gilets jaunes
La démocratie contre le peuple / Du bon usage des fake's / Bassompierre
La démocratie contre le peuple.
Le principal argument que font valoir « les intellectuels organiques » 1pour soutenir le pouvoir de Monsieur Macron c’est sa « légitimité démocratique ».
Monsieur Macron, ayant été élu Président de la République, avec une majorité incontestable, les lois immortelles de la démocratie le nimbent d’une aura présidentielle non moins sacrée que celle de nos anciens rois.
Les défenseurs les plus acharnés de l’ordre et du progrès sont pourtant bien obligés d’admettre que Monsieur Macron a été élu par défaut, avec un taux d’adhésion qui varie, selon les estimations entre 14 °/° et 18 °/° et un taux d’abstention qui rend son élection pour le moins problématique.
Depuis longtemps le parti majoritaire dans notre pays est celui des abstentionnistes et il faut reconnaître que l’apolitisme déclaré des Gilets Jaunes n’est pas sans correspondre à l’indécision dont a profité le candidat qui a fait semblant de rejeter la droite et la gauche pour mieux les enrôler toutes les deux « en même temps » dans sa besace.
La vérité, on la trouve, je crois dans la bouche de Michel Onfray, quand il fait remarquer qu’il n’y aura pas de solution tant que la France restera endiguée dans l’Europe de Maestricht et que même si Le Pen, Mélenchon ou Dupont-Aignan arrivaient au pouvoir ils continueraient la même politique.
Les revirements de Marine Le Pen, après le départ de Florian Philippot, confirment ce diagnostic.
Et si la force de Monsieur Macron, jusqu’à présent, est de rester apparemment le seul pilote à bord, c’est parce que dans son for intérieur chaque citoyen est persuadé que la relève est impossible et que, comme le dit le slogan libéral : « il n’y a pas d’alternative ». .
On a vu Chirac l’emporter grâce aux promesses de réduire la « fracture sociale » et de sortir de la « pensée unique » pour mieux les renforcer l’une et l’autre après son élection,
On a entendu Hollande désigner « la finance » comme son ennemi principal pour s’empresser ensuite d’accroître le pouvoir des Banques et des Multinationales sur l’Etat et de garantir les dividendes des actionnaires ainsi que les revenus des patrons au détriment des salariés.
Et il faut rappeler la première débandade de la « gauche » quand en 1983 François Mitterand a publiquement renoncé à ses ambitions socialistes pour se mettre piteusement à la remorque du Marché !
L’exemple de la Grèce soumise à une troïka dont les intentions « totalitaires » sont parfaitement assumées est venu accroître encore le cynisme et l’arrogance des maîtres du jeu mondial.
Loin de créer les conditions d’un renversement, ces victoires des « algorithmes » sur le vivant ont au contraire assoupi la conscience critique d’un peuple accusé de « populisme »…
Et les apologistes du système poussent leur avantage jusqu’à reprocher au peuple le droit d’exister.
Contre toute attente, les Gilets Jaunes font entendre « le cri du peuple » et ils en sont punis par une répression qui est en soi une provocation pour discréditer les manifestants en les assimilant aux casseurs.
Or, loin de porter le flambeau du radicalisme révolutionnaire, ils risquent de rester prisonniers de leur abstentionnisme en créant un vide que Monsieur Macron s’est empressé de remplir avec l’enfumage du Grand Débat.
Le refus d’aller à la soupe en faisant de la politique fait à la fois la force et la faiblesse des Gilets Jaunes mais on ne sortira jamais de la nasse tant qu’on n’aura pas tranché la question de la souveraineté en inversant le rapport de forces entre les Banques et les Etats.
Non seulement nos élus n’en ont jamais eu le courage depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, mais aucun n’a osé amender quelque peu la coercition libérale en séparant les banques de dépôt des banques d’investissement.
On peut croire d’ailleurs que si quelqu’un se hasardait à le faire il serait vite victime d’un coup de Jarnac dont les milieux d’affaires ont le secret.
La leçon des « subprimes » n’a servi qu’à conforter un peu plus les avantages d’un capitalisme spéculatif au-dessus de la mêlée car au-dessus de tout soupçon.
C’est bien là où le bât blesse dans l’inconscient même des gens les plus indignés par les inégalités dont ils souffrent.
Et malgré le soutien de la majorité des Français et la longévité de leur mouvement, les Gilets Jaunes sont menacés aujourd’hui par la stagnation d’un Grand Débat qui montre une fois de plus la force des illusions dans des esprits embobinés par le tiers inclus de la Démocratie.
Si la révolte gronde encore, elle restera impuissante tant qu’elle ne mettra pas en cause non seulement la démocratie représentative mais sa face noire, sa face obscure, le capitalisme spéculatif qui aujourd’hui domine le monde et a plus d’un tour dans son sac.
Ce n’est pas un hasard si les experts qui trônent à France-Info accusent les « ultra-gauches » et les « ultra-droites » de vouloir renverser le capitalisme.
Il fut un temps où « l’intelligentsia » manifestait contre la guerre de Corée, contre la guerre du Vietnam, aujourd’hui ses successeurs ont retourné leurs vestes et se font au nom de la démocratie les apologistes des Multinationales qui imposent leur loi aux Etats.
Même si le crédit du Président Macron est fort entamé aux yeux de la plupart des Français, les partisans d’une alternative ne doivent pas se réjouir trop tôt.
L’alliance entre la démocratie représentative et le capitalisme spéculatif étouffe encore aujourd’hui dans son carcan tous les peuples de la planète.
Et les velléités de rébellion sont immédiatement stigmatisées par les contempteurs du « populisme » et du « nationalisme » dont Bernard-Henri Lévy est l’illustre chef de file.
Seule une révolution de l’esprit pourrait déboulonner les vaches sacrées qui régissent les neurones de la plupart de nos concitoyens, y compris ceux des Gilets Jaunes : la Liberté, la Fraternité, l’Egalité, la Modernité, le Progrès sont des archétypes sur lesquels l’union siamoise entre la foi démocratique et la puissance spéculative est fortement arcboutée.
Le principal mérite des Gilets Jaunes est d’avoir pour la première fois, dans les ronds-points, redonné un sens aux principes républicains qui n’étaient plus que des coquilles vides : la Liberté qu’ils ont osé prendre, la Fraternité qui les unit, l’Egalité qu’ils inventent en gommant entre eux toutes les différences de classe, de race, et même d’opinion.
La colère, telle est leur seul dénominateur commun, et cette colère, la grande majorité des Français la partagent contre un pouvoir usurpé, un pouvoir qu’ils ont nommé et qui les a dupés.
En croyant la partie définitivement gagnée, le macronisme a bien failli mener jusqu’au bout la tâche qui lui était assignée par les maîtres d’œuvre de la mondialisation.
Emmanuel le bien nommé, l’homme providentiel, le nouveau Messie, Emmanuel Macron, donc, a failli être victime des « délices de Capoue » car, en écrasant sans merci toutes les catégories de la société, il a créé dès les débuts de son mandat les conditions idéales pour une « convergence des luttes ».
Mais à en juger par les divisions qui s’instaurent dans le camp de la contestation, aussi bien dans les syndicats que chez les Gilets Jaunes, on a des raisons de croire que le talon de fer dont parlait Jack London, a encore de beaux jours devant lui.
Macron peut compter sur le soutien des intellectuels de service, toujours prêts à défendre les acquis d’un système dont ils sont les bénéficiaires.
Devant la montée des périls dans cette Europe qu’ils ont sanctifiée dans leur prose, une trentaine de ces Brutus au petit pied vient de se conjurer pour la défense de la démocratie.
Ces porte-parole de la bien-pensance sont les Fouquier Tinville de la vindicte humanitaire, les Torquemada de la pensée unique, les Ayatollah de la fracture sociale, ils se réclament d’un libéralisme dont ils ont usurpé le nom. Comme Saint-Just, mais avec moins de panache, ils attaquent les libertés au nom de la Liberté car pour eux il n’y a qu’une liberté, celle du Marché, la Liberté d’un ordre mondial qui ressemble comme un frère à celui rêvé par Hitler et par Staline.
Tout simplement ils ont inversé le langage et font semblant de croire aux mots qu’ils emploient pour mieux valider leur haine de l’égalité, de la fraternité, de la liberté et avant tout leur haine du peuple.
On peut relever entre autres la signature de Milan Kundera, jadis célèbre pour sa dissidence anticommuniste.
Milan Kundera a été le compagnon de lutte de Vaclav Havel qui a fait un éloge vibrant des bombes «humanitaires » que l’OTAN a déversées sur la Yougoslavie sans l’accord de l’ONU, une opération de terrorisme international qui n’avait rien à envier aux agressions hitlériennes contre la Tchécoslovaquie et la Pologne.
Ces « pacifistes » qui dénoncent la menace russe ont soutenu voire provoqué les croisades désastreuses menées par les Occidentaux dans le Proche Orient.
Et il est également significatif que les apôtres d’un humanisme dévoyé oublient dans leur pamphlet les manifestations les plus visibles de la renaissance du nazisme en Ukraine et dans les pays baltes, sous le patronage de l’Union européenne.
Cet oubli n’est pas le fait du hasard, il est tout simplement la marque de la parenté entre les néo-nazis ukrainiens, baltes ou polonais et les intellectuels libéraux.
Ils sont soudés par un réflexe de Pavlov qui paralyse leur jugement face à « la Russie de Poutine ».
La campagne antirusse organisée par les Anglo-Saxons pour des raisons géopolitiques s’appuie sur les mêmes sentiments primaires qui sous le III ème Reich mobilisaient des masses haineuses contre les Juifs.
On montre souvent les Bolcheviks le couteau entre les dents, mais aujourd’hui, le fanatisme a changé de camp et les libéraux si tolérants et bénins en paroles sont des fauves altérés de sang dès qu’on agite le chiffon rouge du populisme qui s’associe sans doute à leurs yeux aux Communards massacrés dans la Semaine Sanglante par leurs ancêtres Versaillais.
Il n’est pas étonnant que Luc Ferry reproche aux policiers de ne pas dégainer et de ne pas tirer dans le tas pour défendre la démocratie.
Et il est dans l’ordre des choses que Castagner vilipende « la peste brune » pour cautionner les violences de ses troupes envers des citoyens qui n’ont que le tort de manifester.
Castagner est le Gallifet, le Cavaignac des Gilets Jaunes.
Macron n’est pas seulement le clone d’Attali il est la réincarnation de Thiers, le sauveur de la bourgeoisie qui s’était déjà allié à l’Allemagne pour écraser les ouvriers parisiens.
Macron se prévaut de son origine modeste mais sa morgue, son cynisme, son mépris des petites gens l’inscrivent dans la droite ligne des parvenus de l’ancien régime.
Il vient de se joindre au chœur des gouvernements qui reconnaissent le président autoproclamé du Venezuela et appellent au renversement du président élu.
Ceux-là mêmes qui condamnent la Russie pour « l’annexion » de la Crimée, ne respectent le droit international que lorsque cela les arrange.
On se moque des « théories du complet » mais on ne cesse de les utiliser en attribuant sans preuves les échecs de la démocratie dans le monde à l’ingérence russe.
J’ai entendu un expert désigner doctement les trois organisateurs secrets des « fakes » qui polluent les esprits : les Gilets Jaunes Maxime Nicolle, Eric Drouet et, bien sûr, Vladimir Poutine…
Ces amalgames sont les symptômes de la déconnexion entre les mots et les faits qui pourrait passer pour une dyslexie particulière si elle n’était l’expression d’un racisme culturel qui n’a rien à envier au racisme ethnique des nazis.
