L'humain d'abord (et autres slogans de la campagne)
Voilà un essai sur un slogan de campagne qui mérite lecture et discussion sous peine que le slogan reste vide, simple
hameçon à voix d'électeurs. Ce n'est pas une bonne façon de faire la démocratie que de laisser les communicants chercher à nous niquer en allant à la pèche de nos voix.
grossel
Pourquoi « L’humain d’abord » ?
En quoi le slogan « L’humain d’abord », comme il sonne au Front de Gauche, ne saurait être confondu avec cette phrase, tirée des statuts du Modem : « Ses valeurs sont celles de l’Humanisme qui place l’Homme au centre de son action » ?
Ce n’est pas du tout la même musique, et la différence ne tient pas seulement à un usage pompeux des majuscules. Parler de l’humain, ce n’est pas tout à fait pareil que de parler de l’homme, celui d’un humanisme qui le place au centre de son univers. Et cette différence d’apparence minime a une portée majeure.
Placer aujourd’hui l’humanité au centre de tout, c’est faire fi des connaissances scientifiques dont certaines sont séculaires. C’est aussi renvoyer sans le dire à un Dieu créateur, seul susceptible de fonder cette centralité des hommes, à moins de s’en remettre à un merveilleux hasard. Dans ces conditions, l’Homme prétendument au centre est très probablement centré par un tel Dieu, dont il n’est qu’une image. C’est ainsi qu’on peut comprendre la majuscule dont on l’affuble.
Ce qui vient d’être dit n’est pas une charge contre les croyants qui peuvent être réellement de gauche, c’en est une contre une conception poussiéreuse de la croyance. Et, de plus, elle est hypocrite : non seulement Dieu est servi en cachette par des gens qui ne peuvent pas se prévaloir des vertus de l’humanisme historique qui, lui, a véritablement dégagé le ciel et l’horizon des hommes, mais, à entendre par exemple les propositions économiques du Modem, on ne voit pas en quoi l’Homme serait pour elles au centre, sinon comme coupable originel et endetté de toujours.
L’Homme, cela n’a jamais été les hommes : tout au plus, une abstraction aussi obscure que la notion politique de centre ou de troisième voie. Pour Pascal, le monde, « est une sphère infinie, dont le centre est partout, la circonférence nulle part » ; comment, en politique, pourrait-on se situer au centre plus ou moins exact d’un monde qui, même s’il s’est ouvert, continue à circonscrire étroitement la plupart des hommes ?
L’humain, ce n’est pas tout à fait l’homme (et pas du tout l’Homme). Même si on échappe à l’abstraction en parlant des hommes, le risque est de renvoyer à autant d’entités fermées sur elles-mêmes. Or ce n’est jamais seulement le cas. Le plus fermé des individus est aussi constitué et traversé par un tissu social, même quand celui-ci est défait.
Comme nom, l’humain renvoie au souci de ce tissu. En un sens à préciser, c’est plus concret que de parler de l’humanité (sans parler de l’Humanité). Par exemple, « l’ humain », comme mot, est proche du mot « humus », dont il dérive comme tous ceux de cette famille. Cela indique déjà qu’on ne saurait parler des hommes sans se soucier de la terre et de tout le vivant.
Cela dit, l’humain renvoie avant tout à un tissu social qui lie et, pour une part majeure, fabrique des hommes. Aujourd’hui, celui-ci est à la fois d’une extrême complexité et tout à fait simple : il se respire partout, même à travers les différences de classe, et il est particulièrement nauséabond.
Loin de renvoyer à un individu complètement séparé des autres, l’humain suppose une interdépendance constitutive entre les individus. Cette notion suppose aussi de ne pas séparer le corps et l’esprit. Chez chacun, l’humain concerne, non seulement la conscience et la raison, mais aussi les profondeurs psychiques, l’affectivité, le vécu corporel.
L’humain, c’est à la fois ce qui, de gré ou de force, lie chaque homme à tous les autres et à tout lui.
Parler de « L’humain d’abord », c’est être conduit à interroger cela et plus, en vue de permettre aux hommes de mieux (se) vivre.
En un sens, le tissu social (ou mieux historique) le plus inhumain est encore humain. Que pourrait-il être d’autre ? Mais ce n’est pas cela qui nous intéresse. Il s’agit d’aller vers un mieux-vivre : de réfléchir aux conditions requises alors et à la façon de les mettre en jeu.
