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bric à bracs d'ailleurs et d'ici

album

Kdo

5 Décembre 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #album, #pour toujours, #écriture- lecture

Kdo pour un anniversaire de 83 ans
Kdo pour un anniversaire de 83 ans
Kdo pour un anniversaire de 83 ans
Kdo pour un anniversaire de 83 ans

Kdo pour un anniversaire de 83 ans

c'est parti de Saint-Maixent l'École, Deux-Sèvres,
le 21/10/2023
c'est arrivé dans le bon tempo
ça s'appelle un Kdo
Kdo de 144 pages, avec 56 poésies écrites à la main
des peintures, des cyanotypes, des dessins
je n'ai vu l'expéditrice qu'une fois, chez des amis
j'étais allé la chercher à la gare et nous avions fait connaissance pendant le temps de la longue montée en lacets vers un village de 50 âmes et le temps d'un repas partagé

merci Rachel K.

j'évoque deux autres Kdo

- celui de Virginia G., faisant imprimer spécialement L'éternité d'une seconde Bleu Giotto en format 21 X 29,7

- celui de Dominique Lardenois  m'offrant une traversée dans mon oeuvre, avec Katia Ponomareva, le 29 septembre 2023

les billets que m'envoie Alain Cadéo sont Kdo / j'en ai mis plusieurs dans Le cerf-volant de l'égaré N°2 / j'en ai reçu 2, ce lundi 4 décembre 12 H 40 et 12 H 50


je me suis demandé en me replongeant dans cet objet magnifique, unique
si j'avais été soucieux de Kdo de ce genre;

je recense :
- le livre unique sur papier de liège trouvé en Corse, écrit et illustré pour K.
- l'album de photos d'artiste réalisées par Hélène Théret à ses 3 ans, que R. découvrira à ses 18 ans
- l'oeuvre réalisée pour les 75 ans de l'épousée par DSJ (qu'elle ne verra jamais)
- les oeuvres réalisées en dentelles végétales par Aïdée B. : jupe de correspondance, testament amoureux (dans le sillage de Baïkala), photo de la Belle avec sa déclaration d'amour éclairée par LED

et de fil en aiguille, c'est la Vie-Kdo qui offre à foison

il me semble que les livres pluriels que j'ai initiés sont aussi des Kdo :

- Envies de Méditerranée

- Gabrielle Russier / Antigone

- Elle s'appelait Agnès

- Baïkal's Bocal

- Avec Marcel Conche

- Marilyn après tout

- Diderot pour tout savoir

- Cervantes-Shakespeare, cadavres exquis

- Le passage du temps

- Au bord des falaises ou comment se relever de ses morts ?

- Le siècle de Marcel Conche

- Cahier des futurs désirés

Puis j'ai élargi au Kdo que fut la fréquentation des oeuvres de Christian Bobin, Christiane Singer, Jean-Yves Leloup, Deepak Chopra, Eckhart Tolle, Thierry Zalic

Et last but not least

- la correspondance heureuse de 17 ans avec Emmanuelle Arsan, du 19 mars 1988 au 31 mars 2005

- l'amitié et les rencontres avec Marcel Conche (contacté dès la revue Aporie vers 1986-1987). Rencontré en 2003 pour les 20 ans des 4 Saisons du Revest, il fit cadeau aux Cahiers de l'Égaré du petit livre De l'amour. À partir de 2010, je le vis une à deux fois l'an, souvent avec François Carrassan. À La Maisonneuve à Altillac en Corrèze puis à la fin à Treffort, dans l'Ain.

- l'amitié et les rencontres avec Edgard Gunzig, à partitr du salon du livre à Paris, en 2005

- le 30 avril 2010, la visite exceptionnelle de la grotte Chauvet, Kdo dû à Roger Lombardot et Dominique Baffier

Kdo pour un anniversaire de 83 ans
Kdo pour un anniversaire de 83 ans
Kdo pour un anniversaire de 83 ans
Kdo pour un anniversaire de 83 ans

Kdo pour un anniversaire de 83 ans

Aucun mot n’est fondamentalement inutile, démodé ou idiot. C’est la manière dont il est entouré qui le rend glacial, terne, sans intérêt, autrement dit qui l’annihile et qui souvent le tue. Ainsi j’essaie toujours de rassembler mon petit peuple familier au cœur d’une clairière où aucun ne se sent étranger. J’appelle ça mon cirque. C’est le seul nom que j’ai trouvé collant le mieux à ma manière très intuitive de fonctionner, de fusionner avec cette tribu sauvage cherchant abri et bonne compagnie. Je n’utilise jamais la force. C’est foin à volonté et le bon goût de la luzerne, poignée de myosotis, deux chardons, boutons d’or et un soupçon de mandragore, marmites de tripailles, pommes en quantité, toute la moelle des consonnes, le petit gras de l’alphabet. Je les laisse venir. Les auges sont remplies, de l’eau à volonté. Il faut les voir rappliquer de tous les côtés! Ils sont de toutes les espèces. Reptiles, amphibiens, rampants, insectes, gros et petits animaux à plumes et à poils, bêtes mythiques, fauves, arbres, roches, fleurs et tout un peuple de nuages, d’astres, de constellations, mille sons et couleurs se déployant au rythme de leur brassage, de leurs accouplements souvent inattendus. Terre, mers, ciels, montagnes, plaines, le doux regard aussi de très rares humains croisés, stupéfaits de voir passer la horde affamée de ces indésirés. C'est là que les mots dansent, jonglent, font des sauts périlleux, s’acoquinent en figures exaltant leur sens premier, deviennent acrobates sans filets, aventuriers, filles de l’air et trapézistes, célestes voyageurs épris de liberté.

On dit à juste titre que chaque écrivain possède son lexique. Et les plus grands d’entre eux ferraillent avec un bataillon fidèle mais restreint de mots très forts mais admirablement entrelacés leur permettant d’exprimer les plus belles nuances de l'âme. Trois cents mots pour Racine! Cent de plus peut-être pour Corneille… Après c’est affaire de rythme, de cadences du cœur, métronome des nerfs, du sang et des artères. Autrement dit tout est affaire de souplesse et d'ondes musicales. Et ceux et celles qui savent faire chanter et danser les mots sont des sorciers de pleine lune. Bons à brûler
 
Moi, c’est plutôt Freaks ou la monstrueuse parade des noms bien tarabiscotés, des adjectifs vêtus de leurs vieux costumes de lumière, des verbes rutilants qui roulent sous la langue, un carnaval que plus personne n’utilise ou que personne ne comprend. Mais je ne m’en plains pas, car ma tribu jamais ne m'a quitté. Je les vois même défiler, comme en rêve, lorsque les yeux fermés je me repose. Et le soir venu je m’en vais avec mon cirque et ses lampions, dans des bruits de chariots et tous les grincements de mes hallucinations, hennissements, barrissements, rugissements, le flamenco des écuyères et leurs éclats de rires, le tout sans cages ni aucune sorte d’enfermement. La nuit, mes virgules et mes points se plantent où ils veulent. Personne ne rechigne. Tout le monde est partant pour un bon feu de camp dont les brindilles étincellent et grimpent en pétaradant vers la grande ourse ou les nuages de Magellan... jusqu’au soleil levant. Repus et reposés, là tous s’alignent en paix et je n’ai plus qu’à recopier leurs quatre volontés. Ce sont mes vrais amis, car ce qu’ils me confient est en principe intraduisible. Je ne peux même pas appeler ça de la poésie. C’est le substrat ou l’essence même d’un drôle de paradis.  
Alain Cadéo, 4 décembre 2023

Vous remarquerez peut-être que ces billets, qu’ils soient le fruit d’une pensée, d’une anecdote, d’une soudaine révélation ou simple évocation d’un souvenir très cher, finissent par posséder une sorte de structure pouvant être l’objet d’un monstrueux roman en permanence inachevé. Roman dont l’écriture elle-même serait le personnage énigmatique, masqué, fuyant toujours devant. 

Courir après cet animal changeant de forme à chaque instant fut ma joie et jamais un tourment. Et aujourd’hui, là, je voulais la remercier cette écriture, d’avoir été présente, sans faillir, tout le long de ma vie. Elle fut mon dragon, mon lion, ma belette, mon petit « cheval blanc ». Elle fut aussi ma symphonie, mon menuet, ma chansonnette. Je l’ai suivie comme un enfant, fasciné par ses couleurs, ses voltiges, ses ruades, ses merveilleux emballements et n’ai jamais douté qu’elle me menait, tout en jouant à m'égarer, vers la claire lisière où sommeillent les vibrations secrètes du VERBE... devant qui, tous les mots, humblement, s’agenouillent et se taisent.
Alain Cadéo, 4 décembre 2023
Annie magnifiée par Aïdée
Annie magnifiée par Aïdée
Annie magnifiée par Aïdée
Annie magnifiée par Aïdée

Annie magnifiée par Aïdée

Je m’en irai par les avenues des villes prospères je m’en irai sans me laisser séduire par les promesses qui s’affichent je m’en irai à ta rencontre sans te chercher car je sais que là où s’achèvent les villes aux filles de rêve qui enlèvent le haut puis les bas je ne t’aurai pas trouvé(e) Alors j’irai par les campagnes en jachère abandonnées à l’ivraie par les servantes de Déméter j’irai sans m’attarder dans les auberges de misère sans m’attacher aux filles légères qui te montrent tout par petits bouts j’irai à ta rencontre sans te chercher car je sais que là où se ressourcent les nostalgies de belle époque je ne t’aurai pas trouvé(e) Mais quand je m’arrêterai où commencent les marées je crois bien que je te connaîtrai  au Cap de Bonne Espérance
Je m’en irai par les avenues des villes prospères je m’en irai sans me laisser séduire par les promesses qui s’affichent je m’en irai à ta rencontre sans te chercher car je sais que là où s’achèvent les villes aux filles de rêve qui enlèvent le haut puis les bas je ne t’aurai pas trouvé(e) Alors j’irai par les campagnes en jachère abandonnées à l’ivraie par les servantes de Déméter j’irai sans m’attarder dans les auberges de misère sans m’attacher aux filles légères qui te montrent tout par petits bouts j’irai à ta rencontre sans te chercher car je sais que là où se ressourcent les nostalgies de belle époque je ne t’aurai pas trouvé(e) Mais quand je m’arrêterai où commencent les marées je crois bien que je te connaîtrai  au Cap de Bonne Espérance
Je m’en irai par les avenues des villes prospères je m’en irai sans me laisser séduire par les promesses qui s’affichent je m’en irai à ta rencontre sans te chercher car je sais que là où s’achèvent les villes aux filles de rêve qui enlèvent le haut puis les bas je ne t’aurai pas trouvé(e) Alors j’irai par les campagnes en jachère abandonnées à l’ivraie par les servantes de Déméter j’irai sans m’attarder dans les auberges de misère sans m’attacher aux filles légères qui te montrent tout par petits bouts j’irai à ta rencontre sans te chercher car je sais que là où se ressourcent les nostalgies de belle époque je ne t’aurai pas trouvé(e) Mais quand je m’arrêterai où commencent les marées je crois bien que je te connaîtrai  au Cap de Bonne Espérance
Je m’en irai par les avenues des villes prospères je m’en irai sans me laisser séduire par les promesses qui s’affichent je m’en irai à ta rencontre sans te chercher car je sais que là où s’achèvent les villes aux filles de rêve qui enlèvent le haut puis les bas je ne t’aurai pas trouvé(e) Alors j’irai par les campagnes en jachère abandonnées à l’ivraie par les servantes de Déméter j’irai sans m’attarder dans les auberges de misère sans m’attacher aux filles légères qui te montrent tout par petits bouts j’irai à ta rencontre sans te chercher car je sais que là où se ressourcent les nostalgies de belle époque je ne t’aurai pas trouvé(e) Mais quand je m’arrêterai où commencent les marées je crois bien que je te connaîtrai  au Cap de Bonne Espérance

Je m’en irai par les avenues des villes prospères je m’en irai sans me laisser séduire par les promesses qui s’affichent je m’en irai à ta rencontre sans te chercher car je sais que là où s’achèvent les villes aux filles de rêve qui enlèvent le haut puis les bas je ne t’aurai pas trouvé(e) Alors j’irai par les campagnes en jachère abandonnées à l’ivraie par les servantes de Déméter j’irai sans m’attarder dans les auberges de misère sans m’attacher aux filles légères qui te montrent tout par petits bouts j’irai à ta rencontre sans te chercher car je sais que là où se ressourcent les nostalgies de belle époque je ne t’aurai pas trouvé(e) Mais quand je m’arrêterai où commencent les marées je crois bien que je te connaîtrai au Cap de Bonne Espérance

l'épreuve d'artiste toujours embalée, format 40 X 30, tirage argentique / R. par Hélène Théret
l'épreuve d'artiste toujours embalée, format 40 X 30, tirage argentique / R. par Hélène Théret

l'épreuve d'artiste toujours embalée, format 40 X 30, tirage argentique / R. par Hélène Théret

Kdo fait par Virginia G. à JCG, L'éternité d'une seconde Bleu Giotto en format 21 X 27 et le livre réalisé lors d'un stage de 5 jours chez Aïdée Bernard en 2014
Kdo fait par Virginia G. à JCG, L'éternité d'une seconde Bleu Giotto en format 21 X 27 et le livre réalisé lors d'un stage de 5 jours chez Aïdée Bernard en 2014
Kdo fait par Virginia G. à JCG, L'éternité d'une seconde Bleu Giotto en format 21 X 27 et le livre réalisé lors d'un stage de 5 jours chez Aïdée Bernard en 2014

Kdo fait par Virginia G. à JCG, L'éternité d'une seconde Bleu Giotto en format 21 X 27 et le livre réalisé lors d'un stage de 5 jours chez Aïdée Bernard en 2014

Au bord des falaises ou comment se relever de ses morts, livre choral d'accompagnement d'une femme augmentée par le chagrin
Au bord des falaises ou comment se relever de ses morts, livre choral d'accompagnement d'une femme augmentée par le chagrin

Au bord des falaises ou comment se relever de ses morts, livre choral d'accompagnement d'une femme augmentée par le chagrin

monologue du vieil homme de 79 ans, le 15 mai 2020, depuis chez lui et pas depuis la Maison des Comoni au Revest où la lecture était programmée à partir de 19 H 30, avec JCG, le vieil homme, le comédien Yves Ferry, la Voix, la comédienne Moni Grego, les femmes, la clown Claudine Herrero et à la caméra en live, Samir Bouallegue. Mais les théâtres sont fermés pour encore un bon moment. Donc, petit intermède en attendant. Un texte testament de vieil homme (aux environs de 80) en recherche sur le plan métaphysique (hésitant encore entre hasard, destin, dessein, entre Nature et Conscience) et dialoguant crument et cruellement, avec une voix d'intelligence artificielle, sur son dernier amour et sur le fiasco, la foirade des relations sexuelles et amoureuses entre F/H; le malentendu universel dont parle Baudelaire dans Mon coeur mis à nu ; évidemment Samuel Beckett est dans le coup avec sa Dernière bande et son Premier amour.

le moment du clown : (un lacet de basket qui se défait, tu n'as rien fait pour le défaire, tu n'as rien vu venir et tu te trouves délivré d'une chaussure, d'un attachement / situation typiquement clownesque partagée entre clownerie et clown ne rit / t'es dans l'embarras / cherche pas la solution, refaire le nœud / ça, c'est le raisonnable / ta question comme clown d'une situation, c'est la chaussure défaite / t'as pas à choisir entre t'immobiliser sur la paille ou sautiller à petits sauts / ça, c'est le cérébral, le mental / t'as la chaussure défaite / y a ton pied et ta chaussure, est-elle à ton pied ? es-tu le bon pied ?... / ces questions ne se posent même pas, ce serait encore du cérébral / quel duo complice, antagoniste, mixte, ton corps sans pensée mais prenant son pied va faire avec ta basket parce que ce soir, t'as mis tes baskets, si légères)

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Le peintre et Gaza

17 Novembre 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #album, #pour toujours, #assaisonneur

Ce matin j'ai appris
que le mot français gaze
(tissu de coton, très léger et transparent,
servant pour la fabrication de compresses)
vient du mot arabe   

        ou Gaza

parce que les Gazaouis
sont des tisseurs doués depuis des siècles.

 

La gaze est une étoffe légère, transparente, faite de fil de coton, lin, laine ou soie, quelquefois d’or ou d’argent.

Son nom provient de son lieu de fabrication originelle : la ville de Gaza en Palestine. Importée depuis la fin du Moyen Âge, elle est tissée en France (Lyon et Paris). Elle connaît une grande vogue aux XVIIIe et XIXe siècles.

