cahiers de l'egare
Et quoi l'éternité ?
la traversée filmée le 29 septembre 2023 au Revest
FOCUS AUTEUR #9 JEAN-CLAUDE GROSSE
LE PORTRAIT HEBDO DES AUTEURS eat (Ecrivains Associés du Théâtre). On connaît JEAN-CLAUDE GROSSE comme éditeur des Cahiers de l'Égaré (depuis 1988), président de la filiale eat-méditerran...
On connaît JEAN-CLAUDE GROSSE comme éditeur des Cahiers de l'Égaré (depuis 1988), président de la filiale eat-méditerranée (depuis 2010), et comme "agitateur de bocals agités" selon sa propre formule. L'image d'une vigueur et d'une parole énergique, conforme à sa personnalité passionnée. Dans cette interview, il livre et se livre plus intimement, son engagement poétique et politique, dans des réponses fouillées qui rendent hommage aux penseurs qui accompagnent sa réflexion sur l'écriture et l'humain. Vidéo de 2015, vue 366 fois. Deux ans après (2017-2019) s'amorçait un changement de paradigme.
Une traversée dans l'oeuvre de JCG + Vita Nova - Les Cahiers de l'Égaré
La supergéante rouge Bételgeuse (en haut à gauche) et la célèbre ceinture d'Orion. Cette image prise en février 2018 révèle les détails de la Constellation d'Orion avec les nébuleuses env...
https://cahiersegare.over-blog.com/2023/11/une-traversee-dans-l-oeuvre-de-jcg-vita-nova.html
version traversée d'une oeuvre
Une traversée dans l'oeuvre de JCG + Vita Nova - Blog de Jean-Claude Grosse
La supergéante rouge Bételgeuse (en haut à gauche) et la célèbre ceinture d'Orion. Cette image prise en février 2018 révèle les détails de la Constellation d'Orion avec les nébuleuses env...
https://les4saisons.over-blog.com/2023/11/une-traversee-dans-l-oeuvre-de-jcg-vita-nova.html
version traversée d'une vie
Un concepteur : Dominique Lardenois
Deux interprètes : Dominique Lardenois, Katia Ponomareva
ET QUOI L’ ETERNITE ?
UNE TRAVERSEE DANS L’ŒUVRE DE JCG-VITA NOVA
Choix des textes Dominique Lardenois
Interprétation : Katia Ponomavera, Dominique Lardenois
Lecture réalisée le vendredi 29 septembre à la Maison des Comoni ( Le
Revest-les-Eaux)
Lardenois
Présentation de la soirée :
Bonsoir à toutes, bonsoir à tous, bonsoir Monsieur le Maire du Revest les Eaux.
Merci beaucoup d’être en notre compagnie pour partager notre traversée dans
les écrits de Jean-Claude Grosse.
Bonsoir Katia
Bonsoir Jean-Claude.
Comme tu l’as souhaité, tu vas donc découvrir en même temps que notre
public les textes que nous avons choisis pour faire notre traversée.
Mais avant de commencer un petit récapitulatif de tes activités littéraires.
Tu interviens si j’ai oublié quelque chose d’important !
Donc entre 1997 et 2021, tu as, publié 15 livres, Théâtre, poésie, essais, poème
récit,
Et puis, en février 2022, tu publies un seizième livre que tu intitules : Et ton
livre d’éternité ?
Quel livre !
Un roman polyphonique de six cent soixante six pages que tu as écrit durant
deux années.
Tu publies sur tes blogs qui sont consacrés aux questions politiques et sociales,
au développement personnel et à l'éveil spirituel, de très nombreuses notes de
lecture puis tu n’hésites pas à fait part de tes réflexions et de tes prises de
positions sur des domaines très variés.
1Jean-Claude , on peut te voir faire des choses que l’on dit ordinaires comme
par exemple faire tes courses en préférant les circuits courts, boire un café, te
promener dans la garrigue ou conduire ta voiture …
Mais lorsque tu écrits, tu te métamorphoses !
Lorsque tu écrits tu deviens E. Say Salé (ton hétéronyme africain) ou JCG,
(celui qu’on appelle communément J.C) ou Lui-Je, hiérosolymitain d’Avers sous
les eaux depuis le Déluge et d’Avers sur les eaux Et de Corps ça vie ou Vita
Nova.
Je ne connaissais évidement pas le mot Hiérosolymitain et j’ai regardé dans le
dictionnaire, alors : Hiérosolymitain nom masculin qui signifie habitant de
Jérusalem
Dans tes écrits comme dans ta vie, tu traces un chemin très singulier et
atypique avec une démarche profonde, sérieuse argumentée et engagée.
Ce qui n’empêche pas l’humour.
Cette traversée sera subjective, chacune et chacun d’entre vous pourrait en
proposer d’autres, elle ne pourra pas rendre – compte de tout ce que tu as
écrit. Merci de nous le pardonner !
Elle est (sauf coup de tonnerre) prévue pour une durée d’une heure.
Pour conclure cette soirée de manière amicale un pot vous est offert par la
municipalité du Revest-les-Eaux
Vous pourrez aussi, si vous le souhaitez, vous procurer les ouvrages de Jean-
Claude. J’ai cru comprendre qu’il serait à prix réduit ? Tu confirmes Jean-
Claude ?
Vous dire enfin que cette soirée est soutenue par Les Cahiers de l’Égaré, Les
quatre 4 Saisons du Revest et d’ailleurs, La Municipalité du
Revest-les Eaux. En partenariat et avec le soutien de TPM et du Pôle.
Merci beaucoup à eux
Merci à l’équipe technique de la Maison des Comoni qui nous ont très bien
accueillis.
N’oubliez pas tout à l’heure de rallumer vos téléphones portables.
Bonne soirée
2Jean-Claude est-ce que tu une idée du texte avec lequel nous allons commencer
notre traversée ?
On va commencer avec un poème
Il fait partie des 92 poèmes que tu as écrit entre 1958 et 2000 et qui sont
regroupés dans La Parole éprouvée.
C’est un poème que tu as écrit en 1999 pour Les 4 Saisons de Revest aventure
de théâtre et de poésie depuis 1983 et pour L’Agora de La Maison des Comoni
espace de pensée libre, gratuit depuis 1995
Il est dédicacé à Florence, Michelle, Jacqueline, Malika, Jean-Louis, Alex, Cyril,
Rachid, Philippe, Joël, Paul, Michel, Florence, Jacques et Béatrice.
Il a pour titre
(DES) APPRENTISSAGE DE LA BÊTISE, DE LA MAÎTRISE
C’est un poème autobiographique
J’ai commencé le 25 octobre 1940,
jour de ma naissance criée
en maternité-celle des fleurs-du côté d’Ollioules.
menue maman sans son homme
-mon père-du côté de Dakar.
Il faisait nuit-une heure du matin-
c’était minuit dans le siècle de Trotsky assassiné,
nuit et brouillard sur l’Europe nettoyée par Hitler.
Ignorant, je ne savais pas, je ne pouvais crier.
Grandissant, on apprend. Coupable, on devient.
De parents coupables d’innocence.
Nous vivions en zone libre, au temps des restrictions,
dans une France coupée en deux et collabo.
27 novembre 1942. Sabordage de la Flotte.
Un obus dans ma chambre à Rodeilhac. -Maman m’a raconté-
Un obus dans ma chambre qui n’a pas explosé. J’eus la vie sauve,
perdis l’usage d’un œil le gauche
jusqu’à la Libération où je fus rétabli dans ma vision.
3Avant ma longue errance dans le labyrinthe de l’Histoire, je jouais à des jeux
touchants.
Il faisait un temps de guerre froide sur le monde coupé en deux.
Ignorant, je ne savais pas, je ne pouvais crier
que les coupables torturés, abattus, enfermés au goulag étaient innocents.
Moi, je jouais ici en démocratie quatrième République, sans savoir ce que c’est,
du côté de Castres.
Là-bas, d’autres enfants jouaient du côté de Moscou, de Pékin aux mêmes jeux
touchants, dans des démocraties populaires à régime totalitaire sans savoir ce
que c’est.
Après l’effondrement du mur de Berlin
quand après les deux mondes il n’y en eut qu’un
je compris que les dictatures à langage unique s’effondrent
quand les démocraties à pensée unique perdurent.
Avant mon séjour prolongé dans le labyrinthe du Politique
où sévit le Minotaure Libéral qui bouffera nos enfants,
j’appris l’élémentaire, le primaire, le secondaire et le supérieur.
Quelle adolescence du désastre chez les enfants de troupe !
Et à Saint- Cyr Coëtquidan, terre de fondrières et d’effondrements,
L’entrée en poésie pour tenter d’en sortir.
Ecriture appliquée sur des cahiers d’égaré.
Du mot qui dénomme croit faire apparaître la chose dans sa lumière
au mot qui monte, pense faire voir le plein de la chose
jusqu’au mot -mais y arriverai-je à cet ultime ?- jusqu’au mot investi par les
vides et les pénombres de la chose.
Car plus je passe, moins j’explique, moins je comprends : l’expérience me
désapprend le monde et l’homme.
4De la poésie fascinée par l’absence de ce qui n’est pas, de la poésie comme
plainte et révolte à la poésie de la présence et de l’acquiescement à ce qui
apparait et disparait.
De la poésie comme volonté de puissance pour désembourber l’avenir
A la poésie comme humilité pour chuchoter ce qui nous ramifie.
Et ce fut le temps de la paix en Algérie.
A l’Algérie française j’avais cru et je suis arrivé dans ce pays libéré de moi/de
mes pieds noirs, de mon Etat
sans être inquiété ou haï.
Prise de conscience des tromperies de tous bords.
Crise de conscience. Démission de l’armée.
Reprise des études en Sorbonne, à Nanterre.
Professeur de letres et de philosophie dans le Nord
aimé d’une élève, l’aimant en retour
ah la légère, l’aérienne ! Etoile et danse !
Vivre d’aimer au temps de Mourir d’aimer.
Mariages civil et religieux, nous athées,
Au beau milieu de l’année.
Une fille nous est venue le jour du deuxième tour des élections de 68.
Après l’exaltation du 13 mai au 6 juin,
Entré en politique avec le souci de transformer le monde
par la vérité et la lutte des classes.
J’ai perdu de vue notre fille et ma femme.
Le militant, 12 ans durant, a oublié d’être mari et père.
30 ans après, on revient là-dessus.
A vu le jour notre deuxième, 3 ans après.
A vu le jour après avoir failli être perdu !
Homme d’écriture et de théâtre comme moi et comme sa sœur.
Du Nord au Sud, ce que nous avons gagné en soleil, nous l’avons perdu en
chaleur.
5Après la révolution mondiale pour changer la vie,
Echec patent
l’action municipale, 12 ans durant,
pour faire du village du Revest, une agora rayonnante,
Pari tenu.
Vie depuis consacré au théâtre, art de la parole et du silence,
Art du dit, du non-dit, du mi-dit
Art de la voix, du regard, du corps,
Art de la présence et du partage
Cet art du rassemblement me tient en éveil, en alerte,
capteur d’inattendu bouleversant
en marge de la déception qui me saisit quand ce qui se passe sur scène est en
représentation.
Me soumettant à l’impératif de l’essentiel, que me faut-il maintenant
entreprendre entre le franchissement de l’an 2000 et le passage à vide ?
Ecouter la symphonie des nuages qui dérivent au dessus de ton toit.
Voir depuis chez moi le théâtre des vents alternes dans l’olivaie.
Commentaire :
Cher Jean-Claude tu as écrit ce poème-portrait à l’aube de l’an 2000. Vingt-trois
années on va se rendre-compte que tu ne t’es pas contenter d’écouter la
symphonie des nuages et voir le théâtre des vents dans l’olivaie.
(Temps)
Lardenois
Puisque nous sommes en automne nous avons choisis de poursuivre notre
traversée avec un texte que vous trouverez dans
ET TON LIVRE D’ETERNITE ?