Il se trouve que nous vivons une inhumanité spécifique particulièrement pesante qui, de toute évidence, stérilise en nous nombre de potentialités humaines. Le fait que nous ressentions fortement cela, indique que tout n’est pas perdu. Autant notre liberté, individuelle et collective, est beaucoup moins manifeste que ce qu’on nous raconte couramment, autant elle peut être conquise par nous.
« L’humain d’abord » ne dénonce pas seulement toute une inhumanité des rapports entre les hommes, mais exige un souci déterminant d’humanité dans toute attitude ou décision, grande ou petite, relative aux multiples domaines de la vie. Il s’agit de favoriser l’instauration entre nous et en nous d’un tissu d’une tout autre qualité humaine que celui qui nous est aujourd’hui plus ou moins imposé. Il y va de nos corps et de nos esprits, des sociétés en très grand comme en tout petit.
Dans ce slogan, « d’abord » importe beaucoup. Il ne renvoie pas à un préalable temporel, mais à un préalable de principe. Il ne s’agit certainement pas de paraître humain pour mieux être inhumain : cela, c’est ce qui nous est massivement donné à vivre. Il s’agit de tendre à être toujours le plus humain possible, notamment par temps difficiles.
Qu’est-ce que cela signifie au juste ? Ce n’est pas un slogan qui peut le dire. C’est à la fois connu (ou deviné) et inconnu de nous, puisque cela reste à inventer.
En tout cas, « L’humain d’abord » en appelle immédiatement à une expérimentation concrète pour mieux penser notre humanité en échappant aux risques de l’abstraction vaine, et commencer à ancrer dans la réalité ce que ce slogan indique.
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« L’humain d’abord » renvoie entre autres à une manière d’aborder les hommes et les questions humaines, qui serait indissociable des contenus d’une politique. Aux antipodes de la communication comme calcul obligé, cette manière, évidemment multiple, réussirait à rendre solidaires ce qu’il y a de plus immédiat dans l’abord et ce qu’il y a de plus médiatisé en lui.
Parce que nous vivons dans une société qui rend abstraits les rapports humains, c’est d’une certaine façon qu’elle est complexe et non dans l’absolu. Si on parvenait à réinstaurer de meilleurs rapports concrets entre les hommes, ils vivraient différemment la complexité ; ils pourraient même vivre une complexité différente.
Il ne s’agit pas de miser seulement sur l’abord immédiat et, ce faisant, de susciter des illusions, mais de travailler à permettre un contact réhumanisé des hommes entre eux , afin que beaucoup plus de gens puissent aborder, même si c’est seulement dans une certaine mesure, les questions les plus complexes.
Abstraire revient à séparer, mais la bonne abstraction travaille aussi à relier. Nous vivons dans une société qui fait descendre au plus profond des rapports humains une certaine forme d’abstraction : monétaire, technique, aujourd’hui numérique. Ce n’est pas parce que celle-ci prend souvent des allures vivantes qu’elle est vivante. Son résultat, c’est largement une séparation aggravée entre les gens, l’invention d’une société du non-lien social.
Nous éprouvons fortement le besoin de promouvoir à partir d’en bas un tissage humain qui puisse remonter jusqu’aux pratiques les plus abstraites, afin qu’elles ne perdent plus de vue l’humus dont elles proviennent et qui continue à les fertiliser. Par exemple, les mathématiques, financières ou pas, ou la physique doivent demeurer humaines, non pas au sens où elles ramèneraient des illusions humaines, mais à celui où, en tant que pratiques-limites, elles restent néanmoins humaines, doivent être travaillées en vue des hommes, tout comme elles le sont, même très indirectement, grâce à eux.
Aussi utile que soit l’informatique, ce n’est pas une communauté numérique qui peut revivifier à elle seule la vie sociale. Une réalité renouvelée des rapports entre les hommes peut humaniser le virtuel, bien plus que celui-ci n’est susceptible de les humaniser. Nous vivons au contraire une virtualisation des rapports entre les hommes qui stérilise bien plus leurs potentialités qu’elle n’en favorise la réalisation.
De même, le primat de l’économie est aujourd’hui celui d’une certaine abstraction qui contamine les rapports les plus simples entre les hommes. Et il s’agit bien de s’appliquer à remonter de tels rapports revivifiés (de travail et autres) aux pratiques économiques les plus complexes et autistiques, c’est-à-dire en apparence coupées de l’humus des humains. C’est même tout un matelas d’apparences qu’il s’agirait de réussir à dissoudre.