Pour endiguer les Gilets Jaunes, qui « les font chier », de bons esprits voient en Macron « le rempart contre le fascisme ».
Ils ne savent même pas compter tout ce que Macron leur fait perdre, égoïstement parlant.
Ils oublient que ce ne sont pas les Gilets Jaunes qui ont amputé les retraites, augmenté les taxes, supprimé les aides, diminué le pouvoir d’achat, démantelé le code du travail, enrichi les « premiers de cordée » et appauvri les « sans dents »..…
Ils n’osent pas admettre que loin d’être un rempart contre le fascisme, Macron est en réalité le rempart du fascisme que nous subissons tous les jours sous la loi d’airain de la Démocratie.
Il en est de même des « forces de l’ordre » qui au lieu de massacrer les Gilets Jaunes devraient faire cause commune avec eux
Les uns et les autres se fient à la voix de leur « tiers inclus », la voix de la Foi dans la Démocratie, au lieu de faire usage de leur bon sens, qui est d’après Descartes la chose du monde la mieux partagée.
Bassompierre
1 J’emprunte à François Bégaudeau la distinction entre « les intellectuels organiques » et les « intellectuels critiques »...
JCG :
qu'est-ce qui va changer le rapport de forces ? de toutes petites mesures fiscales ont déclenché un mouvement social et politique, pas vu depuis 50 ans et plus, un mouvement pas prêt de s'éteindre, bien installé car les GJ savent ce qu'ils ne veulent plus, ont surmonté la peur et travaillent à ce qu'ils veulent, devenir constituants; ce qui est autre chose que l'horizontalité et qui demande une sacrée persévérance
est-ce en préparant consciemment la grève générale jusqu'à satisfaction qu'on changera le rapport de forces ? espérant qu'une préparation consciente donnera le résultat escompté, certains y croient; l'histoire nous apprend les ruses de l'histoire
réclamer la convergence des luttes, est-ce réalisable après des décennies de grèves tournantes, de grèves de 24 H, de manifs bidons, de compromissions et de collaboration de classes ? les appareils préfèreront être détruits que de se détourner de la collaboration appelée négociation; certains y croient;
sera-ce un effet papillon, qui sortira de leur zone de confort les 3 à 6 millions de tièdes, genre une photo (comme celle de la petite fille sur une route au Viet-Nam qui fit basculer la guerre, mais pas celle de Aylan, l'enfant noyé retrouvé sur une plage, ni celles d’aucun éborgné),
genre un fait divers particulièrement chargé symboliquement;
genre un scandale politique (pas le cas avec l'affaire Benalla)
seront-ce des milliers de micro-actions dont on ne connaît jamais les effets secondaires et tertiaires ?
donc penser et agir là où on est en sachant comme le dit Shakespeare: « Rien de ce qui est, n’est »; la vie est un songe parce que tout réel, tout ce que je dis réel est vu à travers mon prisme mais si je suis un songe et passif dans ce songe, peut-être puis-je aussi assumer un rôle en partie actif dans le songe (on peut avec entraînement, intervenir un peu dans ses rêves, en lien avec l'inconscient collectif)
Du bon usage des « fake’s »
Que les mânes d’Etiemble me pardonnent, mais pour une fois le mot est trop joli pour que je le remplace par une périphrase bien française.
Fake, cela sonne si bien et on en fait un si bon usage !
On sait que le Président Macron dans son souci de moraliser la vie publique, veut faire voter une loi contre ce qu’on appelle en bon français « les fake news ».
A l’origine il y a une polémique qui, comme par hasard, a visé la Russie.
Lors de la visite du Président Poutine qu’il avait invité à Versailles, il avait protesté contre des journalistes russes qui avaient rapporté une rumeur sur sa prétendue homosexualité…
Le péché, certes, était mortel et méritait cette grossièreté vis-à-vis de son hôte, mais Vladimir Poutine en a vu d’autres et est resté impassible.
On peut toutefois s’étonner que Jupiter s’en prenne aux Russes qui n’avaient fait que répercuter une « fausse » nouvelle propagée par la presse française qu’il se garda bien de mettre en cause.
Mais comme on le sait, les Russes sont devenus les têtes de Turc de la désinformation occidentale et on trouve tout naturel que l’on en use envers eux sans cérémonie, puisqu’ils sont de toute façon coupables, coupables de toute éternité, coupables de naissance, coupables parce que russes, comme hier les Juifs étaient coupables parce que Juifs.
Il serait indécent de choisir entre les démocrates et les populistes, entre les « souverainistes » et les libéraux, qui comme leur nom l’indique sont les partisans de la liberté.
Dès lors, « haro sur le baudet ! » tous les moyens sont bons pour vilipender non la réalité d’un pays, de son président, de son peuple, mais leur représentation fantasmée.
On n’a pas à se donner la peine de prouver contre la Russie des accusations que le bon sens le plus élémentaire suffirait à démentir, comme l’affaire Scripalia ou celle de l’attaque chimique de la Gouta, des faits qui n’ont jamais été prouvés mais qui restent incrustés dans l’imaginaire collectif occidental comme des révélations divines.
Un autre élément est venu accroître la bile de Jupiter envers Russia to day dont l’édition française a eu le tort de plaire aux Gilets Jaunes qui lui ont accordé un traitement de faveur…
Mais les « fakes » sont un terrain glissant pour les dirigeants occidentaux quii se prétendent l’incarnation de la morale.
Il est facile à prouver que ceux-là mêmes qui les condamnent avec la plus grande vigueur en ont fait depuis longtemps leur moyen préféré de justifier leurs coups bas.
Même si parfois il arrive au Président français de ruer dans les brancards pour défendre ce qu’il ose encore appeler « la souveraineté » de la France, il ne manque jamais de suivre aveuglément ses partenaires anglo-saxons dans leur croisade antirusse.
Il existe en face de la Russie un « front du refus » qui repose uniquement sur une diabolisation qui n’est que l’expression du cynisme, de la duplicité et de la mauvaise foi.
Kara Murza a dit que la démocratie occidentale était « l’empire du mensonge et de la falsification ».
Il faut croire que les grandes têtes molles qui manipulent l’opinion courante ont à coeur de lui donner raison.
Mais ils n’ont cure de discréditer ainsi la sacro-sainte démocratie en commettant le mal au nom du bien .
En se targuant de la démocratie pour opprimer les peuples ils sont trop imbus de leur bon droit pour comprendre tout le tort qu’ils font à la démocratie.
L’usage péjoratif du mot « populisme » pourrait être compris par un martien, mais non par des gens dont les neurones sont mortellement infectés par la maladie du langage qui n’en finit pas de corrompre les esprit, jusqu’à la débandade finale qui ne saurait tarder.
Comme exemples des « fakes » qui, depuis un demi-siècle scandent le déclin de l’Empire occidental, on peut se contenter de citer les plus notoires.
Il peut sembler inutile de rappeler le « fake » qui a servi de prétexte à l’invasion de l’Irak dont on continue à subir les conséquences catastrophiques.
Il en a été de même pour la destruction de la Libye et l’assassinat du président Khadafi provoquées par une fausse information sur la nécessité de protéger les populations civiles contre une menace inventée pour les besoins de la cause.
Le stratagème n’était pas nouveau et avait déjà fait ses preuves, notamment pour justifier l’attaque de l’Otan contre la Yougoslavie qui a été bombardée pendant 78 jours sur la foi du « fake » du « fer à cheval ».
Il s’agissait du projet terrifiant d’extermination des Kossovars par l’armée serbe grâce à un dispositif en forme de « fer à cheval ».
Il a été prouvé par la suite que le faux document qui avait crédité cette menace provenait des services secrets bulgares en collusion avec le ministre allemand de la Défense Rudolf Scharping qui a crédité cette affbulation.
Seul Le Monde diplomatique a rappelé récemment cette provocation dont on aurait tort de se scandaliser car elle est devenue un moyen commode de faire accepter par les populations les violations délibérées du droit par la caste politico-financière qui nous gouverne.
Dans le cas de l’attaque de la Yougoslavie, on se trouve devant une double infraction, d’abord, parce qu’elle a éu lieu sans l’aval de l’ONU, ensuite parce qu’elle transgressait le droit de l’Otan lui-même, qui interdisait l’attaque d’un pays qui ne menacerait pas un de ses membres, comme l’a montré Jacques Hogard dans son livre L’Europe s’est arrêtée à Pristina.
Aujourd’hui la Russie fait les frais du même stratagème.
On a eu droit récemment sur la chaîne parlementaire à une séance de russophobie au cours de laquelle une dame qui fait carrière dans la diffamation de la Russie affirmait haut et fort que Vladimir Poutine avait « militarisé » la société russe et préparait la guerre contre l’Europe.
Dans ce débat qui avait réuni la fine fleur des experts en la matière, seul Fedorovski essayait de faire entendre quelques vérités, tout en ménageant la chèvre et le chou.
Quand la Russie a droit à une information, elle est forcément négative, mais on évite d’aborder des sujets sensibles comme la crise ukrainienne parce que la plupart des journalistes et des hommes politiques sont incapables d’en parler autrement qu’en rabâchant des « fakes » qui, depuis longtemps, ont remplacé la réalité d’un pays ravagé par ceux qui ont pris le pouvoir depuis Maïdan.
Ainsi nos bons apôtres réciteront comme une leçon bien apprise qu’on sanctionne la Russie parce qu’elle ne respecte pas « les accords de Minsk » alors que ce n’est pas Vladimir Poutine qui est responsable de leur application, mais bien Piotr Porochenko qu’on se garde bien d’incriminer pour ne pas déplaire à ses protecteurs américains. .
Il faut d’ailleurs rappeler que ces accords ont été signés sur l’initiative du Président russe pour arrêter une guerre qui n’avait fait que trop de victimes aussi bien parmi les combattants que dans la population civile du Donbass qui a été pilonnée pendant cinq ans et exposée aux pires exactions de la part des bataillons néo-nazies.
Les dernières élections présidentielles ukrainiennes ont été entachées d’un si grand nombre d’infractions que leur résultat ne devrait pas étre entériné dans une démocratie qui se respecte. Mais vous n’en saurez rien, à cause du silence des « médias » sur une situation qui, si on la connaissait, montrerait trop visiblement les effets désastreux de « la révolution dans la dignité », fomentée par les Etats-Unis avec la complicité de l’Union européenne.
Vous ne saurez jamais que les observateurs russes ont été interdits par le gouvernement ukrainien, que les trois millions de travailleurs ukrainiens en Russie sont dans l’incapacité de voter de même que les habitants des républiques de Donetsk et de Lugansk.
Si monsieur Macron réussit finalement à faire voter sa loi contre les « fakes » il devra donc mettre en accusation tous ceux qui depuis cinq ans répandent sur la situation en Ukraine, en Crimée et dans le Donbass des informations qui n’ont aucun rapport avec la réalité.
Et il devra se mettre en accusation lui-même puisqu’il se porte garant d’une lecture des événements entièrement pervertie par les présupposés idéologiques.
Les slogans familiers de nos chaînes officielles de radios peuvent être considérés comme des « fakes » destinés à abuser les auditeurs dans la mesure où « Ouvrez l’info » clamé sur France-Info aussi bien que « l’esprit d’ouverture » prôné par France-Culture sont restés jusqu’à présent des vœux pieux que l’on se garde bien de mettre en pratique.
Pour en juger on peut citer le sort des journalistes ou des intervenants qui osent précisément « ouvrir l’info » et pratiquer « l’esprit d’ouverture » : Frédéric Taddei ou Michel Onfray, par exemple, sans oublier Daniel Mermet que l’on a mis prudemment au rencart pour protéger l’innocence de ses auditeurs.
