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bric à bracs d'ailleurs et d'ici

assaisonneur

le phallus ? et le néant ?

17 Mars 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #J.C.G., #Michel Pouquet, #assaisonneur, #films, #écriture- lecture, #note de lecture, #développement personnel, #cahiers de l'égaré, #agora, #agoras, #Paul Mathis, #FINS DE PARTIES

le phallus ? et le néant ?

voilà un article comportant 35 liens

il y aura très peu de lecteurs ouvrant les liens

mais au moins je pose la tentation

les liens en lien avec mes blogs sont sous le signe de Freud et Lacan (ce fut une partie de ma formation universitaire) que tente de déconstruire Sophie Robert

aujourd'hui, je suis sorti de cette matrice ou de ce paradigme

je pense qu'il faut plus recevoir que voir

voir en voyant la lumière qui éclaire par derrière ou sur le côté ou par en dessous...

place au miracle et au mystère de la naissance, de la vie, de la mort, des origines, des chemins, des fins

de la faim sans fin par tous les moyens

à la fin sans faim

mise entre parenthèses des prétendus savoirs

les mondes de chacun, de chaque espèce nous sont opaques et inaccessibles; et sans doute notre propre monde (conscience et inconscient, individuel, transgénérationnel, collectif)

JCG

je ne sais plus comment je suis arrivé sur ce documentaire de Sophie Robert, dont le titre est le phallus et le néant (2 H)
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je l'ai visionné,
puis j'ai cherché Sophie Robert (FB, Wikipédia, articles de journaux, polémique et procès contre son autre documentaire Le mur (sur l'autisme), un temps interdit puis autorisé à nouveau)
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je pense que les pratiques et discours théoriques sont à interroger, à soumettre au débat comme tout ce qui relève des savoirs-pouvoirs
(et ce n'est pas facile d'amener gens de savoir-pouvoir à faire preuve d'humilité, de distance par rapport à leurs pratiques;
il y faut conflit, provocation, scandale et peut-être alors débat ou justice)
on va voir ce qui va se produire dans les années à venir à propos des vaccins anti-covid à ARN messager qu'on nous a imposés
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le travail de Sophie Robert me semble salutaire pour un devoir et un droit d'inventaire des effets de la psychanalyse;
il serait bien que d'autres se mettent au travail pour comparer;
existe déjà Le livre noir de la psychanalyse (auquel a répondu L'anti-livre noir de la psychanalyse)
ou le travail d'Elizabeth Roudinesco
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- pour avoir invité plusieurs fois aux Comoni, lors d'agoras, Paul Mathis, psychanalyste lacanien décédé, Michel Pouquet, psychiatre décédé,
- pour avoir rendus publics sur le blog des bric à bracs, leurs causeries attirant une salle pleine
- pour avoir édité Les petits riens dans la clinique analytique de Jean-Paul Charancon, jeune psychanalyste décédé
pour avoir accompagné Annie dans son analyse dite didactique de 15 ans au moins, dans son parcours de psychologue clinicienne puis de psychanalyste
- pour avoir entrepris une analyse de six mois avec une analyste Carmen M.
sans parler de ma fréquentation de Lacan à Guyancourt vers 1964, à mon retour d'Algérie, écoeuré
 
- pour avoir bien étudié Freud et Lacan dès 1964
- pour avoir été interpellé par les scissions dans les mouvements analytiques (comme dans les mouvements politiques se prétendant émancipateurs), me semblant indiquer des tendances sectaires (en lien avec la toute puissance de ceux qui se prétendent détenteurs de la Vérité)
- pour m'interroger depuis de longues années sur mes rapports et relations à certaines femmes, cheminement qui me semble "tordu", idéalisé, style amour courtois (à réinventer si je ne fais pas un usage fantasmé de Lacan), à installer dans la durée du toujours, pour toujours
- ça a donné Your last video (porn theater), texte non paginé, non indiqué dans le sommaire de Et ton livre d'éternité, paru le 14 février 2022
 
- pour avoir fait écrire un livre pluriel Elle s'appelait Agnès (paru après les deux procès en février 2016) sur le viol et meurtre d'Agnès (13 ans) par Matthieu (17 ans, psychopathe qui entend des voix) à Chambon-sur-Lignon en novembre 2011
- pour avoir édité Battements d'ailes (Clichés Féminins/Masculins aujourd'hui) d'Elsa Solal et Dominique Loiseau, préfacé par Michelle Perrot en 2015
- pour avoir consacré le chapitre XII Livre III du livre d'éternité à metoo, l'affaire Weinstein, balance ton porc ainsi qu'au livre Le consentement de Vanessa Springora sous emprise de Gabriel Matzneff
- et pour avoir mis en ligne un docu très bien réalisé sur l'affaire Olivier Duhamel

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documentaire (bien réalisé) dont pas mal de choses me semblent audibles à l'opposé de beaucoup de réactions hostiles des commentaires comme du sous-titre du documentaire
(à la découverte du vrai visage de la psychanalyse);
 