Le souci de l’abord renvoie à une concrétisation plus humaine des rapports entre les hommes, aussi bien dans la vie courante que moins courante. Il n’y a pas plus de concret que d’abstrait, en général. Ce qu’il faut favoriser, c’est un mode de concrétisation des rapports humains qui concerne tous les aspects de la vie en société et pas seulement la production économique. Celle-ci trouverait aussi à en bénéficier.
« L’humain d’abord », cela indique qu’on gagne à concilier l’intérêt de chacun et celui de tous, la notion d’intérêt et celle de gratuité de certaines démarches. Cela incite à repenser celle d’esprit d’entreprise (et de risque pris) : après tout, entreprendre renvoie plutôt à quelque chose qui est pris entre les mains de pas mal d’hommes (et non d’un seul) ; et pourquoi pas entre toutes celles qui y contribuent, de près ou de loin ? En un sens renouvelé, on peut appeler cette chose richesse nationale (ou locale, ou mondiale). Elle n’est ni à confisquer, ni même seulement à distribuer plus justement : elle doit être mieux cultivée par tous, dans un souci primordial de la qualité humaine.
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« L’humain d’abord » suppose une réelle remise en présence des hommes entre eux (et aussi de chaque homme par rapport à lui-même). Cette remise en présence est à éprouver sans illusion de plénitude mais aussi de vide intégral. Elle est à travailler, dans le plaisir et la difficulté, comme effort situé pour se redécouvrir par les sens, la parole, la raison.
Il faut à la fois redécouvrir l’humanité de situations diverses et inventer des situations où puisse affleurer le meilleur de l’humanité. Et il faut commencer cela sans attendre une situation globale favorable. C’est sans doute la meilleure façon d’en réunir les conditions d’apparition.
Le type d’abstraction (de quantification) dont nous souffrons, tend à chasser les hommes d’eux-mêmes. Elle les porte à se remplacer par une espèce de clone frigide ou surexcité, craintif de tout ou obscène envers les autres, entre dépression et mégalomanie. Tout cela a en commun une tendance au repli sur soi, voire à la confusion entre son monde et le monde. Et cela se passe au moment même où il est devenu très problématique d’avoir un monde personnel, non aliéné aux médias de masse et bien au-delà.
Il est donc primordial de se redécouvrir comme hommes, avec leurs qualités et leurs défauts, en réussissant à échapper quelque peu aux innombrables dialogues de clones. Il y a aujourd’hui une difficulté très répandue d’accès à soi-même, aux autres et au monde. Quand on vante le contraire, c’est avant tout pour renforcer des apparences : l’accès à soi-même et aux autres ne poserait plus guère de problèmes, jamais on aurait eu autant de ressources pour découvrir le monde d’une façon ou d’une autre. Mais de quel monde, de quels autres, de quel soi-même parle-t-on alors ?
« L’humain d’abord » requiert une redécouverte interpersonnelle, notamment de la politique. Il ne peut y avoir de porte-parole que capable de porter le meilleur de paroles en travail et tant qu’il en est capable. Sa parole ne peut entraîner que si l’entraîne aussi un concert de paroles, plus d’une fois en confrontation. Aussi distante qu’elle soit, la fonction de représentation doit rester nourrie par des représentés actifs. Il faut que la présence élaborante des hommes concernés la mette toujours sous tension.
Le but est une humanité sans exclusion aucune. Il s’agit donc de tendre à mettre en jeu tout de suite le meilleur des hommes, en vue d’une organisation sociale qui en favorise l’accomplissement. Ce n’est contradictoire qu’en apparence.
Particulièrement aujourd’hui, les hommes disposent de multiples potentialités, aussi masquées ou distordues qu’elles soient. Elles sont sous-exploitées, quand on ne les laisse pas en friche. Des savoirs pratiques, des talents, des ressources de générosité, de lucidité, sont disséminés un peu partout dans la société. Ce qui manque, ce qui est largement empêché, c’est leur mise en rapport en vue d’objectifs qu’on puisse dire humains, au sens où ils sont orientés vers l’accomplissement de tous et de chacun.
Mais que peut bien signifier un tel accomplissement ? « L’humain d’abord » est comme une injonction que prolonge forcément un questionnement. Il y a ce qu’on sait qu’on pourrait faire pour que les hommes aillent mieux, chacun et entre eux, et il y a ce qu’on ignore, qui reste à découvrir, parce que les conditions présentes ne nous permettent qu’une approche limitée.
