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bric à bracs d'ailleurs et d'ici

agoras

le phallus ? et le néant ?

17 Mars 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #J.C.G., #Michel Pouquet, #assaisonneur, #films, #écriture- lecture, #note de lecture, #développement personnel, #cahiers de l'égaré, #agora, #agoras, #Paul Mathis, #FINS DE PARTIES

le phallus ? et le néant ?

voilà un article comportant 35 liens

il y aura très peu de lecteurs ouvrant les liens

mais au moins je pose la tentation

les liens en lien avec mes blogs sont sous le signe de Freud et Lacan (ce fut une partie de ma formation universitaire) que tente de déconstruire Sophie Robert

aujourd'hui, je suis sorti de cette matrice ou de ce paradigme

je pense qu'il faut plus recevoir que voir

voir en voyant la lumière qui éclaire par derrière ou sur le côté ou par en dessous...

place au miracle et au mystère de la naissance, de la vie, de la mort, des origines, des chemins, des fins

de la faim sans fin par tous les moyens

à la fin sans faim

mise entre parenthèses des prétendus savoirs

les mondes de chacun, de chaque espèce nous sont opaques et inaccessibles; et sans doute notre propre monde (conscience et inconscient, individuel, transgénérationnel, collectif)

JCG

je ne sais plus comment je suis arrivé sur ce documentaire de Sophie Robert, dont le titre est le phallus et le néant (2 H)
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je l'ai visionné,
puis j'ai cherché Sophie Robert (FB, Wikipédia, articles de journaux, polémique et procès contre son autre documentaire Le mur (sur l'autisme), un temps interdit puis autorisé à nouveau)
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je pense que les pratiques et discours théoriques sont à interroger, à soumettre au débat comme tout ce qui relève des savoirs-pouvoirs
(et ce n'est pas facile d'amener gens de savoir-pouvoir à faire preuve d'humilité, de distance par rapport à leurs pratiques;
il y faut conflit, provocation, scandale et peut-être alors débat ou justice)
on va voir ce qui va se produire dans les années à venir à propos des vaccins anti-covid à ARN messager qu'on nous a imposés
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le travail de Sophie Robert me semble salutaire pour un devoir et un droit d'inventaire des effets de la psychanalyse;
il serait bien que d'autres se mettent au travail pour comparer;
existe déjà Le livre noir de la psychanalyse (auquel a répondu L'anti-livre noir de la psychanalyse)
ou le travail d'Elizabeth Roudinesco
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- pour avoir invité plusieurs fois aux Comoni, lors d'agoras, Paul Mathis, psychanalyste lacanien décédé, Michel Pouquet, psychiatre décédé,
- pour avoir rendus publics sur le blog des bric à bracs, leurs causeries attirant une salle pleine
- pour avoir édité Les petits riens dans la clinique analytique de Jean-Paul Charancon, jeune psychanalyste décédé
pour avoir accompagné Annie dans son analyse dite didactique de 15 ans au moins, dans son parcours de psychologue clinicienne puis de psychanalyste
- pour avoir entrepris une analyse de six mois avec une analyste Carmen M.
sans parler de ma fréquentation de Lacan à Guyancourt vers 1964, à mon retour d'Algérie, écoeuré
 
- pour avoir bien étudié Freud et Lacan dès 1964
- pour avoir été interpellé par les scissions dans les mouvements analytiques (comme dans les mouvements politiques se prétendant émancipateurs), me semblant indiquer des tendances sectaires (en lien avec la toute puissance de ceux qui se prétendent détenteurs de la Vérité)
- pour m'interroger depuis de longues années sur mes rapports et relations à certaines femmes, cheminement qui me semble "tordu", idéalisé, style amour courtois (à réinventer si je ne fais pas un usage fantasmé de Lacan), à installer dans la durée du toujours, pour toujours
- ça a donné Your last video (porn theater), texte non paginé, non indiqué dans le sommaire de Et ton livre d'éternité, paru le 14 février 2022
 
- pour avoir fait écrire un livre pluriel Elle s'appelait Agnès (paru après les deux procès en février 2016) sur le viol et meurtre d'Agnès (13 ans) par Matthieu (17 ans, psychopathe qui entend des voix) à Chambon-sur-Lignon en novembre 2011
- pour avoir édité Battements d'ailes (Clichés Féminins/Masculins aujourd'hui) d'Elsa Solal et Dominique Loiseau, préfacé par Michelle Perrot en 2015
- pour avoir consacré le chapitre XII Livre III du livre d'éternité à metoo, l'affaire Weinstein, balance ton porc ainsi qu'au livre Le consentement de Vanessa Springora sous emprise de Gabriel Matzneff
- et pour avoir mis en ligne un docu très bien réalisé sur l'affaire Olivier Duhamel

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documentaire (bien réalisé) dont pas mal de choses me semblent audibles à l'opposé de beaucoup de réactions hostiles des commentaires comme du sous-titre du documentaire
(à la découverte du vrai visage de la psychanalyse);
 
à chacun de se demander ce qu'il va mettre en question,
ce qu'il va garder
faut-il jeter le bébé avec l'eau du bain ?
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dès qu'il y a le mot vrai, méfie-toi
il y a de la guerre dans l'air
et même si selon Héraclite, la guerre est...
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voici le commentaire que j'ai posté sur you tube :
le devoir et le droit légitimes d'inventaire des effets "pervers-père-vers" sur les individus et la société des théories et pratiques analytiques freudienne et lacanienne se transforment en réquisitoire hostile, sans contrepartie vraiment scientifique ; dans la mesure où on est au niveau de "sciences" dites humaines et animales, et même si on allait jusqu'au niveau biologique, génétique, il me semble impossible de dire le vrai visage de la psychanalyse;
le prétendre comme dit le sous-titre est du même registre performatif que le registre analytique :
dire c'est faire;
si je dis que c'est vrai, c'est vrai;
documentaire bien réalisé mais pour moi, peu convaincant;
ou pour le dire autrement, documentaire dans l'air du temps
c'est-à-dire à la mode avant d'être démodé car l'air du temps c'est l'air à la mode
donc la réalisatrice situe son documentaire dans un contexte de combats multiples, du genre déconstructions
(tout est en déconstruction en ce moment
comme d'ailleurs psychanalyse et structuralisme déconstruisaient le sujet sartrien et sa liberté)
allant jusqu'à la destruction;
évidemment les TCC sont préférés au divan
la réalisatrice sait qu'elle est une femme, sait ce qu'est une femme, un sexe de femme, une sexualité féminine, elle n'est pas un néant, un trou et que sais-je;
elle substitue aux "concepts" scandaleux de la psychanalyse d'autres versions qui lui semblent acceptables et surtout vraies
donc à prendre avec beaucoup de prudence, au 3° degré
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cela n'enlève rien à la nécessaire clarification (impossible, dois-je préciser) des notions de désir, de fantasme, d'inceste, de viol, de masculin, de féminin
mais je crois plus au travail sur soi (prendre soin de soi-Soi) qu'au travail monnayé sur un divan
et plus à l'hypnose style Roustang qu'à la psychanalyse ou aux TCC
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la 1° partie du film Un ange à ma table, de Jane Campion, To the Island, montre on ne peut plus clairement l'intérêt vif des fillettes pour le phallique
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en lien avec le film Un ange à ma table de Jane Campion qui évoque les 8 ans d'hôpital psychiatrique et les 200 électrochocs subis par la poétesse Janet Frame, une amie Voragine Fosproy m'a donné le lien d'une série de 4 docus sur l'hystérie, une parole confisquée
 
le phallus ? et le néant ?
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sur la Commune (18 mars 1871-28 mai 1871)

24 Mars 2021 , Rédigé par grossel Publié dans #agoras, #J.C.G.

1- vu hier soir, visible jusqu’au 20 mai
https://www.arte.tv/fr/videos/094482-000-A/les-damnes-de-la-commune/
remarquable animation de gravures et récit émouvant de Victorine (Yolande Moreau)
très noir (tilt avec l’assassinat de Victor Noir, dont la sculpture au cimetière du Père Lachaise est l’objet de rituels très particuliers), mettant l’accent sur la répression impitoyable par les Versaillais
pas assez sur les leçons, les apports des Communards (délégués élus et révocables, internationalisme au sens où des délégués importants furent des étrangers, démocratie directe, démocratie sociale, avancées extraordinaires sur tout un tas de plans, égalité, éducation, condition féminine, éradication de la délinquance et autres fléaux, prostitution…), les erreurs (pas touche à la banque de France qui va financer les Versaillais…)
 
  • Un article de Mediapart du 22 mars : 
  • https://blogs.mediapart.fr/edition/les-cercles-condorcet/article/220321/la-commune-entre-memoire-et-histoire
  • Dans Le Poème des morts (éd. Fata Morgana, 2017), Bernard Noël a consacré le poème n° 16 à la Commune : 
pas de bandeau a dit le fusillé
je veux voir la mort arriver de face
et l'avenir soudain se raccourcir
le passé qui me tue n'est pas le mien
car sa vérité n'est pas mon affaire
mais le fusillé mord déjà la terre
le chef tueur donne le coup de grâce
le crâne éclaté répand le cerveau
le galonné pousse du pied ce reste
- Dire qu'il croyait penser avec ça !
fait-il avec un clin d'oeil à sa troupe
sûr d'avoir vaincu la révolution
le peloton recharge ses fusils
et feu roulant sur la fournée suivante
tout ici est réglé par la justice
au nom bien sûr d'une légalité
toujours au seul service du pouvoir
tous les cadavres ont droit à la chaux vive
dès qu'empilés dans la fosse commune
la loi respecte ainsi la seule règle
tuer la vie pour qu'elle ne change pas
  • Ce poème est à rapprocher de l'article PENSER du Dictionnaire de la Commune :
Le 6 juillet 1871, Baudouin et Rouillac sont fusillés à Satory pour l'incendie de Saint-Éloi et leur lutte sur les barricades. Tandis que les soldats défilaient devant les corps, "c'est avec cela qu'ils pensaient, dit l'officier qui commandait, en remuant du bout de la botte les cervelles répandues à terre." (Louise Michel, la Commune. Histoire et Souvenirs.) Ce "mot" est confirmé par beaucoup d'autres témoignages.
 
