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bric à bracs d'ailleurs et d'ici

ecriture- lecture

le phallus ? et le néant ?

17 Mars 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #J.C.G., #Michel Pouquet, #assaisonneur, #films, #écriture- lecture, #note de lecture, #développement personnel, #cahiers de l'égaré, #agora, #agoras, #Paul Mathis, #FINS DE PARTIES

le phallus ? et le néant ?

voilà un article comportant 35 liens

il y aura très peu de lecteurs ouvrant les liens

mais au moins je pose la tentation

les liens en lien avec mes blogs sont sous le signe de Freud et Lacan (ce fut une partie de ma formation universitaire) que tente de déconstruire Sophie Robert

aujourd'hui, je suis sorti de cette matrice ou de ce paradigme

je pense qu'il faut plus recevoir que voir

voir en voyant la lumière qui éclaire par derrière ou sur le côté ou par en dessous...

place au miracle et au mystère de la naissance, de la vie, de la mort, des origines, des chemins, des fins

de la faim sans fin par tous les moyens

à la fin sans faim

mise entre parenthèses des prétendus savoirs

les mondes de chacun, de chaque espèce nous sont opaques et inaccessibles; et sans doute notre propre monde (conscience et inconscient, individuel, transgénérationnel, collectif)

JCG

je ne sais plus comment je suis arrivé sur ce documentaire de Sophie Robert, dont le titre est le phallus et le néant (2 H)
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je l'ai visionné,
puis j'ai cherché Sophie Robert (FB, Wikipédia, articles de journaux, polémique et procès contre son autre documentaire Le mur (sur l'autisme), un temps interdit puis autorisé à nouveau)
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je pense que les pratiques et discours théoriques sont à interroger, à soumettre au débat comme tout ce qui relève des savoirs-pouvoirs
(et ce n'est pas facile d'amener gens de savoir-pouvoir à faire preuve d'humilité, de distance par rapport à leurs pratiques;
il y faut conflit, provocation, scandale et peut-être alors débat ou justice)
on va voir ce qui va se produire dans les années à venir à propos des vaccins anti-covid à ARN messager qu'on nous a imposés
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le travail de Sophie Robert me semble salutaire pour un devoir et un droit d'inventaire des effets de la psychanalyse;
il serait bien que d'autres se mettent au travail pour comparer;
existe déjà Le livre noir de la psychanalyse (auquel a répondu L'anti-livre noir de la psychanalyse)
ou le travail d'Elizabeth Roudinesco
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- pour avoir invité plusieurs fois aux Comoni, lors d'agoras, Paul Mathis, psychanalyste lacanien décédé, Michel Pouquet, psychiatre décédé,
- pour avoir rendus publics sur le blog des bric à bracs, leurs causeries attirant une salle pleine
- pour avoir édité Les petits riens dans la clinique analytique de Jean-Paul Charancon, jeune psychanalyste décédé
pour avoir accompagné Annie dans son analyse dite didactique de 15 ans au moins, dans son parcours de psychologue clinicienne puis de psychanalyste
- pour avoir entrepris une analyse de six mois avec une analyste Carmen M.
sans parler de ma fréquentation de Lacan à Guyancourt vers 1964, à mon retour d'Algérie, écoeuré
 
- pour avoir bien étudié Freud et Lacan dès 1964
- pour avoir été interpellé par les scissions dans les mouvements analytiques (comme dans les mouvements politiques se prétendant émancipateurs), me semblant indiquer des tendances sectaires (en lien avec la toute puissance de ceux qui se prétendent détenteurs de la Vérité)
- pour m'interroger depuis de longues années sur mes rapports et relations à certaines femmes, cheminement qui me semble "tordu", idéalisé, style amour courtois (à réinventer si je ne fais pas un usage fantasmé de Lacan), à installer dans la durée du toujours, pour toujours
- ça a donné Your last video (porn theater), texte non paginé, non indiqué dans le sommaire de Et ton livre d'éternité, paru le 14 février 2022
 
- pour avoir fait écrire un livre pluriel Elle s'appelait Agnès (paru après les deux procès en février 2016) sur le viol et meurtre d'Agnès (13 ans) par Matthieu (17 ans, psychopathe qui entend des voix) à Chambon-sur-Lignon en novembre 2011
- pour avoir édité Battements d'ailes (Clichés Féminins/Masculins aujourd'hui) d'Elsa Solal et Dominique Loiseau, préfacé par Michelle Perrot en 2015
- pour avoir consacré le chapitre XII Livre III du livre d'éternité à metoo, l'affaire Weinstein, balance ton porc ainsi qu'au livre Le consentement de Vanessa Springora sous emprise de Gabriel Matzneff
- et pour avoir mis en ligne un docu très bien réalisé sur l'affaire Olivier Duhamel

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documentaire (bien réalisé) dont pas mal de choses me semblent audibles à l'opposé de beaucoup de réactions hostiles des commentaires comme du sous-titre du documentaire
(à la découverte du vrai visage de la psychanalyse);
 
à chacun de se demander ce qu'il va mettre en question,
ce qu'il va garder
faut-il jeter le bébé avec l'eau du bain ?
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dès qu'il y a le mot vrai, méfie-toi
il y a de la guerre dans l'air
et même si selon Héraclite, la guerre est...
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voici le commentaire que j'ai posté sur you tube :
le devoir et le droit légitimes d'inventaire des effets "pervers-père-vers" sur les individus et la société des théories et pratiques analytiques freudienne et lacanienne se transforment en réquisitoire hostile, sans contrepartie vraiment scientifique ; dans la mesure où on est au niveau de "sciences" dites humaines et animales, et même si on allait jusqu'au niveau biologique, génétique, il me semble impossible de dire le vrai visage de la psychanalyse;
le prétendre comme dit le sous-titre est du même registre performatif que le registre analytique :
dire c'est faire;
si je dis que c'est vrai, c'est vrai;
documentaire bien réalisé mais pour moi, peu convaincant;
ou pour le dire autrement, documentaire dans l'air du temps
c'est-à-dire à la mode avant d'être démodé car l'air du temps c'est l'air à la mode
donc la réalisatrice situe son documentaire dans un contexte de combats multiples, du genre déconstructions
(tout est en déconstruction en ce moment
comme d'ailleurs psychanalyse et structuralisme déconstruisaient le sujet sartrien et sa liberté)
allant jusqu'à la destruction;
évidemment les TCC sont préférés au divan
la réalisatrice sait qu'elle est une femme, sait ce qu'est une femme, un sexe de femme, une sexualité féminine, elle n'est pas un néant, un trou et que sais-je;
elle substitue aux "concepts" scandaleux de la psychanalyse d'autres versions qui lui semblent acceptables et surtout vraies
donc à prendre avec beaucoup de prudence, au 3° degré
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cela n'enlève rien à la nécessaire clarification (impossible, dois-je préciser) des notions de désir, de fantasme, d'inceste, de viol, de masculin, de féminin
mais je crois plus au travail sur soi (prendre soin de soi-Soi) qu'au travail monnayé sur un divan
et plus à l'hypnose style Roustang qu'à la psychanalyse ou aux TCC
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la 1° partie du film Un ange à ma table, de Jane Campion, To the Island, montre on ne peut plus clairement l'intérêt vif des fillettes pour le phallique
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en lien avec le film Un ange à ma table de Jane Campion qui évoque les 8 ans d'hôpital psychiatrique et les 200 électrochocs subis par la poétesse Janet Frame, une amie Voragine Fosproy m'a donné le lien d'une série de 4 docus sur l'hystérie, une parole confisquée
 
le phallus ? et le néant ?
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Rencontre avec Joe Black

6 Février 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #J.C.G., #écriture- lecture, #films, #développement personnel, #pour toujours

la mort comme révélatrice de la vérité profonde de chacun
la mort comme révélatrice de la vérité profonde de chacun

la mort comme révélatrice de la vérité profonde de chacun

Rencontre avec Joe Black

 

3 h à la rencontre de la Mort incarnée en Joe Black

j'avais déjà vu ce film qui m'avait impressionné, il y a deux trois ans; j'avais fait focus sur l'amour entre Susan Parrish et Joe Black

vers 18 H ce 24 décembre 2022, une plage de temps s'est présentée; nous avons donc été 3 à le regarder en home-cinéma (video-projection sur drap blanc) pendant que des cookies au chocolat se préparaient en cuisine, les pâtissiers regardant le film à l'envers comme cela se passe dit-on au moment du passage, nous reverrions à toute vitesse notre film de vie à l'envers

spectateur, j'accepte le film sans esprit critique, vivre cette proposition telle qu'elle est offerte; je ne me laisse pas envahir par clichés, préjugés, genre c'est un film américain avec tous les codes-stéréotypes du genre film romantique-fantastique, musique trop appuyée, scènes convenues, téléphonées, longueurs et dialogues en sourdine sauf rares explosions, valeurs bourgeoises véhiculées...

ce qui m'a retenu dans cette projection, c'est le comportement de la Mort, pas seulement avec Susan mais d'abord avec elle-même qui ne sait rien de la Vie et de l'Amour;

selon Epicure quand la vie est là, la mort n'est pas là; quand la mort est là, la vie n'est plus là; il n'y a donc pas à craindre la mort dont on ne saura jamais rien;

inversement (c'est moi qui produit cet énoncé), la mort ne sait rien de la vie

et c'est cette plongée dans sa découverte de la vie que j'ai trouvé stimulante;

Joe Black goûte, il découvre avec la bouche, comme le nouveau-né, le goût du beurre de cacahuètes, le goût du thé avec un nuage de lait, le goût d'un sandwich à la viande, le goût des lèvres de Susan, c'est un gourmand du stade oral (le contraire du stade anal où l'enfant veut garder pour lui ses déjections, son pipi-caca), un découvreur qui s'émerveille du bon goût de toutes choses goûtées; cette aptitude déconcerte certains puisqu'il semble absent des enjeux de la vie de la famille Parrish; en réalité, chacun se révèle à lui-même au contact de Joe Black (c'est un peu la même chose avec l'ange de Théorême de Pasolini) comme lui se révèle au contact des vivants, il sympathise avec le mari d'Allison, il démolit la taupe qui veut détruire l'empire de Bill Parrish, il renonce à la mort de Susan et lui permet de vivre son amour avec le jeune homme rencontré au café (scène fondatrice méritant bien des développements);

il permet à Bill Parrish de mettre de l'ordre avant de passer et ainsi d'accepter le passage le soir de son anniversaire (65 ans); Bill et Joe tissent entre eux une relation de complicité parfois conflictuelle où la peur n'a plus sa place, Bill sait dire non, se rebiffer, Joe use, abuse un peu de son pouvoir;

ce qui ressort dixit Joe Black, c'est qu'une opinion peut toujours être argumentée de deux façons contraires, que la liberté existe, qu'on a le choix

mais l'essentiel est dit par Bill, une vie sans amour ne vaut pas la peine d'être vécue;

ça la Mort ne peut le dire, elle l'apprend de Bill et de Susan

ce film fut un gros échec au box-office; le directeur des studios Universal Pictures fut licencié

passez un bon Noël, en compagnie du divin enfant, quelles que soient vos croyances et incroyances

 

 

complicité parfois conflictuelle entre Joe Black et Bill Parrish / la mort découvre la vie comme le nourrisson, par la bouche, stade oral ou buccal / Là où le psychanalyste tend son oreille, l’hypnotiseur tend sa bouche à la recherche d’une autre bouche qui enfin sort de la plainte.Nous sommes dans le bouche-à-bouche, donc dans la respiration, et non dans un bouche-à-oreille. Nous sommes dans la mélopée amniotique où le sujet reprend des forces, une autre vitalité, une autre disposition. Celui qui revient n’est plus le même. Un ordre s’est reconstruit bien avant la verbalité. Celui qui revient, plus fort, ne sera plus soumis. Thierry Zalic
complicité parfois conflictuelle entre Joe Black et Bill Parrish / la mort découvre la vie comme le nourrisson, par la bouche, stade oral ou buccal / Là où le psychanalyste tend son oreille, l’hypnotiseur tend sa bouche à la recherche d’une autre bouche qui enfin sort de la plainte.Nous sommes dans le bouche-à-bouche, donc dans la respiration, et non dans un bouche-à-oreille. Nous sommes dans la mélopée amniotique où le sujet reprend des forces, une autre vitalité, une autre disposition. Celui qui revient n’est plus le même. Un ordre s’est reconstruit bien avant la verbalité. Celui qui revient, plus fort, ne sera plus soumis. Thierry Zalic
complicité parfois conflictuelle entre Joe Black et Bill Parrish / la mort découvre la vie comme le nourrisson, par la bouche, stade oral ou buccal / Là où le psychanalyste tend son oreille, l’hypnotiseur tend sa bouche à la recherche d’une autre bouche qui enfin sort de la plainte.Nous sommes dans le bouche-à-bouche, donc dans la respiration, et non dans un bouche-à-oreille. Nous sommes dans la mélopée amniotique où le sujet reprend des forces, une autre vitalité, une autre disposition. Celui qui revient n’est plus le même. Un ordre s’est reconstruit bien avant la verbalité. Celui qui revient, plus fort, ne sera plus soumis. Thierry Zalic
complicité parfois conflictuelle entre Joe Black et Bill Parrish / la mort découvre la vie comme le nourrisson, par la bouche, stade oral ou buccal / Là où le psychanalyste tend son oreille, l’hypnotiseur tend sa bouche à la recherche d’une autre bouche qui enfin sort de la plainte.Nous sommes dans le bouche-à-bouche, donc dans la respiration, et non dans un bouche-à-oreille. Nous sommes dans la mélopée amniotique où le sujet reprend des forces, une autre vitalité, une autre disposition. Celui qui revient n’est plus le même. Un ordre s’est reconstruit bien avant la verbalité. Celui qui revient, plus fort, ne sera plus soumis. Thierry Zalic

complicité parfois conflictuelle entre Joe Black et Bill Parrish / la mort découvre la vie comme le nourrisson, par la bouche, stade oral ou buccal / Là où le psychanalyste tend son oreille, l’hypnotiseur tend sa bouche à la recherche d’une autre bouche qui enfin sort de la plainte.Nous sommes dans le bouche-à-bouche, donc dans la respiration, et non dans un bouche-à-oreille. Nous sommes dans la mélopée amniotique où le sujet reprend des forces, une autre vitalité, une autre disposition. Celui qui revient n’est plus le même. Un ordre s’est reconstruit bien avant la verbalité. Celui qui revient, plus fort, ne sera plus soumis. Thierry Zalic

pour apprivoiser la présence permanente de Joe Black comme préconisait Michel Eyquem et se préparer à l'effacement
qui commence peut-être avec le choix du silence, en lien avec la conviction que nous ne savons rien; opter résolument pour l'incompétence, l'inexpérience, l'ignorance, l'innocence
faire comme le nourrisson, bouche bée
faire comme Joe Black, goûter le monde et les gens avec la bouche
Chaque mot est comme une souillure inutile du silence et du néant, écrit ou dit Beckett
en ce qui me concerne, le seul mot qui ne me semble pas approprié dans cette citation, aujourd'hui, au point où j'en suis de mes mises au point, est le mot néant
l'effacement, la mort (mystère) ne me semble pas
être chute dans le néant, néantisation
mais être dissolution de ce que que je crois être, corps vivant, personne identifiée-identifiable,
dissolution dans la mousse quantique
ou retour dans la mousse quantique des interconnexions d'où je suis sorti (miracle et mystère de la naissance),
virtuel devenu pour un temps réel (un éclair dans la nuit éternelle, dit Michel Eyquem), redevenant virtuel...
à creuser, reformuler;
je lis ici ou là des exhortations à se connecter avec l'univers... mais on est nécessairement connecté, qu'on en est ou pas conscience et le vouloir en conscience ne me semble pas apporter grand chose si ce n'est une satisfaction narcissique;
à poursuivre
Bill disant à sa fille Susan qu'une vie sans Amour c'est être passé à côté de la vie
Bill disant à sa fille Susan qu'une vie sans Amour c'est être passé à côté de la vie

Bill disant à sa fille Susan qu'une vie sans Amour c'est être passé à côté de la vie

Une nuit le magnat William Parrish ressent une violente douleur tandis qu'une voix surgissant des tenebres lui annonce sa mort prochaine. A ce moment-là, un jeune inconnu se présente à son domicile pour l'accompagner à son dernier voyage. Ce messager de l'au-delà impose à Parrish de l'heberger chez lui afin de lui donner l'occasion de partager un temps les experiences, les joies, les émotions et les drames des vivants, qui semblent lui être etrangers. En l'espace de trois jours, Joe Black révèlera toute la famille Parrish à elle-même.
 
 
- Je sais que ce n'est pas très original... L'amour est passion, obsession... Sa présence est vitale. Je veux dire tombe à la renverse, trouve quelqu'un que tu aimeras à la folie et qui t'aimera de la même manière. Trouver cet homme ? Et bien, laisse de côté ta tête et sois à l'écoute de ton cœur. S'il bat en tout cas je n'entends rien. La vérité ma chérie c'est que sans amour, la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. Être passé sur cette Terre sans connaître l'amour, le vrai, eh bien, c'est être passé à côté de la vie. Il faut essayer de le trouver, parce que si tu n'as pas essayé, tu n'as pas vécu.
- Bravo.
- Tu es cruelle.
- Excuse-moi. Redis le moi encore mais en version courte cette fois.
- D'accord... Sois prête. Qui sait ? Ça existe les coups de foudre.

 

Joe Black (Brad Pitt) : 7

Après avoir joué au chat et à la souris avec Bill Parrish en lui parlant sans se montrer ("Ouiii…"), Joe Black se présente enfin et annonce la raison et le but de sa visite : "Depuis peu, vous petites affaires ont piqué mon intérêt. Appelle ça de l'ennui, de la curiosité de ma part. […] Fais-moi visiter. Sois mon guide. […] L'important, c'est que je ne m'ennuie pas."

Joe veut satisfaire ses désirs et ne supporte pas les frustrations. Il a "besoin d'un corps", il le prend. Il manifeste plusieurs fois à William Parrish qu'il est en position dominante ("Cela n'est pas sujet à discussion. Rien ne l'est."), mais contrairement à lui, il exprime cela calmement, sans colère, en énonçant un fait plutôt qu'en se livrant à une épreuve de force. Joe est optimiste : "Dans la vie, il y a toujours des solutions."

Dans le monde des humains, Joe découvre avec ravissement dès le premier soir le moyen d'exercer au sens propre la passion de son type, la gloutonnerie :

 

Joe :

C'est quoi ça ?

 

Maître d'hôtel :

Ça, vous voulez dire ?

 

Joe :

Oui.

 

Maître d'hôtel :

Du beurre de cacahuète, Monsieur.

 

Joe :

Et vous aimez ça ?

 

Maître d'hôtel :

Et bien, si vous sollicitez mon opinion, je dirais que c'est à mi-chemin entre la damnation et le paradis. Euh… Vous voulez goûter, Monsieur ?

 

Joe :

Oui. [Il sourit. C'est la première fois depuis qu'il est sur terre.]

 

Maître d'hôtel :

Tout de suite.

 

 

[…]

 

Maître d'hôtel :

Vous voilà dépendant du beurre de cacahuètes, Monsieur.

 

Joe :

Oui. Je crois bien que oui. Je suis content de connaître le beurre de cacahuètes.

Le plaisir apporté par le beurre de cacahuètes devient la référence absolue. Quelques instants plus tard, il ne lâche même pas la cuillère pour tendre une serviette à Susan qui sort de la piscine. Il en réclame au repas. Il cherchera à en obtenir à nouveau lors de la réception finale, seule consolation possible à la perte de Susan. Celle-ci d'ailleurs doit affronter la concurrence :

 

Susan :

Tu as aimé faire l'amour avec moi ?

 

Joe :

Oui.

 

Susan :

Plus que le beurre de cacahuètes ?

 

Joe :

Oui. Beaucoup plus.

Bien entendu, il n'en néglige pas pour autant les autres plaisirs alimentaires. Le sandwich au gigot "est éblouissant". Quant aux réunions du Comité Directeur de Parrish Communication, leur intérêt réside dans les pâtisseries :

 

Joe :

Est-ce que je peux encore avoir de ces délicieux gâteaux ? Ceux à la confiture. Et une tasse de thé… avec un nuage de lait. J'essaye le style anglais. Ouais ! Un thé au lait je vous prie.

 

Drew :

Ce sera tout, monsieur Black. Un peu d'eau, peut-être ?

 

Joe :

Oui, avec joie.

Sa gloutonnerie se manifeste aussi dans ses autres plaisirs. Après que Susan l'ait embrassé pour la première fois, il lui dit : "Vos lèvres sur les miennes, et votre langue… Ça avait un goût vraiment merveilleux."

Bien entendu, du 7 Joe Black a aussi la peur de la souffrance. Il va voir Susan à l'hôpital et elle est surprise de sa venue :

 

Susan :

Qu'est-ce que vous faites ici ? Vous êtes malade ?

 

Joe :

Oh ! Dieu merci non !

Là, il rencontre une vieille femme jamaïquaine et lui assure : "Je suis désolé. Je n'ai rien à voir avec la douleur." Le spectacle de cette souffrance lui est insupportable et il réalise brusquement que sa "présence [à l'hôpital] n'est pas appropriée" et s'enfuit littéralement. Parce qu'elle souffre, cette femme est le premier être humain pour lequel il ressent une véritable émotion : "C'est quelqu'un qui a très mal." Le soir au dîner, il demande de ses nouvelles : "Je suis très inquiet pour la femme qui est venue vous voir. La douleur s'est-elle calmée ?"

Plus tard, il retourne la voir à l'hôpital et lui amène des fleurs. La vieille femme essaye de le convaincre qu'il n'est "pas à sa place" sur terre. Amoureux et aimé de Susan, il ne veut rien entendre : pourquoi abandonner un plaisir ? La Jamaïquaine perçoit bien ce qu'il y a de puéril dans cette attitude : "C'est plein de gamineries dans ta tête."

Elle lui raconte alors une métaphore, le langage du 7, pour lui faire comprendre que son plaisir va bientôt se changer en souffrance : "C'est joli ce qui a pu t'arriver. Tu sais, c'est comme si tu étais dans les îles en vacances. Le soleil ne te brûle pas rouge-rouge, juste marron, tout doré. Il n'y a pas de moustiques. Mais la vérité, c'est que c'est fatal que ça arrive si tu veux rester trop longtemps. Alors garde les jolies images que t'as dans la tête et retourne chez toi. Mais il faut pas te faire avoir."