à chacun de se demander ce qu'il va mettre en question,
ce qu'il va garder
faut-il jeter le bébé avec l'eau du bain ?
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dès qu'il y a le mot vrai, méfie-toi
il y a de la guerre dans l'air
et même si selon Héraclite, la guerre est...
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voici le commentaire que j'ai posté sur you tube :
le devoir et le droit légitimes d'inventaire des effets "pervers-père-vers" sur les individus et la société des théories et pratiques analytiques freudienne et lacanienne se transforment en réquisitoire hostile, sans contrepartie vraiment scientifique ; dans la mesure où on est au niveau de "sciences" dites humaines et animales, et même si on allait jusqu'au niveau biologique, génétique, il me semble impossible de dire le vrai visage de la psychanalyse;
le prétendre comme dit le sous-titre est du même registre performatif que le registre analytique :
dire c'est faire;
si je dis que c'est vrai, c'est vrai;
documentaire bien réalisé mais pour moi, peu convaincant;
ou pour le dire autrement, documentaire dans l'air du temps
c'est-à-dire à la mode avant d'être démodé car l'air du temps c'est l'air à la mode
donc la réalisatrice situe son documentaire dans un contexte de combats multiples, du genre déconstructions
(tout est en déconstruction en ce moment
comme d'ailleurs psychanalyse et structuralisme déconstruisaient le sujet sartrien et sa liberté)
allant jusqu'à la destruction;
évidemment les TCC sont préférés au divan
la réalisatrice sait qu'elle est une femme, sait ce qu'est une femme, un sexe de femme, une sexualité féminine, elle n'est pas un néant, un trou et que sais-je;
elle substitue aux "concepts" scandaleux de la psychanalyse d'autres versions qui lui semblent acceptables et surtout vraies
donc à prendre avec beaucoup de prudence, au 3° degré
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cela n'enlève rien à la nécessaire clarification (impossible, dois-je préciser) des notions de désir, de fantasme, d'inceste, de viol, de masculin, de féminin
mais je crois plus au travail sur soi (prendre soin de soi-Soi) qu'au travail monnayé sur un divan
et plus à l'hypnose style Roustang qu'à la psychanalyse ou aux TCC
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la 1° partie du film Un ange à ma table, de Jane Campion, To the Island, montre on ne peut plus clairement l'intérêt vif des fillettes pour le phallique
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en lien avec le film Un ange à ma table de Jane Campion qui évoque les 8 ans d'hôpital psychiatrique et les 200 électrochocs subis par la poétesse Janet Frame, une amie Voragine Fosproy m'a donné le lien d'une série de 4 docus sur l'hystérie, une parole confisquée
 
le phallus ? et le néant ?
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GJ en atelier théâtre/atelier théâtre avec GJ

26 Janvier 2019 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #J.C.G., #agora, #agoras, #cahiers de l'égaré, #pour toujours, #spectacle, #écriture- lecture, #Gilets Jaunes, #théâtre, #assaisonneur

pour un vol de voix sur la culture et l'art mettant en jeu les silencieux sous regard médusant
pour un vol de voix sur la culture et l'art mettant en jeu les silencieux sous regard médusant
pour un vol de voix sur la culture et l'art mettant en jeu les silencieux sous regard médusant
pour un vol de voix sur la culture et l'art mettant en jeu les silencieux sous regard médusant
pour un vol de voix sur la culture et l'art mettant en jeu les silencieux sous regard médusant

pour un vol de voix sur la culture et l'art mettant en jeu les silencieux sous regard médusant

« Il y eut un temps où les textes qu'aujourd'hui nous appellerions «littéraires» (récits, contes, épopées, tragédies, comédies) étaient reçus, mis en circulation sans que soit posée la question de leur auteur; leur anonymat de faisait pas de difficulté. » 
Michel Foucault

Contre l'appropriation du logos par la pensée propriétaire de la personne et de l'auteur :

« C'est pourquoi il faut s'attacher au commun. Car le commun unit. Mais lors que le logos est commun aux êtres vivants, la plupart s’approprient leur pensée comme une chose personnelle. »
Héraclite, traduit par Simone Weil, La source grecque, Paris, Gallimard, 1953.

voici un dialogue rendu possible par vol de voix sur FB;

merci aux trois jouteurs jaculatoires : Jean-Marc Adolphe, Salvatore Spada et Tristan Laouen auxquels j'ai volé leurs phrases sans demander d'autorisation ni payer de droits d'auteur, l'assaisonneur

Jean-Marc Adolphe

- La pièce est passionnante, c’est une grande improvisation collective, elle s’écrit au fur et à mesure des jours qui passent, dans le cours des choses.
Aujourd’hui , samedi 26 janvier 2019, c’est l’acte 11. 
Quelques temps forts, ici ou là, ici et là. Une nouvelle revendication est apparue dans les cahiers des doléances du mouvement des Gilets jaunes : meilleure répartition des richesses en général et du don d’ubiquité en particulier.
Le Cours des choses s’invitera ainsi, ce samedi 26 janvier : 
- Au Centre National de la danse, à Pantin, à partir de 14 h : perturbation climatique de l’ « occupation artistique » programmée tout au long de ce week-end en ce noble « établissement public industriel et commercial ».
- Au Théâtre Liberté, à Toulon à 18 h, manifestation non autorisée dans le hall du théâtre, joute oratoire sur le sujet suivant : « La culture est-elle une exception ? »
Ces deux événements sauvages donnent le signal de départ d’un vaste mouvement d’occupation des théâtres, centres d’art, etc., à compter du lundi 28 janvier. Mode d’emploi : armez-vous, de patience, de conviction et de détermination ; invitez-vous par petits groupes de 3 minimum, dans les espaces publics des espaces publics à notre portée ; faites agora sur tous les sujets sensibles ; convoquez presse locale et réseaux sociaux. Faisons table d’hôtes et arbre à palabres, instaurons le débat à hauteur de voix, et décrétons que chaque voix compte. 
Le Cours des choses sera en outre, tout au long de ce week-end, à Commercy, dans la Meuse pour l’assemblée des assemblées, pour préparer le Jour J des situations que nous n’avons pas anticipé ; et ce jour à partir de 17 h, à Paris, Place de la République, pour la première Nuit jaune.