Il vaut mieux en rire qu’en pleurer et il est vrai que la France macronienne, après la France hollandaise et la France Sarkozienne ressemble de plus en plus au pays du Père Ubu.
Et on peut ranger parmi les « fakes » tous les discours de nos présidents successifs depuis le Général de Gaulle de la part de policbinelles aux ordres de la finance internationale qui veulent nous faire croire à leur amour pour la France, alors que des « pauves cons » de Sarkozy aux « sans dents » de Hollande, jusqu’aux « gens de rien » de Macron, ils n’ont pu s’empêcher par leurs « petites phrases » d’exhaler leur mépris des Français.
Et la main mise des technocrates de Bruxelles sur les moindres détails de notre vie est sans doute le « fake » par omission le plus énorme qu’on ne saurait voir, bien qu’il vienne encore de se manifester avec la fermeture définitive d’une usine de papier qui met à pied huit cents salariés pour obéir à la réglementation européenne qui interdit à un Etat de venir en aide aux entreprises.
On assiste ainsi, au nom de la paix et de la liberté au dépeçage systématique de notre appareil de production et au sacrifice des travailleurs au profit des actionnaires, car entre les salaires et les dividendes nos gouvernants ont toujours opté pour le capital au détriment du travail.
Mais il faut reconnaître que les autorités n’ont pas le monopole des « fakes » et que les opposants quels qu’ils soient savent aussi en faire bon usage.
Ainsi Jean-Michel Blanquer, le seul ministre compétent de la macronie, s’est plaint devant le Parlement des « bobards » qui, d’après lui, ont trompé l’opinion sur le sens de sa réforme.
Mais ses opposants lui rétorquent qu’ils s’appuient sur le texte et l’accusent à leur tour de « noyer le poisson », de « jeter de la poudre aux yeux », bref de commettre lui-même un « fake » en dénonçant des « fakes ».
Il est vrai que Jean-Michel Blanquer a eu le mauvais goût de changer radicalement les orientations désastreuses prises par Madame Najaut Belkacem, une ministre de l’éducation incapable d’écrire correctement trois lignes en français.
La question des « fakes » sur cette réforme reste donc ouverte.
Mais pour aborder une autre actualité plus brûlante, celle des Gilets Jaunes et des Casseurs, on peut mettre cette rubrique sous le signe des « fakes » par omission, des « fakes » par complicité tacite entre les faiseurs d’opinion et les vrais détenteurs d’un pouvoir dont Monsieur Macron n’est que la marionnette.
On ne saura jamais les véritables ressorts du triomphe de Macron, mais un observateur impartial devrait s’interroger sur le rôle des casseurs dans sa résistance héroïque à une rébellion qui dure à présent depuis vingt semaines et qui continue à avoir le soutien d’une majorité de Français.
Il suffit de se demander à qui profite le crime pour répondre à cette question, car sans les casseurs qui ont discrédité le mouvement, sans les mythiques et mystérieux « blackblocs» qui veulent renverser la république il est certain que Jupiter aurait bien été obligé de « détricoter » les mesures prises en faveur des riches et au détriment des pauvres et des classes moyennes.
Et comme monsieur Macron n’est pas tombé de la dernière pluie je suppose qu’avec son acolyte Castagner il a pensé avant moi à l’aide précieuse que les casseurs, et seulement les casseurs peuvent lui apporter pour qu’il continue de son côté à « casser » la France, car s’il y a des faux casseurs, on ne peut douter que le vrai casseur, c’est Macron qui remplit scrupuleusement la mission que lui ont donnée ses commanditaires et qu’il continuera à remplir grâce à l’enfumage du Grand Débat, un autre « fake » qu’on ne saurait voir mais qui depuis des mois détourne l’attention des vrais problèmes et permet à Macron et à ses sous-fifres de « garder le cap ».
Mais les « fakes » sont forcément sélectifs et on a pu voir récemment à l’Assemblée une députée de l’opposition attribuer quelques « fakes » à la nouvelle porte-parole de l’Elysée sans que le premier ministre ait pris la peine de la démentir.
S’il est relativement facile de démasquer des » fakes », il est quasiment impossible d’implanter la vérité dans une opinion déjà forgée.
Ainsi on contine à nous seriner que « Srebenica est le plus grand masscre depuis la deuxième guerre mondiale » en oubliant les huit cent milles victimes du génocide du Rwanda sans compter les millions de victimes du génocide du Congo qui se poursuit tranquillement aujourd’hui sans que personne s’en émeuve.
Dans le conflit syrien on a prouvé le double jeu des « casques blancs » manipulés par le M 6 anglais, le même qui a confectionné l’affaire Scriapalia.
Ces combattants de Daesch ont su se faire passer pour des sauveteurs bénévoles et ils ont l’habitude d’inventer des « fakes » régulièrement repris par l’Observatoire syrien des droits de l’homme pour donner des prétextes à une intervention occidentale qui, comme au Kosovo, permettrait aux Islamistes de gagner la partie.
Pour démonter le « fake » sur l’attaque chimique de la Gouta les Russes ont retrouvé des enfants donnés pour morts qui ont témoigné de la mascarade organisée pour faire croire à leur empoisonnement.
Mais les dirigeants occidentaux jugeant a priori qu’un témoignage en faveur des Russes et des Syriens ne pouvait pas être crédible ont refusé de participer à cette « mise en scène » sans même prendre en compte des témoignages dont la véracité ne pouvait faire aucun doute du fait qu’il s’agissait bien des mêmes enfants.
Il faut donner la priorité à des « fakes » destinés à cautionner un changement de politique ou à servir les intérêts des grandes puissances, mais il y a aussi dans l’histoire des cas flagrants de « fakes » certes mineurs mais qui méritent le détour.
On peut citer de nombreux cas de « fakes » à l’origine de l’épuration qui, après la guerre, a frappé de nombreux écrivains et artistes.
Wilhem Mengelberg l’un des plus grands chefs d’orchestre de la première moitié du Vingtième siècle, n’a jamais compris pourquoi on lui avait interdit de diriger pendant six ans à cause d’un repas au cours duquel il aurait crié « Heil Hitler ! »
Or, non seulement il n’a jamais crié « Heil Hitler ! » mais il a sauvé les musiciens juifs de son orchestre et a fait jouer la musique d’Hindemith proscrite par les nazis.
Wilhem Furtwangler aurait connu le même sort, s’il n’avait eu la chance de trouver un défenseur convaincant dans la personne de Yehudi Menuhin.
Une autre victime des « fakes » est Violette Morris, appelée « la hyène de la Gestapo » et accusée d’avoir elle-même pratiqué la torture sur des détenus. Or, si elle a effectivement collaboré avec les Allemands, on n’a jamais pu trouver de témoignages pour confirmer des faits qui semblent inventer pour les besoins de la cause par des auteurs qui les ont rajoutés pour assaisonner le menu.
Il fallait bien trouver des boucs émissaires pour laver les crimes de l’occupation, mais on ne sait toujours pas qui a montré au Général de Gaulle une photo de Doriot en uniforme de SS en lui faisant croire qu’il s’agissait de Brasillach pour empêcher de le gracier.
Il était plus facile de condamner des artistes, des écrivains, des acteurs et actrices de cinéma, des gens qui n’avaient souvent rien à se reprocher comme Sacha Guitry, que les véritables responsables du génocide comme Bousquet ou Papon.
Et cette sévérité de pure forme donnait le change car sous son couvert la CIA recrutait allégrement des criminels de guerre comme Barbie ou Gielen pour faire la chasse aux communistes.
S’il arrive qu’on mette au pilori des innocents coupables, il arrive aussi que les « décideurs » favorisent la carrière de personnalités qui auraient davantage leur place dans un bagne qu’au sommet du pouvoir.
Le cas le plus flagrant sans doute est celui d’Hacim Traci, le chef de l’UCK, devenu président du Kosovo grâce à la protection de Madeleine Albright qui a joué un rôle sinistre dans la guerre de Yougoslavie.
Hacim Traci a été accusé d’assassinats et il dirige ouvertement un réseau de drogue, de prostitution et de trafic d’organes dans toute l’Europe. La démonstration de ces hauts faits par Pierre Péan dans son livre sur le Kosovo n’a jamais été démentie, pas plus que sa mise en cause de Boris Kouchner.
Or, lors des cérémonies du 11 novembre on a mis Hacim Traci à une place d’honneur, tandis que le président de la Serbie Alexandre Vucic était relégué dans une tribune secondaire.
On avait de plus hissé le drapeau du Kosovo au sommet de Notre Dame.
On veut faire croire à une erreur de protocole, qui a le bon dos, car ce camouflet concorde trop avec la politique de la France pour être une bavure involontaire.
L’honneur exorbitant et immérité accordé à un voyou musulman et l’ humiliation de la Serbie est la signature d’un renversement de l’orientation de la France que François Mitterand avait refusé..
Depuis notre engagement dans le bombardement de la Yougoslavie, tous nos gouvernements ont pris le parti d’un islamisme dévoyé au détriment de pays comme la Serbie et la Russie qui ont été nos alliés dans les deux guerres mondiales.
C’est un choix conforme à l’essence même du macronisme fondé sur la discrimination des valeurs françaises et chrétiennes et l’exaltation du multiculturalisme et de la mondialisation libérale.
Notre président ne manque jamais de marquer tout son amour pour notre langue en prononçant en anglais ses discours destinés à la communauté internationale. Et il vient de le prouver de nouveau en mettant à la tête de la « francophonie » une anglophone proche de Kagamey, le président du Rwanda qui ne cache pas sa haine de la France.
Les « fakes » servent toujours à dénigrer un adversaire économique ou idéologique mais ils sont surtout les instruments d’une politique de domination destinée à asservir les peuples au nom de la démocratie.
On m’accusera certainement d’alimenter un « théorie du complot », mais les théorie du complot ne sont que les « dégâts collatéraux » d’une entreprise de spoliation des nations et des individus beaucoup plus profonde, sournoise et efficace que les sornettes qu’ agitent de piètres tacticiens de la désinformation, une entreprise de pollution des esprits par ce qu’on appelle d’un autre joli mot du franglais « le mainstream », bien nommé, un « courant principal », aussi puissant que le « golfstream » destiné à asseoir le pouvoir d’une caste de spéculateurs, de parasites et de crapules à la tête du monde civilisé.
Bassompierre
Théologie de la provocation / Gérard Conio - Blog de Jean-Claude Grosse
LES JOURNÉES DU LIVRE RUSSE 6 février 2016 Dans sa Théologie de la Provocation, le slavophile Gérard Conio entend reconstituer l'arbre généalogique des systèmes de domination, de Yevno Azev ...
http://les4saisons.over-blog.com/2016/08/theologie-de-la-provocation-gerard-conio.html
et si on regardait à l'est
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La vision russe du cosmos/Gérard Conio - Blog de Jean-Claude Grosse
Je mets en ligne, en page, avec son accord, ce texte remarquable de Gérard Conio qui participera désormais à notre aventure artistique et intellectuelle. Jean-Claude Grosse LA VISION RUSSE DU CO...
et si on regardait à l'est
GJ en atelier théâtre/atelier théâtre avec GJ
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Sur le droit d'auteur - Les Cahiers de l'Égaré
pour l'actualité de cet article de 2006, lire EAT paru en avril 2016 SUR LE DROIT D'AUTEUR CONDORCET ou BEAUMARCHAIS ? Parole libre, pas dans l'air du temps J'ai lu le compte-rendu : Parole libre ...