 
paru aux éditions de l'Armourier, en mars 2021

paru aux éditions de l'Armourier, en mars 2021

 2 - pour ceux qui ne connaissent pas Marx

 
KARL MARX LA GUERRE CIVILE EN FRANCE 
Chapitre 3
À l'aube du 18 mars, Paris fut réveillé par ce cri de tonnerre : Vive la Commune! Qu'est-ce donc que la Commune, ce sphinx qui met l'entendement bourgeois à si dure épreuve ?
Les prolétaires de la capitale, disait le Comité central dans son manifeste du 18 mars, au milieu des défaillances et des trahisons des classes gouvernantes, ont compris que l'heure était arrivée pour eux de sauver la situation en prenant en main la direction des affaires publiques... Le prolétariat... a compris qu'il était de son devoir impérieux et de son droit absolu de prendre en main ses destinées, et d'en assurer le triomphe en s'emparant du pouvoir.
Mais la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre tel quel l'appareil d'État et de le faire fonctionner pour son propre compte.
Le pouvoir centralisé de l'État, avec ses organes, partout présents : armée permanente, police, bureaucratie, clergé et magistrature, organes façonnés selon un plan de division systématique et hiérarchique du travail, date de l'époque de la monarchie absolue, où il servait à la société bourgeoise naissante d'arme puissante dans ses luttes contre le féodalisme. Cependant, son développement restait entravé par toutes sortes de décombres moyenâgeux, prérogatives des seigneurs et des nobles, privilèges locaux, monopoles municipaux et corporatifs et Constitutions provinciales. Le gigantesque coup de balai de la Révolution française du XVIIIe siècle emporta tous ces restes des temps révolus, débarrassant ainsi, du même coup, le substrat social des derniers obstacles s'opposant à la superstructure de l'édifice de l'État moderne. Celui-ci fut édifié sous le premier Empire, qui était lui-même le fruit des guerres de coalition de la vieille Europe semi-féodale contre la France moderne. Sous les régimes qui suivirent, le gouvernement, placé sous contrôle parlementaire, c'est-à-dire sous le contrôle direct des classes possédantes, ne devint pas seulement la pépinière d'énormes dettes nationales et d'impôts écrasants; avec ses irrésistibles attraits, autorité, profits, places, d'une part il devint la pomme de discorde entre les factions rivales et les aventuriers des classes dirigeantes, et d'autre part son caractère politique changea conjointement aux changements économiques de la société. Au fur et à mesure que le progrès de l'industrie moderne développait, élargissait, intensifiait l'antagonisme de classe entre le capital et le travail, le pouvoir d'État prenait de plus en plus le caractère d'un pouvoir publie organisé aux fins d'asservissement social, d'un appareil de domination d'une classe. Après chaque révolution, qui marque un progrès de la lutte des classes, le caractère purement répressif du pouvoir d'État apparaît façon de plus en plus ouverte. La Révolution de 1830 transféra le gouvernement des propriétaires terriens aux capitalistes, des adversaires les plus éloignés des ouvriers à leurs adversaires les plus directs. Les républicains bourgeois qui, au nom de la Révolution de février, s'emparèrent du pouvoir d'État, s'en servirent pour provoquer les massacres de juin, afin de convaincre la classe ouvrière que la république « sociale », cela signifiait la république qui assurait la sujétion sociale, et afin de prouver à la masse royaliste des bourgeois et des propriétaires terriens qu'ils pouvaient en toute sécurité abandonner les soucis et les avantages financiers du gouvernement aux « républicains » bourgeois. Toutefois, après leur unique exploit héroïque de juin, il ne restait plus aux républicains bourgeois qu'à passer des premiers rangs à l'arrière-garde du « parti de l'ordre », coalition formée par toutes les fractions et factions rivales de la classe des appropriateurs dans leur antagonisme maintenant ouvertement déclaré avec les classes des producteurs. La forme adéquate de leur gouvernement en société par actions fut la « république parlementaire », avec Louis Bonaparte pour président, régime de terrorisme de classe avoué et d'outrage délibéré à la « vile multitude ». Si la république parlementaire, comme disait M. Thiers, était celle qui « les divisait [les diverses fractions de la classe dirigeante] le moins », elle accusait par contre un abîme entre cette classe et le corps entier de la société qui vivait en dehors de leurs rangs clairsemés. Leur union brisait les entraves que, sous les gouvernements précédents, leurs propres dissensions avaient encore mises au pouvoir d'État. En présence de la menace de soulèvement du prolétariat, la classe possédante unie utilisa alors le pouvoir de l'État, sans ménagement et avec ostentation comme l'engin de guerre national du capital contre le travail. Dans leur croisade permanente contre les masses productrices, ils furent forcés non seulement d'investir l'exécutif de pouvoirs de répression sans cesse accrus, mais aussi de dépouiller peu à peu leur propre forteresse parlementaire, l'Assemblée nationale, de tous ses moyens de défense contre l'exécutif. L'exécutif, en la personne de Louis Bonaparte, les chassa. Le fruit naturel de la république du « parti de l'ordre » fut le Second Empire.
L'empire, avec le coup d'État pour acte de naissance, le suffrage universel pour visa et le sabre pour sceptre, prétendait s'appuyer sur la paysannerie, cette large masse de producteurs qui n'était pas directement engagée dans la lutte du capital et du travail. Il prétendait sauver la classe ouvrière en en finissant avec le parlementarisme, et par là avec la soumission non déguisée du gouvernement aux classes possédantes. Il prétendait sauver les classes possédantes en maintenant leur suprématie économique sur la classe ouvrière; et finalement il se targuait de faire l'unité de toutes les classes en faisant revivre pour tous l'illusion mensongère de la gloire nationale. En réalité, c'était la seule forme de gouvernement possible, à une époque où la bourgeoisie avait déjà perdu, - et la classe ouvrière n'avait pas encore acquis, - la capacité de gouverner la nation. Il fut acclamé dans le monde entier comme le sauveur de la société. Sous l'empire, la société bourgeoise libérée de tous soucis politiques atteignit un développement dont elle n'avait elle-même jamais eu idée. Son industrie et son commerce atteignirent des proportions colossales; la spéculation financière célébra des orgies cosmopolites; la misère des masses faisait un contraste criant avec l'étalage éhonté d'un luxe somptueux, factice et crapuleux. Le pouvoir d'État, qui semblait planer bien haut au-dessus de la société, était cependant lui-même le plus grand scandale de cette société et en même temps le foyer de toutes ses corruptions. Sa propre pourriture et celle de la société qu'il avait sauvée furent mises à nu par la baïonnette de la Prusse, elle-même avide de transférer le centre de gravité de ce régime de Paris à Berlin. Le régime impérial est la forme la plus prostituée et en même temps la forme ultime de ce pouvoir d'État, que la société bourgeoise naissante a fait naître, comme l'outil de sa propre émancipation du féodalisme, et que la société bourgeoise parvenue à son plein épanouissement avait finalement transformé en un moyen d'asservir le travail au capital.
L'antithèse directe de l'Empire fut la Commune. Si le prolétariat de Paris avait fait la révolution de Février au cri de « Vive la République sociale », ce cri n'exprimait guère qu'une vague aspiration à une république qui ne devait pas seulement abolir la forme monarchique de la domination de classe, mais la domination de classe elle-même. La Commune fut la forme positive de cette république.
Paris, siège central de l'ancien pouvoir gouvernemental, et, en même temps, forteresse sociale de la classe ouvrière française, avait pris les armes contre la tentative faite par Thiers et ses ruraux pour restaurer et perpétuer cet ancien pouvoir gouvernemental que leur avait légué l'empire. Paris pouvait seulement résister parce que, du fait du siège, il s'était débarrassé de l'armée et l'avait remplacée par une garde nationale, dont la masse était constituée par des ouvriers. C'est cet état de fait qu'il s'agissait maintenant de transformer en une institution durable. Le premier décret de la Commune fut donc la suppression de l'armée permanente, et son remplacement par le peuple en armes.
La guerre civile en France - Essai de Marx sur la Commune de Paris et l'histoire politique et sociale de la France au XIXe Siècle, chapitre 3
La Commune fut composée des conseillers municipaux, élus au suffrage universel dans les divers arrondissements de la ville. Ils étaient responsables et révocables à tout moment. La majorité de ses membres était naturellement des ouvriers ou des représentants reconnus de la classe ouvrière. La Commune devait être non pas un organisme parlementaire, mais un corps agissant, exécutif et législatif à la fois. Au lieu de continuer d'être l'instrument du gouvernement central, la police fut immédiatement dépouillée de ses attributs politiques et transformée en un instrument de la Commune, responsable et à tout instant révocable. Il en fut de même pour les fonctionnaires de toutes les autres branches de l'administration. Depuis les membres de la Commune jusqu'au bas de l'échelle, la fonction publique devait être assurée pour un salaire d'ouvrier. Les bénéfices d'usage et les indemnités de représentation des hauts dignitaires de l'État disparurent avec ces hauts dignitaires eux-mêmes. Les services publics cessèrent d'être la propriété privée des créatures du gouvernement central. Non seulement l'administration municipale, mais toute l'initiative jusqu'alors exercée par l'État fut remise aux mains de la Commune.
Une fois abolies l'armée permanente et la police, instruments du pouvoir matériel de l'ancien gouvernement, la Commune se donna pour tâche de briser l'outil spirituel de l'oppression, le pouvoir des prêtres; elle décréta la dissolution et l'expropriation de toutes les Églises dans la mesure où elles constituaient des corps possédants. Les prêtres furent renvoyés à la calme retraite de la vie privée, pour y vivre des aumônes des fidèles, à l'instar de leurs prédécesseurs, les apôtres. La totalité des établissements d'instruction furent ouverts au peuple gratuitement, et, en même temps, débarrassés de toute ingérence de l'Église et de l'État. Ainsi, non seulement l'instruction était rendue accessible à tous, mais la science elle-même était libérée des fers dont les préjugés de classe et le pouvoir gouvernemental l'avaient chargée.
Les fonctionnaires de la justice furent dépouillés de cette feinte indépendance qui n'avait servi qu'à masquer leur vile soumission à tous les gouvernements successifs auxquels, tour à tour, ils avaient prêté serment de fidélité, pour le violer ensuite. Comme le reste des fonctionnaires publics, magistrats et juges devaient être élus, responsables et révocables.
La Commune de Paris devait, bien entendu, servir de modèle à tous les grands centres industriels de France. Le régime de la Commune une fois établi à Paris et dans les centres secondaires, l'ancien gouvernement centralisé aurait, dans les provinces aussi, dû faire place au gouvernement des producteurs par eux-mêmes. Dans une brève esquisse d'organisation nationale que la Commune n'eut pas le temps de développer, il est dit expressément que la Commune devait être la forme politique même des plus petits hameaux de campagne et que dans les régions rurales l'armée permanente devait être remplacée par une milice populaire à temps de service extrêmement court. Les communes rurales de chaque département devaient administrer leurs affaires communes par une assemblée de délégués au chef-lieu du département, et ces assemblées de département devaient à leur tour envoyer des députés à la délégation nationale à Paris; les délégués devaient être à tout moment révocables et liés par le mandat impératif de leurs électeurs. Les fonctions, peu nombreuses, mais importantes, qui restaient encore à un gouvernement central, ne devaient pas être supprimées, comme on l'a dit faussement, de propos délibéré, mais devaient être assurées par des fonctionnaires de la Commune, autrement dit strictement responsables. L'unité de la nation ne devait pas être brisée, mais au contraire organisée par la Constitution communale; elle devait devenir une réalité par la destruction du pouvoir d'État qui prétendait être l'incarnation de cette unité, mais voulait être indépendant de la nation même, et supérieur à elle, alors qu'il n'en était qu'une excroissance parasitaire. Tandis qu'il importait d'amputer les organes purement répressifs de l'ancien pouvoir gouvernemental, ses fonctions légitimes devaient être arrachées à une autorité qui revendiquait une prééminence au-dessus de la société elle-même, et rendues aux serviteurs responsables de la société. Au lieu de décider une fois tous les trois ou six ans quel membre de la classe dirigeante devait « représenter » et fouler aux pieds le peuple au Parlement, le suffrage universel devait servir au peuple constitué en communes, comme le suffrage individuel sert à tout autre employeur en quête d'ouvriers, de contrôleurs et de comptables pour son affaire. Et c'est un fait bien connu que les sociétés, comme les individus, en matière d'affaires véritables, savent généralement mettre chacun à sa place et, si elles font une fois une erreur, elles savent la redresser promptement. D'autre part, rien ne pouvait être plus étranger à l'esprit de la Commune que de remplacer le suffrage universel par une investiture hiérarchique.
C'est en général le sort des formations historiques entièrement nouvelles d'être prises à tort pour la réplique de formes plus anciennes, et même éteintes, de la vie sociale, avec lesquelles elles peuvent offrir une certaine ressemblance. Ainsi, dans cette nouvelle Commune, qui brise le pouvoir d'État moderne, on a voulu voir un rappel à la vie des communes médiévales, qui d'abord précédèrent ce pouvoir d'État, et ensuite en devinrent le fondement. - La Constitution communale a été prise à tort pour une tentative de rompre en une fédération de petits États, conforme au rêve de Montesquieu et des Girondins, cette unité des grandes nations, qui, bien qu'engendrée à l'origine par la violence, est maintenant devenue un puissant facteur de la production sociale. - L'antagonisme de la Commune et du pouvoir d'État a été pris à tort pour une forme excessive de la vieille lutte contre l'excès de centralisation. (...) La Constitution communale aurait restitué au corps social toutes les forces jusqu'alors absorbées par l'État parasite qui se nourrit sur la société et en paralyse le libre mouvement. Par ce seul fait, elle eût été le point de départ de la régénération de la France. La classe moyenne des villes de province vit dans la Commune une tentative de restaurer la domination que cette classe avait exercée sur la campagne sous Louis-Philippe, et qui, sous Louis-Napoléon, avait été supplantée par la prétendue domination de la campagne sur les villes. En réalité, la Constitution communale aurait soumis les producteurs ruraux à la direction intellectuelle des chefs-lieux de département et leur y eût assuré des représentants naturels de leurs intérêts en la personne des ouvriers des villes. L'existence même de la Commune impliquait, comme quelque chose d'évident, l'autonomie municipale; mais elle n'était plus dorénavant un contre-poids au pouvoir d'État, désormais superflu. (...) La Commune a réalisé ce mot d'ordre de toutes les révolutions bourgeoises, le gouvernement à bon marché, en abolissant ces deux grandes sources de dépenses : l'armée et le fonctionnarisme d'État. Son existence même supposait la non-existence de la monarchie qui, en Europe du moins, est le fardeau normal et l'indispensable masque de la domination de classe. Elle fournissait à la république la base d'institutions réellement démocratiques. Mais ni le « gouvernement à bon marché », ni la « vraie république » n'étaient son but dernier; tous deux furent un résultat secondaire et allant de soi de la Commune.
La multiplicité des interprétations auxquelles la Commune a été soumise, et la multiplicité des intérêts qu'elle a exprimés montrent que c'était une forme politique tout à fait susceptible d'expansion, tandis que toutes les formes antérieures de gouvernement avaient été essentiellement répressives. Son véritable secret, le voici : c'était essentiellement un gouvernement de la classe ouvrière, le résultat de la lutte de la classe des producteurs contre la classe des appropriateurs, la forme politique enfin trouvée qui permettait de réaliser l'émancipation économique du travail .
Sans cette dernière condition, la Constitution communale eût été une impossibilité et un leurre. La domination politique du producteur ne peut coexister avec la pérennisation de son esclavage social. La Commune devait donc servir de levier pour renverser les bases économiques sur lesquelles se fonde l'existence des classes, donc, la domination de classe. Une fois le travail émancipé, tout homme devient un travailleur, et le travail productif cesse d'être l'attribut d'une classe.
C'est une chose étrange. Malgré tous les discours grandiloquents, et toute l'immense littérature des soixante dernières années sur l'émancipation des travailleurs, les ouvriers n'ont pas plutôt pris, où que ce soit, leur propre cause en main, que, sur-le-champ, on entend retentir toute la phraséologie apologétique des porte-parole de la société actuelle avec ses deux pôles, capital et esclavage salarié (le propriétaire foncier n'est plus que le commanditaire du capitaliste), comme si la société capitaliste était encore dans son plus pur état d'innocence virginale, sans qu'aient été encore développées toutes ses contradictions, sans qu'aient été encore dévoilés tous ses mensonges, sans qu'ait été encore mise à nu son infâme réalité. La Commune, s'exclament-ils, entend abolir la propriété, base de toute civilisation. Oui, messieurs, la Commune entendait abolir cette propriété de classe, qui fait du travail du grand nombre la richesse de quelques-uns. Elle visait à l'expropriation des expropriateurs. Elle voulait faire de la propriété individuelle une réalité, en transformant les moyens de production, la terre et le capital, aujourd'hui essentiellement moyens d'asservissement et d'exploitation du travail, en simples instruments d'un travail libre et associé. Mais c'est du communisme, c'est l' « impossible» communisme! Eh quoi, ceux des membres des classes dominantes qui sont assez intelligents pour comprendre l'impossibilité de perpétuer le système actuel - et ils sont nombreux - sont devenus les apôtres importuns et bruyants de la production coopérative. Mais si la production coopérative ne doit pas rester un leurre et une duperie; si elle doit évincer le système capitaliste; si l'ensemble des associations coopératives doit régler la production nationale selon un plan commun, la prenant ainsi sous son propre contrôle et mettant fin à l'anarchie constante et aux convulsions périodiques qui sont le destin inéluctable de la production capitaliste, que serait-ce, messieurs, sinon du communisme, du très « possible » communisme ?
La classe ouvrière n'espérait pas des miracles de la Commune. Elle n'a pas d'utopies toutes faites à introduire par décret du peuple. Elle sait que pour réaliser sa propre émancipation, et avec elle cette forme de vie plus haute à laquelle tend irrésistiblement la société actuelle en vertu de son propre développement économique, elle aura à passer par de longues luttes, par toute une série de processus historiques, qui transformeront complètement les circonstances elles-mêmes. Elle n'a pas à réaliser d'idéal, mais seulement à libérer les éléments de la société nouvelle que porte dans ses flancs la vieille société bourgeoise qui s'effondre. Dans la pleine conscience de sa mission historique et avec la résolution héroïque d'être digne d'elle dans son action, la classe ouvrière peut se contenter de sourire des invectives grossières des laquais de presse et de la protection sentencieuse des doctrinaires bourgeois bien intentionnés qui débitent leurs platitudes d'ignorants et leurs marottes de sectaires, sur le ton d'oracle de l'infaillibilité scientifique.
Quand la Commune de Paris prit la direction de la révolution entre ses propres mains; quand de simples ouvriers, pour la première fois, osèrent toucher au privilège gouvernemental de leurs « supérieurs naturels», les possédants, et, dans des circonstances d'une difficulté sans exemple, accomplirent leur oeuvre modestement, consciencieusement et efficacement (et l'accomplirent pour des salaires dont le plus élevé atteignait à peine le cinquième de ce qui, à en croire une haute autorité scientifique, le professeur Huxley, est le minimum requis pour un secrétaire du conseil de l'instruction publique de Londres), le vieux monde se tordit dans des convulsions de rage à la vue du drapeau rouge, symbole de la République du travail, flottant sur l'Hôtel de Ville.
Et pourtant, c'était la première révolution dans laquelle la classe ouvrière était ouvertement reconnue comme la seule qui fût encore capable d'initiative sociale, même par la grande masse de la classe moyenne de Paris - boutiquiers, commerçants, négociants - les riches capitalistes étant seuls exceptés. La Commune l'avait sauvée, en réglant sagement cette cause perpétuelle de différends à l'intérieur même de la classe moyenne : la question des créanciers et des débiteurs. Cette même partie de la classe moyenne avait participé à l'écrasement de l'insurrection ouvrière en juin 1848; et elle avait été sur l'heure sacrifiée sans cérémonie à ses créanciers par l'Assemblée constituante. Mais ce n'était pas là son seul motif pour se ranger aujourd'hui aux côtés de la classe ouvrière. Cette fraction de la classe moyenne sentait qu'il n'y avait plus qu'une alternative, la Commune ou l'empire, sous quelque nom qu'il pût reparaître. L'Empire l'avait ruinée économiquement par Bon gaspillage de la richesse publique, par l'escroquerie financière en grand, qu'il avait encouragée, par l'appui qu'il avait donné à la centralisation artificiellement accélérée du capital, et à l'expropriation corrélative d'une grande partie de cette classe. Il l'avait supprimée politiquement, il l'avait scandalisée moralement par ses orgies, il avait insulté à son voltairianisme en remettant l'éducation de ses enfants aux frères ignorantins, il avait révolté son sentiment national de Français en la précipitant tête baissée dans une guerre qui ne laissait qu'une seule compensation pour les ruines qu'elle avait faites : la disparition de l'Empire. En fait, après l'exode hors de Paris de toute la haute bohème bonapartiste et capitaliste, le vrai parti de l'ordre de la classe moyenne se montra sous la forme de l' « Union républicaine » qui s'enrôla sous les couleurs de la Commune et la défendit contre les falsifications préméditées de Thiers. La reconnaissance de cette grande masse de la classe moyenne résistera-t-elle à la sévère épreuve actuelle ? Le temps seul le montrera.
La Commune avait parfaitement raison en disant aux paysans : « Notre victoire est votre seule espérance ». De tous les mensonges enfantés à Versailles et repris par l'écho des glorieux journalistes d'Europe à un sou la ligne, un des plus monstrueux fut que les ruraux de l'Assemblée nationale représentaient la paysannerie française. Qu'on imagine un peu l'amour du paysan français pour les hommes auxquels après 1815 il avait dû payer l'indemnité d'un milliard . A ses yeux, l'existence même d'un grand propriétaire foncier est déjà en soi un empiètement sur ses conquêtes de 1789. La bourgeoisie, en 1848, avait grevé son lopin de terre de la taxe additionnelle de 45 centimes par franc; mais elle l'avait fait au nom de la révolution; tandis que maintenant elle avait fomenté une guerre civile contre la révolution pour faire retomber sur les épaules du paysan le plus clair des cinq milliards d'indemnité à payer aux Prussiens. La Commune, par contre, dans une de ses premières proclamations, déclarait que les véritables auteurs de la guerre auraient aussi à en payer les frais. La Commune aurait délivré le paysan de l'impôt du sang, elle lui aurait donné un gouvernement à bon marché, aurait transformé ses sangsues actuelles, le notaire, l'avocat, l'huissier, et autres vampires judiciaires, en agents communaux salariés, élus par lui et devant lui responsables. Elle l'aurait affranchi de la tyrannie du garde champêtre, du gendarme et du préfet; elle aurait mis l'instruction par le maître d'école à la place de l'abêtissement par le prêtre. Et le paysan français est, par-dessus tout, homme qui sait compter. Il aurait trouvé extrêmement raisonnable que le traitement du prêtre, au lieu d'être extorqué par le libre percepteur, ne dépendit que de la manifestation des instincts religieux des paroissiens. Tels étaient les grands bienfaits immédiats dont le gouvernement de la Commune - et celui-ci seulement - apportait la perspective à la paysannerie française. Il est donc tout à fait superflu de s'étendre ici sur les problèmes concrets plus compliqués, mais vitaux, que la Commune seule était capable et en même temps obligée de résoudre en faveur du paysan : la dette hypothécaire, qui posait comme un cauchemar sur son lopin de terre, le prolétariat rural qui grandissait chaque jour et son expropriation de cette parcelle qui s'opérait à une allure de plus en plus rapide du fait du développement même de l'agriculture moderne et de la concurrence du mode de culture capitaliste.
Le paysan français avait élu Louis Bonaparte président de la République, mais le parti de l'ordre créa le Second Empire. Ce dont en réalité le paysan français a besoin, il commença à le montrer en 1849 et 1850, en opposant son maire au préfet du gouvernement, son maître d'école au prêtre du gouvernement et sa propre personne au gendarme du gouvernement. Toutes les lois faites par le parti de l'ordre en janvier et février 1850 furent des mesures avouées de répression contre les paysans. Le paysan était bonapartiste, parce que la grande Révolution, avec tous les bénéfices qu'il en avait tirés, se personnifiait à ses yeux en Napoléon. Cette illusion, qui se dissipa rapidement sous le second Empire (et elle était par sa nature même hostile aux « ruraux »), ce préjugé du passé, comment auraient-ils résisté à la Commune en appelant aux intérêts vivants et aux besoins pressants de la paysannerie ?
Les ruraux (c'était, en fait, leur appréhension maîtresse) savaient que trois mois de libre communication entre le Paris de la Commune et les provinces amèneraient un soulèvement général des paysans; de là leur hâte anxieuse à établir un cordon de police autour de Paris comme pour arrêter la propagation de la peste bovine.
Si la Commune était donc la représentation véritable de tous les éléments sains de la société française, et par suite le véritable gouvernement national, elle était en même temps un gouvernement ouvrier, et, à ce titre, en sa qualité de champion audacieux de l'émancipation du travail, internationale au plein sens du terme. Sous les yeux de l'armée prussienne qui avait annexé à l'Allemagne deux provinces françaises, la Commune annexait à la France les travailleurs du monde entier.
Le second Empire avait été la grande kermesse de la filouterie cosmopolite, les escrocs de tous les pays s'étaient rués à son appel pour participer à ses orgies et au pillage du peuple français. En ce moment même le bras droit de Thiers est Ganesco, crapule valaque, son bras gauche, Markovski, espion russe. La Commune a admis tous les étrangers à l'honneur de mourir pour une cause immortelle. - Entre la guerre étrangère perdue par sa trahison, et la guerre civile fomentée par son complot avec l'envahisseur étranger, la bourgeoisie avait trouvé le temps d'afficher son patriotisme en organisant la chasse policière aux Allemands habitant en France. La Commune a fait d'un ouvrier allemand son ministre du Travail. - Thiers, la bourgeoisie, le second Empire avaient continuellement trompé la Pologne par de bruyantes professions de sympathie, tandis qu'en réalité ils la livraient à la Russie, dont ils faisaient la sale besogne. La Commune a fait aux fils héroïques de la Pologne l'honneur de les placer à la tête des défenseurs de Paris. Et pour marquer hautement la nouvelle ère de l'histoire qu'elle avait conscience d'inaugurer, sous les yeux des Prussiens vainqueurs d'un côté, et de l'armée de Bonaparte, conduite par des généraux bonapartistes de l'autre la Commune jeta bas ce colossal symbole de la gloire guerrière, la colonne Vendôme.
La grande mesure sociale de la Commune, ce fut sa propre existence et son action. Ses mesures particulières ne pouvaient qu'indiquer la tendance d'un gouvernement du peuple par le peuple. Telles furent l'abolition du travail de nuit pour les compagnons boulangers; l'interdiction, sous peine d'amende, de la pratique en usage chez les employeurs, qui consistait à réduire les salaires en prélevant des amendes sur leurs ouvriers sous de multiples prétextes, procédé par lequel l'employeur combine dans sa propre personne les rôles du législateur, du juge et du bourreau, et empoche l'argent par-dessus le marché. Une autre mesure de cet ordre fut la remise aux associations d'ouvriers, sous réserve du paiement d'une indemnité, de tous les ateliers et fabriques qui avaient fermé, que les capitalistes intéressés aient disparu ou qu'ils aient préféré suspendre le travail.
Les mesures financières de la Commune, remarquables par leur sagacité et leur modération, ne pouvaient être que celles qui sont compatibles avec la situation d'une ville assiégée. Eu égard aux vols prodigieux commis aux dépens de la ville de Paris par les grandes compagnies financières et les entrepreneurs de travaux publics sous le régime d'Haussmann, la Commune aurait eu bien davantage le droit de confisquer leurs propriétés que Louis Napoléon ne l'avait de confisquer celles de la famille d'Orléans. Les Hohenzollern et les oligarques anglais, qui, les uns et les autres, ont tiré une bonne partie de leurs biens du pillage de l'Église, furent bien entendu, grandement scandalisés par la Commune qui, elle, ne tira que 8.000 francs de la sécularisation.
Alors que le gouvernement de Versailles, dès qu'il eut recouvré un peu de courage et de force, employait les moyens les plus violents contre la Commune; alors qu'il supprimait la liberté d'opinion par toute la France, allant jusqu'à interdire les réunions des délégués des grandes villes; alors qu'il. soumettait. Versailles, et le reste de la France, à un espionnage qui surpassait de loin celui du second Empire; alors qu'il faisait brûler par ses gendarmes transformés en inquisiteurs tous les journaux imprimés à Paris et qu'il décachetait toutes les lettres venant de Paris et destinées à Paris; alors qu'à l'Assemblée nationale les essais les plus timides de placer un mot en faveur de Paris étaient noyés sous les hurlements, d'une façon inconnue même à la Chambre introuvable de 1816; étant donné la conduite sanguinaire de la guerre par les Versaillais hors de Paris et leurs tentatives de corruption et de complot dans Paris, - la Commune n'aurait-elle pas honteusement trahi sa position en affectant d'observer toutes les convenances et les apparences du libéralisme, comme en pleine paix ? Le gouvernement de la Commune eût-il été de même nature que celui de M. Thiers, il n'y aurait pas eu plus de motif de supprimer des journaux du parti de l'ordre à Paris, que de supprimer des journaux de la Commune à Versailles.
Il était irritant, certes, pour les ruraux, que dans le moment même où ils proclamaient le retour à l'Église comme le seul moyen de sauver la France, la mécréante Commune déterrât les mystères assez spéciaux du couvent de Picpus et de l'église Saint-Laurent . Et quelle satire contre M. Thiers : tandis qu'il faisait pleuvoir des grands-croix sur les généraux bonapartistes, en témoignage de leur maestria à perdre les batailles, à signer les capitulations et à rouler les cigarettes à Wilhelmshoehe, la Commune cassait et arrêtait ses généraux dès qu'ils étaient suspectés de négliger leurs devoirs, L'expulsion hors de la Commune et l'arrestation sur son ordre d'un de ses membres qui s'y était faufilé sous un faux nom et qui avait encouru à Lyon une peine de six jours d'emprisonnement pour banqueroute ,simple, n'était-ce pas une insulte délibérée jetée à la face du faussaire Jules Favre, toujours ministre des Affaires étrangères de la France, toujours en train de vendre la France à Bismarck et dictant toujours ses ordres à la Belgique, ce modèle de gouvernement ? Mais, certes, la Commune ne prétendait pas à l'infaillibilité, ce que font sans exception tous les gouvernements du type ancien. Elle publiait tous ses actes et ses paroles, elle mettait le public au courant de, toutes ses imperfections.
Dans toute révolution, il se glisse, à côté de ses représentants véritables, des hommes d'une tout autre trempe; quelques-uns sont des survivants des révolutions passées dont ils gardent le culte; ne comprenant pas le mouvement présent, ils possèdent encore une grande influence sur le peuple par leur honnêteté et leur courage reconnus, ou par la simple force de la tradition; d'autres sont de simples braillards, qui, à force de répéter depuis des années le même chapelet de déclamations stéréotypées contre le gouvernement du jour, se sont fait passer pour des révolutionnaires de la plus belle eau. Même après le 18 mars, on vit surgir quelques hommes de ce genre, et, dans quelques cas, ils parvinrent à jouer des rôles de premier plan. Dans la mesure de leur pouvoir, ils gênèrent l'action réelle de la classe ouvrière, tout comme ils ont gêné le plein développement de toute révolution antérieure. Ils sont un mal inévitable; avec le temps on s'en débarrasse; mais, précisément, le temps n'en fut pas laissé à la Commune.
Quel changement prodigieux, en vérité, que celui opéré par la Commune dans Paris! Plus la moindre trace du Paris dépravé du second Empire. Paris n'était plus le rendez-vous des propriétaires fonciers britanniques, des Irlandais par procuration, des ex-négriers et des rastaquouères d'Amérique, des ex-propriétaires de serfs russes et des boyards valaques. Plus de cadavres à la morgue, plus d'effractions nocturnes, pour ainsi dire pas de vols; en fait, pour la première fois depuis les jours de février 1848, les rues de Paris étaient sûres, et cela sans aucune espèce de police. « Nous n'entendons plus parler, disait un membre de la Commune, d'assassinats, de vols, ni d'agressions; on croirait vraiment que la police a entraîné avec elle à Versailles toute sa clientèle conservatrice ». Les cocottes avaient retrouvé la piste de leurs protecteurs, - les francs-fileurs, gardiens de la famille, de la religion et, par-dessus tout, de a propriété. A leur place, les vraies femmes de Paris avaient reparu, héroïques, nobles et dévouées, comme les femmes de l'antiquité. Un Paris qui travaillait, qui pensait, qui combattait, qui saignait, ou liant presque, tout à couver une société nouvelle, les cannibales qui étaient à ses portes, -radieux dans l'enthousiasme de son initiative historique!
En face de ce monde nouveau à Paris, voyez l'ancien monde à Versailles, - cette assemblée des vampires de tous les régimes défunts, légitimistes et orléanistes, avides de se repaître du cadavre de la nation, - avec une queue de républicains d'avant le déluge, sanctionnant par leur présence dans l'Assemblée la rébellion des négriers, s'en remettant pour maintenir leur république parlementaire à la vanité du vieux charlatan placé à la tête du gouvernement, et caricaturant 1789 en se réunissant, spectres du passé, au Jeu de Paume. C'était donc elle, cette Assemblée, la représentante de tout ce qui était mort en France, que seul ramenait à un semblant de vie l'appui des sabres des généraux de Louis Bonaparte! Paris toute vérité, Versailles tout mensonge; et ce mensonge exhalé par la bouche de Thiers !
Thiers dit à une députation des maires de Seine-et-Oise : «Vous pouvez compter sur ma parole, je n'y ai jamais manqué ». Il dit à l'Assemblée même « qu'elle était la plus librement élue et la plus libérale que la France ait jamais eue»; il dit à sa soldatesque bigarrée qu'elle était « l'admiration du monde et la plus belle armée que la France ait jamais eue »; il dit aux provinces, qu'il ne bombardait pas Paris, que c'était un mythe. « Si quelques coups de canon ont été tirés, ce n'est pas par l'armée de Versailles, mais par quelques insurgés, pour faire croire qu'ils se battent quand ils n'osent même pas se montrer». Il dit encore aux provinces que l' « artillerie de Versailles ne bombardait pas Paris, elle ne faisait que le canonner ». Il dit à l'archevêque de Paris que les prétendues exécutions et représailles ( !) attribuées aux troupes de Versailles n'étaient que fariboles. Il dit à Paris qu'il était seulement désireux « de le délivrer des hideux tyrans qui l'opprimaient », et, qu'en fait, « le Paris de la Commune n'était qu'une poignée de scélérats».
Le Paris de M. Thiers n'était pas le Paris réel de la « vile multitude », mais un Paris imaginaire, le Paris des francs fileurs, le Paris des boulevardiers et des boulevardières, le Paris riche, capitaliste, doré, paresseux, qui encombrait maintenant de ses laquais, de ses escrocs, de sa bohème littéraire et de ses cocottes, Versailles, Saint-Denis, Rueil et Saint-Germain; qui ne considérait la guerre civile que comme un agréable intermède, lorgnant la bataille en cours à travers des longues-vues, comptant les coups de canon et jurant sur son propre honneur et sur celui de ses prostituées que le spectacle était bien mieux monté qu'il l'avait jamais été à la Porte-Saint-Martin. Les hommes qui tombaient étaient réellement morts; les cris des blessés étaient des cris pour de bon; et, voyez-vous, tout cela était si intensément historique !
Tel est le Paris de M. Thiers; de même l'émigration de Coblence était la France de M. de Calonne.
3 - question ? le capitalisme prédateur d’aujourd’hui quels moyens utilise-t-il pour l’asservissement, l’endormissement des masses ? le capitalisme bureaucratique d’état ou le communisme capitaliste d’état, quels moyens utilise-t-il pour asservir, exterminer ? la violence d’hier a pris d’autres formes, elle est cependant aussi terrible; les « maîtres » capitalistes et « communistes » sont aussi féroces que les Versaillais, mais autrement
qu’en pensez-vous ?
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questionner le travail / Gilles TK

