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bric à bracs d'ailleurs et d'ici

Aaron Swartz, génie d'internet, suicidé à 26 ans

29 Novembre 2018 , Rédigé par grossel Publié dans #J.C.G.

couverture du livre rassemblant les écrits d'Aaron Swartz, génie d'internet, suicidé le 11 janvier 2013, à 26 ans, couverture du livre de Flore Vasseur consacré à Aaron Swartz
couverture du livre rassemblant les écrits d'Aaron Swartz, génie d'internet, suicidé le 11 janvier 2013, à 26 ans, couverture du livre de Flore Vasseur consacré à Aaron Swartz

couverture du livre rassemblant les écrits d'Aaron Swartz, génie d'internet, suicidé le 11 janvier 2013, à 26 ans, couverture du livre de Flore Vasseur consacré à Aaron Swartz

je fais remonter cet article du 11 janvier 2018 évoquant Aaron Swartz à travers le récit de Henri Aparis paru dans le Cervantes-Shakespeare publié le 23 avril 2015

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Récit shakespearo-cervantesque, publié par Les Cahiers de l'Égaré, pour le 23 avril 2015, 399° anniversaire de la mort de Will et de Miguel, sous le titre: 23 abril 2015, Ghostly Events, signé par Henri Aparis que l'éditeur n'a pas l'heur de connaître.

Il a pris comme point de départ, deux personnages, Nicholas Valtz et Aaron Swartz.

Ces deux destins sont-ils liés ? quelles intrications fantômes entre eux et avec Cervantes et Shakespeare ? Ajoutons à cela que le squelette de Richard III découvert en 2012 a été inhumé en 2015 à Leicester. De plus, à la date du 23 avril 2015, il y a des gens qui vont décéder. Parmi eux, des gens liés par intrications fantômes à mes personnages, offerts par l'actualité. Je pense à Sigismund Krzyzanowski, mort à Moscou en 1950, enterré on ne sait toujours pas où, ayant vécu Rue involontaire, quartier de l'Arbat à Moscou, rue située sur les plans mais introuvable dans la réalité. JCG


Nicholas Valtz, directeur général des ventes inter-actifs à Goldman Sachs a été retrouvé flottant, accroché à un cerf-volant, le 20 juillet 2014 par les membres de sa famille, allés le chercher alors qu’il ne revenait pas d’une sortie en kitesurf.

Nicholas Valtz, 39 ans, a été retrouvé dans Napeague Port près de l’extrémité est de Long Island, Lazy Point, selon la police d’East Hampton, dans l’État de New York. Il était encore novice en kitesurf.

Le kiteboard est une convergence entre la planche à voile et le parapente qui a attiré les cadres techniques, y compris les co-fondateurs de Google Inc. Serguey Brin et Larry Page. Aussi appelé kitesurf, il propulse les coureurs dans l’eau à une vitesse de plus de 40 miles par heure (64 km par heure).


En Mars 2008, Valtz s’était rasé la tête pour amasser des fonds pour la recherche sur le cancer infantile, selon le site de la Fondation Saint-Baldrick.


Valtz appréciait les produits de technologie et les voitures rapides, selon le site, se référant en 2012 , au mariage de son beau-frère dans lequel il était garçon d’honneur.


« Nous sommes profondément attristés par cette tragédie et nos pensées sont dirigées vers la famille de Nick », a déclaré Michael DuVally, un porte-parole de Goldman Sachs basé à Manhattan, dans un communiqué envoyé par courriel.

Nicholas Valtz, qui a intégré l’entreprise en 2000, a été promu directeur général en 2010. En tant que directeur des ventes croisées d’actifs, il a contribué à la gestion des commandes pour des clients commerciaux et élaboré produits et idées entre les différents types de titres. Sa femme, Sashi Valtz, travaille aussi chez Goldman Sachs en tant que chef des ventes mondiales tiers recherche. Le couple vit dans un condominium de 3000 pieds carrés (278 mètres carrés) à Brooklyn, Bridgehampton, New York. Il a deux enfants, garçon et fille.