1° ébauche Gaza, 7 octobre 2023 / le 7 octobre 2023, ce sont les crimes de guerre du Hamas, prélude au crime contre l'humanité à Gaza par le régime d'apartheid d'Israël / ironie de l'histoire ? ça rappelle un autre génocide / les victimes d'hier devenant bourreaux aujourd'hui, bourreaux cyniques, méprisant toutes les lois sur la guerre, les résolutions de l'ONU,  comme leurs bourreaux d'hier / Le vieux Bashir Hajji du quartier Al-Zaytoun. Les forces d'occupation israéliennes l'ont filmé pour leur propagande "humanitaire". Puis, alors qu'il tentait d'atteindre le sud de la bande de Gaza, le matin du vendredi dernier, un sniper israélien l'a exécuté / Gaza revisité le 19 novembre
1° ébauche Gaza, 7 octobre 2023 / le 7 octobre 2023, ce sont les crimes de guerre du Hamas, prélude au crime contre l'humanité à Gaza par le régime d'apartheid d'Israël / ironie de l'histoire ? ça rappelle un autre génocide / les victimes d'hier devenant bourreaux aujourd'hui, bourreaux cyniques, méprisant toutes les lois sur la guerre, les résolutions de l'ONU,  comme leurs bourreaux d'hier / Le vieux Bashir Hajji du quartier Al-Zaytoun. Les forces d'occupation israéliennes l'ont filmé pour leur propagande "humanitaire". Puis, alors qu'il tentait d'atteindre le sud de la bande de Gaza, le matin du vendredi dernier, un sniper israélien l'a exécuté / Gaza revisité le 19 novembre
1° ébauche Gaza, 7 octobre 2023 / le 7 octobre 2023, ce sont les crimes de guerre du Hamas, prélude au crime contre l'humanité à Gaza par le régime d'apartheid d'Israël / ironie de l'histoire ? ça rappelle un autre génocide / les victimes d'hier devenant bourreaux aujourd'hui, bourreaux cyniques, méprisant toutes les lois sur la guerre, les résolutions de l'ONU,  comme leurs bourreaux d'hier / Le vieux Bashir Hajji du quartier Al-Zaytoun. Les forces d'occupation israéliennes l'ont filmé pour leur propagande "humanitaire". Puis, alors qu'il tentait d'atteindre le sud de la bande de Gaza, le matin du vendredi dernier, un sniper israélien l'a exécuté / Gaza revisité le 19 novembre
1° ébauche Gaza, 7 octobre 2023 / le 7 octobre 2023, ce sont les crimes de guerre du Hamas, prélude au crime contre l'humanité à Gaza par le régime d'apartheid d'Israël / ironie de l'histoire ? ça rappelle un autre génocide / les victimes d'hier devenant bourreaux aujourd'hui, bourreaux cyniques, méprisant toutes les lois sur la guerre, les résolutions de l'ONU,  comme leurs bourreaux d'hier / Le vieux Bashir Hajji du quartier Al-Zaytoun. Les forces d'occupation israéliennes l'ont filmé pour leur propagande "humanitaire". Puis, alors qu'il tentait d'atteindre le sud de la bande de Gaza, le matin du vendredi dernier, un sniper israélien l'a exécuté / Gaza revisité le 19 novembre

1° ébauche Gaza, 7 octobre 2023 / le 7 octobre 2023, ce sont les crimes de guerre du Hamas, prélude au crime contre l'humanité à Gaza par le régime d'apartheid d'Israël / ironie de l'histoire ? ça rappelle un autre génocide / les victimes d'hier devenant bourreaux aujourd'hui, bourreaux cyniques, méprisant toutes les lois sur la guerre, les résolutions de l'ONU, comme leurs bourreaux d'hier / Le vieux Bashir Hajji du quartier Al-Zaytoun. Les forces d'occupation israéliennes l'ont filmé pour leur propagande "humanitaire". Puis, alors qu'il tentait d'atteindre le sud de la bande de Gaza, le matin du vendredi dernier, un sniper israélien l'a exécuté / Gaza revisité le 19 novembre

peinture évolutive d'Alain Le Cozannet, réalisée entre le 7 octobre et le 19 novembre en son atelier du Mourillon

l'artiste en faisant une croix sur ce qu'il a peint, au bout de trois versions de l'oeuvre appelée Gaza, la bonbonnière, sur ce qui est cruellement détruit au sol, en sous-sol, ne laissant circuler qu'une fragile ambulance, montre le chemin :

la négation individuelle et libre de l'artiste (de tout homme) de la négation collective par les uns des autres, leurs ennemis et réciproquement

l'oeuvre appelée Moyen-Orient puis Gaza puis Gaza la bonbonnière est devenue le 8 novembre, négation de la négation, le 9 novembre, hémiplégie, le 10 novembre, politiquement correct, Jabaliia le 13 novembre, Le Grand Macabre, le 15 novembre

25 octobre, Moyen-Orient puis Gaza, Gaza, et Gaza la bonbonnière, le 2 novembre
25 octobre, Moyen-Orient puis Gaza, Gaza, et Gaza la bonbonnière, le 2 novembre
25 octobre, Moyen-Orient puis Gaza, Gaza, et Gaza la bonbonnière, le 2 novembre
25 octobre, Moyen-Orient puis Gaza, Gaza, et Gaza la bonbonnière, le 2 novembre

25 octobre, Moyen-Orient puis Gaza, Gaza, et Gaza la bonbonnière, le 2 novembre

peinture évolutive d'Alain Le Cozannet, réalisée entre le 25 octobre et le 15 novembre en son atelier du Mourillon

l'artiste en faisant une croix sur ce qu'il a peint, au bout de trois versions de l'oeuvre appelée Gaza, la bonbonnière, sur ce qui est cruellement détruit au sol, en sous-sol, ne laissant circuler qu'une fragile ambulance, montre le chemin :

la négation individuelle et libre de l'artiste (de tout homme) de la négation collective par les uns des autres, leurs ennemis et réciproquement

l'oeuvre appelée Moyen-Orient puis Gaza puis Gaza la bonbonnière est devenue le 8 novembre, négation de la négation, le 9 novembre, hémiplégie, le 10 novembre, politiquement correct, Jabaliia le 13 novembre, Le Grand Macabre, le 15 novembre

2° ébauche, 7 novembre, négation de la négation, 3° ébauche, 9 novembre, hémiplégie, 4° ébauche, 10 novembre, politiquement correct
2° ébauche, 7 novembre, négation de la négation, 3° ébauche, 9 novembre, hémiplégie, 4° ébauche, 10 novembre, politiquement correct
2° ébauche, 7 novembre, négation de la négation, 3° ébauche, 9 novembre, hémiplégie, 4° ébauche, 10 novembre, politiquement correct
2° ébauche, 7 novembre, négation de la négation, 3° ébauche, 9 novembre, hémiplégie, 4° ébauche, 10 novembre, politiquement correct

2° ébauche, 7 novembre, négation de la négation, 3° ébauche, 9 novembre, hémiplégie, 4° ébauche, 10 novembre, politiquement correct

peinture évolutive d'Alain Le Cozannet, réalisée entre le 25 octobre et le 15 novembre en son atelier du Mourillon

l'artiste en faisant une croix sur ce qu'il a peint, au bout de trois versions de l'oeuvre appelée Gaza la bonbonnière, sur ce qui est cruellement détruit au sol, en sous-sol, ne laissant circuler qu'une fragile ambulance, montre le chemin :

la négation individuelle et libre de l'artiste (de tout homme, donc) de la négation collective par les uns des autres, leurs ennemis et réciproquement

l'oeuvre appelée Moyen-Orient puis Gaza puis Gaza la bonbonnière est devenue le 8 novembre, négation de la négation, le 9 novembre, hémiplégie, le 10 novembre, politiquement correct, Jabaliia le 13 novembre, Le Grand Macabre, le 15 novembre

13 novembre, Jabalia, 15 novvembre, Le Grand Macabre
13 novembre, Jabalia, 15 novvembre, Le Grand Macabre

13 novembre, Jabalia, 15 novvembre, Le Grand Macabre

la photo a été trouvée le 16 novembre 2023 sur la page FB de Yasmina Khadra (https://www.facebook.com/yasminakhadraofficielle) avec ce poème Yasmina Khadra  ♦️Quand le rêve met les voiles Quand l’espoir fiche le camp Quand le ciel perd ses étoiles Quand tout devient insignifiant  Commence pour toi et moi Mon frère  La descente aux enfers Quand le sang des innocents Inonde les pages de l’Histoire Quand on tue mères et enfants  Pour un semblant de gloire Tu n’auras la paix Mon frère Nulle part sur terre Quand le Mal fait du bien Quand le malheur nous a à la bonne Quand la vie ne vaut plus rien Quand l’horreur n’émeut personne Tu peux garder pour toi Mon frère  Tes  vœux et tes prières. 14-11-2023
la photo a été trouvée le 16 novembre 2023 sur la page FB de Yasmina Khadra (https://www.facebook.com/yasminakhadraofficielle) avec ce poème Yasmina Khadra  ♦️Quand le rêve met les voiles Quand l’espoir fiche le camp Quand le ciel perd ses étoiles Quand tout devient insignifiant  Commence pour toi et moi Mon frère  La descente aux enfers Quand le sang des innocents Inonde les pages de l’Histoire Quand on tue mères et enfants  Pour un semblant de gloire Tu n’auras la paix Mon frère Nulle part sur terre Quand le Mal fait du bien Quand le malheur nous a à la bonne Quand la vie ne vaut plus rien Quand l’horreur n’émeut personne Tu peux garder pour toi Mon frère  Tes  vœux et tes prières. 14-11-2023

la photo a été trouvée le 16 novembre 2023 sur la page FB de Yasmina Khadra (https://www.facebook.com/yasminakhadraofficielle) avec ce poème Yasmina Khadra ♦️Quand le rêve met les voiles Quand l’espoir fiche le camp Quand le ciel perd ses étoiles Quand tout devient insignifiant Commence pour toi et moi Mon frère La descente aux enfers Quand le sang des innocents Inonde les pages de l’Histoire Quand on tue mères et enfants Pour un semblant de gloire Tu n’auras la paix Mon frère Nulle part sur terre Quand le Mal fait du bien Quand le malheur nous a à la bonne Quand la vie ne vaut plus rien Quand l’horreur n’émeut personne Tu peux garder pour toi Mon frère Tes vœux et tes prières. 14-11-2023

la jeune fille triste sur la porte arrière du Bataclan / Passionnant et émouvant documentaire sur la jeune fille triste de Banksy pochée sur la porte du Bataclan, documentaire visible jusqu'au 14/12/2023, où est posée la question des oeuvres de street art comme "communs" mais la bataille judiciaire est loin d'être terminée  et donc la question de la propriété (privée ou publique) des oeuvres  ou de l'appropriation, de l'usage des oeuvres dans les espaces par artistes et publics n'est pas tranchée.

la jeune fille triste sur la porte arrière du Bataclan / Passionnant et émouvant documentaire sur la jeune fille triste de Banksy pochée sur la porte du Bataclan, documentaire visible jusqu'au 14/12/2023, où est posée la question des oeuvres de street art comme "communs" mais la bataille judiciaire est loin d'être terminée et donc la question de la propriété (privée ou publique) des oeuvres ou de l'appropriation, de l'usage des oeuvres dans les espaces par artistes et publics n'est pas tranchée.

Shein B, slameuse de l'estime ci-dessous, sur la Palestine

Shein B, slameuse de l'estime ci-dessous, sur la Palestine

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La mémoire et la mer / Léo Ferré

16 Novembre 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #J.C.G., #album, #note de lecture, #pour toujours, #écriture- lecture, #FINS DE PARTIES

l'album de 70 et Léo Ferré en 70 chantant la mémoire et la mer / partitions de Léo Ferré, exposées à Beaune pour les 100 ans
l'album de 70 et Léo Ferré en 70 chantant la mémoire et la mer / partitions de Léo Ferré, exposées à Beaune pour les 100 ans
l'album de 70 et Léo Ferré en 70 chantant la mémoire et la mer / partitions de Léo Ferré, exposées à Beaune pour les 100 ans

l'album de 70 et Léo Ferré en 70 chantant la mémoire et la mer / partitions de Léo Ferré, exposées à Beaune pour les 100 ans

La mémoire et la mer
par Léo Ferré


La marée, je l’ai dans le cœur
Qui me remonte comme un signe
Je meurs de ma petite sœur, de mon enfance et de mon cygne
Un bateau, ça dépend comment
On l’arrime au port de justesse
Il pleure de mon firmament
Des années lumières et j’en laisse
Je suis le fantôme jersey
Celui qui vient les soirs de frime
Te lancer la brume en baiser
Et te ramasser dans ses rimes
Comme le trémail de juillet
Où luisait le loup solitaire
Celui que je voyais briller
Aux doigts de sable de la terre
Rappelle-toi ce chien de mer
Que nous libérions sur parole
Et qui gueule dans le désert
Des goémons de nécropole
Je suis sûr que la vie est là
Avec ses poumons de flanelle
Quand il pleure de ces temps là
Le froid tout gris qui nous appelle
Je me souviens des soirs là-bas
Et des sprints gagnés sur l’écume
Cette bave des chevaux ras
Au raz des rocs qui se consument
O l’ange des plaisirs perdus
O rumeurs d’une autre habitude
Mes désirs dès lors ne sont plus
Qu’un chagrin de ma solitude
Et le diable des soirs conquis
Avec ses pâleurs de rescousse
Et le squale des paradis
Dans le milieu mouillé de mousse
Reviens fille verte des fjords
Reviens violon des violonades
Dans le port fanfarent les cors
Pour le retour des camarades
Ö parfum rare des salants
Dans le poivre feu des gerçures
Quand j’allais, géométrisant,
Mon âme au creux de ta blessure
Dans le désordre de ton cul
Poissé dans des draps d’aube fine
Je voyais un vitrail de plus,
Et toi fille verte, mon spleen
Les coquillages figurant
Sous les sunlights cassés liquides
Jouent de la castagnette tans
Qu’on dirait l’Espagne livide
Dieux de granits, ayez pitié
De leur vocation de parure
Quand le couteau vient s’immiscer
Dans leur castagnette figure
Et je voyais ce qu’on pressent
Quand on pressent l’entrevoyure
Entre les persiennes du sang
Et que les globules figurent
Une mathématique bleue,
Sur cette mer jamais étale
D’où me remonte peu à peu
Cette mémoire des étoiles
Cette rumeur qui vient de là
Sous l’arc copain où je m’aveugle
Ces mains qui me font du fla-fla
Ces mains ruminantes qui meuglent
Cette rumeur me suit longtemps
Comme un mendiant sous l’anathème
Comme l’ombre qui perd son temps
À dessiner mon théorème
Et sous mon maquillage roux
S’en vient battre comme une porte
Cette rumeur qui va debout
Dans la rue, aux musiques mortes
C’est fini, la mer, c’est fini
Sur la plage, le sable bêle
Comme des moutons d’infini…
Quand la mer bergère m’appelle

 