22 Septembre 2020 , Rédigé par grossel Publié dans #agoras

le travail, questionnement pertinent dans ces 3 articles de l'APC (assemblée populaire et citoyenne) grand Toulon
le travail, questionnement pertinent dans ces 3 articles de l'APC (assemblée populaire et citoyenne) grand Toulon
le travail, questionnement pertinent dans ces 3 articles de l'APC (assemblée populaire et citoyenne) grand Toulon

le travail, questionnement pertinent dans ces 3 articles de l'APC (assemblée populaire et citoyenne) grand Toulon

3 contributions de Gilles TK sur le site de l'APC grand Toulon (assemblée populaire et citoyenne)

Questionner le travail #1

Le travail, en tant que tel, reste dans l’angle mort des luttes sociales et sociétales. Il s’impose à tout le monde, affecte nos vies au plus haut point, mais n’intéresse les débats qu’en termes de modalités sectorielles.
Pourtant, l’extension de nos analyses à la critique fondamentale du travail permettrait peut-être de connecter les luttes en bousculant la fatalité de l’isolement militant (méchante « dépolitisation », méchant « individualisme »), vers l’invention collective de nouveaux modes de production et pour un vrai changement de société.

Questionner le travail #2

L’être humain peut-il se passer de travail ? Le travail est-il dans sa nature ? A-t-il toujours existé ? Pourquoi travaille-t-on ? Pour qui travaille-t-on ?

Questionner le travail #3

On te parle sans arrêt du travail, on le sacralise, on te dit que tu ne peux pas faire sans, et pourtant tu n’en trouves pas. Il n’y a plus de travail ? Tu devras malgré tout travailler davantage. Tes enfants ne sont pas encore nés ? Qu’ils aillent bosser quand même !

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Je te ressers un pastis ? / Rudy Ricciotti

4 Juin 2019 , Rédigé par grossel Publié dans #agoras, #note de lecture, #J.C.G.

Je te ressers un pastis ? / Rudy Ricciotti

Rudy Ricciotti

 

Je te ressers un pastis ?

Dialogue avec moi-même

L'aube, 2019

 

Ce dialogue avec moi-même est un entretien en 7 épisodes avec José Lenzini, précédé d'un préambule, illustré de quelques dessins au noir du dialoguiste. 120 pages lues en 3 jours car je prends mon temps.
Dialogue avec moi-même, sous-titre paradoxal, l'homme n'est pas unifié, il est au moins double, trop de pastis ?

Le titre Je te ressers un pastis ? est la dernière phrase du livre. Dans le livre, est proposé du thé.

Le dialoguiste, homme double, pluriel, pétri de contradictions, dialogue avec lui-même en étant interrogé par José Lenzini, journaliste et écrivain, connaisseur de Camus, questionneur de la Méditerranée en étant directeur de la collection Méditerranées (au pluriel) chez L'aube, maison d'édition dirigée par le sociologue Jean Viard.

Voilà donc un dialogue avec soi-même qui est en partie orienté par le questionneur. Le dialoguiste répond sans ambages. Il ne tourne pas autour du pot.

Le duel est lisible. Rudy Ricciotti rue dans les brancards devant certaines questions. Récusant ou affrontant les a priori, les étiquettes et les questions de José. Rudy Ricciotti, personnage public, polémique confirme, infirme. Est-il un dandy orchidoclaste ? Un maniériste transgressif ? Un artiste ? Je ne suis pas un artiste. Un cocardier ? Un xénophobe ? Lui : réac, hystérique, violent, paranoïaque, psychopathe, hargneux, accablant, viandard, séducteur, contradictoire...

Les positions de Rudy Ricciotti, argumentées mais aussi spontanées comme un cri des tripes ou du sexe plus que du cœur, sont tranchées, souvent iconoclastes. Il est patriote, la sonnerie du téléphone de son bureau c'est La Marseillaise. La gauche socialo en prend pour son grade parce qu'elle a laissé l'islamisme gangrener l'espace public avec la question du voile. Comme pour lui (et pour moi aussi), il n'y a pas la mare nostrum mais des Méditerranées, chacune avec son identité, sa culture, sa cuisine, sa langue et ses dialectes, ses conceptions de la femme, de la mer, du territoire, des traditions, la Méditerranée est nécessairement un espace de conflits. Pas de paix possible en dehors de la République, de ce qui fait la France c'est-à-dire les provinces et pas l'état centralisateur, les Parisiens, le parisianisme c'est l'incompréhension du pays profond. La violence est au cœur des rapports entre les rives (j'appelle cela Duel des rives). Gros coup de gueule à propos de l'impensable en France, l'alliance extrême-droite/extrême-gauche en Italie, chacune des deux composantes se partageant le travail législatif et exécutif, l'Italie étant ainsi devenu un poids lourd dans l'Europe. À méditer par ceux qui opposent LREM et RN, extrême-centre et extrême-droite. Pas impossible qu'ils finissent par se marier (ça c'est moi qui le pronostique).

Au panthéon littéraire de Rudy Ricciotti, on trouve Barbey d'Aurevilly, Gabrielle d'Annunzio, Curzio Malaparte, Pier Paolo Pasolini, Albert Camus. À propos de Malaparte et de la Maison rouge de Capri (qui servit à Godard dans Le Mépris, maison filmée en surplomb de la mer, avec le ciel bleu dans lequel passe un avion pendant que Brigitte Bardot dans son peignoir jaune questionne Michel Piccoli sur la joliesse de ses fesses ; en off, André Bazin disant « le cinéma substitue à notre regard un monde qui s'accorde à nos désirs »), il raconte que questionné par Rommel sur cette maison (l'avez-vous acheté en l'état ou l'avez-vous faite construire ?), Malaparte désignant les fenêtres répondit : vous voyez la punta, la baïa, je n'ai fait que construire le paysage.