Cela dit, sont impossibles un accomplissement parfait des hommes et une connaissance complète de ce qu’ils sont. Il ne faut pas donner l’illusion d’un quelconque absolu. L’humain, individuel et social, est de l’ordre d’un tissage sans fin (pas si ordonnable que cela).
L’important, ce serait de refonder le politique sur une humanité non mutilée et non hiérarchisée, du moins essentiellement. Cela ne signifie pas que tous les hommes soient identiques ni, dans les faits, d’égale valeur, mais qu’il faut les mettre dans un mouvement tel qu’il favorise au mieux les liens qu’ils peuvent tisser, mais aussi les déliaisons significatives qu’ils peuvent souhaiter, afin qu’ils tendent à mieux s’accomplir chacun et les uns les autres, et à mieux concevoir et promouvoir les moyens d’y parvenir.
A une telle perspective, on oppose couramment le risque du pire. Ce risque doit être résolument pris en compte. Mais la situation présente est elle-même si risquée qu’elle oblige à tabler, le plus lucidement possible, sur l’humain.
« L’humain d’abord », cela répond à tout un inhumain présent, dominant, et à toute une pseudo-humanité qui se donne pourtant comme ce qui peut se faire de mieux entre les hommes. Ce slogan indique que l’histoire, celle des sociétés et des individus, ne saurait s’en tenir à cela, notamment parce qu’il n’est pas un équilibre atteint qui ne soit d’une façon certaine en danger. Il reste donc légitime de chercher à mieux fonder, humainement et terrestrement, un équilibre global.
« L’humain d’abord », cela fait résonner une humanité commune, au-delà des clivages de classe, de compétence ou de quoi que ce soit. Encore une fois, il ne s’agit pas de prétendre démagogiquement que toutes les formes d’humanité se valent, mais de dire que ce qui, en dernière analyse, importe le plus chez chaque homme, c’est l’humain et la capacité de prendre en compte réellement, chez les autres, une telle « richesse de dimensions » (laquelle est inséparable d’un souci du simple vivant et de l’inerte).
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En société, « L’humain d’abord » ne renvoie pas seulement à des corpuscules séparés, mais à des ondes d’humanité. C’est toujours vrai, mais ce slogan en appelle à des ondes moins frigides et perverses que celles de la liquidité ambiante.
Il ne s’agit pas de promettre la lune de rapports idylliques, mais d’indiquer que, dans la méthode d’émancipation et autant que possible au-delà, importent des ondes humainement chaudes, une exaltation qui réarme, donne un sentiment profond d’être ensemble en tendant à mettre au meilleur de soi. C’est que, entre nous et en nous, le tissu humain a été gravement endommagé, notamment ces derniers temps.
Mais un tel appel à l’exaltation en est un aussi à l’effort rationnel. Concevoir une société qui tende à l’émancipation de ses membres, est aujourd’hui très ardu et requiert l’effort de beaucoup de gens. Aucun type d’experts ne saurait y suffire.
D’ailleurs, est-ce que l’investissement affectif et l’effort rationnel sont toujours contradictoires ? Certainement pas : tout dépend de quel genre d’affectivité et de quel genre de rationalité on parle. Par exemple, les mathématiciens les plus inventifs témoignent de ce que leur travail est loin d’être seulement sec. Il ne faut pas confondre la posture technocratique, la culture des seuls résultats, avec l’intelligence des processus, couplée à un souci authentique du bien commun.
Faire primer « L’humain d’abord », c’est en appeler à des dimensions humaines, multiples et indissociables, et historiquement situées, pour les mettre en œuvre le plus largement et intensément possible.
Ce slogan dit aussi clairement qu’il ne concerne pas seulement la population de notre pays. Il ne peut trouver de validité qu’en s’adressant au monde entier. Il dit qu’en dernière analyse la seule identité valable c’est celle d’être un homme, non pas en tant qu’essence donnée d’avance, mais en tant qu’histoire, individuelle et collective, qui reste à inventer.
Loin d’être opposable aux individus, ce slogan renvoie au meilleur de leurs ressources de singularisation et de socialisation. Il ne s’agit pas de substituer à une société massive une société plus massive encore ; il s’agit bien plutôt de démassifier les individus : de permettre à chacun un développement plus libre dans une société plus solidaire.
C’est là l’enjeu : il ne peut pas y avoir d’approfondissement démocratique sans « enrichissement » tendanciel de tous les individus, c’est-à-dire sans partage des bénéfices et de la sécurité, notamment économiques, sans partage des savoirs et des pratiques émancipatrices.
