spectacle
apocalypse now
séquence initiale, finale, Willard attend-il une mission, l'a-t-il déjà accompli / le haut-commandement / la chevauchée pour faire du surf de Kilgore / Willard couvert de boue pour aller tuer Kurtz / Les derniers mots de Kurtz: l'horreur, l'horreur
/https%3A%2F%2Fi.ytimg.com%2Fvi%2FCIrvSJwwJUE%2Fhqdefault.jpg)
Apocalypse Now intro: The Doors, The End {1979}
The opening sequence of Apocalypse Now featuring The Doors "The End"... If you love this movie, you must see "Hearts of Darkness" about how it was made. Trul...
intro très polysémique, Willard sur le dos, bruit d'hélicoptère, bruit du ventilateur...
Apocalypse now final cut
revu sur Arte Apocalypse now final cut
méditation sur « l’horreur », « l'horreur » expiré deux fois par le colonel Kurtz qui vient d'être assassiné par Willard, horreur non définie mais suffisamment vue sous toutes ces facettes (les mensonges des politiques, de l'armée, du haut-commandement, le Tout-Puissant s'adressant par radio aux ?, voulant faire exécuter Kurtz par Willard, mission secret défense, pour actions de guerre « malsaines »; les scènes de tueries : la chevauchée des hélicos, le massacre du sampang, l'affrontement avec l'invisible viet injurieux du pont de Do Lun, les décapités exposés par les zombies du colonel), méditation en noir absolu, le noir vantabrak, le noir des trous noirs absorbant toute lumière, toute clarté
mais on le sait aujourd'hui, trou noir laissant s'évaporer un infime rayonnement permettant de rendre transparente l'opacité de l'âme humaine saisie par la sauvagerie, la régression, en toute lucidité, jusqu'au bout, jusqu'à la mort car Kurtz désire mourir et par là échapper au mal absolu dont il est un des outils; sa mort, c'est sa rédemption, sa libération
l'horreur atteinte par le non-jugement, la mort atroce (par décapitation, par napalm, à l'aveugle) donnée sans aucun affect par des tueurs froids, en état second, en transe (possédés par thanatos et dépossédés de leur raison, de leur volonté) comme quand est mis à mort le buffle; c'est ce que la professionnalisation des armées cherche à engendrer, des tueurs expérimentés, froids, sans question sur le but et les moyens de la guerre (la fin justifie-t-elle les moyens ?), comme des robots, comme des James Bond multipliés par « 10 divisions » dit Kurtz avant l'aveu final « envoyez la bombe pour les exterminer tous », condamnation en bloc et définitive de l'espèce humaine, comme des mercenaires, comme les fanatiques de toute guerre sainte; comme les monstres froids de la Terreur pendant la révolution ou contre-révolution française, décapitant à tour de bras au nom des Lumières, de la Raison universelle; ou la froide machine à terreur stalinienne, d'abord léniniste; ou les praticiens-théoriciens de la torture en Algérie ; ou les gardes rouges de la révolution culturelle maoïste ; ou les Khmers rouges de Pol Pot, sans oublier le fait massif du colonialisme et de l'esclavage...
cette phrase de Roxanne dite par Aurore Clément, en tout homme, il y a deux hommes: celui qui tue et celui qui aime (vrai pour une femme aussi d'après moi) dit assez les deux pulsions à l'oeuvre dans l'être humain, eros, thanatos et avec eros, les deux faces de la médaille
le premier dualisme freudien est celui des pulsions sexuelles et des pulsions du moi ou d'auto-conservation, lesquelles correspondent à des grands besoins comme la faim et la nécessité de s'alimenter ; la pulsion sexuelle se détache des fonctions d'autoconservation sur lesquelles elle s'étaye d'abord; le deuxième dualisme sera entre éros et thanatos
dit par Kurtz : « Dans l’esprit de tout homme, un combat se livre toujours entre le rationnel et l’irrationnel, entre le bien et le mal. Et le bien ne triomphe pas toujours »
en contre-point de ce noir absolu, la méditation partagée par Deepak Chopra est le pendant rose de la vie créative; la liberté que nous connaissons lorsque nous nous débloquons et entrons dans notre vie illimitée est la liberté spirituelle de notre vrai moi. Nous rayonnons cette liberté sous forme d'amour, de paix, de compassion et de joie. Cette lumière de notre moi créatif est notre don le plus précieux au monde, car elle unit, guérit et élève tous ceux qu'elle atteint
à quoi Sigmund Freud répond dans Malaise et civilisation, en substance : "On peut toujours unir, par les liens de l'amour, un nombre de plus en plus grand d'êtres humains, mais à condition qu'il en reste en dehors, pour recevoir les coups."
à méditer, sachant que c'est mon jugement qui crée la réalité; Freud en disant ce qu'il dit n'énonce pas une vérité objective, il crée une réalité avec les aimants et ceux auxquels ils portent des coups; l'horreur à laquelle a succombé Kurtz est née de sa façon de voir le monde qui n'est pas hors de lui
car nous ne sommes pas dans le monde, c'est le monde qui est en nous, nous le créons et le co-créons si on est dans le partage;
s'il y a une guerre à mener c'est contre soi-même
" La guerre la plus dure, c’est la guerre contre soi-même.
Il faut arriver à se désarmer.
J’ai mené cette guerre pendant des années, elle a été terrible.
Mais je suis désarmé.
Je n’ai plus peur de rien, car l’amour chasse la peur.
Je suis désarmé de la volonté d’avoir raison, de me justifier en disqualifiant les autres. Je ne suis plus sur mes gardes, jalousement crispé sur mes richesses. J’accueille et je partage.
Je ne tiens pas particulièrement à mes idées, à mes projets.
Si l’on m’en présente de meilleurs, ou plutôt non pas meilleurs, mais bons, j’accepte sans regrets.
J’ai renoncé au comparatif. Ce qui est bon, vrai, réel, est toujours pour moi le meilleur.
C’est pourquoi je n’ai plus peur. Quand on a plus rien, on n’a plus peur.
Si l’on se désarme, si l’on se dépossède, si l’on ouvre au Dieu Homme qui fait toutes choses nouvelles, alors, Lui, efface le mauvais passé et nous rend un temps neuf où tout est possible. "
Patriarche Athénagoras par Michel Schwab via Thierry Zalic
c'est ce qui se produit avec le capitaine Willard, assassin de Kurtz, tuant Kurtz non plus par obéissance à la hiérarchie comme rouage d'une machinerie mais parce qu'ayant étudié le dossier de cet officier, ayant vécu avec grande réserve, à distance tous les aspects de la guerre comme chaos d'où ne naît aucun nouvel ordre, ayant compris Kurtz de l'intérieur, par une forme d'empathie, il le massacre comme le désire Kurtz, lucidement sauvage pour le libérer de son destin de tueur
alors Willard renonce à sa serpe, à son arme, au statut que les guerriers veulent lui reconnaître, renoncement les désarmant au sens propre
apocalypse now = initiation, rédemption, révélation au sens étymologique
je pense que je suis sous influence quand je suis réceptif à l'état du monde et que j'éprouve des sentiments de culpabilité; genre je suis un descendant d'esclavagistes, je suis d'un pays de colonisateurs et je m'en sens responsable, impuissant à effacer ce passé; il me semble que la solution est la compassion envers moi, les ancêtres-bourreaux et les victimes; ce sentiment de culpabilité n'est pas permanent: il est provoqué par des lectures, des connaissannces; idem pour le sentiment d'impuissance face à ce qui me semble être le devenir de l'humanité, un suicide collectif
le fait davoir une vision globale où je suis une partie du Tout, où le Tout est en moi, une vision globale me rendant responsable du Tout est sans doute une marque d'orgueil et la cause d'un certain mal-être qui ne m'empêche pas de savourer la vie au présent et dans ses détails
je vais tenter d'utiliser l'outil chamanique du dessin spontané pour laisser s'exprimer culpabilité invasive, responsabilité écrasante
dans ma relation aux autres, je me vois rayonnant, bienveillant; dans ma relation à la nature, je me vois attentif et sensible à la beauté, aux détails, émerveillé en touchant, écoutant, sentant; dans ma relation à mon corps, je m'aime, je n'ai pas de réserves, je me prends tel que je me vois, n'hésitant pas à me caresser, à me parler positivement
je suis pessimiste sur l'avenir de l'humanité; je suis facilement attristé (plus que révolté) par les malheurs qui frappent les personnes et les peuples; je ne crois plus aux capacités de changements par la politique, la révolution, la guerre, la paix et autres mouvements sociaux
sentiment de pessimisme profond quant à l'avenir, sentiment de culpabilité et de responsabilité en lien avec les atrocités commises par les hommes contre d'autres hommes, contre les femmes, les enfants, les animaux, la terre... ces sentiments me semblent des sentiments justifiés, justes, légitimes, honorables mais ils empêchent de vivre un peu le moment présent
/https%3A%2F%2Fi.ytimg.com%2Fvi%2FUWLNucdxekw%2Fhqdefault.jpg)
One That Kills And One That Loves
Apocalypse Now Redux - Opium scene completeEnglish subtitlesI don't know whether I'm an animal or a god
cette phrase de Roxanne dite par Aurore Clément, en tout homme, il y a deux hommes: celui qui tue et celui qui aime (vrai pour une femme aussi d'après moi) dit assez les deux pulsions à l'oeuvre dans l'être humain, eros, thanatos et avec eros, les deux faces de la médaille
/https%3A%2F%2Fwww.courte-focale.fr%2Fwp-content%2Fuploads%2F2019%2F10%2FApocalypse-Now-Coppola_0.jpg)
Analyse : Apocalypse Now (Francis Ford Coppola)
Synopsis : Cloîtré dans une chambre d'hôtel de Saigon, le jeune capitaine Willard, mal rasé et imbibé d'alcool, est sorti de sa prostration par une convocation de l'état-major américain. Le ...
https://www.courte-focale.fr/cinema/analyses/apocalypse-now-francis-ford-coppola-1979/
une analyse très détaillée, intégrant le contexte du tournage, les 3 versions publiques
/https%3A%2F%2Fi.ytimg.com%2Fvi%2FVr5EFEK3SMs%2Fhqdefault.jpg)
'Apocalypse Now' : tournage au cœur des ténèbres
Art total, le cinéma nécessite une somme de talents et de techniques, de l'image au son, en passant par le montage et les acteurs, ensemble managé par le réa...
au coeur des ténèbres, de la folie auto-destructrice et destructrice, thanatos contre soi, contre autrui
/https%3A%2F%2Fi.ytimg.com%2Fvi%2Fg9l6-eNF6Zw%2Fhqdefault.jpg)
APOCALYPSE NOW - Le chef d'oeuvre onirique
Sorti en 1979, Apocalypse Now a connu différentes versions au fil des décennies. Mais malgré tout, il est encore considéré aujourd'hui comme un chef d'oeuvre...
analyse intéressante
/https%3A%2F%2Fi.ytimg.com%2Fvi%2FTzB0a_jNroI%2Fhqdefault.jpg)
Apocalypse now en 8 minutes - Blow Up - ARTE
Il y a 40 ans, Francis Ford Coppola présentait à Cannes Apocalypse now et remportait la palme d'or (ex-aequo avec Le Tambour). Alors fêtons cet anniversaire ...
les dérives possibles à partir d'apocalypse now
Méphisto Rhapsodie / Samuel Gallet
Mephisto - Regarder le film complet | ARTE
Dans les années 1930 en Allemagne, Hendrik Höfgen, un acteur ambitieux, se soucie uniquement de sa carrière et profite de la prise du pouvoir des nazis... Première collaboration de Klaus Maria ...
à voir jusqu'au 28/2/2023
![" Méphisto [Rhapsodie] ", de Samuel Gallet, Théâtre national de Bretagne à Rennes](https://image.over-blog.com/rqlu-XMkYLBKmuMT4DCmw_hWM-w=/170x170/smart/filters:no_upscale()/https%3A%2F%2Flestroiscoups.fr%2Fwp-content%2Fuploads%2F2019%2F03%2FMEPHISTO_%E2%88%8FGWENDAL-LEFLEM-28.jpg)
" Méphisto [Rhapsodie] ", de Samuel Gallet, Théâtre national de Bretagne à Rennes
Par Olivier Pansieri Les Trois Coups Jean-Pierre Baro met en scène " Mephisto " de Samuel Gallet, très vaguement inspiré du roman de Klaus Mann. Une litanie, qui se veut un cri, contre la monté...
une critique de Méphisto Rhapsodie de Samuel Gallet mis en scène par Jean-Pierre Baro
A quoi bon faire du théâtre quand l’extrême droite frappe aux portes du pouvoir ? Mephisto {rhapsodie} traverse les petitesses de la scène pour donner à penser l’avenir brûlant.
C’est la première création de Jean-Pierre Baro mise à l’affiche du Théâtre des Quartiers d’Ivry, CDN qu’il dirige depuis le mois de janvier. Mephisto {rhapsodie} raconte l’ascension d’un comédien arriviste, ses compromissions pour accéder au succès, jusqu’à sa nomination à la tête d’un théâtre, dans un contexte de montée de l’extrême droite. Fruit d’une commande passée à Samuel Gallet, auteur dramaturge avec lequel Jean-Pierre Baro travaille pour la seconde fois, Mephisto (rhapsodie) est inspiré d’un roman de Klaus Mann, fils de Thomas, qui, à partir d’une histoire vraie, développe cette trame du carriérisme à tout prix dans le contexte de l’Allemagne nazie. Parallèlement à l’intrigue, au cœur de ce spectacle d’envergure porté par huit comédiens aux multiples rôles, une question taraude les personnages : « Pourquoi faire du théâtre aujourd’hui ? ». On aimerait bien le savoir, en effet. Pour tenter de trouver des réponses, suivons donc l’action de Mephisto se déployer à Balbek, imaginaire petite ville de province, rampe de lancement de la carrière d’Aymeric Dupré, cet acteur obsédé par le nombre de rappels qu’opère le public à l’issue de la représentation. Autour de lui, une directrice vieillissante ne jure que par Tchekhov, un comédien cherche à articuler son travail avec le territoire qui l’entoure, et un apprenti du cru, lui, est tenté par l’idéologie des « Premières lignes », groupe fasciste à l’irrésistible ascension. Pendant ce temps, à la capitale, se déploie le territoire bourgeois, mondain et décadent du show business et des pouvoirs.
Pourquoi faire du théâtre aujourd’hui ?
Il y a des éléments agaçants dans cette pièce. Des personnages caractérisés à l’excès. Des dilemmes rebattus. Des morceaux de bravoure un peu bavards. Une association du peuple à l’extrême droite potentiellement simpliste. Et le risque du propos endogame, d’une pièce qui ambitionne d’ouvrir le théâtre au monde mais parle avant tout du monde du théâtre. Néanmoins, convenons-en, le texte de Gallet, très bien servi par la mise en scène simple, fluide et rythmée de Jean-Pierre Baro, et par un jeu aux multiples couleurs, emporte le morceau. Sans concession sur le narcissisme de l’artiste, le surplomb moralisateur du monde du théâtre et son asthénie tchekhovienne d’univers moribond, Mephisto n’épargne rien à une société du spectacle qu’il griffe de partout – son propos mordant jusqu’au public même. Mais il porte en même temps une véritable tendresse pour le théâtre, un attachement, un amour. Avec ses personnages complexes et profonds, pris dans leurs contradictions, cherchant la meilleure façon d’agir, avec ou sans le théâtre, face aux dangers qui menacent, Mephisto rend de plus plausible, présente, là, véritablement devant nous, cette dystopie malheureusement de plus en plus probable d’un monde où s’imposera l’extrême droite. Quels choix cette situation nous demandera-t-elle d’opérer ? Préparons-nous à cet avenir brûlant, propose Méphisto. De réponse définitive on ne trouvera pas dans le théâtre. Mais en s’aidant du théâtre, peut-être.
Eric Demey La Terrasse, 23 octobre 2019, N° 281
/https%3A%2F%2Fwww.toutsanary.fr%2Fhistoire%2Fexile.jpg)
Histoire de la Ville de Sanary-sur-Mer
Les intellectuels allemands exilés à Sanary, par Christian Soleil Origine: PlumArt N°25 (janvier 2001) www.plumart.com (reproduit avec autorisation) Plutôt que de frémir et de s'attrister de l...
https://www.toutsanary.fr/histoire3/les-intellectuels-allemands-exiles-a-sanary/
les exilés allemands, à Sanary sur-Mer, dont Klaus Mann, l'auteur de Méphisto
Méphisto de Klaus Mann vu dans la mise en scène d'Ariane Mnouchkine
Mephisto, Le roman d'une carrière 1979 De Klaus Mann
Traduction et adaptation Ariane Mnouchkine
Le roman Méphisto pose la question du rôle et de la responsabilité des intellectuels à la naissance du Troisième Reich. La fable qui, pour nous, s’est dégagée du roman pourrait se formuler ainsi : le spectacle serait l’histoire de deux comédiens, liés par l‘amitié, également passionnés de théâtre, également talentueux, également préoccupés de la fonction politique, voire révolutionnaire, de leur art, dans l’Allemagne de 1923. « Pour qui est-ce que j’écris ? Qui me lira ? Qui sera touché ? Où se trouve la communauté à laquelle je pourrais m’adresser ? Notre appel lancé vers l’incertain tombe-t-il toujours dans le vide ? Nous attendons quand même quelque chose comme un écho, même s’il reste vague et lointain. Là où on a appelé si fort, il doit y avoir au moins un petit écho. » Klaus Mann
Tous les clowns ne sont pas des monstres
Charlie Rivel est mon clown préféré. La 1ère fois que je l'ai vu, c'était en 1973, au concours de l'Eurovision où il avait fait une apparition pour faire passer le temps aux téléspectateurs...
https://www.attentionfragile.net/post/tous-les-clowns-ne-sont-pas-des-monstres
Edito septembre 2020 de Gilles Cailleau, compagnie Attention fragile : “De 1935 jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Charlie Rivel embrasse le nazisme, travaillant pour le ministère de la Propagande du Troisième Reich. Dans cette situation, il entretient des relations amicales avec Adolf Hitler et Joseph Goebbels. Après la guerre, Charlie demande de l’aide au général Franco, qui lui fournit un passeport et lui accorde l’entrée en Espagne. En 1954, il revient en Espagne où il devient une star du Circo Price de Madrid.” J’ai vérifié, croisé les sources, regardé un documentaire catalan très sérieux – El Pallasso i el Führer, lu des télégrammes envoyés par le clown au dictateur… Il faut se rendre à l’évidence, ce type mon héros, qui semblait à deux doigts de se briser dès qu’il déplaçait un pouce, avait été copain, copain au sens propre du terme de Hitler et de Goebbels, ils avaient rigolé ensemble, s’étaient sans doute tapés sur les cuisses et avant que ses deux acolytes se tirent une balle dans la tempe, voyant que ça sentait le roussi à Berlin, il avait demandé à Adolf (il devait trouver que c’était le plus cool des deux) de lui faire une fleur et de téléphoner à Franco pour faciliter son retour en Espagne, vu qu’il y était né.
