La chasse à l'enfant/Jacques Prévert
La chasse à l'enfant, Jacques Prévert
En 1934, au pénitencier de Belle-Ile-en-Mer, un enfant ose mordre dans un bout de fromage avant de manger sa soupe en silence. Les gardiens le rouent de coups. Les autres enfants se révoltent et une émeute éclate, 55 d'entre eux en profitent pour s'évader. L'administration organise alors une battue pour les retrouver. On promet une prime de 20 francs aux habitants de l'île et aux touristes pour chaque enfant qu'ils ramèneront.
Jacques Prévert, en vacances sur l’île à ce moment-là, assiste à la scène. Il regarde, horrifié, les mères de famille, les curés et tous les « braves gens », armés de fusils ou de fourches, traquer dans les buissons, dans les taillis et dans les grottes, des gamins effrayés. C’est cet épisode sinistre qui lui inspirera son célèbre poème « La chasse à l’enfant »
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Qu'est-ce que c'est que ces hurlements
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant
Il avait dit j'en ai assez de la maison de redressement
Et les gardiens à coup de clefs lui avaient brisé les dents
Et puis ils l'avaient laissé étendu sur le ciment
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Maintenant il s'est sauvé
Et comme une bête traquée
Il galope dans la nuit
Et tous galopent après lui
Les gendarmes les touristes les rentiers les artistes
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant
Pour chasser l'enfant, pas besoin de permis
Tous les braves gens s'y sont mis
Qu'est-ce qui nage dans la nuit
Quels sont ces éclairs ces bruits
C'est un enfant qui s'enfuit
On tire sur lui à coups de fusil
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Tous ces messieurs sur le rivage
Sont bredouilles et verts de rage
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Rejoindras-tu le continent
Rejoindras-tu le continent !
Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau.
Et de cette chanson et de cette histoire, Jacques Prévert et Marcel Carné tourneront un film à Belle Ile-en-mer, l’une des plus grosses productions de l’époque (la Fleur de l’âge) avec Arletty, Martine Carol, Serge Reggiani et Anouk Aimée (15 ans et premier film) qui après des années de tournage ne verra jamais le jour.
Ça aurait dû être un film magnifique et poignant car tiré d’une histoire vraie de ce bagne terrible des enfants (il subsiste les photos de tournage sublimes de Savitry). Il est étrange que personne n’ait eu l’idée de finir et reprendre ce projet fantastique.
La chasse à l'enfant de Belle-Île-en-Mer
Triste histoire que celle que je vais vous conter aujourd'hui puisqu'elle se déroule dans un bagne d'enfants. Voilà deux mots qui ne devraient jamais se trouver accolés. Si le mot " bagne " n'a ...
https://savoirsdhistoire.wordpress.com/2019/08/27/la-chasse-a-l-enfant-de-belle-ile-en-mer/
article très documenté
La chasse à l'enfant - Marianne Oswald - Jacques Prévert 1936 (bandit, voyou, voleur, chenapan)
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un dossier de plus de 30 pages est consacré au film maudit
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fiche technique du film
Photographies de l'article Aux " Enfants au Paradis " et aux " Portes de la Nuit ", Marcel Carné va faire succéder un film sur l'enfance délinquante qu'il a d'abord appelé " L'île des enfants ...
article de Cinévie du 22 juillet 1947
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photographies du tournage par Emile Savitry
" La fleur de l'âge " film maudit de Marcel Carné et de Jacques Prévert.
Le film est inspiré de la rébellion du 27 Aout 1934 de la maison de redressement de Belle Ile en Mer, avec évasion de jeunes prisonniers de 13 à 21 ans. Suivit d'une chasse a l' homme. ( titre ...
avec des photos du tournage d'Emile Savitry
Film: CARNET DE NAUFRAGE - Histoire d'un film disparu
Voir l'intégralité du FILM : http://www.filmsdocumentaires.com/films/680-jacques-prevert-marcel-carne-la-fleur-de-l-age Rejoignez nous sur Facebook : ...
histoire d'un film disparu
Carnet de naufrage, de Claudine Bourbigot
Carnet de naufrage, de Claudine Bourbigot
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L'ÎLE DES ENFANTS PERDUS | Nicolas Chaudun
L'ÎLE DES ENFANTS PERDUS | "Ce qui m'amuse, c'est d'opposer un récit historique linéaire au passé à un compte-rendu d'enquête au présent où je me mets moi-même en scène, des moments que j...
roman-documentaire de l'historien Nicolas Chaudun, sorti en septembre 2019
"Pour ecrire un seul vers,il faut avoir vu beaucoup de villes,d'hommes et de choses,il faut connaitre les animaux, sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs
"Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s’ouvrant le matin. Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l’on voyait longtemps approcher, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, à ses parents qu’il fallait qu’on froissât lorsqu’ils vous apportaient une joie et qu’on ne la comprenait pas (c’était une joie faite pour un autre), à des maladies d’enfance qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles – et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela. Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent. Car les souvenirs ne sont pas encore cela. Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers. – Pour écrire un seul vers (1910) - Rainer Maria Rilke