La section zapatiste du nord Gâtinais, les forces insurgées des Cévennes maquisardes, le Front de libération des arbres fruitiers, le conseil d’admirations du festival des humanités, l’assemblée générale des pingouins de Wallis et Futuna alliés aux zoulous de toutes les banlieues du monde, l’armée librement consentie de la résistance donquichottesque, le Parti poétique des outremers en archipel, la confrérie des danseurs de Saint-Guy, l’alliance oblique des chtis d’Alsace-Lorraine, des basques d’Occitanie, des Antillais de Moscou-sur-Hudson, les vigies de la clairière du grand n’importe quoi, le comité de jumelage entre les communes de Pasolini et Jankélévitch, la délégation interministérielle au nomadisme gitan, le cercle des poètes qui apparaissent, l’Organisation des Nations Désunies, le mouvement des coquelicots bleus, la confédération internationale pour la résurgence des lucioles, les instances dirigées de l’atelier Refaire le monde, le gouvernement en exil de l’organisation secrètement libertaire Hop, là, boum, se joignent d’ores et déjà au Cours des choses, pour écrire collectivement le chant constituant de ce qui nous constitue. 
 Ce qui nous rassemble est plus important que ce qui nous divise. Faisons immense débat jusqu’à renverser la table verte des négociations qui ne mènent à rien et dresser le couvert des agapes qui nous attendent, 
La présidence par intérim du Cours des choses, en tournée du gouvernement en exil de toutes les évidences passées, constitué de 7 sages et de sagesses, avec juste un zeste de folie, se réunit en conclave tout le week-end, dans la plaine de la Mitidja, en pays berbère, histoire de commencer à dresser l’Atlas des désirs en attente de réalisation.
Bonne journée à toutes et tous. Faisons place nette à la révolution qui vient.

 

 

 
 

Salvatore Spada

 

- Acte I acte II acte III acte IV acte V acte VI acte VII acte VIII acte IX acte X acte XI > notre théâtre s'écrit ailleurs > le confortable fauteuil pour bien dormir dans la salle de théâtre est resté vide de sa représentation bourgeoise au petit scandale à succès. Le théâtre de la représentation aura été court circuité > l'atelier de théâtre n'a plus besoin de son public numéroté, l'atelier de théâtre se fait sans public ajouté ? L'atelier de théâtre a déserté les salles de théâtres ? Vas-tu au théâtre ? Non je fais atelier de théâtre. L atelier de théâtre rencontre sa sortie de la société du spectacle?

On ne fait pas du théâtre sans oser court-circuiter son propre dispositif de pouvoir. Notre art sera alors art du court-circuit sans public ajouté. Vidons les confortables fauteuils de théâtre et osons l'atelier > non plus finalisé à la scène bourgeoise avec public ajouté > l'écriture passe ailleurs. C'est le fait même que l'écriture de théâtre passe ailleurs que dans les salles de théâtre que notre atelier de théâtre vide les salles de théâtre de son dispositif de pouvoir.

 

Tristan Laouen

 

- Et si le silence, relatif ou assourdisssant selon, du milieu artistique et culturel face au mouvement des gilets jaunes avait son explication dans le fait que l’art et la culture sont devenues en France depuis 30 à 40 ans de nouvelles formes de gouvernementalité des populations qui rêvent de publics spectateurs et consommateurs et ne sont jamais autant satisfaites que quand elles parviennent à faire assoir des publics pour leur servir la soupe ?

 

La politique et la consommation culturelles ont pour objectif de former et d’encadrer le peuple et sa volonté générale, qui manquent tous deux, pour leur substituer des publics assis et spectateurs, gouvernés par leurs opinions.
Les publics assis et spectateurs existent partout là où le peuple se gouverne par la toxicomanie de la doxa et l’immobilisme inoffensif de la consommation culturelle.
Les publics assis et spectateurs applaudissent au spectacle du monde tel qu’il va, comme les ânes vont aux urnes, les moutons au supermarché, les fourmis au travail, les sourds aux scènes de musiques actuelles et les philosophes à l’université.

 

Sarkhosny inaugurait jeudi 13 octobre 2011, le centre Pompidou mobile à Chaumont sur Marne, deux jours avant le 15 octobre 2011, date annoncée de la révolution mondiale . Devant des toiles de Klein, de Picasso, de Matisse, il a déclaré, avant de railler les propositions d’augmentation du budget de la culture de T’art’inn Aubry : « La culture est la réponse à la crise. Quand il y a crise, drame, aller au musée, au spectacle vivant, c’est la solution ». Reprise présidentielle du « supplément d’âme » de Bergson, malgré les dénégations, surajouté à la catharsis d’Aristote quand ce n’est pas plus trivialement le « panem et circenses » de Juvénal et des césars de la Rome antique.
Sarkhosny réaffirme aujourd’hui la politique culturelle comme nouvelle forme de gouvernementalité (Foucault) des sociétés de contrôle (Deleuze). Certes, Sarkhosny fait figure d’amateur en comparaison de l’orfèvre que fut Jack Langue. Mais ce qui s’installe, à droite comme à gauche, par delà les sociétés disciplinaires d’autrefois, c’est la culture comme substitut à la politique tout court, un énorme outil de dépolitisation se parant des vertus de l’émancipation intellectuelle. Car la démocratie du tout culturel nous plonge tous les jours dans un bain ludique et anesthésiant qui prend le relai de la propagande informationnelle. Celui du présent perpétuel de biens culturels à disposition qui nous donne l’illusion de savoir et de choisir, qui fait de nous des humains cultivés, repus, satisfaits et bientôt pétrifiés … Les publics harcelés par la nouvelle armée des « médiateurs culturels » sont partout conviés à se mettre en rang dans les queues des musées, à payer pour s’assoir au spectacle avant qu’on leur serve la soupe. Et le théâtre, le centre d’art contemporain, la scène de musiques actuelles, le cirque politique et médiatique et les écrans, fusionnent dans un parc de loisirs étendu désormais aux dimensions du monde.
Nausée soudain. L’art peut-il quelque chose au visage de méduse de la culture ?