Joe change de visage. Il se rend immédiatement chez William Parrish et lui annonce qu'ils vont s'en aller : "J'ai le sentiment que tous comptes faits l'objectif visé par ce voyage est aujourd'hui pleinement atteint." Cette phrase est une rationalisation (le mécanisme de défense du 7) destinée à (se) masquer la raison véritable de son départ.

Plus généralement pour Joe Black, le langage est un outil permettant de justifier n'importe quelle idée : "Quoi que vous disiez, on peut soutenir une opinion de deux façons différentes", explique-t-il à Drew.

Joe pratique volontiers un humour à froid plutôt agressif :

 

Bill :

Vous pensez rester longtemps ?

 

Joe :

Nous pouvons espérer que ce sera le cas.

Ou après une colère de Bill : "Du calme, Bill. Tu vas faire une crise cardiaque au beau milieu de mes vacances."

Joe ne sait pas réellement ce qu'est une émotion. Même quand il aime Susan, il est étonnamment froid et distant, plus dans le plaisir que dans l'amour comme le perçoit bien William Parrish :

 

Bill :

Vous prenez ce que vous voulez par simple fantaisie. Ce n'est pas de l'amour.

 

Joe :

Qu'est-ce que c'est ?

 

Bill :

[…] Il manque les ingrédients importants.

 

Joe :

Et quels sont-ils ?

La fin du film montre un début d'intégration par le renoncement à Susan et en même temps son châtiment : lui qui a joué avec les sentiments des autres et avec leur vie va devoir apprendre à vivre seul… pour l'éternité.

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B bbb J / place aux joyeux

8 Janvier 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #J.C.G., #album, #développement personnel, #pour toujours, #écriture- lecture

noeuds de Michel Dufresne offert à JCG, vues à 8 H 45 depuis mon poste de travail, le 8 janvier 2023
noeuds de Michel Dufresne offert à JCG, vues à 8 H 45 depuis mon poste de travail, le 8 janvier 2023
noeuds de Michel Dufresne offert à JCG, vues à 8 H 45 depuis mon poste de travail, le 8 janvier 2023

noeuds de Michel Dufresne offert à JCG, vues à 8 H 45 depuis mon poste de travail, le 8 janvier 2023

Sappho de Mytilène Σαπφώ / Sapphṓ VII° av.J.C.
Sappho de Mytilène Σαπφώ / Sapphṓ VII° av.J.C.

Sappho de Mytilène Σαπφώ / Sapphṓ VII° av.J.C.

Αρχαίο κείμενο της Σαπφούς (7ος π. Χ. αιώνας)
Δέδυκε μὲν ἀ Σελάννα καὶ Πληίαδες,
μέσαι δὲ νύκτες,
παρὰ δ’ ἔρχεται ὤρα,
ἔγω δὲ μόνα κατεύδω

Μετάφραση Άκου Δασκαλόπουλου (1937-1998)
Να το φεγγάρι έγειρε,
βασίλεψε και η Πούλια.
Είναι μεσάνυχτα.
Περνά, περνά η ώρα.
Κι εγώ κοιμάμαι μόνη μου.

Μετάφραση Αργύρη Εφταλιώτη (1849-1923)
Το φεγγαράκι εμίσεψε
μεσάνυχτα σημαίνει,
οι ώρες φεύγουν και περνούν
κι εγώ κοιμάμαι μόνη

 

Texte ancien de Sappho (7e siècle av. J. C.)
Se sont couchées donc la lune et les Pléiades
mais au milieu de la nuit
les heures passent
et moi je dors seule.

Traduction à partir du texte d'Akos Daskalopoulos (1937-1998)
Voici la lune s'est penchée
s'est couchée aussi la Poulia1.
Il est minuit.
Passent, passent les heures.
Et moi je dors seule.

Traduction à partir du texte d'Argyris Eftaliotis (1849-1923)
La petite lune a migré
il se fait minuit
les heures partent et passent
et moi je dors seule.

un entretien avec Vladimir Jankélévitch sur le bonheur a engendré un échange entre Annie Bergou Eric Borgniet et moi
Bonheur avec B majuscule
bonheurs minuscules, bbbbb au pluriel et éphémères 
pas plus d'1 seconde selon Vladimir Jankélévitch ou Sylvain Tesson
je pratique le B et les petits b à gogo
est-ce indécent ?
un autre mot est possible, Joie avec J
je me suis dit 
propose une galerie de gens H J
Siddhartha Gautama, VI° av. J.C.
Siddhartha Gautama, VI° av. J.C.

Siddhartha Gautama, VI° av. J.C.

Le Dhammapadda, chapitre 15

LE BONHEUR

 

197Ah ! vivons heureux, sans haïr ceux qui nous haïssent ! Au milieu des hommes qui nous haïssent, habitons sans les haïr !

198Ah ! vivons heureux, sans être malades, au milieu de ceux qui le sont ! Au milieu des malades, habitons sans l’être !

199Ah ! vivons heureux, sans avoir de désirs au milieu de ceux qui en ont ! Au milieu des hommes qui ont des désirs, habitons sans en avoir !

200Ah ! vivons heureux, nous qui ne possédons rien ! Nous serons semblables aux dieux Abhâsvaras[1], savourant comme eux le bonheur.

201La victoire engendre la haine, car le vaincu ressent de la douleur. Celui qui vit en paix est heureux, sans plus songer ni à la victoire ni à la défaite.

202Il n’est pas de feu comparable à la  passion, de désastre égal à la haine, de malheur tel que l’existence individuelle, de bonheur supérieur à la quiétude.

203La faim est la pire des maladies, les agrégations d’éléments, le plus grand des malheurs. Pour celui qui sait qu’il en est ainsi, le Nirvâna est le bonheur suprême.

204La santé est la meilleure des acquisitions ; le contentement, la meilleure des richesses ; la confiance, le meilleur des parents ; le Nirvâna, le bonheur suprême.

205Après avoir savouré le breuvage de l’isolement, et celui de la quiétude, on ne craint plus rien, on ne pèche plus, et l’on savoure celui de la loi.

206Pleine de charme est la visite aux Aryas, plein de charmes leur commerce. Débarrassé de la vue des sots, on serait à jamais heureux.

207Celui qui marche en compagnie d’un sot souffre tout le long de la route. La société d’un sot est aussi désagréable que celle d’un ennemi ; la société d’un sage, aussi agréable que celle d’un parent.

208Celui qui est un sage, un savant, ayant beaucoup appris, patient comme une bête de somme, et fidèle à ses vœux, un Arya, — ce mortel vertueux, doué d’une heureuse intelligence, suivez-le, comme la lune suit le chemin des étoiles. 

  1.  

Abhâsvara, lumineux, éclatant.

Jésus, à chacun d'imaginer son visage de Jésus qui est le visage de l'amour inconditionnel y compris de ses ennemis, ce qui n'est pas un sentiment naturel; avec Jésus on change de niveau / il y en a qui combattent pour un autre visage du Christ, moins blanc; va-t-on assister à un déferlement wokiste sur comment représenter Jésus ?
Jésus, à chacun d'imaginer son visage de Jésus qui est le visage de l'amour inconditionnel y compris de ses ennemis, ce qui n'est pas un sentiment naturel; avec Jésus on change de niveau / il y en a qui combattent pour un autre visage du Christ, moins blanc; va-t-on assister à un déferlement wokiste sur comment représenter Jésus ?

Jésus, à chacun d'imaginer son visage de Jésus qui est le visage de l'amour inconditionnel y compris de ses ennemis, ce qui n'est pas un sentiment naturel; avec Jésus on change de niveau / il y en a qui combattent pour un autre visage du Christ, moins blanc; va-t-on assister à un déferlement wokiste sur comment représenter Jésus ?

Les béatitudes

A la vue de ces foules, Jésus monta sur la montagne. Il s'assit et ses disciples s'approchèrent de lui. Puis il prit la parole pour les enseigner; il dit:

«Heureux ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle, car le royaume des cieux leur appartient! Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés! Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre! Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés! Heureux ceux qui font preuve de bonté, car on aura de la bonté pour eux! Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu! Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu! 10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux leur appartient! 11 Heureux serez-vous lorsqu'on vous insultera, qu'on vous persécutera et qu'on dira faussement de vous toute sorte de mal à cause de moi. 12 Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse, parce que votre récompense sera grande au ciel. En effet, c'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.

13 »Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on? Il ne sert plus qu'à être jeté dehors et piétiné par les hommes. 14 Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut pas être cachée, 15 et on n'allume pas non plus une lampe pour la mettre sous un seau, mais on la met sur son support et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. 16 Que, de la même manière, votre lumière brille devant les hommes afin qu'ils voient votre belle manière d’agir et qu’ainsi ils célèbrent la gloire de votre Père céleste.

Christ et la loi

17 »Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. 18 En effet, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre n’auront pas disparu, pas une seule lettre ni un seul trait de lettre ne disparaîtra de la loi avant que tout ne soit arrivé. 19 Celui donc qui violera l'un de ces plus petits commandements et qui enseignera aux hommes à faire de même sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux; mais celui qui les mettra en pratique et les enseignera aux autres, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. 20 En effet, je vous le dis, si votre justice ne dépasse pas celle des spécialistes de la loi et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux.

21 »Vous avez appris qu'il a été dit aux anciens: ‘Tu ne commettras pas de meurtre[a]; celui qui commet un meurtre mérite de passer en jugement.’ 22 Mais moi je vous dis: Tout homme qui se met [sans raison] en colère contre son frère mérite de passer en jugement; celui qui traite son frère d’imbécile[b] mérite d'être puni par le tribunal, et celui qui le traite de fou mérite d'être puni par le feu de l'enfer. 23 Si donc tu présentes ton offrande vers l'autel et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, 24 laisse ton offrande devant l'autel et va d'abord te réconcilier avec ton frère, puis viens présenter ton offrande. 25 Mets-toi rapidement d'accord avec ton adversaire, pendant que tu es en chemin avec lui, de peur qu'il ne te livre au juge, que le juge ne te livre à l'officier de justice et que tu ne sois mis en prison. 26 Je te le dis en vérité, tu n'en sortiras pas avant d'avoir remboursé jusqu'au dernier centime.

27 »Vous avez appris qu'il a été dit: Tu ne commettras pas d'adultère.[c] 28 Mais moi je vous dis: Tout homme qui regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur. 29 Si ton œil droit te pousse à mal agir, arrache-le et jette-le loin de toi, car il vaut mieux pour toi subir la perte d'un seul de tes membres que de voir ton corps entier jeté en enfer. 30 Et si ta main droite te pousse à mal agir, coupe-la et jette-la loin de toi, car il vaut mieux pour toi subir la perte d'un seul de tes membres que de voir ton corps entier jeté en enfer.

31 »Il a été dit: Que celui qui renvoie sa femme lui donne une lettre de divorce.[d] 32 Mais moi, je vous dis: Celui qui renvoie sa femme, sauf pour cause d'infidélité, l'expose à devenir adultère, et celui qui épouse une femme divorcée commet un adultère.

33 »Vous avez encore appris qu'il a été dit aux anciens: Tu ne violeras pas ton serment, mais tu accompliras ce que tu as promis au Seigneur.[e] 34 Mais moi je vous dis de ne pas jurer du tout, ni par le ciel, parce que c'est le trône de Dieu35 ni par la terre, parce que c'est son marchepied,[f] ni par Jérusalem, parce que c'est la ville du grand roi. 36 Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux pas rendre blanc ou noir un seul cheveu. 37 Que votre parole soit ‘oui’ pour oui, ‘non’ pour non; ce qu'on y ajoute vient du mal[g].

38 »Vous avez appris qu'il a été dit: Œil pour œil et dent pour dent.[h] 39 Mais moi je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l'autre. 40 Si quelqu'un veut te faire un procès et prendre ta chemise, laisse-lui encore ton manteau. 41 Si quelqu'un te force à faire un kilomètre, fais-en deux avec lui. 42 Donne à celui qui t’adresse une demande et ne te détourne pas de celui qui veut te faire un emprunt.

43 »Vous avez appris qu'il a été dit: ‘Tu aimeras ton prochain[i] et tu détesteras ton ennemi.’ 44 Mais moi je vous dis: Aimez vos ennemis, [bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous détestent] et priez pour ceux [qui vous maltraitent et] qui vous persécutent, 45 afin d'être les fils de votre Père céleste. En effet, il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. 46 Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous? Les collecteurs d’impôts n'agissent-ils pas de même? 47 Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d'extraordinaire? Les membres des autres peuples n'agissent-ils pas de même? 48 Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait.

Les pratiques religieuses

»Gardez-vous bien de faire des dons devant les hommes pour qu’ils vous regardent; sinon, vous n'aurez pas de récompense auprès de votre Père céleste. Donc, lorsque tu fais un don à quelqu'un, ne sonne pas de la trompette devant toi, comme le font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues afin de recevoir la gloire qui vient des hommes. Je vous le dis en vérité, ils ont leur récompense. Mais toi, quand tu fais un don, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite, afin que ton don se fasse en secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra [lui-même ouvertement].

»Lorsque tu pries, ne sois pas comme les hypocrites: ils aiment prier debout dans les synagogues et aux coins des rues pour être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, ils ont leur récompense. Mais toi, quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra [ouvertement].

»En priant, ne multipliez pas les paroles comme les membres des autres peuples: ils s'imaginent en effet qu'à force de paroles ils seront exaucés. Ne les imitez pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez.

»Voici donc comment vous devez prier: ‘Notre Père céleste! Que la sainteté de ton nom soit respectée, 10 que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. 11 Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien; 12 pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés; 13 ne nous expose pas à la tentation, mais délivre-nous du mal[j], [car c'est à toi qu'appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. Amen!]’

14 »Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi; 15 mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos fautes.

16 »Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste comme les hypocrites. En effet, ils présentent un visage tout défait pour montrer aux hommes qu'ils jeûnent. Je vous le dis en vérité, ils ont leur récompense. 17 Mais toi, quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage 18 afin de ne pas montrer que tu jeûnes aux hommes, mais à ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.

Les biens matériels

19 »Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les mites et la rouille détruisent et où les voleurs percent les murs pour voler, 20 mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où les mites et la rouille ne détruisent pas et où les voleurs ne peuvent pas percer les murs ni voler! 21 En effet, là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.

22 »L'œil est la lampe du corps. Si ton œil est en bon état, tout ton corps sera éclairé; 23 mais si ton œil est en mauvais état, tout ton corps sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien ces ténèbres seront grandes!

24 »Personne ne peut servir deux maîtres, car ou il détestera le premier et aimera le second, ou il s'attachera au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent[k].

25 »C'est pourquoi je vous dis: Ne vous inquiétez pas de ce que vous mangerez [et boirez] pour vivre, ni de ce dont vous habillerez votre corps. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement? 26 Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment pas et ne moissonnent pas, ils n'amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux? 27 Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter un instant à la durée de sa vie? 28 Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement? Etudiez comment poussent les plus belles fleurs des champs: elles ne travaillent pas et ne tissent pas; 29 cependant je vous dis que Salomon[l] lui-même, dans toute sa gloire, n'a pas eu d’aussi belles tenues que l'une d'elles. 30 Si Dieu habille ainsi l'herbe des champs, qui existe aujourd'hui et qui demain sera jetée au feu, ne le fera-t-il pas bien plus volontiers pour vous, gens de peu de foi? 31 Ne vous inquiétez donc pas et ne dites pas: ‘Que mangerons-nous? Que boirons-nous? Avec quoi nous habillerons-nous?’ 32 En effet, tout cela, ce sont les membres des autres peuples qui le recherchent. Or, votre Père céleste sait que vous en avez besoin. 33 Recherchez d'abord le royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné en plus. 34 Ne vous inquiétez donc pas du lendemain, car le lendemain prendra soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.

Les relations humaines

»Ne jugez pas afin de ne pas être jugés, car on vous jugera de la même manière que vous aurez jugé et on utilisera pour vous la mesure dont vous vous serez servis. Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère et ne remarques-tu pas la poutre qui est dans ton œil? Ou comment peux-tu dire à ton frère: ‘Laisse-moi enlever la paille de ton œil’, alors que toi, tu as une poutre dans le tien? Hypocrite, enlève d'abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour retirer la paille de l'œil de ton frère.

»Ne donnez pas les choses saintes aux chiens et ne jetez pas vos perles devant les porcs, de peur qu'ils ne les piétinent et qu'ils ne se retournent pour vous déchirer.

»Demandez et l'on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et l'on vous ouvrira. En effet, toute personne qui demande reçoit, celui qui cherche trouve et l'on ouvre à celui qui frappe. Qui parmi vous donnera une pierre à son fils, s'il lui demande du pain? 10 Ou s'il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent? 11 Si donc, mauvais comme vous l'êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, votre Père céleste donnera d’autant plus volontiers de bonnes choses à ceux qui les lui demandent.

12 »Tout ce que vous voudriez que les hommes fassent pour vous, vous aussi, faites-le de même pour eux, car c'est ce qu'enseignent la loi et les prophètes[m].

L’entrée dans le royaume

13 »Entrez par la porte étroite! En effet, large est la porte, spacieux le chemin menant à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là, 14 mais étroite est la porte, resserré le chemin menant à la vie, et il y en a peu qui les trouvent.

15 »Méfiez-vous des prétendus prophètes! Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au-dedans ce sont des loups voraces. 16 Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des ronces ou des figues sur des chardons? 17 Tout bon arbre produit de bons fruits, mais le mauvais arbre produit de mauvais fruits. 18 Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits. 19 Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. 20 C'est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez.

21 »Ceux qui me disent: ‘Seigneur, Seigneur!’ n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père céleste. 22 Beaucoup me diront ce jour-là: ‘Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé en ton nom? N'avons-nous pas chassé des démons en ton nom? N'avons-nous pas fait beaucoup de miracles en ton nom?’ 23 Alors je leur dirai ouvertement: ‘Je ne vous ai jamais connus. Eloignez-vous de moi, vous qui commettez le mal![n]

24 »C'est pourquoi, toute personne qui entend ces paroles que je dis et les met en pratique, je la comparerai à un homme prudent qui a construit sa maison sur le rocher. 25 La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison; elle ne s’est pas écroulée, parce qu'elle était fondée sur le rocher. 26 Mais toute personne qui entend ces paroles que je dis et ne les met pas en pratique ressemblera à un fou qui a construit sa maison sur le sable. 27 La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont abattus sur cette maison; elle s’est écroulée et sa ruine a été grande.»

28 Quand Jésus eut fini de prononcer ces paroles, les foules restèrent frappées par son enseignement, 29 car il enseignait avec autorité, et non comme leurs spécialistes de la loi.

 
François d'Assise mon frère le soleil, ma soeur la lune, ... XII°-XIII° ap. J.C.

François d'Assise mon frère le soleil, ma soeur la lune, ... XII°-XIII° ap. J.C.

Très Haut, tout puissant et bon Seigneur, 

à toi louange, gloire, honneur,

et toute bénédiction ;
à toi seul ils conviennent, O Très-Haut,
et nul homme n’est digne de te nommer.

Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures,
spécialement messire frère Soleil,
par qui tu nous donnes le jour, la lumière ;
il est beau, rayonnant d’une grande splendeur,
et de toi, le Très Haut, il nous offre le symbole.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Lune et les étoiles :
dans le ciel tu les as formées,
claires, précieuses et belles.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Vent,
et pour l’air et pour les nuages,
pour l’azur calme et tous les temps :
grâce à eux tu maintiens en vie toutes les créatures.

Loué sois-tu, Seigneur, pour notre sœur Eau,
qui est très utile et très humble,
précieuse et chaste.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Feu,
par qui tu éclaires la nuit :
il est beau et joyeux,
indomptable et fort.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la Terre,
qui nous porte et nous nourrit,
qui produit la diversité des fruits,
avec les fleurs diaprées et les herbes.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour ceux
qui pardonnent par amour pour toi ;
qui supportent épreuves et maladies :
heureux s’ils conservent la paix,
car par toi, le Très Haut, ils seront couronnés.

Loué sois-tu, mon Seigneur,
pour notre sœur la Mort corporelle
à qui nul homme vivant ne peut échapper.
Malheur à ceux qui meurent en péché mortel ;
heureux ceux qu’elle surprendra faisant ta volonté,
car la seconde mort ne pourra leur nuire.

Louez et bénissez mon Seigneur,
rendez-lui grâce et servez-le
en toute humilité.

un songe drolatique attribué à Rabelais, gravure de François Desprez, livre paru en 1565

un songe drolatique attribué à Rabelais, gravure de François Desprez, livre paru en 1565

PROLOGUE de Gargantua de François Rabelais, 1534
Buveurs très illustres, et vous vérolés très précieux, car c'est à vous, non aux autres, que je
dédie mes écrits, Alcibiade, dans un dialogue de intitulé le Banquet, faisant l'éloge de son
précepteur Socrate, sans conteste le prince des philosophes, déclare entre autres choses
qu'il est semblable aux silènes. Les Silènes étaient jadis de petites boites, comme
celles que nous voyons à présent dans les boutiques des apothicaires, sur
lesquelles étaient peintes des figures drôles et frivoles : harpies, satyres, oisons
bridés, lièvres cornus, canes batées, boucs volants, cerfs attelés, et autres figures
contrefaites à plaisir pour inciter les gens à rire (comme le fut Silène, maitre du
Bacchus). Mais à l'intérieur on conservait les drogues fines, comme le baume,
l'ambre gris, l'amome, la civette, les pierreries et autres choses de prix. Alcibiade
disait que Socrate leur était semblable, parce qu'à le voir du dehors et à l'évaluer par
l'aspect extérieur, vous n'en auriez pas donné une pelure l'oignon, tant il était laid de corps
et d'un maintien ridicule, le nez pointu, le regard d'un taureau, le visage d'un fou, le
comportement simple, les vêtements d'un paysan, de condition modeste, malheureux avec
les femmes, inapte à toute fonction dans l'état ; et toujours riant, trinquant avec chacun,
toujours se moquant, toujours cachant son divin savoir. Mais en ouvrant cette boite, vous y
auriez trouvé une céleste et inappréciable drogue : une intelligence plus qu'humaine, une
force d'âme merveilleuse, un courage invincible, une sobriété sans égale, une égalité
d'âme sans faille, une assurance parfaite, un détachement incroyable à l'égard de tout ce
pour quoi les humains veillent, courent, travaillent, naviguent et bataillent.
A quoi tend, à votre avis, ce prélude et coup d'essai ? C'est que vous, mes bons disciples,
et quelques autres fous oisifs, en lisant les joyeux titres de quelques livres de votre
invention, comme Gargantua, Pantagruel, Fesse pinte. La dignité des braguettes, des pois
au lard avec commentaire, etc., vous pensez trop facilement qu'on n'y traite que de
moqueries, folâtreries et joyeux mensonges, puisque l'enseigne extérieure est sans
chercher plus loin, habituellement reçue comme moquerie et plaisanterie. Mais il ne faut
pas considérer si légèrement les oeuvres des hommes. Car vous-mêmes vous dites que
l'habit ne fait pas le moine, et tel est vêtu d'un froc qui au-dedans n'est rien moins que
moine, et tel est vêtu d'une cape espagnole qui, dans son courage, n'a rien à voir avec
l'Espagne. C'est pourquoi il faut ouvrir le livre et soigneusement peser ce qui y est
traité. Alors vous reconnaitrez que la drogue qui y est contenue est d'une tout autre valeur
que ne le promettait la boite : c'est-à-dire que les matières ici traitées ne sont pas si
folâtre que le titre le prétendait.