Nicholas Andrew Valtz est né en septembre 1974 à Paris et a obtenu un diplôme de l’Université de Harvard en 1996, selon le New York Times et le site Internet de Harvard. L’école indique également qu’il était lauréat depuis 3 ans d’un diplôme en escrime.

Il y avait du don quichotte chez ce chevalier servant de la finance. Escrimeur, il estoquait à qui mieux mieux.

 

Le 11 janvier 2013, Aaron Swartz s'est suicidé par pendaison dans son appartement de Brooklin. Son procès fédéral en lien avec ces accusations de fraude électronique devait débuter le mois suivant. En cas de condamnation, il encourait une peine d'emprisonnement pouvant atteindre 35 ans et une amende s'élevant jusqu'à 1 million de dollars.

Le lendemain, le MIT annonce l'ouverture d'une enquête interne pour déterminer le rôle joué par l'institution dans le suicide du jeune homme « depuis le moment où des activités inhabituelles ont été détectées sur le réseau à l'automne 2010 jusqu'à aujourd'hui ». Elle sera menée par Hal Abelson, fondateur des Creative Commons et également directeur au sein de l'université.

Le même jour, la famille et les proches de Swartz mettent en place un site web à sa mémoire.

Plusieurs initiatives voient le jour à la suite de son décès : sur Twitter, plusieurs chercheurs publient notamment leurs travaux en accès libre en forme d'hommage à son engagement, et une archive contenant une grande part des documents issus de JSTOR est mise en ligne sur The Pirate Bay (ce qui peut être vu comme une manifestation de l'Effet Streisand). Une pétition est également mise en place sur le site de la Maison Blanche pour réclamer la démission de la procureur à l'initiative de l'affaire, signée par plus de 10 000 personnes au lendemain du décès. Le site du MIT subit un défacement de quelques heures affichant un message de soutien d'Anonymous, qui dénonce les pressions du gouvernement américain et appelle à une réforme du système du copyright et de la propriété intellectuelle. Le 19 janvier 2013, WikiLeaks indique que Aaron Swartz faisait partie de ses sources, sans toutefois pouvoir le prouver.

En février 2013, l'hacktiviste Jeremy Hammond (emprisonné pour avoir hacké l'entreprise Stratfor et transmis les informations à WikiLeaks) écrit une lettre ouverte dans laquelle il condamne le gouvernement américain pour sa responsabilité dans la mort d'Aaron Swartz.

Le 26 juillet 2013, Hal Abelson remet au président du MIT le rapport de l'enquête interne initiée après le suicide de Swartz. Celui-ci conclut que le MIT a eu une attitude neutre pendant la période qui a suivi l'arrestation de Swartz, ne cherchant ni à ce qu'une procédure criminelle soit lancée contre lui ni à le défendre. Les rapporteurs notent que, par sa position de neutralité dans cette affaire, le MIT n'a sans doute pas été à la hauteur de son rôle de leader dans la technologie de l'information.

Très tôt, Swartz s'intéresse à l'informatique, à Internet et à la culture qui leur sont associés. À 13 ans, il reçoit le ArsDigitaPrize, qui récompense les jeunes gens ayant créé des sites non commerciaux « utiles, éducatifs et collaboratifs »2. Le titre lui donne droit à un voyage au MIT, où il rencontre des personnalités importantes du web. Il participe, à l'âge de 14 ans, à l'élaboration de la spécification 1.0 du format RSS

En 2002, il lance le Google Weblog, le premier blog non officiel sur Google(www.google.blogspace.com)3 et, en 2005, il rejoint Alexis Ohanian et Steve Huffman les fondateurs de Reddit site d'actualités qu'ils lancent ensemble cette même année. Lorsque Reddit est racheté par Condé Nast, une incompatibilité de principes ou de visions le force à vendre ses parts et à quitter son poste3.

En 2007, il crée le site Jotti, un site permettant de créer une page Web le plus simplement possible (entrer un titre, un texte, et cliquer sur publier). Il devient par la suite membre du W3C et du RDF Core Working Group et élabore, avec John Gruber, le langage Markdown.