Mes nouvelles convictions politiques
J'ai assisté samedi 4 octobre 2020 à 17 H à une lecture d'une durée d'1 H à la Bibliothèque Armand Gatti à La Seyne sur Mer dans le cadre de la résidence d'écriture de Samuel Gallet accueilli pour un mois par la Saison Gatti-Le Pôle, lecture d'entrée de résidence, à 8 voix, d'un découpage de son dernier texte Méphisto Rhapsodie, inspiré du Méphisto de Klaus Mann. Lecture puissante qui m'a interpellé.
J'ai pu mesurer à cette occasion combien j'avais évolué.
Le combat politique mondial (un certain combat politique, au minimum à gauche, plus souvent à l'extrême-gauche, pro-révolution tendance trotskyste, PCI, anti-stalinien, anti-social-démocrate, anti-capitaliste, anti-impérialiste / jugement de François Mauriac dans ses Mémoires intérieures : « Du point de vue de l'Europe libérale, il était heureux que l'apôtre séduisant de la révolution permanente ait été remplacé par l'horreur stalinienne : la Russie est devenue une nation puissante, mais la Révolution (en Europe) a été réduite à l'impuissance. Plus j'y songe et plus il apparaît qu'un Trotsky triomphant eût agi sur les masses socialistes de l’Europe libérale et attiré à lui tout ce que le stalinisme a rejeté dans une opposition irréductible : Staline fut à la lettre " repoussant ". Mais c'est là aussi qu'il fut le plus fort, et les traits qui nous rendent Trotsky presque fraternel sont les mêmes qui l'ont affaibli et perdu et de mettre Trotsky au niveau de Tolstoï et Gorki) qui me paraissait nécessaire il y a peu encore, jusqu'à l'épuisement du mouvement des Gilets Jaunes quand le mouvement syndical a repris la main avec le combat pour la défense des retraites (décembre 2019), entraînant confusion et collusion a cessé de me paraître nécessaire avec la crise de la Covid 19 et la sortie partielle du confinement (quelle aubaine pour un pouvoir déliquescent de pouvoir faire ramper des millions de gens à coups de mensonges et manipulations médiatiques !). Dès octobre 2019, je participais à un groupe Penser l'avenir après la fin des énergies fossiles (en lien avec la collapsosophie de Pablo Servigne) tout en continuant à participer à un groupe Colibris (faire sa part). J'avais renoncé à assister à des assemblées citoyennes de Gilets Jaunes tant à Toulon qu'à Sanary dès juillet 2019.
Le combat politique local que j'ai aussi mené comme conseiller municipal d'une majorité (1983-1995) puis comme tête de liste d'une opposition éco-citoyenne (2008) me paraît encore jouable. Encore faut-il gagner les élections municipales ? Dans l'opposition, on ne change pas les choses.
Où en suis-je aujourd'hui, à quelques jours de mes 80 ans, le jour de la révolution d'octobre (sans doute un coup d'état de Lénine, mensonge inaugural du régime soviétique), le même jour que Pablo ?
J'ai enfin décidé que personne ne peut se substituer à nous pour prendre conscience de sa place et de sa mission de vie (qui est autre chose que vivre comme feuilles au vent selon l'image d'Homère). Aucun porte-voix, aucune instance dite représentative ne peut (ne doit) parler et agir à ma place. Décision : je ne voterai plus. Abstention.
La démocratie représentative ne représente que les intérêts du pouvoir en place (république bananière, corrompue jusqu'à la moelle) et des rapaces qu'il représente pour l'avoir mis en place (cette prise de conscience est essentielle, la démocratie représentative n'est pas la démocratie, il m'a fallu 60 ans pour l'admettre). La démocratie représentative est le leurre savamment entretenu nous faisant croire qu'en changeant de gouvernement par les élections - qui sont la dépossession de nos voix, un vol de voix - (nous perdons notre pouvoir constituant, Octave Mirbeau, Etienne Chouard, et quelques autres sont indispensables à lire), que passer de droite à gauche, de gauche à l'extrême-centre puis un jour à l'extrême-droite, on va changer les choses. Mais il est possible de savoir maintenant, par expérience depuis 40 ans avec la pensée unique, le TINA thatchérien (There is no alternative) que droite, gauche, extrême-gauche, extrême-droite, extrême-centre n'ont qu'un objectif : arriver au pouvoir et le garder. Il est possible de se convaincre aussi que les gens au pouvoir savent depuis relativement peu (20 ans) qu'en cas de mouvements profonds, durables, pacifiques ou révolutionnaires, insurrectionnels, il ne faut surtout pas lâcher le pouvoir, le quitter comme de Gaulle ou Jospin. Il faut le garder coûte que coûte par la répression, la négociation. Il faut s'accrocher, laisser passer la colère. Il faut en conclure que tout affrontement frontal n'a aucune chance d'aboutir, de changer l'ordre des choses (le mouvement des GJ autour des ronds-points fut une forme géniale; les GJ manifestant sur les Champs-Elysées, inaccessibles jusqu'à eux aux mouvements revendicatifs ou insurrectionnels, ce fut un sacré challenge réussi mais un échec).
Il faut aussi constater que dans le cadre des nations, la politique ne peut défendre que les intérêts particuliers de la nation. Et ce particularisme ne change pas avec les entités supra-nationales comme l'UE, qui ne sont pas mondiales. L'ONU elle-même ne peut être le lieu d'une politique universelle.
Deux paradoxes sont à signaler. Le 1° paradoxe c'est que les GAFA (les géants du web, américains et chinois) ont une politique mondiale, une visée de domination mondiale, haïssant la démocratie (c'est le libertarianisme anglo-saxon d'une part et l'autoritarisme bureaucratique chinois d'autre part). Le 2° paradoxe, c'est que pour les révolutionnaires, la révolution est toujours imminente alors que la réalité montre depuis 40 ans que comme le dit un ultra-riche Warren Buffet : « il existe bel et bien une guerre des classes mais c'est ma classe, la classe des riches qui fait la guerre et c'est nous qui gagnons".
Seule peut-être une politique universelle en vue du Bien serait souhaitable, en vue du Bien c'est-à-dire satisfaisant la nourriture, la santé, l'instruction et le divertissement de tous. À ce niveau universel, souhaitable ? nécessaire ? la question démographique est peut-être la plus difficile à aborder : ne sommes-nous pas trop sur une terre aux ressources limitées. Déjà Lévi-Strauss le pensait et avant lui, Malthus.
Individu n'ayant qu'un peu de pouvoir sur moi, ne croyant qu'au travail sur soi pour devenir meilleur, j'ai fait choix de ne pas écouter les informations, de ne pas regarder la télé, de ne pas aller sur les réseaux sociaux. Finie la pollution anxiogène, finie la manipulation par les fake news, dont la plupart sont distillées par les médias et le pouvoir.
Quant à toi qui es au pouvoir, tu veux y rester, tu n'y es que pour un temps, tu passeras de toute façon, tu es déjà passé. Il en sera de même pour tes successeurs. Tchao, pantins et magiciens.
Vous êtes au pouvoir, vous prenez des mesures, vous légiférez à tour de bras mais votre pouvoir sur moi est réduit à quasiment rien, j'ignore par ignorance 99% de vos lois qui ne modifient quasiment rien à mes conditions de vie. Je respecte le minimum, je porte un masque, je respecte les règles du savoir-vivre, du code de la route.
Je m'invisibilise de vos systèmes de contrôle, je suis cosmopoli avec ce qui existe, minéraux, faune, flore, vivants. Je choisis qui je fréquente (quelques amis), je travaille sur moi (à gérer mes émotions souvent archaïques, mes pulsions souvent excessives). Je n'ai plus d'ennemis; même les adversaires politiques, je les ignore dorénavant. Cette affirmation n'est pas à prendre comme un constat mais comme un processus vivant (quand je me découvre un ennemi, y compris moi-même, je m'observe, je me mets à distance, je me nettoie de l'agressivité avec une technique de clown s'ébrouant, se débarrassant de sa poussière jusqu'à ce que l'indifférence me gagne). Je n'ai plus de boucs émissaires (processus vivant avec nettoyage, dépoussiérage) : les arabes et musulmans pour les racistes (dont je suis parfois), les blancs pour les ex-colonisés (dont je suis parfois), les machistes pour les féministes (dont je suis parfois), les putes pour les machistes (dont je suis souvent). Ces binarisations du monde sont toutes douteuses : elles nous font croire que nous sommes du bon côté, du côté de la justice, de la vérité. Par exemple, la théorie du Grand Remplacement justifie les mouvements néo-fascistes. Inversement, le refus de toute relation avec la Haine du FN et du RN justifie l'extrême-gauche et l'islamo-gauchisme.
Qui aura raison, Michel Houellebecq avec Soumission, Boualem Sansal avec 2084, Alain Damasio avec Les furtifs... ?
J'ai vu au tout début des GJ (novembre 2018), le rejet de ceux-ci par tout un tas de gens bien-pensants (tous bords politiques) qui n'ont même pas compris que ceux qu'ils appelaient des bruns, venaient de la périphérie, les petits blancs invisibilisés par la société marchande et touristique, la société des bobos. Ce que j'ai compris et accepté, c'est que tout ça existe, co-existe, s'affronte et que c'est en moi, potentiellement, réellement. J'ai vu des GJ aux idées racistes être changés en deux, trois discussions. Cela veut dire que prendre pour du dur, des opinions de circonstances, en lien avec un mal-être, un mal-vivre est préjudiciable à la recherche de la paix, civile et sociale. Rien de pire qu'une guerre civile, qu'une société qui se délite, les uns dressés contre les autres.
Cela dit, nos opinions de circonstances peuvent tenir longtemps. Nous les faisons nôtres comme si le monde allait s'effondrer si on cessait de les croire nôtres. 60 ans pour moi de fidélité imbécile aux valeurs "humanistes" de la gauche radicale. C'est cette fidélité toxique aux "convictions politiques" d'à peine plus de 50% des électeurs (qui faisait que rien ne changeait si ce n'est l'alternance des couleurs politiques) qui a expliqué la montée de plus en plus massive de l'abstention pendant une vingtaine d'années, phénomène repéré mais pas pris au sérieux (c'étaient les déçus de la politique, les pêcheurs à la ligne du dimanche, les traîtres au devoir électoral, au droit de vote arraché de haute lutte par nos anciens) et qui explique en 2017, le dégagisme qui a frappé à droite, à gauche, a vu sortir du chapeau une bulle de savon miroitante.
Avec ces nouvelles convictions (plus question d'être fidèle sur le plan des soi-disant convictions politiques, ce ne sont qu'opinions largement induites par le milieu, l'époque et on les prétend siennes, c'est "mon" opinion et on s'y accroche, 60 ans durant comme moi), je n'attends plus du théâtre qu'il donne de la voix, qu'il m'ouvre la voie, une voie. J'ai fait partie du milieu, bénévolement, pendant 22 ans, créateur du festival de théâtre du Revest puis directeur des 4 Saisons du Revest dans la Maison des Comoni (1983-2004). J'ai cru par passion à la nécessité de soutenir la création artistique, de l'écriture à la mise en scène, de soutenir et susciter des formes innovantes, de soutenir et susciter l'émergence de jeunes créateurs. Ce fut une période passionnante que je ne renie pas. Mais j'ai pris conscience progressivement vers 2017-2019 que le "vrai" travail est à faire sur soi et par soi. Pas d'agir sur les autres, d'influencer les autres. Pas d'être agi par les autres, influencé par les autres.
Au théâtre, au spectacle, on est dans la représentation, pas dans la présence, pas dans le présent (le moment et le cadeau), je suis spectateur, spectacteur pour certains, je ne suis pas acteur de mon destin, de mes choix de vie à mes risques et périls. Le théâtre, lieu de représentation est comme la politique représentative. Enjeux de pouvoir, luttes de pouvoir, narcissisme exacerbé, carriérisme, opportunisme, compromissions, monde de petits requins persuadé d'avoir une mission de "création" et d'éducation (en fait, de formatage des goûts selon les critères de l'administration qui subventionne), se comportant comme le monde des grands requins (le marché de l'art est particulièrement instructif à cet égard).
Quand je vois l'éclectisme des programmations actuelles, quand je vois la pléthore de propositions faites par les lieux, je pourrais être au théâtre, au concert tous les soirs, si les moyens suivent, le cul dans un fauteuil, à applaudir ou à bouder, comme si je passais ma soirée devant la télé. Je suis un consommateur culturel et je perds mon temps, je me distrais. On sait ce que reproche Pascal au divertissement.
Impossible d'aller à l'essentiel : je suis mortel, le monde s'effondre peut-être, l'humanité va peut-être se suicider. En quoi puis-je me mettre au service de plus grand que moi, de quelle mission de vie ? Pour un autre et même pour moi, à mon insu ou consciemment car nous sommes tous complices du système, ce sera : en quoi puis-je profiter un max de ce système ?
Pour moi aujourd'hui après 60 ans de fixation, de fixette idéologique : Contemplation des beautés de la nature. Action personnelle sur soi par la méditation en particulier. Actions d'harmonie, d'harmonisation, d'élévation. Ne pas ajouter la guerre à la guerre, ne pas faire le jeu du conflit, de la mort, même si je sais que l'inhumanité a encore de très beaux jours devant elle.
Dernier point : il est évident que l'on sait, si on le veut, reconnaître ce qui est inhumain en soi, en autrui. On sait que c'est possible, que c'est réel, on ne juge pas, c'est dégueulasse, injuste, à combattre. On fait choix tant que faire se peut de l'amour de la vie, de la Vie.
Bémol de taille : ce que j'ai écrit vaut pour les "démocraties" à l'occidentale (je peux l'écrire, le publier). Je ne sais comment je me comporterais tant en Chine qu'en Russie, en Arabie saoudite ou en Turquie.
Merci à cette lecture de m'avoir permis de faire le point sur moi, être changeant et sur mes "engagements" changeants.
Jean-Claude Grosse, 6 octobre 2020
/https%3A%2F%2Fi.vimeocdn.com%2Fvideo%2F909333254_1280.jpg)
Krystian Lupa Les acteurs et leur rêve
"KRYSTIAN LUPA, LES ACTEURS ET LEUR RÊVE" CONCEPTION Agnieszka Zgieb RÉALISATION Denis Guéguin MUSIQUE Bogumił Misala DESSINS Krystian Lupa Lors du confinement, en avril et en mai 2020, les ...
magnifique documentaire illustrant ce que peut être un théâtre de vérité ou du lent, déréglé travail d'apprivoisement par l'acteur du personnage et réciproquement; on est indéniablement dans une conception quantique du travail sur soi, avec soi, par le corps, par le langage de l'émotion
Antigone aujourd’hui ?
Antigone, dans la tradition venue de la mythologie et du théâtre grecs, est celle qui dit NON à une loi inique de la cité, Thèbes, gouvernée par le tyran Créon et lui oppose une loi universelle, au-dessus de la loi d’état, une loi dite de droit naturel pouvant être opposée au droit positif. À la loi écrite, édictée par le tyran lui interdisant de donner sépulture à son frère Polynice, elle oppose la loi non écrite mais s’imposant à elle et à tous que tout défunt doit avoir une sépulture digne et non être livré aux chiens.
Enterrés, incinérés comme des « chiens », ce fut le sort des décédés par la Covid 19 dans les EPHAD pendant le confinement du printemps 2020. Quelles Anti- gones ont bravé l’ignominie des directives gouvernementales ?
Dans les sociétés modernes, on a tendance à considérer que le concept de droit naturel doit servir de base aux règles du droit objectif. Kant (1785) et la révo- lution française (la déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789) ont donc participé au progrès moral de l’humanité (en droit, mais pas dans les faits). Le droit naturel s’entend comme un comportement rationnel qu’adopte tout être humain à la recherche du bonheur (le droit au bonheur est inscrit dans la déclaration d’indépendance des Etats-Unis du 4 juillet 1776 : Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inalié- nables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur). Le droit naturel présente un caractère universel dans la mesure où l’homme est capable de le découvrir par l’usage de sa raison, en cherchant à établir ce qui est juste. L’idée est qu’un ensemble de droits naturels existe pour chaque être humain dès sa naissance (comme le droit à la dignité ou le droit à la sécurité) et que ces droits ne peuvent être remis en cause par le droit positif. Le droit naturel est ainsi considéré comme inné et inaltérable, valable partout et tout le temps, même lorsqu’il n’existe aucun moyen concret de le faire respecter. Les droits naturels figurent aujourd’hui dans le préambule de la Constitution française et dans les fondements des règles européennes. Le droit à la vie et le droit au respect pour tous ne sont cependant pas reconnus partout sur le globe. Pensons aux fous de Dieu. Le droit naturel selon cette conception s’impose moralement et en droit à tous. Dans les faits, ces droits naturels sont souvent bafoués, par des individus, des sociétés, des états. Ce qui fait que le droit naturel n’est pas universellement appliqué dans les faits c’est l’existence du mal radical, du mal absolu, injustifiable (la souffrance des enfants pour Marcel Conche, la souffrance des animaux d’élevage et de consommation pour d’autres), du mal impossible à éradiquer parce que si l’homme est un être de raison, il est aussi un être de liberté et c’est librement que l’on peut choisir le mal plutôt que le bien.
Le problème du mal radical et de la liberté de l’homme a conduit Kant à écrire les Fondements de la métaphysique des mœurs (1785). Selon Kant, la loi morale n’est imposée par personne. Elle s’impose d’elle-même, par les seuls concepts de la raison pure. Tout être raisonnable, du simple fait de sa liberté, doit respecter les deux impératifs, le catégorique et le pratique
Impératif catégorique de Kant : «Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux aussi vouloir que cette maxime devienne une loi universelle. »
Impératif pratique de Kant : «Agis de telle sorte que tu traites l’humanité comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. »
Un principe mauvais, que le sujet se donne librement à lui-même, corrompt à la racine le fondement de toutes nos maximes : le mal radical.