Il a pour titre :
Vivre les saisons au féminin que tu sois femme ou homme
6Katia
Quand vient l’automne,
Je repense à ces fleurs qui sont nées.
Qui ont parfumé nos âmes.
Je repense à ces fruits délicieux,
Que nous avons cueilli ensemble
Dans notre arbre âme.
Oh mon amour, j’ai tellement de reconnaissance
Pour toutes ces feuilles, toutes ces fleurs, tous ces fruits
Que tu as fait pousser en moi, à travers moi,
A travers d’autres.
J’ai tellement de reconnaisse pour
Toutes ces feuilles, toutes ces fleurs, tous ces fruits,
Que nous avons créés ensemble,
Au bout de nos sourires, de nos regards, de nos mains d’oiseaux, de nos danses
colorées, de nos souffles, de nos joies partagées.
Quand vient l’automne,
Je repense à toutes ces feuilles, toutes ces fleurs, tous ces fruits, toutes ces
graines,
Qui vont tomber en terre.
Et je ressens la sève qui descend,
7Les feuilles qui lentement se rétractent, se détachent des branches.
Tout devient plus craquant et plus sec,
Alors je pense, mon amour, à ce besoin
De retrouver la TERRE
A ce besoin de fondre dans l’humus- amant,
De fondre, à nouveau dans l’obscurité et la chaleur de sa douce présence.
Et je pense à ce temps de recueillement,
Ce lâcher prise après l’été ardent
Et je laisse la sève revenir à la TERRE,
Je laisse mon amour revenir en mon centre plus présent et plus fort.
Ressourcement, transformation
Passage de la lumière à l’obscurité
De l’extérieur à l’intérieur.
Mon cœur porte cet élan des saisons avec moi,
Et je sais que mon amour a autant besoin de fruits mûrs que de branches
d’hiver.
Mon amour, tes belles feuilles toutes gorgées d’été et de chaleur,
Vont ralentir leur activité
Pour nourrir le bois, les directions nues qui se trament au bout des branches,
dans le corps de ton tronc, dans la conscience nue,
Et je pense à ce besoin de renouvellement, de régénérescence.
8Dans la douce fin d’été si sucrée,
Je pense à ma capacité à mourir pour renaître encore,
Je pense au phénix et je pense à l’oiseau
Et je laisse mes plumes se suspendre un instant.
Une profonde introspection commence.
Ce besoin d’être à l’intérieur,
Ce besoin d’habiter l’intérieur,
Ce besoin de prière.
Âme du monde je te reconnais.
Je te reconnais dans ton foisonnement, ta générosité, je te reconnais dans ta
nudité, ton abandon.
Et je descends dans ton essence pour effleurer avec toi l’âme plus grande qui
nous berce toi et moi et nous demande d’écarter encore nos antennes célestes
Pour propager, cultiver cette atmosphère du souffle
Dans chaque recoin du monde,
Avec ce souffle amoureux,
D’un espoir à trouver, d’une paix à toucher.
(Temps)
Lardenois
DANS
LES ENFANTS DU BAÎKAL
Il était une fois le Baïkal et une goutte d’eau
9Katia
C’est un conte !
Un dialogue entre un Grand-père et sa Petite Fille qu’il appelle sa Fetite Pille.
Lardenois
Le Grand Père : Tu veux voyager ?
Katia
La Fetite Pille : Oui loin !
Lardenois
Alors on est parti !
Katia
Où ça ?
Lardenois
Au lac Baïkal
Katia
C’est où ?
Lardenois
Vers l’est, à 10 000 kilomètres de la Méditerranée.
Katia
Comment on y va ?
Lardenois
Par l’imagination
Katia
Oui, mais en vrai ?
Lardenois
En vrai, avec le Méditerranée-Baïkal un train pour les rêveurs.
Katia
10On part quand ?
Lardenois
Le 28 juillet à 7 heures du matin.
Katia
Combien on passe de jours dans le Méditerranée-Baïkal ?
Lardenois
7 jours pour Oulan- Oudé
Katia
Qu’est ce qu’on y fait ?
Lardenois
On voit de nouveaux visages, de nouveaux paysages, on traverse des rivières,
on passe sous des montagnes, on entend la musique des roues…
Katia
C’est bien voir de nouveaux visages ?
Lardenois
C’est ce qui est le plus passionnant, chaque visage raconte son histoire.
Katia
Moi, j’entends rien quand je regarde.
Lardenois
Il faut voir avec les yeux du cœur pour entendre l’histoire muette d’un visage !
Katia
Raconte-moi les arrêts sur image.
Lardenois
On commence par lequel ?
Katia
11Oulan- Oude c’est la qu’on descend pour aller au lac. Comment on va au lac ?
Lardenois
Un mini bus puis en bateau pour aller à Baklany. C’est une plage de sable ocre
réservée à deux poètes. Dasha et Lisa.
Katia
Elles vivent comment ?
Lardenois
Seules, dans une isba en bois, elles pêchent, chassent, cueillent des baies
Katia
Elles n’aiment pas les gens ?
Lardenois
Si, mais elles les aiment trop ! Les gens sont toujours décevants quand tu les
aimes trop !
Katia
Je t’aime beaucoup alors tu me déçois ?
Lardenois
Sans doute, je ne suis pas à la hauteur des histoires que je veux te raconter.
Katia
Ca c’est vrai : le minibus, le bateau, tu peux faire mieux ! Dis- moi quelque
chose qui me parle…
(temps)
Lardenois
Il était une fois une goutte d’eau sur une feuille de bouleau Elle s’appelait
Baïkala . C’était une goutte de rosée qui comme toutes les gouttes de rosées
accrochées à des branches, devait tomber dans le lac.
12Pourquoi refusa-t-elle ce destin ? Elle savait, vieux savoir, que si elle tombait
elle perdrait sa singularité, qu’elle se fondrait dans la masse. Elle se croyait
unique.
Le bargouzine avait beau souffler, la petite goutte d’eau résistait, et s’accrochait
à la feuille.
Ce n’est pas le vent qui eut raison d’elle mais le soleil. C’était en août. Elle
s’évapora.
Liquide, elle était devenue vapeur.
Lourde elle était devenue légère.
Elle avait rejoint un nuage, elle avait changé d’état.
Les gouttes de nuage c’est comme des semences. Quand elles tombent en
pluie sur la terre, tout ce qui attend de naître se met à pousser.
Ca lui plaisait d’être la semence universelle, de faire naître, de faire grandir, de
faire vivre.
FP : moi, j’ai envie de grandir ! Est ce que je pourrai rencontrer Baïkala ?
GP : Bien sûr ! On part au Baïkal ; on attend la prochaine pluie et Baïkala, la
goutte d’eau, tombée du ciel descendra spécialement pour toi et viendra se
loger…….. dans ton nombril.
Katia :
Dans mon nombril ?
Lardenois
Oui dans ton nombril ! Le nombril d’or, l’omphalos c’est ici dans ton nombril
que se relient les eaux utérines donnant naissance et les eaux torrentielles
donnant la vie.
Tu es une manifestation sacrée de la Vie !
Katia
Ah bon ?
Tu délires pas un peu avec mon nombril ?
Maman dit que t’es un putain de nombriliste.
13Pardon pour putain c’est son mot.
(Temps)
Lardenois
Commentaire : Le premier vers de ton poème autobiographique débute par «
J’ai commencé », alors que dire sur le commencement ?
DANS
JOURNAL D’UN EGARE
QUE DIRE SUR LE COMMENCEMENT ?
Katia
Que dire sur le commencement ?
Quand un commencement commence
Un chemin se met à cheminer
Jusqu’à une fin
Qui y met fin.
Lardenois
Le commencement contient-ils le chemin et la fin ?
Il y a des tenants de cet abrutissement.
Si le commencement ne contient rien
Et si la fin ne dit rien
Y a-t-il encore chemin ?
Katia
DESTIN ?
14Lardenois
HASARD ?
Katia
Tout commencement est arbitraire.
Il n’y a pas de point zéro
Le point zéro de tout big bang est inaccessible,
Tu ne peux tout réinventer, tout recréer
Pars de ce qui t’est donné
Et que tu ne peux refuser.
Pars de cette violence qui t’est faite
Et que tu peux organiser.
Dieu nous a donné la Terre.
Nous la lui rendrons retournée, cultivée.
Il a fait l’animal humain
Nous lui rendrons l’Homme.
Lardenois
50 années plus tard tu relis Jean-Claude, ces quatre derniers vers
Réécoutons-les !
Katia
Dieu nous a donné la Terre.
Nous la lui rendrons retournée, cultivée.
Il a fait l’animal humain
Nous lui rendrons l’Homme.
Lardenois
Tu relis donc ces quatre vers et tu écris :
15J’ai osé écrire cela il y a 50 ans en 1966 ?
J’ai osé mêler Dieu à notre aventure terrestre et cosmique.
J’ai aussi osé évoquer par trois fois un « Nous
»
: espoir d’unité et d’élévation
très affirmé. .
Qui oserait, aujourd’hui, croire au « Nous
»
?
Aujourd’hui, je vois triompher le « Moi ».
Du « Nous » exacerbé au « Moi » enflé, tel est notre trajet majori
(Temps)
Katia
DANS
L’ÎLE AUX MOUETTES
DELAVIEDELAMORTMÊLEES (écrit comme un seul mot ?)
Lardenois
Méditation poétique sur le hasard et la mort
Katia
Au clocher de Corsavy
vieux de quelques siècles
midi sonne
le temps passe
elle se rapproche
Lardenois
Sirène de pompier
barri d’amunt
attroupement de voisins
que se passe t-il ?
16Katia
C’est Francine elle a un malaise cardiaque.
Lardenois
En réalité c’est trop tard.
Rupture d’anévrisme.
Katia
Dans son lit Francine discutait avec deux amies
Des voisines
Elle dit J’ai la tête qui tourne
elle la rejette en arrière
pousse un râle,
ce fut tout
C’était terminé.
Lardenois
La page est tournée
les volets sont fermés
Francine n’est plus
Katia
Des paroles s’envolent.
Lardenois
c’est le destin
Katia
c’était son heure
Lardenois
c’était écrit, c’est la vie !
Katia
La vie continue dit une autre femme
Lardenois
Plus tard
je m’interroge
minuit sonne
le temps passe
elle se rapproche.
17Que disent ces paroles de survivants ?
La vie continue oui
pour chacun de ces vivants
moi y compris
qui vous écris.
Katia
Dans le Grand Livre de la Nature
il n’y a qu’une inscription
nous sommes mortels
A l’échelle du temps immense
nous ne sommes qu’une éloïse
dans la nuit éternelle
Lardenois
A notre échelle
cette petite part de temps et de vie
qui nous est donnée par le hasard
comment pouvons-nous la vivre ?
Katia
Don du hasard
la vie
Lardenois
Don du hasard
toi moi
Katia
Don du hasard
ta mort avant la mienne
Lardenois
Dans ce grand jeu de hasard sans règles et sans lois sans calculs de probabilités
comment jouer ?
Katia
Entre le Tout ( avec un grand T) et le Rien ( avec un grand R)
chacun doit trouver sa juste mesure
18ce n’est pas Tout
ce n’est pas Rien
ce n’est pas Tout ou Rien
c’est un tout petit peu du Tout
c’est un petit peu plus que Rien
Lardenois
Vivre en homme de raison
c’est penser
clarifier un peu de l’incompréhensible
un peu de l’indescriptible
Katia
Chacun de nous est libre
de donner la signification
et la valeur qu’il veut
à sa vie
Lardenois
Moi,
Je n’ai pas envie d’ajouter
de la laideur au monde
mais un peu de beauté
de pensée
Katia
Ce fut sans doute aussi le choix de vie de Francine
Son sourire
sa bonté
sa beauté
étaient les signes de ce qu’elle était
de ce qu’elle était devenue.