Aaron Swartz était un wikipédien actif. En 2006, il s'est présenté à l'élection du conseil d'administration de la Wikimedia Foundation et a publié sur son blog un texte intitulé « Qui écrit Wikipédia ? », dont la conclusion résumait en quelque sorte sa profession de foi. Tout en réfutant rigoureusement l'analyse de Jimmy Wales selon laquelle l'essentiel de l'encyclopédie est écrite par une minorité d'experts très productifs, les « insiders », tandis que la majorité des autres intervenants n'effectuent que des modifications mineures et ponctuelles, Aaron Swartz plaidait pour un élargissement de la base de ces « outsiders » minoritaires. Encourager et faciliter le travail des contributeurs ponctuels devrait même, selon lui, constituer un objectif pour les « insiders », afin de garantir que l'encyclopédie en ligne reste à la fois experte, de qualité, et « wiki », ouverte.

« Si Wikipédia est écrit principalement par des collaborateurs occasionnels, sa croissance implique de faciliter ces contributions occasionnelles et de les rendre plus gratifiantes. Au lieu d'essayer d'extorquer davantage de travail à ceux qui passent leur vie sur l'encyclopédie en ligne, il faut élargir la base de ceux qui ne contribuent que de temps en temps. »

Le 19 juillet 2011, il est accusé d'avoir téléchargé 4,8 millions d'articles scientifiques disponibles dans JSTOR(soit la quasi-totalité du catalogue) et suspecté de vouloir les mettre en ligne pour un accès payant ce qui aurait été considéré comme vol pour recel (en réalité le but de cette action n'a jamais été expliqué par Aaron Swartz). L'organisation JSTOR n'a pas pris l'initiative d'une telle démarche judiciaire, c'est le procureur des États-Unis, Carmen M. Ortiz, nommée par Barak Obama en 2009, qui a engagé des poursuites contre Aaron Swartz dans le but de le faire arrêter.

D'après la plainte, c'est entre le 24 septembre 2010 et le 6 janvier 2011 que Swartz utilise plusieurs méthodes pour récupérer les documents. Il entre notamment par effraction dans la salle de câblage informatique du MIT via les conduits de ventilation, en portant un casque de vélo pour dissimuler son identité. La quantité de téléchargements aurait fait s'effondrer plusieurs serveurs de JSTOR, conduisant à un blocage de l'accès des utilisateurs du MIT au réseau.

Alex Stamos, témoin expert engagé aux côtés d'Aaron Swartz dans l'affaire, révèle sur son blog les circonstances et les modalités de l'action du jeune homme :

Le réseau du MIT offrait aux étudiants (au moment des faits) une adresse IP routable via un DHCP non identifié, sans contrôle des abus. Chacun pouvait donc s'identifier sur le réseau et se voir confier une adresse IP, ce qui est très rare pour un réseau de campus.

Cette organisation était le résultat d'une politique explicite de l'établissement, ce que le directeur de la sécurité des réseaux de l'université a admis face aux représentants de Swartz au cours du procès en décembre. L'université avait choisi de ne pas protéger le réseau d'abus éventuels, comme le téléchargement d'un grand nombre de fichiers simultanément.

Toujours au moment des faits, JSTOR autorisait un nombre illimité de téléchargements par les membres du réseau du MIT. Le site n'avait mis en place aucun outil pour empêcher les téléchargements abusifs (comme la mise en place de CAPTCHA, l'enregistrement pour le téléchargement de plusieurs fichiers, ou encore un avertissement pour l'utilisateur). Techniquement, Swartz n'a donc pas « hacké » le site JSTOR : il a seulement mis en place un script Python qui listait les URLs des articles de journaux, puis en envoyait la requête au serveur.

Swartz n'a rien fait pour dissimuler son identité, n'a usé d'aucun système de chiffrement et n'a même pas effacé son historique de navigation. Il a cependant changé son adresse MAC et fourni une fausse adresse mail (via Mailinator), se déclarant comme « Gary Host » (abrégé en « Ghost » - « fantôme » en anglais).