Texte intégral
 
Christie quand je t'ai vue plonger
Mes vergues de roc où ça cogne
Des feuilles mortes se peignaient
Quelque part dans la Catalogne
Le rite de mort aperçu
Sous un divan de sapin triste
Je m'en souviens j'étais perdu
La Camarde est ma camériste
C'était un peu après-midi
Tu luisais des feux de l'écume
On rentrait dans la chantilly
Avec les psaumes de la brume
La mer en bas disait ton nom
Ce poudrier serti de lames
Où Dieu se refait le chignon
Quand on le prend pour une femme
Ô chansons sures des marins
Dans le port nagent des squelettes
Et sur la dune mon destin
Vend du cadavre à la vedette
En croix granit christ bikini
Comme un nègre d'enluminure
Je le regarde réjoui
Porter sur le dos mon carbure
Les corbeaux blancs de Monsieur Poe
Géométrisent sur l'aurore
Et l'aube leur laisse le pot
Où gît le homard nevermore
Ces chiffres de plume et de vent
Volent dans la mathématique
Et se parallélisent tant
Que l'horizon joint l'ESThétique
L'eau cette glace non posée
Cet immeuble cette mouvance
Cette procédure mouillée
Me fait comme un rat sa cadence
Me dit de rester dans le clan
A mâchonner les reverdures
Sous les neiges de ce printemps
A faire au froid bonne mesure
Et que ferais-je nom de Dieu
Sinon des pull-overs de peine
Sinon de l'abstrait à mes yeux
Comme lorsque je rentre en scène
Sous les casseroles de toc
Sous les perroquets sous les caches
Avec du mauve plein le froc
Et la vie louche sous les taches
Cette rumeur qui vient de là
Sous l'arc copain où je m'aveugle
Ces mains qui me font du flafla
Ces mains ruminantes qui meuglent
Cette rumeur qui me suit longtemps
Comme un mendiant sous l'anathème
Comme l'ombre qui perd son temps
A dessiner mon théorème
Et sur mon maquillage roux
S'en vient battre comme une porte
Cette rumeur qui va debout
Dans la rue aux musiques mortes
C'est fini la mer c'est fini
Sur la plage le sable bêle
Comme des moutons d'infini
Quand la mer bergère m'appelle
Tous ces varechs me djazzent tant
Que j'en ai mal aux symphonies
Sur l'avenue bleue du jusant
Mon appareil mon accalmie
Ma veste verte de vert d'eau
Ouverte à peine vers Jersey
Me gerce l'âme et le carreau
Que ma mouette a dérouillé
Laisse passer de ce noroît
À peine un peu d'embrun de sel
Je ne sais rien de ce qu'on croit
Je me crois sur le pont de Kehl
Et vois des hommes vert-de-gris
Qui font la queue dans la mémoire
De ces pierres quand à midi
Leur descend comme France-Soir
La lumière du Monsignor
Tout à la nuit tout à la boue
Je mets du bleu dans le décor
Et ma polaire fait la moue
J'ai la leucémie dans la marge
Et je m'endors sur des brisants
Quand mousse la crème du large
Que l'on donne aux marins enfants
Quand je me glisse dans le texte
La vague me prend tout mon sang
Je couche alors sur un prétexte
Que j'adultère vaguement
Je suis le sexe de la mer
Qu'un peu de brume désavoue
J'ouvre mon phare et j'y vois clair
Je fais du Wonder à la proue
Les coquillages figurants
Sous les sunlights cassés liquides
Jouent de la castagnette tant
Qu'on dirait l'Espagne livide
Je fais les bars américains
Et je mets les squales en laisse
Des chiens aboient dessous ton bien
Ils me laisseront leur adresse
Je suis triste comme un paquet
Sémaphorant à la consigne
Quand donnera-t-on le ticket
A cet employé de la guigne
Pour que je parte dans l'hiver
Mon drap bleu collant à ma peau
Manger du toc sous les feux verts
Que la mer allume sous l'eau
Avec les yeux d'habitants louches
Qui nagent dur dedans l'espoir
Beaux yeux de nuit comme des bouches
Qui regardent des baisers noirs
Avec mon encre Waterman
Je suis un marin d'algue douce
La mort est comme un policeman
Qui passe sa vie à mes trousses
Je lis les nouvelles au sec
Avec un blanc de blanc dans l'arbre
Et le journal pâlit avec
Ses yeux plombé dessous le marbre
J'ai son Jésus dans mon ciré
Son tabernacle sous mon châle
Pourvu qu'on s'en vienne mouiller
Son chalutier sous mon bengale
Je danse ce soir sur le quai
Une rumba toujours cubaine
Ça n'est plus Messieurs les Anglais
Qui tirent leur coup capitaine
Le crépuscule des atouts
Descend de plus en plus vers l'ouest
Quand le général a la toux
C'est nous qui toussons sur un geste
Le tyran tire et le mort meurt
Le pape fait l'œcuménique
Avec des mitres de malheur
Chaussant des binettes de biques
Je prendrai le train de marée
Avec le rêve de service
A dix-neuf heures GMT
Vers l'horizon qui pain d'épice
O boys du tort et du malheur
O beaux gamins des revoyures
Nous nous reverrons sous les fleurs
Qui là-bas poussent des augures
Les fleurs vertes des pénardos
Les fleurs mauves de la régale
Et puis les noires de ces boss
Qui prennent vos corps pour un châle
Nous irons sonner la Raison
A la colle de prétentaine
Réveille-toi pour la saison
C'est la folie qui se ramène
C'est moi le dingue et le filou
Le glob'trotteur des chansons tristes
Décravate-toi viens chez nous
Mathieu te mettra sur la piste
Reprends tes dix berges veux-tu
Laisse un peu palabrer les autres
A trop parler on meurt sais-tu
T'a pas plus con que les apôtres
Du silence où tu m'as laissé
Musiquant des feuilles d'automne
Je sais que jamais je n'irai
Fumer la Raison de Sorbonne
Mais je suis gras comme l'hiver
Comme un hiver analgésiste
Avec la rime au bout du vers
Cassant la graine d'un artiste
A bientôt Raison à bientôt
Ici quelquefois tu me manques
Viens je serai ton fou gâteau
Je serai ta folie de planque
Je suis le prophète bazar
Le Jérémie des roses cuisses
Une crevette sur le dard
Et le dard dans les interstices
Je baliverne mes ennuis
Je dis que je suis à la pêche
Et vers l'automne de mes nuits
Je chandelle encore la chair fraîche
Des bibelots des bonbons surs
Des oraisons de bigornades
Des salaisons de dessous mûrs
Quand l'œil descend sous les oeillades
Regarde bien c'est là qu'il gît
Le vert paradis de l'entraide
Vers l'entre doux de ton doux nid
Si tu me tends le cœur je cède
Ça sent l'odeur des cafards doux
Quand le crépuscule pommade
Et que j'enflamme l'amadou
Pour mieux brûler ta chair malade
O ma frégate du palier
Sur l'océan des cartons-pâtes
Ta voilure est dans l'escalier
Reviens vite que je t'empâte
Une herbe douce comme un lit
Un lit de taffetas de carne
Une source dans le Midi
Quand l'ombre glisse et me décharne
Un sentiment de rémission
Devant ta violette de Parme
Me voilà soumis comme un pion
Sur l'échiquier que ta main charme
Le poète n'est pas régent
De ses propriétés câlines
Il va comme l'apôtre Jean
Dormant un peu sur ta poitrine
Il voit des oiseaux dans la nuit
Il sait que l'amour n'est pas reine
Et que le masculin gémit
Dans la grammaire de tes chaînes
Ton corps est comme un vase clos
J'y pressens parfois une jarre
Comme engloutie au fond des eaux
Et qui attend des nageurs rares
Tes bijoux ton blé ton vouloir
Le plan de tes folles prairies
Mes chevaux qui viennent te voir
Au fond des mers quand tu les pries
Mon organe qui fait ta voix
Mon pardessus sur ta bronchite
Mon alphabet pour que tu croies
Que je suis là quand tu me quittes
Un violon bleu se profilait
La mer avec Bartok malade
O musique des soirs de lait
Quand la Voie Lactée sérénade
Les coquillages incompris
Accrochaient au roc leurs baroques
Kystes de nacre et leurs soucis
De vie perleuse et de breloques
Dieu des granits ayez pitié
De leur vocation de parure
Quand le couteau vient s'immiscer
Dans leurs castagnettes figures
Le dessinateur de la mer
Gomme sans trêve des pacages
Ça bêle dur dans ce désert
Les moutons broutent sous les pages
Et la houle les entretient
Leur laine tricote du large
De quoi vêtir les yeux marins
Qui dans de vieux songes déchargent
Ô lavandière du jusant
Les galets mouillés que tu laisses
J'y vois comme des culs d'enfants
Qui dessalent tant que tu baisses
Reviens fille verte des fjords
Reviens gorge bleue des suicides
Que je traîne un peu sur tes bords
Cette manie de mort liquide
J'ai le vertige des suspects
Sous la question qui les hasarde
Vers le monde des muselés
De la bouche et des mains cafardes
Quand mon ange me fait du pied
Je lui chatouille le complexe
II a des ailes ce pédé
Qui sont plus courtes que mon sexe
Je ne suis qu'un oiseau fardé
Un albatros de remoulade
Une mouche sur une taie
Un oreiller pour sérénade
Et ne sais pourtant d'où je viens
Ni d'où me vient cette malfide
Un peu de l'horizon jasmin
Qui prend son "té" avec Euclide
Je suis devenu le mourant
Mourant le galet sur ta plage
Christie je reste au demeurant
Méditerranéen sauvage
La marée je l'ai dans le cœur
Qui me remonte comme un signe
Je meurs de ma petite sœur
De mon enfant et de mon cygne
Un bateau ça dépend comment
On l'arrime au port de justesse
Il pleure de mon firmament
Des années-lumière et j'en laisse
Je suis le fantôme Jersey
Celui qui vient les soirs de frime
Te lancer la brume en baisers
Et te ramasser dans ses rimes
Comme le trémail de juillet
Où luisait le loup solitaire
Celui que je voyais briller
Aux doigts du sable de la terre
Rappelle-toi le chien de mer
Que nous libérions sur parole
Et qui gueule dans le désert
Des goémons de nécropole
Je suis sûr que la vie est là
Avec ses poumons de flanelle
Quand il pleure de ces temps-là
Le froid tout gris qui nous appelle
Ô l'ange des plaisirs perdus
Ô rumeurs d'une autre habitude
Mes désirs dès lors ne sont plus
Qu'un chagrin de ma solitude
Je me souviens des soirs là-bas
Et des sprints gagnés sur l'écume
Cette bave des chevaux ras
Au ras des rocs qui se consument
Et le diable des soirs conquis
Avec ses pâleurs de rescousse
Et le squale des paradis
Dans le matin mouillé de mousse
Ô parfum rare des salants
Dans le poivre feu des gerçures
Quand j'allais géométrisant
Mon âme au creux de ta blessure
Dans le désordre de ton cul
Poissé par les draps d'aube fine
Je voyais un vitrail de plus
Et toi fille verte de mon spleen
Et je voyais ce qu'on pressent
Quand on pressent l'entrevoyure
Entre les persiennes du sang
Et que les globules figurent
Une mathématique bleue
Dans cette mer jamais étale
D'où nous remonte peu à peu
Cette mémoire des étoiles
Ces étoiles qui font de l'œil
A ces astronomes qu'escortent
Des équations dans leur fauteuil
A regarder des flammes mortes
Je prierais Dieu si Dieu priait
Et je coucherais sa compagne
Sur mon grabat d'où chanteraient
Les chanterelles de mon pagne
Mais Dieu ne fait pas le détail
Il ne prête qu'à ses Lumières
Quand je renouvelle mon bail
Je lui parlerai de son père
Du fils de l'homme et du chagrin
Quand je descendais sur la grève
Et que dans la mer de satin
Luisaient les lèvres de mes rêves
Je ne suis qu'un amas de chair
Un galaxique qui détale
Dans les hôtels du monte-en-l'air
Quand ma psycho se fait la malle
Reviens fille verte des fjords
Reviens violon des violonades
Dans le port fanfarent les cors
Pour le retour des camarades
Je vais tout à l'heure fauchant
Des moutons d'iceberg solaire
Avec la Suisse entre leurs dents
A brouter des idées-lumière
Et des chevaux les appelant
De leur pampa et des coursives
Que j'invente à leurs naseaux blancs
Comme le sperme de la rive
Arrive marin d'outre temps
Arrive marine d'extase
Quand je m'arrête tu me prends
Comme je te prends dans ta case
Négresse bleue blues d'horizon
Et les poissons que tu dégorges
Depuis ton ventre et tes façons
Quand ton "sexo" joue dans ta gorge
Dans cette plaie comme d'un trou
Grouillant de cris comme la vague
Quand les goélands sont jaloux
De l'architecte où s'extravaguent
Des maçons aux dents de velours
Et le ciment de leur salive
A te cimenter pour l'amour
Ton cul calculant la dérive
Mes souvenirs s'en vont par deux
Moi le terrien du Pacifique
Je suis métis de mes aveux
Je suis le silence en musique
Le parfum des mondes perdus
Le sourire de la comète
Sous le casque de ta vertu
Quand le coiffeur sèche ta tête
Muselle-moi si tu le peux
Toi dans ton ixe où le vacarme
Sonne le glas dans le milieu
Moi planté là avec mon arme
Tu es de tous les continents
Tu m'arrives comme la route
Où s'exténuent dix mille amants
Quand la pluie à ton cul s'égoutte
Ô la mer de mes cent mille ans
Je m'en souviens j'avais dix piges
Et tu bandes ton arc pendant
Que ma liqueur d'alors se fige
Tu es ma glace et moi ton feu
Parmi les algues tu promènes
Cette déraison où je peux
M'embrumer les bronches à ta traîne
Et qu'ai-je donc à lyriser
Cette miction qui me lamente
Dans ton lit j'allais te braquer
Ta culotte sentait la menthe
Et je remontais jusqu'au bord
De ton goémon en soupente
Et mes yeux te prenaient alors
Ce blanc d'écume de l'attente
Aime-moi donc ta parallèle
Avec la mienne si tu veux
S'entrianglera sous mes ailes
Humant un peu par le dessous
Je deviendrai ton olfacmouette
Mon bec plongeant dans ton égout
Quand Dieu se vide de ta tête
Les vagues les vagues jamais
Ne viendront repeupler le sable
Où je me traîne désormais
Attendant la marée du diable
Ce copain qui nous tient la main
Devant la mer crépusculaire
Depuis que mon cœur dans le tien
Mêle ton astre à ma Lumière
Cette matière me parlant
Ce silence troué de formes
Mes chiens qui gisent m'appelant
Mes pas que le sable déforme
Cette cruelle exhalaison
Qui monte des nuits de l'enfance
Quand on respire à reculons
Une goulée de souvenance
Cette maison gantée de vent
Avec son fichu de tempête
Quand la vague lui ressemblant
Met du champagne sur sa tête
Ce toit sa tuile et toi sans moi
Cette raison de ME survivre
Entends le bruit qui vient d'en bas
C'est la mer qui ferme son livre
 
 
La mémoire et la mer / Léo Ferré
La mémoire et la mer / Léo Ferré

En 1960, Léo Ferré réalise un rêve en acquérant en Bretagne l’île du Guesclin, sur laquelle est bâti un ancien fort datant de 1026, grâce à la vente de ses droits d’auteur. C’est sur cet îlot minuscule relié à la terre ferme à marée basse que Léo Ferré habitera jusqu’en 1968, avec sa femme Madeleine, sa belle-fille et sa femelle chimpanzé Pépée. Quoique le cadre fût idyllique, l’histoire finira en drame : Madeleine sombrera dans l’alcoolisme tandis que Pépée, gravement blessée et refusant de se laisser soigner, devra être abattue, précipitant la séparation du couple. La chanson « La mémoire et la mer », parue en 1970, fait référence à cette période et à sa relation avec sa femme Madeleine. Lors d’un enregistrement public en 1990, Léo Ferré explique vaguement le contexte dans lequel il l’a écrite : « J’ai acheté une île, en Bretagne, entre Saint Malo et Cancale et, quand je suis arrivé là-bas, je me suis agenouillé, j’ai regardé cette maison, c’était fantastique, c’était le crépuscule qui s’évanouissait, enfin, c’était extraordinaire. Et après, j’ai fait un jour une chanson. Je ne comprends pas, les gens aiment beaucoup cette chanson ; elle n’est compréhensible que pour les gens qui ont connu ma vie à cette époque-là et, enfin, je peux vous en raconter là-dessus, vraiment il y a des choses qui se passent dans la vie qui ne sont pas très belles… »

 

La mémoire et la mer / Léo Ferré

Clefs


RAPPELLE-TOI CE CHIEN DE MER QUE NOUS LIBÉRIONS SUR PAROLE Évocation d’une
partie de pêche de Léo Ferré avec son ami Maurice Frot. Le « chien de mer » est une petite roussette (Scyliorhinus canicula). Ce requin de petite taille est surnommé ainsi à cause de son habitude de se déplacer et de chasser en meute. Robert Belleret raconte cet épisode dans « Léo Ferré : une vie d’artiste » : « Une roussette se prit dans le filet des deux amis. “Qu’est-ce que c’est ?demanda Léo – C’est un chien de mer ! répondit Maurice, plutôt fier de ramener sa science acquise lors de son équipée chez les terre-neuvas. – Quoi un Arkel [nom du berger allemand de Léo Ferré] ! refous-le vite à l’eau !” s’exclama Ferré. »