(Temps)
19Lardenois
DANS
L’ÎLE AUX MOUETTES
La vie est comme un zèbre, une bande blanche, une bande noire…
Katia
Imagine que ta vie soit comme un zèbre une bande blanche, une bande noire.
Quel temps accorderas-tu à ta vie privée. Lequel à ta vie publique. Lequel à tes
passions, tes talents. Lequel à ton métier ?
Lardenois
Distingues le temps que tu accorderas à ton corps, à ton esprit, à ton âme, le
temps que tu accorderas à ta femme, à vos enfants, à tes parents, aux amis, aux
voisins, aux lointains, à la politique, à la morale, à l’éthique, à la culture, à
l’humanitaire, à la lecture, au cinéma, au pastis, à l’amour, au travail…
Katia
Demandes- toi ou tu vas choisir de vivre ? Ville, campagne, montagne, au fond
des bois, au bord de la mer
Lardenois
Demandes- toi si tu veux vivre sédentaire, sécurisé ou nomade précarisé. Si tu
veux vivre dans une hutte, une isba, une yourte, une maison ou une caravane !
Katia
Demandes- toi si tu veux vivre en accumulant des biens de toutes sortes, en
consommant, en polluant, en détruisant ou en réduisant tes besoins, tes désirs
et en vivants sobrement.
Lardenois
Demandes toi si tu veux vivre en solitaire, en dérangeant le moins possible
l’ordre des choses et en refusant de changer le monde
Ou si tu veux vivre en épicurien, cultivant l’amitié,
Katia
20Ou si tu veux vivre en homme de la grande et de la petite responsabilité en
cherchant à donner sens et valeur à sa vie, à donner le meilleur de TOI –MÊME
plutôt qu’à prendre ou à réclamer, sans hurler à la mort ou aboyer à la lune.
Katia et Lardenois A deux
A toi de jouer !
(Temps)
Katia
Je pars
Lardenois
Où ?
Katia
Au Baïkal !
Lardenois
DANS
LES ENFANTS DU BAÏKAL
L’invitation à la vie (extrait)
Katia
Personnages :
Lardenois
Le fils
Katia
La mère
Lardenois
Le père
Katia
La sœur
(Temps)
21Katia
Le fils
Lardenois
Je pars
Katia
Le père
Lardenois
Où ?
Katia
Le fils
Lardenois
Au Baïkal
La mère :
Katia
Pourquoi ?
Le fils :
Lardenois
Un amour là-bas
Katia
Le père :
Lardenois
Bonne raison !
La mère :
Katia
Ce n’est pas une raison.
22Le fils :
Lardenois
Elle s’appelle Baïkala
La mère :
Katia
Elle est comment ?
Le fils :
Lardenois
Pure comme le lac.
La mère :
Katia
Folle du cul comme tu les aimes.
Le fils :
Lardenois
Maman !
Katia
Le père :
Lardenois
Que fait-elle ?
Katia
Le fils :
Lardenois
Elle chante le Baïkal.
Katia
Le père :
23Lardenois
Tu vas vivre d’amour et d’eau fraîche ?
Katia
Le fils :
Lardenois
A peu prés.
La mère :
Katia
Et ta santé ?
Le fils :
Lardenois
Le Baïkal protège ceux qui l’aiment et qui s’aiment.
Katia
Le père :
Lardenois
Qu’est ce que tu lui trouves à ce lac ?
Katia
Le fils :
Lardenois
Écoute-le !
La mère :
Katia
Et à elle ?
Le fils :
Lardenois
24Ecoute- la !
La sœur :
Katia
Je pars avec toi ….
(Temps)
Katia
Le fils:
Lardenois
On va répéter ici !
Les comédiens :
Katia
En pleine nature ?
Lardenois
T’es dingue !
Katia
On va dans le mur !
Le fils:
Lardenois
Oui ici !
Où vois- tu un mur ?
Cet endroit du Baïkal s’appelle BAKLANY .
Au large l’île aux Mouettes. Vous les entendez ?
La sœur :
Katia
Oui, c’est bien ici. Dans la forêt c’est parfait.
25Lardenois
Les comédiens :
Katia
Quel vacarme !
Lardenois
Pourquoi tu nous infliges ça ?
Katia
Le fils :
Lardenois
Où veux-tu répéter La Forêt d’Ostrovski ?
Les comédiens :
Katia ou à deux
Dans un théâtre !
Katia
Le fils:
Lardenois
Vous n’avez rien compris au théâtre russe !
Les comédiens :
Katia
En pleine nature,
Lardenois
Sans le moindre confort,
Katia
T’es dingue !
Le fils:
Lardenois
26Oui ici, à BAKLANY
on est au plus prés de la taïga. De ses cadeaux, de ses dangers.
Les comédiens :
Katia
La nature est insupportable.
Lardenois
Tes idées sont insensées.
Katia
La nature pour éprouver l’art !
Le fils:
Lardenois
Vous préférez l’artifice ?
Les comédiens :
Katia
Ta nature, elle nous emmerde.
Lardenois
On l’emmerde et toi avec.
Katia
On se casse !
Le fils :
Lardenois
C’est ça cassez-vous ! J’ai pas besoin de vous !
La sœur :
Katia
Je reste !
Le fils:
27Lardenois
C’est comme ça dans toutes les aventures artistiques.
L’art ça dérange ou ce n’est pas de l’art.
(Temps)
Katia
Lui- Je, n’attend plus du théâtre qu’il lui donne de la voix, qu’il lui ouvre la voie,
une voie.
Il a pourtant fait partie du milieu, bénévolement pendant 22 ans et créateur du
festival de théâtre d’Avers sous les eaux puis directeur des 4 Saisons d’Avers sur
les eaux dans la Maison des Romanich de 1983 à 2004.
Il a cru, par passion, à la nécessité de soutenir la création artistique, de
l’écriture à la mise en scène, de soutenir et susciter des formes innovantes et
l’émergence de jeunes créateurs.
Ce fut une période passionnante qu’il ne renie pas
Mais Lui-je a pris conscience progressivement vers 2017/2019 que pour lui, le
vrai travail est à faire sur soi et par soi.
Pas d’agir sur les autres, d’influencer les autres.
Pas d’être agi par les autres.
Au théâtre, au spectacle, on est dans la représentation, pas dans la présence,
pas dans le présent.
Au théâtre je suis spectateur, je ne suis pas acteur de mon destin de mes choix
de vie à mes risques et péril.
Le théâtre, lieu de représentation est comme la politique représentative :
Enjeux de pouvoir
Le théâtre, lieu de représentation est comme la politique représentative :
Luttes de pouvoir.
28(Temps)
Lardenois
Ah le Théâtre !
(à Jean-Claude)
Jean-Claude, entre 1997 et 2017 tu as écrit et publié 7 pièces de Théâtre !
(Bravo)
Cinq pièces sous ton propre nom : Jean-Claude Grosse
Katia
La Vie en jeu
Lardenois
La Lutte des places
Katia
Le Libre jeu
Lardenois
La où ça prend fin
Katia
Et Histoire de places
Lardenois
Et trois autres pièces sous le nom de ton hétéronyme E.Say. Salé
Katia
Moi, Avide 1erl’Elu
Lardenois
EAT (manger, pisser, écrire) au temps des queues de cerises
Katia
Et Vols de voix Farce PESTILENTIELLE à l’occasion de la présidentielle 2017
Lardenois
Nous avons cherché dans le dictionnaire la signification de ce mot étrange
Hétéronyme
Katia
En littérature un hétéronyme est un pseudonyme utilisé par un écrivain pour
incarner un auteur fictif qui possède une vie propre et un style littéraire
particulier.
Lardenois
C’est clair ?
Ton Hétéronyme : E Say Salé est un auteur congolais qui vit à Ouagadougou, il
écrit des farces et il est aussi est cinéaste.
(A Jean-Claude)
C’est bien ça Jean-Claude ?
Katia
Vols de voix comportent 169 personnages
Le questionneur de merde
Lardenois
Le soliste qui œuvre en sous-sol
Katia
Arlette du musée Grévin
Lardenois
Le repentiste
Katia
Persil et Omo
Lardenois
La dératée des champs
30Katia
La servante du grand méchant loup
Lardenois
Sigmund et Jacques
Katia
L’entre deux-chaises
Lardenois
Un habitant de gogoland monsieur Gogo
Katia
L’ultraculpabilisateur néo libéral de gauche
Lardenois
L’anartiste … et bien d’autres !
Katia
169 personnages qui se partagent 235 répliques dont celle du Romain à succès
en 1956
Lardenois
Réplique du Romain à succès
Le député était préoccupé. Il essayait de se rappeler à quelle formation
politique il appartenait. Son parti s’était scindé en deux, les éléments de chaque
tronçon se repliant eux-mêmes par des systèmes d’imbrications vers trois
formations diverses, lesquelles exécutaient un mouvement tournant autour
du centre afin de s’y substituer, cependant que le centre lui-même subissait un
glissement vers la gauche dans ses éléments centripètes et vers la droite dans
ses éléments centrifuges.
Le député était à ce point dérouté qu’il en venait à se demander si son devoir
de patriote n’était pas de suscité lui-même la formation d’un groupement
nouveau, une sorte de noyau centre-gauche-droite avec apparentements
périphériques lequel pourrait fournir un pivot stable aux majorités tournantes,
31indépendamment des charnières qui articulaient celles-ci intérieurement, et
dont le programme politique pourrait être justement de sortir du rôle de
charnière pour accéder au rôle de pivot.
De toute façon, conclut le député, le seul moyen de s’y retrouver était d’avoir
un groupe à soi.
Katia
Le député leva brusquement vers le barman un regard désemparé.
(Temps)
Katia
Nous allons à présent quitter le cauchemar du député pour un moment de
rêve qui se trouve dans «
Journal d’un égaré
»
C’est le Rêve d’une école de la vie
Un texte dédié au philosophe à Marcel Conche que tu nommes Epicure de
Corrèze
Lardenois
Je rêve d’une école de la vie de trois classes.
Katia
Une classe pour apprendre à raconter. Pour seize enfants de 6 à 9 ans.
Lardenois
Une classe pour apprendre à s’émerveiller. Pour seize adolescents de 11 à 14
ans.
Katia
Une classe pour apprendre à penser et à vivre vraiment. Pour seize jeunes gens
de 16 à 19 ans.
32Des gosses des rues. Pas voulus. Des survivants du travail précoce, du sida
général, de la guerre perpétuelle. Des adolescents à la dérive sur
l’amertumonde.
Lardenois
La classe des petits seraient confié à un aède. Homère par exemple. Ils seraient
assis en rond 8 garçons et 8 filles. Ca commencerait par des questions. Homère
leur raconterait des histoires. Ils commenteraient ces histoires. Ils les
raconteraient à leur tour puis ils en inventeraient.
Katia
La classe des moyens seraient confiée aux poètes : Linos, Orphée, Sappho et à
un peintre, vieux de 33 000 ans, celui de la grotte Chauvet. Linos ferait entendre
un chant très ancien sur le soleil, Orphée inventerait un poème d’éternité, avec
Sappho ils gouteraient à l’inachevé, l’homme de Chauvet les aiderait à
impressionner les murs, à faire vibrer la lumière, à donner corps a l’esprit.
Lardenois
La classe des grands serait confiée à un élu, battu aux élections, à un chef
d’entreprise en faillite, à un directeur de pompe funèbres en retraite et à un
philosophe très ancien. Anaximore, Héraclite, Parménide, Empédocle. 8 filles et
8 garçons en quête de soi, de l’autre qui se poseraient des questions : qu’est ce
que l’homme ? Qu’est ce que la nature ? Qu’est ce que vivre vraiment ? Qu’est
ce que devenir soi ?
Katia
En quelques semaines ils se sèvreraient des jeux vidéo, des modes
vestimentaires, langagières et comportementales
Lardenois
En quelques mois, les multinationales de la mal bouffe, du divertissement
formaté, de la manipulation des cerveaux seraient en faillite
Katia
En quelques siècles ils renonceraient aux vains désirs
Lardenois
33En quelques millénaires ils renonceraient aux illusions…
Katia
Nous avons pris l’initiative de faire parvenir tes propositions au Ministre de
l’Education Nationale de la Jeunesse. Nous sommes toujours dans l’attente de
sa réponse.