D'autres figurent au Panthéon : le varois Joseph Lambot, l'inventeur du béton armé qui fit flotter une barque en béton, Pierre Puget, architecte mal aimé et sculpteur aussi important que Michel-Ange, Fernand Pouillon.

Rudy Ricciotti évoque p.47, son frère sudiste Jean-Paul Curnier (1951-2017) auquel il a rendu hommage dans Libération avec des mots de Jean-Paul lui-même "La mort n'est pas cruelle" et ce qu'il dit à sa femme avant de partir: "j'aimerais être une branche de céleri pour ne pas avoir à conclure." Autre citation fournie par Jean-Marc Adolphe "Il faut cesser d'avoir peur de ce que nous ferons, de comment cela sera reçu ou pas et comment les autres réagiront. Car ce que nous ferons, c'est d'abord mettre en place bout pour bout un mode de vie, d'habitat, de circulation et d'éducation qui soit basé sur le respect et le partage, et c'est cette nouveauté qui créera à son tour les conditions pour changer les façons de voir, de penser, de critiquer et de discuter. Parce que quelque chose de neuf sera arrivé."
(in "Prospérités du désastre (Aggravations, 2)", éditions Lignes, 2014).

Sont renvoyés aux enfers, les minimalistes, les décadents, le Festival de Cannes, sommet de la médiocrité, pinacle de l'impérialisme multi-média, la fondation Carmignac à Porquerolles. Il revendique d'être un réactionnaire à la modernité.

Un dialogue roboratif que je ne veux pas dévoiler complètement, un dialogue qui rend attachant l'architecte Rudy Ricciotti et peut-être aide à voir autrement ses réalisations qui plaisent au peuple. Le MUCEM, il l'a fait la peur au ventre, parce que Fort Saint-Jean à gauche, grand port à droite, horizon métaphysique en face, il fallait faire profil bas.

Dans la rubrique du même auteur est indiqué en premier le livre La Nature prisonnière, François Carrassan, Bernard Plossu, Rudy Ricciotti, publié par Les Cahiers de l'Égaré en 2017. Dialogue par livres interposés puisque je n'ai dû parler avec Rudy Ricciotti qu'une dizaine de minutes mais j'ai pu l'entendre pendant deux heures. Ce livre me confirme dans ma réception du personnage qui vaut le détour parce qu'il trouve que la violence c'est le lisse et le laid du lisse, le moralisme de la bien-pensance.

Jean-Claude Grosse, 4 juin 2019

Je te ressers un pastis ? / Rudy Ricciotti
Je te ressers un pastis ? / Rudy Ricciotti
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La démocratie contre le peuple / Du bon usage des fake's / Bassompierre

6 Avril 2019 , Rédigé par grossel Publié dans #G.C., #Gilets Jaunes, #FINS DE PARTIES, #J.C.G., #agora, #agoras, #pour toujours

affrontement symbolique

affrontement symbolique

La démocratie contre le peuple.

 

 

Le principal argument que font valoir «  les intellectuels organiques » 1pour soutenir le pouvoir de Monsieur Macron c’est sa «  légitimité démocratique ».

Monsieur Macron, ayant été élu Président de la République, avec une majorité incontestable, les lois immortelles de la démocratie le nimbent d’une aura présidentielle non moins sacrée que celle de nos anciens rois.

Les défenseurs les plus acharnés de l’ordre et du progrès sont pourtant bien obligés d’admettre que Monsieur Macron a été élu par défaut, avec un taux d’adhésion qui varie, selon les estimations entre 14 °/° et 18 °/° et un taux d’abstention qui rend son élection pour le moins problématique.

Depuis longtemps le parti majoritaire dans notre pays est celui des abstentionnistes et il faut reconnaître que l’apolitisme déclaré des Gilets Jaunes n’est pas sans correspondre à l’indécision dont a profité le candidat qui a fait semblant de rejeter la droite et la gauche pour mieux les enrôler toutes les deux «  en même temps » dans sa besace.

La vérité, on la trouve, je crois dans la bouche de Michel Onfray, quand il fait remarquer qu’il n’y aura pas de solution tant que la France restera endiguée dans l’Europe de Maestricht et que même si Le Pen, Mélenchon ou Dupont-Aignan arrivaient au pouvoir ils continueraient la même politique.

Les revirements de Marine Le Pen, après le départ de Florian Philippot, confirment ce diagnostic.

Et si la force de Monsieur Macron, jusqu’à présent, est de rester apparemment le seul pilote à bord, c’est parce que dans son for intérieur chaque citoyen est persuadé que la relève est impossible et que, comme le dit le slogan libéral : «  il n’y a pas d’alternative ». .

On a vu Chirac l’emporter grâce aux promesses de réduire la « fracture sociale » et de sortir de la « pensée unique » pour mieux les renforcer l’une et l’autre après son élection,

On a entendu Hollande désigner «  la finance » comme son ennemi principal pour s’empresser ensuite d’accroître le pouvoir des Banques et des Multinationales sur l’Etat et de garantir les dividendes des actionnaires ainsi que les revenus des patrons au détriment des salariés.

Et il faut rappeler la première débandade de la « gauche » quand en 1983 François Mitterand a publiquement renoncé à ses ambitions socialistes pour se mettre piteusement à la remorque du Marché !

L’exemple de la Grèce soumise à une troïka dont les intentions « totalitaires » sont parfaitement assumées est venu accroître encore le cynisme et l’arrogance des maîtres du jeu mondial.

Loin de créer les conditions d’un renversement, ces victoires des « algorithmes » sur le vivant ont au contraire assoupi la conscience critique d’un peuple accusé de «  populisme »…

Et les apologistes du système poussent leur avantage jusqu’à reprocher au peuple le droit d’exister.

Contre toute attente, les Gilets Jaunes font entendre «  le cri du peuple » et ils en sont punis par une répression qui est en soi une provocation pour discréditer les manifestants en les assimilant aux casseurs.

Or, loin de porter le flambeau du radicalisme révolutionnaire, ils risquent de rester prisonniers de leur abstentionnisme en créant un vide que Monsieur Macron s’est empressé de remplir avec l’enfumage du Grand Débat.

Le refus d’aller à la soupe en faisant de la politique fait à la fois la force et la faiblesse des Gilets Jaunes mais on ne sortira jamais de la nasse tant qu’on n’aura pas tranché la question de la souveraineté en inversant le rapport de forces entre les Banques et les Etats.

Non seulement nos élus n’en ont jamais eu le courage depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, mais aucun n’a osé amender quelque peu la coercition libérale en séparant les banques de dépôt des banques d’investissement.

On peut croire d’ailleurs que si quelqu’un se hasardait à le faire il serait vite victime d’un coup de Jarnac dont les milieux d’affaires ont le secret.

La leçon des « subprimes » n’a servi qu’à conforter un peu plus les avantages d’un capitalisme spéculatif au-dessus de la mêlée car au-dessus de tout soupçon.

C’est bien là où le bât blesse dans l’inconscient même des gens les plus indignés par les inégalités dont ils souffrent.

Et malgré le soutien de la majorité des Français et la longévité de leur mouvement, les Gilets Jaunes sont menacés aujourd’hui par la stagnation d’un Grand Débat qui montre une fois de plus la force des illusions dans des esprits embobinés par le tiers inclus de la Démocratie.

Si la révolte gronde encore, elle restera impuissante tant qu’elle ne mettra pas en cause non seulement la démocratie représentative mais sa face noire, sa face obscure, le capitalisme spéculatif qui aujourd’hui domine le monde et a plus d’un tour dans son sac.

Ce n’est pas un hasard si les experts qui trônent à France-Info accusent les «  ultra-gauches » et les «  ultra-droites » de vouloir renverser le capitalisme.

Il fut un temps où « l’intelligentsia » manifestait contre la guerre de Corée, contre la guerre du Vietnam, aujourd’hui ses successeurs ont retourné leurs vestes et se font au nom de la démocratie les apologistes des Multinationales qui imposent leur loi aux Etats.

Même si le crédit du Président Macron est fort entamé aux yeux de la plupart des Français, les partisans d’une alternative ne doivent pas se réjouir trop tôt.

L’alliance entre la démocratie représentative et le capitalisme spéculatif étouffe encore aujourd’hui dans son carcan tous les peuples de la planète.

Et les velléités de rébellion sont immédiatement stigmatisées par les contempteurs du « populisme » et du « nationalisme » dont Bernard-Henri Lévy est l’illustre chef de file.

Seule une révolution de l’esprit pourrait déboulonner les vaches sacrées qui régissent les neurones de la plupart de nos concitoyens, y compris ceux des Gilets Jaunes : la Liberté, la Fraternité, l’Egalité, la Modernité, le Progrès sont des archétypes sur lesquels l’union siamoise entre la foi démocratique et la puissance spéculative est fortement arcboutée.

Le principal mérite des Gilets Jaunes est d’avoir pour la première fois, dans les ronds-points, redonné un sens aux principes républicains qui n’étaient plus que des coquilles vides : la Liberté qu’ils ont osé prendre, la Fraternité qui les unit, l’Egalité qu’ils inventent en gommant entre eux toutes les différences de classe, de race, et même d’opinion.

La colère, telle est leur seul dénominateur commun, et cette colère, la grande majorité des Français la partagent contre un pouvoir usurpé, un pouvoir qu’ils ont nommé et qui les a dupés.

En croyant la partie définitivement gagnée, le macronisme a bien failli mener jusqu’au bout la tâche qui lui était assignée par les maîtres d’œuvre de la mondialisation.

Emmanuel le bien nommé, l’homme providentiel, le nouveau Messie, Emmanuel Macron, donc, a failli être victime des «  délices de Capoue » car, en écrasant sans merci toutes les catégories de la société, il a créé dès les débuts de son mandat les conditions idéales pour une «  convergence des luttes ».

Mais à en juger par les divisions qui s’instaurent dans le camp de la contestation, aussi bien dans les syndicats que chez les Gilets Jaunes, on a des raisons de croire que le talon de fer dont parlait Jack London, a encore de beaux jours devant lui.

Macron peut compter sur le soutien des intellectuels de service, toujours prêts à défendre les acquis d’un système dont ils sont les bénéficiaires.

Devant la montée des périls dans cette Europe qu’ils ont sanctifiée dans leur prose, une trentaine de ces Brutus au petit pied vient de se conjurer pour la défense de la démocratie.

Ces porte-parole de la bien-pensance sont les Fouquier Tinville de la vindicte humanitaire, les Torquemada de la pensée unique, les Ayatollah de la fracture sociale, ils se réclament d’un libéralisme dont ils ont usurpé le nom. Comme Saint-Just, mais avec moins de panache, ils attaquent les libertés au nom de la Liberté car pour eux il n’y a qu’une liberté, celle du Marché, la Liberté d’un ordre mondial qui ressemble comme un frère à celui rêvé par Hitler et par Staline.

Tout simplement ils ont inversé le langage et font semblant de croire aux mots qu’ils emploient pour mieux valider leur haine de l’égalité, de la fraternité, de la liberté et avant tout leur haine du peuple.

On peut relever entre autres la signature de Milan Kundera, jadis célèbre pour sa dissidence anticommuniste.

Milan Kundera a été le compagnon de lutte de Vaclav Havel qui a fait un éloge vibrant des bombes «humanitaires » que l’OTAN a déversées sur la Yougoslavie sans l’accord de l’ONU, une opération de terrorisme international qui n’avait rien à envier aux agressions hitlériennes contre la Tchécoslovaquie et la Pologne.

Ces « pacifistes » qui dénoncent la menace russe ont soutenu voire provoqué les croisades désastreuses menées par les Occidentaux dans le Proche Orient.

Et il est également significatif que les apôtres d’un humanisme dévoyé oublient dans leur pamphlet les manifestations les plus visibles de la renaissance du nazisme en Ukraine et dans les pays baltes, sous le patronage de l’Union européenne.

Cet oubli n’est pas le fait du hasard, il est tout simplement la marque de la parenté entre les néo-nazis ukrainiens, baltes ou polonais et les intellectuels libéraux.

Ils sont soudés par un réflexe de Pavlov qui paralyse leur jugement face à « la Russie de Poutine ».

La campagne antirusse organisée par les Anglo-Saxons pour des raisons géopolitiques s’appuie sur les mêmes sentiments primaires qui sous le III ème Reich mobilisaient des masses haineuses contre les Juifs.

On montre souvent les Bolcheviks le couteau entre les dents, mais aujourd’hui, le fanatisme a changé de camp et les libéraux si tolérants et bénins en paroles sont des fauves altérés de sang dès qu’on agite le chiffon rouge du populisme qui s’associe sans doute à leurs yeux aux Communards massacrés dans la Semaine Sanglante par leurs ancêtres Versaillais.

Il n’est pas étonnant que Luc Ferry reproche aux policiers de ne pas dégainer et de ne pas tirer dans le tas pour défendre la démocratie.

Et il est dans l’ordre des choses que Castagner vilipende «  la peste brune » pour cautionner les violences de ses troupes envers des citoyens qui n’ont que le tort de manifester.

Castagner est le Gallifet, le Cavaignac des Gilets Jaunes.

Macron n’est pas seulement le clone d’Attali il est la réincarnation de Thiers, le sauveur de la bourgeoisie qui s’était déjà allié à l’Allemagne pour écraser les ouvriers parisiens.

Macron se prévaut de son origine modeste mais sa morgue, son cynisme, son mépris des petites gens l’inscrivent dans la droite ligne des parvenus de l’ancien régime.

Il vient de se joindre au chœur des gouvernements qui reconnaissent le président autoproclamé du Venezuela et appellent au renversement du président élu.

Ceux-là mêmes qui condamnent la Russie pour «  l’annexion » de la Crimée, ne respectent le droit international que lorsque cela les arrange.

On se moque des « théories du complet » mais on ne cesse de les utiliser en attribuant sans preuves les échecs de la démocratie dans le monde à l’ingérence russe.

J’ai entendu un expert désigner doctement les trois organisateurs secrets des «  fakes » qui polluent les esprits : les Gilets Jaunes Maxime Nicolle, Eric Drouet et, bien sûr, Vladimir Poutine…

Ces amalgames sont les symptômes de la déconnexion entre les mots et les faits qui pourrait passer pour une dyslexie particulière si elle n’était l’expression d’un racisme culturel qui n’a rien à envier au racisme ethnique des nazis.

Pour endiguer les Gilets Jaunes, qui « les font chier », de bons esprits voient en Macron «  le rempart contre le fascisme ».

Ils ne savent même pas compter tout ce que Macron leur fait perdre, égoïstement parlant.

Ils oublient que ce ne sont pas les Gilets Jaunes qui ont amputé les retraites, augmenté les taxes, supprimé les aides, diminué le pouvoir d’achat, démantelé le code du travail, enrichi les « premiers de cordée » et appauvri les « sans dents »..…

Ils n’osent pas admettre que loin d’être un rempart contre le fascisme, Macron est en réalité le rempart du fascisme que nous subissons tous les jours sous la loi d’airain de la Démocratie.

Il en est de même des «  forces de l’ordre » qui au lieu de massacrer les Gilets Jaunes devraient faire cause commune avec eux

Les uns et les autres se fient à la voix de leur « tiers inclus », la voix de la Foi dans la Démocratie, au lieu de faire usage de leur bon sens, qui est d’après Descartes la chose du monde la mieux partagée.

 

Bassompierre

 

 

 

 

 

1 J’emprunte à François Bégaudeau la distinction entre « les intellectuels organiques » et les «  intellectuels critiques »...

JCG :

qu'est-ce qui va changer le rapport de forces ? de toutes petites mesures fiscales ont déclenché un mouvement social et politique, pas vu depuis 50 ans et plus, un mouvement pas prêt de s'éteindre, bien installé car les GJ savent ce qu'ils ne veulent plus, ont surmonté la peur et travaillent à ce qu'ils veulent, devenir constituants; ce qui est autre chose que l'horizontalité et qui demande une sacrée persévérance

est-ce en préparant consciemment la grève générale jusqu'à satisfaction qu'on changera le rapport de forces ? espérant qu'une préparation consciente donnera le résultat escompté, certains y croient; l'histoire nous apprend les ruses de l'histoire

réclamer la convergence des luttes, est-ce réalisable après des décennies de grèves tournantes, de grèves de 24 H, de manifs bidons, de compromissions et de collaboration de classes ? les appareils préfèreront être détruits que de se détourner de la collaboration appelée négociation; certains y croient; 

sera-ce un effet papillon, qui sortira de leur zone de confort les 3 à 6 millions de tièdes, genre une photo (comme celle de la petite fille sur une route au Viet-Nam qui fit basculer la guerre, mais pas celle de Aylan, l'enfant noyé retrouvé sur une plage, ni celles d’aucun éborgné), 

genre un fait divers particulièrement chargé symboliquement; 

genre un scandale politique (pas le cas avec l'affaire Benalla)

seront-ce des milliers de micro-actions dont on ne connaît jamais les effets secondaires et tertiaires ?

donc penser et agir là où on est en sachant comme le dit Shakespeare: « Rien de ce qui est, n’est »; la vie est un songe parce que tout réel, tout ce que je dis réel est vu à travers mon prisme mais si je suis un songe et passif dans ce songe, peut-être puis-je aussi assumer un rôle en partie actif dans le songe (on peut avec entraînement, intervenir un peu dans ses rêves, en lien avec l'inconscient collectif)

Du bon usage des «  fake’s »

 

Que les mânes d’Etiemble me pardonnent, mais pour une fois le mot est trop joli pour que je le remplace par une périphrase bien française.