Condorcet ou Beaumarchais, enjeux fondamentaux, article écrit en 2006
« Il y eut un temps où les textes qu'aujourd'hui nous appellerions «littéraires» (récits, contes, épopées, tragédies, comédies) étaient reçus, mis en circulation sans que soit posée la question de leur auteur; leur anonymat de faisait pas de difficulté. »
Michel Foucault
Contre l'appropriation du logos par la pensée propriétaire de la personne et de l'auteur :
« C'est pourquoi il faut s'attacher au commun. Car le commun unit. Mais lors que le logos est commun aux êtres vivants, la plupart s’approprient leur pensée comme une chose personnelle. »
Héraclite, traduit par Simone Weil, La source grecque, Paris, Gallimard, 1953.
voici un dialogue rendu possible par vol de voix sur FB;
merci aux trois jouteurs jaculatoires : Jean-Marc Adolphe, Salvatore Spada et Tristan Laouen auxquels j'ai volé leurs phrases sans demander d'autorisation ni payer de droits d'auteur, l'assaisonneur
Salvatore Spada
- Acte I acte II acte III acte IV acte V acte VI acte VII acte VIII acte IX acte X acte XI > notre théâtre s'écrit ailleurs > le confortable fauteuil pour bien dormir dans la salle de théâtre est resté vide de sa représentation bourgeoise au petit scandale à succès. Le théâtre de la représentation aura été court circuité > l'atelier de théâtre n'a plus besoin de son public numéroté, l'atelier de théâtre se fait sans public ajouté ? L'atelier de théâtre a déserté les salles de théâtres ? Vas-tu au théâtre ? Non je fais atelier de théâtre. L atelier de théâtre rencontre sa sortie de la société du spectacle?
On ne fait pas du théâtre sans oser court-circuiter son propre dispositif de pouvoir. Notre art sera alors art du court-circuit sans public ajouté. Vidons les confortables fauteuils de théâtre et osons l'atelier > non plus finalisé à la scène bourgeoise avec public ajouté > l'écriture passe ailleurs. C'est le fait même que l'écriture de théâtre passe ailleurs que dans les salles de théâtre que notre atelier de théâtre vide les salles de théâtre de son dispositif de pouvoir.
Tristan Laouen
- Et si le silence, relatif ou assourdisssant selon, du milieu artistique et culturel face au mouvement des gilets jaunes avait son explication dans le fait que l’art et la culture sont devenues en France depuis 30 à 40 ans de nouvelles formes de gouvernementalité des populations qui rêvent de publics spectateurs et consommateurs et ne sont jamais autant satisfaites que quand elles parviennent à faire assoir des publics pour leur servir la soupe ?
La politique et la consommation culturelles ont pour objectif de former et d’encadrer le peuple et sa volonté générale, qui manquent tous deux, pour leur substituer des publics assis et spectateurs, gouvernés par leurs opinions.
Les publics assis et spectateurs existent partout là où le peuple se gouverne par la toxicomanie de la doxa et l’immobilisme inoffensif de la consommation culturelle.
Les publics assis et spectateurs applaudissent au spectacle du monde tel qu’il va, comme les ânes vont aux urnes, les moutons au supermarché, les fourmis au travail, les sourds aux scènes de musiques actuelles et les philosophes à l’université.
Sarkhosny inaugurait jeudi 13 octobre 2011, le centre Pompidou mobile à Chaumont sur Marne, deux jours avant le 15 octobre 2011, date annoncée de la révolution mondiale . Devant des toiles de Klein, de Picasso, de Matisse, il a déclaré, avant de railler les propositions d’augmentation du budget de la culture de T’art’inn Aubry : « La culture est la réponse à la crise. Quand il y a crise, drame, aller au musée, au spectacle vivant, c’est la solution ». Reprise présidentielle du « supplément d’âme » de Bergson, malgré les dénégations, surajouté à la catharsis d’Aristote quand ce n’est pas plus trivialement le « panem et circenses » de Juvénal et des césars de la Rome antique.
Sarkhosny réaffirme aujourd’hui la politique culturelle comme nouvelle forme de gouvernementalité (Foucault) des sociétés de contrôle (Deleuze). Certes, Sarkhosny fait figure d’amateur en comparaison de l’orfèvre que fut Jack Langue. Mais ce qui s’installe, à droite comme à gauche, par delà les sociétés disciplinaires d’autrefois, c’est la culture comme substitut à la politique tout court, un énorme outil de dépolitisation se parant des vertus de l’émancipation intellectuelle. Car la démocratie du tout culturel nous plonge tous les jours dans un bain ludique et anesthésiant qui prend le relai de la propagande informationnelle. Celui du présent perpétuel de biens culturels à disposition qui nous donne l’illusion de savoir et de choisir, qui fait de nous des humains cultivés, repus, satisfaits et bientôt pétrifiés … Les publics harcelés par la nouvelle armée des « médiateurs culturels » sont partout conviés à se mettre en rang dans les queues des musées, à payer pour s’assoir au spectacle avant qu’on leur serve la soupe. Et le théâtre, le centre d’art contemporain, la scène de musiques actuelles, le cirque politique et médiatique et les écrans, fusionnent dans un parc de loisirs étendu désormais aux dimensions du monde.
Nausée soudain. L’art peut-il quelque chose au visage de méduse de la culture ?
« Plus l'homme cultive les arts, moins il bande.
Il se fait un divorce de plus en plus sensible entre l'esprit et la brute.
La brute seule bande bien, et la fouterie est le lyrisme du peuple. »
Charles Baudelaire, Mon coeur mis à nu.
Gilets jaunes - La belle et la bête (#Apprivoiser)
GILET JAUNE·DIMANCHE 20 JANVIER 2019
Candide : Qui est cette nageuse qui défie ce grand requin blanc?
Marianne : Ocean Ramsey, une biologiste marin.[1]
Candide : La réalité dépasse parfois la fiction.
Marianne : A vrai dire, elle la dépasse toujours. Car il se trouve toujours des hommes et des femmes pour faire dévier le “réel” de sa trajectoire et ringardiser en quelque sorte la fiction que l’on tenait jusqu’alors pour la réalité. C’est vrai en sciences mais c’est vrai aussi s’agissant de nos trajectoires existentielles.
Candide : De quelle fiction parles-tu?
Marianne : De celle que nous projetons sur l’écran de notre pensée réfléchissante. Rappelle-toi, le monde est un vaste miroir dans lequel nous nous mirons. Soit nous admettons que l’image qu’il nous tend est la conséquence de notre façon de l’envisager, et décidons de réformer notre entendement pour changer l’ordre des choses ; soit nous brisons le miroir et nous perdons toute chance de nous amender et par la même de transformer le monde... En l’espèce, cette jeune nageuse que nous voyons sur la photo a décidé de changer l’ordre des choses, celui qui tend à réduire le requin à sa réputation de mangeur d’hommes. Spinoza a fait la même chose, mais avec l’homme.
Candide : Que veux-tu dire?
Marianne : Que Spinoza s’oppose explicitement à Hobbes selon lequel l’homme, dans l’état de nature, est un loup pour l’homme, autrement dit un prédateur, et qu’il faut en conséquence “accorder au Léviathan, à l’Etat sécuritaire, tous les moyens nécessaires pour le dompter.”[2]. Spinoza n’est pas un bisounours. Il sait que l’homme est envieux par nature et que « si nous imaginons que quelqu’un prend de la joie à un objet qu’un seul peut posséder, nous nous efforcerons d’obtenir qu’il n’en ait plus la possession[3] » Mais contrairement à Hobbes, Spinoza pense qu’il est dans la nature de l’homme de s’amender et de transformer les passions mauvaises en vertus. Mieux : pour Spinoza, c’est l’Amour qui est cause de tout. C’est parce que “ tous veulent être loués ou aimés par tous [qu’]ils se tiennent tous réciproquement en haine. »[4] Comprendre nos affects, apprivoiser notre véritable nature, c’est se donner la possibilité de transformer la haine en amour, la peur en courage, l’avarice en générosité, etc. et de faire que l’homme devienne “un dieu pour l’homme”! [5] Mais pour cela, il faut s’apprivoiser. Apprivoiser sa nature véritable et apprivoiser l’autre, l’altérité, qui souvent nous apparaît de prime abord comme une menace.
C’est ce qu’a fait Ocean Ramsey. Elle a apprivoisé sa peur et le requin, refusant de réduire ce dernier à son statut de prédateur :
Si le pouvoir était mû par des sentiments aussi honorables que ceux de cette biologiste marin, il chercherait à apprivoiser sa peur et le mouvement des Gilets jaunes.
Candide : De quoi le pouvoir peut-il bien avoir peur?
Marianne : Ne sous estime pas la peur des élites. Leur peur est d’autant plus grande qu’ils ont beaucoup à perdre, leurs privilèges mais aussi et surtout la haute estime qu’ils ont d’eux-mêmes. Apprivoiser les Gilets jaunes, ce serait comme admettre que leur parole est légitime. Or pour les élites, toutes les paroles ne se valent pas. Elles incarnent, du moins le pensent-elles, la voix de la raison tandis que le peuple exprimerait celle des passions.
Candide : Et ce n’est pas le cas?
Marianne : S’il en était ainsi, elles feraient en sorte de ne pas exacerber les passions mauvaises parmi les gens du peuple. Or que cherche le Président en désignant les Gilets jaunes de “foule haineuse” et en les qualifiant d’homophobes, de racistes, d’antisémites, de séditieux , si ce n’est à faire du mouvement une menace et à nourrir dans l’opinion un sentiment de Haine et d’Angoisse ? Ce n’est pas pour rien que les hommes de pouvoir, et les médias qui les soutiennent, jouent sur la peur. Ayons à l’esprit que le JT de TF1 ouvre depuis de très nombreuses années sur une musique angoissante, tirée du film Les dents de la mer :
Candide : Quel est leur but?
Marianne : Provoquer la sidération et donc le sentiment d’impuissance et la soumission. La sidération, c’est lorsque « le désir d’éviter [un] mal futur est réprimé par la peur d’un autre mal, de sorte qu’on ne sache plus celui qu’on préfère, […] notamment lorsque les deux maux que l’on craint sont parmi les plus grands »[6] En l’espèce, il s’agit de réprimer par l’escalade de la violence le désir des Gilets jaunes d’échapper au destin que leur préparent les élites, dont ils pensent qu’il est sans avenir, à tort ou à raison.
Candide : Que peuvent faire les Gilets jaunes pour ne pas tomber dans ce piège?
Marianne : Apprivoiser leurs propres peurs et apprivoiser ceux qui leur sont hostiles.
Candide : Comment fait-on?
Marianne : Le renard de Saint-Exupéry nous aide à y voir clair : apprivoiser, « ça signifie “créer des liens” », dit-il au petit prince.
Candide : Créer des liens?
Marianne : Oui, comme la Belle et la Bête. Au début, la Bête est repoussante. Mais peu à peu, la Belle apprend à vivre avec la Bête, et même à l’apprécier. Sa peur se dissipe à mesure que leur relation devient plus harmonieuse. Ils finissent par se compléter et avoir besoin l’un de l’autre. Jusqu’à l’épisode final où, surmontant ses dernières réticences, la Belle embrasse la Bête, métamorphosant celle-ci en Prince, qu’il n’avait jamais cessé d’être.
Candide : Qu’il n’avait jamais cessé d’être?
Marianne : Oui, comme le requin n’a jamais cessé d’être du Prince. Mais c’est nous qui l’habillons de l’habit du prédateur. A ce titre, il est dangereux. Mais il est une autre façon de le voir et de se comporter avec lui. Alors le requin, respecté dans sa dimension princière, n’est plus du tout le même. Comme le dit le petit prince à l’aviateur : “On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.”