Après la révélation de ses agissements, Aaron Swartz retourne les disques durs contenant les articles, en promettant de ne pas les diffuser. JSTOR décide alors de ne pas entamer de poursuites judiciaires, le bureau du procureur et le MIT maintiennent cependant leurs poursuites.

Le 11 janvier 2013, Aaron Swartz se suicide.

Le 11 janvier 2013, Aaron Swartz se suicidait à 26 ans.

J'en ai fait un des deux personnages d'un drame survenu le 23 abril 2015 / Ghostly Events paru dans Cervantes / Shakespeare, cadavres exquis, pour le 399° anniversaire de la mort des deux géants de la littérature mondiale. 

Lors d'une Assemblée Générale des actionnaires de G3C, la banque de Nicholas Valtz :

Nicholaïus Valtzecko – Pharaon, j'achète verbaliser. Donne  !

Pharaon Swartzecki – Verbaliser n’appartient à personne.

Nicholaïus Valtzecko – fermez ses comptes  qui ne lui appartiennent pas ; sans carte, sans chéquier, il va voir comme la vie est simple.

Pharaon Swartzecki – je tape  : voluter Pharaon  (il disparaît de l'écran)

Nicholaïus Valtzecko – (sur l'écran, une invitation s'affiche  : choisissez votre orthographe, voluter, volupter,

ça tape érupter, erreur 303, énergie négative,

recommencez, ça  : éructer, erreur 202, contre-énergie,

ça  : voleter, accepté, énergie positive)

vite, téléportez-moi à Lazzi Punto  ; suspendu à mon kitesurf, je vole au-dessus de l'eau

(erreur de transcription, je coince la bulle oh dessus d'eau),

me culbite dans l'air (erreur de transcription, bitôcul;

verbaliser fait n'importe quoi  ; les petits verbes énergisants s'autonomisent, intriquants intrigants maniant la trique étriquant

(sur l'écran s'inscrit entretriquants = sodocoSmique)

Pharaon Swartzecki – comment s'entretriquent deux clones à distance, quel est le double fantôme de Nicholaïus Valtzecko

(apparaît le clone quantique de Nicholaïus Valtzecko)

Nicholaïus Valtzecko – vu ce qui se passe, verbaliser est hors de contrôle

extrait de l'épilogue :


"Pharaon Swartzecki a été suicidé le 23 avril 2015, par pendaison dans son appartement de Lee Street à Brooklin. Mis en examen pour verbalisation abusive visant à liquider les comptes des banques, il s’apprêtait à affronter la procureure Carmencita M. Orties, nommée par le président Baruk Aboimoi. Elle était bien décidée à obtenir sa condamnation comme liquidateur, mensonge d'État pour faire un exemple.

Pharaon Swartzecki a laissé ce message : J’aimerais reposer dans un endroit qui ne sente pas trop la mort. Il serait bien que mon corps ait accès à de l’air et qu’on m’évite deux mètres de terre sur la tête. Laissez les orties pousser sur ma tombe – et qu'elles piquent. 
 

La procureure Carmencita M. Orties mourra le 23 avril 2015 d'une balle perdue en sifflant ses chiens Barcino et Butron dans la rue de Pharaon Swartzecki, Lee Street. 
 

Le président Baruk Abamoi mourra le 23 avril 2015 de la désintégration d'un drone égaré au-dessus de la Maison Blanche lors de son hommage au clone biologique de Nicholaïus Valtzecko, directeur général de G3C retrouvé flottant, pendu au cerf-volant de son kitesurf, le 23 avril 2015 à Lazzi Punto, à l'âge de 39 ans. Il avait mis sur la paille, lors de la crise des subprimes, trois millions de ménages américains et la G3C. Il s'en était bien relevé, aidé par le président Baruk Abamoi.
 

Le 23 avril 2015, pour les cent ans de la relativité générale, l'espace devient élastique, le temps se met à passer de temps en temps."