L’intérêt commun pour le beau dans l’art ne prouve aucun attachement au bien moral, tandis qu’un intérêt à contempler les belles formes de la nature témoigne d’une âme bonne
Ces considérations m’amènent à tenter de dire ce que serait Antigone aujourd’hui. Antigone pourra aussi bien être une femme qu’un homme, un jeune, adolescent, adolescente, enfant même. Devant les atteintes massives, permanentes aux droits universels de l’Homme (de la Femme, de l’Enfant, des Animaux, des Végétaux, de la Terre, de la Mer, de l’Air, de l’Eau...) partout dans le monde, individuellement comme collectivement, devant cette insistance de la barbarie, du mal partout dans le monde, j’en arrive à penser que dire NON à tout cela, à cette barbarie, à tel ou tel aspect de ce mal sciemment infligé (l’exci- sion, le viol comme arme de guerre par exemple) n’est plus la seule attitude que devrait avoir l’Antigone d’aujourd’hui. Les résistants à la barbarie, celles et ceux qui disent NON servent souvent d’exemple. Leurs méthodes comme leurs buts, leurs champs d’action sont variés, de la désobéissance civile à la lutte armée, de la non-violence à l’appel insurrectionnel, des semences libres à l’abolition de la peine de mort ou de l’esclavage, de la lutte contre l’ignorance à la lutte contre le viol. D’une action à grande échelle, internationale à une action locale.
Sappho, Marie Le Jars de Gournay, Olympe de Gouges, Louise Michel, Vandana Shiva, Angela Davis, Naomi Klein, Gisèle Halimi, Audrey Hepburn, Simone Veil, Simone Weil, Emma Goldmann, Ada Lovelace, Marie Curie, Margaret Hamilton, Germaine Tillon, Rosa Parks, Rosa Luxemburg, Joan Baez, Lucie Aubrac, Frida Khalo, George Sand, Anna Politkovskaïa, Anna Akhmatova, Sophie Scholl, Aline Sitoé Diatta, Brigitte Bardot, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Greta Thunberg, Carola Rackete, Weetamoo, Solitude, Tarenorerer, Gabrielle Russier // Gandhi, Luther King, Trotsky, Che Guevara, Lumumba, Sankara, Nelson Mandela, Soljenitsyne, Vaclav Havel, Jean Jaurès, Victor Hugo, Victor Jarra, Victor Schoelcher, Aimé Césaire, Pablo Neruda, Jacques Prévert, Primo Levi, Janusz Korczac, Federico Garcia Lorca, Emile Zola, Joseph Wresinski, le dominicain Philippe Maillard, Charles de Gaulle, François Tosquelles, Malcolm X, Célestin Freinet, Jacques Gunzig, Stéphane Hessel, Marcel Conche, Jean Cavaillès, Muhammad Yunus, Socrate, Siddhārtha Gautama, Jésus
Le mal radical étant l’expression de la liberté de l’homme, un choix donc (même si les partisans de l’inconscient freudien et jungien posent que la « mons- truosité » n’est pas choisie mais causée), une attitude possible d’Antigone aujourd’hui serait de dire OUI à tout ce qui existe, y compris le mal radical. Antigone en disant OUI à tout ce qui existe n’extérioriserait pas sa responsabi- lité (c’est la faute de l’autre, de Créon). Tout ce qui existe est en elle et donc elle est co-responsable de tout ce qui existe et co-créatrice de tout ce qui s’essaie. C’est à un travail sur soi qu’Antigone s’attelle pour mettre en lumière dans sa conscience, ses peurs, ses envies, ses jalousies, ses espoirs, ses rêves, ses désirs. Antigone tente de se nettoyer, d’élever sa conscience, de gérer ses émotions (c’est autre chose que de les contrôler, il s’agit de les laisser émerger mais sans y adhérer, en témoin). La méditation est un puissant outil pour ce travail sur soi. À partir de ce travail personnel, spirituel, Antigone agit comme le formulent les deux impératifs kantiens (« agis »). Elle agira sous l’horizon de l’universalité de son action, animée par l’amour inconditionnel de tout ce qui existe, sans jugement. Elle sera animée plus par son devoir concret à accomplir (sa mission de vie exercée avec passion, enthousiasme) que par la défense abstraite du droit naturel.
Elle saura prendre la défense du « monstre » (comme l’avocat Jacques Vergès).
Elle, Il saura proposer des actions « bigger than us ». Elle s’appelle Melati, Indo- nésienne de 18 ans, et agit depuis 6 ans pour interdire la vente et la distribution de sacs en plastique à Bali. Il s’appelle Mahamad Al Joundé du Liban, 18 ans, créateur d’une école pour 200 enfants réfugiés syriens. Elle s’appelle Winnie Tushabé d’Ouganda, 25 ans et se bat pour la sécurité alimentaire des commu- nautés les plus démunies. Il s’appelle Xiuhtezcatl Martinez des USA, 19 ans, rappeur et voix puissante de la levée des jeunes pour le climat. Elle s’appelle Mary Finn, anglaise, 22 ans ; bénévole, elle participe au secours d’urgence des réfugiés en Grèce, en Turquie, en France et sur le bateau de sauvetage Aqua- rius. Il s’appelle René Silva du Brésil, 25 ans, créateur d’un média permettant de partager des informations et des histoires sur sa favela écrite par et pour la communauté, « Voz das Comunidades ». Elle s’appelle Memory du Malawi, 22 ans, figure majeure de la lutte contre le mariage des enfants. Il s’appelle le docteur Denis M., il est gynécologue au Congo, surnommé l’homme qui répare les femmes, Nobel de la paix, menacé de mort. Elle s’appelle Malala Y., à 17 ans elle obtient le Nobel de la Paix pour sa lutte contre la répression des enfants ainsi que pour les droits de tous les enfants à l’éducation. Elle s’appelait Wangari M., surnommée la femme qui plantait des arbres, Nobel de la paix 2004.
Elle s’appelle Michelle du Revest, anime un groupe colibri et un groupe penser l’avenir après la fin des énergies fossiles. Il s’appelle Norbert du Mourillon et Gilet jaune, il anime un atelier constituant (RIC et Constitution). Elle s’appelle Marie de La Seyne, a écrit sur José Marti, soigne des oiseaux parasités par la trichomonose. Il s’appelle Guillaume et après 17 ans dans la rue, il œuvre pour un futur désirable quelque part. Elle s’appelle Chérifa de Marrakech et s’oc- cupe de 47 chats SDF dans sa résidence à Targa Ménara. Il s’appelle Alexandre, a créé son univers auto-suffisant, Le Parédé, et a rendu perceptible le Chant des Plantes au Grand Rex en 2015. Ils s’appellent Aïdée et Stéphane de Puisser- guier et créent un collectif gardien d’un lieu de vie, à Belbèze en Comminges, organisme vivant à part entière, bulle de résistance positive.
Jean-Claude Grosse, Corsavy, 9/9/2020
/image%2F0551669%2F20201029%2Fob_19b481_quiniou-critique-materialisme.jpg)
Le matérialisme en questions / dialogue critique - Blog de Jean-Claude Grosse
Le matérialisme en questions Dialogue critique Yvon Quiniou Nikos Foufas L'Harmattan, 2020 Voilà un livre important, si on est marxiste, marxien, si on l'a été, pas si on le devient (on semble ...
http://les4saisons.over-blog.com/2020/10/le-materialisme-en-questions/dialogue-critique.html
une note approfondissant mes nouvelles convictions politiques
/image%2F0552430%2F20200718%2Fob_d846ba_1706-049-vol-voix-couv.jpg)
Vols de voix (farce sur la présidentielle 2017) / É Say Salé - Les Cahiers de l'Égaré
couverture de Vols de voix, farce pestilentielle sur la présidentielle 2017 Farce pestilentielle à l'occasion de la présidentielle 2017 mettant en jeu insoumis, patriotes, girouettes merdre, c'e...
la propriété c'est le vol, toutes les répliques de cette farce sur la présidentielle ont été volées sur Facebook
De quoi parler au théâtre aujourd'hui ?
D’autres mondes (Science frictions)
NOUS SOMMES tout ce que nous n’avons pas fait. Notre vie est faite de tout ce que nous n’avons pas vécu. Tous les possibles, toutes les variantes, tous les chemins pas empruntés, toutes les virtualités, toutes les bifurcations. Non seulement un autre monde est possible, mais il est probable. Peut-être même qu’un autre monde, que d’autres mondes, que des infinités d’autres mondes sont bel et bien là, qui coexistent avec le nôtre, lui sont à la fois parallèles, et superposés, et même perpendiculaires, on ne sait pas bien. Houlà. Comment faire une pièce de théâtre avec tout ça ? Avec le principe d’indétermination d’Heisenberg, la physique quantique, les particules élémentaires, le chat de Schrödinger (remplacé ici par un lapin blanc tout droit jailli du pays des Merveilles), les doutes et les tremblements et la magie que la science jette sur notre connaissance du monde, mais aussi le présentisme, qui nous fait ignorer le passé et nous rend aveugles aux multiples possibles que recèle l’avenir ?
L’auteur et metteur en scène Frédéric Sonntag a pris toutes ces questions, et même plus, à bras-le-corps, et cela donne un spectacle qui déborde de partout, plein de vie et d’élans, de chausse-trappes et de prestidigitation, d’acteurs (ils sont jusqu’à neuf sur scène, plus un enfant) et de musique (les neuf acteurs jouent de la guitare, de la trompette, du piano, de la batterie, de l’accordéon, etc.), terriblement bavard (en français et en russe) mais jamais ennuyeux, avec même quelques écrans télé et cinéma en prime (heureusement, pas trop).On y suit les trajectoires entrecroisées de deux hommes, le physicien Jean-Yves Blan-chot (l’épatant Florent Guyot) et le romancier Alexei Zinoviev (l’excellent Victor Ponomarev), qui sont censés avoir travaillé tous deux, dans les années 60, dans leur coin et à leur façon, sur les univers parallèles. Ces deux personnages imaginaires, Sonntag leur construit des biographies plus que plausibles, et les incruste astucieusement dans notre réel. C’est ainsi qu’on pourra assister à une émission d’« Apostrophes » consacrée à la nouvelle science-fiction, avec le vrai Bernard Pivot de 1978, mais avec le faux Zinoviev. Lequel sidère les participants avec cette sortie : « L’un d’entre vous se souvient-il, même confusément, d’une Terre, aux alentours de 1978, qui soit pire que celle-ci ? Moi, oui. » Une scène qui ravira tous les amateurs de science-fiction, lesquels n’ont pas l’habitude de voir leur genre de prédilection ainsi honoré sur scène.Tout ça pour quoi ? Pour nous rouvrir l’imaginaire, combattre l'« atrophie de l’imagination utopique » qui est la nôtre, ridiculiser le très dominant « Tina » (There is no alternative). Ouf, de l’air !
Jean-Luc Porquet• Le Canard enchaîné. 30 septembre 2020.
Au Nouveau Théâtre de Montreuil
1- un retour de Samuel G
Merci Jean-Claude pour cet article
2 - un retour de Philippe C
Beau texte camarade Jean Claude, très stimulant ! bon ça t’arrive à 80 ans c’est pas un hasard …
Plaisanterie mise à part, ce retrait du monde que tu prônes et que tu t’appliques, de plus en plus de gens se l’appliquent aussi je pense, ou commencent à y penser…. C’est dans l’air du temps je crois. Mais je reconnais que ta lucidité fait du bien : que tu te résolves après 60 ans d’activisme à lâcher prise dans une forme de bonheur et de détermination est tout à fait salutaire !
J’ai commencé à lire Tocqueville « de la démocratie en Amérique », il dit une chose au début du bouquin que la démocratie est un mouvement qui a commencé et qui ne peut plus s’arrêter, qui va tout emporter sur son passage. Il parle du temps long et entend la démocratie par l’affirmation de chacun, si j’ai bien compris.
Et donc si l’affirmation de chacun est, aujourd’hui, à notre niveau d’évolution démocratique de se retirer de cette grande mascarade, parce qu’il considère qu’on est arrivé à un stade qui ne correspond plus à l’idée qu’on se fait de la démocratie, il se pourrait bien que le système actuel s’effondre tout seul sans combat, ni révolution.
De la casse, ça il va y en avoir, c’est sûr ! mais n’est-on pas arrivé au bout ?
Bien sûr il y a la Chine et tous les nouveaux impérialistes et les grandes multinationales ; mon optimisme tendrait à me faire penser qu’ils sont des colosses aux pieds d’argile, vivant uniquement de nos superficialités (consommation, bavardage sur les réseaux, etc…). Et donc si les gens se retirent c’est la fin, et leur stratégie sera bonne pour la poubelle.
3 -
un échange avec le maire du Revest informé de la démarche d'harmonie effectuée à Corsavy.
- c'est une démarche intéressante. Dommage que ça ne mobilise pas davantage
- dans l'état actuel des consciences, ça ne peut pas mobiliser beaucoup, ça mobilise au mieux les créatifs culturels, les cellules imaginatives
- ça a au moins eu le mérite de décrisper la situation provoquée par l'emplacement de la 4G ; avec la 5G, on va être confronté à un sacré problème ; comme les antennes font moins de 15 m, les fournisseurs n'auront pas besoin de demander une autorisation ; la seule façon que nous aurons de réagir sera d'empêcher le raccordement sur le réseau électrique; action en justice du fournisseur...
- quand tu penses que ça sera pour voir des films, des séries, du porno sur son smartphone
- oui et pour jouer; plus de vie sociale, le confinement permanent dans sa bulle virtuelle
Spectacles en recommandé
« chaque enfant a besoin de quelqu’un d’irrationnellement fou de lui »
Urie Bronfenbrenner, père de la théorie de l’écologie du développement humain
CIE FOLHELIOTROPE & CIE CRINOLINE
J’ai pas l’temps
j’suis pas comme eux
À PARTIR DE TÉMOIGNAGES D'ENFANTS PLACÉS
Mon analyse
Mercredi 20 novembre 2019 à partir de 8h45 au Palais Neptune à Toulon s'est déroulée la conférence annuelle de l’Observatoire Départemental de la Protection de l’Enfance du Var (ODPE) qui célèbrait le 30ème anniversaire de la convention internationale des droits de l’enfant (CIDE).
L'après-midi, j'ai assisté au Palais Neptune dans le cadre de cette journée à la pièce J'ai pas l'temps, J'suis pas comme eux, écrite à partir de témoignages d’enfants placés.
40% des SDF de moins de 25 ans sont des anciens enfants placés. Mais comment grandir au cœur d’une institution parfois ressentie comme indifférente ?
Entre interrogations, colères, angoisses et joie, parfois, Léna, Malik et Cosmina tentent de se construire. Mais à 18 ans, tout s’arrête : il faut partir. C’est l’heure de la sortie de l’Aide Sociale à l’Enfance et de la dure entrée dans la « vie adulte ». Arriveront-ils à s’en sortir ? Cette pièce est l’adaptation par Véronique Dimicoli d’une recherche universitaire en sociologie, initiée par Pierrine Robin de l’Université de Créteil. Elle porte sur la transition à l’âge adulte après une mesure de protection.
La pièce portée par 5 excellents comédiens professionnels a déjà été reconnue par le prix Tournesol festival off 2018 d'Avignon et le coup de coeur du club de la presse Avignon 2018.
Bravo à Véronique Dimicoli, metteur en scène varoise; sera-t-elle reconnue par les directeurs de théâtre varois ?
Merci à Florence Brizio de m'avoir signalé cette journée.
Cette pièce est du théâtre documentaire par les circonstances et par le contenu. Adaptation de paroles de jeunes en familles d'accueil et en foyers recueillies dans le cadre d'une recherche sociologique universitaire, à la demande des jeunes rassemblés par cette recherche.
Et elle n'est pas du théâtre documentaire par le traitement artistique du matériau vivant, humain enregistré.
Le parti-pris est de faire entendre la parole des jeunes. Les confessions des 3 jeunes évoquant leurs parcours et leurs rapports aux liens institutionnels sont chargées et entendues. Se retrouvant au centre, ils exposent en s'exposant, soumis aux pantomimes du choeur ou s'en libérant.
La présence de ce choeur au masque blanc, multi-fonctionnel, est un contre-point permettant de mettre de la distance (l'effet de distanciation brechtien) et de rendre léger par l'humour ce qui est pesanteur administrative, aveuglement institutionnel...
Accessoires, une corde lisse que spectateur nous chargeons de sens multiples, corde pour lier, relier, corde pour enchaîner, emprisonner, corde pour malmener, maltraiter, corde pour s'en libérer. Deux chaises, des pancartes : assistante sociale, éducateur, directeur, psychologue, juge... Le choeur est le manipulateur de ces accessoires, manipulateur clownesque, grotesque, comique ce qui évite d'éprouver du ressentiment, de la colère vis à vis de l'institution et des personnels et ce qui permet de ne pas être écrasé par le parcours chaotique, douloureux de ces jeunes. L'empathie devient envisageable : comment pourrait-on améliorer ces dispositifs de soutien, d'accompagnement.
Des lumières pour définir les lieux, salle d'attente, chambre... Une musique accompagnant à propos ce qui se passe sur le plateau.
Un jeu d'acteurs varié avec arrêts sur image, moments de jeu réaliste, moments de jeu décalé.
Aucune utilisation de vidéo comme dans d'autres théâtres documentaires : pas d'images, la parole. Ce choix est essentiel en ce sens que l'enjeu de ces parcours est si possible de permettre au jeune de trouver sa parole, une parole qui lui est propre, libérée des paroles et actes traumatisants du milieu familial, se libérant des paroles institutionnelles, multiples, certaines sourdes aux attentes du jeune, d'autres bienveillantes et accoucheuses d'un jeune adulte libre et responsable.
Ce spectacle a obtenu deux reconnaissances au Festival d'Avignon 2018, prix Tournesol et Coup de cœur du club de la presse.
Il mérite d'être pris en considération par les théâtres du Var. La représentation devant 500 à 600 personnes dans l'auditorium du Palais Neptune à Toulon, le 20 novembre pour le 30° anniversaire de la convention internationale des droits de l'enfant a été un grand moment. L'ovation finale était méritée.
Il n'y a pas eu de débat à l'issue du spectacle. Parler de quoi ? Du contenu ? La question au cœur de ce qu'on voit, qu'on découvre ou qu'on connaît, est si je suis un professionnel de la protection de l'enfance, quel professionnel suis-je ? Un fonctionnaire, un militant de cette cause, un vrai écoutant allant au-delà de son temps (on voit bien avec les féminicides l'incompétence, la surdité de ceux qui sont en charge des mains courantes). C'est une affaire personnelle, de cœur je dirai qui peut être accompagnée par des formations à l'écoute, à la bienveillance, par un suivi régulier (pas un contrôle mais des prises de paroles de ceux qui agissent sur le terrain supervisées par des psys). Le problème de la rigidification de l'institution est réel. Toute institution tend à se bureaucratiser, à perdre de vue ses buts, à détourner ses moyens, à impersonnaliser ses personnels. Je mets à contribution mon passé d'étudiant en sociologie pour signaler que deux sociologues ont oeuvré pour démasquer et corriger : Georges Lapassade (L'entrée dans la vie) et René Lourau (L'analyse institutionnelle). On pourrait citer aussi le mouvement de la psychothérapie institutionnelle, François Tosquelles, Jean Oury et d'autres.