Bien sûr, il reste très dangereux pour qui ne l’a pas apprivoisé, autrement dit pour qui n’a pas appris à le connaître. Comme le dit très justement Ocean Ramsey, faisant sienne une phrase de l’environnementaliste Baba Dioum : « les gens ne protègent que ce qu’ils aiment et ils n’aiment que ce qu’ils comprennent.» Voilà qui fait singulièrement écho à la doctrine de Spinoza pour qui l’Amour coïncide avec la Connaissance. Et c’est pourquoi le conseil d’Océan (!) au titan révolté Prométhée résonne encore avec tant de force à nos oreilles : “Connais-toi toi-même, et, t’adaptant aux faits, prends des façons nouvelles.”
Mettre fin à la domination et à la prédation excessive des hommes, cela passe par nous apprivoiser les uns les autres. Cela suppose des lieux où il est possible de se côtoyer sans décliner son identité, sans qu’il soit besoin de dire qui on est, pourquoi on est là, sans avoir à se justifier. C’est ce que font les Gilets jaunes sur les ronds-points. Des liens se créent. Sur quoi déboucheront-ils? Sur quelque chose de peut-être totalement inédit.
(A suivre...)
Notes :
[2] https://mailchi.mp/timetophilo/lhomme-peut-il-tre-un-dieu-pour-lhomme
[3] Prop.32, Partie III, Ethique [4] Scolie, proposition 31, partie III, Ethique [5] Scolie, proposition 35, partie IV [6] Scolie, proposition 39, partie III, Ethique
15 octobre 2011, déjà, pas 2018 ou 2019
" MACRON DANS SON BUNKER , Le JDD du 27 janvier 2019
par Gilles Revault d'Allonnes
EXCLUSIF - Du saccage de l’Arc de Triomphe, le 1er décembre, à l’allocution télévisée d'Emmanuel Macron, le 10, comment l’Elysée a vécu une crise sans précédent.
Sous la Ve République, c'est une première. Vendredi 7 décembre, les collaborateurs qui seront de permanence le lendemain visitent un secteur du palais de l'Élysée qui leur est d'ordinaire interdit. Brigitte Macron s'est jointe à eux. À la veille de l'acte IV du mouvement des Gilets jaunes, le petit cortège, guidé par des hommes du service de sécurité, accède au fameux PC Jupiter, le bunker ultrasecret réservé au Président et à son état-major en cas d'attaque thermonucléaire. "On nous a expliqué qu'en cas d'alerte c'est là qu'il faudrait peut-être se réfugier", indique un témoin.
Le samedi précédent, des manifestants ont déferlé sur les avenues qui mènent à la place de l'Étoile et pris d'assaut l'Arc de Triomphe. Saccages, flammes, charges violentes contre les CRS. Certains ont lancé des appels à marcher sur l'Élysée. Les plans des égouts du quartier circulent sur les réseaux sociaux, un vent d'insurrection souffle sur la capitale. Même les gendarmes du commandement militaire de la présidence n'en mènent pas large. Et si, la prochaine fois, les émeutiers réussissaient à forcer la porte?
On s'est vraiment cru à la veille du 10 août 1792
"Ce jour-là, on s'est vraiment cru à la veille du 10 août 1792", poursuit le même collaborateur, en référence à la prise des Tuileries, tournant de la Révolution qui précipita la chute de la monarchie. Dans les ministères, l'atmosphère est tout aussi pesante. "On m'a demandé d'enlever de mon bureau tous les documents confidentiels et d'emporter mon ordinateur, au cas où, raconte un conseiller. Ça en dit long sur le climat du moment."
Un "Crève !" dont il parlera longtemps
Au moment de l'attaque contre l'Arc de Triomphe, Emmanuel Macron était à Buenos Aires pour le G20. Dès sa descente d'avion et sans même faire un crochet par l'Élysée, le dimanche 2 décembre, il s'est rendu dans le quartier dévasté des Champs-Élysées. Il y a essuyé des sifflets. Le mardi soir, il est parti pour Le Puy-en-Velay, où la préfecture de la Loire venait d'être incendiée par des Gilets jaunes. L'étape a tourné au cauchemar. Un enragé s'est jeté sous les roues de sa voiture pour bloquer le passage, puis des agents préfectoraux, que des casseurs avaient menacé de "griller comme des poulets", sont tombés dans ses bras, en pleurs.
À la caserne de gendarmerie, le chef de l'État doit sortir par l'arrière afin d'éviter les Gilets jaunes regroupés devant le bâtiment. Scène stupéfiante : le Falcon présidentiel doit même décoller en urgence parce que des manifestants s'approchent de l'aérodrome ; il devra redescendre peu après pour embarquer précipitamment le chef de l'État et son staff. Et puis il y a les huées, les injures lancées sur le passage de son véhicule, et ce mot terrible quand il a baissé la vitre de sa portière : "Crève !" Choqué, il en parlera à tous ses proches les jours suivants.
Les gens sont arrivés à un degré de haine qui interpelle
"Les gens sont arrivés à un degré de haine qui interpelle", s'inquiète-t-il. Un de ses familiers résume : "Macron n'était jamais allé sur un rond-point. Là, il a vu des gens déchaînés face à lui, c'était la première fois." Un autre ajoute : "Ce jour-là, il a découvert la vraie haine des irréductibles." Le Président tombe de haut. Sibeth Ndiaye, sa conseillère pour les relations avec la presse, confie le soir même aux macronistes de la première heure avec qui elle dîne : "On vient de vivre un niveau de violence hallucinant."
Brigitte Macron, la plus choquée
La plus bouleversée, c'est Brigitte Macron. Elle ne comprend pas que l'image de son mari soit à ce point dégradée sur les ronds-points occupés, sur les banderoles, dans les slogans. Aux critiques haineuses portées contre lui, elle répond : "Ce n'est pas lui!" Mais elle semble d'autant plus désorientée qu'elle aussi est la cible de propos outrageants. Ce qui renforce le désarroi du Président. "Il est très touché pour Brigitte, comme Pompidou l'avait été pendant l'affaire Markovic", décrit un proche (en allusion au scandale de 1968 dans lequel les calomnies couraient sur la vie privée de l'épouse du Premier ministre). "Elle vivait un truc inattendu, ajoute ce témoin, disproportionné et d'une violence inouïe…"
Il est très touché pour Brigitte, comme Pompidou l'avait été pendant l'affaire Markovic
Pourquoi tant de haine? La question est posée, en réunion de cabinet, cette semaine-là, par un conseiller : "Connaissant le Président, sa qualité humaine, son empathie, sa chaleur, comment se fait-il que beaucoup de Français ne le supportent plus?" Le secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler, a opiné : "Tu as tout à fait raison !" Mais personne n'a donné la réponse. Encore moins une solution pour y remédier. Hormis, peut-être, la nécessité pour Macron de faire momentanément profil bas. L'intéressé a reçu le message : si c'est sa personne qui déclenche la rage, mieux vaut disparaître des écrans, au moins quelques jours. Rester caché.
Deux semaines plus tard, il renoncera d'ailleurs à aller se recueillir le 8 janvier sur la tombe de Mitterrand à Jarnac, en Charente, comme il l'avait envisagé, à l'occasion du 23e anniversaire de sa mort. Un simulacre de procès tenu par des Gilets jaunes à Angoulême suivi de la décapitation à la hache d'un mannequin à son effigie l'en dissuadera. En ce début décembre, les ministres, eux aussi, annulent pour raisons de sécurité des déplacements prévus en province. Avec le mutisme présidentiel, l'exécutif semble tétanisé. Un ministre en témoigne : "Il y avait une grande paralysie parce que tout le monde attendait l'oracle. On attendait que le Président nous dise ce qu'il fallait penser…"
Quand Le président ne sait pas quoi dire
Mais Macron ne parle pas. En fait, il ne sait pas quoi dire. Le 15 novembre, juste avant l'éclosion du mouvement des Gilets jaunes, il a parlé sur TF1, en direct du porte-avions Charles-de-Gaulle. Son aveu d'impuissance – "Je n'ai pas réussi à réconcilier les Français avec leurs gouvernants" – a fait un flop. Qu'ajouter, maintenant que ce divorce s'est changé en fureur? Des ministres sont sortis troublés d'une réunion à l'Élysée ; deux racontent avoir vu le chef de l'État "livide, agité, parlant à toute vitesse en faisant des gestes brusques, on ne l'avait jamais vu comme ça".
Pour la première fois, il a eu l'air dépassé par les événements
Soudain, le superprésident paraît fragile, amoindri. Un de ces ministres ajoute : "Avant, il avait toujours réponse à tout ; cette fois, il cherchait mais il ne trouvait pas, il hésitait. Pour la première fois, il a eu l'air dépassé par les événements." Un de ses amis s'en émeut : "Il a maigri. Quand tu le touches, il n'y a plus rien…" Le président du Sénat, Gérard Larcher, qui s'entretient plusieurs fois avec lui, au téléphone ou de visu, durant cette période, confie à son entourage l'avoir trouvé fatigué et fébrile. À la fin d'un de leurs tête-à-tête, Macron l'a surpris en lui agrippant le bras et en lui soufflant : "Vous ne me lâchez pas, hein?"
L'exécutif au bord de la crise de nerfs
Édouard Philippe et Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur, sont envoyés au front. Objectif : montrer que la priorité du pouvoir est de rétablir l'ordre face aux fauteurs de troubles. "On pense qu'on peut casser le mouvement sur le sécuritaire", décrypte un conseiller. Castaner est encouragé à se déployer dans les médias pour incarner un mélange de sévérité et de sérénité. Mais avec l'électricité qui est dans l'air, ce n'est pas gagné. Il va falloir lâcher du lest. Le Premier ministre lui-même en convient. "Après le week-end du 1er décembre, on a compris qu'il faudrait renoncer à la taxe carbone", souligne un de ses amis.
Si on recule, si on lâche maintenant, ça sera difficile
Le mardi 4 décembre, dans un salon au premier étage de Matignon, le petit déjeuner hebdomadaire des chefs de la majorité commence par un topo introductif d'Édouard Philippe. S'il n'évoque pas explicitement l'abandon de la taxe carbone, il prévient qu'il va faire des annonces en ce sens. Le leader des sénateurs En Marche, François Patriat, tord le nez : "Si on recule, si on lâche maintenant, ça sera difficile." D'autres estiment au contraire que cela n'est pas assez : "Ce n'est pas ça qui aura l'effet de souffle suffisant pour éteindre la contestation", estime l'un des présents. Mais la décision est prise, l'heure est aux concessions. Le Premier ministre, en conférence de presse, annonce le retrait de la hausse de taxe qui a enflammé le pays. Est-ce par maladresse ou parce qu'il désapprouve la mesure? Philippe parle de "suspension", alors que les Gilets jaunes attendent une annulation.
Embarras parmi les commentateurs – a-t-on bien compris ? –, flottement dans la majorité, vive irritation à l'Élysée. Alors que les Gilets jaunes, Nicolas Dupont-Aignan et la droite hurlent à l'"entourloupe", la présidence annonce qu'il ne s'agit pas de "suspendre", mais bien d'"annuler" la hausse. Dans l'hémicycle, le Premier ministre reçoit le communiqué comme un uppercut. Pour lui, le camouflet est rude. "Il l'a vécu comme un couac qui rajoutait au bordel, explique un conseiller. Il était très marri de la chose."