(Temps)
Lardenois
Nous poursuivons notre traversée avec un poème toujours extrait de La Parole
éprouvée
LE PREMIER MOT (extrait)
34Redis- moi le mot
Venu frapper là où cogne ma vie
Venu me réveiller au cœur de Paris.
Redis-moi ce mot
Ce sortilège de l’adolescence
Qui toujours devant mes yeux danse
Comme un merveilleux quiproquo.
Redis-moi dis
Ce mot que tu m’as dit
Ce mot d’amour
Le premier mot de notre premier jour.
Un coup de fouet
Comme des embruns
Petit pont d’amour
Qui durera toujours.
DANS
L’ÎLE AUX MOUETTES
Portrait de la femme aimée depuis 40 ans
Katia
35Apparemment, c’est une femme de l’absence. Toujours ailleurs. Perdues dans
ses pensées. Fille d’air et de rêve.
Mais à la pratiquer, avec amour, depuis quarante ans, j’ai compris que c’est une
femme de la présence, une présence légère dans le présent. Elle ne pèse pas.
Elle ne pose pas. Avec elle, tout est danse.
Le présent n’est pas que l’instant. C’est le moment de maintenant avec une
pointe de souvenir. Une fleur chaque jour pour notre chat parti sans retours ;
Son nom parfois et alors, une bouffée de nostalgie.
Elle est attachée à tout ce à quoi elle a donné de l’amour. Des photos et des
mots pour les disparus, la mère, d’une embolie qu’elle embellit, le fils et le
frère, dans le même accident.
Des cartes aux anniversaires. Des cadeaux sans destinataires pour les recevoir.
Quelle aptitude à ne rien laisser mourir malgré la souffrance, évidente,
inconsolable.
Chaque objet est à la fois d’hier et de maintenant, pas figé, souvent déplacé.
L’œil toujours sollicité par quelque nouveauté, une disposition rare, un
rapprochement inattendu, un éloignement surprenant.
Tout ce qu’elle aime est sans cesse repris, reconsidéré. Petits rien qui changent
tout.
Combats de chaque instant contre la dégradation, l’usure, l’habitude, l’oubli.
La maison vit, est habitée. Pas d’ennui possible avec une femme qui fait de sa
maison, de notre vie, un récit, un poème.
Avec elle, les simples jours deviennent les simples beaux jours, embellis par le
regard, le sourire radieux qu’elle pose sur les choses et sur les gens. Les tristes
jours deviennent les inoubliables tristes jours adoucis par son sourire
mélancolique.
Elle rayonne d’amour. Solaire, elle donne le meilleur d’elle, une écoute qui
apaise angoisses et peines, aide à mettre en mots, petits maux et grandes
douleurs.
Mais de ses angoisses et souffrances, vous ne saurez rien, les mots ne sont pas
pour elle. Elle ne s’en sert pas pour elle.
36Tout se passe dans le regard, souvent mouillé, toujours caché.
La légère, l’aérienne ! Depuis quarante ans, elle me fait la vie légère.
Je l’aime sans comprendre pleinement la force du don qui l’habite.
Mais en la vivant pleinement, passant des heures à contempler son visage sur
lequel je ne vois pas passer l’âge.
Elle a l’âge de son cœur, celui de l’adolescente qui m’a choisi une fois pour
toute.
Mon désir d’elle et mon amour pour elle sont restés intacts à son contact.
(Temps)
Lardenois
La mère :
Katia
Pourquoi n’appelle-t-il pas ? Ca fait déjà quinze jours. J’ai peur.
Le père :
Lardenois
C’est impossible d’appeler depuis là-bas. C’est brouillé, coupé. Rien ne passe.
La mère :
Katia
Pourquoi est-il allé là-bas, alors ?
Le père :
Lardenois
Pour se couper de tout.
La mère :
Katia
Pour se couper de nous ? Comment peut-il se retrouver, s’il fait disparaitre les
traces ? S’il est sans passé, sans projet ?
Le père :
37Lardenois :
Il n’est pas sans passé, sans projet. Il ouvre une parenthèse pour vivre au
présent. Loin de tout à 10 000 kilomètres de chez nous.
La mère :
Katia
Qu’il se dépêche de la refermer !
Le père :
Lardenois
Ca pourrait être un idéal de vie, vivre au présent, sans passé, sans projet, une
parenthèse qui s’ouvre à la naissance, qui se ferme à la mort
La mère :
Katia
Qu’est ce que tu racontes ? Appelle-le. Dis lui de revenir de suite.
Le répondeur :
Lardenois
Ligne en dérangement… ligne en dérangement… Indépendant de notre
volonté…
La mère :
Katia
Insiste !
Le père :
Lardenois
Je te dis que les lignes sont mauvaises. Entre deux ouragans ils essaient de
réparer mais ils n’ont jamais assez de temps.
Katia
Le Répondeur :
Lardenois
38Mauvais numéro…. Plus de correspondant…
La mère :
Katia
Recommence !
Le répondeur :
Lardenois
Mauvais numéro… Plus de correspondant… inutile d’insister … libérer la ligne
pour d’autres appels…
La mère :
Katia
Refais le numéro
Le répondeur :
Lardenois
Bon numéro… laissez votre message…
Katia
Le père :
Lardenois
C’est papa. Dés que tu reçois ce message, appelle. Ta mère s’inquiète !
La mère :
Katia
Mon chéri c’est maman. J’espère que tout va bien. Je t’embrasse.
(Temps)
Lardenois
La mère :
Katia
Pourquoi ? Pourquoi ?
39Le père :
Lardenois
Pourquoi lui ?
La mère :
Katia
Pas lui. Ce n’est pas vrai. Appelle-le. Dis –lui de revenir.
Le répondeur :
Lardenois
Ligne… occupée… ligne… occupée … ligne… occupée
Katia
Le père :
Lardenois
Il y a dû y avoir un ouragan. Leur central disjoncte.
La mère :
Katia
S’il y a une chance, je veux qu’on la saisisse. Rappelle-le !
Le répondeur :
Lardenois
En ligne… signal …
Katia
Le père :
Lardenois
Le message a changé.
La mère :
Katia
Raison de plus insiste !
40Le répondeur :
Lardenois
Ne donne pas signe de vie. Ne donne pas signe de vie. Renouvelez votre appel.
Katia
Le père :
Lardenois
Comment savoir la vérité ?
La mère :
Katia
Je veux que ce ne soit pas vrai. Recommence.
(Temps)
Katia
Le répondeur :
Lardenois
Nous n’avons pu rétablir les lignes d’urgence. .. Adressez votre prière.
La mère :
Katia
Mon fils n’entend plus ce que j’ai à lui dire. Comment lui parler ?
Le répondeur :
Lardenois
Le répondeur n’est pas fait pour apporter des réponses…. Le répondeur n’est
pas fait pour apporter des réponses
La mère :
Katia
A quoi sert- il alors ?
Le répondeur :
41Lardenois
Le répondeur sert à annoncer la disparition d’un abonné et à recevoir les
condoléances.
La mère :
Katia
Ca ne m’est d’aucun secours, je veux entendre sa voix. Aidez- moi à le
rejoindre !
Le répondeur :
Lardenois
Mauvais numéro… parti sans retour … destination inconnue… La voix de votre
correspondant a été coupée… Voulez vous faire une réclamation ?
Katia
La mère :
Rends nous notre fils !
Lardenois
Le père :
Rends nous la voix de notre fils !
Katia
Le répondeur :
Lardenois
Une voix coupée… est impossible… à réentendre. Une voix coupée… est
impossible… à réentendre.
(Temps)
Lardenois
8 années plus tard
Katia
42L’épousée : Tu te souviens ? Je t’avais demandé de dénoncer le contrat avec le
répondeur.
Lardenois
L’épousé : Oui, il nous avait répondu : peut-on se passer du Répondeur ?
Katia
Tu te souviens ? J’ai insisté sur l’éternité de l’instant syncope.
Je me demande où peut bien être passé l’instant syncope ?
Lardenois
Ca revient à se demander… où va le passé ?
Katia
C’est ce que je te demande, je vais passer. Où vais-je passer ?
Tu ne dis rien ?
Regarde- moi !
Je sais que je vais passer.
Où vais-je passer ?
Tu peux me répondre ?
Lardenois
Je n’ai pas la réponse à cette question et je ne veux pas que tu passes pour
aller dieu sait où ! Tu restes avec nous, tu dois rester avec nous. Quand on
passe c’est qu’on le décide !
Katia
Oui ! J’ai sans doute décidé de m’en aller. Plus rien ne me retient ici. Je vois bien
que je ne peux abolir le temps ni remplir le blanc du temps. Ca m’épuise ce
combat.
Lardenois
Pourquoi vouloir finir avant la fin ? Pourquoi vouloir arriver en avance là où ca
prend fin ?
Katia
43Tu connais la fin ?
Lardenois
Non
Katia
Alors, je peux mettre le point final…
Lardenois
Tu as décidé de finir la partie ?
Katia
Non, ça se décide en secret dans le ventre !
Lardenois
Partir de façon volontaire c’est ce que tu désires en secret ?
Katia
Je n’en sais rien.
Réponds à ma question :
Je sais que je vais passer où vais-je passer ?
Lardenois
Personne ne peut répondre à cette question !
Katia
Allez, fais un effort !
Tout ce que j’ai été
Tout ce que j’ai fait, ça a eu lieu une fois pour toutes, pour toujours, sans
possibilité d’être effacé, ça va bien quelque part non ?
Lardenois
Je n’en sais rien. Nous oublions ce que nous avons fait, ce que nous avons été.
Parfois ça ressurgit avec un goût de la madeleine.
44Katia
Ca, c’est ce qui se passe durant le temps de notre vie. Durant le temps fini de
notre vie.Mais il y a l’autre temps, celui dans lequel je vais entrer
définitivement, le temps éternel, infini.
Lardenois
Tu nous fais mal !
Katia
Ce n’est pas ce que je veux. Je veux la vérité en face !
Lardenois
Tu veux la mort en face ? Celle de toute chose pour toujours ?
Katia
Oui, il y a des choses à penser sur ce qui se passe quand on passe.
Qu’est ce que nous devenons ?
Lardenois
Les Répondeurs religieux ont leur réponse.
Katia
Réponses toutes prêtes, pour tous, je veux que l’on cherche par nous même !
Lardenois
Tu te rends compte de ce que tu me demandes, penser l’impensable, ton
passage de vie à trépas. C’est surhumain. Ce qui est humain c’est notre
promesse : « A notre amour, jour après jour, jusqu’à ce que ça fasse toujours ».
Seize mille huit cent cinq jours 16805 aujourd’hui, mon p’tit chat !
Katia
J’arrive au bout de mon temps de vie
Mais pas à la fin de ce qui a eu lieu,
Puisqu’il sera toujours vrai
Que ça a eu lieu
(Temps)
Lardenois
EN MARCHE
Nous étions jeunes
Nous marchions vite
Nous nous laissions porter par la puissance de nos muscles
Leur énergie nous exaltait l’âme
Leur effort tendu et souple ne nous menait nulle part
Nos cœurs se gonflaient aux vents du large
Des ailes nous poussaient.
Katia
Sur la scène, un vieil homme assis, de dos, face à la caméra de son ordinateur.
Le vieil homme
Lardenois
Pourquoi je m’installe là aujourd’hui, mercredi 25 octobre 2020, à 6 heures du
matin ?
C’est mon anniversaire, 80 ans.
Arrivé au monde depuis déjà 5 heures.
80 ans.
Donc le temps existe.
Katia
Faut-il en douter ?
Lardenois
46Arrivé au monde.
Donc le monde existe
Katia
Faut-il en douter ?