 

« Plus l'homme cultive les arts, moins il bande.
Il se fait un divorce de plus en plus sensible entre l'esprit et la brute.
La brute seule bande bien, et la fouterie est le lyrisme du peuple. »
Charles Baudelaire, Mon coeur mis à nu.

Gilets jaunes - La belle et la bête (#Apprivoiser)

GILET JAUNE·DIMANCHE 20 JANVIER 2019

Candide : Qui est cette nageuse qui défie ce grand requin blanc?

Marianne : Ocean Ramsey, une biologiste marin.[1]

Candide : La réalité dépasse parfois la fiction.

Marianne : A vrai dire, elle la dépasse toujours. Car il se trouve toujours des hommes et des femmes pour faire dévier le “réel” de sa trajectoire et ringardiser en quelque sorte la fiction que l’on tenait jusqu’alors pour la réalité. C’est vrai en sciences mais c’est vrai aussi s’agissant de nos trajectoires existentielles.

Candide : De quelle fiction parles-tu?

Marianne : De celle que nous projetons sur l’écran de notre pensée réfléchissante. Rappelle-toi, le monde est un vaste miroir dans lequel nous nous mirons. Soit nous admettons que l’image qu’il nous tend est la conséquence de notre façon de l’envisager, et décidons de réformer notre entendement pour changer l’ordre des choses ; soit nous brisons le miroir et nous perdons toute chance de nous amender et par la même de transformer le monde... En l’espèce, cette jeune nageuse que nous voyons sur la photo a décidé de changer l’ordre des choses, celui qui tend à réduire le requin à sa réputation de mangeur d’hommes. Spinoza a fait la même chose, mais avec l’homme.

Candide : Que veux-tu dire?

Marianne : Que Spinoza s’oppose explicitement à Hobbes selon lequel l’homme, dans l’état de nature, est un loup pour l’homme, autrement dit un prédateur, et qu’il faut en conséquence “accorder au Léviathan, à l’Etat sécuritaire, tous les moyens nécessaires pour le dompter.”[2]. Spinoza n’est pas un bisounours. Il sait que l’homme est envieux par nature et que « si nous imaginons que quelqu’un prend de la joie à un objet qu’un seul peut posséder, nous nous efforcerons d’obtenir qu’il n’en ait plus la possession[3] » Mais contrairement à Hobbes, Spinoza pense qu’il est dans la nature de l’homme de s’amender et de transformer les passions mauvaises en vertus. Mieux : pour Spinoza, c’est l’Amour qui est cause de tout. C’est parce que “ tous veulent être loués ou aimés par tous [qu’]ils se tiennent tous réciproquement en haine. »[4] Comprendre nos affects, apprivoiser notre véritable nature, c’est se donner la possibilité de transformer la haine en amour, la peur en courage, l’avarice en générosité, etc. et de faire que l’homme devienne “un dieu pour l’homme”! [5] Mais pour cela, il faut s’apprivoiser. Apprivoiser sa nature véritable et apprivoiser l’autre, l’altérité, qui souvent nous apparaît de prime abord comme une menace.

C’est ce qu’a fait Ocean Ramsey. Elle a apprivoisé sa peur et le requin, refusant de réduire ce dernier à son statut de prédateur :

Si le pouvoir était mû par des sentiments aussi honorables que ceux de cette biologiste marin, il chercherait à apprivoiser sa peur et le mouvement des Gilets jaunes.

Candide : De quoi le pouvoir peut-il bien avoir peur?

Marianne : Ne sous estime pas la peur des élites. Leur peur est d’autant plus grande qu’ils ont beaucoup à perdre, leurs privilèges mais aussi et surtout la haute estime qu’ils ont d’eux-mêmes. Apprivoiser les Gilets jaunes, ce serait comme admettre que leur parole est légitime. Or pour les élites, toutes les paroles ne se valent pas. Elles incarnent, du moins le pensent-elles, la voix de la raison tandis que le peuple exprimerait celle des passions.

Candide : Et ce n’est pas le cas?

Marianne : S’il en était ainsi, elles feraient en sorte de ne pas exacerber les passions mauvaises parmi les gens du peuple. Or que cherche le Président en désignant les Gilets jaunes de “foule haineuse” et en les qualifiant d’homophobes, de racistes, d’antisémites, de séditieux , si ce n’est à faire du mouvement une menace et à nourrir dans l’opinion un sentiment de Haine et d’Angoisse ? Ce n’est pas pour rien que les hommes de pouvoir, et les médias qui les soutiennent, jouent sur la peur. Ayons à l’esprit que le JT de TF1 ouvre depuis de très nombreuses années sur une musique angoissante, tirée du film Les dents de la mer :

Candide : Quel est leur but?