Marcel Proust Céleste Albaret Céleste Albaret racontant avec joie, la joie de Marcel Proust lui annonçant qu'il a écrit le mot FIN au bas de tous les feuillets qu'elle avait eu l'ingéniosité de coller, plier... au service de Marcel Proust de 1913 à 1922
Marcel Proust Céleste Albaret Céleste Albaret racontant avec joie, la joie de Marcel Proust lui annonçant qu'il a écrit le mot FIN au bas de tous les feuillets qu'elle avait eu l'ingéniosité de coller, plier... au service de Marcel Proust de 1913 à 1922

Marcel Proust Céleste Albaret Céleste Albaret racontant avec joie, la joie de Marcel Proust lui annonçant qu'il a écrit le mot FIN au bas de tous les feuillets qu'elle avait eu l'ingéniosité de coller, plier... au service de Marcel Proust de 1913 à 1922

« Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n'était pas le théâtre et le drame de mon coucher, n'existait plus pour moi, quand un jour d'hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j'avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d'abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d'une coquille de Saint- Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d'un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir un morceau de madeleine. Mais à l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m'avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu'opère l'amour, en me remplissant d'une essence précieuse: ou plutôt cette essence n'était pas en moi, elle était moi. J'avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D'où avait pu me venir cette puissante joie? Je sentais qu'elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu'elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D'où venait- elle? Que signifiait-elle? Où l'appréhender? (...)
Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d'autres plus récents; peut-être parce que de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s'était désagrégé; les formes - et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel, sous son plissage sévère et dévot - s'étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d'expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir.
Et dès que j'eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (quoique je ne susse pas encore et dusse remettre à bien plus tard de découvrir pourquoi ce souvenir me rendait si heureux), aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s'appliquer au petit pavillon, donnant sur le jardin, qu'on avait construit pour mes parents sur ses derrières (ce pan tronqué que seul j'avais revu jusque là) ; et avec la maison, la ville, depuis le matin jusqu'au soir et par tous les temps, la Place où on m'envoyait avant déjeuner, les rues où j'allais faire des courses, les chemins qu'on prenait si le temps était beau. Et comme dans ce jeu où les Japonais s'amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d'eau, de petits morceaux de papier jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ils plongés s'étirent, se contournent, se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages consistants et reconnaissables, de même maintenant toutes les fleurs de notre jardin et celles du parc de M. Swann, et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et l'église et tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé. »
PROUST Marcel, Du côté de chez Swann, GF Flammarion, Paris, 1987, p. 140-145

vu un remarquable documentaire de 55', Le Monde de Marcel Proust sur Arte
avec la voix et le rayonnement de Céleste Albaret filmée en 1973, 50 ans après
"À mon avis, même dès sa jeunesse, il n’a voulu qu’écrire… Ses sorties de salons n’ont été qu’une espèce d’alimentation de son œuvre. Parce que depuis toujours il emmagasinait, et il n’a vécu que de ça."
La voix qui raconte est celle de Céleste Albaret, gouvernante et confidente des huit dernières années de Marcel Proust, de 1914 à 1922 (quarante-neuf heures d’entretien avec elle, enregistrées en 1973, ont été retrouvées récemment dans les fonds de la Bibliothèque nationale de France). Armé de son sens de l’observation et de son acuité psychologique, l’auteur d’"À la recherche du temps perdu", fils d’une héritière de la bourgeoisie juive et d’un père médecin, incarnation même du mérite républicain, s’est immergé dans les boudoirs de la Belle Époque comme dans les hôtels de passe homosexuels pour donner chair aux centaines de personnages qui peuplent son œuvre-monde. C’est par l’entremise du flamboyant comte de Montesquiou, dandy insolent immortalisé sous les traits épaissis du baron de Charlus, que le futur écrivain, à force de flatteries, a réussi à pénétrer les hautes sphères de la société. De la belle et influente comtesse Greffulhe, qui inspira la figure de la duchesse Oriane de Guermantes, au jeune et aimé Alfred Agostinelli, qui fut l’un des modèles du personnage d’Albertine, les êtres qui accompagnèrent la vie de Marcel Proust sont entrés, métamorphosés et mêlés à d’autres, dans le chef-d’œuvre éternel qu’il nous a légué, odyssée sur la mémoire, la hiérarchie sociale, l’amour et l’écriture, qui débute à la fin des années 1870 pour s’achever au lendemain de la Grande Guerre.
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intéressant de me souvenir de ce que mon esprit a retenu de ce documentaire
- le livre imaginé et fabriqué comme une robe et pas conçu, réalisé comme une cathédrale 
et de vagabonder, Marcel rencontrant YSL, j'ai imaginé, je ne raconterai pas
Marcel va assister aux sévices corporels que se fait infliger Charlus dans un hôtel de passe parce que ça ne peut pas s'imaginer
mais son esprit, son corps est si réceptif que lorsqu'il goûte la madeleine qui aurait pu être une biscotte ou du pain grillé (mots présents, raturés, dans le manuscrit), c'est à une remontée de sensations qu'il nous fait participer, nous mettant l'eau à la bouche
- quand il se met à l'écriture, il écrit le début et la fin, d'emblée; entre, ce sera le flux, ce seront les entremêlements
je fais une fois de plus l'expérience qu'un film impressionne autrement que des mots
allez, je me fais une deuxième séance
B bbb J / place aux joyeux
promenade au pays de Proust via internet suite au documentaire vu sur Arte
et de penser à la fabrique du Guépard de Lampedusa
qui se penchera sur les mystères de telles oeuvres
érudits, suivez vos chemins
rêveurs et poètes, cheminons sur chemins qui sont comme sillages sur la mer suggère Antonio Machado
incroyable comme je perçois maintenant que tout est une question de points de vue
 
change tes mots, change ton regard, change le souvent
et ce que tu crois être, comme Marcel Proust l'exprime, métamorphose de toi par le temps (donc passif dans ce jeu où les amours inconstantes se défont, où la monstrueuse t'attend) 
devient toi te métamorphosant, jouant à retourner le temps, au soleil des jeunes filles en fleurs
cher Marcel, j'ai raté ton centenaire, je rate beaucoup d'anniversaires 
mais je célèbre beaucoup, un moment, une personne, un souvenir 
tout passant dans l'éternité de l'instant présent
j'aime ce titre Mourir n'est pas te perdre de Christophe Dauré
Michel Eyquem proposait qu'on se la représente de toutes les manières possibles
je ne cherche plus à me la représenter comme à venir, devant moi, dans un futur qui se rapproche 
je la sens présente en permanence, mêlée à ma vie sous la forme de l'apoptose et autres formes indicibles mais sensibles
cela rend léger et ouvre à la J, au B et aux bbb à glouglouglou
B bbb J / place aux joyeux
Vu Le temps retrouvé de Raoul Ruiz
film que j'ai trouvé éblouissant, qui a déjà 24 ans (1999)
je l'ai reçu comme rembobiné
le temps retourné de Proust Marcel
ou au soleil des jeunes filles en fleurs
réel retentissement du film sur moi (nuit de pleine lune et petit matin d'encore pleine lune) : 
de la recherche du temps perdu au temps retrouvé semble se dessiner un chemin emprunté par Marcel Proust découvrant me semble-t-il que le seul temps est le présent, à vivre dans l'immédiateté des sensations, émotions, sentiments qui passent comme fleurs fanent et tombent après avoir écloses
évidemment l'oubli des souvenirs, la traversée du Léthé, la mort des amours sont vécus intensément, asthmatiquement, par Marcel, au souffle court, aux phrases interminables semblant vivre au flux des associations 
les flots de la rivière en générique donnent le la
allez à 2 H 26, dialogue dans le miroir entre le Marcel adolescent et le Marcel adulte 
moi je suis déjà mort plusieurs fois, j'ai tenu à Albertine plus qu'à ma vie puis j'ai cessé de l'aimer, pareil pour Gilberte, à chaque fois je suis devenu quelqu'un d'autre, c'est comme ça que la mort nous devient petit à petit indifférente
tu dis ça pour te rassurer
non ce n'est pas pour moi que j'ai peur, c'est pour mon livre, il me faut encore un peu de temps
--------------------------------------------
cher Marcel, je ne vis pas les amours dites mortes comme mortes
un amour pour moi est vécu sur le mode de la fidélité, en ce sens qu'un amour me semble demander du temps, devoir prendre tout son temps pour telle une fleur donner tout son potentiel
la mort de l'autre n'achève pas l'amour 
c'est pourquoi j'ai écrit au soleil des jeunes filles en fleurs, le contraire de ta façon de vivre le temps, toi, à l'ombre, moi, au soleil des jeunes filles
place maintenant à la femme de pleine maturité, l'accueilles-guérisseuse
Yves Tanguy / Joseph Delteil / Georges Brassens / Agnès Varda / Christian Bobin / Jean-Yves Leloup / Thierry Zalic /  Issâ Padovani
Yves Tanguy / Joseph Delteil / Georges Brassens / Agnès Varda / Christian Bobin / Jean-Yves Leloup / Thierry Zalic /  Issâ Padovani
Yves Tanguy / Joseph Delteil / Georges Brassens / Agnès Varda / Christian Bobin / Jean-Yves Leloup / Thierry Zalic /  Issâ Padovani
Yves Tanguy / Joseph Delteil / Georges Brassens / Agnès Varda / Christian Bobin / Jean-Yves Leloup / Thierry Zalic /  Issâ Padovani
Yves Tanguy / Joseph Delteil / Georges Brassens / Agnès Varda / Christian Bobin / Jean-Yves Leloup / Thierry Zalic /  Issâ Padovani
Yves Tanguy / Joseph Delteil / Georges Brassens / Agnès Varda / Christian Bobin / Jean-Yves Leloup / Thierry Zalic /  Issâ Padovani
Yves Tanguy / Joseph Delteil / Georges Brassens / Agnès Varda / Christian Bobin / Jean-Yves Leloup / Thierry Zalic /  Issâ Padovani
Yves Tanguy / Joseph Delteil / Georges Brassens / Agnès Varda / Christian Bobin / Jean-Yves Leloup / Thierry Zalic /  Issâ Padovani

Yves Tanguy / Joseph Delteil / Georges Brassens / Agnès Varda / Christian Bobin / Jean-Yves Leloup / Thierry Zalic / Issâ Padovani

Lucy Pereyra Marie Morel Joie à Mirepoix Rachel Kaposi
Lucy Pereyra Marie Morel Joie à Mirepoix Rachel Kaposi
Lucy Pereyra Marie Morel Joie à Mirepoix Rachel Kaposi
Lucy Pereyra Marie Morel Joie à Mirepoix Rachel Kaposi

Lucy Pereyra Marie Morel Joie à Mirepoix Rachel Kaposi

Eric Borgniet Annie Bergougnous
Eric Borgniet Annie Bergougnous

Eric Borgniet Annie Bergougnous

jeu heureux sur la plage / heureux à corps ça vit / le baiser à Avers sur les eaux / Katia / Cyril / Katia / Cyril Roméo / Rosalie et la mésange
jeu heureux sur la plage / heureux à corps ça vit / le baiser à Avers sur les eaux / Katia / Cyril / Katia / Cyril Roméo / Rosalie et la mésange
jeu heureux sur la plage / heureux à corps ça vit / le baiser à Avers sur les eaux / Katia / Cyril / Katia / Cyril Roméo / Rosalie et la mésange
jeu heureux sur la plage / heureux à corps ça vit / le baiser à Avers sur les eaux / Katia / Cyril / Katia / Cyril Roméo / Rosalie et la mésange
jeu heureux sur la plage / heureux à corps ça vit / le baiser à Avers sur les eaux / Katia / Cyril / Katia / Cyril Roméo / Rosalie et la mésange
jeu heureux sur la plage / heureux à corps ça vit / le baiser à Avers sur les eaux / Katia / Cyril / Katia / Cyril Roméo / Rosalie et la mésange
jeu heureux sur la plage / heureux à corps ça vit / le baiser à Avers sur les eaux / Katia / Cyril / Katia / Cyril Roméo / Rosalie et la mésange
jeu heureux sur la plage / heureux à corps ça vit / le baiser à Avers sur les eaux / Katia / Cyril / Katia / Cyril Roméo / Rosalie et la mésange

jeu heureux sur la plage / heureux à corps ça vit / le baiser à Avers sur les eaux / Katia / Cyril / Katia / Cyril Roméo / Rosalie et la mésange

à Lisbonne en conversation avec Fernando Pessoa et ses hétéronymes qui lui dit

"Je ne suis pas pressé. Pressé pour quoi ?
La lune et le soleil ne sont pas pressés : ils sont exacts.
Être pressé, c’est croire que l’on passe devant ses jambes
Ou bien qu’en s’élançant on passe par-dessus son ombre.
Non, je ne suis pas pressé.
Si je tends le bras, j’arrive exactement là où mon bras arrive.
Pas même un centimètre de plus.
Je touche là où je touche, non là où je pense.
Je ne peux m’asseoir que là où je suis.
Et cela fait rire comme toutes les vérités absolument véritables,
Mais ce qui fait rire pour de bon c’est que nous autres nous pensons toujours à autre chose
Et sommes en vadrouille loin d’un corps." 

Annie Le Quesnoy 1966 / Avers sur les eaux 25/12/2020 à 00H 00 = naissance de Vita Nova / Rosalie et Katia / Rosalie par Hélène Théret / en conversation avec Pessoa à Lisbonne en août 2022 / Dieu est amour au Christ-Roi à Lisbonne / par la fenêtre du peintre Michel Dufresne / Voeux du peintre JP Grosse
Annie Le Quesnoy 1966 / Avers sur les eaux 25/12/2020 à 00H 00 = naissance de Vita Nova / Rosalie et Katia / Rosalie par Hélène Théret / en conversation avec Pessoa à Lisbonne en août 2022 / Dieu est amour au Christ-Roi à Lisbonne / par la fenêtre du peintre Michel Dufresne / Voeux du peintre JP Grosse
Annie Le Quesnoy 1966 / Avers sur les eaux 25/12/2020 à 00H 00 = naissance de Vita Nova / Rosalie et Katia / Rosalie par Hélène Théret / en conversation avec Pessoa à Lisbonne en août 2022 / Dieu est amour au Christ-Roi à Lisbonne / par la fenêtre du peintre Michel Dufresne / Voeux du peintre JP Grosse
Annie Le Quesnoy 1966 / Avers sur les eaux 25/12/2020 à 00H 00 = naissance de Vita Nova / Rosalie et Katia / Rosalie par Hélène Théret / en conversation avec Pessoa à Lisbonne en août 2022 / Dieu est amour au Christ-Roi à Lisbonne / par la fenêtre du peintre Michel Dufresne / Voeux du peintre JP Grosse
Annie Le Quesnoy 1966 / Avers sur les eaux 25/12/2020 à 00H 00 = naissance de Vita Nova / Rosalie et Katia / Rosalie par Hélène Théret / en conversation avec Pessoa à Lisbonne en août 2022 / Dieu est amour au Christ-Roi à Lisbonne / par la fenêtre du peintre Michel Dufresne / Voeux du peintre JP Grosse
Annie Le Quesnoy 1966 / Avers sur les eaux 25/12/2020 à 00H 00 = naissance de Vita Nova / Rosalie et Katia / Rosalie par Hélène Théret / en conversation avec Pessoa à Lisbonne en août 2022 / Dieu est amour au Christ-Roi à Lisbonne / par la fenêtre du peintre Michel Dufresne / Voeux du peintre JP Grosse
Annie Le Quesnoy 1966 / Avers sur les eaux 25/12/2020 à 00H 00 = naissance de Vita Nova / Rosalie et Katia / Rosalie par Hélène Théret / en conversation avec Pessoa à Lisbonne en août 2022 / Dieu est amour au Christ-Roi à Lisbonne / par la fenêtre du peintre Michel Dufresne / Voeux du peintre JP Grosse
Annie Le Quesnoy 1966 / Avers sur les eaux 25/12/2020 à 00H 00 = naissance de Vita Nova / Rosalie et Katia / Rosalie par Hélène Théret / en conversation avec Pessoa à Lisbonne en août 2022 / Dieu est amour au Christ-Roi à Lisbonne / par la fenêtre du peintre Michel Dufresne / Voeux du peintre JP Grosse

Annie Le Quesnoy 1966 / Avers sur les eaux 25/12/2020 à 00H 00 = naissance de Vita Nova / Rosalie et Katia / Rosalie par Hélène Théret / en conversation avec Pessoa à Lisbonne en août 2022 / Dieu est amour au Christ-Roi à Lisbonne / par la fenêtre du peintre Michel Dufresne / Voeux du peintre JP Grosse

Bonheur et Bonheur 2, correspondance heureuse entre Emmanuelle Arsan et JCG / la métamorphose de J.C. en Vita Nova le 25/12/2020 à 00H 00
Bonheur et Bonheur 2, correspondance heureuse entre Emmanuelle Arsan et JCG / la métamorphose de J.C. en Vita Nova le 25/12/2020 à 00H 00
Bonheur et Bonheur 2, correspondance heureuse entre Emmanuelle Arsan et JCG / la métamorphose de J.C. en Vita Nova le 25/12/2020 à 00H 00
Bonheur et Bonheur 2, correspondance heureuse entre Emmanuelle Arsan et JCG / la métamorphose de J.C. en Vita Nova le 25/12/2020 à 00H 00

Bonheur et Bonheur 2, correspondance heureuse entre Emmanuelle Arsan et JCG / la métamorphose de J.C. en Vita Nova le 25/12/2020 à 00H 00

La parole éprouvée
Chant pluriel singulier
(116 poèmes écrits entre 1956 et 2002, Les Cahiers de l'Égaré, 14/02/2002)
profère
à la lumière de l’aphorisme de Marie de Gournay
– fille d’alliance de Michel de Montaigne –
L’homme est l’œuvre d’une ombre et son œuvre est son ombre
« Pour le poète, et Jean-Claude Grosse est poète, le temps le plus désirable du verbe est, non le passé ni le futur, mais le présent. Et les dés désespérés des mots ne tiennent pas leur pouvoir seulement de la science et du style mais d’abord de l’amour. L’amour et la mémoire de l’amour, comme les chats de Schrödinger, ont plusieurs vies possibles. Chacune d’elles ne
se réalise que lorsqu’elle est exprimée. Alors, à force de mots justement proférés, le solstice d’été aux bords saphiques de l’Égée, Aphrodite aux seins de violettes, Hélène, la lyre d’Orphée, la tentation du labyrinthe inventent le seul langage voué à la durée. Il suffit qu’un baiser soit interdit pour toujours au poète – et désir, délire, dérive, plaisir sont faits œuvre par la parole éprouvée. »
Emmanuelle Arsan
-----------------------------------------
116 poèmes écrits, édités en 46 ans
aujourd'hui j'en supprimerais quelques-uns de la section poèmes engagés
quel con ai-je été de me croire en charge de changer le monde !
il m'a fallu atteindre 80 ans passés pour passer de connard à Bonnard
c'est donc un changement récent
il me semble aujourd'hui qu'il n'y a rien à changer, rien à ajouter, rien à retrancher
y en a un qui a dit (un physicien, je crois)
rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme
mais ce n'est pas de notre fait
croire au pouvoir de la volonté ajoute de la négativité
tout accepter
La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002
La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002
La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002
La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002
La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002
La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002
La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002
La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002
La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002
La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002

La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002

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L'impitoyable aujourd'hui / Emmanuelle Loyer

4 Décembre 2022 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #J.C.G., #agora, #développement personnel, #note de lecture, #pour toujours, #écriture- lecture

L'impitoyable aujourd'hui / Emmanuelle Loyer
L'impitoyable aujourd'hui / Emmanuelle Loyer

L'impitoyable aujourd'hui 

Emmanuelle Loyer 

Flammarion, septembre 2022

 

Ce livre est sorti à point nommé, alors que, suite au livre-labyrinthe Et ton livre d'éternité ?, je remets en question, en perspective, la plupart de mes croyances, de mes paradigmes historiques, scientifiques, métaphysiques, politiques et idéologiques.
Cela me fait du bien de voir s'effondrer ou basculer « mes » croyances, convictions, certitudes d'une soixantaine d'années. À 82 ans, tabula rasa. On ne sait rien. Grande humilité pour accepter le miracle de la naissance, le mystère de la mort, pour vivre la vie avec gratitude, pour respecter la vie dans sa diversité et son unité.

De ce champ de ruines, je ne sors pas effondré mais animé du projet : quoi à la place ?