Ce qu'il reste de nos rêves

de Flore Vasseur

Parution le 9 Janvier 2019, Éditions Équateurs

Quand on étudie une trajectoire, on démarre forcément par la question des origines. D’où viennent les comètes ? Quelle est la force qui les propulse ?

Inconnu du grand public, Aaron Swartz est un demi dieu pour les activistes de la liberté d’expression et de l’accès à la connaissance, l’homme à broyer pour les autorités américaines.

Depuis l’age de 8 ans, il programme et défend un Internet libre. Avant tout le monde, il perçoit le projet mortifère de la Silicon Valley, l’influence de l’argent en politique, l’organisation de la médiocrité comme ultime projet de domination. Il n’a qu’une idée, d’une ambition aussi absolue que désespérée : sauver le monde.

Surdoué, idéaliste, devenu beau à tomber et millionnaire, il mord la ligne jaune en 2011. La justice américaine le ferre comme une bête. Le gouvernement d’Obama l’attaque en nom propre et le menace de prison à vie. Le 11 janvier 2013, le petit ange de l’Internet est retrouvé pendu à la fenêtre de son appartement de Brooklyn. Suicide ou suicidé ? Mais de quoi l’homme du Yes We Can et le système qui le porte ont-ils eu si peur ? De la jeunesse, de la beauté ou de l’intelligence d’Aaron ?

L’Amérique, l’enfance, l’Internet, Aaron Swartz représente tout ce que j’ai aimé. Mort il est un message envoyé à celles et ceux qui ambitionnent de s’émanciper de leur sort d’individu conditionné. C’est l’histoire du jeune prodige qui nous voulait libres. Et qui, disparu, nous laisse avec une question : quel est le prix à payer pour une idée ?

Ce qu’il reste de nos rêves est un road trip auprès des pionniers de l’Internet et une chasse au fantôme dans l'Amérique de Trump, sidérée par sa monstruosité. C'est la chronique d’un enterrement de première classe : celui de la liberté. Et la quête de l'unique parade : l'amour, à en mourir, de la vie et de la dignité.

Flore Vasseur

le livre où est paru le drame consacré aux ghostly events du 23 abril 2015, il y en eut beaucoup pour ce 399° anniversaire de la mort de Miguel et de Will

le livre où est paru le drame consacré aux ghostly events du 23 abril 2015, il y en eut beaucoup pour ce 399° anniversaire de la mort de Miguel et de Will

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La boucherie industrielle du 22 août 1914 à Rossignol

8 Novembre 2018 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #pour toujours, #note de lecture

article emprunté au blog de Didier Long

Le brouillard de Rossignol

Qui connaît le village de Rossignol en Belgique ? C’est pourtant là que sont tombés au champ d’honneur 27 000 soldats français le 22 aout 1914. C’est cette terrible journée et le contexte qui l’a rendue possible que nous raconte Jean-Michel Steg dans Le Jour le plus meurtrier de l’histoire de France, 22 aout 1914 (Fayard).

27 000 morts français en une journée, moitié moins côté allemand. Derrière cette abstraction comptable Jean-Michel Steg, financier de profession, remarque que c’est en un jour autant de mort que pendant toute la guerre d’Algérie qui dura de 1954 à 1962, presque la moitié de soldats américains tués pendant la guerre du Vietnam entre 1969 et 1975 (58 000 soldats américains tués en 16 années de combat)… Et pourtant qui connaît la bataille de Rossignol. Car derrière l’abstraction mathématique, le constat clinique qui met à distance et anesthésie l’émotion note Jean-Michel Steg : « plus je travaille sur les circonstances de la mort, il y a un siècle, de ces milliers d’hommes, et plus leur humanité m’envahit, rendant souvent l’écriture plus difficile encore qu’elle ne l’est déjà pour moi ».