Colin Lucette, « L'arpenteur Georges Lapassade », Nouvelle revue de psychosociologie, 2008/2 (n° 6), p. 313-316. DOI : 10.3917/nrp.006.0313. URL :
https://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-de-psychosociologie-2008-2-page-313.htm
Colin Lucette, Hess Rémi, « Georges Lapassade (1924-2008) : cinquante ans de psychosociologie », Bulletin de psychologie, 2009/2 (Numéro 500), p. 191-193. DOI : 10.3917/bupsy.500.0191. URL :
https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-psychologie-2009-2-page-191.htm
un retour de Florence Brizio
Merci beaucoup Jean-Claude Grosse pour ce retour sur cette pièce et sur cette journée de célébration du 30ème anniversaire de la convention internationale des droits de l'enfant, organisée par l'observatoire départemental de la protection de l'enfance dont je suis responsable en partenariat avec la PJJ et l'ADEPAPE (association d'anciens enfants confiés).
Cette pièce est issue d'une recherche action par les pairs dirigée par Perrine Robin chercheur en sociologie. Lorsque j'en ai entendu parler, j'ai souhaité qu'elle puisse s'inscrire dans le programme de la journée intitulée"des droits formels aux droits réels: paroles d'enfants ".
L'observatoire départemental de la protection de l'enfance est une instance pluri institutionnelle ( ASE, PJJ, foyer de l'enfance, éducation nationale, justice, université, associations...) chargé de développer une culture commune de la protection de l'enfance.
Les institutions se rigidifient parce que comme à l'hôpital et dans tous les services publics, la logique comptable et gestionnaire ne permet plus aux professionnels chargés d'accompagner les personnes vulnérables au quotidien de faire leur métier, occupés de plus en plus souvent à, de tenir à jour des tableaux de bord et des indicateurs, de remplir des documents administratifs.... Ils sont en train de tuer le travail !
Les journées comme celle d'hier redonnent du sens, rappelle les fondamentaux. L'ovation finale après la pièce c'était comme des retrouvailles avec le sens du travail social. La parole donnée, échangée, l'écoute, le don, l'entraide, la prise de risque parfois. S'autoriser à aimer un enfant, en lui donnant la parole, la confiance et le temps... "j'ai pas l'temps j'suis pas comme eux".
Magnifique analyse de la pièce !
/https%3A%2F%2Fimages.gynger.fr%2Fassets%2Fmedia%2F2017%2F01%2F25232347%2Fbesoins-de-lenfnat-en-protection-congerdesign.jpg%23width%3D1913%26height%3D979)
Débat sur les besoins fondamentaux de l'enfant protégé - Gynger
Les enfants qui bénéficient d'une mesure de protection ont, comme tous les enfants, des besoins fondamentaux. Mais quels sont-ils exactement? Le besoin de sécurité est-il le premier d'entre eux...
https://www.gynger.fr/les-besoins-fondamentaux-de-lenfant-protege-en-debat/
/https%3A%2F%2Fimg.lemde.fr%2F2019%2F10%2F08%2F270%2F0%2F5568%2F2784%2F1440%2F720%2F60%2F0%2F6770500_JYEI7_9ShufaZwNRB9JuNbF4.jpg%23width%3D1440%26height%3D720)
Selon le Défenseur des droits, les institutions françaises sont violentes à l'égard des enfants
Violentes à l'égard des enfants, les institutions publiques françaises ? C'est le constat, sévère, qui apparaît à la lecture du rapport annuel du Défenseur des droits, rendu public lundi 18...
/https%3A%2F%2Fautogestion.asso.fr%2Fapp%2Fuploads%2F2012%2F07%2Flourau.gif%23width%3D360%26height%3D500)
René Lourau, pédagogie institutionnelle et autogestion - Association Autogestion
René Lourau est né en 1933 à Gelos, près de Pau, et meurt le11 janvier 2000. Il était professeur émérite de sociologie et de sciences de l'éducation à l'université de Vincennes Paris 8. L...
https://autogestion.asso.fr/rene-lourau-pedagogie-institutionnelle-et-autogestion/
/https%3A%2F%2Fwww.persee.fr%2FrenderPage%2Fhomso_0018-4306_1973_num_29_1_1831%2Fhomso_0018-4306_1973_num_29_1_T1_0021_0000_710.jpg%23width%3D711%26height%3D947)
Analyse institutionnelle et question politique - Persée
analyse institutioniielle et question politique RENE LOURAU La question politique est au centre de l'analyse institutionnelle.; L'analyse institutionnelle ne se confond pourtant pas avec le discours
https://www.persee.fr/doc/homso_0018-4306_1973_num_29_1_1831
/https%3A%2F%2Fwww.persee.fr%2FrenderIssueCoverThumbnail%2Fhomso_0018-4306_1974_num_31_1.jpg%23width%3D368%26height%3D473)
Violence symbolique et pédagogie institutionnelle - Persée
violence symbolique et pédagogie institutionnelle* RENE BARBIER J'ai souvent été étonné de constater une certaine tendance prise par les théoriciens des sciences humaines de s'exclure, parfoi...
https://www.persee.fr/doc/homso_0018-4306_1974_num_31_1_1868
CIE FOLHELIOTROPE & CIE CRINOLINE
J’ai pas l’temps
j’suis pas comme eux
À PARTIR DE TÉMOIGNAGES D'ENFANTS PLACÉS
RÉSUMÉ
Léna, Malik et Cosmina ont la particularité d’avoir été tous les trois extraits de leur famille d’origine pour être placés en famille d’accueil et en foyer. Comment grandir au cœur d’une institution parfois ressentie comme indifférente ? Entre interrogations, colères, angoisses et joie, parfois, Léna, Malik et Cosmina tentent de se construire. Mais à 18 ans, tout s’arrête : il faut partir. C’est l’heure de la sortie de l’Aide Sociale à l’Enfance et de la dure entrée dans la « vie adulte ».
Arriveront-ils à s’en sortir ?
NOTE D'INTENTION
L ‘adaptation d’une recherche sociologique
Cette pièce est l’adaptation d’une recherche universitaire en sociologie, initiée par Pierrine Robin de l’Université de Créteil, qui porte sur la transition à l’âge adulte après une mesure de protection : « Les jeunes sortant de la Protection de l’Enfance font des recherches sur leur monde. » Une quinzaine de jeunes ont été interviewés par des chercheurs et par d’autres jeunes spécialement formés qui ont été associés à toutes les étapes de la recherche. Leurs propres mots composent l’essentiel du texte de cette adaptation. Leurs expressions, leurs phrasés, leurs codes de langage construisent la musicalité, le rythme et la vérité de leurs récits de vie.
Ce sont les jeunes de la recherche eux-mêmes qui ont formulé le souhait d’une adaptation théâtrale afin de donner une plus grande visibilité à une réalité encore méconnue du grand public. Pour rappel, les enfants sont confiés aux services de l’aide sociale à l’enfance (ASE) des départements par les juges pour enfants, lorsqu’ils sont en danger dans leur famille (maltraitances, négligences, carences éducatives...)
Ces enfants sont accueillis dans des familles d’accueil ou dans des foyers. à leur majorité, tout peut s’arrêter. Les départements peuvent mettre fin à leur accueil et à leur accompagnement. 40% des SDF de moins de 25 ans sont des anciens enfants placés.
Trois personnages, trois types de liens
Nous avons donc réfléchi ensemble aux moments clés de leurs parcours qu’ils voulaient mettre en relief et imaginé trois personnages, Léna, Malik et Cosmina, qui sont une synthèse de plusieurs témoignages ; ils sont également représentatifs des trois manières de créer le lien dans le cadre du placement et des répercussions dans la façon de gérer l’entrée dans la « vie adulte » :
- LE LIEN NOUÉ : incarné dans la pièce par le personnage de LÉNA qui, après une bonne prise en charge en famille d’accueil, vit son entrée dans la « vie adulte » comme une rupture avec le cocon protecteur. Elle s’accroche mais elle est vulnérable.
- LE LIEN SUSPENDU : incarné par le personnage de MALIK qui vit un parcours difficile lié à des placements différents avec des allers-retours en famille. C’est un parcours en dents de scie, jalonné de fugues et de rapports difficiles avec les éducateurs.
- LE LIEN DÉTACHÉ : incarné dans la pièce par le personnage de COSMINA dont le placement est plus tardif. Il s’agit d’une jeune femme déterminée qui s’appuie sur tous les outils mis à sa disposition pour atteindre ses objectifs. Elle a un projet de vie bien défini et s’y tient, devenant le « héros » de sa vie.
" Tribune" artistique et catharsis
En ayant pour terreau les témoignages de ces jeunes de l’ASE, la pièce s’inscrit dans la lignée du théâtre documentaire et assume son rôle de « tribune » artistique en souhaitant donner la parole aux principaux concernés sans dévoiler d’histoires personnelles. Une fiction, donc, où la parole, nue et brute au départ dans l’expression des émotions traversées durant ces parcours difficiles, devient peu à peu « politique » en venant prendre directement le spectateur à témoin. Ainsi, pas de décor pour laisser place à la parole, mais un espace nu avec, pour seules présences, une corde comme figuration récurrente des différentes manières de vivre le lien, et un métronome pour rappel du couperet des 18 ans.
Le miroir de l’institution
Et l’institution ? Incarnée par un couple de comédiens, elle est omniprésente sur scène car c’est elle qui cadre et accompagne. L’aller-retour entre les personnages et le chœur chorégraphie ainsi l’histoire de ces destins à la fois individuels et collectifs. Ce duo clownesque, au visage peint en blanc, est pensé comme contrepoint du lourd héritage des jeunes. Il est le miroir grossissant des absurdités de l’institution pointées dans le témoignage des jeunes : les longs couloirs impersonnels, les piles de dossiers, les procédures etc. ... Mais que l’on ne s’y trompe pas : derrière les fards à la fois inquiétants et grotesques de ces deux adultes, se cachent des sensibilités calfeutrées et éprouvées...
EXTRAIT
MALIK
Logiquement, à notre âge, on est censé pouvoir faire des erreurs On est censé pouvoir s’casser la gueule
Mais ... J’ai pas l’temps
CHŒUR
Non. Franchement. T’as pas l’temps d’faire des erreurs.
MALIK
En même temps j’ai rien demandé J’ai toujours essayé d’me débrouiller seul. D’me débrouiller au mieux Parce que j’sais que ... J’sais que ... Pour être vraiment sûr d’avoir c’que j’veux Pour pas être déçu...
CHŒUR
Non. Franchement. T’as pas l’temps d’compter sur eux.
LénA
Quand j’étais petite, ils disaient : « Oui, vous êtes des enfants comme les autres » Mais ...
CHŒUR
T’es pas comme eux.
COsMInA
On te dit d’être comme tout le monde, mais en même temps on te fait comprendre que ...
CHŒUR
T’es pas comme eux.
MALIK
Les gens, quand on leur dit « Voilà, je suis placé »
COsMInA
« Voilà, j’suis dans un foyer »
LénA
« Voilà, j’suis en famille d’accueil »
CHŒUR, imitant les réactions d’effarement et de suspicion Oh il vient du foyer Oh elle est placée
Oh en famille d’accueil ! Elle a fait le bazar ? Elle a un grain ? Il a tout cassé ?
MALIK
Ils ont pitié
LénA
Ils comprennent pas
MALIK
Ils ont peur de qui tu es Je supporte pas
COsMInA
J’ai perdu des amis pour ça
MALIK, LénA et COsMInA
J’suis un cas social, tu crois ?
CHŒUR
T’es pas comme eux, qu’est-ce que tu crois ?
les artistes du cirque mort, au paradis éclairé des artistes; le fil qui pend est l’interrupteur qui a allumé les lumières; c'est un interrupteur qui décide de la vie, de la mort, de la vie après la mort; la piste est vide, un nouveau cirque peut surgir avec de nouveaux artistes, de nouveaux numéros; merci le clown fidelis fortibus, fidèle et courageux; photo ab
FIDELIS FORTIBUS CIRCUS RONALDO
Fidelis Fortibus est autre chose qu'un spectacle. Puisque d'entrée, le clown nous dit cirque mort, no comico, et nous invite à sortir. Des tombes, des croix, des lumignons, des instruments de musique, des accessoires, une piste encombrée. Omniprésence des morts impossibles à oublier, devant être ranimés, honorés, mais aussi assez souvent malmenés par le clown énervé par leur inertie...Tout cela donne un cérémonial funéraire très mexicain, sud-américain, s'achevant par une fantaisie funéraire, l'élévation des artistes du cirque mort, rassemblés avec minutie, respect sur un curieux cercueil, jusqu'au paradis des artistes, en haut du chapiteau, d'où les morts peuvent voir une piste vide et propre, cet espace vide appelant à une nouvelle création, à de nouveaux numéros. Le clown a fait le vide en rendant hommage, en étant fidèle, fidèle et courageux (fidelis fortibus), en faisant revivre les numéros de jonglage, de funambule, de magicien, de trapéziste... Nous pouvons sortir. Le public a été particulièrement attrapé par cette histoire et par ce clown-orchestre remarquablement accompagné par des instruments jouant tout seuls. Beaucoup d'émotion. Bravo l'artiste, Danny Ronaldo. Merci à Patrice Laisney pour ce choix. JCG
FIDELIS FORTIBUS FIDÈLE ET COURAGEUX CIRCUS RONALDO
FIDELIS FORTIBUS
"Dans le cadre de la Saison Cirque Méditerranée,
la programmation délicate, poétique de Patrice Laisney, d'un artiste entrainant son public dans son univers digne de La Strada, aux lueurs vacillantes de lumignons, entre vie et mort.
Amor.
Le vent s'engouffre dans les pans du chapiteau, la sciure vole,
les guirlandes de guingois, illuminent comme une respiration fragile les ors et le velours pourpre, le décor est un peu miteux, poussiéreux; les instruments, cabossés mais tendrement présents.
L'artiste joue dans l'arène, les enfants ne comprendront pas tout, mais les adultes y verront sans cesse l'aller-retour entre vie et mort .
Avec trois bouts de ficelle, deux chaises bancales, trois ballons de baudruches, un petit rat frémissant, des loupiotes chancelantes, un tutu de dentelles surannées, il nous emballe dans son bric-à-brac désuet.
Chaque mort est plus présent que les vivants. Joue qui du tuba, de la clarinette ou de la flûte traversière .
Le clown triste s'élève vers les cieux, dais qui nous hisse au plus beau de nous-mêmes.
Il s'énerve contre ses morts et pourtant leur écrit un hymne extraordinaire.
Avec Danny Ronaldo, circus Ronaldo.
La Seyne-sur-mer.
Le spectacle a pour fil rouge, une pièce de théâtre de Picasso Les 4 petites filles, injouable et jamais jouée.
BOIULLON IMAGINAIRE
HOMMAGE À PICASSO
Dans le cadre de l'opération de prestige Picasso et le paysage méditerranéen, inaugurée le 15 novembre au Metropolitan Art of Toulon, le MAT, les structures culturelles de TPM ont été invitées à s'y associer.
Le Pôle au Revest a donc passé commande d'un hommage à Picasso à la compagnie italienne Piccoli Principi; j'ai vu cet hommage ce mardi 19 novembre, aux Comoni, la première de Bouillon imaginaire, hommage à Picasso et aux enfants.
Picasso a dit “Dans chaque enfant il y a un artiste. Le problème est de savoir comment rester un artiste en grandissant”. Le spectacle a pour fil rouge, une pièce de théâtre de Picasso Les 4 petites filles, injouable et jamais jouée.
«En 1865, le terrier d'un lapin permettait à la blonde Alice, petite fille anglaise, de se rendre en un pays où les merveilles succédaient aux merveilles. En 1947-1948, c'est un jardin potager qui est le lieu d'enchantement, choisi par Picasso, où quatre petites filles, désignées par I, II, III, IV, moins élégamment peignées que leur sœur de l'époque victorienne, s'ébattent et, à travers leurs jeux empreints de fraîcheur, de sauvagerie et souvent de malice, évoquent la vie, l'amour, la mort : tout ce monde de magie et d'angoisse à quoi s'ouvre l'adolescence.
Chansons, dictons, litanies, formulettes, coqs-à-l'âne, calembours s'égrènent tout le long de cette pièce de théâtre où l'auteur semble avoir usé d'un langage en vacances : insoucieuses des règles logiques et des syntaxes, les images y déploient leurs fleurs japonaises et, telle une mère Gigogne, la poésie ne cesse d'y proliférer comme si, en un mouvement qui n'aura pas de fin, elle s'enfantait elle-même.»
Michel Leiris.
La narratrice qui est aussi la muse du peintre évoque le déroulement en 6 actes de la pièce, les décors, les 4 petites filles, les péripéties. Elle chante, danse, pose, vole. Le peintre répond aux indications scéniques par de multiples réalisations nées de son sens du bricolage, de sa créativité, de son inventivité en lien avec ce qu'il apprend en apprenant le dessin à ses enfants. Il apprend comment ils voient, regardent, souvent au plus près donc avec vision partielle, morcelée, cubiste. Il dessine sur une vitre (on pense au Picasso peignant sur une vitre face caméra du film de Clouzot). Il dessine une tête d'enfant, triste d'un côté, hilare quand on la retourne. Il est derrière Françoise Gilot avec une grande ombrelle sur la plage de Golfe-Juan (photo de Robert Capa à voir maison de la photographie à Toulon). On pense à des cadavres exquis. Le jeu avec les 6 est drôle, ca6, coc6, nar6... Les musiques sont choisies en lien avec Picasso: Stravinski, Eric Satie, le Picasso de Coleman Hawkins, Manuel de Falla.
Ce spectacle ludique, pédagogique, inventif avec pas mal de techniques d'aujourd'hui dont les jeunes sont familiers, l'oeil-caméra du fétiche-garçonnet, l'ordinateur, complétant le bric-à-brac de l'atelier de l'artiste va maintenant tourner dans les écoles, collèges, lycées. Je pense qu'il donnera lieu à de beaux échanges avec les artistes Alessandro Libertini et Véronique Nah qui présentent ainsi leur recherche : L’attention de Picasso portée aux enfants est la démonstration que l’apprentissage - quel qu’il soit – tire profit de la réciprocité : les maîtres doivent savoir apprendre de leurs élèves exactement comme les élèves apprennent de leurs maîtres. L’idée de réciprocité est à la base de ce spectacle qui entend mettre en évidence ce que les enfants ont apporté à l’art de Picasso et ce que l’art de Picasso peut apporter au besoin de connaissance des enfants. Les jeunes spectateurs pourront vivre et se retrouver dans l’art de Picasso et les adultes réfléchir sur le potentiel créatif contenu dans chaque enfant.