Ayant pris conscience 

que tout est croyance, les certitudes ou vérités dites scientifiques, les preuves ou faits historiques, les arguments philosophiques et métaphysiques, les convictions politiques et idéologiques

que tout est récit, que ce que je prends pour le réel est l'effet du récit que je tiens sur ce que je crois être le réel et qui l'engendre

que ce sont les mots que j'emploie qui crée le réel, que les mots ne sont pas les traducteurs d'un réel pré-existant, objectif, extérieur

alors la tache devient celle-ci : quel récit veux-tu tenir aujourd'hui puisque tu es l'auteur du récit qui va donner sens ou valeur à ta vie, présence à ton réel ? Quels mots veux-tu utiliser pour créer ton réel ?

 

L'essai d'Emmanuelle Loyer ne répond en aucune façon à cette invention, fabrication du réel que je désire par les mots que j'utiliserai. Il a par contre un pouvoir de remise à l'heure des pendules. Les grands récits, récit national par exemple, s'effondrent, grâce à des frondeurs, des chercheurs de l'autre face des Lumières, des points aveugles des éclairages enseignés, appris sans grand esprit critique. Car il faut du temps pour que les ombres, les fantômes mis sous le tapis se fassent entendre. La révolution française est-elle vraiment une révolution libératrice, émancipatrice ? Liberté, égalité, fraternité, à quels prix ? Avec quels effets dans le monde ? La révolution industrielle anglaise est-elle la continuation technique et économique de la révolution politique française ? D'où vient la croyance au progrès ? D'où viennent les deux guerres mondiales de la 1° moitié du XX° siècle ? Devant ce qui s'appelle 

l'accélération de l'histoire au travers de la modification agressive des frontières dans l'Europe commencée avec l'aventure napoléonienne, suscitant par effets-boomerang la naissance de nationalismes revanchards, 

l'accélération des inventions techno-scientifiques, bouleversant en permanence le quotidien des gens, y a t-il de la résistance, de la résilience, de la survivance ? 

Quelles formes ont pris les manières de ne pas vivre avec son temps ?

 

Emmanuelle Loyer, historienne, ethnologue, lectrice d'oeuvres littéraires nous emmène chez le dernier des Mohicans avec Fenimore Cooper, le dernier trappeur de la taïga, Derzou Ouzala avec Vladimir Arseniev, dans l'île de Sakhaline avec Anton Tchekhov, en Amazonie, chez les Nambikwara avec leur dernier témoin Lévi-Strauss, chez ceux qui sont arrivés trop tôt ou trop tard, les déçus de l'histoire ayant perdu leurs illusions, n'ayant que la peau de chagrin de l'Histoire, ambivalents par rapport à l'Histoire au présent (Chateaubriand, Stendhal, Hugo), dans certaines campagnes françaises, à Nohant dans le Berry chez George Sand devenue grand-mère et sorcière après avoir créé et animé La Cause du peuple (3 N° en 1848), à Minot dans le Doubs où disparaissent les vieilles façons de dire et de faire de la laveuse, la couturière, la cuisinière avec Yvonne Verdier, sur l'Èvre, un affluent méconnu de la Loire avec Julien Gracq, dans l'empire austro-hongrois de La marche de Radetzky avec Joseph Roth, à Donnafugata en Sicile à l'achèvement de l'aristocratisme avec Giusepe Tomasi Lampedusa, à Gagliano où le Christ n'est jamais arrivé avec Carlo Lévi et Ernesto De Martino, à Višegrad sur le pont Mehmed Pacha Sokolović franchissant la Drina avec Ivo Andrić, en Angleterre dans les châteaux gothiques et maisons hantées de Marie Shelley, pendant que le temps devient horloger avec la mécanisation des métiers à tisser, modifiant le temps du sommeil avec Edward Palmer Thompson et Jacques Rancière, en Russie à Borodino dans Guerre et Paix de Tolstoï où Napoléon est vu par l'oeil de son serviteur, par le petit bout de la lorgnette évoquant le petit homme de la boucherie (le mot est dans le roman) et non le grand stratège et où avec Koutouzov, on saisit les mille et unes micro-décisions décidant du sort d'une bataille et d'une armée en déroute, boucherie produite par l'exaltation patriotique des nationalismes en formation et produisant des fous se prenant pour Napoléon, des hallucinés ayant l'angoisse de perdre la tête, d'être décapités (la terreur fut un gouvernement des émotions par les émotions, un déchaînement paranoïaque de politique dite de salut public), en Russie soviétique à Stalingrad avec Vie et destin de Vassili Grossman, en Allemagne année zéro avec Winfried Georg Maximilian Sebald, à Berlin à l'arrivée des troupes soviétiques avec une femme anonyme, dans une ville, aujourd'hui ukrainienne, Lviv, d'où sont issus les inventeurs (Hersch Lauterpacht, Raphaël Lemkin) de deux concepts juridiques : crime contre l'humanité, génocide (18 ans après ce qui s'appellera génocide arménien, décrit par Frantz Werfel dans Les Quarante Jours du Musa Dagh paru en 1933), Lemkin mettant le doigt sur le propre de cette guerre totale « cette guerre n'est pas menée par les nazis seulement pour des frontières mais pour transformer l'humanité à l'intérieur de ces fontières. », sur deux siècles (XIX-XX°) pour terminer par la longue durée étudiée par certains historiens (Lucien Febvre, Fernand Braudel), par la spécificité du temps des isolés (Proust dans sa chambre, Barthes au sanatorium), par la vieillesse vécue comme vita nova pendant une vingtaine d'années par George Sand ou Colette (L'étoile Vesper, 1946) ou Vita Sackville-West (Toute passion abolie, 1933), et par le voyage Dans la nuit et le vent de Patrick Leigh Fermor, 19 ans en 1934, parcourant entre 1933 et 1935 à pied et en diagonale, du nord-ouest (Rotterdam) au sud-est (Istanbul), en suivant deux voies fluviales, le Rhin puis le Danube, la face européenne de la Terre dont Bruno Latour fait un être vivant avec l'hypothèse Gaïa. 

 

Cet essai est tellement riche (l'énumération qui précède en donne un aperçu) que je ne cherche pas à en rendre compte, renvoyant chacun à sa lecture éventuelle.

L'impitoyable aujourd'hui / Emmanuelle Loyer
L'impitoyable aujourd'hui / Emmanuelle Loyer

Par contre, oui, tenter de dire quels mots je souhaite utiliser pour créer le réel dans lequel je désire vivre.

Et ce seront d'abord les mots de Lévi-Strauss, le témoin triste disant dans Tristes tropiques « Le monde a commencé sans l'homme et s'achèvera sans lui. » Mais ce constat, né de l'opposition entre les sociétés froides, les sociétés premières, et les sociétés chaudes (la civilisation moderne née à la Renaissance), particulièrement entropiques, désagrégatrices ne doit pas nous empêcher de jouer notre partie et de la jouer le mieux possible. Là Rousseau est préférable à Descartes. Celui-ci exprime les certitudes du moi (je pense donc je suis), Rousseau exprime la sortie des évidences du moi, l'identification à autrui, la pitié, aujourd'hui, on dirait la compassion ou l'amour inconditionnel (je panse donc je suis, je prends soin). « La conscience de la vanité du sens n'est pas un extincteur de la quête de compréhension, la conscience de la finitude n'est pas un découragement à l'action. » p.125

En 1976, Lévi-Strauss propose à la commission des lois de l'Assemblée Nationale, une charte du vivant, une réforme de la morale et de la politique fondée sur la beauté du monde et sa caducité. La valeur de toute chose est dans son irremplaçabilité. Il faut célébrer les choses mêmes en dehors de l'usage ou de la perception du sujet, dans la réconciliation de la morale avec l'esthétique et de l'homme avec la nature, dans le respect de tout ce qui naît, vit, meurt, de la bactérie à la galaxie en expansion accélérée, du virus au trou noir glouton.

Ce respect intègre le respect de soi, l'estime de soi, l'acceptation, l'affirmation de mon caractère irremplaçable, l'acceptation de mon unicité, de ma singularité.

D'où l'interrogation : Au lieu de se demander « qu'est-ce que je veux de la vie ? », une question plus puissante est : « qu'est-ce que la vie veut de moi ? ». Eckhart Tolle

 

En ce qui me concerne, j'opte pour une curiosité à 360°, circulaire horizontale, sphérique toutes directions, de la bactérie aux galaxies, des virus à nous et nous, à moi et moi,  à je et je est un autre,  à toi et tu...

L'infinie variété du vivant me passionne, l'infinie diversité des humains aussi.

Tout accueillir, tout ce qui se manifeste, sans jugement, sans tri, du salaud au saint, du monstrueux au sublime (il y a du monstre, du sublime, du normal, du foldingue... dans tout humain) ; si ça se manifeste, c'est que c'est nécessaire (y en a qui appellent ça hasard) 

qui suis-je pour trier ? ça c'est bon, ça c'est mauvais ?

du miracle de la naissance au mystère de la mort, se vivre comme goutte dans l'océan-comme océan dans la goutte, comme agitation des vagues de surface-comme immobilité des profondeurs

la VIE comme vibration information énergie


 

L'impitoyable aujourd'hui / Emmanuelle Loyer
L'impitoyable aujourd'hui / Emmanuelle Loyer

Le temps du confinement fut un temps de révélation de l'essence-ciel pour certaines et certains.

Le temps du confinement fut un temps de confinement pour tout un chacun du monde

dans la ronde arrêtée du monde

un temps imposé d'isolement par les pouvoirs du monde mais pas sur la ronde du monde

une prison mondiale pour humains, mais pas pour animaux, végétaux, minéraux

chacun chez soi, chacun pour soi

(à chacun de se situer entre les extrêmes de ces deux expressions pouvant comprendre tout le monde, chacun dans sa singularité de situation, de confortable à insupportable, chacun dans sa spécificité d'être, d'altruiste à égoïste)

avec rares autorisations de sorties pour s'approvisionner, s'oxygéner

sans pénurie organisée sans chaos engendré

sans insurrections provoquées sans révoltes spontanées

un parmi huit milliards de prisonniers soumis volontaires

nourris, blanchis, chauffés, « protégés » du virus

né d'une soustraction CAC 40 - COP 21 = COVID 19

facteur d'évolution comme tout virus mutant de variant en variant

contre lequel big pharma était en « guerre » totale

contre lui COVID 19 qui nous avait mis en grève générale

un parmi huit milliards

faisant ce qu'ils voulaient de leur temps d'isolement diversement vécu

faisant ce qu'il voulait de son temps de solitude aimée, oh oui, bien aimée !

même la route passant en dessous de chez lui avait été fermée pour deux ans

pas de travail contraint, de télé-travail

pas de travaux forcés d'intérêt général

découvrant ainsi la liberté intérieure, la fluidité de l'impermanence gommant la rigidité de toutes ses identités, découverte par bien des prisonniers avant lui

prisonniers dans des prisons d'états, dans leur propre prison ou celle d'une maladie, asile d'aliénés, sanatorium de tuberculeux

et qui ont soigné un peu le monde en souffrance parce que s'étant remis synchrones avec leurs rytmes internes et externes (coeur, respir, cycles journaliers, saisonniers...)

découvrant sa liberté créatrice jusque-là potentielle, l'activant, en usant

faisant ainsi de lui non un homme parmi huit milliards d'humains

vivant au petit bonheur la chance au gré des circonstances, des influences

mais un homme singulier, nécessaire car seul à créer ce qu'il créait dans l'humilité et l'intimité, au secret

par un petit pas de côté, un petit glissando de travers, un petit rire sur lui - on n'en finit pas avec l'enflure du moi-je-moi-je -, une larme d'empathie pour le virus traqué dans les labos

ils furent quelques-uns à découvrir un autre usage du temps consistant à prendre le temps, à faire comme si le temps était éternel

plus de compétences à avoir, d'originalité à exhiber, de domination à exercer, plus de temps compté, émietté, mesuré


 

du temps prenant son temps

c'est ce que quelques-unes redécouvrirent

que le temps c'est le présent, que c'est un présent

car c'est depuis toujours, le temps des femmes, le temps de l'attention au présent, au présent de l'enfant en demande, au présent de la vieille en souffrance

découvrir que l'éternité est dans le moment présent

pas dans regrets et souvenirs du passé

dans projets et désirs de lendemains qui chantent et dansent

ce fut ce qui jaillit de la prison mondiale


 

il n'y a rien à ajouter, rien à retrancher au monde

il n'y a rien à juger, rien à séparer

le bon grain de l'ivraie, le bien du mal, le beau du laid, le doux du cruel

tout est déjà là, dans sa diversité, ses contrariétés, ses complémentarités

avec ses effets-miroirs

l'autre détesté c'est moi, l'autre aimé c'est moi

et si tu me détestes, c'est toi et si tu m'aimes, c'est toi

tout est à cueillir, accueillir, recueillir

tout est partageable, tout est à partager

depuis je chante sans forcer la voix, léger comme murmure de filet d'eau, danse avec l'absente dans mes bras ouverts, goûte à ma cuisine-maison, déguste mes breuvages et infusions, redécouvre pissenlits, roquettes, herbes sauvages, baies de myrte, olives, champignons de mon terrain non cultivé

ils et elles chantent ; quelques-uns, quelques-unes ; les autres continuent à s'affronter

ils et elles dansent ; quelques-uns, quelques-unes ; les autres continuent à s'entr'envier

les quelques-uns ne croient même pas utiles de garder traces écrites, dessinées, peintes de leurs bonheurs

ce sont des bonheurs minuscules de vies minuscules centrées sur l'essence-ciel

ils se regardent, s'enlacent, s'embrassent, se caressent

ils se sentent regardés, enlacés, embrassés, caressés par tout ce qui existe, vit, meurt de la bactérie à la galaxie en expansion, du virus au trou noir glouton

ils sont en lien, reliés

ils tissent la tapisserie mystique de la dame à la licorne

ils sont un point à l’endroit, un point à l’envers de la grande tapisserie cosmique

les fleurs séchées égrènent leurs graines

de nouvelles germinations engendreront de nouvelles floraisons

le temps du confinement en prison mondiale a été pour certaines et certains le temps de la libération de leur puissance créatrice, génitrice de leur liberté intérieure, inaliénable.


 

Jean-Claude Grosse, le 4 décembre 2022, Le Revest

 

 

 

l'accueilleuse-guérisseuse et le chasseur, en cours d'écriture, j'ai le chasseur, manque la guérisseuse

l'accueilleuse-guérisseuse et le chasseur, en cours d'écriture, j'ai le chasseur, manque la guérisseuse

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apocalypse now

8 Novembre 2021 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #agora, #développement personnel, #pour toujours, #spectacle, #écriture- lecture

le trou noir qu'est tout un chacun

le trou noir qu'est tout un chacun

séquence initiale, finale, Willard attend-il une mission, l'a-t-il déjà accompli / le haut-commandement / la chevauchée pour faire du surf de Kilgore / Willard couvert de boue pour aller tuer Kurtz / Les derniers mots de Kurtz: l'horreur, l'horreur
séquence initiale, finale, Willard attend-il une mission, l'a-t-il déjà accompli / le haut-commandement / la chevauchée pour faire du surf de Kilgore / Willard couvert de boue pour aller tuer Kurtz / Les derniers mots de Kurtz: l'horreur, l'horreur
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Apocalypse now final cut

 

revu sur Arte Apocalypse now final cut

 

méditation sur « l’horreur », « l'horreur » expiré deux fois par le colonel Kurtz qui vient d'être assassiné par Willard, horreur non définie mais suffisamment vue sous toutes ces facettes (les mensonges des politiques, de l'armée, du haut-commandement, le Tout-Puissant s'adressant par radio aux ?, voulant faire exécuter Kurtz par Willard, mission secret défense, pour actions de guerre « malsaines »; les scènes de tueries : la chevauchée des hélicos, le massacre du sampang, l'affrontement avec l'invisible viet injurieux du pont de Do Lun, les décapités exposés par les zombies du colonel), méditation en noir absolu, le noir vantabrak, le noir des trous noirs absorbant toute lumière, toute clarté

mais on le sait aujourd'hui, trou noir laissant s'évaporer un infime rayonnement permettant de rendre transparente l'opacité de l'âme humaine saisie par la sauvagerie, la régression, en toute lucidité, jusqu'au bout, jusqu'à la mort car Kurtz désire mourir et par là échapper au mal absolu dont il est un des outils; sa mort, c'est sa rédemption, sa libération

l'horreur atteinte par le non-jugement, la mort atroce (par décapitation, par napalm, à l'aveugle) donnée sans aucun affect par des tueurs froids, en état second, en transe (possédés par thanatos et dépossédés de leur raison, de leur volonté) comme quand est mis à mort le buffle; c'est ce que la professionnalisation des armées cherche à engendrer, des tueurs expérimentés, froids, sans question sur le but et les moyens de la guerre (la fin justifie-t-elle les moyens ?), comme des robots, comme des James Bond multipliés par « 10 divisions » dit Kurtz avant l'aveu final « envoyez la bombe pour les exterminer tous », condamnation  en bloc et définitive de l'espèce humaine, comme des mercenaires, comme les fanatiques de toute guerre sainte; comme les monstres froids de la Terreur pendant la révolution ou contre-révolution française, décapitant à tour de bras au nom des Lumières, de la Raison universelle; ou la froide machine à terreur stalinienne, d'abord léniniste; ou les praticiens-théoriciens de la torture en Algérie ; ou les gardes rouges de la révolution culturelle maoïste ; ou les Khmers rouges de Pol Pot, sans oublier le fait massif du colonialisme et de l'esclavage...

cette phrase de Roxanne dite par Aurore Clément, en tout homme, il y a deux hommes: celui qui tue et celui qui aime (vrai pour une femme aussi d'après moi) dit assez les deux pulsions à l'oeuvre dans l'être humain, eros, thanatos et avec eros, les deux faces de la médaille

le premier dualisme freudien est celui des pulsions sexuelles et des pulsions du moi ou d'auto-conservation, lesquelles correspondent à des grands besoins comme la faim et la nécessité de s'alimenter ; la pulsion sexuelle se détache des fonctions d'autoconservation sur lesquelles elle s'étaye d'abord; le deuxième dualisme sera entre éros et thanatos

dit par Kurtz : « Dans l’esprit de tout homme, un combat se livre toujours entre le rationnel et l’irrationnel, entre le bien et le mal. Et le bien ne triomphe pas toujours »

en contre-point de ce noir absolu, la méditation partagée par Deepak Chopra est le pendant rose de la vie créative; la liberté que nous connaissons lorsque nous nous débloquons et entrons dans notre vie illimitée est la liberté spirituelle de notre vrai moi. Nous rayonnons cette liberté sous forme d'amour, de paix, de compassion et de joie. Cette lumière de notre moi créatif est notre don le plus précieux au monde, car elle unit, guérit et élève tous ceux qu'elle atteint

à quoi Sigmund Freud répond dans Malaise et civilisation, en substance : "On peut toujours unir, par les liens de l'amour, un nombre de plus en plus grand d'êtres humains, mais à condition qu'il en reste en dehors, pour recevoir les coups."

à méditer, sachant que c'est mon jugement qui crée la réalité; Freud en disant ce qu'il dit n'énonce pas une vérité objective, il crée une réalité avec les aimants et ceux auxquels ils portent des coups; l'horreur à laquelle a succombé Kurtz est née de sa façon de voir le monde qui n'est pas hors de lui

car nous ne sommes pas dans le monde, c'est le monde qui est en nous, nous le créons et le co-créons si on est dans le partage;

s'il y a une guerre à mener c'est contre soi-même

" La guerre la plus dure, c’est la guerre contre soi-même.

Il faut arriver à se désarmer.

J’ai mené cette guerre pendant des années, elle a été terrible.

Mais je suis désarmé.

Je n’ai plus peur de rien, car l’amour chasse la peur.

Je suis désarmé de la volonté d’avoir raison, de me justifier en disqualifiant les autres. Je ne suis plus sur mes gardes, jalousement crispé sur mes richesses. J’accueille et je partage.

Je ne tiens pas particulièrement à mes idées, à mes projets.

Si l’on m’en présente de meilleurs, ou plutôt non pas meilleurs, mais bons, j’accepte sans regrets.

J’ai renoncé au comparatif. Ce qui est bon, vrai, réel, est toujours pour moi le meilleur.

C’est pourquoi je n’ai plus peur. Quand on a plus rien, on n’a plus peur.