Marianne : Provoquer la sidération et donc le sentiment d’impuissance et la soumission. La sidération, c’est lorsque « le désir d’éviter [un] mal futur est réprimé par la peur d’un autre mal, de sorte qu’on ne sache plus celui qu’on préfère, […] notamment lorsque les deux maux que l’on craint sont parmi les plus grands »[6] En l’espèce, il s’agit de réprimer par l’escalade de la violence le désir des Gilets jaunes d’échapper au destin que leur préparent les élites, dont ils pensent qu’il est sans avenir, à tort ou à raison.

Candide : Que peuvent faire les Gilets jaunes pour ne pas tomber dans ce piège?

Marianne : Apprivoiser leurs propres peurs et apprivoiser ceux qui leur sont hostiles.

Candide : Comment fait-on?

Marianne : Le renard de Saint-Exupéry nous aide à y voir clair : apprivoiser, « ça signifie “créer des liens” », dit-il au petit prince.

Candide : Créer des liens?

Marianne : Oui, comme la Belle et la Bête. Au début, la Bête est repoussante. Mais peu à peu, la Belle apprend à vivre avec la Bête, et même à l’apprécier. Sa peur se dissipe à mesure que leur relation devient plus harmonieuse. Ils finissent par se compléter et avoir besoin l’un de l’autre. Jusqu’à l’épisode final où, surmontant ses dernières réticences, la Belle embrasse la Bête, métamorphosant celle-ci en Prince, qu’il n’avait jamais cessé d’être.

Candide : Qu’il n’avait jamais cessé d’être?

Marianne : Oui, comme le requin n’a jamais cessé d’être du Prince. Mais c’est nous qui l’habillons de l’habit du prédateur. A ce titre, il est dangereux. Mais il est une autre façon de le voir et de se comporter avec lui. Alors le requin, respecté dans sa dimension princière, n’est plus du tout le même. Comme le dit le petit prince à l’aviateur : “On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.”

Bien sûr, il reste très dangereux pour qui ne l’a pas apprivoisé, autrement dit pour qui n’a pas appris à le connaître. Comme le dit très justement Ocean Ramsey, faisant sienne une phrase de l’environnementaliste Baba Dioum : « les gens ne protègent que ce qu’ils aiment et ils n’aiment que ce qu’ils comprennent.» Voilà qui fait singulièrement écho à la doctrine de Spinoza pour qui l’Amour coïncide avec la Connaissance. Et c’est pourquoi le conseil d’Océan (!) au titan révolté Prométhée résonne encore avec tant de force à nos oreilles : “Connais-toi toi-même, et, t’adaptant aux faits, prends des façons nouvelles.”

Mettre fin à la domination et à la prédation excessive des hommes, cela passe par nous apprivoiser les uns les autres. Cela suppose des lieux où il est possible de se côtoyer sans décliner son identité, sans qu’il soit besoin de dire qui on est, pourquoi on est là, sans avoir à se justifier. C’est ce que font les Gilets jaunes sur les ronds-points. Des liens se créent. Sur quoi déboucheront-ils? Sur quelque chose de peut-être totalement inédit.

(A suivre...)

Notes :

[1] http://oceanramsey.com/

Voir aussi : https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/01/18/des-plongeurs-nagent-avec-un-requin-blanc-de-six-metres-de-long-au-large-d-hawai_5411000_3244.html

[2] https://mailchi.mp/timetophilo/lhomme-peut-il-tre-un-dieu-pour-lhomme

[3] Prop.32, Partie III, Ethique [4] Scolie, proposition 31, partie III, Ethique [5] Scolie, proposition 35, partie IV [6] Scolie, proposition 39, partie III, Ethique

 

" MACRON DANS SON BUNKER , Le JDD du 27 janvier 2019
par Gilles Revault d'Allonnes

EXCLUSIF - Du saccage de l’Arc de Triomphe, le 1er décembre, à l’allocution télévisée d'Emmanuel Macron, le 10, comment l’Elysée a vécu une crise sans précédent.

Sous la Ve République, c'est une première. Vendredi 7 décembre, les collaborateurs qui seront de permanence le lendemain visitent un secteur du palais de l'Élysée qui leur est d'ordinaire interdit. Brigitte Macron s'est jointe à eux. À la veille de l'acte IV du mouvement des Gilets jaunes, le petit cortège, guidé par des hommes du service de sécurité, accède au fameux PC Jupiter, le bunker ultrasecret réservé au Président et à son état-major en cas d'attaque thermonucléaire. "On nous a expliqué qu'en cas d'alerte c'est là qu'il faudrait peut-être se réfugier", indique un témoin.

Le samedi précédent, des manifestants ont déferlé sur les avenues qui mènent à la place de l'Étoile et pris d'assaut l'Arc de Triomphe. Saccages, flammes, charges violentes contre les CRS. Certains ont lancé des appels à marcher sur l'Élysée. Les plans des égouts du quartier circulent sur les réseaux sociaux, un vent d'insurrection souffle sur la capitale. Même les gendarmes du commandement militaire de la présidence n'en mènent pas large. Et si, la prochaine fois, les émeutiers réussissaient à forcer la porte?

On s'est vraiment cru à la veille du 10 août 1792

"Ce jour-là, on s'est vraiment cru à la veille du 10 août 1792", poursuit le même collaborateur, en référence à la prise des Tuileries, tournant de la Révolution qui précipita la chute de la monarchie. Dans les ministères, l'atmosphère est tout aussi pesante. "On m'a demandé d'enlever de mon bureau tous les documents confidentiels et d'emporter mon ordinateur, au cas où, raconte un conseiller. Ça en dit long sur le climat du moment."