Dans son livre « Comment voulez-vous que j’oublie... », Annie Butor a contesté cette version : « Le “chien de mer” était une roussette qui a émis un bruit tel un aboiement. Cette roussette, la première que nous ayons pêchée, ne fut pas remise à la mer, il était
trop tard, mais elle avait la vie dure et ce fut pénible de la voir agoniser en se tortillant sur le sol.
Nous étions seuls, nous trois. Toutes les roussettes pêchées par la suite furent rejetées
immédiatement à l’eau. » Mais une petite roussette peut-elle aboyer ? Si les requins sont dépourvus d’organes pour émettre des sons, quelques rares espèces ont la capacité d’émettre un bruit semblable à un aboiement en relâchant l’air qu’elles aspirent : l’holbiche ventrue (Cephaloscyllium ventriosum) des côtes californiennes, mexicaines et chiliennes, et l’holbiche à damier (Cephaloscyllium isabellum) de Nouvelle-Zélande. En revanche ce n’est le cas, semble-t-il, d’aucun requin vivant le long des côtes françaises, ce qui rend dès lors le témoignage d’Annie Butor sujet à caution.
CELUI QUE JE VOYAIS BRILLER AU DOIGT DU SABLE DE LA TERRE L’île du Guesclin
possède un bras de sable, ressemblant à un doigt, qui est recouvert par la mer à marée haute. Léo Ferré y installait probablement, à marée basse, un filet de pêche. Pris dans ses mailles une nuit de juillet, un loup de mer, scintillant par la magie de l’éclat lunaire, semblait être une bague (un « solitaire ») au doigt de sable de l’île du Guesclin.
D’OÙ ME REMONTE PEU À PEU CETTE MÉMOIRE DES ÉTOILES Cette mémoire des étoiles : la lumière ne voyageant qu’à une vitesse limitée, ce que nous voyons n’est donc pas vraiment les étoiles, mais l’image qu’elles avaient il y a des milliers ou des millions d’années, leur mémoire.
JE SUIS SÛR QUE LA VIE EST LÀ AVEC SES POUMONS DE FLANELLE Flanelle : tissu doux
et léger La vraie vie est dans cet environnement naturel, où l’air est tellement pur qu’il laisse les poumons aussi doux et légers que de la flanelle.
REVIENS VIOLON DES VIOLONADES Violonade = morceau joué au violon Il assimile le départ de Madeleine et d’une manière, la perte de ce cadre idéal, à la disparition de la musique dans sa vie, laquelle symbolise le bonheur.
QUAND TU PLEURES DE CES TEMPS-LÀ LE FROID TOUT GRIS QUI NOUS APPELLE
Quand tu te remémores avec nostalgie la vie là-bas. Le froid tout gris : hypallage consistant à attribuer la couleur grise au froid, et non au temps qui était à la fois gris et froid.
REVIENS FILLE VERTE DES FJORDS Fjord : ancienne vallée glacière envahie par la mer qui
s’enfonce profondément dans les terres. On en trouve notamment dans le nord de l’Écosse, pays célèbre pour le phénomène des Green Ladies (filles vertes), apparitions fantomatiques de jeunes femmes. En comparant Madeleine à un fantôme, Ferré veut dire que son souvenir, en s’estompant, devient comme irréel.
LA MARÉE, JE L’AI DANS LE CŒUR Sens équivoque : « La marée me tient à cœur, j’y suis
profondément attaché » ou « J’ai en moi des remous, mon âme est agitée ».
IL PLEURE DE MON FIRMAMENT DES ANNÉES-LUMIÈRE ET J’EN LAISSE Des années-
lumière : par métonymie, les étoiles situées à des années-lumière L’assimilation des pleurs à la pluie ou à la neige est une figure de style fréquente. Ainsi Albert Samain a-t-il écrit : « Le ciel pleure ses larmes blanches sur les jours roses trépassés. » D’autre part, pleuvoir signifie au sens figuré « survenir à profusion ». Cf. Victor Hugo : « Il pleut des pardons ! Il grêle de la miséricorde ! » Léo Ferré évoque les étoiles qui émaillent le ciel (« le firmament ») ; par leur apparition en grand nombre à la tombée de la nuit, elles semblent en pleuvoir. Quant à l’emploi du verbe pleurer plutôt que pleuvoir , il évoque le sentiment de tristesse que font naître en l’auteur ces souvenirs. Et j’en laisse : Des années-lumière et plus encore.
C’EST FINI, LA MER, C’EST FINI SUR LA PLAGE, LE SABLE BÊLE COMME DES
MOUTONS D’INFINI... QUAND LA MER BERGÈRE M’APPELLE L’épisode de la vie sur l’île
du Guesclin est bien fini, mais Ferré en garde une nostalgie lancinante. Bien d’autres poètes avant lui ont comparé la mer à un troupeau de vagues en jouant sur la double acception du nom « mouton » (mammifère de la famille des ovinés ou vague frangée d’écume). Cf. Victor Hugo dans « Pasteurs et troupeaux » : « Regarde se lever la lune triomphale / Pendant que l’ombre tremble, et que l’âpre rafale / Disperse à tous les vents avec son souffle amer / La laine des moutons sinistres de la mer ». Ou Arthur Rimbaud dans « Le bateau ivre » : « J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides /Mêlant […] des arcs-en-ciel tendus comme des brides / Sous l’horizon des mers, à de glauques troupeaux ! » Ferré assimile le doux chuintement des vagues venant caresser le sable de la plage à un bêlement. La mer, gardienne (« bergère ») de moutons d’écume qui s’étendent à l’infini, continue de l’appeler vers elle.
CELUI QUI VIENT LES SOIRS DE FRIME La beauté de ce phénomène naturel est assimilée à de la frime. La nature, ici personnifiée, se pare de ses plus beaux atours pour impressionner le spectateur.
QUAND J’ALLAIS, GÉOMÉTRISANT MON ÂME AU CREUX DE TA BLESSURE
Géométrisant mon âme : donnant à mon désir une forme géométrique. Les métaphores du géomètre, comparant le coït à l’acte du géomètre-expert effectuant des mesures, et de la blessure, symbolisant le sexe de la femme, se retrouvent dans la chanson de Ferré intitulée « Cette blessure » : « Cette blessure, drapée de soie sous son triangle noir / où vont des géomètres de hasard / bâtir de rien des chagrins assistés / en y creusant parfois pour le péché. »
JE ME SOUVIENS DES SOIRS LÀ-BAS ET DES SPRINTS GAGNÉS SUR L’ÉCUME CETTE
BAVE DES CHEVAUX RAS AU RAS DES ROCS QUI SE CONSUMENT L’île du Guesclin,
accessible à pied à marée basse, est entourée par les flots à marée haute. Si l’on est à mi-chemin par la montée des eaux, il faut donc courir (« sprinter ») pour arriver sur l’île avant d’être submergé. L’écume qui monte rapidement est comparée à une bave, à des chevaux qui engloutissent les rochers à mesure que les eaux atteignent une hauteur plus élevée. On retrouve la même image chez Mallarmé : « Comme un vierge cheval écume de tempête. »
QUI ME REMONTE COMME UN SIGNE Deux significations possibles, dans la continuité de
l’ambiguïté précédente : 1) la mer, qu’il porte dans son cœur, revient subitement à sa mémoire, apparaissant ex nihilo comme un signe divin ; ou 2) le mal de mer symbolique qui l’incommode entraîne une remontée, une régurgitation des sentiments qui l’habitent.
Ô PARFUM RARE DES SALANTS DANS LE POIVRE FEU DES GERÇURES Salant : terrain
proche de la mer qui contient du sel Gerçure : petite fissure douloureuse apparaissant sur la peau ou les muqueuses Les métaphores comparant le sexe de la femme à la mer sont récurrentes dans les chansons de Ferré. Cf. Cette blessure (« Cette blessure / Où meurt la mer comme un chagrin de chair / Où va la vie germer dans le désert »), Géométriquement tien (« Ma symphonie dans ton jardin, / La mer dans ta rivière close, / L’aigre parfum de mon destin / Sur le delta d’où fuit ta rose ») ou encore Ta source (« Elle naît tout en bas d’un lieu géométrique / À la sentir couler, je me crois à la mer » ; « Ta dune, je la vois, je la sens qui m’ensable / Avec ce va-et-vient de ta mer qui
s’en va / Qui s’en va et revient mieux que l’imaginable »). La strophe étant de nature érotique et ayant pour cadre un décor marin, il est malaisé de savoir si la mer dont il est question ici est à prendre au sens propre ou au figuré. Au sens propre, on comprendra qu’au cours d’une partie de jambes en l’air sur la plage, le sel contenu dans le sol et dans l’eau provoque chez Léo Ferré une vive sensation de brûlure (« poivre feu ») dans le creux de ses gerçures, que celles-là fussent occasionnées à ses mains et à ses pieds par une exposition régulière au sel ou à une autre partie de son corps par la pratique assidue d’une activité plus intime. Au sens figuré, l’odeur reconnaissable entre mille de la mer est comparée à celle, tout aussi caractéristique quoique très différente, de la cyprine. Le « poivre-feu des gerçures » doit alors se comprendre comme le processus d’inflammation et l’état d’intense excitation causés par le frottement des muqueuses des organes
sexuels.
CETTE RUMEUR ME SUIT LONGTEMPS COMME UN MENDIANT SOUS L’ANATHÈME
COMME L’OMBRE QUI PERD SON TEMPS À DESSINER MON THÉORÈME Le bruit des
vagues reste présent à son esprit, sans qu’il puisse s’en défaire. Il le compare à un mendiant qui refuse de nous lâcher quand bien même on l’agonit d’injures, qu’on le frappe d’anathème, ou encore à sa propre ombre, qui s’ingénie à reproduire sa silhouette en appliquant quelque savant théorème mathématique.
JE MEURS DE MA PETITE SŒUR, DE MON ENFANT ET DE MON CYGNE Mourir de
quelqu’un : en éprouver un manque tel qu’on a la sensation de mourir. Cf. Anna de Noailles : « Je meurs de vous. Si j’étais gaie, ô morts, vous ne le sauriez pas ! » Ma petite sœur : Annie Butor, fille unique de Madeleine Rabereau. Elle a cinq ans lorsque sa mère épouse Léo Ferré en secondes noces en 1952. Mon enfant : Pépée, femelle chimpanzé, que Léo Ferré et sa femme Madeleine considéraient comme leur enfant. Robert Belleret, dans son livre Léo Ferré : une vie d’artiste, cite ces propos du chanteur monégasque : « Il faudrait pour nous voir maintenant accepter notre enfant Pépée… » Mon cygne : cet oiseau majestueux est considéré par les poètes comme un symbole de la beauté. « Son œil, à l’horizon de lumière gorgé / Voit des galères d’or, belles comme des cygnes »,
écrit ainsi Stéphane Mallarmé. Léo Ferré utilise ce vocable pour désigner sa femme Madeleine.
UN BATEAU, ÇA DÉPEND COMMENT ON L’ARRIME AU PORT DE JUSTESSE Évocation de
souvenirs sur l’île du Guesclin. Le verbe « arrimer » est utilisé ici dans le sens d’« amarrer », emploi impropre mais largement entré dans l’usage. Lorsque la mer est agitée, il faut promptement amarrer le bateau pour que celui-ci ne soit pas emporté par les flots.
S’EN VIENT BATTRE COMME UNE PORTE CETTE RUMEUR QUI VA DEBOUT DANS LA
RUE AUX MUSIQUES MORTES Et tandis qu’il porte encore le deuil de sa relation et de ses
souvenirs, le chahut de la ville, le bruit des gens marchant (« allant debout ») dans la rue, le vacarme de cette vie moderne désenchantée, sans musique, c’est-à-dire sans joie ni beauté, vient frapper à sa porte, perturbant sa méditation et l’invitant à le rejoindre.
DANS CETTE MER JAMAIS ÉTALE Étale : immobile L’eau de la mer, par le jeu de la succession des marées, n’est jamais stagnante.
UNE MATHÉMATIQUE BLEUE, Une infinité bleue, se multipliant à l’identique à perte de vue. L’idée est la même que dans le célèbre vers de Paul Valéry : « Et c’est la mer, la mer toujours recommencée. »
ET SUR MON MAQUILLAGE ROUX Ses yeux sont cerclés d’un maquillage roux car il a pleuré des larmes de sang, symbolisant l’extrême douleur. Cf. Voltaire : « Pourvu qu’Adélaïde, au désespoir réduite, / Pleure en larmes de sang l’amant qui l’a séduite. »
ET JE VOYAIS CE QU’ON PRESSENT QUAND ON PRESSENT L’ENTREVOYURE ENTRE
LES PERSIENNES DU SANG ET QUE LES GLOBULES FIGURENT Persienne : sorte de volet
muni de lamelles disposées de sorte qu’il existe entre chacune d’elles une fine ouverture laissant passer la lumière. Contempler l’immensité bleue de la mer lui procure la même sensation d’infini que lorsqu’on observe des amoncellements de cellules sanguines (« globules ») à travers la fine ouverture de la lentille du microscope (= « les persiennes du sang »).
Ô L’ANGE DES PLAISIRS PERDUS Probable référence à Madeleine, qui incarne les plaisirs de la chair. Le mot en apostrophe est précédé de l’article pour éviter l’hiatus, interdit en poésie classique.
CETTE RUMEUR QUI VIENT DE LÀ SOUS L’ARC COPAIN OÙ JE M’AVEUGLE Arc :
portion de la circonférence d’un cercle Ferré contemple le spectacle aveuglant du coucher du soleil, où seul un arc du disque solaire en train de passer sous l’horizon reste visible. Rumeur : bruit de la mer La rumeur de la mer vient du fond de l’horizon, là où se couche le soleil.
ET LE DIABLE DES SOIRS CONQUIS AVEC SES PÂLEURS DE RESCOUSSE Le soleil
couchant, en raison de sa couleur rouge, est comparé à un diable. Étant donné le caractère profondément intimiste du texte, il n’est pas à exclure que Ferré fasse référence à un épisode précis où le soleil couchant, dardant derrière les nuages, laissa apparaître une forme ressemblant à un diable. Des soirs conquis : L’adjectif « conquis » peut ici être compris de deux manières : envahi ou séduit. Dans le premier cas, il fait référence à la lumière rouge du soleil qui envahit le ciel crépusculaire ; dans le second, il veut dire que devant la beauté d’un tel spectacle, le soir lui-même fut conquis (= séduit). Avec ses pâleurs de rescousse : La pâleur du ciel gris de Bretagne, dont les couleurs froides contrastent avec les couleurs chaudes des rayons du soleil, vient à la rescousse pour
accroître la beauté de la scène.
Ô RUMEURS D’UNE AUTRE HABITUDE Rumeur est à prendre ici dans son acception de « bruit sourd, confus ou lointain d’origine naturelle ou produit par des objets ou des mécanismes ». On parle ainsi des rumeurs de la forêt, de la mer, de cloches, d’une usine… Les rumeurs dont il est question sont les bruits diffus de la mer, du mouvement habituel des marées. Une autre habitude : autre que celle des bruits de la ville, dans laquelle Ferré est depuis retourné vivre.
CES MAINS QUI ME FONT DU FLA-FLA CES MAINS RUMINANTES QUI MEUGLENT
Faire du fla-fla : faire de l’effet Il compare la caresse des vagues à des mains, mais des mains qui émettent un bruit semblable au meuglement des vaches (animaux ruminants). L’assimilation du murmure des vagues à un mugissement est une image courante dans la langue poétique, dont l’exemple le plus célèbre se trouve dans le Lac de Lamartine : « Ô lac ! […] tu mugissais ainsi sous ces roches profondes ». De même chez Chateaubriand : « Les vagues [...] n’offraient plus qu’une surface huileuse, marbrée de taches noires, cuivrées ou verdâtres, selon la couleur des bas-fonds sur lesquels elles mugissaient. » Les verbes « mugir » et « meugler » sont synonymes, si ce n’est que le premier est plus soutenu et a donc eu la faveur de la plupart des poètes. Ferré emploie le second pour les besoins de la rime. De même, la figure de style consistant à attribuer aux forces agissantes de la nature des membres humains n’est pas rare dans la poésie classique. Cf. Théophile Gautier : « Vous n’aurez pas de croix ni de marbre superbe, / Ni d’épitaphe d'or, où quelque saule en pleurs / Laisse les doigts du vent éparpiller sa gerbe ». Et Joachim Gasquet : « Dans les bras de la mer dorée, / Midi sommeille, l’air est lourd. / Comme tes yeux, mon adorée, / Le ciel est imprégné d’amour. »
ET QUI GUEULE DANS LE DÉSERT DES GOÉMONS DE NÉCROPOLE Dans le désert : Tout
comme le désert est souvent comparé à une mer de sable, la mer est souvent assimilée à un désert. Cf. Théophile Gautier : « Des flots rasant la cime, / Dans le grand désert bleu / Nous marchons avec Dieu ! » ; Éphraïm Mikhaël : « Viens, nous sommes les souverains / Des lumineux déserts marins / Sur les flots ravis et sereins. » Qui gueule : Une roussette ne poussant pas de cris, gueuler doit ici être compris dans son emploi transitif signifiant « saisir avec la gueule ». Les dépôts de goémons, algues vertes dont la forme rappelle celle d’ossements, sont comparés à une nécropole. Ferré joue sur cette ressemblance et sur le surnom de chien de mer donné à la roussette en imaginant que celle- ci prend ces algues dans sa gueule, comme un chien le ferait avec un os.
TE LANCER LA BRUME EN BAISER En baiser : en guise de baiser. Le baiser lancé symbolise le sentiment d’amour et la vive émotion que fait naître ce spectacle grandiose dans le cœur de celui qui le contemple. Léo Ferré, comme on peut le voir dans certaines vidéos, avait pour habitude de porter sa main aux lèvres et de lancer un baiser chaque fois qu’il se retrouvait face à une expression particulièrement saillante de la beauté.
JE SUIS LE FANTÔME JERSEY Le fantôme Jersey : l’île anglo-normande de Jersey, visible
depuis l’île du Guesclin où résidait Léo Ferré. Certains soirs de brume, le brouillard confère à l’île de Jersey un aspect fantomatique. On retrouve une image similaire chez Paul Verlaine : « Moi j'errais tout seul, promenant ma plaie / Au long de l’étang, parmi la saulaie / Où la brume vague évoquait un grand / Fantôme laiteux se désespérant. » En s’identifiant à un fantôme, Ferré indique qu’il se sent sans consistance, presque irréel. Ernest Renan écrivait : « Je ne pourrai arrêter un moment son regard ? Il ne m’accordera pas que j’existe ? Je ne serai, quoi que je fasse, pour lui qu’une ombre, qu’un fantôme, qu’une âme entre cent autres ? »
DIEUX DES GRANITS, AYEZ PITIÉ DE LEUR VOCATION DE PARURE QUAND LE
COUTEAU VIENT S’IMMISCER DANS LEUR CASTAGNETTE FIGURE Les coquilles du
coquillage, une fois ouvertes et débarrassées du mollusque qu’elles abritent, ont vocation à servir de bijou. Il prie pour que, ce faisant, le coquillage ne se brise pas quand s’y introduit le couteau et qu’il puisse donc se transformer en parure.
COMME LE TRÉMAIL DE JUILLET OÙ LUISAIT LE LOUP SOLITAIRE Trémail : grand filet
de pêche Comme un trémail : La façon dont la scène captive le spectateur est assimilée à la capture d’un poisson dans un filet de pêche. Loup solitaire : détournement de l’expression commune « loup solitaire » (personne qui vit ou agit seule, à la manière d’un loup qui aurait quitté sa meute). Le loup ne désigne pas ici le mammifère carnassier, mais le poisson aussi connu sous le nom de bar. Solitaire n’est pas l’adjectif signifiant « sans compagnie » mais le substantif désignant le diamant monté seul en bague.
ET TOI FILLE VERTE, MON SPLEEN L’ellipse du verbe rend le vers équivoque. Faut-il
comprendre ce passage comme « je voyais un vitrail et toi fille verte, tu voyais mon spleen » ou comme « je voyais un vitrail et je te voyais fille verte, toi qui est mon spleen » (c’est-à-dire : la source de mon spleen) ? La première explication nous semble plus convaincante.
LES COQUILLAGES FIGURANT SOUS LES SUNLIGHTS, CASSÉS, LIQUIDES, JOUENT DE
LA CASTAGNETTE TANT QU’ON DIRAIT L’ESPAGNE LIVIDE Figurer sous les sunlights :
être sous les projecteurs, être l’objet de toutes les attentions La lumière du soleil est comparée à des projecteurs éclairant un spectacle, en l’occurrence de castagnettes. Castagnette : petit instrument de musique espagnol, composé de deux coquilles que l’on fait claquer l’une contre l’autre Livide : d’une pâleur terne Accrochés aux récifs de granit, les coquillages cassés dont les deux coquilles s'entrechoquent au gré du vent rappellent des castagnettes et, partant, le pays d'origine de ces instruments à percussion. Mais alors que l’Espagne, pays de soleil, évoque des couleurs chaudes, il en va tout autrement des paysages grisâtres qui prédominent sur les côtes du nord de la Bretagne.
On dirait donc l’Espagne, mais une Espagne aux couleurs froides, une « Espagne livide ».
DANS LE PORT FANFARENT LES CORS POUR LE RETOUR DES CAMARADES Fanfarer =
sonner Tout en lui l’appelle à un retour à la situation antérieure, à ce que les camarades d’antan soient réunis.
DANS LE DÉSORDRE DE TON CUL POISSÉ DANS DES DRAPS D’AUBE FINE JE VOYAIS
UN VITRAIL DE PLUS, S’agit-il de draps véritables éclairés par la lumière de l’aube, ou
simplement de cette dernière qui semble couvrir le postérieur de Madeleine d’un drap lumineux ? Le « désordre » fait penser à un drap froissé, et nous inciterait à privilégier la première interprétation. Quoi qu’il en soit, ses fesses couvertes de transpiration (« poissées ») et revêtues d’un drap, réel ou métaphorique, rappellent à Ferré, qui s’extasie devant un tel spectacle, les vitraux des églises.
ET LE SQUALE DES PARADIS DANS LE MILIEU MOUILLÉ DE MOUSSE Squale : requin.
Probable métaphore sexuelle. Ferré a en effet recouru à la même image pour désigner son phallus, de manière plus explicite, dans sa chanson « Géométriquement vôtre » : « Tes bijoux, ton blé, ton vouloir / Le plan de tes folles prairies / Mon squale qui viendra te voir / Du fond de moi si tu l’en pries. » Des paradis : qui apporte un plaisir paradisiaque. Le milieu mouillé de mousse : le vagin humide de la femme La reprise oratoire de la conjonction « et » au début de chaque vers donne l’impression d’une énumération de souvenirs revenant comme des flashs, sans lien véritable les uns avec les autres.