Pour ma part, ce spectacle m'a renvoyé aux visions de l'enfant par Saint-Exupéry, Christiane Singer, Christian Bobin pour qui l'enfant est un métaphysicien branché sur le Réel voilé, visions qui m'invitent à un cheminement souhaité mais pas encore réalisé vers l'enfant intérieur, celui qui venu de la Lumière se retrouve plongé dans notre nuit, notre obscurité, celle des adultes croyant savoir et maîtriser. "Les nouveau-nés ils viennent de la lumière, et ils sont jetés dans notre nuit, c’est pour ça qu’ils sont éblouissants, c’est pour ça que leur regard est brûlant et que leurs visages sont dévorants comme ça." Christian Bobin.
Merci à Patrice Laisney pour le geste de la commande = faire confiance à l'avance = pari = risque. Ici, pari réussi.
Tombé sur cette perle concernant Les quatre petites filles de Picasso, fil rouge du spectacle Bouillon imaginaire de Piccoli Principi, créé à La Saison Jeune Public du Pôle, le 19 novembre 2019; merci encore à Patrice Laisney
"En 1947-1948, à Golfe-Juan et Vallauris, Pablo Picasso écrit par à-coups un texte poétique, gai et curieux, qui passera presque inaperçu lorsque Gallimard le publiera, en édition pourtant ordinaire et pas coûteuse, en 1968.
Ce poème, les Quatre Petites Filles, se présente sous la forme d'une pièce en six actes. Six actes très courts, situés dans un jardin potager, en Provence, où quatre petites filles, la plupart du temps toutes nues, ne font que prononcer et commettre des bêtises : dès la première seconde elles ont annoncé la couleur : " Jouons à nous faire mal et embrassons-nous avec rage en poussant des cris affreux. "
Il ne semble pas que Picasso ait songé à faire présenter cette prétendue " pièce " sur une scène. Les indications de Jeu décrivent des tableaux tout à fait utopiques, peuplés d'animaux géants, peu réalisables : " Un énorme cheval ailé traîne ses tripes, entouré d'aigles ", " de grands cochons et leurs truies et leurs petits, tous ailés, remplissent le lac ", " un véritable ballet de fourmis ailées remplit de haut en bas la scène, se disputant la reine dans de fantastiques tournois ", " partout le sang coule et inonde la scène ", il y a aussi des " pluies d'yeux ", des " lâchers de quantité de pigeons ", un feu d'artifice qui fuse d'un aquarium géant plein de poissons de toutes les couleurs qui nagent en rond, ainsi de suite, on imagine mal une telle fantasmagorie sur les planches, même chez Bob Wilson.
D'autre part, le texte est très difficile à jouer et à écouter. Il n'y a pas de dialogue, les petites filles disent l'une sans l'autre des fragments qui n'ont pas de suite, qui sont faits dans une langue souvent inventée, et qui pourraient être, par exemple, des sortes de notes personnelles que Picasso aurait griffonnées à son seul usage pour se rappeler un tableau auquel il a pensé, ou pour se remémorer une petite esquisse qu'il a faite, des choses de ce genre.
Notes d'ailleurs merveilleuses à lire, parce qu'en soi elles sont d'une folie déchaînée, et aussi parce qu'elles ressemblent beaucoup aux toiles jeunes, gaies, libres, que Picasso peignait dans ces années-là et exposait à la galerie Leiris. On dirait que Picasso trace ses couleurs de paroles et ses lignes de paroles comme celles de ses tableaux, avec les même lumières vives, les mêmes coq-à-l'âne, les mêmes ellipses tournantes, les mêmes Jeux d'expression, et tout le côté généreux et farceur.
Merveilleuses à lire, disions-nous, mais presque impossibles à écouter, d'abord parce que Picasso les suppose prononcées sans réfléchir par des petites filles qui disent n'importe quoi, et comment pourrait-on " répéter " avec de vraies bouches, après coup, ce charme, cette fraîcheur, ces improvisations imaginaires ? Si Picasso donne à son poème l'apparence d'une pièce de théâtre, c'est afin d'orienter la vision, l'écoute de ses pages, de donner une aimantation de vie, de mettre la lecture en relief, en mouvement, mais cette illusion d'un théâtre " supposé " est fragile, impalpable, et ne peut passer à l'action que dans l'esprit, dans la lune, et pas sur des planches réelles avec des acteurs réels.
Citons des exemples, ce sera plus clair (si l'on peut dire). Picasso écrit : " Un grand ovale jaune lutte en silence entre les deux points bleus de toutes ses griffes retournées dans la chute d'Icare de l'écheveau des lignes du piège du losange vert olive étranglé des deux mains par le violet si tendre du carré de l'arc vermillon lancé de si loin par l'orange ". Et voici un autre passage : " La poussière dorée qui accroche à chaque soupir les sauts de cabri du bandeau blanc qui lève la barque à la fenêtre isole des marches de l'amphithéâtre la charrue et le sillon qui solennellement immolent la chèvre enchaînée sur le papier immaculé de la grande page écrite. "
Comment écouter de telles phrases (tout le texte de Picasso est fait comme ça). Le public ne pourra suivre, il déclarera forfait, alors qu'avec un livre, en s'armant de talent, en faisant des pauses " Volvic " et des mouvements respiratoires, on peut parvenir à lire les Quatre Petites Filles, et à trouver cela, même, charmant et sportif.
M. Jean Gillibert, à qui tout un chacun reconnaît le mérite de foncer dans le brouillard, a eu raison de mettre en scène ce poème de Picasso, car il rappelle ainsi l'existence de ce petit livre phénoménal, mais on ne saurait trop déconseiller d'aller voir ce spectacle au Centre Pompidou : des bidons et de vieux pneus, gris, moches, remplacent les beaux fruits et légumes du jardin potager de Picasso, il n'y a bien sûr ni cheval ailé ni ballet de fourmis, et quatre comédiennes d'âge caduc ou presque, déguisées en fillettes, essaient de donner une dimension lyrique, sentencieuse, à la "partouse" verbale de Picasso. C'est la tasse.
Et pour se retrouver les pieds par terre, citons la seule phrase des Quatre Petites Filles immédiatement saisissable : " Aujourd'hui le 17 du mois de mai de l'année 1948, notre père a pris son premier bain et hier, beau dimanche, est allé voir à Nîmes une course de taureaux avec quelques amis, et mangé un plat de riz à l'espagnole. " Voilà, et le soleil entre dans la chambre, et il fait chaud, rien que de songer à ce mois de mai où Picasso était vivant."
MICHEL COURNOT. 16 mai 1981.
La mécanique du hasard / Théâtre du Phare
un décor presque minimaliste, un désert ressemblant à une coupe d'arbre centenaire (généalogique ?), un frigo
La mécanique du hasard
Théâtre du Phare-Olivier Letellier
d'après Holes (Trous)-Le Passage
de Louis Sachar (1998)
adaptation Catherine Verlaguet
La mécanique du hasard, durée une heure, vu à la Maison des Comoni au Revest, le 5 novembre à 19 H 30, dans le cadre de la Saison Jeune Public du Pôle (scène conventionnée d'intérêt national arts et territoires), est un fabuleux spectacle d'une précision et d'une fluidité qui nous captent du début à la fin. Heureusement, si on décroche, impossible de raccrocher, de se raccrocher tellement cette histoire est multiforme, riche d'informations qu'il faut engranger et relier, une histoire de malédiction (l'emploi de ce mot mériterait attention car il est du registre performatif : une malédiction est un énoncé agissant dans le temps, à l'insu de la victime = quand dire c'est faire, or aujourd'hui, le langage performatif est celui de tous les manipulateurs aux pouvoirs, on ne parle pas pour dire le vrai ou la (sa) vérité, on parle pour agir sur le réel, pour qu'il se conforme à ce qu'on en dit ; Jupiter en est un exemple vivant) traversant 4 générations (une discipline étudie ces transmissions, répétitions inconscientes, la psychogénéalogie transgénérationnelle de Anne Ancelin Schützenberger ou la métagénéalogie dont Alejandro Jodorowski est l'inventeur = de l'importance de construire son arbre généalogique), malédiction partant de Lettonie, passant par Las Vegas, s'arrimant dans le lac vert, aujourd'hui asséché, autrefois terre fertile, devenu camp de redressement pour adolescents délinquants.
Stanley Yelnats = Stanley à l'envers, est un ado envoyé dans ce camp pour creuser des trous au fond du lac. Mais ce sont les héritages familiaux qu’il va déterrer : l’histoire de son horrible-abominable-vaurien-d’arrière-arrière-grand-père qui avait volé un cochon à une tzigane unijambiste qui s’était vengée en lui jetant un mauvais sort, la malédiction. Mais aussi celle de son père inventeur de génie qui s’acharne à recycler les vieilles baskets qui puent grâce à un spray. Ou encore celle de son arrière-grand-père dont la diligence a été dévalisée par la redoutée « Embrasseuse ». Une puissante histoire d’amitié entre ados (lui et Zéro, oui, Zéro, un zéro disent les autres, un héros à sa façon) va se construire sur ce fond de légende héréditaire. Des histoires parallèles, à un siècle d’intervalle, que l’on découvre étrangement liées par des indices savamment distillés tout au long du récit, porté par deux comédiens (Fiona Chauvin, Guillaume Fafiotte) multifonctions, narrateurs, personnages, dont la partition corporelle, gestuelle est comme une chorégraphie avec pour tout accessoire, mais quel accessoire, un frigo (symbole autrefois de la société de consommation) qui est tout, barque, trou, désert, montagne à gravir, lieu du trésor de l'embrasseuse (l'institutrice du village de jadis) qui tue pendant 30 ans les égarés dans le désert pour se venger de la mort de son amant noir par le shérif.
Comment le Stanley de la 4° génération réussit-il à un moment donné à ne plus être au mauvais endroit au mauvais moment, à rompre le cycle de la répétition du pas de chance ?
C'est à travers des épreuves terribles et des signes semés par les prédécesseurs qu'il reconstitue ou fabrique son histoire (à trous sans doute) liée à celles de ses ancêtres dont il ne sait quasiment rien; ce faisant, il se trouve, s'identifie, devient lui et capable de décisions, ça commence par NON et par j'y arriverai; se mettent en place des séries non prévisibles mais qui vont jouer leur rôle de libération de la malédiction : manger des oignons, trouver un tube de rouge à lèvres, rencontrrer des lézards jaune-vert qui cessent de mordre pour tuer...
Quand on est embarqué dans ce genre de cheminement libérateur, aujourd'hui on parle de lâcher-prise, ne pas chercher à comprendre, à dominer la situation, accepter ce qui vient, ne pas faire le tri, les indices, les coïncidences, les opportunités, les synchronicités s'offrent et c'est enfin l'éclaircie, la lumière se fait ; quelque chose de l'inconscient, de l'inconscient personnel mais surtout de l'inconscient collectif, celui mis à jour par Jung, agit : « en plus de notre conscience immédiate, il existe un second système psychique de nature collective, universelle et impersonnelle qui est identique chez tous les individus. Cet inconscient collectif ne se développe pas individuellement, mais est hérité. Il se compose de formes préexistantes, les archétypes, lesquels donnent un sens aux contenus psychiques ». Pour Jung, reconnaître l'existence et l'influence de l'inconscient collectif, c'est reconnaître que « nous ne sommes pas d'aujourd'hui ni d'hier ; nous sommes d'un âge immense » (je dirai immémorial, l'inconscient collectif, à travers les archétypes, c'est l'éternité au présent, c'est l'infini en nous : tout est lié, relié, tout est déjà là)
La musique, les lumières, le fond du lac-le désert qui a la forme d'une coupe d'arbre centenaire, le frigo font partie intégrante du déroulement du récit avec un moment particulièrement fort, émouvant, la montée de la montagne. Création lumière Sébastien Revel / Création sonore Antoine Prost / Scénographie et Régie Colas Reydellet.
Le public, très varié, avec beaucoup de jeunes, collégiens, lycéens, particulièrement à l'écoute, a fait une ovation méritée à l'équipe du Théâtre du Phare-Olivier Letellier qui sait fouiller coins et recoins des jeux de l'inconscient.
Le livre Holes (Trous) de Louis Sachar est paru en 1998, très apprécié comme livre jeunesse. Il est paru en français sous le titre Le Passage en 2000.
Le roman a été adapté en film en 2003 par Walt Disney Pictures, sous le titre La Morsure du lézard
Louis Sachar a écrit une suite Manuel de survie de Stanley Yelnats
Alors, toi aussi tu as échoué dans un centre d'éducation pour jeunes délinquants ? Si tu es ici, c'est parce que tu as fait une bêtise et la justice t'a condamné à creuser des trous pendant plusieurs mois. Tu viens d'arriver et tu as peur, n'est-ce pas ? Tant mieux, car la peur maintient en alerte. Tu te sens probablement très seul. Et tu l'es, malgré les six conseillers d'éducation et les trente-quatre pensionnaires qui vivent avec toi dans le camp. Ne baisse pas les bras. Ce manuel de survie peut te venir en aide.
Stanley Yelnats en est l'auteur. Il sait de quoi il parle, il est passé par là lui aussi. Tu peux lire son histoire dans « Le Passage ». Quand il a appris qu'on allait ouvrir dans tout le pays des centres pour jeunes délinquants, garçons et filles, sur le modèle du camp du lac vert, il a écrit ce guide. Un guide qui peut te sauver la vie : il t'apprendra à éviter les pièges du désert, à différencier une tarentule d'un scorpion, à découvrir le règlement secret du centre, mais surtout, tu sauras que pour t'en sortir, mieux vaut jouer au plus malin que jouer les gros durs.
L'adaptatrice du roman Holes (Trous), Le Passage de Louis Sachar est une varoise Catherine Verlaguet; j'ai trouvé très efficace ce texte : on ne perd pas une miette de l'histoire.
Jean-Claude Grosse, le 7 novembre 2019
/image%2F0551669%2F20170116%2Fob_931afc_nuit-jour-leve5-200x300.jpg)
La nuit où le jour s'est levé / Théâtre du Phare - Blog de Jean-Claude Grosse
la métaphore des mains accoucheuses, la roue Cyr aux usages physiques et métaphoriques "efficaces", photos de CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE La nuit où le jour s'est levé (ou le désir d'enfant com...
http://les4saisons.over-blog.com/2017/01/la-nuit-ou-le-jour-s-est-leve/theatre-du-phare.html
GJ en atelier théâtre/atelier théâtre avec GJ
/image%2F0552430%2F20190126%2Fob_5f8b72_avide-eat-couv.jpg)
Sur le droit d'auteur - Les Cahiers de l'Égaré
pour l'actualité de cet article de 2006, lire EAT paru en avril 2016 SUR LE DROIT D'AUTEUR CONDORCET ou BEAUMARCHAIS ? Parole libre, pas dans l'air du temps J'ai lu le compte-rendu : Parole libre ...
Condorcet ou Beaumarchais, enjeux fondamentaux, article écrit en 2006
« Il y eut un temps où les textes qu'aujourd'hui nous appellerions «littéraires» (récits, contes, épopées, tragédies, comédies) étaient reçus, mis en circulation sans que soit posée la question de leur auteur; leur anonymat de faisait pas de difficulté. »
Michel Foucault
Contre l'appropriation du logos par la pensée propriétaire de la personne et de l'auteur :
« C'est pourquoi il faut s'attacher au commun. Car le commun unit. Mais lors que le logos est commun aux êtres vivants, la plupart s’approprient leur pensée comme une chose personnelle. »
Héraclite, traduit par Simone Weil, La source grecque, Paris, Gallimard, 1953.
voici un dialogue rendu possible par vol de voix sur FB;
merci aux trois jouteurs jaculatoires : Jean-Marc Adolphe, Salvatore Spada et Tristan Laouen auxquels j'ai volé leurs phrases sans demander d'autorisation ni payer de droits d'auteur, l'assaisonneur
Salvatore Spada
- Acte I acte II acte III acte IV acte V acte VI acte VII acte VIII acte IX acte X acte XI > notre théâtre s'écrit ailleurs > le confortable fauteuil pour bien dormir dans la salle de théâtre est resté vide de sa représentation bourgeoise au petit scandale à succès. Le théâtre de la représentation aura été court circuité > l'atelier de théâtre n'a plus besoin de son public numéroté, l'atelier de théâtre se fait sans public ajouté ? L'atelier de théâtre a déserté les salles de théâtres ? Vas-tu au théâtre ? Non je fais atelier de théâtre. L atelier de théâtre rencontre sa sortie de la société du spectacle?
On ne fait pas du théâtre sans oser court-circuiter son propre dispositif de pouvoir. Notre art sera alors art du court-circuit sans public ajouté. Vidons les confortables fauteuils de théâtre et osons l'atelier > non plus finalisé à la scène bourgeoise avec public ajouté > l'écriture passe ailleurs. C'est le fait même que l'écriture de théâtre passe ailleurs que dans les salles de théâtre que notre atelier de théâtre vide les salles de théâtre de son dispositif de pouvoir.
Tristan Laouen
- Et si le silence, relatif ou assourdisssant selon, du milieu artistique et culturel face au mouvement des gilets jaunes avait son explication dans le fait que l’art et la culture sont devenues en France depuis 30 à 40 ans de nouvelles formes de gouvernementalité des populations qui rêvent de publics spectateurs et consommateurs et ne sont jamais autant satisfaites que quand elles parviennent à faire assoir des publics pour leur servir la soupe ?
La politique et la consommation culturelles ont pour objectif de former et d’encadrer le peuple et sa volonté générale, qui manquent tous deux, pour leur substituer des publics assis et spectateurs, gouvernés par leurs opinions.
Les publics assis et spectateurs existent partout là où le peuple se gouverne par la toxicomanie de la doxa et l’immobilisme inoffensif de la consommation culturelle.
Les publics assis et spectateurs applaudissent au spectacle du monde tel qu’il va, comme les ânes vont aux urnes, les moutons au supermarché, les fourmis au travail, les sourds aux scènes de musiques actuelles et les philosophes à l’université.
Sarkhosny inaugurait jeudi 13 octobre 2011, le centre Pompidou mobile à Chaumont sur Marne, deux jours avant le 15 octobre 2011, date annoncée de la révolution mondiale . Devant des toiles de Klein, de Picasso, de Matisse, il a déclaré, avant de railler les propositions d’augmentation du budget de la culture de T’art’inn Aubry : « La culture est la réponse à la crise. Quand il y a crise, drame, aller au musée, au spectacle vivant, c’est la solution ». Reprise présidentielle du « supplément d’âme » de Bergson, malgré les dénégations, surajouté à la catharsis d’Aristote quand ce n’est pas plus trivialement le « panem et circenses » de Juvénal et des césars de la Rome antique.