Si l’on se désarme, si l’on se dépossède, si l’on ouvre au Dieu Homme qui fait toutes choses nouvelles, alors, Lui, efface le mauvais passé et nous rend un temps neuf où tout est possible. "

Patriarche Athénagoras par Michel Schwab via Thierry Zalic

 

c'est ce qui se produit avec le capitaine Willard, assassin de Kurtz, tuant Kurtz non plus par obéissance à la hiérarchie comme rouage d'une machinerie mais parce qu'ayant étudié le dossier de cet officier, ayant vécu avec grande réserve, à distance tous les aspects de la guerre comme chaos d'où ne naît aucun nouvel ordre, ayant compris Kurtz de l'intérieur, par une forme d'empathie, il le massacre comme le désire Kurtz, lucidement sauvage pour le libérer de son destin de tueur 

alors Willard renonce à sa serpe, à son arme, au statut que les guerriers veulent lui reconnaître, renoncement les désarmant au sens propre

apocalypse now = initiation, rédemption, révélation au sens étymologique

 

je pense que je suis sous influence quand je suis réceptif à l'état du monde et que j'éprouve des sentiments de culpabilité; genre je suis un descendant d'esclavagistes, je suis d'un pays de colonisateurs et je m'en sens responsable, impuissant à effacer ce passé; il me semble que la solution est la compassion envers moi, les ancêtres-bourreaux et les victimes; ce sentiment de culpabilité n'est pas permanent: il est provoqué par des lectures, des connaissannces; idem pour le sentiment d'impuissance face à ce qui me semble être le devenir de l'humanité, un suicide collectif

le fait davoir une vision globale où je suis une partie du Tout, où le Tout est en moi, une vision globale me rendant responsable du Tout est sans doute une marque d'orgueil et la cause d'un certain mal-être qui ne m'empêche pas de savourer la vie au présent et dans ses détails

je vais tenter d'utiliser l'outil chamanique du dessin spontané pour laisser s'exprimer culpabilité invasive, responsabilité écrasante

dans ma relation aux autres, je me vois rayonnant, bienveillant; dans ma relation à la nature, je me vois attentif et sensible à la beauté, aux détails, émerveillé en touchant, écoutant, sentant; dans ma relation à mon corps, je m'aime, je n'ai pas de réserves, je me prends tel que je me vois, n'hésitant pas à me caresser, à me parler positivement

je suis pessimiste sur l'avenir de l'humanité; je suis facilement attristé (plus que révolté) par les malheurs qui frappent les personnes et les peuples; je ne crois plus aux capacités de changements par la politique, la révolution, la guerre, la paix et autres mouvements sociaux

sentiment de pessimisme profond quant à l'avenir, sentiment de culpabilité et de responsabilité en lien avec les atrocités commises par les hommes contre d'autres hommes, contre les femmes, les enfants, les animaux, la terre... ces sentiments me semblent des sentiments justifiés, justes, légitimes, honorables mais ils empêchent de vivre un peu le moment présent

 

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Chantier constituant/19 mars/19 H/Maison des Comoni

15 Mars 2019 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #J.C.G., #agora, #agoras, #écriture- lecture, #pour toujours

la Maison des Comoni (des comme au nid); citation de Thomas Jefferson
la Maison des Comoni (des comme au nid); citation de Thomas Jefferson
la Maison des Comoni (des comme au nid); citation de Thomas Jefferson

la Maison des Comoni (des comme au nid); citation de Thomas Jefferson

 2 intervention de Marilyne au théatre liberté (5mn)
après les questions auxquelles elle répond
(éclairage des vote et lieux de citoyenneté)
 
 
interventions de Norbert au théatre Liberté
 
intervention de Jean-Claude au théatre Liberté
 
intervention de Klyde au théatre Liberté

après l'agora 2019 au Zénith Oméga du 18 janvier, 1300 participants avec en particulier Etienne Chouard

après l'assemblée citoyenne au Royal du 20 janvier pour tenter de fédérer les différents groupes de GJ, 100 participants

après les deux débats culture et citoyenneté, 

le 17 février au Théâtre Liberté, 150
et le 25 février à Châteauvallon, 60
dont on peut espérer qu’ils se poursuivront 
en tenant compte des propositions qui ont pu être faites de plus d’horizontalité, de plus de participation citoyenne aux décisions (festival des possibles, école du gai savoir)
après "le grand débat national" organisé par une députée LREM avec un ministre LREM au Palais Neptune, 250 participants le 11 mars

 

le mardi 19 mars à 19 H  les citoyens et GJ intéressés par leur pouvoir constituant disposeront de la Maison des Comoni au Revest pour un chantier constituant

 

la jauge est de 200
on sera efficace si on est entre 80 et 100
venez avec vos cahiers, stylos, propositions, réflexions
vous pouvez utiliser ou pas le cadre du one man show national
4 axes 
la transition écologique, 
la fiscalité et les dépenses publiques, 
la démocratie et la citoyenneté, 
l’organisation de l’état et des services publics
vous pouvez aussi prendre le petit livre rouge à 4 € de la constitution et voir ce qu’il faut abroger, supprimer, modifier …
vous pouvez aussi être constituant comme en Irlande, en Suisse ...
 
c’est un chantier ouvert aux GJ et aux citoyens, revestois en particulier, mais pas seulement
chacun y vient en son nom propre
 
nous ne nous sommes pas souciés du calendrier du one man show national car le débat est ailleurs, à l’initiative des gens et des GJ
d’autant que pas mal de gens ont fait l’expérience de la non-prise en compte sur le site national de leurs doléances
et que nous avons déjà été averti que ce débat ne changerait rien au cap au pire décidé par le méprisant (privatisations à tout va, braderie des acquis du CNR…)
le cap au pire est au pouvoir
le cap du changement est dans la rue, sur les ronds-points et partout où ça grenouille, cogite, discute, fait lien 
combat à durée indéterminée, asymétrique 
et dans l'asymétrie, c’est souvent celui d'en bas qui gagne (Indochine puis Viet-Nam, Algérie…), pas toujours 
donc pas de triomphalisme
 
une réunion préparatoire (pas du style politburo qui chapeaute, donc ouverte à qui est intéressé) aura lieu samedi 16 mars à 17 H au bar Le Terminus à la gare 
après la manif sur le climat
qui est peut-être le moment clef d’une forme de convergence nationale et mondiale
 
il y a des ateliers qui ont déjà travaillé, sur le RIC notamment (Référendum d'initiative citoyenne à 4 fonctions, constituante, législative, abrogatoire, révocatoire)
7 séances de travail de l’atelier de la maison de la méditerranée, 
lisibles sur la page FB gilets jaunes permanence toulon
ainsi que la synthèse des cahiers de doléances des citoyens de Toulon, renvoyés à la maison de la méditerranée par la municipalité
le but sera de partager les travaux des uns et des autres
(en vue d’une synthèse ?)
et de travailler à la votation du 14 juillet à l’initiative des citoyens  proposée sur FB par le groupe fermé dont on peut devenir membre
Action RIC national pour le 14 juillet 2019
le  dossier Action RIC en PDF est téléchargeable sur la page FB du groupe

on peut aussi trouver matière sur la page pour faire émerger un Mouvement révolutionnaire général

https://www.facebook.com/groups/1475089759293969

ou sur la page RIC PACA

https://www.facebook.com/groups/220992852135820

ou sur la page coordination nationale gilets jaunes arts et cultures

https://www.facebook.com/groups/366776560784820/

et pour savoir de quoi on parle ce montage à partir de différentes interventions d'Etienne Chouard

https://www.facebook.com/100009945343886/videos/827965017545002/

et pour donner envie de légiférer, ce fait divers racontée par une FEMEN, vécu le 14 mars à Toulouse

déjà 31 femmes tuées par violences conjugales depuis le début de l'année

C’EST « MA » FEMME ! 

Il est tôt. Dans le métro direction "Balma Gramont". 
Je consulte, à moitié endormie, mes notifications, quand un couple s’installe en face de moi. 
Dès le premier arrêt, la jeune femme se lève déterminée à sortir. L’homme l’arrête, guoguenard, et la rassoit. 
Devant mon regard étonné, il s’excuse d’un large sourire. 
Deux arrêts plus tard, la femme tente à nouveau de partir. Il lui barre le passage de tout son corps, et la pousse à se rassoir. 
Aussitôt, il m’adresse un éclat de rire et me fait un clin d’œil complice. 

Mon « Ça t’amuse ? » le cloue sur place ! 
Son air amusé se mue en un masque terrifiant. 
Je continue : 
-"Tu fais quoi là, tu la lâches et tu laisse la partir !"
Furieux, il saisit la femme par le cou brusquement. Elle pousse un cri de douleur. Et il la maintient contre lui, soumise et à sa merci. Elle a du mal à respirer. Elle est tétanisée.
Je m’emporte, lui hurle de la laisser tranquille. Il est tellement sidéré qu’il la relâche et me répond comme si cette phrase allait tout excuser et tout justifier : 
-"C’est ma femme !"

Impassible, je lui réponds qu’elle est la femme de personne et qu’elle ne s’appartient qu’à elle-même. Il bat en retraite. 

Je m’adresse alors à la jeune femme: 
- Madame, cet homme est violent, voulez vous que j’appelle la police ? Elle secoue la tête. 

- "Madame, regardez moi ! Est ce que vous avez peur ?"
Elle balbutie un oui étouffé dans un mauvais français. 

- "Madame, je peux vous aider, venez avec moi."
Elle me regarde avec des yeux désespérés. 
Je suis bouleversée. Elle me souffle, appeurée : "impossible".

Son conjoint se met à m’insulter. 
- "Appelle la police si tu veux ! T'es qui pour me parler comme ça. Elle est à moi." Je lui tiens tête. Je suis furieuse. Tout le wagon me regarde.
Puis arrive le terminus, il saisit sa femme par le cou et sort, dominant. 
Au passage des barrières, il salue l’agent de sécurité du métro d’un signe de la tête. 

Mon sang ne fait qu’un tour, j’interpelle l’agent Tisséo ! 
- "Monsieur, vous connaissez cet homme, donnez moi son nom. il est violent !"
L’agent marmonne que c'est un habitué. 
Je lui explique tout. 
-"Si vous le connaissez c'est qu'il travaille dans vos services ! "
Il nie en me répondant qu’il n’est pas flic, mais qu’agent. Qu’il ne peut rien faire ! 

-« Alors à quoi servez-vous ds ce cas ? Vous êtes là pour faire la sécurité ou pour saluer les agresseurs ? »

Il hausse les épaules. 
Une colère sourde va m’habiter toute la journée. Mais je vous jure que le regard de cette femme, à jamais...

Sophia Antoine,

ce texte paraîtra dans le livre barricade, le livre ronds-points concocté par la petite barque, jeune maison d'édition de Gardanne

pièce créée au Revest en 2003 à la Maison des Comoni, deux soeurs victimes d'inceste, l'une ne veut rien entreprendre contre le beau-père, l'autre finit par se rendre à la police, la mère "découvre", le beau-père les déclare consentantes

pièce créée au Revest en 2003 à la Maison des Comoni, deux soeurs victimes d'inceste, l'une ne veut rien entreprendre contre le beau-père, l'autre finit par se rendre à la police, la mère "découvre", le beau-père les déclare consentantes

sans oublier les morts de la rue,

déjà 77 pour 2019, 566 pour 2018

HOMMAGE AUX MORTS DE LA RUE 
2 AVRIL 2019. JARDIN VILLEMIN

11H30 A 14H30 
RASSEMBLEMENT A 13H
 

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GJ en atelier théâtre/atelier théâtre avec GJ

26 Janvier 2019 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #J.C.G., #agora, #agoras, #cahiers de l'égaré, #pour toujours, #spectacle, #écriture- lecture, #Gilets Jaunes, #théâtre, #assaisonneur

pour un vol de voix sur la culture et l'art mettant en jeu les silencieux sous regard médusant
pour un vol de voix sur la culture et l'art mettant en jeu les silencieux sous regard médusant
pour un vol de voix sur la culture et l'art mettant en jeu les silencieux sous regard médusant
pour un vol de voix sur la culture et l'art mettant en jeu les silencieux sous regard médusant
pour un vol de voix sur la culture et l'art mettant en jeu les silencieux sous regard médusant

pour un vol de voix sur la culture et l'art mettant en jeu les silencieux sous regard médusant

« Il y eut un temps où les textes qu'aujourd'hui nous appellerions «littéraires» (récits, contes, épopées, tragédies, comédies) étaient reçus, mis en circulation sans que soit posée la question de leur auteur; leur anonymat de faisait pas de difficulté. » 
Michel Foucault

Contre l'appropriation du logos par la pensée propriétaire de la personne et de l'auteur :

« C'est pourquoi il faut s'attacher au commun. Car le commun unit. Mais lors que le logos est commun aux êtres vivants, la plupart s’approprient leur pensée comme une chose personnelle. »
Héraclite, traduit par Simone Weil, La source grecque, Paris, Gallimard, 1953.

voici un dialogue rendu possible par vol de voix sur FB;

merci aux trois jouteurs jaculatoires : Jean-Marc Adolphe, Salvatore Spada et Tristan Laouen auxquels j'ai volé leurs phrases sans demander d'autorisation ni payer de droits d'auteur, l'assaisonneur

Jean-Marc Adolphe

- La pièce est passionnante, c’est une grande improvisation collective, elle s’écrit au fur et à mesure des jours qui passent, dans le cours des choses.
Aujourd’hui , samedi 26 janvier 2019, c’est l’acte 11. 
Quelques temps forts, ici ou là, ici et là. Une nouvelle revendication est apparue dans les cahiers des doléances du mouvement des Gilets jaunes : meilleure répartition des richesses en général et du don d’ubiquité en particulier.
Le Cours des choses s’invitera ainsi, ce samedi 26 janvier : 
- Au Centre National de la danse, à Pantin, à partir de 14 h : perturbation climatique de l’ « occupation artistique » programmée tout au long de ce week-end en ce noble « établissement public industriel et commercial ».
- Au Théâtre Liberté, à Toulon à 18 h, manifestation non autorisée dans le hall du théâtre, joute oratoire sur le sujet suivant : « La culture est-elle une exception ? »
Ces deux événements sauvages donnent le signal de départ d’un vaste mouvement d’occupation des théâtres, centres d’art, etc., à compter du lundi 28 janvier. Mode d’emploi : armez-vous, de patience, de conviction et de détermination ; invitez-vous par petits groupes de 3 minimum, dans les espaces publics des espaces publics à notre portée ; faites agora sur tous les sujets sensibles ; convoquez presse locale et réseaux sociaux. Faisons table d’hôtes et arbre à palabres, instaurons le débat à hauteur de voix, et décrétons que chaque voix compte. 
Le Cours des choses sera en outre, tout au long de ce week-end, à Commercy, dans la Meuse pour l’assemblée des assemblées, pour préparer le Jour J des situations que nous n’avons pas anticipé ; et ce jour à partir de 17 h, à Paris, Place de la République, pour la première Nuit jaune.

La section zapatiste du nord Gâtinais, les forces insurgées des Cévennes maquisardes, le Front de libération des arbres fruitiers, le conseil d’admirations du festival des humanités, l’assemblée générale des pingouins de Wallis et Futuna alliés aux zoulous de toutes les banlieues du monde, l’armée librement consentie de la résistance donquichottesque, le Parti poétique des outremers en archipel, la confrérie des danseurs de Saint-Guy, l’alliance oblique des chtis d’Alsace-Lorraine, des basques d’Occitanie, des Antillais de Moscou-sur-Hudson, les vigies de la clairière du grand n’importe quoi, le comité de jumelage entre les communes de Pasolini et Jankélévitch, la délégation interministérielle au nomadisme gitan, le cercle des poètes qui apparaissent, l’Organisation des Nations Désunies, le mouvement des coquelicots bleus, la confédération internationale pour la résurgence des lucioles, les instances dirigées de l’atelier Refaire le monde, le gouvernement en exil de l’organisation secrètement libertaire Hop, là, boum, se joignent d’ores et déjà au Cours des choses, pour écrire collectivement le chant constituant de ce qui nous constitue. 
 Ce qui nous rassemble est plus important que ce qui nous divise. Faisons immense débat jusqu’à renverser la table verte des négociations qui ne mènent à rien et dresser le couvert des agapes qui nous attendent, 
La présidence par intérim du Cours des choses, en tournée du gouvernement en exil de toutes les évidences passées, constitué de 7 sages et de sagesses, avec juste un zeste de folie, se réunit en conclave tout le week-end, dans la plaine de la Mitidja, en pays berbère, histoire de commencer à dresser l’Atlas des désirs en attente de réalisation.
Bonne journée à toutes et tous. Faisons place nette à la révolution qui vient.

 

 

 
 

Salvatore Spada

 

- Acte I acte II acte III acte IV acte V acte VI acte VII acte VIII acte IX acte X acte XI > notre théâtre s'écrit ailleurs > le confortable fauteuil pour bien dormir dans la salle de théâtre est resté vide de sa représentation bourgeoise au petit scandale à succès. Le théâtre de la représentation aura été court circuité > l'atelier de théâtre n'a plus besoin de son public numéroté, l'atelier de théâtre se fait sans public ajouté ? L'atelier de théâtre a déserté les salles de théâtres ? Vas-tu au théâtre ? Non je fais atelier de théâtre. L atelier de théâtre rencontre sa sortie de la société du spectacle?

On ne fait pas du théâtre sans oser court-circuiter son propre dispositif de pouvoir. Notre art sera alors art du court-circuit sans public ajouté. Vidons les confortables fauteuils de théâtre et osons l'atelier > non plus finalisé à la scène bourgeoise avec public ajouté > l'écriture passe ailleurs. C'est le fait même que l'écriture de théâtre passe ailleurs que dans les salles de théâtre que notre atelier de théâtre vide les salles de théâtre de son dispositif de pouvoir.

 

Tristan Laouen

 

- Et si le silence, relatif ou assourdisssant selon, du milieu artistique et culturel face au mouvement des gilets jaunes avait son explication dans le fait que l’art et la culture sont devenues en France depuis 30 à 40 ans de nouvelles formes de gouvernementalité des populations qui rêvent de publics spectateurs et consommateurs et ne sont jamais autant satisfaites que quand elles parviennent à faire assoir des publics pour leur servir la soupe ?

 

La politique et la consommation culturelles ont pour objectif de former et d’encadrer le peuple et sa volonté générale, qui manquent tous deux, pour leur substituer des publics assis et spectateurs, gouvernés par leurs opinions.
Les publics assis et spectateurs existent partout là où le peuple se gouverne par la toxicomanie de la doxa et l’immobilisme inoffensif de la consommation culturelle.
Les publics assis et spectateurs applaudissent au spectacle du monde tel qu’il va, comme les ânes vont aux urnes, les moutons au supermarché, les fourmis au travail, les sourds aux scènes de musiques actuelles et les philosophes à l’université.

 

Sarkhosny inaugurait jeudi 13 octobre 2011, le centre Pompidou mobile à Chaumont sur Marne, deux jours avant le 15 octobre 2011, date annoncée de la révolution mondiale . Devant des toiles de Klein, de Picasso, de Matisse, il a déclaré, avant de railler les propositions d’augmentation du budget de la culture de T’art’inn Aubry : « La culture est la réponse à la crise. Quand il y a crise, drame, aller au musée, au spectacle vivant, c’est la solution ». Reprise présidentielle du « supplément d’âme » de Bergson, malgré les dénégations, surajouté à la catharsis d’Aristote quand ce n’est pas plus trivialement le « panem et circenses » de Juvénal et des césars de la Rome antique.
Sarkhosny réaffirme aujourd’hui la politique culturelle comme nouvelle forme de gouvernementalité (Foucault) des sociétés de contrôle (Deleuze). Certes, Sarkhosny fait figure d’amateur en comparaison de l’orfèvre que fut Jack Langue. Mais ce qui s’installe, à droite comme à gauche, par delà les sociétés disciplinaires d’autrefois, c’est la culture comme substitut à la politique tout court, un énorme outil de dépolitisation se parant des vertus de l’émancipation intellectuelle. Car la démocratie du tout culturel nous plonge tous les jours dans un bain ludique et anesthésiant qui prend le relai de la propagande informationnelle. Celui du présent perpétuel de biens culturels à disposition qui nous donne l’illusion de savoir et de choisir, qui fait de nous des humains cultivés, repus, satisfaits et bientôt pétrifiés … Les publics harcelés par la nouvelle armée des « médiateurs culturels » sont partout conviés à se mettre en rang dans les queues des musées, à payer pour s’assoir au spectacle avant qu’on leur serve la soupe. Et le théâtre, le centre d’art contemporain, la scène de musiques actuelles, le cirque politique et médiatique et les écrans, fusionnent dans un parc de loisirs étendu désormais aux dimensions du monde.
Nausée soudain. L’art peut-il quelque chose au visage de méduse de la culture ?

 

« Plus l'homme cultive les arts, moins il bande.
Il se fait un divorce de plus en plus sensible entre l'esprit et la brute.
La brute seule bande bien, et la fouterie est le lyrisme du peuple. »
Charles Baudelaire, Mon coeur mis à nu.

Gilets jaunes - La belle et la bête (#Apprivoiser)

GILET JAUNE·DIMANCHE 20 JANVIER 2019

Candide : Qui est cette nageuse qui défie ce grand requin blanc?

Marianne : Ocean Ramsey, une biologiste marin.[1]

Candide : La réalité dépasse parfois la fiction.

Marianne : A vrai dire, elle la dépasse toujours. Car il se trouve toujours des hommes et des femmes pour faire dévier le “réel” de sa trajectoire et ringardiser en quelque sorte la fiction que l’on tenait jusqu’alors pour la réalité. C’est vrai en sciences mais c’est vrai aussi s’agissant de nos trajectoires existentielles.

Candide : De quelle fiction parles-tu?

Marianne : De celle que nous projetons sur l’écran de notre pensée réfléchissante. Rappelle-toi, le monde est un vaste miroir dans lequel nous nous mirons. Soit nous admettons que l’image qu’il nous tend est la conséquence de notre façon de l’envisager, et décidons de réformer notre entendement pour changer l’ordre des choses ; soit nous brisons le miroir et nous perdons toute chance de nous amender et par la même de transformer le monde... En l’espèce, cette jeune nageuse que nous voyons sur la photo a décidé de changer l’ordre des choses, celui qui tend à réduire le requin à sa réputation de mangeur d’hommes. Spinoza a fait la même chose, mais avec l’homme.

Candide : Que veux-tu dire?

Marianne : Que Spinoza s’oppose explicitement à Hobbes selon lequel l’homme, dans l’état de nature, est un loup pour l’homme, autrement dit un prédateur, et qu’il faut en conséquence “accorder au Léviathan, à l’Etat sécuritaire, tous les moyens nécessaires pour le dompter.”[2]. Spinoza n’est pas un bisounours. Il sait que l’homme est envieux par nature et que « si nous imaginons que quelqu’un prend de la joie à un objet qu’un seul peut posséder, nous nous efforcerons d’obtenir qu’il n’en ait plus la possession[3] » Mais contrairement à Hobbes, Spinoza pense qu’il est dans la nature de l’homme de s’amender et de transformer les passions mauvaises en vertus. Mieux : pour Spinoza, c’est l’Amour qui est cause de tout. C’est parce que “ tous veulent être loués ou aimés par tous [qu’]ils se tiennent tous réciproquement en haine. »[4] Comprendre nos affects, apprivoiser notre véritable nature, c’est se donner la possibilité de transformer la haine en amour, la peur en courage, l’avarice en générosité, etc. et de faire que l’homme devienne “un dieu pour l’homme”! [5] Mais pour cela, il faut s’apprivoiser. Apprivoiser sa nature véritable et apprivoiser l’autre, l’altérité, qui souvent nous apparaît de prime abord comme une menace.

C’est ce qu’a fait Ocean Ramsey. Elle a apprivoisé sa peur et le requin, refusant de réduire ce dernier à son statut de prédateur :

Si le pouvoir était mû par des sentiments aussi honorables que ceux de cette biologiste marin, il chercherait à apprivoiser sa peur et le mouvement des Gilets jaunes.

Candide : De quoi le pouvoir peut-il bien avoir peur?

Marianne : Ne sous estime pas la peur des élites. Leur peur est d’autant plus grande qu’ils ont beaucoup à perdre, leurs privilèges mais aussi et surtout la haute estime qu’ils ont d’eux-mêmes. Apprivoiser les Gilets jaunes, ce serait comme admettre que leur parole est légitime. Or pour les élites, toutes les paroles ne se valent pas. Elles incarnent, du moins le pensent-elles, la voix de la raison tandis que le peuple exprimerait celle des passions.

