Diego Rivera et Frida Kahlo
Pour mon anniversaire, cadeau : Rien n'est noir de Claire Berest. Le livre est tout frais et pour les anniversaires, on offre du frais, du fraîchement imprimé.
Le titre renvoie à la palette de couleurs évoquée par Frida dans son Journal.
... Bleu de cobalt : électricité, pureté. Amour
Noir : rien n'est vraiment noir ...
L'essentiel des titres des chapitres est constitué de couleurs, des bleus à Mexico dès 1928, des rouges à New York, 1930-1932, des jaunes à Mexico, New York, Paris, 1933-1940 puis rien n'est noir, réellement rien
le roman se termine à Mexico en 1954, avec la sortie, le 13 juillet 1954
" j'espère que la sortie sera heureuse et j'espère ne jamais revenir ", dernière page de son Journal, à côté d'un dessin représentant l'Ange Noir de la Mort.
Claire Berest dit très bien sa fascination durant plus de 15 ans pour Frida, au point de prénommer sa fille, Frida (quel héritage s'est ainsi transmis !) sans aucunement songer à écrire sur elle; en fait, Frida est une compagne de vie jusqu'à l'évidence un jour, soufflée par le compagnon tu devrais écrire sur Frida. L'usage de la 3° personne, une narratrice raconte, ne cache pas la passion névrotique (?) animant l'auteur voulant tout vivre et tout faire vivre de la vie privée, intime, publique, officielle de ses deux personnages. Projection assurée, assumée même quand ils font l'amour, qui baise au moment de l'écriture ? qui est baisé au moment de la lecture ?
Ce roman se lit bien, avec quelques coquetteries qui m'ont obligé à chercher la définition de 4 ou 5 mots, déjà oubliés.
Évidemment, je suis allé chercher à Frida Kahlo et Diego Rivera pour faire un peu le tour des oeuvres, des vies, des commentaires, des héritages, des récupérations. C'est Frida que j'ai privilégiée pour cet article.
Dans la foulée, comme je l'avais en réserve depuis plusieurs années, j'ai lu le Diego et Frida de J.M.G. Le Clézio. Une biographie dans laquelle Le Clézio s'implique. Très documenté et à la hauteur des enjeux.
Le Mexique de 1910, le pays de la première révolution sociale (même pas prolétarienne, non, paysanne avant celle des soviets, 1917). Avec tout ce qui s'en est suivi, répression, assassinats, contre-révolution, sursauts démocratiques, alternances des forces au pouvoir, très réactionnaires ou progressistes sans être révolutionnaires. L'Union soviétique comme modèle pour les communistes dont Diego et Frida, sauf pour l'art. Le réalisme soviétique, niet ! Le surréalisme ? ils sont en désaccord. Trotsky et sa conception, son manifeste attribué à Breton (Patrick Deville, Viva). Diego a une vision de l'art comme retour aux origines, dans la culture indienne et comme faisant le pont par delà le capitalisme triomphant aux USA (malgré la crise) avec l'avènement du communisme mondial. Le muralisme dont il est le représentant le plus célèbre est un apport considérable à l'art populaire, par et pour le peuple, pour son éducation et son émancipation. Frida n'a pas de conception préconçue de l'art. Elle peint, se peint mais sa peinture instinctive va aller puiser dans coins et recoins de l'inconscient et du corps martyrisé avec un réalisme et un symbolisme époustouflants. Son amour absolu pour Diego va être la colonne vertébrale (brisée ?) du déploiement du génie de Diego comme Diego pour Frida va être Diego commencement Diego constructeur Diego mon enfant Diego mon fiancé Diego peintre Diego mon amant Diego "mon mari" Diego mon ami Diego ma mère Diego mon père Diego mon fils Diego = Moi = Diego l'Univers. (Journal)
Lorsque Frida annonce son intention d'épouser Diego Rivera, son père a ce commentaire acide : « ce seront les noces d'un éléphant et d'une colombe ». Tout le monde reçoit avec scepticisme la nouvelle du mariage de cette fille turbulente mais de santé fragile avec le «génie» des muralistes mexicains, qui a le double de son âge, le triple de son poids, une réputation d'«ogre» et de séducteur, ce communiste athée qui ose peindre à la gloire des Indiens des fresques où il incite les ouvriers à prendre machettes et fusils pour jeter à bas la trinité démoniaque du Mexique - le prêtre, le bourgeois, l'homme de loi. Diego et Frida raconte l'histoire d'un couple hors du commun. Histoire de leur rencontre, le passé chargé de Diego et l'expérience de la douleur et de la solitude pour Frida. Leur foi dans la révolution, leur rencontre avec Trotski et Breton, l'aventure américaine et la surprenante fascination exercée par Henry Ford. Leur rôle enfin dans le renouvellement du monde de l'art.
Étrange histoire d'amour, qui se construit et s'exprime par la peinture, tandis que Diego et Frida poursuivent une œuvre à la fois dissemblable et complémentaire. L'art et la révolution sont les seuls points communs de ces deux êtres qui ont exploré toutes les formes de la déraison. Frida est, pour Diego, cette femme douée de magie entrevue chez sa nourrice indienne et, pour Frida, Diego est l'enfant tout-puissant que son ventre n'a pas pu porter. Ils forment donc un couple indestructible, mythique, aussi parfait et contradictoire que la dualité mexicaine originelle, Ometecuhtli et Omecihuatl.
liens sur le Journal de Frida Kahlo
https://hal-univ-tlse2.archives-ouvertes.fr/hal-00941216/document
« L’art de Frida, disait André Breton, est un ruban noué autour d’une bombe. » Le temps a passé, Frida pour moi se trouve en phase avec plein de combats qui se mènent aujourd'hui et qui tentent de penser, de sentir, d'agir en harmonie avec la Vie
La Llorona par Chavela Vargas, remarquable balade et ballade dans l'oeuvre de Frida
Documentaire d'animation graphique sur la vie et l'œuvre de l'artiste mexicaine Frida Kahlo
les noces d'un éléphant et d'une colombe d'après le père de Frida, le double mariage de la colombe et de son crapaud. « L’art de Frida, disait André Breton, est un ruban noué autour d’une bombe. »
Viva/Patrick Deville - Blog de Jean-Claude Grosse
Viva Patrick Deville Seuil, août 2014 Présenté comme un roman, Viva comporte 30 chapitres fort documentés sur des personnages qui ont marqué dans deux domaines, politique, artistique, Trotski ...
http://les4saisons.over-blog.com/2014/12/viva-patrick-deville.html
un roman, fascinant