Sarkhosny réaffirme aujourd’hui la politique culturelle comme nouvelle forme de gouvernementalité (Foucault) des sociétés de contrôle (Deleuze). Certes, Sarkhosny fait figure d’amateur en comparaison de l’orfèvre que fut Jack Langue. Mais ce qui s’installe, à droite comme à gauche, par delà les sociétés disciplinaires d’autrefois, c’est la culture comme substitut à la politique tout court, un énorme outil de dépolitisation se parant des vertus de l’émancipation intellectuelle. Car la démocratie du tout culturel nous plonge tous les jours dans un bain ludique et anesthésiant qui prend le relai de la propagande informationnelle. Celui du présent perpétuel de biens culturels à disposition qui nous donne l’illusion de savoir et de choisir, qui fait de nous des humains cultivés, repus, satisfaits et bientôt pétrifiés … Les publics harcelés par la nouvelle armée des « médiateurs culturels » sont partout conviés à se mettre en rang dans les queues des musées, à payer pour s’assoir au spectacle avant qu’on leur serve la soupe. Et le théâtre, le centre d’art contemporain, la scène de musiques actuelles, le cirque politique et médiatique et les écrans, fusionnent dans un parc de loisirs étendu désormais aux dimensions du monde.
Nausée soudain. L’art peut-il quelque chose au visage de méduse de la culture ?
« Plus l'homme cultive les arts, moins il bande.
Il se fait un divorce de plus en plus sensible entre l'esprit et la brute.
La brute seule bande bien, et la fouterie est le lyrisme du peuple. »
Charles Baudelaire, Mon coeur mis à nu.
Gilets jaunes - La belle et la bête (#Apprivoiser)
GILET JAUNE·DIMANCHE 20 JANVIER 2019
Candide : Qui est cette nageuse qui défie ce grand requin blanc?
Marianne : Ocean Ramsey, une biologiste marin.[1]
Candide : La réalité dépasse parfois la fiction.
Marianne : A vrai dire, elle la dépasse toujours. Car il se trouve toujours des hommes et des femmes pour faire dévier le “réel” de sa trajectoire et ringardiser en quelque sorte la fiction que l’on tenait jusqu’alors pour la réalité. C’est vrai en sciences mais c’est vrai aussi s’agissant de nos trajectoires existentielles.
Candide : De quelle fiction parles-tu?
Marianne : De celle que nous projetons sur l’écran de notre pensée réfléchissante. Rappelle-toi, le monde est un vaste miroir dans lequel nous nous mirons. Soit nous admettons que l’image qu’il nous tend est la conséquence de notre façon de l’envisager, et décidons de réformer notre entendement pour changer l’ordre des choses ; soit nous brisons le miroir et nous perdons toute chance de nous amender et par la même de transformer le monde... En l’espèce, cette jeune nageuse que nous voyons sur la photo a décidé de changer l’ordre des choses, celui qui tend à réduire le requin à sa réputation de mangeur d’hommes. Spinoza a fait la même chose, mais avec l’homme.
Candide : Que veux-tu dire?
Marianne : Que Spinoza s’oppose explicitement à Hobbes selon lequel l’homme, dans l’état de nature, est un loup pour l’homme, autrement dit un prédateur, et qu’il faut en conséquence “accorder au Léviathan, à l’Etat sécuritaire, tous les moyens nécessaires pour le dompter.”[2]. Spinoza n’est pas un bisounours. Il sait que l’homme est envieux par nature et que « si nous imaginons que quelqu’un prend de la joie à un objet qu’un seul peut posséder, nous nous efforcerons d’obtenir qu’il n’en ait plus la possession[3] » Mais contrairement à Hobbes, Spinoza pense qu’il est dans la nature de l’homme de s’amender et de transformer les passions mauvaises en vertus. Mieux : pour Spinoza, c’est l’Amour qui est cause de tout. C’est parce que “ tous veulent être loués ou aimés par tous [qu’]ils se tiennent tous réciproquement en haine. »[4] Comprendre nos affects, apprivoiser notre véritable nature, c’est se donner la possibilité de transformer la haine en amour, la peur en courage, l’avarice en générosité, etc. et de faire que l’homme devienne “un dieu pour l’homme”! [5] Mais pour cela, il faut s’apprivoiser. Apprivoiser sa nature véritable et apprivoiser l’autre, l’altérité, qui souvent nous apparaît de prime abord comme une menace.
C’est ce qu’a fait Ocean Ramsey. Elle a apprivoisé sa peur et le requin, refusant de réduire ce dernier à son statut de prédateur :
Si le pouvoir était mû par des sentiments aussi honorables que ceux de cette biologiste marin, il chercherait à apprivoiser sa peur et le mouvement des Gilets jaunes.
Candide : De quoi le pouvoir peut-il bien avoir peur?
Marianne : Ne sous estime pas la peur des élites. Leur peur est d’autant plus grande qu’ils ont beaucoup à perdre, leurs privilèges mais aussi et surtout la haute estime qu’ils ont d’eux-mêmes. Apprivoiser les Gilets jaunes, ce serait comme admettre que leur parole est légitime. Or pour les élites, toutes les paroles ne se valent pas. Elles incarnent, du moins le pensent-elles, la voix de la raison tandis que le peuple exprimerait celle des passions.
Candide : Et ce n’est pas le cas?
Marianne : S’il en était ainsi, elles feraient en sorte de ne pas exacerber les passions mauvaises parmi les gens du peuple. Or que cherche le Président en désignant les Gilets jaunes de “foule haineuse” et en les qualifiant d’homophobes, de racistes, d’antisémites, de séditieux , si ce n’est à faire du mouvement une menace et à nourrir dans l’opinion un sentiment de Haine et d’Angoisse ? Ce n’est pas pour rien que les hommes de pouvoir, et les médias qui les soutiennent, jouent sur la peur. Ayons à l’esprit que le JT de TF1 ouvre depuis de très nombreuses années sur une musique angoissante, tirée du film Les dents de la mer :
Candide : Quel est leur but?
Marianne : Provoquer la sidération et donc le sentiment d’impuissance et la soumission. La sidération, c’est lorsque « le désir d’éviter [un] mal futur est réprimé par la peur d’un autre mal, de sorte qu’on ne sache plus celui qu’on préfère, […] notamment lorsque les deux maux que l’on craint sont parmi les plus grands »[6] En l’espèce, il s’agit de réprimer par l’escalade de la violence le désir des Gilets jaunes d’échapper au destin que leur préparent les élites, dont ils pensent qu’il est sans avenir, à tort ou à raison.
Candide : Que peuvent faire les Gilets jaunes pour ne pas tomber dans ce piège?
Marianne : Apprivoiser leurs propres peurs et apprivoiser ceux qui leur sont hostiles.
Candide : Comment fait-on?
Marianne : Le renard de Saint-Exupéry nous aide à y voir clair : apprivoiser, « ça signifie “créer des liens” », dit-il au petit prince.
Candide : Créer des liens?
Marianne : Oui, comme la Belle et la Bête. Au début, la Bête est repoussante. Mais peu à peu, la Belle apprend à vivre avec la Bête, et même à l’apprécier. Sa peur se dissipe à mesure que leur relation devient plus harmonieuse. Ils finissent par se compléter et avoir besoin l’un de l’autre. Jusqu’à l’épisode final où, surmontant ses dernières réticences, la Belle embrasse la Bête, métamorphosant celle-ci en Prince, qu’il n’avait jamais cessé d’être.
Candide : Qu’il n’avait jamais cessé d’être?
Marianne : Oui, comme le requin n’a jamais cessé d’être du Prince. Mais c’est nous qui l’habillons de l’habit du prédateur. A ce titre, il est dangereux. Mais il est une autre façon de le voir et de se comporter avec lui. Alors le requin, respecté dans sa dimension princière, n’est plus du tout le même. Comme le dit le petit prince à l’aviateur : “On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.”
Bien sûr, il reste très dangereux pour qui ne l’a pas apprivoisé, autrement dit pour qui n’a pas appris à le connaître. Comme le dit très justement Ocean Ramsey, faisant sienne une phrase de l’environnementaliste Baba Dioum : « les gens ne protègent que ce qu’ils aiment et ils n’aiment que ce qu’ils comprennent.» Voilà qui fait singulièrement écho à la doctrine de Spinoza pour qui l’Amour coïncide avec la Connaissance. Et c’est pourquoi le conseil d’Océan (!) au titan révolté Prométhée résonne encore avec tant de force à nos oreilles : “Connais-toi toi-même, et, t’adaptant aux faits, prends des façons nouvelles.”
Mettre fin à la domination et à la prédation excessive des hommes, cela passe par nous apprivoiser les uns les autres. Cela suppose des lieux où il est possible de se côtoyer sans décliner son identité, sans qu’il soit besoin de dire qui on est, pourquoi on est là, sans avoir à se justifier. C’est ce que font les Gilets jaunes sur les ronds-points. Des liens se créent. Sur quoi déboucheront-ils? Sur quelque chose de peut-être totalement inédit.
(A suivre...)
Notes :
[2] https://mailchi.mp/timetophilo/lhomme-peut-il-tre-un-dieu-pour-lhomme
[3] Prop.32, Partie III, Ethique [4] Scolie, proposition 31, partie III, Ethique [5] Scolie, proposition 35, partie IV [6] Scolie, proposition 39, partie III, Ethique
15 octobre 2011, déjà, pas 2018 ou 2019
" MACRON DANS SON BUNKER , Le JDD du 27 janvier 2019
par Gilles Revault d'Allonnes
EXCLUSIF - Du saccage de l’Arc de Triomphe, le 1er décembre, à l’allocution télévisée d'Emmanuel Macron, le 10, comment l’Elysée a vécu une crise sans précédent.
Sous la Ve République, c'est une première. Vendredi 7 décembre, les collaborateurs qui seront de permanence le lendemain visitent un secteur du palais de l'Élysée qui leur est d'ordinaire interdit. Brigitte Macron s'est jointe à eux. À la veille de l'acte IV du mouvement des Gilets jaunes, le petit cortège, guidé par des hommes du service de sécurité, accède au fameux PC Jupiter, le bunker ultrasecret réservé au Président et à son état-major en cas d'attaque thermonucléaire. "On nous a expliqué qu'en cas d'alerte c'est là qu'il faudrait peut-être se réfugier", indique un témoin.
Le samedi précédent, des manifestants ont déferlé sur les avenues qui mènent à la place de l'Étoile et pris d'assaut l'Arc de Triomphe. Saccages, flammes, charges violentes contre les CRS. Certains ont lancé des appels à marcher sur l'Élysée. Les plans des égouts du quartier circulent sur les réseaux sociaux, un vent d'insurrection souffle sur la capitale. Même les gendarmes du commandement militaire de la présidence n'en mènent pas large. Et si, la prochaine fois, les émeutiers réussissaient à forcer la porte?
On s'est vraiment cru à la veille du 10 août 1792
"Ce jour-là, on s'est vraiment cru à la veille du 10 août 1792", poursuit le même collaborateur, en référence à la prise des Tuileries, tournant de la Révolution qui précipita la chute de la monarchie. Dans les ministères, l'atmosphère est tout aussi pesante. "On m'a demandé d'enlever de mon bureau tous les documents confidentiels et d'emporter mon ordinateur, au cas où, raconte un conseiller. Ça en dit long sur le climat du moment."
Un "Crève !" dont il parlera longtemps
Au moment de l'attaque contre l'Arc de Triomphe, Emmanuel Macron était à Buenos Aires pour le G20. Dès sa descente d'avion et sans même faire un crochet par l'Élysée, le dimanche 2 décembre, il s'est rendu dans le quartier dévasté des Champs-Élysées. Il y a essuyé des sifflets. Le mardi soir, il est parti pour Le Puy-en-Velay, où la préfecture de la Loire venait d'être incendiée par des Gilets jaunes. L'étape a tourné au cauchemar. Un enragé s'est jeté sous les roues de sa voiture pour bloquer le passage, puis des agents préfectoraux, que des casseurs avaient menacé de "griller comme des poulets", sont tombés dans ses bras, en pleurs.
À la caserne de gendarmerie, le chef de l'État doit sortir par l'arrière afin d'éviter les Gilets jaunes regroupés devant le bâtiment. Scène stupéfiante : le Falcon présidentiel doit même décoller en urgence parce que des manifestants s'approchent de l'aérodrome ; il devra redescendre peu après pour embarquer précipitamment le chef de l'État et son staff. Et puis il y a les huées, les injures lancées sur le passage de son véhicule, et ce mot terrible quand il a baissé la vitre de sa portière : "Crève !" Choqué, il en parlera à tous ses proches les jours suivants.
Les gens sont arrivés à un degré de haine qui interpelle
"Les gens sont arrivés à un degré de haine qui interpelle", s'inquiète-t-il. Un de ses familiers résume : "Macron n'était jamais allé sur un rond-point. Là, il a vu des gens déchaînés face à lui, c'était la première fois." Un autre ajoute : "Ce jour-là, il a découvert la vraie haine des irréductibles." Le Président tombe de haut. Sibeth Ndiaye, sa conseillère pour les relations avec la presse, confie le soir même aux macronistes de la première heure avec qui elle dîne : "On vient de vivre un niveau de violence hallucinant."
Brigitte Macron, la plus choquée
La plus bouleversée, c'est Brigitte Macron. Elle ne comprend pas que l'image de son mari soit à ce point dégradée sur les ronds-points occupés, sur les banderoles, dans les slogans. Aux critiques haineuses portées contre lui, elle répond : "Ce n'est pas lui!" Mais elle semble d'autant plus désorientée qu'elle aussi est la cible de propos outrageants. Ce qui renforce le désarroi du Président. "Il est très touché pour Brigitte, comme Pompidou l'avait été pendant l'affaire Markovic", décrit un proche (en allusion au scandale de 1968 dans lequel les calomnies couraient sur la vie privée de l'épouse du Premier ministre). "Elle vivait un truc inattendu, ajoute ce témoin, disproportionné et d'une violence inouïe…"
Il est très touché pour Brigitte, comme Pompidou l'avait été pendant l'affaire Markovic
Pourquoi tant de haine? La question est posée, en réunion de cabinet, cette semaine-là, par un conseiller : "Connaissant le Président, sa qualité humaine, son empathie, sa chaleur, comment se fait-il que beaucoup de Français ne le supportent plus?" Le secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler, a opiné : "Tu as tout à fait raison !" Mais personne n'a donné la réponse. Encore moins une solution pour y remédier. Hormis, peut-être, la nécessité pour Macron de faire momentanément profil bas. L'intéressé a reçu le message : si c'est sa personne qui déclenche la rage, mieux vaut disparaître des écrans, au moins quelques jours. Rester caché.
Deux semaines plus tard, il renoncera d'ailleurs à aller se recueillir le 8 janvier sur la tombe de Mitterrand à Jarnac, en Charente, comme il l'avait envisagé, à l'occasion du 23e anniversaire de sa mort. Un simulacre de procès tenu par des Gilets jaunes à Angoulême suivi de la décapitation à la hache d'un mannequin à son effigie l'en dissuadera. En ce début décembre, les ministres, eux aussi, annulent pour raisons de sécurité des déplacements prévus en province. Avec le mutisme présidentiel, l'exécutif semble tétanisé. Un ministre en témoigne : "Il y avait une grande paralysie parce que tout le monde attendait l'oracle. On attendait que le Président nous dise ce qu'il fallait penser…"
Quand Le président ne sait pas quoi dire
Mais Macron ne parle pas. En fait, il ne sait pas quoi dire. Le 15 novembre, juste avant l'éclosion du mouvement des Gilets jaunes, il a parlé sur TF1, en direct du porte-avions Charles-de-Gaulle. Son aveu d'impuissance – "Je n'ai pas réussi à réconcilier les Français avec leurs gouvernants" – a fait un flop. Qu'ajouter, maintenant que ce divorce s'est changé en fureur? Des ministres sont sortis troublés d'une réunion à l'Élysée ; deux racontent avoir vu le chef de l'État "livide, agité, parlant à toute vitesse en faisant des gestes brusques, on ne l'avait jamais vu comme ça".
Pour la première fois, il a eu l'air dépassé par les événements
Soudain, le superprésident paraît fragile, amoindri. Un de ces ministres ajoute : "Avant, il avait toujours réponse à tout ; cette fois, il cherchait mais il ne trouvait pas, il hésitait. Pour la première fois, il a eu l'air dépassé par les événements." Un de ses amis s'en émeut : "Il a maigri. Quand tu le touches, il n'y a plus rien…" Le président du Sénat, Gérard Larcher, qui s'entretient plusieurs fois avec lui, au téléphone ou de visu, durant cette période, confie à son entourage l'avoir trouvé fatigué et fébrile. À la fin d'un de leurs tête-à-tête, Macron l'a surpris en lui agrippant le bras et en lui soufflant : "Vous ne me lâchez pas, hein?"
L'exécutif au bord de la crise de nerfs
Édouard Philippe et Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur, sont envoyés au front. Objectif : montrer que la priorité du pouvoir est de rétablir l'ordre face aux fauteurs de troubles. "On pense qu'on peut casser le mouvement sur le sécuritaire", décrypte un conseiller. Castaner est encouragé à se déployer dans les médias pour incarner un mélange de sévérité et de sérénité. Mais avec l'électricité qui est dans l'air, ce n'est pas gagné. Il va falloir lâcher du lest. Le Premier ministre lui-même en convient. "Après le week-end du 1er décembre, on a compris qu'il faudrait renoncer à la taxe carbone", souligne un de ses amis.
Si on recule, si on lâche maintenant, ça sera difficile
Le mardi 4 décembre, dans un salon au premier étage de Matignon, le petit déjeuner hebdomadaire des chefs de la majorité commence par un topo introductif d'Édouard Philippe. S'il n'évoque pas explicitement l'abandon de la taxe carbone, il prévient qu'il va faire des annonces en ce sens. Le leader des sénateurs En Marche, François Patriat, tord le nez : "Si on recule, si on lâche maintenant, ça sera difficile." D'autres estiment au contraire que cela n'est pas assez : "Ce n'est pas ça qui aura l'effet de souffle suffisant pour éteindre la contestation", estime l'un des présents. Mais la décision est prise, l'heure est aux concessions. Le Premier ministre, en conférence de presse, annonce le retrait de la hausse de taxe qui a enflammé le pays. Est-ce par maladresse ou parce qu'il désapprouve la mesure? Philippe parle de "suspension", alors que les Gilets jaunes attendent une annulation.