Candide : Et ce n’est pas le cas?

Marianne : S’il en était ainsi, elles feraient en sorte de ne pas exacerber les passions mauvaises parmi les gens du peuple. Or que cherche le Président en désignant les Gilets jaunes de “foule haineuse” et en les qualifiant d’homophobes, de racistes, d’antisémites, de séditieux , si ce n’est à faire du mouvement une menace et à nourrir dans l’opinion un sentiment de Haine et d’Angoisse ? Ce n’est pas pour rien que les hommes de pouvoir, et les médias qui les soutiennent, jouent sur la peur. Ayons à l’esprit que le JT de TF1 ouvre depuis de très nombreuses années sur une musique angoissante, tirée du film Les dents de la mer :

Candide : Quel est leur but?

Marianne : Provoquer la sidération et donc le sentiment d’impuissance et la soumission. La sidération, c’est lorsque « le désir d’éviter [un] mal futur est réprimé par la peur d’un autre mal, de sorte qu’on ne sache plus celui qu’on préfère, […] notamment lorsque les deux maux que l’on craint sont parmi les plus grands »[6] En l’espèce, il s’agit de réprimer par l’escalade de la violence le désir des Gilets jaunes d’échapper au destin que leur préparent les élites, dont ils pensent qu’il est sans avenir, à tort ou à raison.

Candide : Que peuvent faire les Gilets jaunes pour ne pas tomber dans ce piège?

Marianne : Apprivoiser leurs propres peurs et apprivoiser ceux qui leur sont hostiles.

Candide : Comment fait-on?

Marianne : Le renard de Saint-Exupéry nous aide à y voir clair : apprivoiser, « ça signifie “créer des liens” », dit-il au petit prince.

Candide : Créer des liens?

Marianne : Oui, comme la Belle et la Bête. Au début, la Bête est repoussante. Mais peu à peu, la Belle apprend à vivre avec la Bête, et même à l’apprécier. Sa peur se dissipe à mesure que leur relation devient plus harmonieuse. Ils finissent par se compléter et avoir besoin l’un de l’autre. Jusqu’à l’épisode final où, surmontant ses dernières réticences, la Belle embrasse la Bête, métamorphosant celle-ci en Prince, qu’il n’avait jamais cessé d’être.

Candide : Qu’il n’avait jamais cessé d’être?

Marianne : Oui, comme le requin n’a jamais cessé d’être du Prince. Mais c’est nous qui l’habillons de l’habit du prédateur. A ce titre, il est dangereux. Mais il est une autre façon de le voir et de se comporter avec lui. Alors le requin, respecté dans sa dimension princière, n’est plus du tout le même. Comme le dit le petit prince à l’aviateur : “On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.”

Bien sûr, il reste très dangereux pour qui ne l’a pas apprivoisé, autrement dit pour qui n’a pas appris à le connaître. Comme le dit très justement Ocean Ramsey, faisant sienne une phrase de l’environnementaliste Baba Dioum : « les gens ne protègent que ce qu’ils aiment et ils n’aiment que ce qu’ils comprennent.» Voilà qui fait singulièrement écho à la doctrine de Spinoza pour qui l’Amour coïncide avec la Connaissance. Et c’est pourquoi le conseil d’Océan (!) au titan révolté Prométhée résonne encore avec tant de force à nos oreilles : “Connais-toi toi-même, et, t’adaptant aux faits, prends des façons nouvelles.”

Mettre fin à la domination et à la prédation excessive des hommes, cela passe par nous apprivoiser les uns les autres. Cela suppose des lieux où il est possible de se côtoyer sans décliner son identité, sans qu’il soit besoin de dire qui on est, pourquoi on est là, sans avoir à se justifier. C’est ce que font les Gilets jaunes sur les ronds-points. Des liens se créent. Sur quoi déboucheront-ils? Sur quelque chose de peut-être totalement inédit.

(A suivre...)

Notes :

[1] http://oceanramsey.com/

Voir aussi : https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/01/18/des-plongeurs-nagent-avec-un-requin-blanc-de-six-metres-de-long-au-large-d-hawai_5411000_3244.html

[2] https://mailchi.mp/timetophilo/lhomme-peut-il-tre-un-dieu-pour-lhomme

[3] Prop.32, Partie III, Ethique [4] Scolie, proposition 31, partie III, Ethique [5] Scolie, proposition 35, partie IV [6] Scolie, proposition 39, partie III, Ethique

 

" MACRON DANS SON BUNKER , Le JDD du 27 janvier 2019
par Gilles Revault d'Allonnes

EXCLUSIF - Du saccage de l’Arc de Triomphe, le 1er décembre, à l’allocution télévisée d'Emmanuel Macron, le 10, comment l’Elysée a vécu une crise sans précédent.

Sous la Ve République, c'est une première. Vendredi 7 décembre, les collaborateurs qui seront de permanence le lendemain visitent un secteur du palais de l'Élysée qui leur est d'ordinaire interdit. Brigitte Macron s'est jointe à eux. À la veille de l'acte IV du mouvement des Gilets jaunes, le petit cortège, guidé par des hommes du service de sécurité, accède au fameux PC Jupiter, le bunker ultrasecret réservé au Président et à son état-major en cas d'attaque thermonucléaire. "On nous a expliqué qu'en cas d'alerte c'est là qu'il faudrait peut-être se réfugier", indique un témoin.

Le samedi précédent, des manifestants ont déferlé sur les avenues qui mènent à la place de l'Étoile et pris d'assaut l'Arc de Triomphe. Saccages, flammes, charges violentes contre les CRS. Certains ont lancé des appels à marcher sur l'Élysée. Les plans des égouts du quartier circulent sur les réseaux sociaux, un vent d'insurrection souffle sur la capitale. Même les gendarmes du commandement militaire de la présidence n'en mènent pas large. Et si, la prochaine fois, les émeutiers réussissaient à forcer la porte?

On s'est vraiment cru à la veille du 10 août 1792

"Ce jour-là, on s'est vraiment cru à la veille du 10 août 1792", poursuit le même collaborateur, en référence à la prise des Tuileries, tournant de la Révolution qui précipita la chute de la monarchie. Dans les ministères, l'atmosphère est tout aussi pesante. "On m'a demandé d'enlever de mon bureau tous les documents confidentiels et d'emporter mon ordinateur, au cas où, raconte un conseiller. Ça en dit long sur le climat du moment."

Un "Crève !" dont il parlera longtemps
Au moment de l'attaque contre l'Arc de Triomphe, Emmanuel Macron était à Buenos Aires pour le G20. Dès sa descente d'avion et sans même faire un crochet par l'Élysée, le dimanche 2 décembre, il s'est rendu dans le quartier dévasté des Champs-Élysées. Il y a essuyé des sifflets. Le mardi soir, il est parti pour Le Puy-en-Velay, où la préfecture de la Loire venait d'être incendiée par des Gilets jaunes. L'étape a tourné au cauchemar. Un enragé s'est jeté sous les roues de sa voiture pour bloquer le passage, puis des agents préfectoraux, que des casseurs avaient menacé de "griller comme des poulets", sont tombés dans ses bras, en pleurs.

À la caserne de gendarmerie, le chef de l'État doit sortir par l'arrière afin d'éviter les Gilets jaunes regroupés devant le bâtiment. Scène stupéfiante : le Falcon présidentiel doit même décoller en urgence parce que des manifestants s'approchent de l'aérodrome ; il devra redescendre peu après pour embarquer précipitamment le chef de l'État et son staff. Et puis il y a les huées, les injures lancées sur le passage de son véhicule, et ce mot terrible quand il a baissé la vitre de sa portière : "Crève !" Choqué, il en parlera à tous ses proches les jours suivants.

Les gens sont arrivés à un degré de haine qui interpelle

"Les gens sont arrivés à un degré de haine qui interpelle", s'inquiète-t-il. Un de ses familiers résume : "Macron n'était jamais allé sur un rond-point. Là, il a vu des gens déchaînés face à lui, c'était la première fois." Un autre ajoute : "Ce jour-là, il a découvert la vraie haine des irréductibles." Le Président tombe de haut. Sibeth Ndiaye, sa conseillère pour les relations avec la presse, confie le soir même aux macronistes de la première heure avec qui elle dîne : "On vient de vivre un niveau de violence hallucinant."

Brigitte Macron, la plus choquée
La plus bouleversée, c'est Brigitte Macron. Elle ne comprend pas que l'image de son mari soit à ce point dégradée sur les ronds-points occupés, sur les banderoles, dans les slogans. Aux critiques haineuses portées contre lui, elle répond : "Ce n'est pas lui!" Mais elle semble d'autant plus désorientée qu'elle aussi est la cible de propos outrageants. Ce qui renforce le désarroi du Président. "Il est très touché pour Brigitte, comme Pompidou l'avait été pendant l'affaire Markovic", décrit un proche (en allusion au scandale de 1968 dans lequel les calomnies couraient sur la vie privée de l'épouse du Premier ministre). "Elle vivait un truc inattendu, ajoute ce témoin, disproportionné et d'une violence inouïe…"

Il est très touché pour Brigitte, comme Pompidou l'avait été pendant l'affaire Markovic

Pourquoi tant de haine? La question est posée, en réunion de cabinet, cette semaine-là, par un conseiller : "Connaissant le Président, sa qualité humaine, son empathie, sa chaleur, comment se fait-il que beaucoup de Français ne le supportent plus?" Le secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler, a opiné : "Tu as tout à fait raison !" Mais personne n'a donné la réponse. Encore moins une solution pour y remédier. Hormis, peut-être, la nécessité pour Macron de faire momentanément profil bas. L'intéressé a reçu le message : si c'est sa personne qui déclenche la rage, mieux vaut disparaître des écrans, au moins quelques jours. Rester caché.

Deux semaines plus tard, il renoncera d'ailleurs à aller se recueillir le 8 janvier sur la tombe de Mitterrand à Jarnac, en Charente, comme il l'avait envisagé, à l'occasion du 23e anniversaire de sa mort. Un simulacre de procès tenu par des Gilets jaunes à Angoulême suivi de la décapitation à la hache d'un mannequin à son effigie l'en dissuadera. En ce début décembre, les ministres, eux aussi, annulent pour raisons de sécurité des déplacements prévus en province. Avec le mutisme présidentiel, l'exécutif semble tétanisé. Un ministre en témoigne : "Il y avait une grande paralysie parce que tout le monde attendait l'oracle. On attendait que le Président nous dise ce qu'il fallait penser…"

Quand Le président ne sait pas quoi dire
Mais Macron ne parle pas. En fait, il ne sait pas quoi dire. Le 15 novembre, juste avant l'éclosion du mouvement des Gilets jaunes, il a parlé sur TF1, en direct du porte-avions Charles-de-Gaulle. Son aveu d'impuissance – "Je n'ai pas réussi à réconcilier les Français avec leurs gouvernants" – a fait un flop. Qu'ajouter, maintenant que ce divorce s'est changé en fureur? Des ministres sont sortis troublés d'une réunion à l'Élysée ; deux racontent avoir vu le chef de l'État "livide, agité, parlant à toute vitesse en faisant des gestes brusques, on ne l'avait jamais vu comme ça".

Pour la première fois, il a eu l'air dépassé par les événements

Soudain, le superprésident paraît fragile, amoindri. Un de ces ministres ajoute : "Avant, il avait toujours réponse à tout ; cette fois, il cherchait mais il ne trouvait pas, il hésitait. Pour la première fois, il a eu l'air dépassé par les événements." Un de ses amis s'en émeut : "Il a maigri. Quand tu le touches, il n'y a plus rien…" Le président du Sénat, Gérard Larcher, qui s'entretient plusieurs fois avec lui, au téléphone ou de visu, durant cette période, confie à son entourage l'avoir trouvé fatigué et fébrile. À la fin d'un de leurs tête-à-tête, Macron l'a surpris en lui agrippant le bras et en lui soufflant : "Vous ne me lâchez pas, hein?"

L'exécutif au bord de la crise de nerfs
Édouard Philippe et Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur, sont envoyés au front. Objectif : montrer que la priorité du pouvoir est de rétablir l'ordre face aux fauteurs de troubles. "On pense qu'on peut casser le mouvement sur le sécuritaire", décrypte un conseiller. Castaner est encouragé à se déployer dans les médias pour incarner un mélange de sévérité et de sérénité. Mais avec l'électricité qui est dans l'air, ce n'est pas gagné. Il va falloir lâcher du lest. Le Premier ministre lui-même en convient. "Après le week-end du 1er décembre, on a compris qu'il faudrait renoncer à la taxe carbone", souligne un de ses amis.

Si on recule, si on lâche maintenant, ça sera difficile

Le mardi 4 décembre, dans un salon au premier étage de Matignon, le petit déjeuner hebdomadaire des chefs de la majorité commence par un topo introductif d'Édouard Philippe. S'il n'évoque pas explicitement l'abandon de la taxe carbone, il prévient qu'il va faire des annonces en ce sens. Le leader des sénateurs En Marche, François Patriat, tord le nez : "Si on recule, si on lâche maintenant, ça sera difficile." D'autres estiment au contraire que cela n'est pas assez : "Ce n'est pas ça qui aura l'effet de souffle suffisant pour éteindre la contestation", estime l'un des présents. Mais la décision est prise, l'heure est aux concessions. Le Premier ministre, en conférence de presse, annonce le retrait de la hausse de taxe qui a enflammé le pays. Est-ce par maladresse ou parce qu'il désapprouve la mesure? Philippe parle de "suspension", alors que les Gilets jaunes attendent une annulation.

Embarras parmi les commentateurs – a-t-on bien compris ? –, flottement dans la majorité, vive irritation à l'Élysée. Alors que les Gilets jaunes, Nicolas Dupont-Aignan et la droite hurlent à l'"entourloupe", la présidence annonce qu'il ne s'agit pas de "suspendre", mais bien d'"annuler" la hausse. Dans l'hémicycle, le Premier ministre reçoit le communiqué comme un uppercut. Pour lui, le camouflet est rude. "Il l'a vécu comme un couac qui rajoutait au bordel, explique un conseiller. Il était très marri de la chose."

Macron veut éviter la cacophonie
Le chef du gouvernement se montre de plus en plus tendu, lui aussi. Quelques tics lui reviennent : cette façon de taper du poing dans la paume de sa main, d'enlever ses lunettes, de les mâchouiller, de les faire virevolter entre ses doigts… Les deux têtes de l'exécutif sont au bord de la crise de nerfs, et les ministres nagent en plein brouillard. Le mercredi soir, François de Rugy, invité d'une chaîne de télévision, appelle Macron pour être sûr de ne pas se tromper : oui, répond le Président, il faut bien parler d'"annulation"…

S'il ne s'exprime pas au grand jour, Macron reste attentif. Il veut éviter la cacophonie, qui donnerait l'impression d'un pouvoir à la dérive. Au conseil des ministres du 5 décembre, il rappelle que, au premier tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, François Asselineau et Nicolas Dupont-Aignan avaient recueilli à eux quatre "plus de 40 % des voix" (en réalité, 46,5 %) : "Cela traduisait un malaise en France, et ce même malaise s'exprime aujourd'hui." Que la fronde fasse de lui une cible, "ça fait partie du job", relativise-t-il.

Il y a des règles auxquelles personne n'échappe : dans un conflit, on paie, et on ouvre les négos

Son ami et conseiller Jean-Marc Borello, patron du groupe SOS, ne dit pas tout à fait la même chose : "Que réformer soit douloureux, c'est pas un scoop. On s'y attendait. Ce qu'il ne comprend pas, c'est l'intensité de la violence." Pour chercher les clés d'un phénomène qui le trouble, Macron consulte également, durant la semaine, ceux avec qui il aime croiser sa réflexion : Philippe Grangeon, historique de la CFDT, ancien cadre dirigeant de Capgemini, qui conseilla François Hollande et dont l'influence grandit dans l'écosystème présidentiel ; François Sureau, avocat et écrivain, défenseur des libertés publiques et des droits de l'homme.

Ces deux-là désapprouvent l'inflexibilité budgétaire prônée à Matignon et à Bercy, et relayée par le secrétaire général de la présidence, Alexis Kohler. Vieux routiers du social, Borello et Grangeon recommandent d'ouvrir les vannes pour soutenir le pouvoir d'achat. Borello résume, lapidaire : "Il y a des règles auxquelles personne n'échappe : dans un conflit, on paie, et on ouvre les négos."

La note de Richard Ferrand
Le 6 décembre, en réunion de cabinet, Macron présente une analyse élaborée sur la "triple crise" que révèle selon lui le mouvement des Gilets jaunes : "crise politique, crise morale, crise de l'information". Amer, il déplore que les chaînes d'information continue l'aient "transformé en personnage de téléréalité". Le samedi 8 décembre dans l'après-midi, alors que les manifestants marchent à nouveau dans Paris et que de nouvelles violences éclatent, il réunit sa garde rapprochée : outre Alexis Kohler et le conseiller spécial Ismaël Emelien, il y a là l'ancien ministre chiraquien Jean-Paul Delevoye, le président de l'Assemblée, Richard Ferrand, ainsi que François Bayrou et Philippe Grangeon, qui participent à la discussion par téléphone. Tous quatre plaident pour des gestes forts. Les propositions de chacun sont passées en revue : la prime pour les forces de l'ordre, une aide aux retraités, la défiscalisation des heures supplémentaires, l'organisation d'un grand débat national.

Macron avance l'idée de la prime de 100 euros pour les salariés les plus modestes. Ferrand, qui a préparé une note sur la façon de prendre la parole, pose la question : "Mea culpa ou non?" Lui plaide pour un acte de contrition public. Macron retient la suggestion, tout comme celle du grand débat. En fin d'après-midi, sa religion est faite : il annoncera lundi à la télévision une grande concertation nationale et diverses mesures sociales, pour une enveloppe estimée au bas mot à 10 milliards d'euros. C'est ce qu'il indique dans la foulée à Édouard Philippe, qui, une fois encore, encaisse. Un proche en témoigne : "Quand tu sors de dix-huit mois de bagarre budgétaire auprès de chaque ministre, où tu as porté l'ambition du redressement des comptes, et que d'un coup tu comprends qu'il faut accepter d'ouvrir les vannes, c'est un renoncement. Et c'est très douloureux."

Réunions de calage à l'Élysée
Le dimanche, les réunions de calage se succèdent à l'Élysée. L'après-midi, Macron rédige lui-même son allocution télévisée du lendemain, 20 heures. Jusqu'au bout, la haute Macronie est divisée. Avec Philippe Grangeon, Stéphane Séjourné, conseiller politique du Président, et le numéro deux de La République en marche, Pierre Person, tentent de convaincre Macron qu'il faut reconnaître le vote blanc – une revendication des Gilets jaunes. In extremis, il l'ajoutera à sa liste de courses, que seule une poignée de confidents a pu lire en intégralité avant l'allocution du lundi.

"Tout le monde appelait tout le monde en demandant : "tu sais ce qu'il va dire?", rapporte un conseiller. Les ministres voulaient savoir qui allait manger son chapeau." Mais rien ou presque ne filtre. "L'effet de blast, notamment des 100 euros de prime, n'aurait pas été le même." Pour donner ampleur et solennité au mouvement qui se prépare, Macron reçoit les présidents de l'Assemblée et du Sénat, ceux des grandes associations d'élus, les dirigeants des syndicats. Mais devant eux non plus, il ne se dévoile pas.

L'explication entre Macron et Kohler
La déclaration est enregistrée en une prise, le lundi, à 19 heures. Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, et le jeune secrétaire d'État Gabriel Attal sont briefés par téléphone quelques minutes avant la diffusion pour pouvoir en faire le service après-vente, aussitôt après, dans les médias. Au bout du fil, Macron leur semble avoir retrouvé sa voix des bons jours. Il veut que tout soit clair. Sa consigne : sur les heures supplémentaires, arrêter le langage "techno", ne plus dire "défiscalisation" ni "désocialisation", mais qu'on parle d'heures supplémentaires "sans impôts ni charges". "On n'a jamais fait autant d'un seul coup sur les salaires", souligne-t-il. In extremis, il appelle aussi la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, juste avant qu'elle n'entre sur le plateau de France 2. La liaison est médiocre et le temps presse : ils n'échangeront que quelques mots.

Le lendemain, le Président et son secrétaire général ont une explication. Alexis Kohler, d'ordinaire impeccablement aligné sur les positions du Président, était opposé à tout recul face aux Gilets jaunes. "C'est trop tard, il fallait le faire avant", estime-t-il. Un autre proche de Macron approuve : "On a manqué de réactivité, on aurait dû faire tout ça une semaine plus tôt." Macron, lui, estime qu'il a au moins repris l'initiative. À l'issue de cette semaine où son pouvoir a semblé vaciller, il juge avoir évité la crise de régime. La crise politique, elle, est encore devant lui." 

 

pièce éditée par Les Cahiers de l'Égaré, pièce d'actualité, 50 ans après

pièce éditée par Les Cahiers de l'Égaré, pièce d'actualité, 50 ans après

À comparer avec de Gaulle fin mai 1968. La pièce La révérence raconte (éditée aux Cahiers de l'Égaré, elle passe au Comédia à Toulon le 26 avril):

Si l’année 1968 fut la révolte de la jeunesse, elle fut aussi le prélude d’un grand chambardement politique. L’année qui suivit de Gaulle quittait le pouvoir en démissionnant de son poste de Président la République : il tirait sa révérence politique avant de tirer, quelques mois plus tard, sa révérence parmi les vivants. Récit d’un homme face à son destin, stupéfait d’un monde qu’il ne maitrise plus, la pièce va nous plonger dans les tout derniers jours de ce fameux mois de mai, lors d’un secret voyage à Baden-Baden en Allemagne, dans les contradictions et les enjeux de la dernière convulsion révolutionnaire que la France ait connue.
Texte : Philippe Chuyen et José Lenzini
Mise en scène : Philippe Chuyen

(Philippe Chuyen doit écrire La révérence 2 en partenariat avec les GJ qui vont l'aider pour la fin)

ou suite à inventer par les EAT, l’association indispensable et incontournable des écritures du réel et des bruits du monde (ne le prenez pas mal, c’est de l’humour)

cela dit, on va voir ce que va donner le livre barricade ou livre rond-point initié par Raphaël Rubio et à paraître aux éditions de la petite barque qui prend l’eau de Lionel Parrini à Gardanne (livre pluriel, projet chapeau !)