Lardenois
Réveil sans réveil entre 4 et 5 heures.
J’ai accompli mes petits rituels du matin.
Laudes joyeuses
Bonjour le jour, nouveau jour, merci la vie.
Bonjour mes chéris, vivants et autrement vivants, vous les trans-parents. Que
cette journée de plus soit une journée de paix, de silence….
Katia
Où vais-je passer ? M’as-tu demandé avant de passer. Ce que tu m’as fait
découvrir avant de passer c’est que le temps ne se perd ni ne se retrouve.
Chaque instant passe mais il ne s’efface pas. Il s’inscrit comme vérité dans le
temps de l’éternité, enregistré pour toujours.
Eternellement vraies les traces de chair, les effluves de caresses, les signatures
de mains tendres que tu as laissées dans ton cahier d’amour, sans mots, ni
chiffres….
Lardenois
Le livre d’éternité que chacun écrit n’est pas à rendre à la fin de sa vie
Katia
Il n’y a pas de bibliothèques pour conserver nos livres d’éternité
Ni à l’intérieur du cerveau ni à l’extérieur
Il n’y a que le présent.
Lardenois
47L’éternité c’est le présent.
Et notre livre d’éternité s’écrit au présent
Se rend au présent.
Katia
Il n’y a ni début ni fin
Ni passé, ni naissance, ni mort, ni d’ici bas, ni de très-haut !
Lardenois
C’est par notre présence au présent que nous participons.
Katia
Présence selon les choix mouvant de chacun
Lardenois
Présence plus au moins consciente, agissante, aimante
Katia
La présence la plus créatrice possible est pour certains la plus souhaitable, la
plus désirable, la plus épanouissante, la plus joyeuse….
(temps)
Lardenois
L’été prochain, je repartirai au Baïkal
Pendant les quatre jours et quatre nuits de Transsibérien dans le wagon de
queue, par la porte donnant sur la voie, je regarderai le temps s’enfuir.
Devant, le train avalera le temps présent, traverse par traverse.
Katia
Moi, je regarderai s’éloigner les traverses arrières quelques centaines de
mètres après
Quelques secondes plus tard je ne les verrai plus mais elles ne disparaitront pas
pour autant
Lardenois
48Ta dak, ta dak ta dak ta dak ta dak ta dak ta dak
Katia
Le bruit solidien du train sur les rails
Me dira le temps qui passe…
Lardenois
dak ta dak ta dak
C’est au Baïkal que je me sens au plus prés des évidences du Temps :
Le contraire de ce que j’ai pensé trop longtemps :
Non la mort de tout,
Le refroidissement éternel, l’oubli perpétuel
Le Jamais Plus
Plus Jamais
Nervermore.
Katia
Mais tout coule,
Chaque seconde passe,
Se métamorphose en éternité d’une seconde Bleu Giotto,
Forever.
Pour toujours !
Lardenois
Premier épilogue emprunté au Livre VI de Et ton livre d’éternité ?
Katia
La naissance de Je Suis Vita Nova
Lardenois
Je Suis Vita Nova naquit le 25 décembre 2020.
Ce fut une naissance personnelle et confidentielle.
49Lui-Je avait mis en place un rituel pour le spécial solstice d’hiver 2020, qui
commençait le 21 décembre.
Le 21 décembre lui a été offerte une sacrée réponse (une réponse sacrée).
A la question : Qui suis-je ?
Katia
Sa fille, très sarcastique lui dit : « Tu es Dieu »
Lardenois
Elle adore son père.
Et il a répondu sans réfléchir : «
Oui c’est vrai, je suis divin, comme toi, comme
tout ce qui existe. Ce Dieu est personnel et incarné. C’est pourquoi pour
épitaphe, je souhaite : Ci Gît Dieu. »
A quoi un ami bienveillant à rajouté :
Katia
«
Le Vrai, Pas l’Autre ! »
Lardenois
Le 25 décembre 2020,
Lui-Je, Hyérosolymitain d’Avers sous les eaux depuis le Déluge, d’Avers sur les
eaux et de Corps ça vie, celui qu’on appelle communément J.C
Un peu allumé, un peu illuminé,
Ayant passé 80 ans,
Après des décennies d’errance et d’égarement
Décida de se donner une nouvelle identité.
Katia
Voilà qui Je Suis : Je suis Vita Nova.
Lardenois
Vita Nova se reconnait plurivers, multivers plus qu’univers
50Katia
Il se reconnait divers, ondoyant, contradictoire.
Lardenois
Il se reconnait semblable à une large bande sonore passante et à un large
spectre lumineux
Katia
Il se reconnait d’hiver, de printemps, d’été, d’automne, saisonnier
Lardenois
Il se reconnait impermanent, incohérent plus que cohérent, dispersé plus
qu’unifié, tout en sachant, sentant, éprouvant le passage à l’éternité de tout ce
bouillonnement.
Katia
Sorti en Livres VI des 9 cercles de l’Enfer, Vita Nova ne connut pas la phase
purgative et se retrouva au paradis sur terre.
Lardenois
Son ermitage est sur une colline d’Avers sur les eaux !
Katia
Second épilogue
Adresse de l’auteur à ses lectrices et à ses lecteurs à propos de Et ton livre
d’éternité ?
Lardenois
J’ai été happé par cette aventure d’écriture, en somnambule, en funambule,
sans plan, sans personnages, sans péripéties.
Katia
J’ai été littéralement possédé, porté par un flux me traversant, un flow créatif
par lequel je me suis laissé entraîner sans censure, sans jugement de surplomb,
laissant converger comme ça venait, souvenirs,
Lardenois
51Projets,
Katia
Réels,
Lardenois
Imaginaire,
Katia
Humour,
Lardenois
Pulsions intenses
Katia
Et moments présents.
Lardenois
Je ne regrette pas d’avoir suivi la voix qui m’a poussé à l’écriture.
Même si des bilans sont faits, il ne s’agit pas, me semble t’il, d’un bilan de vie,
d’une autobiographie, d’un exercice narcissique de satisfaction, d’auto-
satisfaction du travail accompli, du chemin parcouru.
Katia
Il me semble que l’essentiel est dans une transformation, une métamorphose
de l’auteur, tardive, surprenante, le surprenant ô combien.
Lardenois
C’est sur cette métamorphose que prend fin notre insolite traversée
Villa Noailles à Hyères/un fantasme mondain/François Carrassan
du château Saint-Bernard (50 ans) à la Villa Noailles (50 ans), ça ne fait pas 100 ans mais deux fois 50 (JCG)
HYERES / VILLA NOAILLES / 26 AVRIL 2003 /
Inauguration de la Villa Noailles restaurée par Jean-Jacques AILLAGON, Ministre de la Culture, en compagnie d’Hubert FALCO, Secrétaire d’Etat aux personnes âgées, Président de TPM et Maire de Toulon, et de Léopold RITONDALE, Maire de la Ville d’Hyères /
La Villa Noailles avait 80 ans et la Ville d’Hyères en était propriétaire depuis 30 ans. Savoir que dans cet intervalle la Villa avait accumulé les aléas de la vie : construction / célébrité / scandale / séparation / mondanités / déclin / abandon / vente / squat / ruine. Jusqu’à ce que la Ville d’Hyères se décide à la restaurer. Une aventure dont j’aurai un temps été un des acteurs.
Mais aujourd’hui, vingt ans plus tard, le récit que la Villa fait d’elle-même me paraît s’être éloigné de son histoire véritable en préférant se raconter des histoires. En révisant le réel. En idéalisant les figures de ses commanditaires et leur vouant un culte quasi-religieux. On lit aujourd’hui dans un magazine que son directeur est « le fils spirituel de Marie-Laure ». Tant qu’on y est, pourquoi pas la réincarnation ? Mais à sa place je me méfierai, quand on sait comment tout a fini. (F.C.)
Dans les parages du centenaire de la Villa Noailles (la première construction date de 1925), l’excellente biographie que LAURENCE BENAÏM a consacré en 2001 à Marie-Laure de Noailles : « la vicomtesse du bizarre », vient d’être rééditée (Tallandier, 2023 / 12 €). Une biographie qui a le mérite de ne rien dissimuler d’une vie plutôt tumultueuse qui commence dans la distinction d’une aristocrate de la haute et qui finit, façon « mère Ubu », avec les boulomanes d’Hyères ou les soixante-huitards de l’Odéon. C’est la pente des choses. Un peu comme pour la Villa elle-même qui sitôt construite connut un bref âge d’or et puis qui, à partir de 1932, entra dans un lent mais fatal déclin. Jusqu’à l’abandon. Jusqu’à sa mise en vente, à la mort de la vicomtesse, en 1970. Où l’on voit que cette villa des Noailles, aujourd’hui bizarrement célébrée, fut liquidée en moins de 50 ans. Et où il faut bien se dire que, sans la Ville d’Hyères qui fit le choix de l’acheter en 1973 et, plus tard, de la restaurer, il n’en serait rien resté. (F.C.)
Photo de Man Ray
CENT ANS, ET ALORS ?
Notes pour le centenaire de la Villa Noailles
Pour tenter de définir son objet, si cela se peut
______________
- Cent ans depuis quand ?
- Acquisition du terrain le 21 janvier 1923 ;
- Première lettre connue de Noailles à Mallet-Stevens datée du 25 juin 1923 ;
- Premiers plans descriptifs en janvier 1924 ;
- Commencement du chantier en mai 1924 ;
- Premier séjour des Noailles en novembre 1925.
- Que faire d’un tel centenaire ?
Pourquoi pas l’occasion, au-delà des fantasmes et des clichés dont le lieu continue d’être l’objet, de dire le vrai, le vrai de son histoire et de ses acteurs ?
Le vrai d’un centenaire qui est en réalité double, au sens où il n’est que la réunion de deux cinquantenaires séparés.
Un cinquantenaire de 1923 à 1973, celui de la Villa Noailles propriété privée des Noailles, qui va de sa construction à son abandon.
Et un cinquantenaire de 1973 à 2023, celui de la Villa Noailles vendue à la Ville d’Hyères et devenue propriété publique, qui va de sa restauration à sa réutilisation.
Et ce n’est pas la même histoire.
- La figure aléatoire des Noailles devrait-elle être à nouveau fêtée au cœur de ce centenaire ? Un gros ouvrage commandité en 20181 a déjà tenté de les immortaliser en « mécènes du XXème siècle ». Mais, dénué de sens critique, il en est ressorti une hagiographie à la gloire d’un couple riche et oisif, impatient de s’amuser, en lequel les auteurs s’émerveillent de voir d’innocents mécènes tous azimuts. Mais c’est un conte de fée pour la veillée des chaumières.
Surtout que la Villa d’Hyères deviendrait vite le lieu de leur naufrage.
- Mais le plus drôle est que nos hagiographes de service, tout à leur idée fixe, vont laisser entendre que la vente de la Villa à la Ville en 1973, c’est encore du mécénat. Prétextant qu’elle fut vendue au prix des Domaines. Or c’est faux, selon l’acte de vente lui-même et le fait que le Conseil Municipal dut autoriser l’augmentation de ce prix. Mais ils insistent. Le sens de cette vente n’est pas dans la vente elle-même, car il faut comprendre qu’avec elle le vicomte lègue en réalité « un héritage spirituel ». Et ils osent même le coup du legs « aux générations futures ». « Spirituel » en plus, ce qui ne coûte pas cher. Drôles d’historiens ! Tout ça pour maquiller la vente d’une maison abandonnée. Avec pour finir une chute à l’effet comique garanti : « Et si le vicomte n’effectue certes pas un don, il est possible d’y voir un acte de transmission, si ce n’est un dernier acte de mécénat.2 » Du mécénat payant en quelque sorte…
- En vérité la villa fut mise en vente au lendemain de la mort de la vicomtesse en 1970. France Soir3 titra : Le château de Marie-Laure est à vendre. Car, y lisait-on, le vicomte ne tient pas à conserver cette demeure. C’était « le royaume de sa femme ». Depuis les années d’après-guerre, quand les moeurs s’y relâchèrent, loin du temps si bref où l’avant-garde artistique y était accueillie, jusqu’au scandale de L’Âge d’Or. Et puis cela faisait 40 ans que le couple s’y était séparé. La maison fut donc vidée de ses meubles, objets et œuvres d’art, et vendue dans un état de délabrement avancé. Quelle transmission !