 

Sur la couverture du Cahier d’études Léo Ferré n° 11- mai 2013 - "La
Mémoire et La Mer", Richard Martin est avec Léo Ferré qui disait à
Françoise Travelet :
 « À propos de cette chanson, il se passe une chose extraordinaire et
inexplicable : l’engouement du public. Pourtant, il n’est pas possible
qu’il la comprenne parce que c’est une poésie à décrypter et, pour la
lire, il faut avoir la grille de ma vie. Si quelqu’un me connaît, il comprend
tout, mot après mot. S’il ne connaît pas ma vie, tous les mots lui
échappent. "La Mémoire et la Mer" n’est pas une poésie hermétique : si
elle l’était, on pourrait tout y mettre, tout prétendre.
Or c’est impossible ! C’est pourquoi, je l’affirme, c’est une poésie qui
possède une clé précise et cette clé c’est moi-même ».
Léo Ferré, dans les années soixante, écrit sur l’îlot du Guesclin, à
proximité de Saint-Malo et de Cancale, dans cette Bretagne tant
aimée, "La Mémoire et la Mer" qui se nommera d’abord "Ma Bretagne à
moi" puis "Les Chants de la fureur" dans un seul chant intitulé
"Guesclin". Ce monument (selon Robert Belleret), cette œuvre dans
l’œuvre (selon Bruno Blanckeman), se compose de 55 strophes,
chacune de 8 octosyllabes, soit 440 vers. Il aura fallu une quinzaine
d’années à Léo Ferré pour y mettre le point final. Le poète musicien en
tirera comme d’un vin nouveau sept partitions/chansons : "FLB", "La
Mer noire", "Géométriquement tien", "Des Mots", "La Marge",
"Christie" et cette "Mémoire et la Mer", clé de voûte du fameux double
album "Amour Anarchie" des années soixante-dix.
Richard Martin, homme-comédien, homme-metteur en scène, homme-
diseur de poèmes, interprète sur scène ces 440 vers et donne à
entendre et à lire un Léo Ferré différent et particulièrement émouvant
sur les origines de ce poème-monde. Richard est le seul à dire ce
magnifique élan qui est un des sommets de la poésie et de la chanson
française peut-être jamais égalé. Ce n’est pas le seul texte de Ferré que
Martin joue. "Poètes… vos papiers !" fut parmi les concerts
mémorables que Richard donna sur le bateau de l’Odyssée, au service
de la poésie de son frère-ami. Ses "Nuits de l’Anarchie" au Toursky
illustrent l’âme vivante de son théâtre. Si Richard sert inlassablement
cette œuvre, Léo s’est mis
au service de Richard humblement sur la création théâtrale de son
"Opéra des rats" en lui écrivant le livret. Richard, en jouant "La
Méthode" a fait toucher du doigt à l’artiste l’art du théâtre et son
miracle.
Trente ans déjà que le poète-musicien nous a quittés. Trente ans que
son œuvre gueule dans le désert médiatique. Dérangerait-il ? Ce
silence autour de son lyrisme est d’ailleurs un hommage involontaire.
Sa révolte est celle du poing levé et dans le même mouvement de la
main tendue. Ce qui caractérise l’homme-artiste Léo Ferré c’est
l’insurrection du cœur et de l’esprit. Voilà une œuvre haute, fine et libre
programmée pour le service de l’amour et de la paix.
Richard Martin, en son théâtre Toursky, s’est fabriqué une âme tissée
par la même étoffe créatrice et fraternelle.
Richard à son tour est parti, le 16 octobre 2023.
Pour leur œuvre respective et leur amitié indéfectible, les deux hommes
sont deux frères inséparables en éternité.

Bienvenue sur la Terre à Laurac-en-Vivarais ou sur les traces de Léo Ferré / Dans la continuité de Voyage autour de ma cabane, l’auteur raconte un autre voyage, celui qu’il a fait de l’Ardèche à la Toscane sur les traces de Léo Ferré. Il le raconte à une enfant qui vient de naître, lui parle des poètes, des musiciens, des peintres... de tous les artistes qui enchantent le monde. Il lui dit aussi la beauté de la nature, à l’heure où elle est plus que jamais menacée par nos excès. Une manière pour lui de souhaiter la bienvenue sur la Terre à tous les enfants qui naissent aujourd’hui. Roger Lombardot sera accompagné dans cette aventure par son fils Manuel, auteur des photos du voyage, et par Gari Grèu (Massilia Sound System) au chant.
Bienvenue sur la Terre à Laurac-en-Vivarais ou sur les traces de Léo Ferré / Dans la continuité de Voyage autour de ma cabane, l’auteur raconte un autre voyage, celui qu’il a fait de l’Ardèche à la Toscane sur les traces de Léo Ferré. Il le raconte à une enfant qui vient de naître, lui parle des poètes, des musiciens, des peintres... de tous les artistes qui enchantent le monde. Il lui dit aussi la beauté de la nature, à l’heure où elle est plus que jamais menacée par nos excès. Une manière pour lui de souhaiter la bienvenue sur la Terre à tous les enfants qui naissent aujourd’hui. Roger Lombardot sera accompagné dans cette aventure par son fils Manuel, auteur des photos du voyage, et par Gari Grèu (Massilia Sound System) au chant.

Bienvenue sur la Terre à Laurac-en-Vivarais ou sur les traces de Léo Ferré / Dans la continuité de Voyage autour de ma cabane, l’auteur raconte un autre voyage, celui qu’il a fait de l’Ardèche à la Toscane sur les traces de Léo Ferré. Il le raconte à une enfant qui vient de naître, lui parle des poètes, des musiciens, des peintres... de tous les artistes qui enchantent le monde. Il lui dit aussi la beauté de la nature, à l’heure où elle est plus que jamais menacée par nos excès. Une manière pour lui de souhaiter la bienvenue sur la Terre à tous les enfants qui naissent aujourd’hui. Roger Lombardot sera accompagné dans cette aventure par son fils Manuel, auteur des photos du voyage, et par Gari Grèu (Massilia Sound System) au chant.

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Histoire d'une photo

15 Novembre 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #J.C.G., #album, #pour toujours, #écriture- lecture, #FINS DE PARTIES

L'histoire que je raconte, celle d'une photo, qui met 70 ans pour atteindre son destinataire, peut nous amener à la question : un enchaînement de hasards comme ceux décrits dans ce récit suffit-il à rendre compte du cheminement de la photo.

Ou peut-on se dire : elle a trouvé son destinataire parce que c'était son destin de pouvoir élucider ce qui le taraudait depuis si longtemps.

Une troisième voie peut être ouverte. Et si ce n'était ni hasard ni destin mais dessein intelligent surplombant celui qui croit au hasard comme celui qui croit au destin.

 
Il n' y a que la Source s'amusant Elle-même,
 
« Vous pensez que vous devriez être illuminé. Vous l'êtes déjà.
Vous pensez devoir suivre un chemin pour y arriver. Il n'est pas de chemins.
Vous pensez que l'illumination est un but. Il n'est pas de buts.
Vous pensez que vous devez vous transformer vous-même et transformer le monde pour le rendre meilleur. Il n'est rien à accomplir.
Vous pensez pouvoir trouver Dieu en Inde ou au Tibet.
Il n'est nulle part où aller. La Conscience est partout la même.
Vous pensez que l'issue de votre parcours personnel est ce qui importe.
Cela est égal, quelle que soit la façon dont il se termine.
Vous pensez que l'histoire qui vous arrive est vraie. C'est une illusion, un rêve.
Vous pensez avoir le contrôle de votre vie.
Vous n'êtes qu'une marionnette de la Source.
Vous pensez avoir le libre arbitre et la liberté de choix.
Il n'y a que la destinée et son déroulement ordonné.
Vous êtes persuadé d'avoir des ennemis. Il n'y a que la Source.
Vous pensez qu'il existe une formule magique pour trouver Dieu.
Détendez-vous, vous résidez déjà en Lui.
Vous pensez que le drame de chacun est une réalité.
Il s'agit uniquement de jeux de miroirs et d'écrans de fumée.
Vous pensez que Dieu souhaite une conscience plus élevée pour la planète.
La Source est uniquement là pour jouer dans la limitation.

Vous pensez que Dieu vous tient pour responsable. Il n'y a pas de Karma.

Vous nourrissez jugements, comparaisons, opinions, préférences.
Il n'y a que ce qui Est, tel que c'est, exactement tel que cela doit être.
Vous voulez être quelqu'un d'important et d'apprécié. Soyez, simplement.
Vous redoutez la mort comme l'évènement le plus tragique de votre vie.
La mort est la fin de la limitation.
Vous espérez une vie meilleure, pour la prochaine fois.
Il n'y a pas de soi pour se réincarner. Il n'y a que Source en tant que JE SUIS.
Vous regrettez le passé, vous vous tourmentez dans le présent et vous craignez le futur. Vous êtes la Source infinie en train de se distraire, détendez-vous !
Vous êtes captivés par de complexes histoires de conspirations.
Il n'y a que la Source s'amusant Elle-même.
Vous pensez avoir une raison de vivre.
Il n'y a aucun "moi" individuel pour avoir un quelconque dessein.
Il n'y a que la Source. Elle a un dessein pour cette apparence.
Vous n'y avez pas accès au travers d'un esprit fini. »
Extrait de "De la prison à l'éveil" Editions du Relié
 
Satyam Nadeen (Michael Clegg) est un écrivain américain de spiritualité. En 1996, il publie From Onions to Pearls traduit en français par De la prison à l'éveil best-seller dans la liste du New York Times. Il y raconte son emprisonnement pendant sept ans et demi dans un centre de haute sécurité en Californie, sur une accusation de conspiration, où il serait parvenu à un éveil spirituel. Il vit actuellement au Costa Rica.
comment la photo du père d'Edgar Gunzig, assassiné à Mauthausen le 28 juillet 1942 à 8 H 30, est  découverte 70 ans après grâce aux photos volées et sauvées par Francisco Boix
comment la photo du père d'Edgar Gunzig, assassiné à Mauthausen le 28 juillet 1942 à 8 H 30, est  découverte 70 ans après grâce aux photos volées et sauvées par Francisco Boix

comment la photo du père d'Edgar Gunzig, assassiné à Mauthausen le 28 juillet 1942 à 8 H 30, est découverte 70 ans après grâce aux photos volées et sauvées par Francisco Boix

L'histoire que je raconte, celle d'une photo, qui met 70 ans pour atteindre son destinataire, peut nous amener à la question : un enchaînement de hasards comme ceux décrits dans ce récit suffit-il à rendre compte du cheminement de la photo.

Ou peut-on se dire : elle a trouvé son destinataire parce que c'était son destin de pouvoir élucider ce qui le taraudait depuis si longtemps.

Une troisième voie peut être ouverte. Et si ce n'était ni hasard ni destin mais dessein intelligent surplombant celui qui croit au hasard comme celui qui croit au destin.

En septembre 2011, je rends visite à Edgar Gunzig et à Diane avec deux étudiantes russes dont la sirène du Baïkal, Baïkalal. Edgar venait de découvrir quelques mois plus tôt la photo de son père assassiné par les nazis, 70 ans après. Le récit qu’il nous fait est hallucinant.

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La vie de Jacques Günzig s’arrêta net un matin d’été, le mardi 28 juillet 1942 à 8H30. Il allait avoir trente-huit ans. On l’appelait Dolly. C’était le père d’Edgar. En octobre 1945, Jo Stripounsky, un jeune soldat américain, découvre avec effroi cette mention laconique dans le « Totenbuch », le Livre des Morts du camp de concentration de Mauthausen :

N°156 - Jüde - 11552/23 - Günzig - Jacques - 2.9.04 - Lostice - auf der flucht erschossen - 28.7.42 - 8.30

Sidéré, il relit plusieurs fois ces mots pour s’imprégner de cette réalité inconcevable... son oncle Jacques, mort, abattu pour tentative d’évasion. Le choc est rude. Ils entretenaient des relations privilégiées lorsque leurs deux familles vivaient encore à Anvers. L’adolescent éprouvait une admiration sans bornes pour cet oncle dont la vie aventureuse le fascinait.

Juin 2010, un coup de téléphone nocturne va venir bouleverser notre vie. Edgar décroche. Un certain Benito Bermejo lui demande abruptement s’il est bien le fils de Jacques Günzig. Cette question le désarçonne et le laisse sans voix. L’historien espagnol, qui la lui pose, est l’auteur d’un livre consacré au camp de concentration de Mauthausen dans lequel figure une photo : pas de doute possible, il s’agit bien de Jacques Günzig, identifié par son numéro de matricule 11552....Une information aussi improbable, qui aboutit ici, ce soir, après 70 ans ! Conscient du trouble d’Edgar, Benito Bermejo propose d’ envoyer un exemplaire et de le rencontrer ultérieurement pour en parler plus longuement.

Le livre nous parvient quelques jours après l’appel téléphonique, un grand livre cartonné dont le titre espagnol est : « Francisco Boix, el fotografo de Mauthausen ».

La photo apparaît page 74, elle nous plonge dans un état de sidération indescriptible. Quelle violence ! Sur la photo, Jacques Günzig est couché sur le dos dans l’herbe, pieds nus, un pantalon foncé et la veste rayée légèrement relevée, le numéro de matricule 11552 en dessous de l’étoile de David, à la place du cœur. Gisant à côté de lui, son compagnon Arpad Spitz, vingt-trois ans, et derrière eux, les barbelés...un mur de pierres.

L’aventure de cette photo prise à Mauthausen est étonnante. Elle faisait partie d’un lot de 20.000 négatifs sauvés par le jeune photographe espagnol, Francisco Boix. Il avait été affecté au laboratoire photos de l’Erkennungsdienst, service d’identification du camp. Chaque nouveau détenu était photographié. Les morts non naturelles, plus

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précisément les assassinats camouflés sous l’appellation « tentative d’évasion », étaient soigneusement répertoriées dans un registre, le « Totenbuch ». La bureaucratie centrale de l’Etat national-socialiste exigeait un rapport précis, circonstancié, avec une esquisse ou une photo du lieu du crime. Voilà qui explique le grand nombre de documents témoignant des atrocités commises à Mauthausen.

Pour arriver jusqu’à Edgar, cette photo a vécu une véritable épopée, un improbable enchaînement d’événements. Son destin est lié à un événement majeur qui eut lieu bien loin de Mauthausen.

On est le 3 février 1943, date d’un tournant majeur de la Seconde Guerre Mondiale. Il s’agit de la défaite cataclysmique de l’armée allemande à Stalingrad dont l’onde de choc se propagea comme une trainée de poudre jusqu’à Berlin. Elle y fit souffler un vent de panique sur les plus hautes instances nazies. Le département politique ordonne à tous les camps de concentration la destruction des photos qui pourraient témoigner des comportements criminels et sadiques des SS. Bref, ne conserver que les documents anodins. La victoire finale devenant soudain incertaine, la prudence est alors de mise.

Comment imaginer que cet événement permettra des années plus tard à Edgar de découvrir une ultime photo de son père ? Et cela grâce à Staline...

Voici comment nous avons pu reconstituer ce périple : le Commandant du camp transmetl’ordrededestructiondetouslesnégatifséquivoquesauchef SSdulaboratoire photo. Ce dernier obéit illico. Après en avoir éliminé quelques uns, rapidement lassé par ce travail fastidieux, il passe la main à Francisco Boix qui comprend très vite l’intérêt unique de préserver ces documents comme témoignage des atrocités commises. Il décide d’en dérober un maximum. Les bonnes nouvelles du front donnent espoir aux jeunes déportés espagnols qui sont prêts à prendre tous les risques. Avec leur aide, les négatifs sont cachés en différents lieux du camp. Le danger potentiel de leur découverte lors de fouilles est permanent. Il s’avère indispensable de les exfiltrer dans un endroit plus sûr. C’est cet exploit que vont réaliser quelques jeunes espagnols qui, escortés, sortent du camp tous les jours pour aller travailler dans une entreprise locale, la carrière Poschacher. Les trajets quotidiens sont mis à profit par l’un d’eux, Jacinto Cortés, pour sortir au péril de sa vie le colis de négatifs et le cacher sur son lieu de travail.