Embarras parmi les commentateurs – a-t-on bien compris ? –, flottement dans la majorité, vive irritation à l'Élysée. Alors que les Gilets jaunes, Nicolas Dupont-Aignan et la droite hurlent à l'"entourloupe", la présidence annonce qu'il ne s'agit pas de "suspendre", mais bien d'"annuler" la hausse. Dans l'hémicycle, le Premier ministre reçoit le communiqué comme un uppercut. Pour lui, le camouflet est rude. "Il l'a vécu comme un couac qui rajoutait au bordel, explique un conseiller. Il était très marri de la chose."
Macron veut éviter la cacophonie
Le chef du gouvernement se montre de plus en plus tendu, lui aussi. Quelques tics lui reviennent : cette façon de taper du poing dans la paume de sa main, d'enlever ses lunettes, de les mâchouiller, de les faire virevolter entre ses doigts… Les deux têtes de l'exécutif sont au bord de la crise de nerfs, et les ministres nagent en plein brouillard. Le mercredi soir, François de Rugy, invité d'une chaîne de télévision, appelle Macron pour être sûr de ne pas se tromper : oui, répond le Président, il faut bien parler d'"annulation"…
S'il ne s'exprime pas au grand jour, Macron reste attentif. Il veut éviter la cacophonie, qui donnerait l'impression d'un pouvoir à la dérive. Au conseil des ministres du 5 décembre, il rappelle que, au premier tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, François Asselineau et Nicolas Dupont-Aignan avaient recueilli à eux quatre "plus de 40 % des voix" (en réalité, 46,5 %) : "Cela traduisait un malaise en France, et ce même malaise s'exprime aujourd'hui." Que la fronde fasse de lui une cible, "ça fait partie du job", relativise-t-il.
Il y a des règles auxquelles personne n'échappe : dans un conflit, on paie, et on ouvre les négos
Son ami et conseiller Jean-Marc Borello, patron du groupe SOS, ne dit pas tout à fait la même chose : "Que réformer soit douloureux, c'est pas un scoop. On s'y attendait. Ce qu'il ne comprend pas, c'est l'intensité de la violence." Pour chercher les clés d'un phénomène qui le trouble, Macron consulte également, durant la semaine, ceux avec qui il aime croiser sa réflexion : Philippe Grangeon, historique de la CFDT, ancien cadre dirigeant de Capgemini, qui conseilla François Hollande et dont l'influence grandit dans l'écosystème présidentiel ; François Sureau, avocat et écrivain, défenseur des libertés publiques et des droits de l'homme.
Ces deux-là désapprouvent l'inflexibilité budgétaire prônée à Matignon et à Bercy, et relayée par le secrétaire général de la présidence, Alexis Kohler. Vieux routiers du social, Borello et Grangeon recommandent d'ouvrir les vannes pour soutenir le pouvoir d'achat. Borello résume, lapidaire : "Il y a des règles auxquelles personne n'échappe : dans un conflit, on paie, et on ouvre les négos."
La note de Richard Ferrand
Le 6 décembre, en réunion de cabinet, Macron présente une analyse élaborée sur la "triple crise" que révèle selon lui le mouvement des Gilets jaunes : "crise politique, crise morale, crise de l'information". Amer, il déplore que les chaînes d'information continue l'aient "transformé en personnage de téléréalité". Le samedi 8 décembre dans l'après-midi, alors que les manifestants marchent à nouveau dans Paris et que de nouvelles violences éclatent, il réunit sa garde rapprochée : outre Alexis Kohler et le conseiller spécial Ismaël Emelien, il y a là l'ancien ministre chiraquien Jean-Paul Delevoye, le président de l'Assemblée, Richard Ferrand, ainsi que François Bayrou et Philippe Grangeon, qui participent à la discussion par téléphone. Tous quatre plaident pour des gestes forts. Les propositions de chacun sont passées en revue : la prime pour les forces de l'ordre, une aide aux retraités, la défiscalisation des heures supplémentaires, l'organisation d'un grand débat national.
Macron avance l'idée de la prime de 100 euros pour les salariés les plus modestes. Ferrand, qui a préparé une note sur la façon de prendre la parole, pose la question : "Mea culpa ou non?" Lui plaide pour un acte de contrition public. Macron retient la suggestion, tout comme celle du grand débat. En fin d'après-midi, sa religion est faite : il annoncera lundi à la télévision une grande concertation nationale et diverses mesures sociales, pour une enveloppe estimée au bas mot à 10 milliards d'euros. C'est ce qu'il indique dans la foulée à Édouard Philippe, qui, une fois encore, encaisse. Un proche en témoigne : "Quand tu sors de dix-huit mois de bagarre budgétaire auprès de chaque ministre, où tu as porté l'ambition du redressement des comptes, et que d'un coup tu comprends qu'il faut accepter d'ouvrir les vannes, c'est un renoncement. Et c'est très douloureux."
Réunions de calage à l'Élysée
Le dimanche, les réunions de calage se succèdent à l'Élysée. L'après-midi, Macron rédige lui-même son allocution télévisée du lendemain, 20 heures. Jusqu'au bout, la haute Macronie est divisée. Avec Philippe Grangeon, Stéphane Séjourné, conseiller politique du Président, et le numéro deux de La République en marche, Pierre Person, tentent de convaincre Macron qu'il faut reconnaître le vote blanc – une revendication des Gilets jaunes. In extremis, il l'ajoutera à sa liste de courses, que seule une poignée de confidents a pu lire en intégralité avant l'allocution du lundi.
"Tout le monde appelait tout le monde en demandant : "tu sais ce qu'il va dire?", rapporte un conseiller. Les ministres voulaient savoir qui allait manger son chapeau." Mais rien ou presque ne filtre. "L'effet de blast, notamment des 100 euros de prime, n'aurait pas été le même." Pour donner ampleur et solennité au mouvement qui se prépare, Macron reçoit les présidents de l'Assemblée et du Sénat, ceux des grandes associations d'élus, les dirigeants des syndicats. Mais devant eux non plus, il ne se dévoile pas.
L'explication entre Macron et Kohler
La déclaration est enregistrée en une prise, le lundi, à 19 heures. Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, et le jeune secrétaire d'État Gabriel Attal sont briefés par téléphone quelques minutes avant la diffusion pour pouvoir en faire le service après-vente, aussitôt après, dans les médias. Au bout du fil, Macron leur semble avoir retrouvé sa voix des bons jours. Il veut que tout soit clair. Sa consigne : sur les heures supplémentaires, arrêter le langage "techno", ne plus dire "défiscalisation" ni "désocialisation", mais qu'on parle d'heures supplémentaires "sans impôts ni charges". "On n'a jamais fait autant d'un seul coup sur les salaires", souligne-t-il. In extremis, il appelle aussi la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, juste avant qu'elle n'entre sur le plateau de France 2. La liaison est médiocre et le temps presse : ils n'échangeront que quelques mots.
Le lendemain, le Président et son secrétaire général ont une explication. Alexis Kohler, d'ordinaire impeccablement aligné sur les positions du Président, était opposé à tout recul face aux Gilets jaunes. "C'est trop tard, il fallait le faire avant", estime-t-il. Un autre proche de Macron approuve : "On a manqué de réactivité, on aurait dû faire tout ça une semaine plus tôt." Macron, lui, estime qu'il a au moins repris l'initiative. À l'issue de cette semaine où son pouvoir a semblé vaciller, il juge avoir évité la crise de régime. La crise politique, elle, est encore devant lui."
À comparer avec de Gaulle fin mai 1968. La pièce La révérence raconte (éditée aux Cahiers de l'Égaré, elle passe au Comédia à Toulon le 26 avril):
Si l’année 1968 fut la révolte de la jeunesse, elle fut aussi le prélude d’un grand chambardement politique. L’année qui suivit de Gaulle quittait le pouvoir en démissionnant de son poste de Président la République : il tirait sa révérence politique avant de tirer, quelques mois plus tard, sa révérence parmi les vivants. Récit d’un homme face à son destin, stupéfait d’un monde qu’il ne maitrise plus, la pièce va nous plonger dans les tout derniers jours de ce fameux mois de mai, lors d’un secret voyage à Baden-Baden en Allemagne, dans les contradictions et les enjeux de la dernière convulsion révolutionnaire que la France ait connue.
Texte : Philippe Chuyen et José Lenzini
Mise en scène : Philippe Chuyen
(Philippe Chuyen doit écrire La révérence 2 en partenariat avec les GJ qui vont l'aider pour la fin)
ou suite à inventer par les EAT, l’association indispensable et incontournable des écritures du réel et des bruits du monde (ne le prenez pas mal, c’est de l’humour)
cela dit, on va voir ce que va donner le livre barricade ou livre rond-point initié par Raphaël Rubio et à paraître aux éditions de la petite barque qui prend l’eau de Lionel Parrini à Gardanne (livre pluriel, projet chapeau !)
Le Nouveau Monde/Gilles Cailleau/Attention fragile
Le Nouveau Monde, le livre aux Cahiers de l'Égaré, photos de Catherine Briault, la mini tornade du 20 juillet 2018 et ses effets
Dimanche 5 février 2017, dernière représentation de la création du Nouveau Monde de et par Gilles Cailleau, une histoire "poétique" du XXI° siècle, sous le chapiteau de Attention fragile à La Valette.
Le dossier de presse, riche, révèle les intentions de Gilles Cailleau, qui est sur ce projet depuis 2008, avec des intermittences, du coeur peut-être.
"L’histoire mouvementée de cette création fait partie de son ADN, parce qu’on ne peut pas raconter une histoire titubante et encore inconnue sans ces tatonnements et cette fragilité d’équilibriste. En tous cas ces embûches, ces volte-face, ces grains de sable dans la mécanique m’ont appris une certitude : je n’ai pas d’autre nécessité aujourd’hui que de raconter l’histoire générale, poétique, inquiétante et inachevée du XXI° siècle.
C’est un spectacle d’enfant qui ne comprend pas le monde et joue à la poupée pour essayer de se dépatouiller de ce qui lui tombe dessus. Il joue aux marionnettes, aux petits avions, il fabrique des bateaux en papier. Il cloue des planches, il les attache avec des ficelles, il joue avec des couteaux, il se déguise, il essaye, il tombe, il réessaye, il fait des échasses, il fait de la magie, il veut épater ses parents, ses copains, ses copines. Il fait semblant d’être mort, d’être un héros, d’être une star, il aime les berceuses, danser, chanter à tue-tête, c’est un garçon il aime les drapeaux, compter, écrire des poésies. Quand il tombe devant les autres il est vexé comme un pou, des fois aussi il s’en fout.
Le monde qui vient est si sauvage, si nouveau, et par tant d’aspects si insupportable et révoltant, qu’il faut à nouveau jouer à la poupée pour le comprendre. Mais quelles poupées, mais quelles histoires ? Je n’en connais, au début de ces répétitions, que quelques lueurs fragmentaires, mais je sais au moins une chose. Le cirque, à moi vieil acrobate devenu depuis longtemps acteur, doit remplacer le langage habituel du théâtre pour essayer de donner un corps, une chair à mes questions et à mes inquiétudes.
Je me demande si ça n’a pas commencé en 1984, avec l’isolement du virus du Sida et ce que ça a peu à peu transformé en nous, qui sommes passés de la confiance à la méfiance, avec cette peur commune à tous qu’il fallait faire taire dans l’œuf l’envie de se donner sans limite, qu’il fallait faire attention à l’autre (faire attention à l’inverse de porter attention, comme on dit à son gosse – fais attention, méfie-toi), qu’il fallait avant tout se protéger de celui qu’on aimait, de celui dont on avait envie. Je me demande si ça n’a pas commencé ce jour-là, le nouveau siècle, je me demande si ce n’est pas ce jour-là que la sécurité a gagné la guerre qui l’opposait à la liberté. Je me demande si tout ce qui a suivi depuis ne vient pas de là. Évidemment ce siècle qui vient est plus compliqué : il y a la haine d’un Occident qui n’a pas tenu ses promesses, les territoires bientôt engloutis, la planète irrespirable, et aussi l’espoir balbutiant d’un autre monde possible. Mais on se barricade... Avec nos richesses, avec nos familles, avec nos ethnies, nos croyances, nos illusions.
La méfiance est le premier pollueur de la planète.
C’est un spectacle qui sera fait de disciplines traversantes, mais ces disciplines n’en seront pas. Ce n’est pas vraiment une discipline de s’accrocher à des planches, ce n’est pas une discipline de sauter à mains jointes dans le trou d’un grillage éventré, ni même de lancer des couteaux sur des poupées qui brûlent ou de marcher sur un fil les pieds nus au dessus de tessons de bouteilles. Je ne convoque pas des outils mais des armes.
Le XXe siècle était vertical, le XXIe siècle est horizontal.
Au XXe, on veut aller haut, on conquiert le ciel, l’espace, on construit des tours, le pouvoir est dictatorial, vertical aussi, Staline, Hitler, Pinochet, Mao sont en haut, leur pouvoir descend de marche en marche.
Le XXIe commence par casser 2 tours, son avenir est lié à l’océan plat, des gens se déplacent en tous sens vers un horizon, les villes s’étalent, les frontières dessinent des plans, le pouvoir se ramifie, se dilue, en tous cas il essaie... Après s’être occupé du ciel, on sait qu’il faut s’occuper de la surface de la terre. Il faut faire un spectacle horizontal. Il faut zébrer l’espace vide de la piste avec des traversées périlleuses, avec les jets horizontaux des couteaux, démesurer les distances, il faut arpenter la piste.
Première image naïve : arriver avec de hautes échasses instables, faites de carreaux de verre. S’arrêter, en descendre. Fabriquer deux avions en papier, les lancer sur les échasses. La collision enflamme les avions, les échasses explosent. Dans ce spectacle, je suis déséquilibriste. Casser des briques sur mon front en émettant des hypothèses.
Au bal du XXIe siècle, la peur est la reine de la promo." Gilles Cailleau
---------------------------------------------------------------------------------
Gilles Cailleau se donne à fond dans cette fresque éclatée en préparant minutieusement et rapidement (à la limite de la frénésie, avec donc des ratés, des échecs, des reprises ce qui peut mettre mal à l'aise; est-ce un manque de maîtrise des disciplines circassiennes et autres, utilisées ?) ses images (son histoire inachevée du XXI° siècle, il la raconte avec 4 images "poétiques", peut-être 5, l'image des tours qui s'effondrent, l'image des bombardements sur des populations de poupées qui brûlent, l'image des victimes choisies pour grimper dans un bateau de migrants qui va lui aussi brûler, la traversée, le débarquement, (ici peut-être l'image du Roi qui va renoncer à une parole de pouvoir), l'image de l'arche de sortie du cirque, (belle métaphore), en préparant ses musiques avec divers instruments, accordéon, violon et des outils d'amplification, réverbération, en disant au micro, au mégaphone ses mots, ses poèmes. Effondrement des tours: cartons empilés percutés par des avions en papier, massacre de playmobils brûlant dans une barquette alimentaire en alu, traversée d'une planche qu'il peint en bleu pour le radeau de la Méduse transportant des migrants se noyant en cours de traversée encalminée, ou noyé échouant sur une plage, ou survivants débarquant dans un des ports d'Europe du Sud, dans un brouhaha sonore à la limite du supportable... Le temps de préparation de l'image précède l'image, nous faisant participer à l'écriture du récit. La musique préparée se joue ensuite toute seule, lancinante. Travail trépidant de "déséquilibriste", revendiqué comme tel et donc dérangeant pour certains, cassant notre place de spectateur, travail tentant l'horizontalité de l'échange, du partage (on est en empathie avec cet énergumène qui se démène, qui s'interroge: quand a commencé ce XXI° siècle ? c'est quoi la modernité ? et après la tentative vaine de faire intervenir deux drones, il choisit un hoverboard, énergumène qui exprime ses peurs, ses cauchemars : je ne veux pas choisir les victimes et d'inviter une fillette à le faire, la maman acceptant, la petite fille aussi, ce qui est particulièrement révélateur et gênant; j'espère que j'aurais su dire non), refusant la verticalité de la communication depuis sa place de Roi sur un empilement de chaises évoquant un trône instable dont il descend pour nous inviter à inventer la fin du siècle, du nouveau monde en répondant à 3 questions: j'ai peur de..., je voudrais pas crever sans..., ça va finir..., réponses mises en boîte et dans l'arche voguant vers la sortie du cirque (métaphore belle)... image finale.
Ma petite fille, Rosalie, a répondu aux 3 questions: j'ai peur d'oublier la vie, je voudrais pas mourir (elle n'a pas employé le verbe crever, bravo) sans avoir ressenti le bonheur des autres, ça va finir où ça commence.
Moi: ça va finir par un rire hénaurme.
Beau travail qui peut déranger, AMEN
comme est dérangeant ce siècle, AMEN
et tous les siècles des siècles, AMEN
et comme devrait être dérangeant tout art et tout artiste, AMEN
et comme nous-mêmes le sommes, dérangés dérangeant, AMEN.
Les Cahiers de l'Égaré ont édité le texte fin juin 2017.
/https%3A%2F%2Flebruitduoff.files.wordpress.com%2F2018%2F07%2Fnm.jpg%3Ffit%3D440%2C330)
« LE NOUVEAU MONDE », SOUS LES ETOILES DE GILLES CAILLEAU
AVIGNON OFF : LE NOUVEAU MONDE / mes Gilles Cailleau / L'Occitanie fait son cirque / 22h30 / vu le Jeudi 19. Sous les étoiles de Gilles Cailleau Dès les premières minutes après l'entrée du pub...
https://lebruitduoff.com/2018/07/22/le-nouveau-monde-sous-les-etoiles-de-gilles-cailleau/
deux articles sur les représentations du Nouveau Monde en Avignon off 2018, du 18 au 21 juillet avec mini tornade ayant saccagé le chapiteau le 20 juillet au moment crucial des questions
/https%3A%2F%2Fwww.larevueduspectacle.fr%2Fphoto%2Fart%2Fgrande%2F23845942-25942245.jpg%3Fv%3D1531981644)
*Avignon Off 2018* Les poètes sont des hommes comme tout le monde : blessés, ils saignent eux aussi
Un titre qui pourrait passer pour une jolie formule littéraire... Et pourtant c'est bien ainsi que "Le Nouveau Monde" nous invite : la réalité est pleine de piques et de broches et de verres et ...
/https%3A%2F%2Fi.vimeocdn.com%2Fvideo%2F559945896_1280.jpg)
matières premières... 1ères répétitions du Nouveau Monde à Gap
Premières répétitions du Nouveau Monde, le nouveau solo de Gilles Cailleau-Attention Fragiles
une vidéo sur des répétitions du Nouveau Monde; inventer un tel spectacle c'est essayer, garder, jeter, écouter les retours ...