Macron veut éviter la cacophonie
Le chef du gouvernement se montre de plus en plus tendu, lui aussi. Quelques tics lui reviennent : cette façon de taper du poing dans la paume de sa main, d'enlever ses lunettes, de les mâchouiller, de les faire virevolter entre ses doigts… Les deux têtes de l'exécutif sont au bord de la crise de nerfs, et les ministres nagent en plein brouillard. Le mercredi soir, François de Rugy, invité d'une chaîne de télévision, appelle Macron pour être sûr de ne pas se tromper : oui, répond le Président, il faut bien parler d'"annulation"…
S'il ne s'exprime pas au grand jour, Macron reste attentif. Il veut éviter la cacophonie, qui donnerait l'impression d'un pouvoir à la dérive. Au conseil des ministres du 5 décembre, il rappelle que, au premier tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, François Asselineau et Nicolas Dupont-Aignan avaient recueilli à eux quatre "plus de 40 % des voix" (en réalité, 46,5 %) : "Cela traduisait un malaise en France, et ce même malaise s'exprime aujourd'hui." Que la fronde fasse de lui une cible, "ça fait partie du job", relativise-t-il.
Il y a des règles auxquelles personne n'échappe : dans un conflit, on paie, et on ouvre les négos
Son ami et conseiller Jean-Marc Borello, patron du groupe SOS, ne dit pas tout à fait la même chose : "Que réformer soit douloureux, c'est pas un scoop. On s'y attendait. Ce qu'il ne comprend pas, c'est l'intensité de la violence." Pour chercher les clés d'un phénomène qui le trouble, Macron consulte également, durant la semaine, ceux avec qui il aime croiser sa réflexion : Philippe Grangeon, historique de la CFDT, ancien cadre dirigeant de Capgemini, qui conseilla François Hollande et dont l'influence grandit dans l'écosystème présidentiel ; François Sureau, avocat et écrivain, défenseur des libertés publiques et des droits de l'homme.
Ces deux-là désapprouvent l'inflexibilité budgétaire prônée à Matignon et à Bercy, et relayée par le secrétaire général de la présidence, Alexis Kohler. Vieux routiers du social, Borello et Grangeon recommandent d'ouvrir les vannes pour soutenir le pouvoir d'achat. Borello résume, lapidaire : "Il y a des règles auxquelles personne n'échappe : dans un conflit, on paie, et on ouvre les négos."
La note de Richard Ferrand
Le 6 décembre, en réunion de cabinet, Macron présente une analyse élaborée sur la "triple crise" que révèle selon lui le mouvement des Gilets jaunes : "crise politique, crise morale, crise de l'information". Amer, il déplore que les chaînes d'information continue l'aient "transformé en personnage de téléréalité". Le samedi 8 décembre dans l'après-midi, alors que les manifestants marchent à nouveau dans Paris et que de nouvelles violences éclatent, il réunit sa garde rapprochée : outre Alexis Kohler et le conseiller spécial Ismaël Emelien, il y a là l'ancien ministre chiraquien Jean-Paul Delevoye, le président de l'Assemblée, Richard Ferrand, ainsi que François Bayrou et Philippe Grangeon, qui participent à la discussion par téléphone. Tous quatre plaident pour des gestes forts. Les propositions de chacun sont passées en revue : la prime pour les forces de l'ordre, une aide aux retraités, la défiscalisation des heures supplémentaires, l'organisation d'un grand débat national.
Macron avance l'idée de la prime de 100 euros pour les salariés les plus modestes. Ferrand, qui a préparé une note sur la façon de prendre la parole, pose la question : "Mea culpa ou non?" Lui plaide pour un acte de contrition public. Macron retient la suggestion, tout comme celle du grand débat. En fin d'après-midi, sa religion est faite : il annoncera lundi à la télévision une grande concertation nationale et diverses mesures sociales, pour une enveloppe estimée au bas mot à 10 milliards d'euros. C'est ce qu'il indique dans la foulée à Édouard Philippe, qui, une fois encore, encaisse. Un proche en témoigne : "Quand tu sors de dix-huit mois de bagarre budgétaire auprès de chaque ministre, où tu as porté l'ambition du redressement des comptes, et que d'un coup tu comprends qu'il faut accepter d'ouvrir les vannes, c'est un renoncement. Et c'est très douloureux."
Réunions de calage à l'Élysée
Le dimanche, les réunions de calage se succèdent à l'Élysée. L'après-midi, Macron rédige lui-même son allocution télévisée du lendemain, 20 heures. Jusqu'au bout, la haute Macronie est divisée. Avec Philippe Grangeon, Stéphane Séjourné, conseiller politique du Président, et le numéro deux de La République en marche, Pierre Person, tentent de convaincre Macron qu'il faut reconnaître le vote blanc – une revendication des Gilets jaunes. In extremis, il l'ajoutera à sa liste de courses, que seule une poignée de confidents a pu lire en intégralité avant l'allocution du lundi.
"Tout le monde appelait tout le monde en demandant : "tu sais ce qu'il va dire?", rapporte un conseiller. Les ministres voulaient savoir qui allait manger son chapeau." Mais rien ou presque ne filtre. "L'effet de blast, notamment des 100 euros de prime, n'aurait pas été le même." Pour donner ampleur et solennité au mouvement qui se prépare, Macron reçoit les présidents de l'Assemblée et du Sénat, ceux des grandes associations d'élus, les dirigeants des syndicats. Mais devant eux non plus, il ne se dévoile pas.
L'explication entre Macron et Kohler
La déclaration est enregistrée en une prise, le lundi, à 19 heures. Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, et le jeune secrétaire d'État Gabriel Attal sont briefés par téléphone quelques minutes avant la diffusion pour pouvoir en faire le service après-vente, aussitôt après, dans les médias. Au bout du fil, Macron leur semble avoir retrouvé sa voix des bons jours. Il veut que tout soit clair. Sa consigne : sur les heures supplémentaires, arrêter le langage "techno", ne plus dire "défiscalisation" ni "désocialisation", mais qu'on parle d'heures supplémentaires "sans impôts ni charges". "On n'a jamais fait autant d'un seul coup sur les salaires", souligne-t-il. In extremis, il appelle aussi la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, juste avant qu'elle n'entre sur le plateau de France 2. La liaison est médiocre et le temps presse : ils n'échangeront que quelques mots.
Le lendemain, le Président et son secrétaire général ont une explication. Alexis Kohler, d'ordinaire impeccablement aligné sur les positions du Président, était opposé à tout recul face aux Gilets jaunes. "C'est trop tard, il fallait le faire avant", estime-t-il. Un autre proche de Macron approuve : "On a manqué de réactivité, on aurait dû faire tout ça une semaine plus tôt." Macron, lui, estime qu'il a au moins repris l'initiative. À l'issue de cette semaine où son pouvoir a semblé vaciller, il juge avoir évité la crise de régime. La crise politique, elle, est encore devant lui."
À comparer avec de Gaulle fin mai 1968. La pièce La révérence raconte (éditée aux Cahiers de l'Égaré, elle passe au Comédia à Toulon le 26 avril):
Si l’année 1968 fut la révolte de la jeunesse, elle fut aussi le prélude d’un grand chambardement politique. L’année qui suivit de Gaulle quittait le pouvoir en démissionnant de son poste de Président la République : il tirait sa révérence politique avant de tirer, quelques mois plus tard, sa révérence parmi les vivants. Récit d’un homme face à son destin, stupéfait d’un monde qu’il ne maitrise plus, la pièce va nous plonger dans les tout derniers jours de ce fameux mois de mai, lors d’un secret voyage à Baden-Baden en Allemagne, dans les contradictions et les enjeux de la dernière convulsion révolutionnaire que la France ait connue.
Texte : Philippe Chuyen et José Lenzini
Mise en scène : Philippe Chuyen
(Philippe Chuyen doit écrire La révérence 2 en partenariat avec les GJ qui vont l'aider pour la fin)
ou suite à inventer par les EAT, l’association indispensable et incontournable des écritures du réel et des bruits du monde (ne le prenez pas mal, c’est de l’humour)
cela dit, on va voir ce que va donner le livre barricade ou livre rond-point initié par Raphaël Rubio et à paraître aux éditions de la petite barque qui prend l’eau de Lionel Parrini à Gardanne (livre pluriel, projet chapeau !)
Agora Zénith Omega Toulon
Agora citoyenne du 18 janvier 2019
Zénith Omega / Toulon
J'avais choisi d'assister à cette 1° agora citoyenne organisée par des gilets jaunes de Toulon, parce que suivant le travail d'Etienne Chouard depuis le référendum de 2005. Il était dans la liste des gens que les cafés-citoyens de la médiathèque d'Hyères voulaient inviter (3 ans, 2014-2017, une trentaine d'agoras). Je rappelle aussi quelques 70 agoras à la Maison des Comoni au Revest de 1995 à 2004 ou aux Chantiers de la Lune à La Seyne dont une bonne partie publiées ou sur internet dans les pages du blog les agoras d'ailleurs. Je rappelle ces faits et chiffres car un événement ne naît pas ex-nihilo et on ignore souvent comment les ruisselets souterrains d'hier alimentent en eau vive l'aujourd'hui.
En plein mouvement des GJ, c'était une opportunité à vivre, sans faire la fine bouche, sans le filtre des a priori idéologiques, sans les réserves liées à des rumeurs.
Très content de cette soirée (arrivée à 17 H 30, retour à 22 H 30).
Une belle salle (entre 1000 et 1500 d'après moi, 1200 ai-je lu), variée, calme, pas du tout chauffée par des hystériques; pas de bronca anti-Macron ou anti-riches ou anti-merdias; pas besoin de défouloir; des gens déterminés à prendre ce qui est bon pour mener leur combat, s'instruire, se saisir d'outils, en adultes, après des décennies d'infantilisation par le système élections = piège à cons puisque élire des représentants c'est ne plus pouvoir voter les lois.
L'image méprisante du peuple d'en bas par les gens qui se croient en haut a été ridiculisée par ces gens venus parfois de très loin, offrant l'image de gens sereins.
Des intervenants (5, Etienne Chouard, Régis Chamagne, Stéphanie Gibaud, Charly Noël,Jules Ngan qui réussit à introduire, un peu confusément mais on a compris, une dimension spirituelle, celle de l'amour) posés, respectant le temps imparti, applaudis sans excès; un appel à être joyeux, contre ceux qui font régner la laideur, parfaitement entendu car on entendait bien, et il y avait de l'écoute, aujourd'hui on dit écoute bienveillante (émouvante minute de silence aux victimes de la répression).
C'était très pédagogique avec exercices en live, deux exercices pour expérimenter ce que c'est qu'être constituant à un, à plusieurs, sur un rond-point (un rond-point constituant, c'est déjà une commune libre), dans une commune (ça m'a fait penser à la liste citoyenne Agir avec vous maintenant, qui s'est présentée en 2008 au Revest) et par cercles de plus en plus larges (Condorcet) donc en conquête de souveraineté, là, ici, maintenant, sans attendre le bon vouloir des représentants. Il fut question du RIC, du RAC (trouvaille d'un participant, au jeu des acronymes, on trouve bien sûr le RICARD, le RIC ART), de l'ancien monde (l'american way of life), du nouveau monde (Russie-Chine-Inde ...), de l'Europe et du Frexit, des lanceurs d'alerte (dont Julian Assange de Wikileaks, on aurait pu citer Denis Robert, Edward Snowden, Aaron Swartz), des journalistes aux ordres, des monnaies libres, de la monnaie locale La Fève à Toulon.
Ce n'était pas dispersé; les intervenants nous poussaient à sortir de la position de représenté, de soumis à des élections de représentants nous trahissant depuis belle lurette pour devenir constituant, rédacteur des règles communes; des formules revigorantes, des références à Proudhon, au fédéralisme, aux anarchistes (l'anarchie c'est l'ordre sans le pouvoir).
L'exemple du risque de rétablissement de la peine de mort par un RIC en lien avec une forte émotion collective m'a paru convaincant (le délai entre l'initiative et le vote, le temps des débats). Les exemples sur les délégués pouvant représenter les GJ, pour combien de temps, sur quel mandat... m'ont paru éclairants.