- Une seule sculpture ne fut pas emportée : le Monument au chat d’Oscar Dominguez. Du fait certain qu’elle pesait 3 tonnes, mais aussi parce que son auteur, dans les années 1950, fut l’amant officiel de la vicomtesse avec laquelle ils formèrent un couple détonnant digne d’une performance surréaliste4.
La ville en devint donc propriétaire et dut l’extraire de la Villa au moment du premier chantier de sa restauration, vers 1988. Elle fut ainsi coffrée et stockée dans une cour municipale dans l’attente d’un lieu à sa mesure. Chose (enfin) faite en 2020, où elle a été installée au cœur du jardin de La Banque / Musée des cultures et du paysage.
Créée en 1953, on pourrait fêter ses 70 ans en 2023.
- Mais alors pourquoi ne pas faire de la maison elle-même l’objet d’un tel centenaire ? La première maison construite d’un jeune architecte moderne et raffiné, jusque-là architecte-décorateur de cinéma, Rob Mallet-Stevens. Promis à un brillant avenir, il a été recommandé pour son goût et son imagination au vicomte.
Oui mais voilà, si le vicomte voulait un architecte, il ne voulait pas d’architecture. L’architecte, c’était pour l’image et le standing, et il serait à ses ordres. Le malentendu fut immédiat. Le vicomte fit ainsi démolir en plein chantier une tour qui figurait l’axe central à partir duquel les cubes de la façade devaient se développer. Mallet-Stevens, désemparé, lui écrivit : « Je vous en supplie n’y touchons pas ; j’ai fait des croquis pour m’imaginer la maison sans la tour et l’on obtient alors un ensemble sans relief, sans silhouette et sans expression.5 » Un jugement sans appel qui pourrait surprendre l’actuel directeur de la Villa émerveillé par « ce lieu magique, extraordinaire de beauté, dont Robert Mallet-Stevens a si bien su ciseler les façades.6 »
Mais rien n’y fit. Mallet-Stevens dut s’incliner. C’était sa première commande. Malgré quoi des éléments significatifs de son vocabulaire purent s’exprimer et quelques gestes remarquables être produits7. Noter ici qu’au-delà du programme initial, les Noailles se sentant à l’étroit, la maison ne cessa de s’agrandir et s’étendit jusqu’en 1932 au gré du terrain, sans plan et sans Mallet-Stevens.
Si bien qu’à l’arrivée, la Villa Noailles reste le nom d’un ensemble hétéroclite, incohérent, sans la moindre unité architecturale.
Rien à voir avec la Villa dont Paul Cavrois, à Croix, confierait la réalisation à Mallet-Stevens en 1929. Premier chef d’œuvre de l’architecte qui, laissé libre de son génie et de son geste, réalisa « une œuvre d’art totale ». On ne peut pas tout avoir.
- Mais un autre moment de ce centenaire mériterait d’être retenu, par lequel s’ouvre son second cinquantenaire, quand la ville d’Hyères est devenue propriétaire de la Villa actant la chute de la maison historique des Noailles au bout de cinquante ans. Une autre histoire commence dont l’enjeu majeur va être la restauration de ladite maison vendue en piteux état.
Car, après un premier chantier partiel et sans lendemain (1988-1989), la Ville va prendre la décision de devenir le maître d’ouvrage de la restauration de l’ensemble du bâtiment menaçant ruine. Un geste politique radical en faveur d’un chantier qui va s’étendre de 1995 à 2003. J’ai été un acteur de cette restauration. Chargé par le maire d’alors, Léopold Ritondale, de mener toutes les actions utiles à sa réussite, avec le soutien officiel des institutions, et de les défendre devant le Conseil Municipal.
Pour mémoire, cette mission a été remplie.
Les partenaires institutionnels mobilisés, un plan de financement public (Etat/Drac, Région, Département, Ville) a été validé et le chantier de la restauration est allé à son terme.
Un projet de réutilisation de la Villa restaurée a dû être défini. Pour le porter, l’Association « Villa Noailles » a été constituée avec Didier Grumbach, son premier président. Le Festival des Jeunes Stylistes (créé à Hyères en 1985) sera le moteur du projet qui reposera sur l’Alliance de l’Architecture, de la Photographie, du Design et des Arts de la Mode. Voté par le Conseil Municipal et approuvé par tous les partenaires.
Quant au directeur de la Villa, son choix a été arrêté au Palais Royal par François Barré alors Directeur de l’Architecture et du Patrimoine. Didier Grumbach m’accompagnait et a été témoin de mon intervention quand j’ai présenté le candidat de la ville, face à un concurrent. C’est ainsi que la candidature de Jean-Pierre Blanc a été retenue. C’était le 22 avril 1999.
Le projet allait pouvoir se réaliser et une nouvelle aventure se vivre à la Villa Noailles.
Jean-Jacques Aillagon, Ministre de la Culture, est venu en 2003 applaudir cet exploit de la ville d’Hyères. Juste l’année du transfert bureaucratique de la Villa Noailles à la communauté d’agglomération TPM, quand la ville en perdrait la maîtrise.
- Aucune histoire n’a jamais coulé à la façon rêvée d’un fleuve tranquille. Celle de la Villa Noailles, avec ses hasards et ses ruptures, comme les autres. Son centenaire, en quête d’un objet culturellement crédible, pourrait être ainsi l’occasion d’un exercice de lucidité. Utile à l’intelligence de son action présente. En sachant qu’on ne peut entrer deux fois dans le même fleuve. Que la Villa de Charles et Marie-Laure a cessé d’exister pour toujours. Que sa restauration n’est pas une résurrection. Et qu’il est vain de faire croire qu’on y serait revenu à la case départ pour y perpétuer une « œuvre » qui, sauf abus de langage, n’a jamais existé.
François Carrassan / 2022
Notes /
- Charles et Marie-Laure de Noailles, Mécènes du XXème siècle, Bernard Chauveau, 2018
- Ibid, pp. 323-324
- France Soir, 13 février 1970
- Laurence Benaïm, Marie-Laure de Noailles / Vicomtesse du bizarre, Grasset, 2001, pp. 465-476
- Cécile Briolle, Rob Mallet-Stevens, Editions Parenthèses, 1990, p. 41
- Charles et Marie-Laure de Noailles, op. cit., p.8
- François Carrassan, Une petite maison dans le midi, Editions de L’Yeuse, 2003, pp. 7-13
de la dernière fête au château Saint-Bernard en 1932 avec Bunuel, Giacometti et la girafe surréaliste, disparue dans la nuit, jamais retrouvée aux bimbos gonflables Diesel, vandalisées lors du 37e Festival de mode, de photographie et d'accessoires du 13 au 16 octobre 2022, à la villa Noailles
ARTPLAFOX: La vila Noailles Robert Mallet Stevens 1923 1924
" La Villa de Noailles " Robert Mallet Stevens 1923 : La villa Noailles figure parmi les toutes premières constructions destyle moderne réalisées en France. Dessinée en décembre 1923 et habit...
l'album photo de cet article montre l'état de délabrement de la Villa Noailles avant réhabilitation
Me souvenant de ma visite de la Villa Noailles en pleine dégradation, sous la conduite éclairée de François Carrassan, ce devait être vers 1986-1987, et pensant au combat que fut sa réhabilitation avec de l'argent public, avant son invasion par le monde de la mode, pensant aux livres écrits depuis sur cette villa et son architecte, Mallet-Stevens, je ne peux que partager cette interrogation de François Carrassan sur l'imposture qui est à l'oeuvre dans ce lieu aujourd'hui tant dans le récit qui en est fait, révisionniste à souhait, que dans l'usage dominant du lieu, réservé aux "mondains" d'aujourd'hui, dont l'inculture insolente fait plaisir à être démasquée.
JCG, alias l'assaisonneur ou grossel
Avec le souvenir de mon engagement pour la restauration de la Villa Noailles, on me demande parfois ce que je pense de l’actuelle exposition permanente qui s’y tient et s’intitule
Charles et Marie-Laure de Noailles / une vie de mécènes
Je fais alors observer que son titre est mensonger et qu’il est paradoxal de vanter le mécénat des Noailles dans un lieu qu’ils ont abandonné et qui a été sauvé de la ruine par l’argent public.
Sans savoir qui a validé ce projet ni sur la base de quelle expertise, voici donc ces notes qui invitent à un curieux constat :
UN FANTASME MONDAIN
1. L’exposition est principalement faite d’images, de reproductions, de fac similés, de photocopies en quantité. On se croirait dans un centre de documentation pédagogique.
Malgré le design appliqué de la présentation, cela saute aux yeux. L’amateur d’art voit qu’il n’y a pas grand-chose à voir et bien trop à lire. « Une coquille vide », comme on l’entend dire.
Sauf les Noailles photographiés ici et là en compagnie de telles ou telles personnalités. On pense aux trombinoscopes des magazines people qui montrent des happy few posant entre eux lors de soirées réservées. Souriants et contents de leur sort. Mais un mécène n’est pas une œuvre d’art.
2. L’exposition se tient dans la partie dite primitive de la villa, celle dont on est sûr que l’architecte en fut Rob. Mallet-Stevens, celle qui fut construite en 1924 et agrandie en 1927.
C’était une petite maison d’habitation avec de petites pièces en petit nombre, et tout y paraît aujourd’hui d’autant plus petit qu’on en a fait sans adaptation un espace ouvert au public et ainsi très vite saturé. A l’évidence, la contradiction des usages n’a pas été surmontée.
Reste que l’architecte, dans l’exposition, occupe la place du pauvre, à l’écart et à l’étroit, dans un recoin d’à peine 5 m2… Rien sur son rôle dans l’histoire de l’architecture, alors même que cette maison délibérément moderne constitue un manifeste radical. Rien sur ce geste qui intègre la maison aux ruines médiévales alentour et lui donne son esprit malgré Charles de Noailles qui, peu porté sur l’architecture, l’aura empêché d’aller au bout de son projet. Rien sur l’UAM, l’Union des Artistes Modernes, qu’il allait fonder en 1929.
3. Le titre de l’exposition laisse croire que Charles et Marie-Laure de Noailles formèrent un couple uni dans le même amour désintéressé de l’art et qu’ils menèrent côte à côte une vie de mécènes, jour après jour au service de l’art…
Or, s’ils se marièrent bien en 1923, recevant en cadeau le terrain de leur future maison d’Hyères, le couple ne dura guère, perdu entre les tendances de l’un et les attirances de l’autre, et connut assez vite une séparation de fait.
En 1933, Marie-Laure rejoint Igor Markévitch en Suisse. Charles, lui, a cessé à cette époque de s’intéresser à la chose moderne et sa femme s’occupera seule de la maison d’Hyères après la guerre. Il se retirera ainsi à Grasse dans une bastide du XVIIIème siècle, acquise en 1923, où il s’adonnera à l’horticulture.
Cette réalité, ici absente, ne correspond évidemment pas à l’intention de l’exposition.
4. Quant au lieu même de l’exposition, la propre villa des mécènes à l’affiche, son histoire n’est que partiellement évoquée et seulement sur la période qui convient au concept de l’exposition.
Car si cette maison fut effectivement ouverte à la création artistique, cela ne dura guère. Dès 1933 la vicomtesse écrivait en effet : « Nous démodernisons la maison. » C’est que le « couple » avait été refroidi par le scandale de L’âge d’or survenu en 1930, principalement le vicomte qui avait payé le film de Luis Buñuel et, naïvement, n’avait rien vu venir…
C’est vrai aussi que leur « aventure moderne » doit beaucoup au fait qu’ils étaient alors, comme l’écrira Charles, jeunes et impatients et qu’il fallait selon lui que tout soit amusant. Leur fortune héritée faciliterait les choses.