Un "Crève !" dont il parlera longtemps
Au moment de l'attaque contre l'Arc de Triomphe, Emmanuel Macron était à Buenos Aires pour le G20. Dès sa descente d'avion et sans même faire un crochet par l'Élysée, le dimanche 2 décembre, il s'est rendu dans le quartier dévasté des Champs-Élysées. Il y a essuyé des sifflets. Le mardi soir, il est parti pour Le Puy-en-Velay, où la préfecture de la Loire venait d'être incendiée par des Gilets jaunes. L'étape a tourné au cauchemar. Un enragé s'est jeté sous les roues de sa voiture pour bloquer le passage, puis des agents préfectoraux, que des casseurs avaient menacé de "griller comme des poulets", sont tombés dans ses bras, en pleurs.

À la caserne de gendarmerie, le chef de l'État doit sortir par l'arrière afin d'éviter les Gilets jaunes regroupés devant le bâtiment. Scène stupéfiante : le Falcon présidentiel doit même décoller en urgence parce que des manifestants s'approchent de l'aérodrome ; il devra redescendre peu après pour embarquer précipitamment le chef de l'État et son staff. Et puis il y a les huées, les injures lancées sur le passage de son véhicule, et ce mot terrible quand il a baissé la vitre de sa portière : "Crève !" Choqué, il en parlera à tous ses proches les jours suivants.

Les gens sont arrivés à un degré de haine qui interpelle

"Les gens sont arrivés à un degré de haine qui interpelle", s'inquiète-t-il. Un de ses familiers résume : "Macron n'était jamais allé sur un rond-point. Là, il a vu des gens déchaînés face à lui, c'était la première fois." Un autre ajoute : "Ce jour-là, il a découvert la vraie haine des irréductibles." Le Président tombe de haut. Sibeth Ndiaye, sa conseillère pour les relations avec la presse, confie le soir même aux macronistes de la première heure avec qui elle dîne : "On vient de vivre un niveau de violence hallucinant."

Brigitte Macron, la plus choquée
La plus bouleversée, c'est Brigitte Macron. Elle ne comprend pas que l'image de son mari soit à ce point dégradée sur les ronds-points occupés, sur les banderoles, dans les slogans. Aux critiques haineuses portées contre lui, elle répond : "Ce n'est pas lui!" Mais elle semble d'autant plus désorientée qu'elle aussi est la cible de propos outrageants. Ce qui renforce le désarroi du Président. "Il est très touché pour Brigitte, comme Pompidou l'avait été pendant l'affaire Markovic", décrit un proche (en allusion au scandale de 1968 dans lequel les calomnies couraient sur la vie privée de l'épouse du Premier ministre). "Elle vivait un truc inattendu, ajoute ce témoin, disproportionné et d'une violence inouïe…"

Il est très touché pour Brigitte, comme Pompidou l'avait été pendant l'affaire Markovic

Pourquoi tant de haine? La question est posée, en réunion de cabinet, cette semaine-là, par un conseiller : "Connaissant le Président, sa qualité humaine, son empathie, sa chaleur, comment se fait-il que beaucoup de Français ne le supportent plus?" Le secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler, a opiné : "Tu as tout à fait raison !" Mais personne n'a donné la réponse. Encore moins une solution pour y remédier. Hormis, peut-être, la nécessité pour Macron de faire momentanément profil bas. L'intéressé a reçu le message : si c'est sa personne qui déclenche la rage, mieux vaut disparaître des écrans, au moins quelques jours. Rester caché.

Deux semaines plus tard, il renoncera d'ailleurs à aller se recueillir le 8 janvier sur la tombe de Mitterrand à Jarnac, en Charente, comme il l'avait envisagé, à l'occasion du 23e anniversaire de sa mort. Un simulacre de procès tenu par des Gilets jaunes à Angoulême suivi de la décapitation à la hache d'un mannequin à son effigie l'en dissuadera. En ce début décembre, les ministres, eux aussi, annulent pour raisons de sécurité des déplacements prévus en province. Avec le mutisme présidentiel, l'exécutif semble tétanisé. Un ministre en témoigne : "Il y avait une grande paralysie parce que tout le monde attendait l'oracle. On attendait que le Président nous dise ce qu'il fallait penser…"

Quand Le président ne sait pas quoi dire
Mais Macron ne parle pas. En fait, il ne sait pas quoi dire. Le 15 novembre, juste avant l'éclosion du mouvement des Gilets jaunes, il a parlé sur TF1, en direct du porte-avions Charles-de-Gaulle. Son aveu d'impuissance – "Je n'ai pas réussi à réconcilier les Français avec leurs gouvernants" – a fait un flop. Qu'ajouter, maintenant que ce divorce s'est changé en fureur? Des ministres sont sortis troublés d'une réunion à l'Élysée ; deux racontent avoir vu le chef de l'État "livide, agité, parlant à toute vitesse en faisant des gestes brusques, on ne l'avait jamais vu comme ça".

Pour la première fois, il a eu l'air dépassé par les événements

Soudain, le superprésident paraît fragile, amoindri. Un de ces ministres ajoute : "Avant, il avait toujours réponse à tout ; cette fois, il cherchait mais il ne trouvait pas, il hésitait. Pour la première fois, il a eu l'air dépassé par les événements." Un de ses amis s'en émeut : "Il a maigri. Quand tu le touches, il n'y a plus rien…" Le président du Sénat, Gérard Larcher, qui s'entretient plusieurs fois avec lui, au téléphone ou de visu, durant cette période, confie à son entourage l'avoir trouvé fatigué et fébrile. À la fin d'un de leurs tête-à-tête, Macron l'a surpris en lui agrippant le bras et en lui soufflant : "Vous ne me lâchez pas, hein?"