Ce fut une soirée d'éducation politique et populaire visant rien moins qu'à donner aux citoyens confiance dans leur pouvoir constituant. Discussion sous forme de questions écrites avec prise de parole au micro, intervenants tirés au sort, une bonne douzaine dont un Guadeloupéen en gilet jaune SDF, Soumis au Droit Français, évoquant la grande grève démarrée le 20 janvier 2009 à La Guadeloupe sous le leadership du LKP contre la vie chère et qui dura 44 jours et proposant des micro-actions aux caisses de super-marchés.
J'ai entendu aussi bien des femmes que des hommes ; quant aux deux animatrices, elles firent dans la fluidité.
Merci aux GJ de Toulon qui se réunissent le mercredi à la Maison de la Méditerranée pour l'organisation réussie de cette AGORA citoyenne.
Article de Var-Matin du 19 janvier
Un millier de Gilets jaunes étaient présents hier soir au Zénith Oméga de Toulon. Étienne Chouard, chantre de la démocratie participative, a rappelé la priorité du référendum d’initiative citoyenne
Si le mouvement des Gilets jaunes ne semble pas s’essouffler (la mobilisation de samedi dernier en atteste), occuper les ronds-points a ses limites. Les sympathisants en sont conscients et c’est pour trouver une suite à leur action qu’ils ont investi hier soir le Zénith Oméga de Toulon. Une première « agora » préparée en dix jours et avec peu de moyens financiers à laquelle ont assisté quelque mille personnes.
Parmi elles, Judith. Pour cette jeune femme, pas question de participer au grand débat national. « Une mascarade. Je n’ai pas envie de débattre pour rien avec Macron. De toute façon, il a déjà toutes les réponses », lâche-t-elle. Non, si Judith a fait le déplacement, « c’est pour soutenir le référendum d’initiative citoyenne. Parce que les citoyens doivent participer davantage à la société ».
Le RIC. Ça tombe bien, il n’était pratiquement question que de ça hier soir dans la salle de spectacle toulonnaise. Ainsi, dès l’entrée, les participants pouvaient signer une pétition pour demander son instauration. Et sur le devant de la scène, une grande banderole affichait l’inscription suivante : « Référendum d’initiative citoyenne - Agissez pour la démocratie ».
COMBAT CONTRE LA LAIDEUR DU SYSTÈME
Et quel meilleur promoteur du RIC que son porte-drapeau historique : Étienne Chouard. Tête d’affiche de la soirée, Étienne Chouard sait comment parler à son public. Pour lui, dans une liste d’une quarantaine de doléances, si les Gilets jaunes doivent en sortir une seule, c’est le RIC. « Une pépite qui permettra d’obtenir tout le reste. Car le RIC n’est pas législatif, mais constituant. Il permettra aux représentés d’écrire de nouvelles règles de la représentation. Et quand un peuple écrit lui-même la constitution, il n’y a plus de place pour un tyran ». Une intervention d’un quart d’heure à peine, mais chaudement applaudie par la salle.
Bien sûr, les médias, cibles régulières des Gilets jaunes, en ont encore pris pour leur grade. Invitée surprise, Stéphanie Gibaud, lanceuse d’alerte, a mis en doute l’impartialité des médias français « très majoritairement aux mains d’une poignée de milliardaires », avant d’inviter les Gilets jaunes qui ont « envie de plus de liberté en France, à soutenir WikiLeaks et Julian Assange », son fondateur.
Troisième invité à intervenir, Régis Chamagne, colonel de l’armée de l’air en retraite, a prophétisé, apparemment non sans délectation (?), l’effondrement de l’Union européenne et des États-Unis. Il a ensuite déclaré, là encore sous les applaudissements de la salle : « Le mouvement des Gilets jaunes a du sens. Il est pertinent. C’est le combat pour l’émancipation, la liberté, l’égalité et la fraternité. Le combat du beau et de l’élégance contre la laideur du système ».
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AGORA Zénith Toulon - P1 Les médias
■ Ils veulent le chaos et le statu quo, nous voulons la paix et le changement ■ #Agora2019 #Levraidebatcitoyen #AgoraCitoyenne ╚ Co organisé par les gilets jaunes du var et quelques citoyens...
restitution de l'agora
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P2 Les mandats - AGORA Zénith Toulon
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restitution de l'agora
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Chouard et Testart se font un atelier constituant
Etienne Chouard auteur de "Nous ne sommes pas en démocratie" https://lareleveetlapeste.fr/manifeste-numero-1/ Jacques Testart, auteur de "L'humanitude au pouvoir. Comment les citoyens peuvent ...
Après la première guerre du Golfe et l'effondrement de l'URSS, les États-Unis, aveuglés par leur succès et gonflés par leur hybris, ont perdu tout sens des réalités. Un mélange de religion...
Les clés de l'Europe. 2,938 likes · 890 talking about this. Page Facebook de l'association " Les Clés de l'Europe ", association d'information sur le fonctionnement et les conséquences de l'Uni...
Au débat, citoyens !
bonjour, c'est pour un débat; le président de fenêtre fermée en porte entrouverte; l'avenir selon une banque, selon deux gilets jaunes; autres livres; recouvrir sa télé d'un gilet jaune
Humour
EFFERVESCENCE NORMANDE - Grand Bourgtheroulde, dans l’Eure, où se déplace aujourd’hui Sa Majesté Emmanuel Macrotin, est en ébullition. La preuve ? Selon « Le Courrier de l’Eure », le cahier de doléances ouvert en mairie, qui « ne comptait que quatre contributions le 9 janvier 2019, en comportait neuf le lendemain, 10 janvier 2019. Un signe, sans doute, de L’EFFERVESCENCE dans cette petite commune rurale de Normandie depuis l’annonce officielle de la visite du chef de l’Etat. (…) Pour l’instant, les demandent inscrites dans ce cahier concernent surtout des mesures en faveur d’un meilleur pouvoir d’achat et l’instauration d’un référendum d’initiative citoyenne (RIC). La baisse des privilèges pour les représentants de l’Etat, le retour de l’ISF font aussi partie des revendications exprimées, ici, par écrit. »
Il y aurait donc 9 dangereux contestataires factieux parmi les 3.800 Thérouldebourgeois (ainsi appelle-t-on les habitants de Grand Bourtheroulde). Privée de Benalla, la garde rapprochée de Jupiter 1er est- sur les dents. Ne pas oublier, en effet, que Grand Bourgtheroulde doit son nom à Théroulde, qui fut assassiné en 1040/1041 par Guillaume de Montgommery. (Théroulde vient du germain Turoldus , nom qui figure au dernier vers de la plus ancienne rédaction de la Chanson de Roland : « Ci falt la geste que Turoldus declinet »).
Pour prévenir tout risque de répétition de l’histoire assassine, des mesuires drastiques ont été prises :sur les 700 maires de Normandie invités ce mardi 15 janvier dans l’Eure, pour le premier déplacement d’Emmanuel Macrotin en région, seuls deux maires du Calvados seront autoriser à baiser les babouches du Souverain : : Sophie de Gibon (Canteloup) et Joël Bruneau (Caen).
Une délégation locale des Gilets jaunes sera d’autre part reçue par par le responsable des cabinets de Christophe Castaner, qui leur offrira une rasade de gaz lacrymogènes.
Jean-Marc Adolphe
Anne Groh Le sketch complet. Le préfet à interdit tout rassemblement ! La pièce de théâtre écrite par un auteur peu connu, Emmanuel Macron, "Le foutage de gueule" sera jouée aujourd'hui dans le département de l'heure. Un seul comédien, l'auteur lui-même, car veut être seul sous les projecteurs du plateau, et surtout ne veut aucun public car le méprise en le traitant de "gens de rien ne faisant aucun effort"
A LA BONNE EURE !
Emmanuel Macron a choisi le département de l'Eure pour lancer le grand débat national. Département où la contestation est muselée par plus de 20 arrêtés préfectoraux qui interdisent totalement les manifestations et rassemblements #GiletsJaunes depuis le 17 décembre et jusqu'au 16 janvier.
Le choix d'organiser le #GrandDebatNational dans un territoire où les #GiletsJaunes s'exposent à six mois d'emprisonnement et 7 500 € d'amende s'ils se rassemblent ou manifestent ne peut laisser indifférent.... La liberté de manifester y a été purement et simplement abolie. Tristan Laouen.
Message de Nouvel an d'un Maire au Président de la République Macron
Mr Hervé Féron #GiletsJaune / #YellowVest Nous sommes nos propres média.. la Tv vous ment. Abonnés vous pour suivre tous les Directs/Vidéos/Actualités/Infos Change The World Yellow Vest #Revo...
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" Au débat, citoyens ", un spectacle de marionnettes immobiles.
(Spectacle diffusé en Facebook live le dimanche 13 janvier 2019 à 19 h 19. Enregistrement vidéo à la fin du texte). INTRODUCTION Bienvenue au spectacle ! Bienvenue aux petits n'enfants. Le Cour...
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Le témoignage de René Revol, maire invité du "Grand débat" à Souillac le 18 janvier
Uploaded by Le Yéti on 2019-01-18.
"Il y a, dans cette société (Gad), une majorité de femmes. Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées" (09/2014)
"Avec ma ligne d’autocars, les pauvres pourront voyager plus facilement" (10/2014)
"Je ne suis pas là pour protéger les jobs existants" (12/2014)
"Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires" (janvier 2015)
"Si j’étais chômeur, je n’attendrai pas tout des autres. J’essaierai de me battre d’abord" (02/2015)
"Je pense qu’il y a une politique de fainéants, et il y a une politique d’artisans. Moi, je suis avec les artisans" (02/2015)
"Les salariés français sont trop payés" (03/2015)
"La France est en deuil d’un roi" (07/2015)
"Je compte sur vous pour engager plus d’apprentis. C’est gratuit quand ils sont mineurs" (08/2015)
- "Être élu est un cursus d’un ancien temps" (09/2015)
"Le libéralisme est une valeur de gauche" (09/2015)
"Les jeunes veulent être entrepreneurs, pas fonctionnaires" (09/2015)
"Je n’aime pas ce terme de modèle social" (10/2015)
"Bien souvent, la vie d’un entrepreneur est bien plus dure que celle d’un salarié, il ne faut pas l’oublier. Il peut tout perdre, lui, et il a moins de garanties" (01/2016)
"Les salariés français doivent pouvoir travailler plus sans être payés plus, si les syndicats majoritaires sont d’accord" (01/2016)
"Vous n’allez pas me faire peur avec votre tee-shirt. La meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler" (05/2016)
"35 heures, pour un jeune, ce n’est pas assez" (11/2016)
"Je ne vais pas interdire Uber et les VTC, ce serait les renvoyer vendre de la drogue à Stains" (11/2016)
"L’alcoolisme et le tabagisme se sont peu à peu installés dans le bassin minier" (01/2017)
"Le chômage de masse, en France, c’est
parce que les travailleurs sont trop protégés" (02/2017)
"Les Britanniques ont la chance d’avoir eu Margaret Thatcher" (02/2017)
"Il n’y a pas de culture française (…) Moi, l’art français, je l’ai jamais vu" (02/2017)
"C’est une erreur de penser que le programme est le cœur d’une campagne électorale. La politique, c’est mystique" (02/2017)
"Une start-up nation est une nation où chacun peut se dire qu’il pourra créer une start-up. Je veux que la France en soit une" (04/2017)
"Je suis pour une société sans statuts" (03/2017)
"Vu la situation économique, ne plus payer les heures supplémentaires est une nécessité" (04/2017)
"Le Kwassa-Kwassa pêche peu, il amène du Comorien" (06/2017)
"Une gare, c’est un lieu où l’on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien" (06/2017)
"Je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois, ou perdus" (07/2017)
"Je n’aime pas le terme de pénibilité. Donc, je le supprimerai, car il induit que le travail est une douleur" (07/2017)
"Quand tu es Président, ce n’est pas le moment où tu gagnes le plus d’argent" (08/2017)
"Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes" (09/2017)
"Mes conseillers sont jeunes, j’assume. Les maréchaux d’Empire étaient jeunes et ce n’étaient pas des paysans" (09/2017)
"Les révolutionnaires sont souvent des ratés du suffrage universel" (09/2017)
"La démocratie ne se fait pas dans la rue" (09/2017)
"Certains, au lieu de foutre le bordel, ils feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes, là-bas, parce qu’il y en a qui ont les qualifications, et ce n’est pas loin de chez eux" (10/2017)
"Je ne suis pas le père Noël" (en Guyane, 10/2017)
« Je crois à la cordée. Il y a des hommes et des femmes qui réussissent parce qu’ils ont du talent, je veux qu’on les célèbre. Si on commence à jeter des cailloux sur les premiers de cordée, c’est toute la cordée qui dégringole" (10/2017)
"Si vous n’êtes pas en danger, il faut retourner dans votre pays" (11/2017)
"Ceux qui naissent pauvres restent pauvres. Il faut responsabiliser les pauvres pour qu’ils sortent de la pauvreté" (06/2018)
"On met un pognon de dingue dans les minima sociaux, et les gens ne s’en sortent pas" (06/2018)
"Je dis aux jeunes : Ne cherchez plus un patron, cherchez des clients" (06/2018)
"Si un jour tu veux faire la révolution, tu apprends d’abord à avoir un diplôme et à te nourrir toi-même" (07/2018)
"S'ils veulent un responsable, qu'ils viennent me chercher" (à propos de l'affaire Benalla, 07/2018)
Ce peuple luthérien, qui a vécu les transformations de ces dernières années, n’est pas exactement le Gaulois réfractaire au changement ! (08/2018)
Face à un jeune chômeur Macron indique : « je traverse la rue et je vous trouve un emploi ... je veux simplement des gens qui sont prêts à travailler »
Journée du Patrimoine l’Elysée 09/2018
"Trop de Français n'ont pas le sens de l'effort, ce qui explique en partie les "troubles" que connaît le pays, vendredi 11/1/2019
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L'Appel des Gilets Jaunes de Commercy à des assemblées populaires partout en France !