Mais, au début de l’année 1945, catastrophe ! Cette entreprise va cesser son activité de production de granit et de gravier. Jacinto Cortés cherche de toute urgence une autre cachette pour son précieux colis.

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Durant ses allées et venues, il a établi un rapport de confiance avec une Autrichienne, une habitante du village de Mauthausen, Madame Pointner, dont la maison borde l’enceinte de la carrière. C’est là qu’ils échangent régulièrement quelques mots depuis des mois. Anna Pointner a montré d’emblée de la sympathie pour ce groupe de jeunes qu’elle voit arriver quotidiennement depuis le camp pour travailler dans la carrière. Jacinto ose lui demander de cacher le colis de négatifs, elle accepte immédiatement. Elle sait qu’elle risque sa vie. Socialistes avant la guerre, elle et son mari sont farouchement opposés au National-Socialisme et il est évident pour elle de poser un tel acte de résistance. Dans un premier temps, Mme Pointner cache le colis dans sa maison, ensuite, pour plus de sécurité, elle le dissimule dans un mur de son jardin où Jacinto Cortés et Francisco Boix iront le récupérer après la libération du camp par l’armée américaine, le 5 mai 1945.

Il aura fallu tout ce courage pour qu’un jour Edgar reçoive la véritable preuve de la mort de son père. Celui de ces jeunes républicains pour lesquels Jacques Günzig avait, quelques années auparavant, aussi risqué sa vie en Espagne...

La photo, miraculeusement sauvée, va amener Edgar à découvrir l’homme qu’était son père, ses prises de conscience politique tout comme son sens aigu de la justice sociale. Il comprendra douloureusement l’ampleur de la tromperie, de la manipulation par le stalinisme qui promettait un monde nouveau.

L’exploit n’aura pas été vain, il contribuera aussi à révéler les horreurs des crimes de guerre. Au cours de l’année 1946, Francisco Boix sera cité comme témoin dans les procès des hauts dirigeants du IIIème Reich à Nuremberg. Les photos produites montreront la réalité du camp de Mauthausen et l’implication de responsables nazis tels que Kaltenbrunner et Speer.

Mais cette histoire extraordinaire et héroïque n’explique qu’en partie le cheminement de la photo jusqu’à Edgar. Si elle avait bien été « libérée », son chemin vers lui est une aventure d’une toute autre nature. Elle aurait pu se perdre définitivement dans les archives...

Les hasards de la vie en ont décidé autrement.

L’historien Benito Bermejo s’intéressa au devenir des Espagnols de la Retirada et fut ainsi naturellement conduit à examiner les archives du camp de Mauthausen au Bundesministerium für Inneres, Ministère de l’Intérieur à Vienne. C’est là, parmi de nombreux documents, qu’il découvre la photo. D’emblée, son regard est attiré par ces deux corps allongés dans l’herbe. Chose rare, le numéro de matricule de l’un

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d’eux est clairement visible sur sa veste, ce qui permet à Benito Bermejo de découvrir son identité : Jacques Günzig, de nationalité tchèque. Ne comptant pas pousser ses recherches jusqu’en République tchèque, il choisit néanmoins de la publier dans son livre et gardera l’information « en veilleuse ».

Bref, cette photo était très loin de pouvoir croiser le chemin d’Edgar. C’était sans compter sur sa bonne étoile : c’est un autre livre relatant sa propre histoire, « Relations d’incertitude » qu’il a co-écrit avec Elisa Brune, qui attire l’attention d’Angeles Munoz, une amie espagnole de Benito Bermejo résidant en Belgique et chargée de la traduction de son livre en français.

Persuadée que ce livre peut intéresser Benito, elle lui transmet l’information. Le nom Günzig le fait sursauter, il se souvient alors de la photo... la boucle est sur le point d’être bouclée. Angeles lui transmet notre numéro de téléphone, il nous joint sur le champ et déclenche l’histoire qui s’écrit ici....

Après 1945, Francisco Boix travaille comme reporter dans la presse communiste française : Ce soir, L’Humanité, Regards.

Il meurt prématurément à trente ans, sa santé ayant été fragilisée par la déportation.

En 2017, ses restes sont transférés au Père Lachaise lors d’une cérémonie présidée par la maire Anne Hidalgo, au cours de laquelle la chanteuse Marina Rossell a chanté l’Emigrant et El Cant dels ocells.

Quant à Elisa Brune, quel parcours. D’elle, j’ai bien sûr lu La tournante cité dans l’article Écrire le viol. Et deux ouvrages de vulgarisation scientifique. Elle est décédée le 29 novembre 2018 d’un cancer, 52 ans. Coïncidence, 8 ans après l’épousée, 29 novembre 2010, 62 ans.

Dolly en librairies belges depuis septembre 2023
Dolly en librairies belges depuis septembre 2023

Dolly en librairies belges depuis septembre 2023

En 2015, Edgar Gunzig reçoit une photo par la poste.

L’image d’un mort, allongé dans l’herbe, devant des fils de fer barbelés. C’est le corps de son père, Jacques Gunzig dit « Dolly », en 1942 dans le camp de concentration de Mauthausen, juste après son assassinat. La découverte de cette image va le bouleverser et susciter le besoin d’écarter le voile, de découvrir qui fut cet homme dont il ne connaissait la vie que par bribes : le Parti communiste, les camarades, la Résistance, la Tunisie, la guerre d’Espagne au côté des Brigades internationales, la Palestine… Ce livre est le résultat de longues recherches qui lui firent découvrir une vie aventureuse, engagée, marquée par les soubresauts de l’Histoire, l’antisémitisme et le nationalisme dont la nature redoutable résonne aujourd’hui, plus que jamais.

Physicien cosmologiste à l’Université libre de Bruxelles, Edgar Gunzig a publié plusieurs livres scientifiques, notamment Que faisiez-vous avant le Big Bang ? chez Odile Jacob, Paris, 2008 mais également co-écrit, avec Elisa Brune, Relations d’incertitude, prix Rossel des Jeunes 2005 chez Ramsay.

Postface de Thomas Gunzig :

Il n’a jamais été là et pourtant il a toujours été là. Son prénom est mon second prénom, petit symbole collé dès les origines, il était acquis que son absence ferait partie de mon identité, marque objective de l’omniprésence de sa mort dans ma vie. 

Si aujourd’hui je ne me souviens pas de la première fois où l’on m’en a parlé, c’est probablement parce qu’on m’en a toujours parlé, de son histoire, de ses combats, de ses engagements, de son arrestation, de sa fin. On m’a toujours parlé des souvenirs minuscules que mon père avait de lui et que, tout minuscules qu’ils soient (une main dans une main, un grand manteau, une promenade au parc, une ombre, une voix…), comme ils étaient les seuls, ils devenaient immenses au point de prendre toute la place. Il y avait de lui, de-ci de-là, dans la maison, quelques photos, toujours les mêmes (elles étaient rares), des images d’un monde disparu, d’un Bruxelles d’avant-guerre, d’un univers d’avant le drame, d’avant le grand massacre. Les images d’un homme élégant, souriant, les dents un peu de travers, le cheveu mal peigné. Ces images me fascinaient. Parfois, en les regardant, un sentiment d’urgence s’emparait de moi et je me disais : « il ne se doute pas de ce qui va se passer ! Il faut le prévenir ! Ne sois pas là, ce jour-là ! » Tout aurait été alors différent. Ma grand-mère n’aurait pas été cette vieille femme dont la tête était agitée par des tics nerveux que je mettais sur le compte de la douleur d’avoir perdu son mari, mon père n’aurait pas été cet homme à qui il semblait manquer un morceau, qui était comme un meuble bancal, ma sœur et moi n’aurions pas été élevés dans l’idée que le drame n’est jamais loin, qu’il ne faut pas avoir confiance dans la vie, que quand ça va ça ne dure qu’un temps, que tout ce qu’on a peut disparaître, d’un seul coup, que rien n’est jamais acquis, à commencer par sa propre vie et celle des gens qu’on aime. Nous n’aurions pas eu l’impression d’avoir, planant au-dessus de nos têtes, une créature menaçante semblant dire : « vous serez les suivants ».

Mon grand-père n’a jamais été là, mais son absence avait la nature de la présence. Probablement parce que mon père n’a jamais cessé de l’attendre. Alors, forcément, d’une certaine manière, toute la famille attendait avec lui.

Et une famille qui attend comme ça, ça donne une couleur particulière à l’enfance, on ne s’installe jamais vraiment, on regarde en arrière, l’avenir est incertain. À la maison, on prononçait souvent les mots de « Gestapo », « nazis », « Hitler », « arrestation », « Résistance », « collaboration », « déportation », « camps de concentration ». Le passé ne cessait de faire partie du présent. Les livres qui traînaient sur les tables, c’étaient « Réflexion sur la question juive » de Sartre, « Je ne lui ai pas dit au revoir (des enfants de déportés parlent) », « La nuit » d’Elie Wiesel. Nous avions religieusement regardé, la série « Holocauste » quand elle était passée à la RTB au début des années 80, mais aussi « Le chagrin et la pitié » de Marcel Ophüls ou « Nuit et Brouillard » d’Alain Resnais (j’avais été choqué, enfant, de voir tellement de corps nus, vivants ou morts).

On ne réalise pas à quel point un drame, une guerre, un meurtre agit dans le temps, que c’est comme une pierre jetée au milieu d’un étang qui provoque des ondes se propageant pour de longues minutes à toute la surface de l’eau. Un caillou englouti et voilà le chaos.

Mais il est une chose de savoir que quelqu’un est mort et il en est une autre de le voir. D’en avoir la preuve visuelle. Durant des années, nous savions que Jacques était mort à Mauthausen. Mon père m’avait souvent raconté comment, enfant, juste après la Libération, il allait à la gare avec ma grand-mère, quand arrivaient les flots de déportés amaigris et comment ils espéraient tous les deux voir, au milieu de cette foule de survivants, apparaître Jacques. Et puis, lorsque les derniers d’entre eux furent revenus, qu’il n’y eut plus de trains, que les quais furent vides, ce fut la résignation. Mon grand-père, comme des millions d’autres, était mort dans les camps. Plus tard, il y eu la confirmation administrative venue du Totenbuch de Mauthausen reprenant la date et la justification de la mort : « abattu lors d’une tentative d’évasion ». L’intelligence logique comprend alors qu’il n’y a plus rien à attendre, le cortex préfrontal intègre sans rechigner cette information.  Mais quelque chose au fond du ventre continue à croire, à espérer, à douter des preuves, à refuser le raisonnement, à rejeter l’argumentation, quelque chose que la résignation n’atteint pas. L’irrationnel est un animal étrange, il vit caché à l’intérieur de nous et durant sa longue existence il nous chuchote de croire en des impossibilités. Je suis certain que tout en sachant que mon grand-père était mort, abattu, à Mauthausen le mardi 28 juillet 1942 à 8h30 du matin (j’ai essayé de trouver des informations sur la météo de ce jour-là, je n’y suis pas parvenu), la réalité de sa mort n’était pas solidement cristallisée au point de devenir une « intime conviction ».

En 2015 mon père et sa femme recevaient la photo du cadavre de mon grand-père. Je crois que pour lui comme pour toute la famille, ce fut comme si le temps se contractait, comme si les 26.000 jours nous séparant du moment où le photographe de Mauthausen appuyait sur le déclencheur du Leica face au corps probablement encore tiède de mon grand-père, venaient de disparaitre, comme si la distance géographique elle aussi n’avait plus de sens, c’était comme si nous étions à ses côtés, ce matin d’été autrichien, dans ce camp de la mort qui fut un des plus durs pour les déportés et un des plus rentables pour le régime nazi.

Cette photo fut probablement pour mon père comme un second deuil. Mais un deuil plus brutal que le premier. Cette fois cet homme qui lui avait manqué durant toute son existence était assassiné sous ses yeux d’adulte qui redevenaient, pour l’occasion, des yeux d’enfant.

Je suis incapable de prendre la mesure du bouleversement qui a été le sien à ce moment. Que peut-il se passer dans un esprit lorsque âgé de près de 80 ans on voit mourir son propre père ?

Ce livre/enquête est né de ce choc. Il résulte de la longue enquête menée par mon père et sa femme. à présent que le corps avait été vu, que la mort était actée, il fallait découvrir qui était vraiment cet homme de 37 ans dont on savait si peu de choses mais dont l’absence avaient eu de telles conséquences. Il fallait que l’on parvienne à définir enfin de quelle matière était faite notre famille et, en ce qui me concerne, au-delà de l’hommage ou du symbole quelle était la signification exacte de mon second prénom.

Nous ne connaissions pas Jacques Dolly Gunzig. Ce livre nous rapproche de lui, il le sort du « Totenbuch », il le relève du sol maudit de Mauthausen, il le ramène à la vie.

Thomas Gunzig

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Et quoi l'éternité ?

7 Octobre 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #J.C.G., #album, #cahiers de l'égaré, #développement personnel, #pour toujours, #spectacle, #écriture- lecture, #théâtre

flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
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flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse

flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse

Un concepteur : Dominique Lardenois

Deux interprètes : Dominique Lardenois, Katia Ponomareva

pensées particulières avant la traversée 
pour Cyril, Michel dont le maire, Ange Musso, nous avait annoncé la disparition le 28 septembre 2001, à 17 H sur le palier
pour les 81 ans de JP, le 29 septembre
pour Annie, partie le 29 novembre 2010
pour V. P. en traitement de choc pour un cancer généralisé
pour Katheline, en train de partir en unité de soins palliatifs à Lyon
(elle sera très présente dans la prochaine oeuvre poétique de Nouria Rabeh : Ode à l'humanité suivie de Territoires de la Joie)
pour Alain, en traitement pour un cancer, depuis ce 29 septembre
NB : je n'ai pas corrigé les maladresses du document livré; elles font partie du moment partagé
dispositif scénique, les deux interprètes : Dominique Lardenois, Katia Ponomareva

dispositif scénique, les deux interprètes : Dominique Lardenois, Katia Ponomareva

ET QUOI L’ ETERNITE ?

UNE TRAVERSEE DANS L’ŒUVRE DE JCG-VITA NOVA

Choix des textes Dominique Lardenois

Interprétation : Katia Ponomavera, Dominique Lardenois

Lecture réalisée le vendredi 29 septembre à la Maison des Comoni ( Le

Revest-les-Eaux)

Lardenois

Présentation de la soirée :

Bonsoir à toutes, bonsoir à tous, bonsoir Monsieur le Maire du Revest les Eaux.

Merci beaucoup d’être en notre compagnie pour partager notre traversée dans

les écrits de Jean-Claude Grosse.

Bonsoir Katia

Bonsoir Jean-Claude.

Comme tu l’as souhaité, tu vas donc découvrir en même temps que notre

public les textes que nous avons choisis pour faire notre traversée.

Mais avant de commencer un petit récapitulatif de tes activités littéraires.

Tu interviens si j’ai oublié quelque chose d’important !

Donc entre 1997 et 2021, tu as, publié 15 livres, Théâtre, poésie, essais, poème

récit,

Et puis, en février 2022, tu publies un seizième livre que tu intitules : Et ton

livre d’éternité ?

Quel livre !

Un roman polyphonique de six cent soixante six pages que tu as écrit durant

deux années.

Tu publies sur tes blogs qui sont consacrés aux questions politiques et sociales,

au développement personnel et à l'éveil spirituel, de très nombreuses notes de

lecture puis tu n’hésites pas à fait part de tes réflexions et de tes prises de

positions sur des domaines très variés.

1Jean-Claude , on peut te voir faire des choses que l’on dit ordinaires comme

par exemple faire tes courses en préférant les circuits courts, boire un café, te

promener dans la garrigue ou conduire ta voiture …

Mais lorsque tu écrits, tu te métamorphoses !

Lorsque tu écrits tu deviens E. Say Salé (ton hétéronyme africain) ou JCG,

(celui qu’on appelle communément J.C) ou Lui-Je, hiérosolymitain d’Avers sous

les eaux depuis le Déluge et d’Avers sur les eaux Et de Corps ça vie ou Vita

Nova.

Je ne connaissais évidement pas le mot Hiérosolymitain et j’ai regardé dans le

dictionnaire, alors : Hiérosolymitain nom masculin qui signifie habitant de

Jérusalem

Dans tes écrits comme dans ta vie, tu traces un chemin très singulier et

atypique avec une démarche profonde, sérieuse argumentée et engagée.

Ce qui n’empêche pas l’humour.

Cette traversée sera subjective, chacune et chacun d’entre vous pourrait en

proposer d’autres, elle ne pourra pas rendre – compte de tout ce que tu as

écrit. Merci de nous le pardonner !

Elle est (sauf coup de tonnerre) prévue pour une durée d’une heure.

Pour conclure cette soirée de manière amicale un pot vous est offert par la

municipalité du Revest-les-Eaux

Vous pourrez aussi, si vous le souhaitez, vous procurer les ouvrages de Jean-

Claude. J’ai cru comprendre qu’il serait à prix réduit ? Tu confirmes Jean-

Claude ?

Vous dire enfin que cette soirée est soutenue par Les Cahiers de l’Égaré, Les

quatre 4 Saisons du Revest et d’ailleurs, La Municipalité du

Revest-les Eaux. En partenariat et avec le soutien de TPM et du Pôle.

Merci beaucoup à eux

Merci à l’équipe technique de la Maison des Comoni qui nous ont très bien

accueillis.

N’oubliez pas tout à l’heure de rallumer vos téléphones portables.

Bonne soirée

2Jean-Claude est-ce que tu une idée du texte avec lequel nous allons commencer

notre traversée ?

On va commencer avec un poème

Il fait partie des 92 poèmes que tu as écrit entre 1958 et 2000 et qui sont

regroupés dans La Parole éprouvée.