Voilà ce à quoi me semble renvoyer un slogan qui mérite d’être commenté par beaucoup d’autres.
Ceci encore pour finir : l’humus qui hante le mot « humain », en appelle non seulement à une unité maintenue de la terre, du végétal et de l’animal avec l’homme, mais aussi, comme le souligne souvent notre candidat, à toute une lignée de morts, la plupart du temps anonymes, qui nourrissent les luttes présentes.
C’est parce que, comme requête, « L’humain d’abord » vient de très loin qu’un avenir meilleur est possible, sans qu’il suffise pour l’inventer de copier un passé quelconque. Ce slogan renvoie donc, sur la base d’une culture historique, aux ressources d’invention de nombreux hommes vivants. Pour très importantes qu’elles soient, l’innovation et la recherche-développement techniques ne sont pas le tout de l’histoire en cours.
Réjouissons-nous que renaisse, à nouveaux frais et sous des formes diverses, un vaste mouvement de transformation qui tend à lutter sans concession contre tout un système fondamentalement inhumain, même quand il feutre ses façons de faire. Dans ce sens, agissons et incitons à agir, réfléchissons et incitons à réfléchir.
Février 2012, Gérard Lépinois
pour moi le mot qui parle le mieux de l'humain d'abord c'est bonté
et je pense à Tolstoï et quelques autres
la bonté est une pratique
elle rayonne et elle est individuelle
un enfant rayonnant dans un wagon attire tous les regards, l'agressivité des autres s'évanouit le temps de le contempler, il nous fait redevenir enfant, pas le capricieux, le tout puissant dans son désir ... JCG
Jean-Claude,
Oui, il faut appeler un chat un chat et oser tirer argument de la bonté dont tu parles. Oui, il faut se défier de la représentation et lutter contre le renouvellement des illusions (par exemple, un responsable local du parti de gauche est convaincu, ou fait comme si, de la possible victoire de Mélanchon à la présidentielle). En même temps, me semble-t-il, il faut rester attentif et épauler lucidement la renaissance d'aspirations positives ou seulement moins négatives. J'attends ton retour sur mon essai sur " l'humain d'abord ". Ce texte est sans doute bien trop abstrait. Un ami, auprès de qui je le testais, m'a sauvagement étrillé en parlant de blabla, de tissu de clichés. Pourtant, je n'arrive pas à le relire comme ça. Si tu penses qu'il peut servir de base de discussion, tu peux le publier sur ton site, en ajoutant après le titre, si tu en est d'accord, la mention " (texte très discutable) ". G.L.
Trois remarques :
1- l'humain d'abord est à mon avis, plus à l'oeuvre que ce que ton texte laisse entendre qui pointe plutôt l'inhumain de notre temps et de notre monde ; sans cet humain d'abord, à l'oeuvre quotidiennement dans le fait de faire l'amour, de faire des enfants, de les élever, éduquer et quantité d'autres actes et comportements, ce monde ne se perpétuerait pas ; le pouvoir du quantitatif, de l'inhumain est superstructurel si je puis dire et n'atteint pas l'essentiel, la puissance de vie, même si les pulsions de mort sont très présentes mais sur des marges (Withney Houston se bouzille, des millions d'autres trouvent à sourire à leur vie difficile)
2- le nom de l'humain d'abord c'est pour moi la bonté, attitude et pratique. La bonté chez quelqu'un se sent, certains en profitent mais pour beaucoup de gens, elle a un effet apaisant, elle décrispe les relations, elle décoince, elle est incitation faite à l'autre de se délivrer, se livrer, se dépasser. La bonté est souvent visible chez les enfants qui trop vite se durcissent au contact adulte.
3- pour Nietzsche, l'homme ne peut se réaliser que par son dépassement vers le surhomme ; l'humain d'abord qui fait appel au meilleur de chacun et de tous ne doit-il pas être tendu vers un surhumain ?
Jean-Claude Grosse
C'est précisément sur cet humain déjà à l'oeuvre que je voudrais inciter les gens à s'exprimer. Je n'ai heureusement pas fait mention de ce texte auprès d'eux.
Il me semble qu'on peut admettre que cet humain, vu en largeur et aussi en intensité, comporte une ou des tensions vers un surhumain, pour autant toujours humain (notion non statique et en partie nom vacant, ce qui est à la fois bien et dangereux).