Controverse sur la déclaration de Villeurbanne (mai 1968)
Il y a des lignées dans le théâtre français, des lignées qui clivent. Celle de Jean Dasté a été "liquidée" en mai/juin 1968 en particulier durant les "journées de Villeurbanne".
Tout notre système de décentralisation théâtral forgé après guerre a été bloqué net par une poignée de metteurs en scène qui ont réussi à s'approprier le "réseau", à le développer et finalement en hissant Jack Lang sur le podium à en exclure définitivement tout prétendant fidèle. La destruction du FIC (fond d'intervention culturel) fut l'oeuvre fondatrice d'un ministre certes populaire mais qui confisqua durablement les arts et la culture au profit d'une minorité influente dans chaque ville grâce au dispositif des Scènes nationales. Ce dispositif capta les édifices de l'Education populaire à des fins d'élitisme (pour tous?).
Nous avons peut être une chance historique (50 ans après) de revisiter l'histoire et de faire des contres journées de Villeurbanne.
Bruno Boussagol (metteur en scène et comédien de la compagnie Brut de Béton Productions)
/https%3A%2F%2Fwww.sortirdunucleaire.org%2Fimages%2Fimage_defaut_6.jpg)
Bruno Boussagol, un metteur en scène engagé
Dans quel contexte as-tu créé la compagnie Brut de Béton ? J'ai créé la compagnie au début des années 90 à Clermont-Ferrand. Je souhaitais développer un théâtre de création à partir de...
http://www.sortirdunucleaire.org/Bruno-Boussagol-un-metteur-en
/https%3A%2F%2Fdiacritik.com%2Fwp-content%2Fuploads%2F2018%2F02%2F12829279_135424216878.jpg)
Jean Dasté (1904-1994) : le père de la décentralisation théâtrale
En dehors du monde des passionnés de théâtre, et même parmi les aficionados qui, chaque année vont au in ou au off d'Avignon, il est fort probable que le nom de Jean Dasté n'évoque peut-êtr...
https://diacritik.com/2018/02/06/jean-daste-1904-1994-le-pere-de-la-decentralisation-theatrale/
Pour resituer le contexte de la déclaration de Villeurbanne (après le 20 mai 1968), on pourra lire et réfléchir sur la pièce de Denis Guénoun : Mai, juin, juillet aux éditions Les solitaires intempestifs.
Une déclaration de Denis Guénoun faite récemment aux journées de Nantes (BIS 2018, Biennale internationale du spectacle vivant, 17-18 janvier 2018) permet de faire le point sur les ambiguïtés et contradictions durables de la déclaration de Villeurbanne.
/idata%2F0002777%2Fblog%2Fmai-juin-juillet--187x300.jpg)
Mai, juin, juillet/Dans les théâtres de 1968/Denis Guénoun - Les Cahiers de l'Égaré
Mai, juin, juillet Dans les théâtres de 1968 Denis Guénoun Les Solitaires Intempestifs J'ai lu cette pièce récente en Avignon entre le 10 et le 13 juillet, en trois temps comme sa construction...
/https%3A%2F%2Fdenisguenoun.org%2Fwp-content%2Fuploads%2FIMG_0015.jpg)
Sur la "Déclaration de Villeurbanne" (mai 1968) - Denis Guénoun
Dans le cadre de la Biennale internationale du spectacle vivant (Nantes, 17-18 janvier 2018), j'ai été invité par Fabien Jannelle à faire une brève intervention sur la " Déclaration de Villeu...
http://denisguenoun.org/2018/01/21/declaration-de-villeurbanne-mai-1968/
Apparemment ce qui suit est sans rapport avec les effets de la controverse de Villeurbanne
Je viens de faire paraître un livre à 24 voix, 12 F, 12 H sur une série de photos prises en selfie par une femme augmentée par le chagrin
c’est donc un livre choral avec et pour une femme augmentée par le chagrin, une gisante, 24 orants, 24 Orphée
pour moi maintenant si on
(on, désignant un passeur, un transmetteur, un partageur, un homme de passion et de bienveillance, un qui a choisi de se tenir le plus possible à l'écart du système marchand) n’a pas pour objectif que tout le monde s’exprime en inventant sa façon de s'exprimer, pas en singeant les formats dominants (clips, shows, gros romans, pièces sur le bruit du monde, chansons et musiques dites actuelles, cirque, jonglage...)
si on n'a pas pour objectif que chacun crée son art de vivre sa vie, avec ses heurs, bonheurs, malheurs, pas en singeant les modèles dominants donnés à imiter, consommer, jeter, renouveler, et rien à voir avec les soi-disant arts de vivre, l'art de vivre méditerranéen, crétois, l'american way of life...
alors merde à l’art, aux artistes qui pullulent, sont en concurrence, mis en concurrence par les gens de culture, et qui ululent, crowdfundinguent, s'auto-produisent et revendiquent leur participation à l'économie, nous représentons 3% du PIB
merde aux gens de culture qui pullulent et pompent le fric, eux qui ont du pouvoir, si peu, si peu mais s'y croient avec de moins en moins d’argent et revendiquent aussi leur participation à l'économie, nous représentons plus que l'industrie automobile
monde de merde à l’image caricaturale du monde de requins et prédateurs de toutes sortes des hautes sphères qui ne tournent pas rond.
IMAGINONS: 1700 spectacles en Avignon l'été dans le off soit 1700 X 20000 € de location de salle mini = 34.000.000 € dépensés pour une illusion : on va être vu par des directeurs et des critiques et on va tourner. Ô les tristes calculs de jeunes plein d'énergie, aptes au système D et réussissant à survivre, certes souvent dans la galère mais survivre.
IMAGINONS: 1700 compagnies investissent la France profonde, désertée par les paysans, peu récupérée par les alternatifs et ils construisent leur habitat durable, écolo, leur salle de répétition, leur jardin en permaculture, leurs équipements en énergie verte, des oasis donc avec école Montessori, des jardins d'Épicure, le philosophe pour des temps comme le nôtre de fin de civilisation (lire le Sur Épicure de Marcel Conche qui se tient à l'écart du grand tapage médiatique)
IMAGINONS; les musiciens, les écrivains, les plasticiens, les architectes, tous ceux capables de comprendre qu'il n'y a pas d'avenir dans ce monde marchand abandonnent les villes à leur pourrissement et à leur ratisation proliférante et vont retrouver la dure et saine vie dans les collines et les bois comme D.H Thoreau ou comme avait imaginé Jack London
mais ce n'est qu'un rêve
Travail de l'éditeur que je suis (refusant les manuscrits envoyés comme ça), il s'agit du travail d'une après-midi seulement : fiche pour le dépôt légal à la Bibliothèque Nationale de France, contrat d'auteur, référencement Electre et grands sites de vente en ligne, approvisionnement du distributeur-diffuseur Soleils à Paris (20 exemplaires au démarrage), envoi des livres commandés par les particuliers, écrire un ou plusieurs articles sur mes 3 blogs et mes 2 sites, envoi ciblé par mail à un fichier de 500 acheteurs potentiels, incitation à la vente par les auteurs ou des amis sur leur réseau (5€ de ristourne pour le vendeur)
ce que je ne fais pas: service de presse à la soi-disant grande presse ni même à la soi-disant presse locale ni à une quelconque soi-disant célébrité littéraire ou animateur pseudo-amoureux d'écritures; ça écarte plein de monde, ouf!; pas de livres offerts, chacun se l'achète, pour me mettre à l'écart du système marchand, il me faut amortir le coût de fabrication
vente en direct: 15 € vont aux Cahiers de l'Égaré, vente en librairie via le distributeur: 15€ - 58% (28% pour le distributeur, 30 à 36% pour le libraire selon, la FNAC, le plus gourmand, Amazon aussi); la vente en librairie ne m'intéresse pas, pas de dépôts, je me fous de leurs coups de coeur; pas davantage de demande d'aides publiques, dossiers, dossiers, merde; encore moins de salons ou fêtes du livre; bien sûr j'ai connu ça et je connais le bilan
ça va faire 30 ans que je fais cela avec plus ou moins de conviction, toujours bénévolement; merde au système marchand qui oblige à travailler pour vivre
La déclaration de Villeurbanne, vous comprenez que je m'en moque.
Ses enjeux même contradictoires ne sont pas à la hauteur.
Mon slogan serait : Tous artistes, tous écrivains, tous photographes,
chacun son expression, chacun son art de vivre sa vie
pas la vie comme oeuvre d'art
pas l'art pour émanciper, élever, éduquer, éveiller
pas la culture dominante qui ne se reconnaît pas comme telle, alibi de la domination marchande avec son discours émancipateur, démocratisateur et ses pratiques de management à l'américaine, travail en openspace, séparation entre direction, personnel et techniciens, entre gens de culture et artistes
chacun son art de vivre sa vie c'est-à-dire en conscience, y en a, y veulent de la pleine conscience, beaucoup de moments dans le silence, parfois du rire, des sourires tout pleins, des gestes doux et tendres, pas besoin de créativité renouvelable 24 H sur 24, juste de l'attention, là, à 10 cms, regarde et tu déplaces la petite pierre, la brindille, ah, ça fait un cupidon...et t'es frappé en plein coeur par l'amour
mais purée que c'est simple l'amour,
y en a qui aiment compliquer à souhait
y en a qui veulent pas entendre le souffle aimant à côté d'eux, tant pis pour eux
j'aime les bienheureux, les simples d'esprit et de coeur qui ont le coeur net et direct
de Salvatore Spada, ces saillies iconoclastes, radicales, à tenter de pratiquer
j'aimerais bien réussir à ouvrir , une maison d’édition> lettre de rencontre > et mettre en pratique le nouveau principe en dialectique de désir et subversion du sujet que> TOUT LECTEUR EST AUTEUR. Et se débarrasser enfin de la maison d’édition liée à l'Auteur . Pas d'auteur chez nous , chez nous il n'y a que des lecteurs . Personnellement je veux signer comme lecteur2 de mon texte et non pas comme auteur1 > le lecteur2 subvertit l'auteur1 > (subvertir ne suffit pas il faut aussi savoir dissoudre > savoir du deux) les élites des auteurs> à mépris inconscient des ses lecteurs > ils sont démolies en poussier d’étoile et en atelier de lecteur > ca change tout dans la dynamique de rencontre > ça ouvre un champ inédit. Te dis-tu auteur ? encore un Auteur ? non, désolé ici on est tous lecteurs on n a plus besoin d auteurs, maintenant on sait bien s'émanciper des auteurs , on a reussi notre cap > et c'est un savoir nouveau de s’émanciper de tout auteur > toi aussi tu peux (savoir) t’émanciper de ton auteur . L'auteur par définition c'est son élite, un auteur est en lui tout seul une élite . Le lecteur est en lui tous seul l’émancipation vivante de toute élite inconscient> vive notre lecteur des trois écologies en fonction trou , manque et vide.
"Je te fabrique l’illisible> tu vas le lire et tu vas te donner un futur, ton futur . Nomme tes trois écologies pour trois fonctions > fonction trou , fonction manque, et fonction vide . Nomme tes trois bucoliques . Ouvre tes trois écoles inattendues pour faire trou , pour faire manque et pour faire vide . Je te dis TROU, Je te dis MANQUE , je te dis VIDE. Je te dis inattendu. Je te dis rencontre . Je te dis miracle de rencontre . Je te dis , dis moi quelque chose, même le silence est parole . On va faire sortie , on va occuper les lieux de sortie avec un ciseau (tourbillon d'un trou comme transfert du temps), une pierre (perte d'un manque comme fantasme de réalité) et un papier (lettre vide au bord de sa pure extériorité comme symptôme ) . On va nommer la sortie et on va la faire tourbillon d'un TROU , on va faire trou, et on va la faire perte, tu vas nommer ta perte pour un MANQUE , on va faire manque, et on va la faire lettre au bord du VIDE, on va faire vide. Du spectacle on peut bien s'en passer pour se donner sortie de rencontre . Une rencontre nous sort du monde du spectacle , non, une rencontre n est pas un spectacle pour son public endormi.Une expo c'est pour dormir , une pièce de theatre c'est pour dormir, un film c'est pour dormir . Une rencontre c'est pour nous sortir d' une expo, d'un theatre , d'un cinema >sortir> veut dire que > tout lecteur est auteur > sortir veut dire que > tout le monde est Un artiste femme ,qu'il n'y a pas d'artiste homme, heureusement pour nous et pour les bords des orifices et pour les lettres d'amour. [Déménagement> les nouveaux Bucoliques> un pièce , une expo , un film et ton corps politique comme pièce de theatre, comme expo, et comme film pour nous sortir du monde du spectacle et de son endormissement généralisé ]: »
"Si je rentre moi aussi dans le marché de l'art ce n est pas pour me mettre en concurrence INÉVITABLE et FATALE avec les autres artistes comme moi (pauvres imbéciles )> mais pour devenir moi même, moi même, moi même, x 3 > un donateur d ordres, un spéculateur, un vrai capitaliste, en créant un nouveau marché , le marché des collectionneurs , et en le mettant en concurrence avec le première marché , le marché des artistes déjà existant > collectionneur contre artiste et artiste contre collectionneur > voila ce qu'il faut mettre en oeuvre pour en tirer moi avec quelque copain tout le profit et en rire comme un capitaliste sait faire en créant , sans fin, des imbéciles serviles et vils> prêts à tout pour obéir à la sacrée loi du marché> l' intouchable loi de l’intouchable marché de l’intouchable profit de l’intouchable mort à crédit> la tienne, oui , la tienne > tu en as tout le droit et le crédit. Il n'y a aucun profit de l'Un qui ne met pas en concurrence l'Autre , il n y a pas profit de l'Un qui ne provoque pas une division mortel et suicidaire dans l'Autre . Il n'y a pas de profit qui ne produit pas un conflit chez l'autre . Profit de l'Un > conflit de l'Autre > le profit de l'Un c'est le suicide de l' Autre > voilà la règle numéro UN d'un bon capitaliste, c'est effrayant oui> le profit de l'Un> monde sans futur pour l'Autre > monde sans futur > c'est effrayant , oui , c'est effraiant> mais il faut bien comprendre que pour un bon capitaliste tous les gens sont bêtes, considérés comme des bêtes parce que ils tombent très très très facilement et sans problème , sans aucun problème, ni avis critique, aucun, dans laLA miseMISE enEN concurrenceCONCURRENCE fatale et suicidaire et ça marche toujours, et ça marche à tous les coups et ça marche , et ça marche, et ça marche, et au nom du bon sens (servitude volontaire) et alors à quoi bon les considérer des humaines> des vrais crétins plutôt . [Dérangement et Déménagement > DD > une pièce de Dénonciation politique> DDD> d’après les Bucoliques de Virgile] »
On ira voir la mer/Katia Ponomareva
Ayant été impressionné, ému par la rencontre avec Magali Dieux à la médiathèque d'Hyères, le 10 septembre 2016, j'ai bien sûr fait le lien avec le spectacle créé en 2010, repris en 2011 par L'Ensemble À Nouveau dans une mise en scène de Katia Ponomareva : On ira voir la mer.
Katia avait sollicité Magali Dieux pour utiliser la vidéo de son accouchement. Le contact n'a pas eu lieu. C'est donc le petit film de Stan Brakhage, Window water baby moving de 1959 qui a été utilisé par fragments.
Voici la présentation de On ira voir la mer par Katia Ponomareva :
Accouchement, surgissement de la vie, c’est d’abord de cela dont il s’agit et des bouleversements qui accompagnent la naissance, pour le nouveau-né arraché à une forme de tranquillité omnisciente, pour les parents confrontés à des choix fondamentaux, à une révélation possible du sens de l’existence, un retour sur mémoire. Pour tous, une solitude habillée de crainte ou d’exaltation, et une question lancinante : et après? Sur le plateau se dressent des portes. Derrière ces vitres, d’étranges lueurs font peur aux uns, fascinent, en appellent d’autres. Eclats de la lumière du jour quand le ventre de la mère s’ouvre à la naissance de l’enfant, souvenir fugace ; soubresauts lumineux d’une mémoire qui peine à revenir, à s’ordonner autour d’un « qui suis-je ? » ; reflets d’un possible qui s’échappe comme une aurore approchée trop rapidement. Y a-t-il au bout du chemin, pour chacun d’entre nous, une lueur ? Une mer que nous pourrions aller voir ? … pour se ressourcer, chercher à se découvrir, inviter à un voyage où l’on rêve et se cogne, où l’on apprend ou réapprend à consentir et à aimer face à l’immensité … une mer, source de vie et d’inspiration, où l’on pourrait se tenir la main pour continuer, ensemble … à nouveau.
Katia Ponomareva
Espérons que ces deux articles sur la naissance donneront l'idée d'un projet pluriel pour des écritures enchantées.
/idata%2F0002777%2Fphotos-blog%2F14-03-10--206-.jpg)
Héritons-nous de valises à la naissance ?/JCG-MPC - Blog de Jean-Claude Grosse
Pause-philo: Héritons-nous de valises à la naissance ? La pause-philo du 20 mars 2010 au Comédia à Toulon, consacrée aux valises dont nous héritons à la naissance a été bien suivie, riche ...
une pause-philo très riche au Comédia à Toulon, le 20 mars 2010
bande-annonce de on ira voir la mer; l'image de la Pieta est magnifique
/https%3A%2F%2Fi.ytimg.com%2Fvi%2F-drSrvTtZ1k%2Fhqdefault.jpg)
Stan Brakhage - Window Water Baby Moving (1959) Part 1
A record of the birth of his first child. Part 1. Enjoy!
https://www.youtube.com/watch?v=-drSrvTtZ1k&feature=youtu.be
film de stan brakhage sur la naissance d'un de ses enfants
/https%3A%2F%2Fi.ytimg.com%2Fvi%2FIXuUdmeLsL4%2Fhqdefault.jpg)
Naitre Enchantée, un film de Magali Dieuxflv
Uno de los videos que mas me inspiraron cuando Bruno avisaba su llegada, que lo disfruten..¡¡¡
https://www.youtube.com/watch?v=IXuUdmeLsL4&feature=youtu.be
film de magali dieux sur la naissance de zoé
/image%2F0555840%2F20160911%2Fob_f6f3ca_nai-tre-enchante-s.jpg)
Naître enchantés/Magali Dieux - Les agoras d'ailleurs
Le samedi 10 septembre 2016, de 10 H à 13 H, à la médiathèque d'Hyères, les petits déjeuners de la médiathèque organisés par Les Colibris du Revest-Ollioules et Les 4 Saisons d'ailleurs on...
http://agoradurevest.over-blog.com/2016/09/naitre-enchantes-magali-dieux.html