Fake, cela sonne si bien et on en fait un si bon usage !

On sait que le Président Macron dans son souci de moraliser la vie publique, veut faire voter une loi contre ce qu’on appelle en bon français «  les fake news ».

A l’origine il y a une polémique qui, comme par hasard, a visé la Russie.

Lors de la visite du Président Poutine qu’il avait invité à Versailles, il avait protesté contre des journalistes russes qui avaient rapporté une rumeur sur sa prétendue homosexualité…

Le péché, certes, était mortel et méritait cette grossièreté vis-à-vis de son hôte, mais Vladimir Poutine en a vu d’autres et est resté impassible.

On peut toutefois s’étonner que Jupiter s’en prenne aux Russes qui n’avaient fait que répercuter une «  fausse » nouvelle propagée par la presse française qu’il se garda bien de mettre en cause.

Mais comme on le sait, les Russes sont devenus les têtes de Turc de la désinformation occidentale et on trouve tout naturel que l’on en use envers eux sans cérémonie, puisqu’ils sont de toute façon coupables, coupables de toute éternité, coupables de naissance, coupables parce que russes, comme hier les Juifs étaient coupables parce que Juifs.

Il serait indécent de choisir entre les démocrates et les populistes, entre les « souverainistes » et les libéraux, qui comme leur nom l’indique sont les partisans de la liberté.

Dès lors, «  haro sur le baudet ! » tous les moyens sont bons pour vilipender non la réalité d’un pays, de son président, de son peuple, mais leur représentation fantasmée.

On n’a pas à se donner la peine de prouver contre la Russie des accusations que le bon sens le plus élémentaire suffirait à démentir, comme l’affaire Scripalia ou celle de l’attaque chimique de la Gouta, des faits qui n’ont jamais été prouvés mais qui restent incrustés dans l’imaginaire collectif occidental comme des révélations divines.

Un autre élément est venu accroître la bile de Jupiter envers Russia to day dont l’édition française a eu le tort de plaire aux Gilets Jaunes qui lui ont accordé un traitement de faveur…

 

Mais les «  fakes » sont un terrain glissant pour les dirigeants occidentaux quii se prétendent l’incarnation de la morale.

Il est facile à prouver que ceux-là mêmes qui les condamnent avec la plus grande vigueur en ont fait depuis longtemps leur moyen préféré de justifier leurs coups bas.

Même si parfois il arrive au Président français de ruer dans les brancards pour défendre ce qu’il ose encore appeler «  la souveraineté » de la France, il ne manque jamais de suivre aveuglément ses partenaires anglo-saxons dans leur croisade antirusse.

Il existe en face de la Russie un «  front du refus » qui repose uniquement sur une diabolisation qui n’est que l’expression du cynisme, de la duplicité et de la mauvaise foi.

Kara Murza a dit que la démocratie occidentale était « l’empire du mensonge et de la falsification ».

Il faut croire que les grandes têtes molles qui manipulent l’opinion courante ont à coeur de lui donner raison.

Mais ils n’ont cure de discréditer ainsi la sacro-sainte démocratie en commettant le mal au nom du bien .

En se targuant de la démocratie pour opprimer les peuples ils sont trop imbus de leur bon droit pour comprendre tout le tort qu’ils font à la démocratie.

L’usage péjoratif du mot «  populisme » pourrait être compris par un martien, mais non par des gens dont les neurones sont mortellement infectés par la maladie du langage qui n’en finit pas de corrompre les esprit, jusqu’à la débandade finale qui ne saurait tarder.

Comme exemples des «  fakes » qui, depuis un demi-siècle scandent le déclin de l’Empire occidental, on peut se contenter de citer les plus notoires.

Il peut sembler inutile de rappeler le  « fake » qui a servi de prétexte à l’invasion de l’Irak dont on continue à subir les conséquences catastrophiques.

Il en a été de même pour la destruction de la Libye et l’assassinat du président Khadafi provoquées par une fausse information sur la nécessité de protéger les populations civiles contre une menace inventée pour les besoins de la cause.

Le stratagème n’était pas nouveau et avait déjà fait ses preuves, notamment pour justifier l’attaque de l’Otan contre la Yougoslavie qui a été bombardée pendant 78 jours sur la foi du «  fake » du «  fer à cheval ».

Il s’agissait du projet terrifiant d’extermination des Kossovars par l’armée serbe grâce à un dispositif en forme de «  fer à cheval ».

Il a été prouvé par la suite que le faux document qui avait crédité cette menace provenait des services secrets bulgares en collusion avec le ministre allemand de la Défense Rudolf Scharping qui a crédité cette affbulation.

Seul Le Monde diplomatique a rappelé récemment cette provocation dont on aurait tort de se scandaliser car elle est devenue un moyen commode de faire accepter par les populations les violations délibérées du droit par la caste politico-financière qui nous gouverne.

Dans le cas de l’attaque de la Yougoslavie, on se trouve devant une double infraction, d’abord, parce qu’elle a éu lieu sans l’aval de l’ONU, ensuite parce qu’elle transgressait le droit de l’Otan lui-même, qui interdisait l’attaque d’un pays qui ne menacerait pas un de ses membres, comme l’a montré Jacques Hogard dans son livre L’Europe s’est arrêtée à Pristina.

Aujourd’hui la Russie fait les frais du même stratagème.

On a eu droit récemment sur la chaîne parlementaire à une séance de russophobie au cours de laquelle une dame qui fait carrière dans la diffamation de la Russie affirmait haut et fort que Vladimir Poutine avait « militarisé » la société russe et préparait la guerre contre l’Europe.

Dans ce débat qui avait réuni la fine fleur des experts en la matière, seul Fedorovski essayait de faire entendre quelques vérités, tout en ménageant la chèvre et le chou.

Quand la Russie a droit à une information, elle est forcément négative, mais on évite d’aborder des sujets sensibles comme la crise ukrainienne parce que la plupart des journalistes et des hommes politiques sont incapables d’en parler autrement qu’en rabâchant des «  fakes » qui, depuis longtemps, ont remplacé la réalité d’un pays ravagé par ceux qui ont pris le pouvoir depuis Maïdan.

Ainsi nos bons apôtres réciteront comme une leçon bien apprise qu’on sanctionne la Russie parce qu’elle ne respecte pas « les accords de Minsk » alors que ce n’est pas Vladimir Poutine qui est responsable de leur application, mais bien Piotr Porochenko qu’on se garde bien d’incriminer pour ne pas déplaire à ses protecteurs américains. .

Il faut d’ailleurs rappeler que ces accords ont été signés sur l’initiative du Président russe pour arrêter une guerre qui n’avait fait que trop de victimes aussi bien parmi les combattants que dans la population civile du Donbass qui a été pilonnée pendant cinq ans et exposée aux pires exactions de la part des bataillons néo-nazies.

Les dernières élections présidentielles ukrainiennes ont été entachées d’un si grand nombre d’infractions que leur résultat ne devrait pas étre entériné dans une démocratie qui se respecte. Mais vous n’en saurez rien, à cause du silence des «  médias » sur une situation qui, si on la connaissait, montrerait trop visiblement les effets désastreux de «  la révolution dans la dignité », fomentée par les Etats-Unis avec la complicité de l’Union européenne.

Vous ne saurez jamais que les observateurs russes ont été interdits par le gouvernement ukrainien, que les trois millions de travailleurs ukrainiens en Russie sont dans l’incapacité de voter de même que les habitants des républiques de Donetsk et de Lugansk.

Si monsieur Macron réussit finalement à faire voter sa loi contre les «  fakes » il devra donc mettre en accusation tous ceux qui depuis cinq ans répandent sur la situation en Ukraine, en Crimée et dans le Donbass des informations qui n’ont aucun rapport avec la réalité.

Et il devra se mettre en accusation lui-même puisqu’il se porte garant d’une lecture des événements entièrement pervertie par les présupposés idéologiques.

Les slogans familiers de nos chaînes officielles de radios peuvent être considérés comme des «  fakes » destinés à abuser les auditeurs dans la mesure où «  Ouvrez l’info » clamé sur France-Info aussi bien que « l’esprit d’ouverture » prôné par France-Culture sont restés jusqu’à présent des vœux pieux que l’on se garde bien de mettre en pratique.

Pour en juger on peut citer le sort des journalistes ou des intervenants qui osent précisément «  ouvrir l’info » et pratiquer «  l’esprit d’ouverture » : Frédéric Taddei ou Michel Onfray, par exemple, sans oublier Daniel Mermet que l’on a mis prudemment au rencart pour protéger l’innocence de ses auditeurs.

Il vaut mieux en rire qu’en pleurer et il est vrai que la France macronienne, après la France hollandaise et la France Sarkozienne ressemble de plus en plus au pays du Père Ubu.

Et on peut ranger parmi les «  fakes » tous les discours de nos présidents successifs depuis le Général de Gaulle de la part de policbinelles aux ordres de la finance internationale qui veulent nous faire croire à leur amour pour la France, alors que des «  pauves cons » de Sarkozy aux «  sans dents » de Hollande, jusqu’aux «  gens de rien » de Macron, ils n’ont pu s’empêcher par leurs « petites phrases » d’exhaler leur mépris des Français.

Et la main mise des technocrates de Bruxelles sur les moindres détails de notre vie est sans doute le «  fake » par omission le plus énorme qu’on ne saurait voir, bien qu’il vienne encore de se manifester avec la fermeture définitive d’une usine de papier qui met à pied huit cents salariés pour obéir à la réglementation européenne qui interdit à un Etat de venir en aide aux entreprises.

On assiste ainsi, au nom de la paix et de la liberté au dépeçage systématique de notre appareil de production et au sacrifice des travailleurs au profit des actionnaires, car entre les salaires et les dividendes nos gouvernants ont toujours opté pour le capital au détriment du travail.

Mais il faut reconnaître que les autorités n’ont pas le monopole des « fakes » et que les opposants quels qu’ils soient savent aussi en faire bon usage.

Ainsi Jean-Michel Blanquer, le seul ministre compétent de la macronie, s’est plaint devant le Parlement des «  bobards » qui, d’après lui, ont trompé l’opinion sur le sens de sa réforme.

Mais ses opposants lui rétorquent qu’ils s’appuient sur le texte et l’accusent à leur tour de «  noyer le poisson », de «  jeter de la poudre aux yeux », bref de commettre lui-même un «  fake » en dénonçant des «  fakes ».

Il est vrai que Jean-Michel Blanquer a eu le mauvais goût de changer  radicalement les orientations désastreuses prises par Madame Najaut Belkacem, une ministre de l’éducation incapable d’écrire correctement trois lignes en français.

La question des «  fakes » sur cette réforme reste donc ouverte.

Mais pour aborder une autre actualité plus brûlante, celle des Gilets Jaunes et des Casseurs, on peut mettre cette rubrique sous le signe des «  fakes » par omission, des «  fakes » par complicité tacite entre les faiseurs d’opinion et les vrais détenteurs d’un pouvoir dont Monsieur Macron n’est que la marionnette.

 

On ne saura jamais les véritables ressorts du triomphe de Macron, mais un observateur impartial devrait s’interroger sur le rôle des casseurs dans sa résistance héroïque à une rébellion qui dure à présent depuis vingt semaines et qui continue à avoir le soutien d’une majorité de Français.

Il suffit de se demander à qui profite le crime pour répondre à cette question, car sans les casseurs qui ont discrédité le mouvement, sans les mythiques et mystérieux «  blackblocs» qui veulent renverser la république il est certain que Jupiter aurait bien été obligé de « détricoter » les mesures prises en faveur des riches et au détriment des pauvres et des classes moyennes.

Et comme monsieur Macron n’est pas tombé de la dernière pluie je suppose qu’avec son acolyte Castagner il a pensé avant moi à l’aide précieuse que les casseurs, et seulement les casseurs peuvent lui apporter pour qu’il continue de son côté à «  casser » la France, car s’il y a des faux casseurs, on ne peut douter que le vrai casseur, c’est Macron qui remplit scrupuleusement la mission que lui ont donnée ses commanditaires et qu’il continuera à remplir grâce à l’enfumage du Grand Débat, un autre «  fake » qu’on ne saurait voir mais qui depuis des mois détourne l’attention des vrais problèmes et permet à Macron et à ses sous-fifres de «  garder le cap ».

Mais les «  fakes » sont forcément sélectifs et on a pu voir récemment à l’Assemblée une députée de l’opposition attribuer quelques « fakes » à la nouvelle porte-parole de l’Elysée sans que le premier ministre ait pris la peine de la démentir.

S’il est relativement facile de démasquer des » fakes », il est quasiment impossible d’implanter la vérité dans une opinion déjà forgée.

Ainsi on contine à nous seriner que «  Srebenica  est le plus grand masscre depuis la deuxième guerre mondiale » en oubliant les huit cent milles victimes du génocide du Rwanda sans compter les millions de victimes du génocide du Congo qui se poursuit tranquillement aujourd’hui sans que personne s’en émeuve.

Dans le conflit syrien on a prouvé le double jeu des «  casques blancs » manipulés par le M 6 anglais, le même qui a confectionné l’affaire Scriapalia.

Ces combattants de Daesch ont su se faire passer pour des sauveteurs bénévoles et ils ont l’habitude d’inventer des «  fakes » régulièrement repris par l’Observatoire syrien des droits de l’homme pour donner des prétextes à une intervention occidentale qui, comme au Kosovo, permettrait aux Islamistes de gagner la partie.

Pour démonter le «  fake » sur l’attaque chimique de la Gouta les Russes ont retrouvé des enfants donnés pour morts qui ont témoigné de la mascarade organisée pour faire croire à leur empoisonnement.

Mais les dirigeants occidentaux jugeant a priori qu’un témoignage en faveur des Russes et des Syriens ne pouvait pas être crédible ont refusé de participer à cette «  mise en scène » sans même prendre en compte des témoignages dont la véracité ne pouvait faire aucun doute du fait qu’il s’agissait bien des mêmes enfants.

 

Il faut donner la priorité à des «  fakes » destinés à cautionner un changement de politique ou à servir les intérêts des grandes puissances, mais il y a aussi dans l’histoire des cas flagrants de   « fakes » certes mineurs mais qui méritent le détour.

On peut citer de nombreux cas de «  fakes » à l’origine de l’épuration qui, après la guerre, a frappé de nombreux écrivains et artistes.

Wilhem Mengelberg l’un des plus grands chefs d’orchestre de la première moitié du Vingtième siècle, n’a jamais compris pourquoi on lui avait interdit de diriger pendant six ans à cause d’un repas au cours duquel il aurait crié «  Heil Hitler ! »

Or, non seulement il n’a jamais crié «  Heil Hitler ! » mais il a sauvé les musiciens juifs de son orchestre et a fait jouer la musique d’Hindemith proscrite par les nazis.

Wilhem Furtwangler aurait connu le même sort, s’il n’avait eu la chance de trouver un défenseur convaincant dans la personne de Yehudi Menuhin.

Une autre victime des « fakes » est Violette Morris, appelée «  la hyène de la Gestapo » et accusée d’avoir elle-même pratiqué la torture sur des détenus. Or, si elle a effectivement collaboré avec les Allemands, on n’a jamais pu trouver de témoignages pour confirmer des faits qui semblent inventer pour les besoins de la cause par des auteurs qui les ont rajoutés pour assaisonner le menu.

Il fallait bien trouver des boucs émissaires pour laver les crimes de l’occupation, mais on ne sait toujours pas qui a montré au Général de Gaulle une photo de Doriot en uniforme de SS en lui faisant croire qu’il s’agissait de Brasillach pour empêcher de le gracier.

Il était plus facile de condamner des artistes, des écrivains, des acteurs et actrices de cinéma, des gens qui n’avaient souvent rien à se reprocher comme Sacha Guitry, que les véritables responsables du génocide comme Bousquet ou Papon.

Et cette sévérité de pure forme donnait le change car sous son couvert la CIA recrutait allégrement des criminels de guerre comme Barbie ou Gielen pour faire la chasse aux communistes.

S’il arrive qu’on mette au pilori des innocents coupables, il arrive aussi que les «  décideurs » favorisent la carrière de personnalités qui auraient davantage leur place dans un bagne qu’au sommet du pouvoir.

Le cas le plus flagrant sans doute est celui d’Hacim Traci, le chef de l’UCK, devenu président du Kosovo grâce à la protection de Madeleine Albright qui a joué un rôle sinistre dans la guerre de Yougoslavie.

Hacim Traci a été accusé d’assassinats et il dirige ouvertement un réseau de drogue, de prostitution et de trafic d’organes dans toute l’Europe. La démonstration de ces hauts faits par Pierre Péan dans son livre sur le Kosovo n’a jamais été démentie, pas plus que sa mise en cause de Boris Kouchner.

Or, lors des cérémonies du 11 novembre on a mis Hacim Traci à une place d’honneur, tandis que le président de la Serbie Alexandre Vucic était relégué dans une tribune secondaire.

On avait de plus hissé le drapeau du Kosovo au sommet de Notre Dame.