"Un livre sur la mort violente au XXe siècle"

Comment un tel nombre de morts dans un espace aussi restreint a-t-il été possible se demande l’habitué des chiffres ? Le killing field, à la sortie de Rossignol sur la route de Neufchâteau mesure seulement quelques dizaines de mètres de large pour un peu plus d’une centaines de mètres de long. Tout déploiement était impossible car la forêt est entourée de marécage, le traquenard parfait. Les soldats pénétraient « dans un véritable entonnoir de feu, dense et continu » . En filigranne de cette question comptable c’est l’absurdité de la mort industrielle au XXème siècle qu’interroge Jean-Michel Steg qui avoue écrire, « un livre sur la mort et plus particulièrement sur la mort violente au XXe siècle ». Un livre trés personnel qu’il a mis des années à écrire en forme de solde de tout compte.

Le killing field

JM Steg décrit minutieusement et avec recul tous les facteurs qui ont conduit à ce désastre : tactiques (ignorance des mouvements de l’adversaire), techniques (la guerre menée avec des armes d’une puissance létale inconnue qui oblige le soldat à s’enterrer au lieu de combattre debout ou à cheval sabre au clair), politiques et idéologiques, culturels… Une partie des troupes faisait partie la 3ème division d’infanterie coloniale: dont la Ière et la 3ème brigade d’infanterie coloniale (1er, 2eme, 3eme et 7eme RIC), soit deux fois 6 800 hommes, ainsi que le deuxième Régiment d’artillerie de campagne coloniale (36 canons); mais aussi le 3ème régiment de chasseurs d’Afrique avec 600 cavaliers. Tous seront anéantis.

troupes coloniales en manoeuvre, Août 1914

La « furia francese », faux-nez de l’incompétence militaire française

Après-guerre on accusa la « furia francese », cette furie française qui permit aux troupes de Charles VIII se repliant en France après avoir échoué dans la tentative d’occuper Naples, de vaincre une armée supérieure en nombre. Cette furia francese « l’offensive à outrance » aurait servi d’axiome stratégique inapproprié en ce jour analysa-t-on après-guerre (d’où la ligne Maginot ! défensive elle). Mais aussi… le brouillard (le modèle littéraire est celui de Victor Hugo à Waterloo)… En réalité un grand vide stratégique (le Génie Joffre n’a pas de plan de bataille et il n’est pas Napoléon… le général de Langle de Cary analysera aprés guerre "nous ne savions rien nous ne savions rien des intentions du général en chef. C’est sa méthode d’agir avec le seul concours de son entourage intime, sans consulter ses commandants d’armée, sans même les mettre au courant, autrement que par les instructions et les ordres qu’il leur envoie"), l’organisation française médiocre, les renseignements inexacts, les troupes –dont les soldats coloniaux, peu mobiles restent exposées à découvert, debout, officiers en tête sous le bombardement d’artillerie pendant que l’ennemi caché dans la forêt tire à bout portant à la mitrailleuse à travers les feuillages, sans compter « L’incompétence, l’annihilation progressive de la volonté du commandement français », l’incapacité de donner un ordre de repli pour reculer devant le feu … expliquent en partie ce désastre.

Mais par-dessus tout ce qui frappe c’est « le décalage entre l’évolution technologique profonde du matériel et la rigidité des systèmes de pensée et d’organisation des militaires », les français partaient dans une guerre industrielle moderne avec un « harware résolument du XXe siècle », et un software des siècles précédents, « dans leurs mains il y avait des mitrailleuses ; dans leur tête ils étaient encore à Austerlitz ».

Les pertes qui vont sembler considérables à l’Etat-major côté allemand vont conduire à arrêter 108 civils du village de Rossignol, accusés d’être de « franc-tireurs », « entassés dans des wagons à bestiaux […] d’où il sont extraits le 26 aout au matin en gare d’Arlon au Luxembourg, pour être fusillés par groupe de dix le long d’un talus ». Une première européenne qui fera florès note-t-il.

Rossignol, cimetière de l’orée du bois

Une leçon européenne

Le livre de Jean-Michel Steg, qui allie à la fois une description chiffrée, minutieuse des faits, des armes… est traversé par une forme de modestie dans le style, la fragilité humaine de celui qui tente simplement de comprendre et d’éclaircir, non seulement le brouillard du petit matin de la bataille de Rossignol, une journée qui symbolise la folie meurtrière qui va déchirer le XXe siècle. Ce memento mori,[1] est à la fois une anamnèse des disparus morts au champ d’honneur, de ces hommes français-mais aussi de l’Afrique coloniale, que la mémoire européenne a préféré oublier, est indispensable aujourd’hui.