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Agora Zénith Omega Toulon

19 Janvier 2019 , Rédigé par grossel Publié dans #Gilets Jaunes, #J.C.G., #agora, #agoras, #pour toujours, #théâtre, #écriture- lecture

Agora Zénith Omega Toulon
Agora Zénith Omega Toulon
Agora Zénith Omega Toulon
Agora Zénith Omega Toulon

Agora citoyenne du 18 janvier 2019

Zénith Omega / Toulon

 

J'avais choisi d'assister à cette 1° agora citoyenne organisée par des gilets jaunes de Toulon, parce que suivant le travail d'Etienne Chouard depuis le référendum de 2005. Il était dans la liste des gens que les cafés-citoyens de la médiathèque d'Hyères voulaient inviter (3 ans, 2014-2017, une trentaine d'agoras). Je rappelle aussi quelques 70 agoras à la Maison des Comoni au Revest de 1995 à 2004 ou aux Chantiers de la Lune à La Seyne dont une bonne partie publiées ou sur internet dans les pages du blog les agoras d'ailleurs. Je rappelle ces faits et chiffres car un événement ne naît pas ex-nihilo et on ignore souvent comment les ruisselets souterrains d'hier alimentent en eau vive l'aujourd'hui.

En plein mouvement des GJ, c'était une opportunité à vivre, sans faire la fine bouche, sans le filtre des a priori idéologiques, sans les réserves liées à des rumeurs.

Très content de cette soirée (arrivée à 17 H 30, retour à 22 H 30).
Une belle salle (entre 1000 et 1500 d'après moi, 1200 ai-je lu), variée, calme, pas du tout chauffée par des hystériques; pas de bronca anti-Macron ou anti-riches ou anti-merdias; pas besoin de défouloir; des gens déterminés à prendre ce qui est bon pour mener leur combat, s'instruire, se saisir d'outils, en adultes, après des décennies d'infantilisation par le système élections = piège à cons puisque élire des représentants c'est ne plus pouvoir voter les lois.

L'image méprisante du peuple d'en bas par les gens qui se croient en haut a été ridiculisée par ces gens venus parfois de très loin, offrant l'image de gens sereins.
Des intervenants (5, Etienne Chouard, Régis Chamagne, Stéphanie Gibaud, Charly Noël,Jules Ngan qui réussit à introduire, un peu confusément mais on a compris, une dimension spirituelle, celle de l'amour) posés, respectant le temps imparti, applaudis sans excès; un appel à être joyeux, contre ceux qui font régner la laideur, parfaitement entendu car on entendait bien, et il y avait de l'écoute, aujourd'hui on dit écoute bienveillante (émouvante minute de silence aux victimes de la répression).

C'était très pédagogique avec exercices en live, deux exercices pour expérimenter ce que c'est qu'être constituant à un, à plusieurs, sur un rond-point (un rond-point constituant, c'est déjà une commune libre), dans une commune (ça m'a fait penser à la liste citoyenne Agir avec vous maintenant, qui s'est présentée en 2008 au Revest) et par cercles de plus en plus larges (Condorcet) donc en conquête de souveraineté, là, ici, maintenant, sans attendre le bon vouloir des représentants. Il fut question du RIC, du RAC (trouvaille d'un participant, au jeu des acronymes, on trouve bien sûr le RICARD, le RIC ART), de l'ancien monde (l'american way of life), du nouveau monde (Russie-Chine-Inde ...), de l'Europe et du Frexit, des lanceurs d'alerte (dont Julian Assange de Wikileaks, on aurait pu citer Denis Robert, Edward Snowden, Aaron Swartz), des journalistes aux ordres, des monnaies libres, de la monnaie locale La Fève à Toulon.
Ce n'était pas dispersé; les intervenants nous poussaient à sortir de la position de représenté, de soumis à des élections de représentants nous trahissant depuis belle lurette pour devenir constituant, rédacteur des règles communes; des formules revigorantes, des références à Proudhon, au fédéralisme, aux anarchistes (l'anarchie c'est l'ordre sans le pouvoir).
L'exemple du risque de rétablissement de la peine de mort par un RIC en lien avec une forte émotion collective m'a paru convaincant (le délai entre l'initiative et le vote, le temps des débats). Les exemples sur les délégués pouvant représenter les GJ, pour combien de temps, sur quel mandat... m'ont paru éclairants.

Ce fut une soirée d'éducation politique et populaire visant rien moins qu'à donner aux citoyens confiance dans leur pouvoir constituant. Discussion sous forme de questions écrites avec prise de parole au micro, intervenants tirés au sort, une bonne douzaine dont un Guadeloupéen en gilet jaune SDF, Soumis au Droit Français, évoquant la grande grève démarrée le 20 janvier 2009 à La Guadeloupe sous le leadership du LKP contre la vie chère et qui dura 44 jours et proposant des micro-actions aux caisses de super-marchés.

J'ai entendu aussi bien des femmes que des hommes ; quant aux deux animatrices, elles firent dans la fluidité.
Merci aux GJ de Toulon qui se réunissent le mercredi à la Maison de la Méditerranée pour l'organisation réussie de cette AGORA citoyenne.

 

Article de Var-Matin du 19 janvier

 

 

Un millier de Gilets jaunes étaient présents hier soir au Zénith Oméga de Toulon. Étienne Chouard, chantre de la démocratie participative, a rappelé la priorité du référendum d’initiative citoyenne
Si le mouvement des Gilets jaunes ne semble pas s’essouffler (la mobilisation de samedi dernier en atteste), occuper les ronds-points a ses limites. Les sympathisants en sont conscients et c’est pour trouver une suite à leur action qu’ils ont investi hier soir le Zénith Oméga de Toulon. Une première « agora » préparée en dix jours et avec peu de moyens financiers à laquelle ont assisté quelque mille personnes.

Parmi elles, Judith. Pour cette jeune femme, pas question de participer au grand débat national. « Une mascarade. Je n’ai pas envie de débattre pour rien avec Macron. De toute façon, il a déjà toutes les réponses », lâche-t-elle. Non, si Judith a fait le déplacement, « c’est pour soutenir le référendum d’initiative citoyenne. Parce que les citoyens doivent participer davantage à la société ».

Le RIC. Ça tombe bien, il n’était pratiquement question que de ça hier soir dans la salle de spectacle toulonnaise. Ainsi, dès l’entrée, les participants pouvaient signer une pétition pour demander son instauration. Et sur le devant de la scène, une grande banderole affichait l’inscription suivante : « Référendum d’initiative citoyenne - Agissez pour la démocratie ».

COMBAT CONTRE LA LAIDEUR DU SYSTÈME

Et quel meilleur promoteur du RIC que son porte-drapeau historique : Étienne Chouard. Tête d’affiche de la soirée, Étienne Chouard sait comment parler à son public. Pour lui, dans une liste d’une quarantaine de doléances, si les Gilets jaunes doivent en sortir une seule, c’est le RIC. « Une pépite qui permettra d’obtenir tout le reste. Car le RIC n’est pas législatif, mais constituant. Il permettra aux représentés d’écrire de nouvelles règles de la représentation. Et quand un peuple écrit lui-même la constitution, il n’y a plus de place pour un tyran ». Une intervention d’un quart d’heure à peine, mais chaudement applaudie par la salle.

Bien sûr, les médias, cibles régulières des Gilets jaunes, en ont encore pris pour leur grade. Invitée surprise, Stéphanie Gibaud, lanceuse d’alerte, a mis en doute l’impartialité des médias français « très majoritairement aux mains d’une poignée de milliardaires », avant d’inviter les Gilets jaunes qui ont « envie de plus de liberté en France, à soutenir WikiLeaks et Julian Assange », son fondateur.

Troisième invité à intervenir, Régis Chamagne, colonel de l’armée de l’air en retraite, a prophétisé, apparemment non sans délectation (?), l’effondrement de l’Union européenne et des États-Unis. Il a ensuite déclaré, là encore sous les applaudissements de la salle : « Le mouvement des Gilets jaunes a du sens. Il est pertinent. C’est le combat pour l’émancipation, la liberté, l’égalité et la fraternité. Le combat du beau et de l’élégance contre la laideur du système ».

 

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Au débat, citoyens !

15 Janvier 2019 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #Gilets Jaunes, #J.C.G., #agora, #agoras, #pour toujours, #écriture- lecture, #théâtre

bonjour, c'est pour un débat; le président de fenêtre fermée en porte entrouverte; l'avenir selon une banque, selon deux gilets jaunes; autres livres; recouvrir sa télé d'un gilet jaune
bonjour, c'est pour un débat; le président de fenêtre fermée en porte entrouverte; l'avenir selon une banque, selon deux gilets jaunes; autres livres; recouvrir sa télé d'un gilet jaune
bonjour, c'est pour un débat; le président de fenêtre fermée en porte entrouverte; l'avenir selon une banque, selon deux gilets jaunes; autres livres; recouvrir sa télé d'un gilet jaune
bonjour, c'est pour un débat; le président de fenêtre fermée en porte entrouverte; l'avenir selon une banque, selon deux gilets jaunes; autres livres; recouvrir sa télé d'un gilet jaune
bonjour, c'est pour un débat; le président de fenêtre fermée en porte entrouverte; l'avenir selon une banque, selon deux gilets jaunes; autres livres; recouvrir sa télé d'un gilet jaune
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Humour

EFFERVESCENCE NORMANDE - Grand Bourgtheroulde, dans l’Eure, où se déplace aujourd’hui Sa Majesté Emmanuel Macrotin, est en ébullition. La preuve ? Selon « Le Courrier de l’Eure », le cahier de doléances ouvert en mairie, qui « ne comptait que quatre contributions le 9 janvier 2019, en comportait neuf le lendemain, 10 janvier 2019. Un signe, sans doute, de L’EFFERVESCENCE dans cette petite commune rurale de Normandie depuis l’annonce officielle de la visite du chef de l’Etat. (…) Pour l’instant, les demandent inscrites dans ce cahier concernent surtout des mesures en faveur d’un meilleur pouvoir d’achat et l’instauration d’un référendum d’initiative citoyenne (RIC). La baisse des privilèges pour les représentants de l’Etat, le retour de l’ISF font aussi partie des revendications exprimées, ici, par écrit. »
Il y aurait donc 9 dangereux contestataires factieux parmi les 3.800 Thérouldebourgeois (ainsi appelle-t-on les habitants de Grand Bourtheroulde). Privée de Benalla, la garde rapprochée de Jupiter 1er est- sur les dents. Ne pas oublier, en effet, que Grand Bourgtheroulde doit son nom à Théroulde, qui fut assassiné en 1040/1041 par Guillaume de Montgommery. (Théroulde vient du germain Turoldus , nom qui figure au dernier vers de la plus ancienne rédaction de la Chanson de Roland : « Ci falt la geste que Turoldus declinet »).
Pour prévenir tout risque de répétition de l’histoire assassine, des mesuires drastiques ont été prises :sur les 700 maires de Normandie invités ce mardi 15 janvier dans l’Eure, pour le premier déplacement d’Emmanuel Macrotin en région, seuls deux maires du Calvados seront autoriser à baiser les babouches du Souverain : : Sophie de Gibon (Canteloup) et Joël Bruneau (Caen).
Une délégation locale des Gilets jaunes sera d’autre part reçue par par le responsable des cabinets de Christophe Castaner, qui leur offrira une rasade de gaz lacrymogènes.

Jean-Marc Adolphe

Anne Groh Le sketch complet. Le préfet à interdit tout rassemblement ! La pièce de théâtre écrite par un auteur peu connu, Emmanuel Macron, "Le foutage de gueule" sera jouée aujourd'hui dans le département de l'heure. Un seul comédien, l'auteur lui-même, car veut être seul sous les projecteurs du plateau, et surtout ne veut aucun public car le méprise en le traitant de "gens de rien ne faisant aucun effort"

A LA BONNE EURE !
Emmanuel Macron a choisi le département de l'Eure pour lancer le grand débat national. Département où la contestation est muselée par plus de 20 arrêtés préfectoraux qui interdisent totalement les manifestations et rassemblements #GiletsJaunes depuis le 17 décembre et jusqu'au 16 janvier.

Le choix d'organiser le #GrandDebatNational dans un territoire où les #GiletsJaunes s'exposent à six mois d'emprisonnement et 7 500 € d'amende s'ils se rassemblent ou manifestent ne peut laisser indifférent.... La liberté de manifester y a été purement et simplement abolie. Tristan Laouen.

(Je me souviens de la consultation de Philippe Meirieu sur l'école au temps du ministre Claude Allègre, c'était en 1997-1998 sur quels savoirs enseigner dans les lycées ? j'avais écrit quelques articles d'esprit critique et civique adressés à mes collègues et aux élèves de mon lycée, le lycée Rouvière à Toulon; juin 1998, je prenais ma retraite; on retrouve ces articles dans le livre à 3 auteurs Pour une école du gai savoir, un livre qui débloque aux Cahiers de l'Égaré, 2004. Je vais participer à cette consultation, en citoyen. Pourquoi ? Même si avec le mouvement des gilets jaunes, une intelligence collective se manifeste (intelligence émotionnelle, du coeur, produisant du chaud, du concret et des idées) chacun est responsable de ce qu'il produit ou pas, de ce qu'il partage ou pas. Simple citoyen, ça veut dire sortir du cadre de mes intérêts personnels, particuliers et m'intéresser à ce qui, d'après les réalistes, ne me regarde pas, l'intérêt général, le bien commun, le vivre ensemble, toutes formules évidentes et obscures. Je trouve juste depuis ma place de tenter de m'élever au niveau des questions d'ensemble. L'instituteur qui a écrit la lettre du président pose-t-il toutes les questions qu'il faut se poser ? Le président a-t-il des idées derrière la tête ? Veut-il nous enfumer ? Ces questions auxquelles je me donne des réponses ne m'interdisent pas de répondre pour moi à ces questions. Cela va m'obliger à formuler mes choix, mes préférences, mes priorités, mes valeurs, comme si j'écrivais un programme politique. Sain exercice qui me servira de boussole pour évaluer les programmes à venir ou existants, d'évaluer les actions en cours. Je ferai preuve d'esprit critique et civique. Esprit critique cela veut dire sans projection d'a priori, de préjugés, de voile idéologique. Esprit civique cela veut dire avec la visée du bien commun, étendu aujourd'hui à l'humanité, à la planète. Cela ne m'empêchera pas de continuer à être citoyen gilet jaune à ma manière.) JCG
 
Voilà la lettre du grand débat national.
Chères Françaises, chers Français, mes chers compatriotes,
Dans une période d’interrogations et d’incertitudes comme celle que nous traversons, nous devons nous rappeler qui nous sommes. La France n’est pas un pays comme les autres. Le sens des injustices y est plus vif qu’ailleurs. L’exigence d’entraide et de solidarité plus forte. Chez nous, ceux qui travaillent financent les pensions des retraités.
Chez nous, un grand nombre de citoyens paie un impôt sur le revenu, parfois lourd, qui réduit les inégalités.
Chez nous, l’éducation, la santé, la sécurité, la justice sont accessibles à tous indépendamment de la situation et de la fortune. Les aléas de la vie, comme le chômage, peuvent être surmontés, grâce à l’effort partagé par tous.
C’est pourquoi la France est, de toutes les nations, une des plus fraternelles et des plus égalitaires. C’est aussi une des plus libres, puisque chacun est protégé dans ses droits et dans sa liberté d’opinion, de conscience, de croyance ou de philosophie.
Et chaque citoyen a le droit de choisir celles et ceux qui porteront sa voix dans la conduite du pays, dans la conception des lois, dans les grandes décisions à prendre.
Chacun partage le destin des autres et chacun est appelé à décider du destin de tous : c’est tout cela, la nation française.
Comment ne pas éprouver la fierté d’être Français ?
Je sais, bien sûr, que certains d’entre nous sont aujourd’hui insatisfaits ou en colère. Parce que les impôts sont pour eux trop élevés, les services publics trop éloignés, parce que les salaires sont trop faibles pour que certains puissent vivre dignement du fruit de leur travail, parce que notre pays n’offre pas les mêmes chances de réussir selon le lieu ou la famille d’où l’on vient.
Tous voudraient un pays plus prospère et une société plus juste.
Cette impatience, je la partage. La société que nous voulons est une société dans laquelle pour réussir on ne devrait pas avoir besoin de relations ou de fortune, mais d’effort et de travail.
En France, mais aussi en Europe et dans le monde, non seulement une grande inquiétude, mais aussi un grand trouble ont gagné les esprits. Il nous faut y répondre par des idées claires.
Mais il y a pour cela une condition : n’accepter aucune forme de violence. Je n’accepte pas, et n’ai pas le droit d’accepter la pression et l’insulte, par exemple sur les élus du peuple, je n’accepte pas et n’ai pas le droit d’accepter la mise en accusation générale, par exemple des médias, des journalistes, des institutions et des fonctionnaires. Si tout le monde agresse tout le monde, la société se défait !
Afin que les espérances dominent les peurs, il est nécessaire et légitime que nous nous reposions ensemble les grandes questions de notre avenir.
C’est pourquoi j’ai proposé et je lance aujourd’hui un grand débat national qui se déroulera jusqu’au 15 mars prochain. Depuis quelques semaines, de nombreux maires ont ouvert leurs mairies pour que vous puissiez y exprimer vos attentes.
J’ai eu de nombreux retours que j’ai pu prendre en compte.
Nous allons désormais entrer dans une phase plus ample et vous pourrez participer à des débats près de chez vous ou vous exprimer sur internet pour faire valoir vos propositions et vos idées. Dans l’Hexagone, outre-mer et auprès des Français résidant à l’étranger.
Dans les villages, les bourgs, les quartiers, à l’initiative des maires, des élus, des responsables associatifs, ou de simples citoyens… Dans les assemblées parlementaires comme régionales ou départementales.
Les maires auront un rôle essentiel car ils sont vos élus et donc l’intermédiaire légitime de l’expression des citoyens. Pour moi, il n’y a pas de questions interdites. Nous ne serons pas d’accord sur tout, c’est normal, c’est la démocratie. Mais au moins montrerons-nous que nous sommes un peuple qui n’a pas peur de parler, d’échanger, de débattre.
Et peut-être découvrirons-nous que nous pouvons tomber d’accord, majoritairement, au-delà de nos préférences, plus souvent qu’on ne le croit. Je n’ai pas oublié que j’ai été élu sur un projet, sur de grandes orientations auxquelles je demeure fidèle.
Je pense toujours qu’il faut rendre à la France sa prospérité pour qu’elle puisse être généreuse, car l’un va avec l’autre.
Je pense toujours que la lutte contre le chômage doit être notre grande priorité, et que l’emploi se crée avant tout dans les entreprises, qu’il faut donc leur donner les moyens de se développer.
Je pense toujours qu’il faut rebâtir une école de la confiance, un système social rénové pour mieux protéger les Français et réduire les inégalités à la racine.
Je pense toujours que l’épuisement des ressources naturelles et le dérèglement climatique nous obligent à repenser notre modèle de développement.
Nous devons inventer un projet productif, social, éducatif, environnemental et européen nouveau, plus juste et plus efficace. Sur ces grandes orientations, ma détermination n’a pas changé. Mais je pense aussi que de ce débat peut sortir une clarification de notre projet national et européen, de nouvelles manières d’envisager l’avenir, de nouvelles idées.
À ce débat, je souhaite que le plus grand nombre de Français, le plus grand nombre d’entre nous, puisse participer.
Ce débat devra répondre à des questions essentielles qui ont émergé ces dernières semaines.
C’est pourquoi, avec le Gouvernement, nous avons retenu quatre grands thèmes qui couvrent beaucoup des grands enjeux de la nation : la fiscalité et les dépenses publiques, l’organisation de l’Etat et des services publics, la transition écologique, la démocratie et la citoyenneté.
Sur chacun de ces thèmes, des propositions, des questions sont d’ores et déjà exprimées.
Je souhaite en formuler quelques-unes qui n’épuisent pas le débat mais me semblent au cœur de nos interrogations.
Le premier sujet porte sur nos impôts, nos dépenses et l’action publique.
L’impôt est au cœur de notre solidarité nationale. C’est lui qui finance nos services publics. Il vient rémunérer les professeurs, pompiers, policiers, militaires, magistrats, infirmières et tous les fonctionnaires qui œuvrent à votre service.
Il permet de verser aux plus fragiles des prestations sociales mais aussi de financer certains grands projets d’avenir, notre recherche, notre culture, ou d’entretenir nos infrastructures. C’est aussi l’impôt qui permet de régler les intérêts de la dette très importante que notre pays a contractée au fil du temps.
Mais l’impôt, lorsqu’il est trop élevé, prive notre économie des ressources qui pourraient utilement s’investir dans les entreprises, créant ainsi de l’emploi et de la croissance. Et il prive les travailleurs du fruit de leurs efforts. Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises pour corriger cela afin d’encourager l’investissement et faire que le travail paie davantage. Elles viennent d’être votées et commencent à peine à livrer leurs effets.
Le Parlement les évaluera de manière transparente et avec le recul indispensable.
Nous devons en revanche nous interroger pour aller plus loin. Comment pourrait-on rendre notre fiscalité plus juste et plus efficace ? Quels impôts faut-il à vos yeux baisser en priorité ? N
ous ne pouvons, quoi qu’il en soit, poursuivre les baisses d’impôt sans baisser le niveau global de notre dépense publique. Quelles sont les économies qui vous semblent prioritaires à faire ? Faut-il supprimer certains services publics qui seraient dépassés ou trop chers par rapport à leur utilité ? A l’inverse, voyez-vous des besoins nouveaux de services publics et comment les financer ? Notre modèle social est aussi mis en cause. Certains le jugent insuffisant, d’autres trop cher en raison des cotisations qu’ils paient.
L’efficacité de la formation comme des services de l’emploi est souvent critiquée.
Le gouvernement a commencé à y répondre, après de larges concertations, à travers une stratégie pour notre santé, pour lutter contre la pauvreté, et pour lutter contre le chômage Comment mieux organiser notre pacte social ? Quels objectifs définir en priorité ? Le deuxième sujet sur lequel nous devons prendre des décisions, c’est l’organisation de l’Etat et des collectivités publiques. Les services publics ont un coût, mais ils sont vitaux : école, police, armée, hôpitaux, tribunaux sont indispensables à notre cohésion sociale.
Y a-t-il trop d’échelons administratifs ou de niveaux de collectivités locales ?
Faut-il renforcer la décentralisation et donner plus de pouvoir de décision et d’action au plus près des citoyens ?
A quels niveaux et pour quels services ?
Comment voudriez-vous que l’Etat soit organisé et comment peut-il améliorer son action ?
Faut-il revoir le fonctionnement de l’administration et comment ? Comment l’Etat et les collectivités locales peuvent-ils s’améliorer pour mieux répondre aux défis de nos territoires les plus en difficulté et que proposez-vous ?
La transition écologique est le troisième thème, essentiel à notre avenir. Je me suis engagé sur des objectifs de préservation de la biodiversité et de lutte contre le réchauffement climatique et la pollution de l’air.
Aujourd’hui personne ne conteste l’impérieuse nécessité d’agir vite. Plus nous tardons à nous remettre en cause, plus ces transformations seront douloureuses.
Faire la transition écologique permet de réduire les dépenses contraintes des ménages en carburant, en chauffage, en gestion des déchets et en transports. Mais pour réussir cette transition, il faut investir massivement et accompagner nos concitoyens les plus modestes. Une solidarité nationale est nécessaire pour que tous les Français puissent y parvenir.
Comment finance-t-on la transition écologique : par l’impôt, par les taxes et qui doit être concerné en priorité ?
Comment rend-on les solutions concrètes accessibles à tous, par exemple pour remplacer sa vieille chaudière ou sa vieille voiture ?
Quelles sont les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier ?
Quelles sont les solutions pour se déplacer, se loger, se chauffer, se nourrir qui doivent être conçues plutôt au niveau local que national ?
Quelles propositions concrètes feriez-vous pour accélérer notre transition environnementale ?
La question de la biodiversité se pose aussi à nous tous. Comment devons-nous garantir scientifiquement les choix que nous devons faire à cet égard ?
Comment faire partager ces choix à l’échelon européen et international pour que nos producteurs ne soient pas pénalisés par rapport à leurs concurrents étrangers ?
Enfin, il est évident que la période que notre pays traverse montre qu’il nous faut redonner plus de force à la démocratie et la citoyenneté. Être citoyen, c’est contribuer à décider de l’avenir du pays par l’élection de représentants à l’échelon local, national ou européen. Ce système de représentation est le socle de notre République, mais il doit être amélioré car beaucoup ne se sentent pas représentés à l’issue des élections.
Faut-il reconnaître le vote blanc ? Faut-il rendre le vote obligatoire ?
Quelle est la bonne dose de proportionnelle aux élections législatives pour une représentation plus juste de tous les projets politiques?
Faut-il, et dans quelles proportions, limiter le nombre de parlementaires ou autres catégories d’élus ?
Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil Economique, Social et Environnemental doivent-ils jouer pour représenter nos territoires et la société civile ?
Faut-il les transformer et comment ? En outre, une grande démocratie comme la France doit être en mesure d’écouter plus souvent la voix de ses citoyens.
Quelles évolutions souhaitez-vous pour rendre la participation citoyenne plus active, la démocratie plus participative ?
Faut-il associer davantage et directement des citoyens non élus, par exemple tirés au sort, à la décision publique ?
Faut-il accroître le recours aux référendums et qui doit en avoir l’initiative ?
La citoyenneté, c’est aussi le fait de vivre ensemble. Notre pays a toujours su accueillir ceux qui ont fui les guerres, les persécutions et ont cherché refuge sur notre sol : c’est le devoir de l’asile, qui ne saurait être remis en cause.
Notre communauté nationale s’est aussi toujours ouverte à ceux qui, nés ailleurs, ont fait le choix de la France, à la recherche d’un avenir meilleur : c’est comme cela qu’elle s’est aussi construite.
Or, cette tradition est aujourd’hui bousculée par des tensions et des doutes liés à l’immigration et aux défaillances de notre système d’intégration. Que proposez-vous pour améliorer l’intégration dans notre Nation ?
En matière d’immigration, une fois nos obligations d’asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ?
Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ?
La question de la laïcité est toujours en France sujet d’importants débats.
La laïcité est la valeur primordiale pour que puissent vivre ensemble, en bonne intelligence et harmonie, des convictions différentes, religieuses ou philosophiques.
Elle est synonyme de liberté parce qu’elle permet à chacun de vivre selon ses choix. Comment renforcer les principes de la laïcité française, dans le rapport entre l’Etat et les religions de notre pays ?
Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?
Dans les semaines qui viennent, je vous invite à débattre pour répondre à ces questions déterminantes pour l’avenir de notre nation. Je souhaite aussi que vous puissiez, au-delà de ces sujets que je vous propose, évoquer n’importe quel sujet concret dont vous auriez l’impression qu’il pourrait améliorer votre existence au quotidien.
Ce débat est une initiative inédite dont j’ai la ferme volonté de tirer toutes les conclusions. Ce n’est ni une élection, ni un référendum. C’est votre expression personnelle, correspondant à votre histoire, à vos opinions, à vos priorités, qui est ici requise, sans distinction d’âge ni de condition sociale. C’est, je crois, un grand pas en avant pour notre République que de consulter ainsi ses citoyens.
Pour garantir votre liberté de parole, je veux que cette consultation soit organisée en toute indépendance, et soit encadrée par toutes les garanties de loyauté et de transparence.
C’est ainsi que j’entends transformer avec vous les colères en solutions.
Vos propositions permettront donc de bâtir un nouveau contrat pour la Nation, de structurer l’action du Gouvernement et du Parlement, mais aussi les positions de la France au niveau européen et international.
Je vous en rendrai compte directement dans le mois qui suivra la fin du débat. Françaises, Français, je souhaite que le plus grand nombre d’entre vous puisse participer à ce grand débat afin de faire œuvre utile pour l’avenir de notre pays.
En confiance,
Emmanuel Macron
 