On veut faire croire à une erreur de protocole, qui a le bon dos, car ce camouflet concorde trop avec la politique de la France pour être une bavure involontaire.

L’honneur exorbitant et immérité accordé à un voyou musulman et l’ humiliation de la Serbie est la signature d’un renversement de l’orientation de la France que François Mitterand avait refusé..

Depuis notre engagement dans le bombardement de la Yougoslavie, tous nos gouvernements ont pris le parti d’un islamisme dévoyé au détriment de pays comme la Serbie et la Russie qui ont été nos alliés dans les deux guerres mondiales.

C’est un choix conforme à l’essence même du macronisme fondé sur la discrimination des valeurs françaises et chrétiennes et l’exaltation du multiculturalisme et de la mondialisation libérale.

Notre président ne manque jamais de marquer tout son amour pour notre langue en prononçant en anglais ses discours destinés à la communauté internationale. Et il vient de le prouver de nouveau en mettant à la tête de la « francophonie » une anglophone proche de Kagamey, le président du Rwanda qui ne cache pas sa haine de la France.

Les « fakes » servent toujours à dénigrer un adversaire économique ou idéologique mais ils sont surtout les instruments d’une politique de domination destinée à asservir les peuples au nom de la démocratie.

On m’accusera certainement d’alimenter un «  théorie du complot », mais les théorie du complot ne sont que les « dégâts collatéraux » d’une entreprise de spoliation des nations et des individus beaucoup plus profonde, sournoise et efficace que les sornettes qu’ agitent de piètres tacticiens de la désinformation, une entreprise de pollution des esprits par ce qu’on appelle d’un autre joli mot du franglais «  le mainstream », bien nommé, un « courant principal », aussi puissant que le «  golfstream » destiné à asseoir le pouvoir d’une caste de spéculateurs, de parasites et de crapules à la tête du monde civilisé.

 

Bassompierre

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actualité du programme du CNR ?

5 Avril 2019 , Rédigé par grossel Publié dans #R.P., #agoras

Le 27 mai 1943, Jean Moulin, Robert Chambeiron et Pierre Meunier rassemblent des représentants de mouvements de résistance, de syndicats...
Le 27 mai 1943, Jean Moulin, Robert Chambeiron et Pierre Meunier rassemblent des représentants de mouvements de résistance, de syndicats...

Le 27 mai 1943, Jean Moulin, Robert Chambeiron et Pierre Meunier rassemblent des représentants de mouvements de résistance, de syndicats...

cette lettre 664 de l’ami  R., professeur d’histoire en retraite et vieux militant, tombe à pic
(664 lettres, une mine pour un mouvement comme celui des GJ qu’il doit pouvoir mettre à disposition, je suppose)
je vous la partage et la mets sur le blog des agoras, avec son accord
on y trouve 5 L, de 2007 à 2010
JCG
 
L664 du 5 avril 2019
 

Dans Libération 18/03 « Un programme équivalent à celui du Conseil national de la Résistance  doit être mis en place » 

Dominique Meda  sociologue (Réinventer le travail dernier ouvrage paru en collaboration)

 

Par ce gouvernement ? Par ce président ? Par cette chambre de députés ? Par ce sénat ? Comme si de rien n’était.

 

 L’équivalent mystérieux : en quoi pourrait-on imaginer et trouver des équivalences aux décisions et mesures prises en 1944/45 après discussion entre les parties concernées et Partis impliqués ? Le socle : ce sont les principes qui fondent le programme du CNR. Passablement édulcorés par la nécessité de s’entendre entre ceux qui y croyaient à la révolution et ceux qui n’y croyaient pas sachant que, croyants ou non croyants, tous la rejetaient, les Gaullistes comme les Chrétiens, les responsables du parti Communiste eux-mêmes, la redoutaient. Ce qui fait que personne, exception faite des travailleurs et des travailleuses organisant les Comités d’usine*, comme ce fut le cas à Toulouse ou aux usines Berliet de Vénissieux pour ne citer que les plus emblématiques, ne voulait la révolution. 

Deux interventions phares marquent ce renoncement, celle de Robert Lacoste ministre socialiste de la production industrielle défavorable à l’autogestion et celle du PCF se prononçant pour la nationalisation mais contre les « soviets » comme certains les appelaient déjà.

Le CNR, malgré ou grâce aux avancées de son programme, à son corps défendant ou pas, aurait donc joué le rôle de verrou : au dernier moment le représentant du PCF (Villon) se rallie à la nationalisation sans le préalable de la révolution — renonçant à l’abolition du capitalisme. Il avait participé à une réunion clandestine avec Duclos et Frachon quelque temps auparavant, transmetteurs d’une ligne dictée par un Staline avant tout respectueux des accords passés à Yalta avec les Anglais et les Américains, mais pas seulement. Le Petit Père des Peuples rejetait d’emblée une révolution gagnant l’Europe occidentale, au cœur des pays développés, reposant sur les épaules d’une classe ouvrière expérimentée et qui venait de s’extraire d’une société soumise au pire esclavage jamais vécu, par les « Riches » de tous bords, par une grande Bourgeoisie solidaire de part et d’autre du Rhin.   Ce fut une sorte de contrainte dictée par l’intérêt  supérieur… de l’Etat stalinien qui venait de “trahir“ sa propre Révolution comme le dénonçait Trotsky !

Or, dans son principe, n’est-ce pas cette version « verrou » que Dominique Méda propose ? Le couvercle sur la marmite révolutionnaire, ce qu’aujourd’hui nous appelons « plafond de verre ».

Principe d’action du CNR dont on sait très bien que, de toute manière, le contenu ne pourrait être adopté en l’état : aujourd’hui la référence au CNR devenu une sorte d’icône historique de la gauche, en dehors de toute analyse critique, est sans équivalent. La grande bourgeoisie campe sur des positions idéologiques beaucoup plus solides que celles de 1945, celles de l’après-guerre quand elle devait faire oublier la collaboration des grands patrons — Renault, Berliet, Michelin (malgré une légende tenace de Résistant attribuée à cet ancien cagoulard), Citroën propriété de Michelin, entre autres —  avec les nazis et les troupes d’occupation.

 

Son représentant actuellement au pouvoir, au profil de Bonaparte, le Président de la cinquième et faiblarde (faiblarde sur les principes républicains) République gaulliste, avait jusqu’ici coupé les ponts entre les sommets de l’État et les directions syndicales, y compris celle de la CFDT qui n’en pouvait mais… Coupure également entre ces directions et les gilets multicolores, jaunes ou rouges, qui sont engagés sur les ronds-points et les champs Élysée, ou dans les combats syndicaux à répétition depuis les grandes manifestations contre la loi travail, puis la réforme du statut SNCF et la réorganisation en vue de la concurrence, les manifestations incessantes des hospitaliers, des enseignants, on ne pourra les énumérer toutes ici. Or, sans ces appuis, aucun compromis n’est possible les directions syndicales se heurtant, en même temps, à leurs bases et au pouvoir de l’Etat, c’est-à-dire de la grande bourgeoisie.

 

Alors la question est posée : comment la majorité de ces penseuses et penseurs fait-elle pour aborder des problèmes aussi brûlants que le “travail“, “la valeur travail“… sans jamais en venir aux fondements premiers du capitalisme et de la bourgeoisie elle-même, chair et âme du “système“ de propriété privée de tous les moyens de production essentiels, depuis les ressources naturelles, propriétés de tous, jusqu’à la main qui  œuvre et transforme la matière inerte en marchandise consommable, dotée par conséquent de plus-value qui, néanmoins, ira enrichir le bourgeois propriétaire, de quelque façon que ce soit — directement ou indirectement par l’entreprise et ses prolongements boursiers — tout en épuisant ces réserves naturelles qui ne se renouvelleront pas ? Il semble y avoir sur le chemin de leur réflexion des obstacles — un seul peut-être ? — insurmontables les empêchant d’attaquer ces fondements et leur interdisant de dénoncer “la propriété privée des moyens de production et du profit engendré par leur exploitation“. Marx et Engels en désuétude, consciemment ou non ils l’ont intégré et ne tiennent pas à ce que l’on se moque dans les chaumières universitaires. 

Libération.fr (3/04/2019)  relève en un éclair, mais sans plus de considération, ceci : « Pour le physicien Claude Henry {…} “De la casse, il y en aura de toute manière. La transition devient de plus en plus difficile au fur et à mesure qu’on se rapproche de l’échéance. Si on ne se prépare pas vraiment, des secteurs sombreront dans des conditions plus difficiles que si on les avait amenés à une transformation.“ Ce qui revient à mettre en cause le système capitaliste. » ajoute le quotidien, qui ferme le ban.

 

 

Nous voyons donc bien la répression qui enfle parce que les politiques, eux, font le travail pour lequel ils sont désignés à l’Élysée comme à Matignon, et sentent très bien que l’orage menace. Une armée professionnelle est faite pour que l’on s’en serve sur quelque front que ce soit, le moment venu. Quand Chirac eut pris l’initiative, attendue en hauts lieux, de ne garder que l’armée de métier, des professionnels de l’obéissance — pourvu qu’ils soient rémunérés en conséquence — était écrite en pointillé la possibilité d’une guerre civile ici même… 

Nous ne sommes donc plus en 1960/1961 quand l’armée de conscription avait refusé dans sa presque totalité de suivre les généraux putschistes. Mais ils voulaient aussi nous préparer au maintien de l’ordre dans les casernes où des gradés tentaient d’apprendre au bidasse comment déployer des barbelés dans les rues et les boulevards pour contrer de possibles révoltes populaires, une éventuelle grève générale (c’était leur obsession au plus haut niveau) répondant au danger d’un coup d’Etat venu d’Alger, qui auraient pu dégénérer. La promesse de nous faire intervenir, si les choses tournaient mal (?), était reçue par une troupe profondément silencieuse et, pour le moins, dubitative. Le soldat se mettait à réfléchir, ce qui n’était pas conforme au règlement ; au contact quelques officiers et sous-officiers semblaient eux-mêmes s’interroger, presque désemparés. La guerre d’Algérie avait tout aussi bien ravagé les consciences que les mechtas, un désordre inquiétant se profilait à l’horizon. 

Et voici que le désordre renaît de ses cendres. Il fallait une armée solide et bien entraînée, elle est là, opérationnelle quoi qu’on en dise, menace sourde sur laquelle s’appuient les “forces de l’ordre“ et leurs armes de transition LBD. Renforcées d’une loi anticasseurs à peine retoquée par le Conseil constitutionnel, qui vise au final à faire de tout manifestant un casseur pourvu que l’autorité (il reste à définir laquelle puisque le Préfet ne semble pas adéquat) en décide souverainement. 

 

Le peuple algérien nous est précieux en ce qu’il démontre, à la suite de ce qui s’est passé en Tunisie et même en Egypte, une amorce de solution tenant compte des expériences passées, positives ou pas. Maintenant, nonobstant les particularités propre aux populations algériennes, il retient forcément notre attention pour comprendre ce qui va advenir de son attitude face à l’armée, elle-même enracinée profondément dans la société comme le sont toutes les armées de conscription. Nous allons être reliés à notre passé commun des années soixante, sans pour autant n’être sûr de rien puisque le cadre militaire algérien est lui-même assez complexe : demeure en son sein une armée de métier organisée sous des formes diverses et spécifiques : sécurité militaire et commandos d’intervention spécialisés par exemple. En cela aussi il nous serait précieux de regarder et comprendre comment se résoudrait ce conflit s’il devait se déclarer. Mais également si aucun affrontement ne devait avoir lieu — on ne peut que le souhaiter ardemment — en repérer les causes pour notre propre gouverne.

À la fin des fins, « Rien de ce qui est, n’est » professait Shakespeare.

 

R.

 

 

* L’HUMANITÉ 13 FÉVRIER 2015 Cette double réflexion peaufinée entre Alger et la France clandestine trouvera enfin réalité dans l’un des articles lumineux du programme du CNR publié le 15 mars 1944 : « Nous réclamons l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale impliquant l’éviction des féodalités financières… et la participation des travailleurs à la direction de l’économie. » Dans le climat insurrectionnel de la France libre, face à un patronat déconsidéré par sa collaboration, la classe ouvrière, grandie par sa résistance, va s’emparer des orientations du CNR pour tenter de créer de multiples « comités spontanés » visant à exiger un réel contrôle ouvrier des entreprises.

« Nous réclamons l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale impliquant l’éviction des féodalités financières… »

Ainsi naquirent une floraison de comités à la production, de comités patriotiques, et même des comités de gestion, comme ce fut le cas dans l’Allier et à Lyon. Il y eut même des réquisitions collectives avec directions provisoires à Marseille. Inquiet devant la poussée subversive de ces « comités d’usine » et poussé par les directions d’entreprise, le général de Gaulle orienta le débat vers la publication d’une ordonnance moins périlleuse pour l’ordre établi. Promulguée le 22 février 1945 par Alexandre Parodi, ministre du Travail, sous une forte pression patronale et contre les propositions avant-gardistes de l’Assemblée consultative menée par Croizat, elle déçut profondément les syndicalistes. Privant les comités d’entreprise de pouvoirs de décision économique, elle mettra uniquement l’accent sur l’autorité des nouvelles institutions en matière de gestion des œuvres sociales.

 

échanges sur la page FB du MRG (pour faire émerger un MRG, mouvement révolutionnaire général) suite à la publication de la vidéo ci-dessous

https://www.facebook.com/jean.marin.75873/videos/128282548256477/

- JCG : le CNRR, c'est quoi, c'est qui ?

- Comité National de Résistance et de Reconquête (un comité de travailleurs syndiqués, militants et GJ, déterminés à contrer par tous les moyens envisageables la casse antisociale du Gouvernement Macron-Philippe). Pour plus de précisions, ce comité a été fondé au cours des élections présidentielles de mister Macron.

 - JCG : y a-t-il des liens, des communiqués, une charte, une liste des regroupés; là c'est trop vague; congrégation sonne mal, qui comme orga syndicales ? qui comme orga politiques ? pour moi, cette intervention n'a pas sa place sur cette page; tu es mandaté par le CNRR du Var mais pas par l'APC du grand Toulon

- Oui J. n'avait pas de mandat de l"APC pour le CNRR, Mais, il avait évoqué dans l'assemblée APC, sa présence au CNRR, uniquement dans un souci de transparence et de convergence. Nous avons donc acté avec l'APC que J. interviendrait en son nom propre, pour parler librement du travail que nous effectuons. Voir à ce propos le compte rendu de l'APC du 27 mars.

- Le Comité National de Résistance et de Reconquête CNRR s'est créé pendant les dernières élections présidentielles. Les membres de différents syndicats mais pas que, il y a aussi des citoyens organisés politiquement, qui considèrent que leurs directions politiques et syndicales ne vont pas assez loin dans la résistance aux attaques orchestrés par Macron et son gouvernement. Ces militants, organisés par ailleurs, discutent ensemble pour échanger et fédérer autour de nos droits les plus fondamentaux, sécurité sociale, retraite, congés payés (36 et 45) en somme, dans les comités locaux de résistances et de Reconquêtes CLRR. La discussion s'est engagée avec les GJ, qui cherchent eux aussi, les moyens de la convergence pour résister à la destruction de leurs moyens d'existences.

- MRG n'est pas l'APC. La scission entre les deux groupes s'est faite "historiquement" sur la base du consensus (le 20 mars 2019 au terme de la troisième cession du groupe MRG). 

- Les choix émis au sein du groupe MRG, sur fb ou ailleurs, impliquent essentiellement ses membres fondateurs et ne répondent d'aucune manière aux décisions de l'APC. De la même façon, le groupe MRG ne peut prétendre prendre des décisions pour l'APC et moins encore parler en son nom. Que la chose soit clairement entendue.

- De ce fait, et sans ambiguïté possible, ce que nous souhaitons communiquer ici l'est en toute indépendance et aussi résolument que possible (conformément à notre ligne éditoriale). Et ce sans lien ni accord avec l'APC, dès lors que ce qui a été précisé ci-dessus est strictement respecté. D'autre part, comme on peut clairement l'entendre dans le déroulé de mon discours, je déclare avoir été mandaté par le CLRR (aucunement par l'APC). 

- La publication de cette intervention a donc tout à fait sa place sur cette page.

- Pour précision, S., je n'ai jamais affirmé être le porte-parole des Gilets Jaunes de Toulon ou d'ailleurs. Je dis avoir été mandaté par le Comité Local (sachant que nous nous trouvions tous réunis à Paris au sein du Comité National). Je ne fais que parler de mon expérience personnelle en tant que Gilet Jaune, blessé et engagé, ayant fourni un véritable travail de communication (auquel tu as contribué avec d'autres). Parler de ce que l'on fait et des raisons qui nous animent, ce n'est en aucun cas parler au nom des autres. Et ce droit à s'exprimer est tout autant valable pour n'importe quelle autre personne, GJ ou non, au sein du Comité National ou ailleurs. A savoir que sur les 325 que nous devions être, pas loin du quart des personnes présentes devaient être des GJ, et plus d'une quarantaine de personnes ont pris la parole au cours de la journée (dont de nombreux GJ venus de toutes les régions).

- Étant donné que dans ce groupe on supprime les commentaires qui ne vont pas dans votre sens je ne répondrai plus ni n’interviendrai plus dans ce groupe en qui j’avais mis quelques espoirs lors de sa création mais qui ont vite été déçus 

- Il n'y a pas de lien entre le CNR élaboré par le le PCF et le CNRR.