Et quand il invita Man Ray à venir tourner à Hyères en 1928, un tel geste, apparemment en faveur du cinéma naissant, reposait aussi sur le désir manifeste de faire voir sa maison.
Ainsi cette aventure, portée par la volonté évidente de se distinguer, n’excéda pas dix ans. Et, comme pour l’accompagner sur sa pente, la maison elle-même empiriquement bâtie se dégrada lentement, se fissura et prit l’eau. Un processus qui s’accéléra après la guerre quand le bâtiment cessa peu à peu d’être entretenu.
Et c’est durant ces années 50-60 que Marie-Laure de Noailles en fit sa demeure. Une demeure improbable où, dans une ambiance passablement décadente, elle entretenait une faune hétéroclite dont la rumeur locale se plaisait à imaginer les galipettes sexuelles.
Toujours est-il qu’aussitôt après sa mort, en 1970, le vicomte mit la maison en vente dans un très piteux état et fit en sorte que la ville d’Hyères pût l’acheter. Marché conclu en 1973. « C’était à ses yeux le royaume de sa femme », comme l’écrivait alors France Soir. Mais son image avait quand même dû se dégrader pour que, plus tard, quand la Ville entreprit de restaurer la maison, ses descendants ne souhaitent pas qu’on l’appelle « Villa Noailles »…
5. Car c’est bien la Ville d’Hyères qui allait entreprendre sa restauration avec le soutien de l’Etat. Et c’est bien avec le seul argent public qu’on paierait son long et coûteux chantier.
Aussi n’est-ce pas le moindre paradoxe de cette exposition, d’être consacrée à l’éloge illimité du mécénat des Noailles dans un lieu qu’ils ont abandonné à sa ruine. Un point de l’histoire ici passé sous silence.
6. Nul doute cependant que ce « couple » d’aristocrates décalés, au temps de sa jeunesse libre et argentée, en rupture avec la bien-pensance et son milieu d’origine, aura attiré l’attention et soutenu quelques artistes « émergents ».
Aucun doute non plus sur la générosité de Charles de Noailles dont Luis Buñuel témoignait volontiers et avec lequel il resta en relation bien après l’âge d’or de leur (més)aventure commune.
Mais rien qui permette sérieusement de voir au cœur du « couple » le projet construit de mener une vie de mécènes au nom d’on ne sait quelle exigence artistique, comme tente de le faire croire la page imprimée à l’usage des visiteurs de l’exposition.
7. Une vie de mécènes, c’est en effet le titre de ce document indigeste qui apparaît comme le support théorique de l’exposition. Un discours d’autojustification prétentieux qui se résume à un postulat, sans cesse répété, celui de « l’extraordinaire mécénat» des Noailles. Un mécénat non stop de 1923 à 1970, selon l’auteur…
(Même si cette déclaration est contredite par le texte d’introduction à l’exposition qui parle du « ralentissement » de ce mécénat après 1930…)
8. Et, dans ce drôle de galimatias, on peut lire pêle-mêle :
que les Noailles ont élargi la définition du mécénat; qu’ils ont saisi que la modernité c’est le collage (…), un partage entre plusieurs influences; que Marie-Laure de Noailles opère plus ou moins consciemment une confrontation quasi-systématique entre basse et haute culture; que Charles de Noailles saisit intuitivement que les révolutions intellectuelles à venir ne se construiront pas seulement sur l’héritage surréaliste… qu’ils sont au cœur de la modernité. Ou plus exactement des modernités; qu’ils ont choisi de vivre non pas au cœur de l’avant-garde, mais des avant-gardes (c’est moi qui souligne). Probablement l’auteur est-il égaré par son admiration pour ces illustres personnages, mais dans un « Centre d’art » il est regrettable de voir une telle confusion intellectuelle se donner libre cours.
Est-ce l’effet de l’absence d’un conservateur et d’un véritable projet scientifique et culturel ?
9. De fait l’exposition a un petit côté grotte de Lourdes. On pourrait s’y croire dans un sanctuaire réservé au culte de Charles et Marie-Laure de Noailles. Où le moindre souvenir, survalorisé, a pris la dimension d’une relique.
10. Culturellement, on pourrait s’inquiéter :
d’un tel défaut de distance critique. d’une adhésion si totale à une histoire à ce point « arrangée » et présentée au visiteur comme une vérité admirable et définitive. d’une telle tendance à la vénération comme on en voit dans les fan-clubs, où tout ce qui touche à votre idole, par le seul fait d’y toucher, devient infiniment précieux. 11. L’exposition a donc échafaudé un conte bleu. Tout y est sucré, propre et lisse. Charles et Marie-Laure veillent sur l’art. Les touristes sont invités à se recueillir.
12. On mesure comme on est loin de la vérité du commencement. Quand on sait qu’en ce lieu très privé fut autrefois fêtée une sorte d’insoumission et que la maison brilla rien que pour le plaisir passager des Noailles et de leurs invités jouant à une autre manière de passer le temps.
Charles de Noailles, à la fin de sa vie, avait pourtant tout dit de cette époque disparue : « Nous aimions nous amuser avec des gens intelligents et de valeur.
François Carrassan / Mai 2015
Villa Noailles / Exposition permanente
Avec le souvenir de mon engagement pour la restauration de la Villa Noailles, on me demande parfois ce que je pense de l'actuelle exposition permanente qui s'y tient et s'intitule Charles et Marie-...
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Transmission de la Méditation par Père Séraphim - Jean Yves Leloup
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méditer comme une montagne, comme l'océan, comme un coquelicot, comme une tourterelle
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Livre jupe, La jupe de correspondance,œeuvre papier d'Aïdée Bernard, folio d'or au concours de livre d'artiste d'Albi, acquis par la médiathèque d'Albi.
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https://les4saisons.over-blog.com/2016/02/elle-s-appelait-agnes.html
Affaire Duhamel, un si long silence
Pendant des années, tous ceux qui savaient se sont tus... Des histoires de pouvoir, et surtout de silence. Début janvier 2021, c'est la déflagration, même si aujourd'hui, les faits sont en thé...
Narcissisme et société/Michel Pouquet - Blog de Jean-Claude Grosse
NARCISSISME ET SOCIETE Un psychanalyste ne peut vous rencontrer sans prendre préalablement quelques précautions. Il est nécessaire de vous rappeler ce qu'est un analyste, et pourquoi il s'adress...
Heurs et malheurs de l'idéologie (1)/Michel Pouquet - bric à bracs d'ailleurs et d'ici
sous le regard de l'analyste... HEURS ET MALHEURS DE L'IDEOLOGIE Je précise bien : sous le regard de l'analyste. L'idéologie, d'autres peuvent vous en parler, d'une autre façon que moi, avec des...
Pathologie des leaders/Michel Pouquet - bric à bracs d'ailleurs et d'ici
Il y a 6 ans, le 16 mai 2001, se tenait une agora à la Maison des Comoni au Revest sur Heurs et malheurs de l'idéologie avec Michel Pouquet. Elle est en ligne dans son intégralité sur ce blog. ...
L'enseignant et le psychanalyste/Michel Pouquet - bric à bracs d'ailleurs et d'ici
L'ENSEIGNANT ET LE PSYCHANALYSTE "il y a trois tâches impossibles : éduquer, gouverner, et psychanalyser" FREUD Je ne saurais trouver mieux pour entamer cette rencontre avec vous, que cette citation
L'inquiétante puissance des mères (Michel Pouquet) - bric à bracs d'ailleurs et d'ici
L'INQUIÉTANTE PUISSANCE DES MÈRES Partons du commencement... Voyez l'image du petit enfant dans les bras de sa mère, si petit, à côté d'elle ; totalement dépendant, incapable de rien faire p...
L'indispensable place de ce pauvre homme de père (Michel Pouquet) - bric à bracs d'ailleurs et d'ici
L'INDISPENSABLE PLACE DE CE PAUVRE HOMME DE PÈRE... "L'inquiétante puissance des mères", certains parmi vous s'en souviennent peut-être. Les autres vont l'entre-apercevoir, par l'histoire de GE...
À quoi sert un père ?/Michel Pouquet - bric à bracs d'ailleurs et d'ici
À quoi sert un père? Après l'agora du 11 janvier 2006 au CDDP de Toulon, Michel Pouquet, un habitué des agoras du Revest, est intervenu à deux reprises, une fois à L'École des Parents à Tou...
Ce qu'aimer veut dire/Michel Pouquet - bric à bracs d'ailleurs et d'ici
Michel Pouquet, Paul Mathis, Joël Poulain, Philippe Granarolo, quelques-uns des intervenants des 100 agoras organisés à la Maison des Comoni au Revest article repris sur le site site de l'entrai...
Peut-on rencontrer l'autre ?/J.C. Grosse - bric à bracs d'ailleurs et d'ici
le baiser des bonsaïs (un siècle d'acrobaties pour atteindre ce résultat) le baiser comme don, l'épousée La rencontre d'autrui Pour Sartre, autrui n'est pas seulement celui que je vois, il est...
Cannes 1962 (MM-BB/lettre de Daddy à Norma Jeane)/ JCG - Les Cahiers de l'Égaré
Marilyn après tout, 18F 18H pour les 36 ans de MM au moment de son "suicide" Cannes 1962 La seule fois où je suis allé au Festival de Cannes, c'est en mai 1962. C'était la quinzième édition d...
https://cahiersegare.over-blog.com/2017/12/cannes-1962-mm-bb/lettre-de-daddy-a-norma-jeane/jcg.html
Controverse sur la déclaration de Villeurbanne (mai 1968)
Il y a des lignées dans le théâtre français, des lignées qui clivent. Celle de Jean Dasté a été "liquidée" en mai/juin 1968 en particulier durant les "journées de Villeurbanne".
Tout notre système de décentralisation théâtral forgé après guerre a été bloqué net par une poignée de metteurs en scène qui ont réussi à s'approprier le "réseau", à le développer et finalement en hissant Jack Lang sur le podium à en exclure définitivement tout prétendant fidèle. La destruction du FIC (fond d'intervention culturel) fut l'oeuvre fondatrice d'un ministre certes populaire mais qui confisqua durablement les arts et la culture au profit d'une minorité influente dans chaque ville grâce au dispositif des Scènes nationales. Ce dispositif capta les édifices de l'Education populaire à des fins d'élitisme (pour tous?).
Nous avons peut être une chance historique (50 ans après) de revisiter l'histoire et de faire des contres journées de Villeurbanne.
Bruno Boussagol (metteur en scène et comédien de la compagnie Brut de Béton Productions)
Bruno Boussagol, un metteur en scène engagé
Dans quel contexte as-tu créé la compagnie Brut de Béton ? J'ai créé la compagnie au début des années 90 à Clermont-Ferrand. Je souhaitais développer un théâtre de création à partir de...
http://www.sortirdunucleaire.org/Bruno-Boussagol-un-metteur-en
Jean Dasté (1904-1994) : le père de la décentralisation théâtrale
En dehors du monde des passionnés de théâtre, et même parmi les aficionados qui, chaque année vont au in ou au off d'Avignon, il est fort probable que le nom de Jean Dasté n'évoque peut-êtr...
https://diacritik.com/2018/02/06/jean-daste-1904-1994-le-pere-de-la-decentralisation-theatrale/
Pour resituer le contexte de la déclaration de Villeurbanne (après le 20 mai 1968), on pourra lire et réfléchir sur la pièce de Denis Guénoun : Mai, juin, juillet aux éditions Les solitaires intempestifs.
Une déclaration de Denis Guénoun faite récemment aux journées de Nantes (BIS 2018, Biennale internationale du spectacle vivant, 17-18 janvier 2018) permet de faire le point sur les ambiguïtés et contradictions durables de la déclaration de Villeurbanne.