On peut lire en filigrane de cette folle journée meurtrière de l’histoire de France un ensemble de questions qui ont traversé l’histoire de l’Europe et conduit à son déclin. Aprés la perte de l’Alsace et une partie la Lorraine en 1871, la revanche de 1918 aboutira au démantèlement de l’ancien empire austro-hongrois. La "belle", la seconde guerre mondiale, devait rétabli la Grande Allmemagne, Hitler rêvait de Germania. Cette absurdité conduira à l’extermination des juifs d’Europe dont Jean-Michel, le fils d’ Ady Steg, connait parfaitement la mémoire des disparus.

Les 40 millions de morts de la première guerre mondiale doivent s’ajouter aux 50 millions de morts de la seconde guerre. Une « épopée européenne » en forme de suicide collectif qui a redessiné la carte de l’Europe. En 1913, l’Europe avec la Russie et représentaient 50% de la production industrielle mondiale et produisaient 90% des prix Nobel (61 sur 65). Depuis 1950 cette part est passée de 50 à 35% de l’économie mondiale. La perte de leadership européen, la mort ou la fuite des élites intellectuelles, scientifiques, artistiques… est directement corrélée aux deux grands conflits mondiaux qui ont ensanglanté l’Europe au XXe siècle. La raison occidentale arrivée à son apogée industrielle a aussi bien produit les sciences et les techniques qui ont permis à l’homme de maitriser la nature, que la mort de masse. Cela vaut la peine d’être médité.

La mémoire de chaque européen est hantée, souvent à son insu, par cette gratuité des massacres de masse qui se sont produits. Chacun connait le nom d’un proche qui apparait sur ces monuments de village qui célébraient à distance les tristes victoires du front. L’Holocauste par son aspect gratuit et blasphématoire est le sommet de cette absurdité folle : les nazis ont voulu tuer le peuple de la révélation, la racine des valeurs des peuples d’Europe.

Cette mémoire du passé engage notre avenir. Le passé nous convoque. Qu’est ce que l’Europe, quel est notre projet commun ? Quelle amitié franco-allemande à l’heure des politiques purement gestionnaires ? Quels projets nationaux, régionaux et européens voulons nous construire dans le concert des nations du monde ? Quelle y serait la place des religions ?

La remontée en force des nationalismes en Europe actuellement avec des ‘airs connus’: « La France aux français, la Russie aux Russes, L’Allemagne d’abord, Les arabes à la mer, etc… » en réaction à la provincialisation européenne dans la mondialisation d’une part, et à la peur de l’immigration à l’heure où le modèle d’intégration français échoue, d’autre part [2], doivent passer au blind test de ces catastrophes qui nous habitent et dont le jour le plus meurtrier de l’histoire de France est l’archétype.

Jean-Michel Steg, dans ce livre trés personnel, citant George L. Mosse interroge le concept de brutalisation: « le mythe de la guerre a-t-il provoqué un phénomène d’indifférence pour la vie individuelle qui se perpétuerait encore de nos jours ? ». L’acceptation d’un état d’esprit issu de la Grande guerre entrainerait-il la poursuite d’attitudes agressives sous d’autres formes en temps de paix ? C’est-à-dire aujourd’hui. La mémoire des disparus peut nous protèger de notre folie.

La boucherie industrielle du 22 août 1914 à Rossignol
Le killing field, à la sortie de Rossignol sur la route de Neufchâteau mesure seulement quelques dizaines de mètres de large pour un peu plus d’une centaines de mètres de long.

Le killing field, à la sortie de Rossignol sur la route de Neufchâteau mesure seulement quelques dizaines de mètres de large pour un peu plus d’une centaines de mètres de long.

le combat de Rossignol vers midi, le 22 août 1914

le combat de Rossignol vers midi, le 22 août 1914

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