- JCG : il est évident que par son titre le CNRR  (voir ci-dessous: reconquête des acquis de 1936 et 1945) se relie au CNR;  la lettre L664 a donc une pertinence, le PCF est à remplacer dans ce cas par le parti qui réalise et diffuse le journal Informations Ouvrières

- RAPPEL : Pour rappel élémentaire, toute forme de manque de respect, d'insulte, de discrédit, de diffamation ou d'intimidation ne peut évidemment être tolérée au sein de ce groupe (pas plus que dans un autre groupe d'ailleurs). Que ce soit à l'encontre d'un administrateur ou d'un membre de ce groupe. Ce qui implique nécessairement la modération des posts faisant défaut à ce principe essentiel. Nous sommes ici pour communiquer sur des sujets qui nous touchent et nous tiennent à cœur, non pas pour venir régler nos comptes et transformer ce forum en tribunal populaire. Merci pour votre compréhension.

reçu ce MP :

Bonsoir, Jean-Claude. J'ai répondu aimablement à votre invitation et je vous ai invité quant à mon tour dans le groupe MRG. Pourtant, vous abordez aujourd'hui ce que je fais avec défiance et sarcasme, avec des velléités politiques manifestes là où vous cherchez à m'en prêter. Sachez, avant toute chose, que mon profil n'est pas un lieu de débat politique et je ne tolère donc aucun commentaire nul et non avenu sous mes photos et sur mon "mur". Les sous-entendus et les volontés de dénigrements ne sauraient satisfaire aucune personne prise à partie ainsi. Si vous souhaitez débattre avec moi de ce que je peux faire et pourquoi je peux le faire, vous pouvez me solliciter par message privé sur fb ou par mail (puisque vous connaissez mon adresse électronique).

 

Pour ce qui est du CNRR (qui n'est "opaque" que pour celui qui ne veut pas voir ni entendre), vous pouvez venir à la réunion qui a lieu mardi 9 avril à 17h au Foyer des Jeunes Travailleurs. C'est un lieu de rencontre et de réflexion, sans étiquette aucune. Pour ma part, n'ayant jamais été ni encarté, ni syndiqué, je viens en qualité de simple citoyen également concerné par la crise sociale et politique qui touche tout le monde. Ecoutez bien ce que je dis dans la vidéo pour vous en faire une idée plus exacte.

 

Et, surtout, cessez donc de vouloir vous inscrire dans des querelles de clocher là où il n'y a pas la place. Je suis là essentiellement pour apporter ma pierre à l'édifice, pour offrir ce que je peux et pour apprendre des autres, pas pour entrer dans des polémiques vaines. Vous êtes assurément partisan et militant, alors ne venez pas me donner des leçons de probité là où vous n'affichez pas vous-même qu'elle doctrine vous venez défendre quant à votre tour. Profitez de l'Assemblée Populaire et Citoyenne pour venir débattre, plutôt que de prendre le groupe MRG pour une tribune personnelle. MRG n'est pas l'APC. ce qu'on y publie et ce qu'on décide de ne pas publier répond à une logique de respect et de ligne éditoriale, sans qu'il soit question de censure. Un groupe fb n'a l'obligation de rien. Ce qui est publié pour discréditer ou salir n'a pas sa place. Et ceci doit être vrai pour tout groupe qui se respecte (fb ou non). A bon entendeur.

 

PS: Votre publication hors de propos au sujet du CNR (son lien "historique" ne se confondant aucunement avec la volonté fondatrice du CNRR) a déjà été postée dans le groupe MRG (dans le fil de discussion de la vidéo sur la convention de Paris). Alors pourquoi vouloir vous obstiner à la diffuser à tous vents et à faire croire qu'il vous est impossible de le faire ? Si vous pouviez entendre raison quand aucun autre argument contraire ne peut entacher les faits, nous pourrions nous concentrer sur des choses plus essentielles.

JCG : ce qui m'interroge, c'est la vitesse à laquelle se font et défont les groupes, de la maison de la méditerranée (jusqu'à 200 personnes en décembre) au hall de la gare puis à la bourse du travail (où en plus se déroulent des réunions le dimanche, tous les 15 jours) et enfin au foyer de la jeunesse; du MRG à l'APC; de 1200 au Zénith en janvier à 50 place d'armes; si tu veux savoir où tu vas, fais une pause et regarde d'où tu viens dit le cadran solaire du château de Tourris; ça donne le tournis d'entendre que le MRG, ça ne compte plus (dit mercredi dernier par je ne sais pas qui)

 

un commentaire de Gérard C.

Cher Jean-Claude,
Merci pour ce beau témoignage sur les GJ (ta page FB)...j'exècre Macron et je suis de tout coeur avec les Gilets Jaunes...qui malheureusement vont se faire enfumer et entuber...Ah! si Lénine revenait pour les aider, on n'en serait pas là :  on ne fait pas les révolutions avec les bons sentiments, pour le comprendre il faut relire  " Terrorisme et Communisme " de Trotski, un livre lumineux sur la lutte des classes, écrit dans son train blindé, pendant la guerre civile et adressé à Kautski, partisan d'un marxisme non-violent.
Toutes les conditions sont prêtes pour renverser l'ignoble capitalisme, mais si on reste dans l'"horizontalité" on continuera à papoter dans les ronds-points jusqu'à ce que Macron ait fini de casser la France, le peuple, les "sans dents" , les "gens de rien", les retraités, les classes moyennes pour que les actionnaires continuent à toucher leurs dividendes...
Je t'envoie un texte qui m'est venu à l'esprit cette nuit "le bon usage des " fakes" et un autre sur "la démocratie contre le peuple"; c'est seulement pour soulager ma bile...
Amitiés
Gérard
PS Comme je sais que tu es " un bon lecteur", j'ose ajouter un texte qui vient de paraître dans un recueil de " L'Académie géo-politique de Paris" sur "La nouvelle émergence de la Russie", je dois cette publication à Ali Rastbeen, le président et fondateur de cette Académie si peu académique avec laquelle je vais continuer à collaborer.

JCG : qu'est-ce qui va changer le rapport de forces ? de toutes petites mesures fiscales ont déclenché un mouvement social et politique, pas vu depuis 50 ans et plus, un mouvement pas prêt de s'éteindre, bien installé car les GJ savent ce qu'ils ne veulent plus, ont surmonté la peur et travaillent à ce qu'ils veulent, devenir constituants; ce qui est autre chose que l'horizontalité et qui demande une sacrée persévérance

est-ce en préparant consciemment la grève générale jusqu'à satisfaction qu'on changera le rapport de forces ? espérant qu'une préparation consciente donnera le résultat escompté, certains y croient; l'histoire nous apprend les ruses de l'histoire

réclamer la convergence des luttes, est-ce réalisable après des décennies de grèves tournantes, de grèves de 24 H, de manifs bidons, de compromissions et de collaboration de classes ? les appareils préfèreront être détruits que de se détourner de la collaboration appelée négociation; certains y croient;

sera-ce un effet papillon, qui sortira de leur zone de confort les 3 à 6 millions de tièdes, genre une photo (comme celle de la petite fille sur une route au Viet-Nam qui fit basculer la guerre, mais pas celle de Aylan, l'enfant noyé retrouvé sur une plage, ni celles d’aucun éborgné),

genre un fait divers particulièrement chargé symboliquement;

genre un scandale politique (pas le cas avec l'affaire Benalla)

seront-ce des milliers de micro-actions dont on ne connaît jamais les effets secondaires et tertiaires ?

donc penser et agir là où on est en sachant comme le dit Shakespeare: « Rien de ce qui est, n’est »; la vie est un songe parce que tout réel, tout ce que je dis réel est vu à travers mon prisme mais si je suis un songe et passif dans ce songe, peut-être puis-je aussi assumer un rôle en partie actif dans le songe (on peut avec entraînement, intervenir un peu dans ses rêves, en lien avec l'inconscient collectif)

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Assemblées citoyennes et ateliers constituants

22 Mars 2019 , Rédigé par grossel Publié dans #agoras

les couleurs de la musique par Y. 4 ans 1/2, article sur l'assemblée citoyenne de Solliès-Toucas du samedi 16 mars; les 6 GJ de Cuers à Genève le 20 février devant le siège de l'ONU avec le chien GJ Hermès le messager, le rond-point de Cuers
les couleurs de la musique par Y. 4 ans 1/2, article sur l'assemblée citoyenne de Solliès-Toucas du samedi 16 mars; les 6 GJ de Cuers à Genève le 20 février devant le siège de l'ONU avec le chien GJ Hermès le messager, le rond-point de Cuers
les couleurs de la musique par Y. 4 ans 1/2, article sur l'assemblée citoyenne de Solliès-Toucas du samedi 16 mars; les 6 GJ de Cuers à Genève le 20 février devant le siège de l'ONU avec le chien GJ Hermès le messager, le rond-point de Cuers
les couleurs de la musique par Y. 4 ans 1/2, article sur l'assemblée citoyenne de Solliès-Toucas du samedi 16 mars; les 6 GJ de Cuers à Genève le 20 février devant le siège de l'ONU avec le chien GJ Hermès le messager, le rond-point de Cuers

les couleurs de la musique par Y. 4 ans 1/2, article sur l'assemblée citoyenne de Solliès-Toucas du samedi 16 mars; les 6 GJ de Cuers à Genève le 20 février devant le siège de l'ONU avec le chien GJ Hermès le messager, le rond-point de Cuers

charte de l'assemblée populaire citoyenne du Grand Toulon, adoptée le 20 mars 2019

charte de l'assemblée populaire citoyenne du Grand Toulon, adoptée le 20 mars 2019

mardi 19 mars de 19 à 21 H 30, à la maison des Comoni (c'est comme au nid!) au Revest s'est déroulée une réunion fort intéressante avec des GJ venus de Cuers, Solliès-Toucas, Sanary, Bandol, Le Beausset, Le Plan du Castellet, Toulon, Le Revest et des citoyens sans symbole; des échanges sur "doléances" et revendications, sur le "grand" débat et les vrais débats à faire ou déjà faits comme à Solliès-Toucas, sur la nécessité de circuler de groupe en groupe, de rond-point en rond-point (Bandol, Cuers, La Ciotat, Brignoles, Le Cannet des Maures où Ruffin est venu...); regrets quant à l'absence de La Seyne et Hyères où un travail très riche se fait; des échanges sur la nécessité d'élargir aux sympathisants qui ne bougent pas, par des réunions pédagogiques partant des revendications et conduisant à la volonté de s'appuyer sur notre pouvoir constituant dont le RICARD en toutes matières est un outil (référendum d'initiative citoyenne, apolitique, républicain et démocratique ayant la couleur jaune du Ricard); considérations stratégiques et tactiques sur les votations en préparation pour un RIC national (dates, modes de préparation); échanges sur des exemples de démocratie directe, d'autogestion: Saillans dans la Drôme, Marinaleda en Espagne; échanges sur constitution actuelle à corriger ou constitution nouvelle ou autogestion, du local vers des échelons fédérés; il est apparu qu'il y a beaucoup de groupes GJ, que ça fonctionne en circuit fermé plus qu'ouvert, qu'il est difficile de s'informer sur dates et lieux de rencontres, difficile aussi de cerner les objectifs; constat qu'un énorme travail se fait souvent à très petit nombre, que les retraités isolés ne demandent qu'à rejoindre sous une forme ou une autre (covoiturage ou réunion là où ils habitent), que les marchés sont lieux propices à diffusion; nécessité de produire des tracts, flyers, d'organiser des assemblées citoyennes larges avec projection de courts films documentaires sur la réalité; nécessité aussi de s'armer intellectuellement contre manipulations, fake news, complotisme, séduction-sidération du vide macroniste incapable de gérer politiquement une crise majeure de la société française, lui préférant une gestion policière et judiciaire; il semble que le désir de fédérer initiatives et groupes va continuer à lever comme graines de printemps; l'assemblée a fait la preuve de son intelligence collective et de sa capacité à entendre tous les points de vue sans tac au tac stérile; pour finir, lecture applaudie d'un texte écrit pour le livre ronds-poins à paraître à la toute nouvelle maison d'édition La petite barque à Gardanne et applaudissement des 6 GJ de Cuers qui sont allés à Genève devant le siège de l'ONU rejoindre 2500 GJ le 20 février contre les violences policières; remerciements chaleureux au technicien des Comoni qui a assuré le suivi technique; remerciements au PJP pour la date, à TPM et au maire du Revest pour la mise à disposition des Comoni
 
pendant la nuit est arrivé de Ouagadougou, un texte farcesque de mon ami É Say Salé, intitulé C’est le temps du jaune cacatov; je vous le communique; une lecture à plusieurs voix serait sans doute appréciée; en 2017, j’ai édité de lui, Vols de voix, farce pestilentielle sur la présidentielle de 2017

Doléances  de l’Atelier « Constitution et Action »

 

de la région toulonnaise, version 2.7

 

introduction proposée à l'Assemblée

Les Gilets Jaunes proposent une autre politique  permettant aux 

citoyens de reprendre en mains leur pouvoir souverain et  permettant 

d’ augmenter leur pouvoir d’achat. Ils demandent que l’humain  

remplace le profit.

 

I  -REFERENDUM d'INITIATIVE CITOYENNE-DEMOCRATIE

 

1 -  Mise à disposition d'une salle uniquement consacrée aux 

réunions sur la gestion de la cité et du pays, à quelconque 

groupe substantiel qui le demande.

2 .1- Référendum local à la suite de toute enquête publique 

ou sur un projet donné à l'initiative de 8% des électeurs 

inscrits (comme en Suisse) RIC local et national  suite à 

exposition du pour et du contre.

Mise à disposition des salles de théâtre ou salles de 

spectacle et des grands médias pour l'expression de tous

2.2 - Possibilité donnée aux citoyens de proposer ou 

d'abroger une loi par référendum: RIC législatif ou abrogatoire.

2.3 -Révocation de tout élu, à l'initiative de 8% des inscrits 

du territoire concerné. RIC  révocatoire

3 -grands traités internationaux. 

a) Information préalable obligatoire

b) ne peuvent etre adoptés que par référendum

4- Temps de parole substantiel sur les grands médias, pour tous 

les opposants aux traités et grandes lois.

5 – Disposer d’un créneau horaire, à heure de grande écoute, 

sur une chaine de télévision publique (Public Sénat)

Pourront s’exprimer les groupes d’opposition, les lanceurs d’alerte, 

les citoyens au sujet   de leurs expériences, de leur souhait.

 

II –DEPENSES   -  NOTRE POUVOIR D’ACHAT

 

1 -  prise en charge  réelle des personnes en détresse.

2  -  Suppression de la taxe  sur le carburant.

3 - Indexation des salaires et des recettes sur l'inflation 

(calculée en complétant les bases de l'INSEE).

4 -  Suppression  de la CSG sur toutes les pensions de  retraite.

5 – Augmentation des salaires, et pensions de retraites pour 

rattraper les années de perte.

5 -  Renationalisation de l'électricité, gaz, lignes ferroviaires 

et eau.

6  Suppression  de la TVA sur les  produits de première nécessité

(nourriture sauf luxe, ...)   sur les produits bios françaises et sur les 

productions locales

7 -   Garantir pour tous l’accès à un logement digne.

8 – AME:

Politique incitative de grands travaux (en vérifiant qu'il n'y ait

pas de détournement, voire en laissant les donateurs effectuer 

la conduite d'opération) dans les pays les plus pauvres 

et en accord avec eux :énergie propre, gestion de l’eau, création de 

surfaces irriguées pour les cultures, reboisement afin de créer des emplois 

et ainsi apporter des conditions de vie meilleure aux populations qui ne s

eront plus dans l’obligation d’émigrer. 

10 -  Prise en compte des   maladies orphelines ou négligées bien que 

pandémiques telles que la maladie de Lyme : engager des recherches,  

reconnaitre le handicap, modifier le test de dépistage, autoriser les 

médecins à proposer des traitements hors protocole.

 

12 -  Suppression des frais de gestion des banques  en cas de découvert.

13 -  Resserrement de l'échelle des salaires ("concavification" de la courbe)

14  - Meilleure répartition des bénéfices dans les entreprises.  

Interdiction des parachutes dorés

15  bénéfices des entreprises: un tiers aux salariés, un tiers

 

aux actionnaires et un tiers pour l'investissement 

III  - ECOLOGIE ET SANTE

 

1 -  Liberté de vente des graines non OGM ou de variétés anciennes  

2 -  Interdiction des lobbies (c'est à dire de la corruption) au parlement

français et au parlement européen

3  Dans le centre ville, davantage  de zones navettes, et davantage de 

vraies pistes cyclables

4 -  Créer un droit au déplacement propre: obliger les collectivités à

proposer une alternative à la voiture individuelle, transports en commun

massifs, co-voiturage, autopartage, lignes de train, pistes cyclables

5 -  le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la Santé

(les études de risque sanitaire doivent être effectuées par un organisme

neutre et indépendant) : antennes, pesticides, pollution 

chimique, fumées, boues rouges, décharges.

6 -  favoriser substantiellement les circuits courts (production, consommation)

Aide aux producteurs locaux. favoriser et aider le bio au sens français

en particulier subventionner la transition des agriculteurs 

traditionnels vers le bio, au sens français et non européen du terme. 