English version : https://pastebin.com/SdAVc4MA ] Si vous vous retrouvez dans les bases de cet appel chez vous, dans votre groupe local de gilets jaunes, ou autre, contactez-nous sur ...
Ceci n'est pas virtuel et n'est pas la énième pétition concernant le RIC. Il s'agit de FAIRE PASSER LE RIC (Référendum d'Initiative Citoyenne) dans la Constitution Française ! Devenez acteur ...
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Ce mercredi 16 janvier 2019 à 19 h 19, plainte a été déposée en gendarmerie de Fère-en-Tardenois (02) contre le Président de la République pour non-assistance à personne en danger, complic...
https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-adolphe/blog/160119/j-accuse-et-porte-plainte
La plainte déposée par Jean-Marc Adolphe à la gendarmerie de Fère-en-Tardenois aussi célèbre que Grand Bourgtheroulde (où 600 maires de la France profonde ont ovationné un malotru en chemise, parlant de crack et de pipe, messages subliminaux)) me fait penser à Vaclav Havel (auteur de "L'amour et la vérité doivent triompher de la haine et du mensonge"); dissident de la Charte 77, auteur de « Le Pouvoir des sans-pouvoir », écrit en prison en 1978, dans lequel il analyse les mécanismes de la mauvaise raison d’État (stalinien) qui prive selon lui les citoyens ordinaires de toute capacité d'influer sur le cours réel de leur vie : mécanismes qui conduiraient à la résignation des individus et aussi à leur démission morale, stérilisant en fait la dynamique sociale; en novembre 1989, il est spontanément placé par la foule à la tête du mouvement « Forum civique », une association unie des mouvements d'opposition et d'initiative démocratique; il y aurait à apprendre de la révolution de velours (très différente des révolutions orange, télécommandées)
il me semble que la démarche de Jean-Marc Adolphe vise entre autre à redonner aux mots leur sens, leur vérité contre les usages performatifs et oxymoriques (le fameux "en même temps", dualité et neutralité typiques de la propagande de Macron) qu'avait bien perçu Lewis Carroll;
- Lorsque j'utilise un mot, dit Humpty Dumpty avec mépris, il signifie exactement ce que je choisis qu'il signifie — ni plus, ni moins.
- La question est de savoir si vous pouvez faire signifier aux mots autant de choses différentes, dit Alice.
- La question est de savoir qui est le maître, et rien d'autre, dit Humpty Dumpty.
La position de Humpty-Dumpty a été ultérieurement théorisée par JL Austin dans Quand dire, c'est faire (1962), inaugurant les recherches sur les usages performatifs du langage
J'avais voulu faire créer la totalité du théâtre de Havel (voir Donjon Soleil), accusé de didactisme, pour montrer l'efficacité de ce théâtre de l'absurde, à l'image du langage officiel stalinien où les mots étaient à l'opposé de la réalité, il fallait donc dévoiler cette imposture et cet usage immoral du langage, ce qu'il fit avec brio et constance, même devenu président;
cette démarche de Jean-Marc Adolphe, solitaire ou multipliée par des milliers, contribuera-t-elle à moraliser le monde des mots affirmateurs puis négateurs des maux ? Macron ne changera pas mais les gens peuvent vouloir que les mots redeviennent vivants parce que chargés de sens, de vie, de vérité. Merci pour ce coup d'épée dans le vif du mensonge d'état "démocratique". Oui, la bataille en cours a aussi pour enjeu le sens des mots.
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Une étudiante obtient 18 à son mémoire sur " la méta-complexité chez Emmanuel Macron "
Une étudiante de l'université Paris Descartes a procédé à une analyse de la politique d'Emmanuel Macron afin d'en comprendre certains éléments de langage et de communication. Son mémoire a ...
réservations auprès de Marilyne Brunet, en MP ou par mail à FEDERATION.GJ.TOULON.VAR@TUTANOTA.COM
A l initiative de Gilets jaunes du grand Toulon, Dimanche 20 janvier 2019 de 10h à 12h30 le cinéma "le Royal" accueille les GJ et tout sympathisant ou simple curieux bienveillant qui souhaite apporter sa pierre à l'édifice des assemblées populaires. Partagez, et venez nombreux ! Réservez votre place en mp.
La direction du cinéma le Royal, lieu emblématique à Toulon, sensible et favorable aux débats citoyens et aux assemblées populaires, met gracieusement sa grande salle de projection à disposition. Nous l'en remercions bien chaleureusement.
Proposition d'ordre du jour :
-- Assemblée populaire / Réunion pour la fédération des groupes gilets jaunes du grand Toulon --
-> Donner suite au premier rassemblement du mercredi 26 décembre organisé à la salle Méditerranée, autour d'un fonctionnement autogéré par zone géographique, par pôles et sans représentant, pour l'union des ressources et la coordination des actions ;
-> Valider le schéma structurel issu de ces débats ;
-> Adoption du principe d'un site web corrélé à cette fédération : état des lieux des travaux en cours, à usage interne et/ou externe ;
-> Inscriptions des participants aux groupes de réflexion existants ( Ecologie. Démocratie, Economie et Social . Education ) création de nouveaux groupes par les participants ;
- propositions de futurs sujets de réflexion pouvant donner lieu à des projections de films et / ou à des interventions de différents spécialistes suivis de débats.
-> Une réunion qui en appelle d'autres, pour établir la synthèse des réflexions de chaque groupe et aborder collectivement des sujets déterminants (choisis à l'issue de chaque réunion) ;
Une trentaine de groupes de gilets jaunes (France entière) ont déjà répondu favorablement au second appel de Commercy pour "l'assemblée des assemblées" pour le 26 janvier ! (voir vidéo ci-dessus)
Cher Monsieur,
Je vous remercie, ainsi naturellement que Léa Salamé, de votre invitation. Je n’ai, croyez-le bien, aucune opposition de principe concernant une participation à « Stupéfiant ». Je tiens seulement à vous expliquer pourquoi je ne souhaite pas paraître, en ce moment, dans des émissions traitant de l’actualité politique. J’ai déjà du reste donné ces explications à Frédéric Taddeï, qui m’avait invité, comme il l’a déjà très souvent fait dans le passé – ce dont je le remercie – à venir parler de l’épisode « gilets jaunes » sur RTF.
Il faut partir d’une considération générale : il existe parfois, dans les situations sociales, nationales, politiques, ce que j’appelle des fausses contradictions. A savoir des contradictions, éventuellement violentes, mais dont aucun des deux termes ne mérite d’être choisi ou soutenu. Pensons par exemple à la guerre de 14-18 : fallait-il obligatoirement choisir son camp pour cette tuerie finalement totalement vaine, et ce pour la seule raison qu’on était français, allemand, russe, ou italien ? Ceux qui, comme Romain Rolland ou Trotski ont répondu « non », et en ont averti l’opinion mondiale depuis la Suisse, avaient, si peu nombreux soient-ils, entièrement raison. Aujourd’hui, Dieu merci dans une situation infiniment moins dramatique, faut-il absolument choisir entre le gouvernement Macron et les gilets jaunes ? Pour le moment en tout cas, je ne le pense pas. J’ai dit fermement, dès les élections présidentielles, que je ne me rallierai ni à Marine Le Pen, capitaine de l’extrême-droite parlementaire, ni à Macron, qui montait ce que j’ai appelé « un coup d’Etat démocratique », au service pseudo-réformateur du grand capital.
Aujourd’hui, je ne change évidemment rien à mon jugement sur Macron. Mais je n’ai rien trouvé de politiquement novateur ou progressiste dans la mobilisation des gilets jaunes, si exact que puisse être leur sentiment de baisse du pouvoir d’achat, et si justifié que puisse être leur dégoût du pouvoir en place. Les ennemis de mes ennemis ne sont bien souvent, non seulement pas mes amis, mais des ennemis encore pires. Ainsi de Marine Le Pen au regard de Macron, par exemple. Je ne dis pas que ce soit le cas des gilets jaunes, mais je ne lis rien, ni dans leurs proclamations, ni dans leur désorganisation périlleuse, ni dans leurs formes d’action, ni dans leur absence de pensée générale et de mots d’ordre, qui puisse me convaincre qu’ils sont les amis, même éloignés, de la seule orientation qu’on puisse valablement opposer au pouvoir en place, dont le seul nom réel est « capitalisme », à savoir celle que je nomme le nouveau communisme. Divers indices, notamment des traces évidentes de nationalisme à courte vue, d’hostilité latente aux intellectuels, de « démocratisme » démagogique, et de confusion dans les discours, m’inclinent d’ailleurs à être prudent dans toute appréciation de ce mouvement. Car après tout, il y a un proverbe qui dit que « tout ce qui bouge n’est pas rouge ». Et pour le moment, du « rouge », il n’est pas question : je ne vois, outre le jaune, que du tricolore, toujours un peu suspect à mes yeux.
Au regard d’une fausse contradiction, le mieux est de s’abstenir de tout jugement prématuré, de se retirer sur l’Aventin pour apprécier les éventuels changements induits par le mouvement, et de rassembler, si c’est possible, un troisième terme gardien de l’avenir. Voilà ce que je voulais vous dire pour justifier ma réponse négative, circonstanciellement négative, à votre invitation. Merci encore, et bien à vous.