L'exécutif au bord de la crise de nerfs
Édouard Philippe et Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur, sont envoyés au front. Objectif : montrer que la priorité du pouvoir est de rétablir l'ordre face aux fauteurs de troubles. "On pense qu'on peut casser le mouvement sur le sécuritaire", décrypte un conseiller. Castaner est encouragé à se déployer dans les médias pour incarner un mélange de sévérité et de sérénité. Mais avec l'électricité qui est dans l'air, ce n'est pas gagné. Il va falloir lâcher du lest. Le Premier ministre lui-même en convient. "Après le week-end du 1er décembre, on a compris qu'il faudrait renoncer à la taxe carbone", souligne un de ses amis.

Si on recule, si on lâche maintenant, ça sera difficile

Le mardi 4 décembre, dans un salon au premier étage de Matignon, le petit déjeuner hebdomadaire des chefs de la majorité commence par un topo introductif d'Édouard Philippe. S'il n'évoque pas explicitement l'abandon de la taxe carbone, il prévient qu'il va faire des annonces en ce sens. Le leader des sénateurs En Marche, François Patriat, tord le nez : "Si on recule, si on lâche maintenant, ça sera difficile." D'autres estiment au contraire que cela n'est pas assez : "Ce n'est pas ça qui aura l'effet de souffle suffisant pour éteindre la contestation", estime l'un des présents. Mais la décision est prise, l'heure est aux concessions. Le Premier ministre, en conférence de presse, annonce le retrait de la hausse de taxe qui a enflammé le pays. Est-ce par maladresse ou parce qu'il désapprouve la mesure? Philippe parle de "suspension", alors que les Gilets jaunes attendent une annulation.

Embarras parmi les commentateurs – a-t-on bien compris ? –, flottement dans la majorité, vive irritation à l'Élysée. Alors que les Gilets jaunes, Nicolas Dupont-Aignan et la droite hurlent à l'"entourloupe", la présidence annonce qu'il ne s'agit pas de "suspendre", mais bien d'"annuler" la hausse. Dans l'hémicycle, le Premier ministre reçoit le communiqué comme un uppercut. Pour lui, le camouflet est rude. "Il l'a vécu comme un couac qui rajoutait au bordel, explique un conseiller. Il était très marri de la chose."

Macron veut éviter la cacophonie
Le chef du gouvernement se montre de plus en plus tendu, lui aussi. Quelques tics lui reviennent : cette façon de taper du poing dans la paume de sa main, d'enlever ses lunettes, de les mâchouiller, de les faire virevolter entre ses doigts… Les deux têtes de l'exécutif sont au bord de la crise de nerfs, et les ministres nagent en plein brouillard. Le mercredi soir, François de Rugy, invité d'une chaîne de télévision, appelle Macron pour être sûr de ne pas se tromper : oui, répond le Président, il faut bien parler d'"annulation"…

S'il ne s'exprime pas au grand jour, Macron reste attentif. Il veut éviter la cacophonie, qui donnerait l'impression d'un pouvoir à la dérive. Au conseil des ministres du 5 décembre, il rappelle que, au premier tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, François Asselineau et Nicolas Dupont-Aignan avaient recueilli à eux quatre "plus de 40 % des voix" (en réalité, 46,5 %) : "Cela traduisait un malaise en France, et ce même malaise s'exprime aujourd'hui." Que la fronde fasse de lui une cible, "ça fait partie du job", relativise-t-il.

Il y a des règles auxquelles personne n'échappe : dans un conflit, on paie, et on ouvre les négos

Son ami et conseiller Jean-Marc Borello, patron du groupe SOS, ne dit pas tout à fait la même chose : "Que réformer soit douloureux, c'est pas un scoop. On s'y attendait. Ce qu'il ne comprend pas, c'est l'intensité de la violence." Pour chercher les clés d'un phénomène qui le trouble, Macron consulte également, durant la semaine, ceux avec qui il aime croiser sa réflexion : Philippe Grangeon, historique de la CFDT, ancien cadre dirigeant de Capgemini, qui conseilla François Hollande et dont l'influence grandit dans l'écosystème présidentiel ; François Sureau, avocat et écrivain, défenseur des libertés publiques et des droits de l'homme.

Ces deux-là désapprouvent l'inflexibilité budgétaire prônée à Matignon et à Bercy, et relayée par le secrétaire général de la présidence, Alexis Kohler. Vieux routiers du social, Borello et Grangeon recommandent d'ouvrir les vannes pour soutenir le pouvoir d'achat. Borello résume, lapidaire : "Il y a des règles auxquelles personne n'échappe : dans un conflit, on paie, et on ouvre les négos."

La note de Richard Ferrand
Le 6 décembre, en réunion de cabinet, Macron présente une analyse élaborée sur la "triple crise" que révèle selon lui le mouvement des Gilets jaunes : "crise politique, crise morale, crise de l'information". Amer, il déplore que les chaînes d'information continue l'aient "transformé en personnage de téléréalité". Le samedi 8 décembre dans l'après-midi, alors que les manifestants marchent à nouveau dans Paris et que de nouvelles violences éclatent, il réunit sa garde rapprochée : outre Alexis Kohler et le conseiller spécial Ismaël Emelien, il y a là l'ancien ministre chiraquien Jean-Paul Delevoye, le président de l'Assemblée, Richard Ferrand, ainsi que François Bayrou et Philippe Grangeon, qui participent à la discussion par téléphone. Tous quatre plaident pour des gestes forts. Les propositions de chacun sont passées en revue : la prime pour les forces de l'ordre, une aide aux retraités, la défiscalisation des heures supplémentaires, l'organisation d'un grand débat national.