Et en même temps
Phrases vexantes et "vérités" ? d'Emmanuel Macron
"Il y a, dans cette société (Gad), une majorité de femmes. Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées" (09/2014)
"Avec ma ligne d’autocars, les pauvres pourront voyager plus facilement" (10/2014)
"Je ne suis pas là pour protéger les jobs existants" (12/2014)
"Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires" (janvier 2015)
"Si j’étais chômeur, je n’attendrai pas tout des autres. J’essaierai de me battre d’abord" (02/2015)
"Je pense qu’il y a une politique de fainéants, et il y a une politique d’artisans. Moi, je suis avec les artisans" (02/2015)
"Les salariés français sont trop payés" (03/2015)
"La France est en deuil d’un roi" (07/2015)
"Je compte sur vous pour engager plus d’apprentis. C’est gratuit quand ils sont mineurs" (08/2015)
- "Être élu est un cursus d’un ancien temps" (09/2015)
"Le libéralisme est une valeur de gauche" (09/2015)
"Les jeunes veulent être entrepreneurs, pas fonctionnaires" (09/2015)
"Je n’aime pas ce terme de modèle social" (10/2015)
"Bien souvent, la vie d’un entrepreneur est bien plus dure que celle d’un salarié, il ne faut pas l’oublier. Il peut tout perdre, lui, et il a moins de garanties" (01/2016)
"Les salariés français doivent pouvoir travailler plus sans être payés plus, si les syndicats majoritaires sont d’accord" (01/2016)
"Vous n’allez pas me faire peur avec votre tee-shirt. La meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler" (05/2016)
"35 heures, pour un jeune, ce n’est pas assez" (11/2016)
"Je ne vais pas interdire Uber et les VTC, ce serait les renvoyer vendre de la drogue à Stains" (11/2016)
"L’alcoolisme et le tabagisme se sont peu à peu installés dans le bassin minier" (01/2017)
"Le chômage de masse, en France, c’est
parce que les travailleurs sont trop protégés" (02/2017)
"Les Britanniques ont la chance d’avoir eu Margaret Thatcher" (02/2017)
"Il n’y a pas de culture française (…) Moi, l’art français, je l’ai jamais vu" (02/2017)
"C’est une erreur de penser que le programme est le cœur d’une campagne électorale. La politique, c’est mystique" (02/2017)
"Une start-up nation est une nation où chacun peut se dire qu’il pourra créer une start-up. Je veux que la France en soit une" (04/2017)
"Je suis pour une société sans statuts" (03/2017)
"Vu la situation économique, ne plus payer les heures supplémentaires est une nécessité" (04/2017)
"Le Kwassa-Kwassa pêche peu, il amène du Comorien" (06/2017)
"Une gare, c’est un lieu où l’on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien" (06/2017)
"Je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois, ou perdus" (07/2017)
"Je n’aime pas le terme de pénibilité. Donc, je le supprimerai, car il induit que le travail est une douleur" (07/2017)
"Quand tu es Président, ce n’est pas le moment où tu gagnes le plus d’argent" (08/2017)
"Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes" (09/2017)
"Mes conseillers sont jeunes, j’assume. Les maréchaux d’Empire étaient jeunes et ce n’étaient pas des paysans" (09/2017)
"Les révolutionnaires sont souvent des ratés du suffrage universel" (09/2017)
"La démocratie ne se fait pas dans la rue" (09/2017)
"Certains, au lieu de foutre le bordel, ils feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes, là-bas, parce qu’il y en a qui ont les qualifications, et ce n’est pas loin de chez eux" (10/2017)
"Je ne suis pas le père Noël" (en Guyane, 10/2017)
« Je crois à la cordée. Il y a des hommes et des femmes qui réussissent parce qu’ils ont du talent, je veux qu’on les célèbre. Si on commence à jeter des cailloux sur les premiers de cordée, c’est toute la cordée qui dégringole" (10/2017)
"Si vous n’êtes pas en danger, il faut retourner dans votre pays" (11/2017)
"Ceux qui naissent pauvres restent pauvres. Il faut responsabiliser les pauvres pour qu’ils sortent de la pauvreté" (06/2018)
"On met un pognon de dingue dans les minima sociaux, et les gens ne s’en sortent pas" (06/2018)
"Je dis aux jeunes : Ne cherchez plus un patron, cherchez des clients" (06/2018)
"Si un jour tu veux faire la révolution, tu apprends d’abord à avoir un diplôme et à te nourrir toi-même" (07/2018)
"S'ils veulent un responsable, qu'ils viennent me chercher" (à propos de l'affaire Benalla, 07/2018)
Ce peuple luthérien, qui a vécu les transformations de ces dernières années, n’est pas exactement le Gaulois réfractaire au changement ! (08/2018)
Face à un jeune chômeur Macron indique : « je traverse la rue et je vous trouve un emploi ... je veux simplement des gens qui sont prêts à travailler »
Journée du Patrimoine l’Elysée 09/2018
"Trop de Français n'ont pas le sens de l'effort, ce qui explique en partie les "troubles" que connaît le pays, vendredi 11/1/2019

 

La plainte déposée par Jean-Marc Adolphe à la gendarmerie de Fère-en-Tardenois aussi célèbre que Grand Bourgtheroulde (où 600 maires de la France profonde ont ovationné un malotru en chemise, parlant de crack et de pipe, messages subliminaux)) me fait penser à Vaclav Havel (auteur de "L'amour et la vérité doivent triompher de la haine et du mensonge"); dissident de la Charte 77, auteur de « Le Pouvoir des sans-pouvoir », écrit en prison en 1978, dans lequel il analyse les mécanismes de la mauvaise raison d’État (stalinien) qui prive selon lui les citoyens ordinaires de toute capacité d'influer sur le cours réel de leur vie : mécanismes qui conduiraient à la résignation des individus et aussi à leur démission morale, stérilisant en fait la dynamique sociale; en novembre 1989, il est spontanément placé par la foule à la tête du mouvement « Forum civique », une association unie des mouvements d'opposition et d'initiative démocratique; il y aurait à apprendre de la révolution de velours (très différente des révolutions orange, télécommandées)
il me semble que la démarche de Jean-Marc Adolphe vise entre autre à redonner aux mots leur sens, leur vérité contre les usages performatifs et oxymoriques (le fameux "en même temps", dualité et neutralité typiques de la propagande de Macron) qu'avait bien perçu Lewis Carroll; 
- Lorsque j'utilise un mot, dit Humpty Dumpty avec mépris, il signifie exactement ce que je choisis qu'il signifie — ni plus, ni moins.
- La question est de savoir si vous pouvez faire signifier aux mots autant de choses différentes, dit Alice.
- La question est de savoir qui est le maître, et rien d'autre, dit Humpty Dumpty. 

La position de Humpty-Dumpty a été ultérieurement théorisée par JL Austin dans Quand dire, c'est faire (1962), inaugurant les recherches sur les usages performatifs du langage
 

J'avais voulu faire créer la totalité du théâtre de Havel (voir Donjon Soleil), accusé de didactisme, pour montrer l'efficacité de ce théâtre de l'absurde, à l'image du langage officiel stalinien où les mots étaient à l'opposé de la réalité, il fallait donc dévoiler cette imposture et cet usage immoral du langage, ce qu'il fit avec brio et constance, même devenu président; 
cette démarche de Jean-Marc Adolphe, solitaire ou multipliée par des milliers, contribuera-t-elle à moraliser le monde des mots affirmateurs puis négateurs des maux ? Macron ne changera pas mais les gens peuvent vouloir que les mots redeviennent vivants parce que chargés de sens, de vie, de vérité. Merci pour ce coup d'épée dans le vif du mensonge d'état "démocratique". Oui, la bataille en cours a aussi pour enjeu le sens des mots.

 

réservations auprès de Marilyne Brunet, en MP ou par mail à FEDERATION.GJ.TOULON.VAR@TUTANOTA.COM
A l initiative de Gilets jaunes du grand Toulon, Dimanche 20 janvier 2019 de 10h à 12h30 le cinéma "le Royal" accueille les GJ et tout sympathisant ou simple curieux bienveillant qui souhaite apporter sa pierre à l'édifice des assemblées populaires. Partagez, et venez nombreux ! Réservez votre place en mp.
La direction du cinéma le Royal, lieu emblématique à Toulon, sensible et favorable aux débats citoyens et aux assemblées populaires, met gracieusement sa grande salle de projection à disposition. Nous l'en remercions bien chaleureusement.
Proposition d'ordre du jour :
-- Assemblée populaire / Réunion pour la fédération des groupes gilets jaunes du grand Toulon --
-> Donner suite au premier rassemblement du mercredi 26 décembre organisé à la salle Méditerranée, autour d'un fonctionnement autogéré par zone géographique, par pôles et sans représentant, pour l'union des ressources et la coordination des actions ;
-> Valider le schéma structurel issu de ces débats ;
-> Adoption du principe d'un site web corrélé à cette fédération : état des lieux des travaux en cours, à usage interne et/ou externe ;
-> Inscriptions des participants aux groupes de réflexion existants ( Ecologie. Démocratie, Economie et Social . Education ) création de nouveaux groupes par les participants ;
- propositions de futurs sujets de réflexion pouvant donner lieu à des projections de films et / ou à des interventions de différents spécialistes suivis de débats.
-> Une réunion qui en appelle d'autres, pour établir la synthèse des réflexions de chaque groupe et aborder collectivement des sujets déterminants (choisis à l'issue de chaque réunion) ;
Une trentaine de groupes de gilets jaunes (France entière) ont déjà répondu favorablement au second appel de Commercy pour "l'assemblée des assemblées" pour le 26 janvier ! (voir vidéo ci-dessus)

Position d'Alain Badiou
Je laisse cette réponse d'Alain Badiou à France 2 à votre réflexion.
Cher Monsieur,
Je vous remercie, ainsi naturellement que Léa Salamé, de votre invitation. Je n’ai, croyez-le bien, aucune opposition de principe concernant une participation à « Stupéfiant ». Je tiens seulement à vous expliquer pourquoi je ne souhaite pas paraître, en ce moment, dans des émissions traitant de l’actualité politique. J’ai déjà du reste donné ces explications à Frédéric Taddeï, qui m’avait invité, comme il l’a déjà très souvent fait dans le passé – ce dont je le remercie – à venir parler de l’épisode « gilets jaunes » sur RTF.
Il faut partir d’une considération générale : il existe parfois, dans les situations sociales, nationales, politiques, ce que j’appelle des fausses contradictions. A savoir des contradictions, éventuellement violentes, mais dont aucun des deux termes ne mérite d’être choisi ou soutenu. Pensons par exemple à la guerre de 14-18 : fallait-il obligatoirement choisir son camp pour cette tuerie finalement totalement vaine, et ce pour la seule raison qu’on était français, allemand, russe, ou italien ? Ceux qui, comme Romain Rolland ou Trotski ont répondu « non », et en ont averti l’opinion mondiale depuis la Suisse, avaient, si peu nombreux soient-ils, entièrement raison. Aujourd’hui, Dieu merci dans une situation infiniment moins dramatique, faut-il absolument choisir entre le gouvernement Macron et les gilets jaunes ? Pour le moment en tout cas, je ne le pense pas. J’ai dit fermement, dès les élections présidentielles, que je ne me rallierai ni à Marine Le Pen, capitaine de l’extrême-droite parlementaire, ni à Macron, qui montait ce que j’ai appelé « un coup d’Etat démocratique », au service pseudo-réformateur du grand capital.
Aujourd’hui, je ne change évidemment rien à mon jugement sur Macron. Mais je n’ai rien trouvé de politiquement novateur ou progressiste dans la mobilisation des gilets jaunes, si exact que puisse être leur sentiment de baisse du pouvoir d’achat, et si justifié que puisse être leur dégoût du pouvoir en place. Les ennemis de mes ennemis ne sont bien souvent, non seulement pas mes amis, mais des ennemis encore pires. Ainsi de Marine Le Pen au regard de Macron, par exemple. Je ne dis pas que ce soit le cas des gilets jaunes, mais je ne lis rien, ni dans leurs proclamations, ni dans leur désorganisation périlleuse, ni dans leurs formes d’action, ni dans leur absence de pensée générale et de mots d’ordre, qui puisse me convaincre qu’ils sont les amis, même éloignés, de la seule orientation qu’on puisse valablement opposer au pouvoir en place, dont le seul nom réel est « capitalisme », à savoir celle que je nomme le nouveau communisme. Divers indices, notamment des traces évidentes de nationalisme à courte vue, d’hostilité latente aux intellectuels, de « démocratisme » démagogique, et de confusion dans les discours, m’inclinent d’ailleurs à être prudent dans toute appréciation de ce mouvement. Car après tout, il y a un proverbe qui dit que « tout ce qui bouge n’est pas rouge ». Et pour le moment, du « rouge », il n’est pas question : je ne vois, outre le jaune, que du tricolore, toujours un peu suspect à mes yeux.
Au regard d’une fausse contradiction, le mieux est de s’abstenir de tout jugement prématuré, de se retirer sur l’Aventin pour apprécier les éventuels changements induits par le mouvement, et de rassembler, si c’est possible, un troisième terme gardien de l’avenir. Voilà ce que je voulais vous dire pour justifier ma réponse négative, circonstanciellement négative, à votre invitation. Merci encore, et bien à vous.
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Note sur le vote / la grève des électeurs

3 Mars 2015 , Rédigé par grossel Publié dans #agora, #FINS DE PARTIES, #agoras, #note de lecture, #pour toujours, #écriture- lecture

Note sur le vote / la grève des électeurs

Face à la montée de l'abstention, de la défiance envers les élus, du populisme : la démocratie est-elle en danger ? Comment remobiliser le citoyen dans ses devoirs ?

En effet de plus en plus de citoyens ne se "dérangent " plus pour voter.

Pourquoi ? Certainement à cause d'un ensemble de faits. Mais Il semble, entre autre, que plus personne ne soit dupe de la mascarade que représentent les élections :

1- les candidats avancent des promesses irréalisables. Une fois au pouvoir tout le monde sait qu'ils ne pourront pas les tenir parce qu'en fait le pouvoir ne se tient pas là . La guerre est économique, et ce sont les multinationales ou les banques qui tiennent les rennes.

2- la crise de 2008 a confirmer la subordination des Etats aux banques et au système financier dans son ensemble.

Pour sauver le système financier les Etats ont contracté une dette énorme, qui se payent aujourd'hui par des politiques d'austérité.

La priorité après cette crise majeure était de séparer les banques d'investissements des banques spéculatives. A ce jour, rien ou presque n'a été fait et le monde entier reste un énorme casino (cf Patick VIVERET- philosophe, conseiller à la Cour des Comptes). Ca passe ou ca casse !

3- au delà de la crise financière, le monde doit faire face à une crise sociale et écologique majeure. Le discours des politiques sur une croissance illimitée qui devrait tout résoudre n'est plus crédible. On ne peut pas croître indéfiniment avec des ressources limitées et en payant le prix fort de la destruction massive de la planète qui nous héberge.

4- les citoyens aspirent à un changement de paradigme, qu'aucun politique n'incarne à leurs yeux. Mettre l'économie au service de l'homme et non l'homme au service de l'économie.

Ils préfèrent donc l'action directe et citoyenne : ZAD, pétitions internet, ...etc. L'économie sociale et solidaire (ESS) progresse et se base sur la collaboration, l'échange, la solidarité, le partage.

Mais elle n'est pas encore enseignée à l'ENA, ce qui renforce le fossé entre "élite" de la Nation et citoyen...

Ainsi donc le citoyen place de plus en plus (et surtout les jeunes) ses urgences, ses moyens d'action et ses "devoirs" à un autre niveau, dans une autre sphère d'action.

Le vote traditionnel , sans aucune consultation, sans aucun contrôle possible entre deux échéances électorales, est périmé !

La démocratie doit se vivre à 2 niveaux :

- sur un plan local pour tout ce qui régie le quotidien, organisé en Pôles de développement autonomes et à hiérarchie horizontale

- sur un plan mondial pour toutes les questions de sécurité et de protection de la planète (cf Les sommets de La Terre)

La remobilisation des citoyens passe donc par une révolution des mentalités et une révolution de l'organisation du vivre ensemble

le 25 février 2015

michelle Lissillour

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