Je suis d'accord sur la résistance du vivant par rapport aux superstructures mortifères, sur son indépendance relative par rapport à elles. Je m'inquiète pourtant beaucoup de l'interface plus ou moins grossière ou subtile qui permet à celles-ci de travailler le vivant, y compris de l'intérieur. G.L.
Comment trouver la voie du "Nous sommes le peuple. Le peuple c'est nous" "c'est à nous de décider, nous voulons décider", c'est la voie-la voix de la Commune, des conseils ouvriers et de tout un tas de formes dont j'ai vérifié en 68 en étant membre du comité central de grève de la ville du Quesnoy que ce sont des formes efficaces et réellement démocratiques au sens où la parole n'est pas confisquée, où elle est distribuée, où des votes concluent et cela quotidiennement pendant presque 3 semaines: il n'y avait plus de mairie mais des comités de grève et un comité central au niveau de la ville qui réglait en particulier le problème de l'approvisionnement
les représentants politiques ne nous représentent pas, ils nous présentent des programmes, on dit oui, on dit non, on s'abstient, parfois on manifeste ou fait grève, ce sont des sous-décideurs aux ordres à peu près des vrais décideurs et cela sur tout l'échiquier même si droite c'est pas gauche, extrêmes pas centre; pour être plus clair, je ne crois pas aux élections et aux partis (partis et élections, pièges à cons, confiscation de la démocratie) pour changer les règles du jeu économique, je crois que c'est par des mouvements de fond que peut-être, on pourra faire bouger les choses
le mouvement des indignés existe sans doute encore, même à Toulon paraît-il mais il faut plus de visibilité; aujourd'hui ce qui a été visible en espagne, aux USA ... travaille sans doute dans les quartiers, presque souterrain
certes, il n'y a pas de fatalité mais la démocratie participative, les jurys citoyens de 2007 ça n'a pas permis de gagner le pouvoir, c'était pourtant de bons outils contre la fatalité économique (si la raison commandait nos votes mais ce n'est pas le cas, c'est l'affectif, le ressent, des sentiments et la politique (politicienne) tricote avec ces sentiments
Hollande est en retrait sur l'essentiel, notre pouvoir, et on voit bien qu'il ne va pas vers le peuple pour lui donner le pouvoir; on sera "nécessairement" cocu
il y a Mélenchon mais il reste un homme d'appareil, trop lié à des appareils comme la confédération des syndicats européens mais pourquoi pas au 1° tour ? JCG
Dans mon message précédent, je me suis laissé emporter par un fantasme: nous sommes le peuple
qui peut croire aujourd'hui que le peuple existe, qu'il puisse s'incarner, se rassembler
s'il y a une manif d'un million de gauche, il y aura une manif de droite d'un million
si manif pour l'école laïque, il y aura manif pour l'école privée aussi puissante
on a connu ça en 68 et après
quant à chacun de nous, on est clivé
électeur, je vote écologiste par exemple mais dans mon quotidien, je ne diminue pas mon empreinte carbone; vive le BSF (bio fuel systems) qui va me permettre de continuer à produire du CO2
et l'homme du quotidien l'emporte sur l'électeur, il agit, l'autre délègue à des représentants, soulagé de n'avoir pas à se coltiner avec la politique tous les jours, seulement tous les 5 ou 6 ans
salarié, je veux gagner plus, consommateur payer moins
le consommateur l'emporte sur le salarié avec les conséquences qu'on connait
mettre de l'ordre dans nos comportements est-il possible ?
cela seul pourrait peut-être nous construire comme peuple, comme humanité après nous être construit ou en même temps comme homme humain c'est à dire bon; la bonté est une attitude et une pratique; elle apaise, décoince, décrispe, certains en profitent qui prennent les bons pour des cons ...
L'humain d'abord dit un slogan de je ne sais quel front
que veut-il dire ?
l'art d'être vide alors que c'est si important
mais un slogan c'est fait pour aller à la pèche
chaque candidat pariant sur la base de données statistiques et d'un ressenti de l'état d'esprit du pays (ça va se jouer au centre, ça va se jouer sur des thèmes très droitiers et que sais-je; c'est super mieux que le super loto; la France est en train de s'emballer pour ce cirque)
on peut en dire autant de
La France forte (avec Sarkozy sur fond de mer grecque, même pas française ! fallait oser !)
Le changement c'est maintenant
Un pays uni, rien ne lui résiste
L'esprit du peuple, la voix de la France
Votez juste, votez avec votre coeur
ce sont les principaux slogans de l'actuelle campagne JCG