Macron avance l'idée de la prime de 100 euros pour les salariés les plus modestes. Ferrand, qui a préparé une note sur la façon de prendre la parole, pose la question : "Mea culpa ou non?" Lui plaide pour un acte de contrition public. Macron retient la suggestion, tout comme celle du grand débat. En fin d'après-midi, sa religion est faite : il annoncera lundi à la télévision une grande concertation nationale et diverses mesures sociales, pour une enveloppe estimée au bas mot à 10 milliards d'euros. C'est ce qu'il indique dans la foulée à Édouard Philippe, qui, une fois encore, encaisse. Un proche en témoigne : "Quand tu sors de dix-huit mois de bagarre budgétaire auprès de chaque ministre, où tu as porté l'ambition du redressement des comptes, et que d'un coup tu comprends qu'il faut accepter d'ouvrir les vannes, c'est un renoncement. Et c'est très douloureux."

Réunions de calage à l'Élysée
Le dimanche, les réunions de calage se succèdent à l'Élysée. L'après-midi, Macron rédige lui-même son allocution télévisée du lendemain, 20 heures. Jusqu'au bout, la haute Macronie est divisée. Avec Philippe Grangeon, Stéphane Séjourné, conseiller politique du Président, et le numéro deux de La République en marche, Pierre Person, tentent de convaincre Macron qu'il faut reconnaître le vote blanc – une revendication des Gilets jaunes. In extremis, il l'ajoutera à sa liste de courses, que seule une poignée de confidents a pu lire en intégralité avant l'allocution du lundi.

"Tout le monde appelait tout le monde en demandant : "tu sais ce qu'il va dire?", rapporte un conseiller. Les ministres voulaient savoir qui allait manger son chapeau." Mais rien ou presque ne filtre. "L'effet de blast, notamment des 100 euros de prime, n'aurait pas été le même." Pour donner ampleur et solennité au mouvement qui se prépare, Macron reçoit les présidents de l'Assemblée et du Sénat, ceux des grandes associations d'élus, les dirigeants des syndicats. Mais devant eux non plus, il ne se dévoile pas.

L'explication entre Macron et Kohler
La déclaration est enregistrée en une prise, le lundi, à 19 heures. Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, et le jeune secrétaire d'État Gabriel Attal sont briefés par téléphone quelques minutes avant la diffusion pour pouvoir en faire le service après-vente, aussitôt après, dans les médias. Au bout du fil, Macron leur semble avoir retrouvé sa voix des bons jours. Il veut que tout soit clair. Sa consigne : sur les heures supplémentaires, arrêter le langage "techno", ne plus dire "défiscalisation" ni "désocialisation", mais qu'on parle d'heures supplémentaires "sans impôts ni charges". "On n'a jamais fait autant d'un seul coup sur les salaires", souligne-t-il. In extremis, il appelle aussi la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, juste avant qu'elle n'entre sur le plateau de France 2. La liaison est médiocre et le temps presse : ils n'échangeront que quelques mots.

Le lendemain, le Président et son secrétaire général ont une explication. Alexis Kohler, d'ordinaire impeccablement aligné sur les positions du Président, était opposé à tout recul face aux Gilets jaunes. "C'est trop tard, il fallait le faire avant", estime-t-il. Un autre proche de Macron approuve : "On a manqué de réactivité, on aurait dû faire tout ça une semaine plus tôt." Macron, lui, estime qu'il a au moins repris l'initiative. À l'issue de cette semaine où son pouvoir a semblé vaciller, il juge avoir évité la crise de régime. La crise politique, elle, est encore devant lui." 

 

pièce éditée par Les Cahiers de l'Égaré, pièce d'actualité, 50 ans après

pièce éditée par Les Cahiers de l'Égaré, pièce d'actualité, 50 ans après

À comparer avec de Gaulle fin mai 1968. La pièce La révérence raconte (éditée aux Cahiers de l'Égaré, elle passe au Comédia à Toulon le 26 avril):

Si l’année 1968 fut la révolte de la jeunesse, elle fut aussi le prélude d’un grand chambardement politique. L’année qui suivit de Gaulle quittait le pouvoir en démissionnant de son poste de Président la République : il tirait sa révérence politique avant de tirer, quelques mois plus tard, sa révérence parmi les vivants. Récit d’un homme face à son destin, stupéfait d’un monde qu’il ne maitrise plus, la pièce va nous plonger dans les tout derniers jours de ce fameux mois de mai, lors d’un secret voyage à Baden-Baden en Allemagne, dans les contradictions et les enjeux de la dernière convulsion révolutionnaire que la France ait connue.
Texte : Philippe Chuyen et José Lenzini
Mise en scène : Philippe Chuyen

(Philippe Chuyen doit écrire La révérence 2 en partenariat avec les GJ qui vont l'aider pour la fin)

ou suite à inventer par les EAT, l’association indispensable et incontournable des écritures du réel et des bruits du monde (ne le prenez pas mal, c’est de l’humour)

cela dit, on va voir ce que va donner le livre barricade ou livre rond-point initié par Raphaël Rubio et à paraître aux éditions de la petite barque qui prend l’eau de Lionel Parrini à Gardanne (livre pluriel, projet chapeau !)

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