Mai, juin, juillet/Dans les théâtres de 1968/Denis Guénoun - Les Cahiers de l'Égaré
Mai, juin, juillet Dans les théâtres de 1968 Denis Guénoun Les Solitaires Intempestifs J'ai lu cette pièce récente en Avignon entre le 10 et le 13 juillet, en trois temps comme sa construction...
Sur la "Déclaration de Villeurbanne" (mai 1968) - Denis Guénoun
Dans le cadre de la Biennale internationale du spectacle vivant (Nantes, 17-18 janvier 2018), j'ai été invité par Fabien Jannelle à faire une brève intervention sur la " Déclaration de Villeu...
http://denisguenoun.org/2018/01/21/declaration-de-villeurbanne-mai-1968/
Apparemment ce qui suit est sans rapport avec les effets de la controverse de Villeurbanne
Je viens de faire paraître un livre à 24 voix, 12 F, 12 H sur une série de photos prises en selfie par une femme augmentée par le chagrin
c’est donc un livre choral avec et pour une femme augmentée par le chagrin, une gisante, 24 orants, 24 Orphée
pour moi maintenant si on
(on, désignant un passeur, un transmetteur, un partageur, un homme de passion et de bienveillance, un qui a choisi de se tenir le plus possible à l'écart du système marchand) n’a pas pour objectif que tout le monde s’exprime en inventant sa façon de s'exprimer, pas en singeant les formats dominants (clips, shows, gros romans, pièces sur le bruit du monde, chansons et musiques dites actuelles, cirque, jonglage...)
si on n'a pas pour objectif que chacun crée son art de vivre sa vie, avec ses heurs, bonheurs, malheurs, pas en singeant les modèles dominants donnés à imiter, consommer, jeter, renouveler, et rien à voir avec les soi-disant arts de vivre, l'art de vivre méditerranéen, crétois, l'american way of life...
alors merde à l’art, aux artistes qui pullulent, sont en concurrence, mis en concurrence par les gens de culture, et qui ululent, crowdfundinguent, s'auto-produisent et revendiquent leur participation à l'économie, nous représentons 3% du PIB
merde aux gens de culture qui pullulent et pompent le fric, eux qui ont du pouvoir, si peu, si peu mais s'y croient avec de moins en moins d’argent et revendiquent aussi leur participation à l'économie, nous représentons plus que l'industrie automobile
monde de merde à l’image caricaturale du monde de requins et prédateurs de toutes sortes des hautes sphères qui ne tournent pas rond.
IMAGINONS: 1700 spectacles en Avignon l'été dans le off soit 1700 X 20000 € de location de salle mini = 34.000.000 € dépensés pour une illusion : on va être vu par des directeurs et des critiques et on va tourner. Ô les tristes calculs de jeunes plein d'énergie, aptes au système D et réussissant à survivre, certes souvent dans la galère mais survivre.
IMAGINONS: 1700 compagnies investissent la France profonde, désertée par les paysans, peu récupérée par les alternatifs et ils construisent leur habitat durable, écolo, leur salle de répétition, leur jardin en permaculture, leurs équipements en énergie verte, des oasis donc avec école Montessori, des jardins d'Épicure, le philosophe pour des temps comme le nôtre de fin de civilisation (lire le Sur Épicure de Marcel Conche qui se tient à l'écart du grand tapage médiatique)
IMAGINONS; les musiciens, les écrivains, les plasticiens, les architectes, tous ceux capables de comprendre qu'il n'y a pas d'avenir dans ce monde marchand abandonnent les villes à leur pourrissement et à leur ratisation proliférante et vont retrouver la dure et saine vie dans les collines et les bois comme D.H Thoreau ou comme avait imaginé Jack London
mais ce n'est qu'un rêve
Travail de l'éditeur que je suis (refusant les manuscrits envoyés comme ça), il s'agit du travail d'une après-midi seulement : fiche pour le dépôt légal à la Bibliothèque Nationale de France, contrat d'auteur, référencement Electre et grands sites de vente en ligne, approvisionnement du distributeur-diffuseur Soleils à Paris (20 exemplaires au démarrage), envoi des livres commandés par les particuliers, écrire un ou plusieurs articles sur mes 3 blogs et mes 2 sites, envoi ciblé par mail à un fichier de 500 acheteurs potentiels, incitation à la vente par les auteurs ou des amis sur leur réseau (5€ de ristourne pour le vendeur)
ce que je ne fais pas: service de presse à la soi-disant grande presse ni même à la soi-disant presse locale ni à une quelconque soi-disant célébrité littéraire ou animateur pseudo-amoureux d'écritures; ça écarte plein de monde, ouf!; pas de livres offerts, chacun se l'achète, pour me mettre à l'écart du système marchand, il me faut amortir le coût de fabrication
vente en direct: 15 € vont aux Cahiers de l'Égaré, vente en librairie via le distributeur: 15€ - 58% (28% pour le distributeur, 30 à 36% pour le libraire selon, la FNAC, le plus gourmand, Amazon aussi); la vente en librairie ne m'intéresse pas, pas de dépôts, je me fous de leurs coups de coeur; pas davantage de demande d'aides publiques, dossiers, dossiers, merde; encore moins de salons ou fêtes du livre; bien sûr j'ai connu ça et je connais le bilan
ça va faire 30 ans que je fais cela avec plus ou moins de conviction, toujours bénévolement; merde au système marchand qui oblige à travailler pour vivre
La déclaration de Villeurbanne, vous comprenez que je m'en moque.
Ses enjeux même contradictoires ne sont pas à la hauteur.
Mon slogan serait : Tous artistes, tous écrivains, tous photographes,
chacun son expression, chacun son art de vivre sa vie
pas la vie comme oeuvre d'art
pas l'art pour émanciper, élever, éduquer, éveiller
pas la culture dominante qui ne se reconnaît pas comme telle, alibi de la domination marchande avec son discours émancipateur, démocratisateur et ses pratiques de management à l'américaine, travail en openspace, séparation entre direction, personnel et techniciens, entre gens de culture et artistes
chacun son art de vivre sa vie c'est-à-dire en conscience, y en a, y veulent de la pleine conscience, beaucoup de moments dans le silence, parfois du rire, des sourires tout pleins, des gestes doux et tendres, pas besoin de créativité renouvelable 24 H sur 24, juste de l'attention, là, à 10 cms, regarde et tu déplaces la petite pierre, la brindille, ah, ça fait un cupidon...et t'es frappé en plein coeur par l'amour
mais purée que c'est simple l'amour,
y en a qui aiment compliquer à souhait
y en a qui veulent pas entendre le souffle aimant à côté d'eux, tant pis pour eux
j'aime les bienheureux, les simples d'esprit et de coeur qui ont le coeur net et direct
de Salvatore Spada, ces saillies iconoclastes, radicales, à tenter de pratiquer
j'aimerais bien réussir à ouvrir , une maison d’édition> lettre de rencontre > et mettre en pratique le nouveau principe en dialectique de désir et subversion du sujet que> TOUT LECTEUR EST AUTEUR. Et se débarrasser enfin de la maison d’édition liée à l'Auteur . Pas d'auteur chez nous , chez nous il n'y a que des lecteurs . Personnellement je veux signer comme lecteur2 de mon texte et non pas comme auteur1 > le lecteur2 subvertit l'auteur1 > (subvertir ne suffit pas il faut aussi savoir dissoudre > savoir du deux) les élites des auteurs> à mépris inconscient des ses lecteurs > ils sont démolies en poussier d’étoile et en atelier de lecteur > ca change tout dans la dynamique de rencontre > ça ouvre un champ inédit. Te dis-tu auteur ? encore un Auteur ? non, désolé ici on est tous lecteurs on n a plus besoin d auteurs, maintenant on sait bien s'émanciper des auteurs , on a reussi notre cap > et c'est un savoir nouveau de s’émanciper de tout auteur > toi aussi tu peux (savoir) t’émanciper de ton auteur . L'auteur par définition c'est son élite, un auteur est en lui tout seul une élite . Le lecteur est en lui tous seul l’émancipation vivante de toute élite inconscient> vive notre lecteur des trois écologies en fonction trou , manque et vide.
"Je te fabrique l’illisible> tu vas le lire et tu vas te donner un futur, ton futur . Nomme tes trois écologies pour trois fonctions > fonction trou , fonction manque, et fonction vide . Nomme tes trois bucoliques . Ouvre tes trois écoles inattendues pour faire trou , pour faire manque et pour faire vide . Je te dis TROU, Je te dis MANQUE , je te dis VIDE. Je te dis inattendu. Je te dis rencontre . Je te dis miracle de rencontre . Je te dis , dis moi quelque chose, même le silence est parole . On va faire sortie , on va occuper les lieux de sortie avec un ciseau (tourbillon d'un trou comme transfert du temps), une pierre (perte d'un manque comme fantasme de réalité) et un papier (lettre vide au bord de sa pure extériorité comme symptôme ) . On va nommer la sortie et on va la faire tourbillon d'un TROU , on va faire trou, et on va la faire perte, tu vas nommer ta perte pour un MANQUE , on va faire manque, et on va la faire lettre au bord du VIDE, on va faire vide. Du spectacle on peut bien s'en passer pour se donner sortie de rencontre . Une rencontre nous sort du monde du spectacle , non, une rencontre n est pas un spectacle pour son public endormi.Une expo c'est pour dormir , une pièce de theatre c'est pour dormir, un film c'est pour dormir . Une rencontre c'est pour nous sortir d' une expo, d'un theatre , d'un cinema >sortir> veut dire que > tout lecteur est auteur > sortir veut dire que > tout le monde est Un artiste femme ,qu'il n'y a pas d'artiste homme, heureusement pour nous et pour les bords des orifices et pour les lettres d'amour. [Déménagement> les nouveaux Bucoliques> un pièce , une expo , un film et ton corps politique comme pièce de theatre, comme expo, et comme film pour nous sortir du monde du spectacle et de son endormissement généralisé ]: »
"Si je rentre moi aussi dans le marché de l'art ce n est pas pour me mettre en concurrence INÉVITABLE et FATALE avec les autres artistes comme moi (pauvres imbéciles )> mais pour devenir moi même, moi même, moi même, x 3 > un donateur d ordres, un spéculateur, un vrai capitaliste, en créant un nouveau marché , le marché des collectionneurs , et en le mettant en concurrence avec le première marché , le marché des artistes déjà existant > collectionneur contre artiste et artiste contre collectionneur > voila ce qu'il faut mettre en oeuvre pour en tirer moi avec quelque copain tout le profit et en rire comme un capitaliste sait faire en créant , sans fin, des imbéciles serviles et vils> prêts à tout pour obéir à la sacrée loi du marché> l' intouchable loi de l’intouchable marché de l’intouchable profit de l’intouchable mort à crédit> la tienne, oui , la tienne > tu en as tout le droit et le crédit. Il n'y a aucun profit de l'Un qui ne met pas en concurrence l'Autre , il n y a pas profit de l'Un qui ne provoque pas une division mortel et suicidaire dans l'Autre . Il n'y a pas de profit qui ne produit pas un conflit chez l'autre . Profit de l'Un > conflit de l'Autre > le profit de l'Un c'est le suicide de l' Autre > voilà la règle numéro UN d'un bon capitaliste, c'est effrayant oui> le profit de l'Un> monde sans futur pour l'Autre > monde sans futur > c'est effrayant , oui , c'est effraiant> mais il faut bien comprendre que pour un bon capitaliste tous les gens sont bêtes, considérés comme des bêtes parce que ils tombent très très très facilement et sans problème , sans aucun problème, ni avis critique, aucun, dans laLA miseMISE enEN concurrenceCONCURRENCE fatale et suicidaire et ça marche toujours, et ça marche à tous les coups et ça marche , et ça marche, et ça marche, et au nom du bon sens (servitude volontaire) et alors à quoi bon les considérer des humaines> des vrais crétins plutôt . [Dérangement et Déménagement > DD > une pièce de Dénonciation politique> DDD> d’après les Bucoliques de Virgile] »