C’est un poème que tu as écrit en 1999 pour Les 4 Saisons de Revest aventure

de théâtre et de poésie depuis 1983 et pour L’Agora de La Maison des Comoni

espace de pensée libre, gratuit depuis 1995

Il est dédicacé à Florence, Michelle, Jacqueline, Malika, Jean-Louis, Alex, Cyril,

Rachid, Philippe, Joël, Paul, Michel, Florence, Jacques et Béatrice.

Il a pour titre

(DES) APPRENTISSAGE DE LA BÊTISE, DE LA MAÎTRISE

C’est un poème autobiographique

J’ai commencé le 25 octobre 1940,

jour de ma naissance criée

en maternité-celle des fleurs-du côté d’Ollioules.

menue maman sans son homme

-mon père-du côté de Dakar.

Il faisait nuit-une heure du matin-

c’était minuit dans le siècle de Trotsky assassiné,

nuit et brouillard sur l’Europe nettoyée par Hitler.

Ignorant, je ne savais pas, je ne pouvais crier.

Grandissant, on apprend. Coupable, on devient.

De parents coupables d’innocence.

Nous vivions en zone libre, au temps des restrictions,

dans une France coupée en deux et collabo.

27 novembre 1942. Sabordage de la Flotte.

Un obus dans ma chambre à Rodeilhac. -Maman m’a raconté-

Un obus dans ma chambre qui n’a pas explosé. J’eus la vie sauve,

perdis l’usage d’un œil le gauche

jusqu’à la Libération où je fus rétabli dans ma vision.

3Avant ma longue errance dans le labyrinthe de l’Histoire, je jouais à des jeux

touchants.

Il faisait un temps de guerre froide sur le monde coupé en deux.

Ignorant, je ne savais pas, je ne pouvais crier

que les coupables torturés, abattus, enfermés au goulag étaient innocents.

Moi, je jouais ici en démocratie quatrième République, sans savoir ce que c’est,

du côté de Castres.

Là-bas, d’autres enfants jouaient du côté de Moscou, de Pékin aux mêmes jeux

touchants, dans des démocraties populaires à régime totalitaire sans savoir ce

que c’est.

Après l’effondrement du mur de Berlin

quand après les deux mondes il n’y en eut qu’un

je compris que les dictatures à langage unique s’effondrent

quand les démocraties à pensée unique perdurent.

Avant mon séjour prolongé dans le labyrinthe du Politique

où sévit le Minotaure Libéral qui bouffera nos enfants,

j’appris l’élémentaire, le primaire, le secondaire et le supérieur.

Quelle adolescence du désastre chez les enfants de troupe !

Et à Saint- Cyr Coëtquidan, terre de fondrières et d’effondrements,

L’entrée en poésie pour tenter d’en sortir.

Ecriture appliquée sur des cahiers d’égaré.

Du mot qui dénomme croit faire apparaître la chose dans sa lumière

au mot qui monte, pense faire voir le plein de la chose

jusqu’au mot -mais y arriverai-je à cet ultime ?- jusqu’au mot investi par les

vides et les pénombres de la chose.

Car plus je passe, moins j’explique, moins je comprends : l’expérience me

désapprend le monde et l’homme.

4De la poésie fascinée par l’absence de ce qui n’est pas, de la poésie comme

plainte et révolte à la poésie de la présence et de l’acquiescement à ce qui

apparait et disparait.

De la poésie comme volonté de puissance pour désembourber l’avenir

A la poésie comme humilité pour chuchoter ce qui nous ramifie.

Et ce fut le temps de la paix en Algérie.

A l’Algérie française j’avais cru et je suis arrivé dans ce pays libéré de moi/de

mes pieds noirs, de mon Etat

sans être inquiété ou haï.

Prise de conscience des tromperies de tous bords.

Crise de conscience. Démission de l’armée.

Reprise des études en Sorbonne, à Nanterre.

Professeur de letres et de philosophie dans le Nord

aimé d’une élève, l’aimant en retour

ah la légère, l’aérienne ! Etoile et danse !

Vivre d’aimer au temps de Mourir d’aimer.

Mariages civil et religieux, nous athées,

Au beau milieu de l’année.

Une fille nous est venue le jour du deuxième tour des élections de 68.

Après l’exaltation du 13 mai au 6 juin,

Entré en politique avec le souci de transformer le monde

par la vérité et la lutte des classes.

J’ai perdu de vue notre fille et ma femme.

Le militant, 12 ans durant, a oublié d’être mari et père.

30 ans après, on revient là-dessus.

A vu le jour notre deuxième, 3 ans après.

A vu le jour après avoir failli être perdu !

Homme d’écriture et de théâtre comme moi et comme sa sœur.

Du Nord au Sud, ce que nous avons gagné en soleil, nous l’avons perdu en

chaleur.

5Après la révolution mondiale pour changer la vie,

Echec patent

l’action municipale, 12 ans durant,

pour faire du village du Revest, une agora rayonnante,

Pari tenu.

Vie depuis consacré au théâtre, art de la parole et du silence,

Art du dit, du non-dit, du mi-dit

Art de la voix, du regard, du corps,

Art de la présence et du partage

Cet art du rassemblement me tient en éveil, en alerte,

capteur d’inattendu bouleversant

en marge de la déception qui me saisit quand ce qui se passe sur scène est en

représentation.

Me soumettant à l’impératif de l’essentiel, que me faut-il maintenant

entreprendre entre le franchissement de l’an 2000 et le passage à vide ?

Ecouter la symphonie des nuages qui dérivent au dessus de ton toit.

Voir depuis chez moi le théâtre des vents alternes dans l’olivaie.

Commentaire :

Cher Jean-Claude tu as écrit ce poème-portrait à l’aube de l’an 2000. Vingt-trois

années on va se rendre-compte que tu ne t’es pas contenter d’écouter la

symphonie des nuages et voir le théâtre des vents dans l’olivaie.

(Temps)

Lardenois

Puisque nous sommes en automne nous avons choisis de poursuivre notre

traversée avec un texte que vous trouverez dans

ET TON LIVRE D’ETERNITE ?

Il a pour titre :

Vivre les saisons au féminin que tu sois femme ou homme

6Katia

Quand vient l’automne,

Je repense à ces fleurs qui sont nées.

Qui ont parfumé nos âmes.

Je repense à ces fruits délicieux,

Que nous avons cueilli ensemble

Dans notre arbre âme.

Oh mon amour, j’ai tellement de reconnaissance

Pour toutes ces feuilles, toutes ces fleurs, tous ces fruits

Que tu as fait pousser en moi, à travers moi,

A travers d’autres.

J’ai tellement de reconnaisse pour

Toutes ces feuilles, toutes ces fleurs, tous ces fruits,

Que nous avons créés ensemble,

Au bout de nos sourires, de nos regards, de nos mains d’oiseaux, de nos danses

colorées, de nos souffles, de nos joies partagées.

Quand vient l’automne,

Je repense à toutes ces feuilles, toutes ces fleurs, tous ces fruits, toutes ces

graines,

Qui vont tomber en terre.

Et je ressens la sève qui descend,

7Les feuilles qui lentement se rétractent, se détachent des branches.

Tout devient plus craquant et plus sec,

Alors je pense, mon amour, à ce besoin

De retrouver la TERRE

A ce besoin de fondre dans l’humus- amant,

De fondre, à nouveau dans l’obscurité et la chaleur de sa douce présence.

Et je pense à ce temps de recueillement,

Ce lâcher prise après l’été ardent

Et je laisse la sève revenir à la TERRE,

Je laisse mon amour revenir en mon centre plus présent et plus fort.

Ressourcement, transformation

Passage de la lumière à l’obscurité

De l’extérieur à l’intérieur.

Mon cœur porte cet élan des saisons avec moi,

Et je sais que mon amour a autant besoin de fruits mûrs que de branches

d’hiver.

Mon amour, tes belles feuilles toutes gorgées d’été et de chaleur,

Vont ralentir leur activité

Pour nourrir le bois, les directions nues qui se trament au bout des branches,

dans le corps de ton tronc, dans la conscience nue,

Et je pense à ce besoin de renouvellement, de régénérescence.

8Dans la douce fin d’été si sucrée,

Je pense à ma capacité à mourir pour renaître encore,

Je pense au phénix et je pense à l’oiseau

Et je laisse mes plumes se suspendre un instant.

Une profonde introspection commence.

Ce besoin d’être à l’intérieur,

Ce besoin d’habiter l’intérieur,

Ce besoin de prière.

Âme du monde je te reconnais.

Je te reconnais dans ton foisonnement, ta générosité, je te reconnais dans ta

nudité, ton abandon.

Et je descends dans ton essence pour effleurer avec toi l’âme plus grande qui

nous berce toi et moi et nous demande d’écarter encore nos antennes célestes

Pour propager, cultiver cette atmosphère du souffle

Dans chaque recoin du monde,

Avec ce souffle amoureux,

D’un espoir à trouver, d’une paix à toucher.

fin de traversée

fin de traversée

(Temps)

Lardenois

DANS

LES ENFANTS DU BAÎKAL

Il était une fois le Baïkal et une goutte d’eau

9Katia

C’est un conte !

Un dialogue entre un Grand-père et sa Petite Fille qu’il appelle sa Fetite Pille.

Lardenois

Le Grand Père : Tu veux voyager ?

Katia

La Fetite Pille : Oui loin !

Lardenois

Alors on est parti !

Katia

Où ça ?

Lardenois

Au lac Baïkal

Katia

C’est où ?

Lardenois

Vers l’est, à 10 000 kilomètres de la Méditerranée.

Katia

Comment on y va ?

Lardenois

Par l’imagination

Katia

Oui, mais en vrai ?

Lardenois

En vrai, avec le Méditerranée-Baïkal un train pour les rêveurs.

Katia

10On part quand ?

Lardenois

Le 28 juillet à 7 heures du matin.

Katia

Combien on passe de jours dans le Méditerranée-Baïkal ?

Lardenois

7 jours pour Oulan- Oudé

Katia

Qu’est ce qu’on y fait ?

Lardenois

On voit de nouveaux visages, de nouveaux paysages, on traverse des rivières,

on passe sous des montagnes, on entend la musique des roues…

Katia

C’est bien voir de nouveaux visages ?

Lardenois

C’est ce qui est le plus passionnant, chaque visage raconte son histoire.

Katia

Moi, j’entends rien quand je regarde.

Lardenois

Il faut voir avec les yeux du cœur pour entendre l’histoire muette d’un visage !

Katia

Raconte-moi les arrêts sur image.

Lardenois

On commence par lequel ?

Katia

11Oulan- Oude c’est la qu’on descend pour aller au lac. Comment on va au lac ?

Lardenois

Un mini bus puis en bateau pour aller à Baklany. C’est une plage de sable ocre

réservée à deux poètes. Dasha et Lisa.

Katia

Elles vivent comment ?

Lardenois

Seules, dans une isba en bois, elles pêchent, chassent, cueillent des baies

Katia

Elles n’aiment pas les gens ?

Lardenois

Si, mais elles les aiment trop ! Les gens sont toujours décevants quand tu les

aimes trop !

Katia

Je t’aime beaucoup alors tu me déçois ?

Lardenois

Sans doute, je ne suis pas à la hauteur des histoires que je veux te raconter.

Katia

Ca c’est vrai : le minibus, le bateau, tu peux faire mieux ! Dis- moi quelque

chose qui me parle…

(temps)

Lardenois

Il était une fois une goutte d’eau sur une feuille de bouleau Elle s’appelait

Baïkala . C’était une goutte de rosée qui comme toutes les gouttes de rosées

accrochées à des branches, devait tomber dans le lac.

12Pourquoi refusa-t-elle ce destin ? Elle savait, vieux savoir, que si elle tombait

elle perdrait sa singularité, qu’elle se fondrait dans la masse. Elle se croyait

unique.

Le bargouzine avait beau souffler, la petite goutte d’eau résistait, et s’accrochait

à la feuille.

Ce n’est pas le vent qui eut raison d’elle mais le soleil. C’était en août. Elle

s’évapora.

Liquide, elle était devenue vapeur.

Lourde elle était devenue légère.

Elle avait rejoint un nuage, elle avait changé d’état.

Les gouttes de nuage c’est comme des semences. Quand elles tombent en

pluie sur la terre, tout ce qui attend de naître se met à pousser.

Ca lui plaisait d’être la semence universelle, de faire naître, de faire grandir, de

faire vivre.

FP : moi, j’ai envie de grandir ! Est ce que je pourrai rencontrer Baïkala ?

GP : Bien sûr ! On part au Baïkal ; on attend la prochaine pluie et Baïkala, la

goutte d’eau, tombée du ciel descendra spécialement pour toi et viendra se

loger…….. dans ton nombril.

Katia :

Dans mon nombril ?

Lardenois

Oui dans ton nombril ! Le nombril d’or, l’omphalos c’est ici dans ton nombril

que se relient les eaux utérines donnant naissance et les eaux torrentielles

donnant la vie.

Tu es une manifestation sacrée de la Vie !

Katia

Ah bon ?

Tu délires pas un peu avec mon nombril ?

Maman dit que t’es un putain de nombriliste.

13Pardon pour putain c’est son mot.

(Temps)

Lardenois

Commentaire : Le premier vers de ton poème autobiographique débute par «

J’ai commencé », alors que dire sur le commencement ?

DANS

JOURNAL D’UN EGARE

QUE DIRE SUR LE COMMENCEMENT ?

Katia

Que dire sur le commencement ?

Quand un commencement commence

Un chemin se met à cheminer

Jusqu’à une fin

Qui y met fin.

Lardenois

Le commencement contient-ils le chemin et la fin ?

Il y a des tenants de cet abrutissement.

Si le commencement ne contient rien

Et si la fin ne dit rien

Y a-t-il encore chemin ?

Katia

DESTIN ?

14Lardenois

HASARD ?

Katia

Tout commencement est arbitraire.

Il n’y a pas de point zéro

Le point zéro de tout big bang est inaccessible,

Tu ne peux tout réinventer, tout recréer

Pars de ce qui t’est donné

Et que tu ne peux refuser.

Pars de cette violence qui t’est faite

Et que tu peux organiser.

Dieu nous a donné la Terre.

Nous la lui rendrons retournée, cultivée.

Il a fait l’animal humain

Nous lui rendrons l’Homme.

Lardenois

50 années plus tard tu relis Jean-Claude, ces quatre derniers vers

Réécoutons-les !

Katia

Dieu nous a donné la Terre.

Nous la lui rendrons retournée, cultivée.

Il a fait l’animal humain

Nous lui rendrons l’Homme.

Lardenois

Tu relis donc ces quatre vers et tu écris :

15J’ai osé écrire cela il y a 50 ans en 1966 ?

J’ai osé mêler Dieu à notre aventure terrestre et cosmique.

J’ai aussi osé évoquer par trois fois un « Nous

»

: espoir d’unité et d’élévation

très affirmé. .

Qui oserait, aujourd’hui, croire au « Nous

»

?

Aujourd’hui, je vois triompher le « Moi ».

Du « Nous » exacerbé au « Moi » enflé, tel est notre trajet majori

(Temps)

Katia

DANS

L’ÎLE AUX MOUETTES

DELAVIEDELAMORTMÊLEES (écrit comme un seul mot ?)

Lardenois

Méditation poétique sur le hasard et la mort

Katia

Au clocher de Corsavy

vieux de quelques siècles

midi sonne

le temps passe

elle se rapproche

Lardenois

Sirène de pompier

barri d’amunt

attroupement de voisins

que se passe t-il ?

16Katia

C’est Francine elle a un malaise cardiaque.

Lardenois

En réalité c’est trop tard.

Rupture d’anévrisme.

Katia

Dans son lit Francine discutait avec deux amies

Des voisines

Elle dit J’ai la tête qui tourne

elle la rejette en arrière

pousse un râle,

ce fut tout

C’était terminé.

Lardenois

La page est tournée

les volets sont fermés

Francine n’est plus

Katia

Des paroles s’envolent.

Lardenois

c’est le destin

Katia

c’était son heure

Lardenois

c’était écrit, c’est la vie !

Katia

La vie continue dit une autre femme

Lardenois

Plus tard

je m’interroge

minuit sonne

le temps passe

elle se rapproche.

17Que disent ces paroles de survivants ?

La vie continue oui

pour chacun de ces vivants

moi y compris

qui vous écris.

Katia

Dans le Grand Livre de la Nature

il n’y a qu’une inscription

nous sommes mortels

A l’échelle du temps immense

nous ne sommes qu’une éloïse

dans la nuit éternelle

Lardenois

A notre échelle

cette petite part de temps et de vie

qui nous est donnée par le hasard

comment pouvons-nous la vivre ?

Katia

Don du hasard

la vie

Lardenois

Don du hasard

toi moi

Katia

Don du hasard

ta mort avant la mienne

Lardenois

Dans ce grand jeu de hasard sans règles et sans lois sans calculs de probabilités

comment jouer ?

Katia

Entre le Tout ( avec un grand T) et le Rien ( avec un grand R)

chacun doit trouver sa juste mesure

18ce n’est pas Tout

ce n’est pas Rien

ce n’est pas Tout ou Rien

c’est un tout petit peu du Tout

c’est un petit peu plus que Rien

Lardenois

Vivre en homme de raison

c’est penser

clarifier un peu de l’incompréhensible

un peu de l’indescriptible

Katia

Chacun de nous est libre

de donner la signification

et la valeur qu’il veut

à sa vie

Lardenois

Moi,

Je n’ai pas envie d’ajouter

de la laideur au monde

mais un peu de beauté

de pensée

Katia

Ce fut sans doute aussi le choix de vie de Francine

Son sourire

sa bonté

sa beauté

étaient les signes de ce qu’elle était

de ce qu’elle était devenue.

