérif.

Comment le Stanley de la 4° génération réussit-il à un moment donné à ne plus être au mauvais endroit au mauvais moment, à rompre le cycle de la répétition du pas de chance ? 

C'est à travers des épreuves terribles et des signes semés par les prédécesseurs qu'il reconstitue ou fabrique son histoire (à trous sans doute) liée à celles de ses ancêtres dont il ne sait quasiment rien; ce faisant, il se trouve, s'identifie, devient lui et capable de décisions, ça commence par NON et par j'y arriverai; se mettent en place des séries non prévisibles mais qui vont jouer leur rôle de libération de la malédiction : manger des oignons, trouver un tube de rouge à lèvres, rencontrrer des lézards jaune-vert qui cessent de mordre pour tuer... 

Quand on est embarqué dans ce genre de cheminement libérateur, aujourd'hui on parle de lâcher-prise, ne pas chercher à comprendre, à dominer la situation, accepter ce qui vient, ne pas faire le tri, les indices, les coïncidences, les opportunités, les synchronicités s'offrent et c'est enfin l'éclaircie, la lumière se fait ; quelque chose de l'inconscient, de l'inconscient personnel mais surtout de l'inconscient collectif, celui mis à jour par Jung, agit : « en plus de notre conscience immédiate, il existe un second système psychique de nature collective, universelle et impersonnelle qui est identique chez tous les individus. Cet inconscient collectif ne se développe pas individuellement, mais est hérité. Il se compose de formes préexistantes, les archétypes, lesquels donnent un sens aux contenus psychiques ». Pour Jung, reconnaître l'existence et l'influence de l'inconscient collectif, c'est reconnaître que « nous ne sommes pas d'aujourd'hui ni d'hier ; nous sommes d'un âge immense » (je dirai immémorial, l'inconscient collectif, à travers les archétypes, c'est l'éternité au présent, c'est l'infini en nous : tout est lié, relié, tout est déjà là)
La musique, les lumières, le fond du lac-le désert qui a la forme d'une coupe d'arbre centenaire, le frigo font partie intégrante du déroulement du récit avec un moment particulièrement fort, émouvant, la montée de la montagne. Création lumière Sébastien Revel / Création sonore Antoine Prost / Scénographie et Régie Colas Reydellet.
Le public, très varié, avec beaucoup de jeunes, collégiens, lycéens, particulièrement à l'écoute, a fait une ovation méritée à l'équipe du Théâtre du Phare-Olivier Letellier qui sait fouiller coins et recoins des jeux de l'inconscient. 

 

Le livre Holes (Trous) de Louis Sachar est paru en 1998, très apprécié comme livre jeunesse. Il est paru en français sous le titre Le Passage en 2000.

Le roman a été adapté en film en 2003 par Walt Disney Pictures, sous le titre La Morsure du lézard
Louis Sachar a écrit une suite Manuel de survie de Stanley Yelnats

Alors, toi aussi tu as échoué dans un centre d'éducation pour jeunes délinquants ? Si tu es ici, c'est parce que tu as fait une bêtise et la justice t'a condamné à creuser des trous pendant plusieurs mois. Tu viens d'arriver et tu as peur, n'est-ce pas ? Tant mieux, car la peur maintient en alerte. Tu te sens probablement très seul. Et tu l'es, malgré les six conseillers d'éducation et les trente-quatre pensionnaires qui vivent avec toi dans le camp. Ne baisse pas les bras. Ce manuel de survie peut te venir en aide.
Stanley Yelnats en est l'auteur. Il sait de quoi il parle, il est passé par là lui aussi. Tu peux lire son histoire dans « Le Passage ». Quand il a appris qu'on allait ouvrir dans tout le pays des centres pour jeunes délinquants, garçons et filles, sur le modèle du camp du lac vert, il a écrit ce guide. Un guide qui peut te sauver la vie : il t'apprendra à éviter les pièges du désert, à différencier une tarentule d'un scorpion, à découvrir le règlement secret du centre, mais surtout, tu sauras que pour t'en sortir, mieux vaut jouer au plus malin que jouer les gros durs.

 

L'adaptatrice du roman Holes (Trous), Le Passage de Louis Sachar est une varoise Catherine Verlaguet; j'ai trouvé très efficace ce texte : on ne perd pas une miette de l'histoire.

Jean-Claude Grosse, le 7 novembre 2019

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