(Temps)

19Lardenois

DANS

L’ÎLE AUX MOUETTES

La vie est comme un zèbre, une bande blanche, une bande noire…

Katia

Imagine que ta vie soit comme un zèbre une bande blanche, une bande noire.

Quel temps accorderas-tu à ta vie privée. Lequel à ta vie publique. Lequel à tes

passions, tes talents. Lequel à ton métier ?

Lardenois

Distingues le temps que tu accorderas à ton corps, à ton esprit, à ton âme, le

temps que tu accorderas à ta femme, à vos enfants, à tes parents, aux amis, aux

voisins, aux lointains, à la politique, à la morale, à l’éthique, à la culture, à

l’humanitaire, à la lecture, au cinéma, au pastis, à l’amour, au travail…

Katia

Demandes- toi ou tu vas choisir de vivre ? Ville, campagne, montagne, au fond

des bois, au bord de la mer

Lardenois

Demandes- toi si tu veux vivre sédentaire, sécurisé ou nomade précarisé. Si tu

veux vivre dans une hutte, une isba, une yourte, une maison ou une caravane !

Katia

Demandes- toi si tu veux vivre en accumulant des biens de toutes sortes, en

consommant, en polluant, en détruisant ou en réduisant tes besoins, tes désirs

et en vivants sobrement.

Lardenois

Demandes toi si tu veux vivre en solitaire, en dérangeant le moins possible

l’ordre des choses et en refusant de changer le monde

Ou si tu veux vivre en épicurien, cultivant l’amitié,

Katia

20Ou si tu veux vivre en homme de la grande et de la petite responsabilité en

cherchant à donner sens et valeur à sa vie, à donner le meilleur de TOI –MÊME

plutôt qu’à prendre ou à réclamer, sans hurler à la mort ou aboyer à la lune.

Katia et Lardenois A deux

A toi de jouer !

le discours improvisé, sincère du Maire, Ange Musso

le discours improvisé, sincère du Maire, Ange Musso

(Temps)

Katia

Je pars

Lardenois

Où ?

Katia

Au Baïkal !

Lardenois

DANS

LES ENFANTS DU BAÏKAL

L’invitation à la vie (extrait)

Katia

Personnages :

Lardenois

Le fils

Katia

La mère

Lardenois

Le père

Katia

La sœur

(Temps)

21Katia

Le fils

Lardenois

Je pars

Katia

Le père

Lardenois

Où ?

Katia

Le fils

Lardenois

Au Baïkal

La mère :

Katia

Pourquoi ?

Le fils :

Lardenois

Un amour là-bas

Katia

Le père :

Lardenois

Bonne raison !

La mère :

Katia

Ce n’est pas une raison.

22Le fils :

Lardenois

Elle s’appelle Baïkala

La mère :

Katia

Elle est comment ?

Le fils :

Lardenois

Pure comme le lac.

La mère :

Katia

Folle du cul comme tu les aimes.

Le fils :

Lardenois

Maman !

Katia

Le père :

Lardenois

Que fait-elle ?

Katia

Le fils :

Lardenois

Elle chante le Baïkal.

Katia

Le père :

23Lardenois

Tu vas vivre d’amour et d’eau fraîche ?

Katia

Le fils :

Lardenois

A peu prés.

La mère :

Katia

Et ta santé ?

Le fils :

Lardenois

Le Baïkal protège ceux qui l’aiment et qui s’aiment.

Katia

Le père :

Lardenois

Qu’est ce que tu lui trouves à ce lac ?

Katia

Le fils :

Lardenois

Écoute-le !

La mère :

Katia

Et à elle ?

Le fils :

Lardenois

24Ecoute- la !

La sœur :

Katia

Je pars avec toi ….

(Temps)

Katia

Le fils:

Lardenois

On va répéter ici !

Les comédiens :

Katia

En pleine nature ?

Lardenois

T’es dingue !

Katia

On va dans le mur !

Le fils:

Lardenois

Oui ici !

Où vois- tu un mur ?

Cet endroit du Baïkal s’appelle BAKLANY .

Au large l’île aux Mouettes. Vous les entendez ?

La sœur :

Katia

Oui, c’est bien ici. Dans la forêt c’est parfait.

25Lardenois

Les comédiens :

Katia

Quel vacarme !

Lardenois

Pourquoi tu nous infliges ça ?

Katia

Le fils :

Lardenois

Où veux-tu répéter La Forêt d’Ostrovski ?

Les comédiens :

Katia ou à deux

Dans un théâtre !

Katia

Le fils:

Lardenois

Vous n’avez rien compris au théâtre russe !

Les comédiens :

Katia

En pleine nature,

Lardenois

Sans le moindre confort,

Katia

T’es dingue !

Le fils:

Lardenois

26Oui ici, à BAKLANY

on est au plus prés de la taïga. De ses cadeaux, de ses dangers.

Les comédiens :

Katia

La nature est insupportable.

Lardenois

Tes idées sont insensées.

Katia

La nature pour éprouver l’art !

Le fils:

Lardenois

Vous préférez l’artifice ?

Les comédiens :

Katia

Ta nature, elle nous emmerde.

Lardenois

On l’emmerde et toi avec.

Katia

On se casse !

Le fils :

Lardenois

C’est ça cassez-vous ! J’ai pas besoin de vous !

La sœur :

Katia

Je reste !

Le fils:

27Lardenois

C’est comme ça dans toutes les aventures artistiques.

L’art ça dérange ou ce n’est pas de l’art.

(Temps)

Katia

Lui- Je, n’attend plus du théâtre qu’il lui donne de la voix, qu’il lui ouvre la voie,

une voie.

Il a pourtant fait partie du milieu, bénévolement pendant 22 ans et créateur du

festival de théâtre d’Avers sous les eaux puis directeur des 4 Saisons d’Avers sur

les eaux dans la Maison des Romanich de 1983 à 2004.

Il a cru, par passion, à la nécessité de soutenir la création artistique, de

l’écriture à la mise en scène, de soutenir et susciter des formes innovantes et

l’émergence de jeunes créateurs.

Ce fut une période passionnante qu’il ne renie pas

Mais Lui-je a pris conscience progressivement vers 2017/2019 que pour lui, le

vrai travail est à faire sur soi et par soi.

Pas d’agir sur les autres, d’influencer les autres.

Pas d’être agi par les autres.

Au théâtre, au spectacle, on est dans la représentation, pas dans la présence,

pas dans le présent.

Au théâtre je suis spectateur, je ne suis pas acteur de mon destin de mes choix

de vie à mes risques et péril.

Le théâtre, lieu de représentation est comme la politique représentative :

Enjeux de pouvoir

Le théâtre, lieu de représentation est comme la politique représentative :

Luttes de pouvoir.

28(Temps)

Lardenois

Ah le Théâtre !

(à Jean-Claude)

Jean-Claude, entre 1997 et 2017 tu as écrit et publié 7 pièces de Théâtre !

(Bravo)

Cinq pièces sous ton propre nom : Jean-Claude Grosse

Katia

La Vie en jeu

Lardenois

La Lutte des places

Katia

Le Libre jeu

Lardenois

La où ça prend fin

Katia

Et Histoire de places

Lardenois

Et trois autres pièces sous le nom de ton hétéronyme E.Say. Salé

Katia

Moi, Avide 1erl’Elu

Lardenois

EAT (manger, pisser, écrire) au temps des queues de cerises

Katia

Et Vols de voix Farce PESTILENTIELLE à l’occasion de la présidentielle 2017

 

Lardenois

Nous avons cherché dans le dictionnaire la signification de ce mot étrange

Hétéronyme

Katia

En littérature un hétéronyme est un pseudonyme utilisé par un écrivain pour

incarner un auteur fictif qui possède une vie propre et un style littéraire

particulier.

Lardenois

C’est clair ?

Ton Hétéronyme : E Say Salé est un auteur congolais qui vit à Ouagadougou, il

écrit des farces et il est aussi est cinéaste.

(A Jean-Claude)

C’est bien ça Jean-Claude ?

Katia

Vols de voix comportent 169 personnages

Le questionneur de merde

Lardenois

Le soliste qui œuvre en sous-sol

Katia

Arlette du musée Grévin

Lardenois

Le repentiste

Katia

Persil et Omo

Lardenois

La dératée des champs

30Katia

La servante du grand méchant loup

Lardenois

Sigmund et Jacques

Katia

L’entre deux-chaises

Lardenois

Un habitant de gogoland monsieur Gogo

Katia

L’ultraculpabilisateur néo libéral de gauche

Lardenois

L’anartiste … et bien d’autres !

Katia

169 personnages qui se partagent 235 répliques dont celle du Romain à succès

en 1956

Lardenois

Réplique du Romain à succès

Le député était préoccupé. Il essayait de se rappeler à quelle formation

politique il appartenait. Son parti s’était scindé en deux, les éléments de chaque

tronçon se repliant eux-mêmes par des systèmes d’imbrications vers trois

formations diverses, lesquelles exécutaient un mouvement tournant autour

du centre afin de s’y substituer, cependant que le centre lui-même subissait un

glissement vers la gauche dans ses éléments centripètes et vers la droite dans

ses éléments centrifuges.

Le député était à ce point dérouté qu’il en venait à se demander si son devoir

de patriote n’était pas de suscité lui-même la formation d’un groupement

nouveau, une sorte de noyau centre-gauche-droite avec apparentements

périphériques lequel pourrait fournir un pivot stable aux majorités tournantes,

31indépendamment des charnières qui articulaient celles-ci intérieurement, et

dont le programme politique pourrait être justement de sortir du rôle de

charnière pour accéder au rôle de pivot.

De toute façon, conclut le député, le seul moyen de s’y retrouver était d’avoir

un groupe à soi.

Katia

Le député leva brusquement vers le barman un regard désemparé.

 

en flagrant délire d'écoute
en flagrant délire d'écoute

en flagrant délire d'écoute

(Temps)

Katia

Nous allons à présent quitter le cauchemar du député pour un moment de

rêve qui se trouve dans «

Journal d’un égaré

»

C’est le Rêve d’une école de la vie

Un texte dédié au philosophe à Marcel Conche que tu nommes Epicure de

Corrèze

Lardenois

Je rêve d’une école de la vie de trois classes.

Katia

Une classe pour apprendre à raconter. Pour seize enfants de 6 à 9 ans.

Lardenois

Une classe pour apprendre à s’émerveiller. Pour seize adolescents de 11 à 14

ans.

Katia

Une classe pour apprendre à penser et à vivre vraiment. Pour seize jeunes gens

de 16 à 19 ans.

32Des gosses des rues. Pas voulus. Des survivants du travail précoce, du sida

général, de la guerre perpétuelle. Des adolescents à la dérive sur

l’amertumonde.

Lardenois

La classe des petits seraient confié à un aède. Homère par exemple. Ils seraient

assis en rond 8 garçons et 8 filles. Ca commencerait par des questions. Homère

leur raconterait des histoires. Ils commenteraient ces histoires. Ils les

raconteraient à leur tour puis ils en inventeraient.

Katia

La classe des moyens seraient confiée aux poètes : Linos, Orphée, Sappho et à

un peintre, vieux de 33 000 ans, celui de la grotte Chauvet. Linos ferait entendre

un chant très ancien sur le soleil, Orphée inventerait un poème d’éternité, avec

Sappho ils gouteraient à l’inachevé, l’homme de Chauvet les aiderait à

impressionner les murs, à faire vibrer la lumière, à donner corps a l’esprit.

Lardenois

La classe des grands serait confiée à un élu, battu aux élections, à un chef

d’entreprise en faillite, à un directeur de pompe funèbres en retraite et à un

philosophe très ancien. Anaximore, Héraclite, Parménide, Empédocle. 8 filles et

8 garçons en quête de soi, de l’autre qui se poseraient des questions : qu’est ce

que l’homme ? Qu’est ce que la nature ? Qu’est ce que vivre vraiment ? Qu’est

ce que devenir soi ?

Katia

En quelques semaines ils se sèvreraient des jeux vidéo, des modes

vestimentaires, langagières et comportementales

Lardenois

En quelques mois, les multinationales de la mal bouffe, du divertissement

formaté, de la manipulation des cerveaux seraient en faillite

Katia

En quelques siècles ils renonceraient aux vains désirs

Lardenois

33En quelques millénaires ils renonceraient aux illusions…

Katia

Nous avons pris l’initiative de faire parvenir tes propositions au Ministre de

l’Education Nationale de la Jeunesse. Nous sommes toujours dans l’attente de

sa réponse.

 

dans le hall
dans le hall

dans le hall

(Temps)

Lardenois

Nous poursuivons notre traversée avec un poème toujours extrait de La Parole

éprouvée

LE PREMIER MOT (extrait)

34Redis- moi le mot

Venu frapper là où cogne ma vie

Venu me réveiller au cœur de Paris.

Redis-moi ce mot

Ce sortilège de l’adolescence

Qui toujours devant mes yeux danse

Comme un merveilleux quiproquo.

Redis-moi dis

Ce mot que tu m’as dit

Ce mot d’amour

Le premier mot de notre premier jour.

Un coup de fouet

Comme des embruns

Petit pont d’amour

Qui durera toujours.

DANS

L’ÎLE AUX MOUETTES

Portrait de la femme aimée depuis 40 ans

Katia

35Apparemment, c’est une femme de l’absence. Toujours ailleurs. Perdues dans

ses pensées. Fille d’air et de rêve.

Mais à la pratiquer, avec amour, depuis quarante ans, j’ai compris que c’est une

femme de la présence, une présence légère dans le présent. Elle ne pèse pas.

Elle ne pose pas. Avec elle, tout est danse.

Le présent n’est pas que l’instant. C’est le moment de maintenant avec une

pointe de souvenir. Une fleur chaque jour pour notre chat parti sans retours ;

Son nom parfois et alors, une bouffée de nostalgie.

Elle est attachée à tout ce à quoi elle a donné de l’amour. Des photos et des

mots pour les disparus, la mère, d’une embolie qu’elle embellit, le fils et le

frère, dans le même accident.

Des cartes aux anniversaires. Des cadeaux sans destinataires pour les recevoir.

Quelle aptitude à ne rien laisser mourir malgré la souffrance, évidente,

inconsolable.

Chaque objet est à la fois d’hier et de maintenant, pas figé, souvent déplacé.

L’œil toujours sollicité par quelque nouveauté, une disposition rare, un

rapprochement inattendu, un éloignement surprenant.

Tout ce qu’elle aime est sans cesse repris, reconsidéré. Petits rien qui changent

tout.

Combats de chaque instant contre la dégradation, l’usure, l’habitude, l’oubli.

La maison vit, est habitée. Pas d’ennui possible avec une femme qui fait de sa

maison, de notre vie, un récit, un poème.

Avec elle, les simples jours deviennent les simples beaux jours, embellis par le

regard, le sourire radieux qu’elle pose sur les choses et sur les gens. Les tristes

jours deviennent les inoubliables tristes jours adoucis par son sourire

mélancolique.

Elle rayonne d’amour. Solaire, elle donne le meilleur d’elle, une écoute qui

apaise angoisses et peines, aide à mettre en mots, petits maux et grandes

douleurs.

Mais de ses angoisses et souffrances, vous ne saurez rien, les mots ne sont pas

pour elle. Elle ne s’en sert pas pour elle.

36Tout se passe dans le regard, souvent mouillé, toujours caché.

La légère, l’aérienne ! Depuis quarante ans, elle me fait la vie légère.

Je l’aime sans comprendre pleinement la force du don qui l’habite.

Mais en la vivant pleinement, passant des heures à contempler son visage sur

lequel je ne vois pas passer l’âge.

Elle a l’âge de son cœur, celui de l’adolescente qui m’a choisi une fois pour

toute.

Mon désir d’elle et mon amour pour elle sont restés intacts à son contact.

(Temps)

Lardenois

La mère :

Katia

Pourquoi n’appelle-t-il pas ? Ca fait déjà quinze jours. J’ai peur.

Le père :

Lardenois

C’est impossible d’appeler depuis là-bas. C’est brouillé, coupé. Rien ne passe.

La mère :

Katia

Pourquoi est-il allé là-bas, alors ?

Le père :

Lardenois

Pour se couper de tout.

La mère :

Katia

Pour se couper de nous ? Comment peut-il se retrouver, s’il fait disparaitre les

traces ? S’il est sans passé, sans projet ?

Le père :

37Lardenois :

Il n’est pas sans passé, sans projet. Il ouvre une parenthèse pour vivre au

présent. Loin de tout à 10 000 kilomètres de chez nous.

La mère :

Katia

Qu’il se dépêche de la refermer !

Le père :

Lardenois

Ca pourrait être un idéal de vie, vivre au présent, sans passé, sans projet, une

parenthèse qui s’ouvre à la naissance, qui se ferme à la mort

La mère :

Katia

Qu’est ce que tu racontes ? Appelle-le. Dis lui de revenir de suite.

Le répondeur :

Lardenois

Ligne en dérangement… ligne en dérangement… Indépendant de notre

volonté…

La mère :

Katia

Insiste !

Le père :

Lardenois

Je te dis que les lignes sont mauvaises. Entre deux ouragans ils essaient de

réparer mais ils n’ont jamais assez de temps.

Katia

Le Répondeur :

Lardenois

38Mauvais numéro…. Plus de correspondant…

La mère :

Katia

Recommence !

Le répondeur :

Lardenois

Mauvais numéro… Plus de correspondant… inutile d’insister … libérer la ligne

pour d’autres appels…

La mère :

Katia

Refais le numéro

Le répondeur :

Lardenois