7 - taxation des carburants maritimes et aériens

8 -  favoriser le ferroutage et les péniches, sinon taxe à bon escient,

sauf cas de force majeure. Favoriser l'isolation, et les maisons à 

énergie positive

9 -  suppression de l'obligation vaccinale

10 et non européen du terme

 

IV  - CHAPITRE RECETTES DE L'ETAT, FINANCEMENT (FISCALITE)

 

1 Imposition en France à la source des bénéfices des grandes entreprises, dont les GAFAM

sur l'activité réalisée en France

2 ...

3 -  Retour au marché commun au lieu de traités de l'Union Européenne

4 -  Surtaxer les entreprises qui délocalisent, revenir sur la liberté sans contrôle

de circulation des capitaux, En cas de délocalisation, l'entreprise devra

restituer les aides accordées, ou interdire les délocalisations

5 -  ...

7 - Restauration taxe sur le départ des milliardaires "Exit Tax" 1,5 milliard d'euros

8-  Fin du statut des travailleurs détachés 

9 -  pour toute personne, droits sociaux français proportionnels au temps

passé en France et retraite peut etre passée dans le pays de son choix

10 -  Suppression du Crédit d'Impôt pour la Compétitivité et l'Emploi (CICE)

pour les multinationales ( 20 à 30 milliards ne profitant qu'aux actionnaires)

En faire plutôt bénéficier les PME-PMI, qui embauchent

11a -  Restauration impôt sur la fortune (3 milliards d'euros)

11b -  Suppression de la Flat Tax (couches supérieures taxées à 30% au lieu de 54%), 1,8 milliards d'impôts

12 ...

13-a -   Lutte contre la fraude fiscale (80 milliards d'euros dont 60 récupérables)

et l'optimisation fiscale (20 milliards)...: Traiter causes de la fraude à la carte vitale

13-b CAF rendue opérationnelle et bien managée

14 -  Taxe Tobin, taxe sur les transactions financières

15 -  Suppression des avantages exorbitants des anciens présidents et ministres

16 -  Retour en régie (gestion par Etat) des autoroutes (gain 3,5 milliards par an)

17-  Interdiction de licencier si l'entreprise fait des bénéfices

18 -  La taxation des PME-PMI,  inférieure (à discuter: en pourcentage?) à celle des  grandes entreprises 

19 -  Un soin particulier sera apporté à la taxation des Banques d'Affaires 

(spéculation) et des banques commerciales (prêts à la consommation), 

pour qu'elles participent à l'économie réelle du pays

 20 Nombre d'employés minimum par rapport à la surface commerciale

21 séparer les banques d'affaires des banques commerciales

Pour éviter lors d'une prochaine crise des subprimes que l'état ne doivent renflouer

les banques d'affaires pour sauver les banques de crédit courant

Peine de prison ferme pour tout directeur de banque qui ne respecte pas les règles .

 

 

 

 

V - ORGANISATION DE LA SOCIETE, FONCTIONNEMENT DE L'ETAT,

(SERVICE PUBLIC)

 

1  Retour à l'efficacité des écoles primaires, de 

l'enseignement secondaire,  et supérieur , de la Formation,  

des hôpitaux des Ehpads,  des crèches et de la Poste. La baisse

du nombre d'heures hebdomadaire aurait du etre compensée

par des embauches

 2  pas de Justice à 2 vitesses. Une justice  égale pour tous.

3  Indépendance réelle du Parquet par rapport à l'exécutif, 

indépendance réelle du Législatif par rapport à l'exécutif

4 -  suppression de l'article 49-3, qui permet de faire passer des lois

sans le vote des députés et de l'Etat d'Urgence

5 -  Faire étudier à l'école, la constitution française et la 

constitution européenne (TUE et TFUE), si elle est encore en activité,

en utilisant des exemples concrets tirés de l'actualité du moment.

6 -  candidature aux présidentielles ouverte à tout citoyen ayant

un casier judiciaire vierge

7 -  Demander l'accord des citoyens avant de vendre une entreprise 

publique ou privée,  notamment à des lobbies internationaux. 

8 -   Renforcement des "Crédit Municipal" pour le maintien ou à la 

création d'entreprises par les citoyens non fortunés

9-1....

9-2 Réhabilitation du conseil économique et social

10 - Réforme du Conseil Economique et Social Régional (CESR)

membres tirés au sort, ou méthode chapeau, parmi les citoyens

11 -  Vote obligatoire ou rémunéré, avec sanction, pas nécessairement 

le dimanche

12 -  Prise en compte des votes blancs ou nuls, invalidation 

élection si majoritaires avec interdiction aux candidats battus 

par le vote blanc ou nul de se représenter à l'élection de remplacement.

13 -  ... casier judiciaire vierge pour présentations à toutes élections

14 -  Suppression des Agences Publiques et des Commissions n'ayant pas obtenu

de résultats substantiels, qui coutent très cher et dont le but est de recaser

les anciens élus battus

15 -  Rendre contraignantes les préconisations de la Cour des Comptes

en associant les citoyens à la vérification les dépenses,

publication des comptes sur les médias et vulgarisation des sujets traités

16 -  maisons de retraite: imposer un cahier des charges garantissant

a) des soins planchers 

et

b) des prix plafonds dépendant des soins donnés et du revenu du  retraité 

qui doit pouvoir conserver son bien immobilier

17 -  Instauration du maximum de proportionnelle aux élections, sans 

déstabiliser la gouvernance 

18 La moitié des députés et sénateurs sont élus strictement à la proportionnelle 

et le reste traditionnellement

19 décalage des élections présidentielles, législatives, sénatoriales

20 suppression de la dette

by É Say Salé, auteur congolais vivant à Ouagadougou, une nouvelle façon d'écrire en inventant des personnages après avoir volé des répliques sur FB

by É Say Salé, auteur congolais vivant à Ouagadougou, une nouvelle façon d'écrire en inventant des personnages après avoir volé des répliques sur FB

pour s'armer intellectuellement et contrer les manipulations
pour s'armer intellectuellement et contrer les manipulations

pour s'armer intellectuellement et contrer les manipulations

armement intellectuel
quand on commence par la fin du livre et que ça fait respirer un air sans trop d'illusions :
« De ce point de vue, la critique marxienne ne cautionne aucune illusion quant à la facilité de sortir de l’impasse. Ni le développement durable, ni la pendaison des banquiers, ni des communautés d’auto-production agricoles, ni des protocoles climatiques ne résoudront les problèmes. De l’autre coté, la critique marxienne souligne que la racine du malheur moderne, c’est à dire le travail abstrait, la valeur etc., sont des phénomènes historiques. Elle rappelle que beaucoup de sociétés ont vécu différemment et qu’on pourra donc également bâtir un mode de vie sur d’autres bases : un monde où le concret n’est pas réduit à être au service d’un fétiche sans contenu, s’auto-reproduisant et s’accumulant sans cesse. »
Anselm Jappe, Pour en finir avec l’économie (avec Serge Latouche), Éditions libres et solidaires, 2015 , p.137
« Comme d’autres maladies qui se sont répandues puis qui ont disparu, cette forme de vie économique que nous menons peut aussi disparaître un jour. Donc, de ce coté là, je ne suis pas si désespéré que cela. Et je suis effectivement d’accord pour dire que si la question de l’imaginaire joue un grand rôle, c’est justement pour s’ouvrir au fait qu’il existe d’autres manières de vivre socialement qu’à travers l’économie, c’est à dire le travail et l’argent. »
Anselm Jappe, Pour en finir avec l’économie (avec Serge Latouche), Éditions libres et solidaires, 2015,p. 94
« De mon coté, je pense, et j’espère, qu’il y aura de plus en plus de gens qui comprendront que la sortie du désastre ne passe pas par des « solutions politiques », ni par des « politiques économiques », même pas « alternatives », ni par l’élection de représentants politiques auxquels déléguer ces questions,ni par l’adaptation d’une monnaie ou d’une autre. Par rapport à tout cela, ce qui s’est passé en Argentine pendant la crise de 2001, lors du mouvement des piqueteros et des assemblées de quartiers dans les villes, est beaucoup plus intéressant. Une partie de la population a voulu s’approprier directement des ressources sans se préoccuper de savoir si on devait les acheter ou pas, s’il y avait des terrains à utiliser, des usines dont on pouvait faire marcher les machines, des maisons vides que l’on pouvait habiter. Je pense et j’espère que de plus en plus de gens vont se dire que l’on va s’en servir, sans même respecter la question de la propriété privée, sans se demander s’il faut payer pour leur utilisation, et sans se demander surtout s’il est possible de gagner de l’argent avec ses nouvelles activités et ces réappropriations. Je pense que c’est la seule possibilité de changer les choses (…) Le seule vraie alternative serait de bâtir peu à peu des liens qui ne soient plus des liens de marché-des échanges entre des quantités d’argent et de travail-, mais des liens sociaux qui forment une association en vue de la satisfaction réciproque des besoins. Tout cela est encore à penser et à réaliser. Jamais cela ne pourra être organisé par un État ou un parti politique, et ne pourra arriver qu’à coté et contre la société officielle. Aucune forme d’élection politique ne peut avoir de prise sur ce genre de transformation sociale. »
Anselm Jappe, Pour en finir avec l’économie (avec Serge Latouche), Éditions libres et solidaires, 2015, p.88

(texte lu et applaudi par l'assemblée citoyenne du 19 mars aux Comoni)

Une histoire de changement de vie

C’est une histoire d’espoir. Une histoire de renouveau…… comme un printemps, où soudain, tout fleurit. Et l’énergie de vie a jailli !

Du fonds des tiroirs que l’on croyait à jamais fermés, de dessous les pavés scellés par le macadam, de l’intérieur des entrailles qui s’étaient nouées pour tenir le coup, les idées ont germé comme des boutures de géraniums.

Les mots ont fusé, comme jaillissent des bulbes, les narcisses et les jonquilles, triomphants et nouveaux dans leurs habits jaunes.

Un feu d’artifice de sons, de cris, de chants, de chocs, de rires et de colère s’est déversé dans les avenues, s’est amassé sur les places, a fait le point là où il y avait des ronds…

Un frisson a fait craquer la raison et l’espoir s’est introduit par effraction ; espoir en soi, espoir en nous, les représentés, sans eux et loin d’eux, les faux représentants.

Espoir pour nos fils et nos filles, pour réparer les droits bafoués, les atteintes à notre vie, à notre dignité, à notre futur, à notre nature d’hommes libres, à la Nature épuisée…

Une foison de folles attentes, mises de côté depuis toujours, on n’est pas là pour rêver, refoulées et rancies comme dans un saloir abandonné, enfermées comme une moisson perdue dans des silos cadenassés et oubliés.

Un soulèvement venu de loin, de plus loin que soi-même, porté par on ne sait quelle loi, quelle foi, quelle folie ! Comme si soudain on allait remettre des guirlandes lumineuses sur la terrasse et vivre libres et joyeux, respectueux et solidaires.

Afin de porter, sur le bois neuf de l’année, les plus belles fleurs et les plus beaux fruits dans une puissante et magnifique floraison.

Une GJ a dit.

Michelle Lissillour – Le Revest le 16 février 2019

texte à paraître dans le livre ronds-points inaugurant la nouvelle maison d'édition La Petite barque à Gardanne.

au rond-point du Cannet des Maures, photos Laurent de Stefano
au rond-point du Cannet des Maures, photos Laurent de Stefano
au rond-point du Cannet des Maures, photos Laurent de Stefano
au rond-point du Cannet des Maures, photos Laurent de Stefano

au rond-point du Cannet des Maures, photos Laurent de Stefano

by Serge Rezvani

by Serge Rezvani

le 20 mars j'ai assisté à la 1° partie de l'assemblée citoyenne GJ organisée par le groupe pour faire émerger un mouvement révolutionnaire général à Toulon: discussion et adoption par consensus de la charte du groupe; ça semble long mais la recherche du consensus, non mou, convaincu donc, c'est un vrai travail; imaginons cela dans les écoles, très tôt

le 21 mars, j'ai assisté à l'assemblée citoyenne de Sanary organisée par les GJ du Sud: discussion et adoption par consentement du nom du groupe (encore une semaine de réflexion), mise en place d'un agenda citoyen du Var, j'ai fait une proposition d'assemblée des assemblées du Var, un peu comme à Commercy ou à Saint-Nazaire, discussion sur les violences de l'acte XVIII (lire ce que j'en dis ci-dessous), discussion avec un GJ blessé au genou gauche par LBD, flashball, à Toulon le 5 janvier 2019, depuis, il boîte, genou très esquinté et ce n'est pas un violent mais au mauvais endroit

disons-le honnêtement, c'est 100 fois mieux qu'une soirée devant la télé, même à regarder un film, on rencontre des gens passionnés et passionnants

écrit dans mon journal de méditation : à travers le mouvement des GJ, je vis une expérience riche (des Je, des Nous, des batailles d'egos, des consensus pas mous, des consentements convaincus, responsables); ne pas juger ce qui se passe, mettre des mots justes sur ce qui se passe (des mots justes => moins de violence dans le monde, dixit Camus), choisir mon camp (celui d'en bas) sans attentes excessives, sans attentes même (gagner ou perdre, gagner et perdre), sans jouissance particulière provoquée par la violence bien organisée des black blocks ou sans colère même légère devant la violence policière de gars qui ont à découvrir la désobéissance individuelle et collective; cela me permet de rester serein, actif, de façon positive; pas d'agitation, de frénésie militante; je vais là où il me semble devoir aller (3 assemblées en 3 jours), laissant place aux hasards (la rencontre de Catherine, la maman de Nathalie qui fut de l'épopée de feu Cyril, ça remonte à 30 ans au moins), faisant place aux nécessités (de l'amitié, pendant 3 jours la semaine prochaine pour les 97 ans de mon ami le philosophe Marcel Conche); le mouvement avec ses deux faces, en haut, en bas, donnera ce qu'il donnera, ce qu'il peut donner donc JC ne te charge pas les épaules du poids de sauver le monde, les hommes, la planète; fais et partage (jusqu'à 300 destinataires) sans attendre de retour (il n'y en a jamais, et je n'en réclame pas et ce n'est pas pisser dans le désert et même si ça l'était, des petits êtres savent en faire usages autres)

je signale de remarquables courts documentaires sur la page FB Spicee, sur le revenu universel de base, sur le jugement majoritaire pour se débarrasser du vote par défaut, sur comment s'armer intellectuellement ...

https://www.facebook.com/pg/spiceemedia/videos/

et sur la gouvernance partagée avec le MOOC des Colibris

Fouquet's ou Guinguet's ?
Fouquet's ou Guinguet's ?
Fouquet's ou Guinguet's ?

Fouquet's ou Guinguet's ?

jeudi 21 mars, j'ai participé à une assemblée citoyenne GJ et j'ai entendu le témoignage d'un GJ de Toulon qui a été toute la journée de samedi aux Champs-Elysées à Paris pour l'acte XVIII, témoignage important que je lui ai conseillé d'écrire pour diffusion et discussion, en particulier sur les black blocks, les pillages et les violences; on perd le regard que les médias veulent nous fabriquer; de ce qui s'est passé (cassage, pillage de boutiques de luxe, incendie "bizarre" du Fouquet's, pas de victimes), chaque camp pense à s'en servir et ça sert chaque camp; c'est le rapport de forces à venir qui dira à qui ça profitera; évitons les explications, analyses, suspicions, jugements désapprobateurs ou approbateurs (ça ne change rien à ce qui s'est passé); ce qui a eu lieu a eu lieu, ça constitue un tournant, en haut, ils "durcissent", s'enferment encore plus dans leur logique jusqu'au-boutiste; en bas, on verra les réponses qui vont s'inventer; et ce qui vient (acte XIX et suite) sera un autre tournant; vont se poser de plus en plus des questions de désobéissance au sein des forces de l'ordre et de l'armée (il y a les suicides, les arrêts-maladie, les je regarde ailleurs; d'individuels, ces gestes vont devenir collectifs, il va y avoir scission, division: pas bon du tout pour le pouvoir; quant à l'armée, elle a un compte à régler avec Macron, sauf la marine); donnons-nous le nombre, le temps, la détermination (le témoignage était à cet égard éloquent, la détermination des GJ et des black blocks, ça change de ceux qui soutiennent de loin ou qui vilipendent de loin), la colère froide, la colère chaude, la ruse... selon l'art de la guerre de Sun Tzu; c'est ce rapport asymétrique qui décidera de qui sera le plus fort car c'est de ça qu'il s'agit aujourd'hui; ce ne sont pas les GJ et ceux qui les rallient qui vont reculer; en haut, ils sont allés trop loin déjà et l'acte XVIII fut une réponse de radicalisation, il n'y aura pas de marche arrière, seulement peut-être un peu de répit si un carnaval vient se mêler à ce méli-mélo; il y aura donc un perdant, à quel acte ?

dernière réplique du texte C'est le temps du jaune cacatov de É Say Salé

  • Nous GJ du rond-point de Bandol, nous disons que notre combat c'est un CDI, un combat à durée indéterminée, asymétrique et, dans l'asymétrie, c’est souvent celui d'en bas qui gagne (Indochine puis Viet-Nam, Algérie…), pas toujours, donc pas de triomphalisme. La réelle révolution l'attend au rond des ronds-points, c'est le temps du jaune, la couleur qui met en lumière la misère, la couleur cacatov qui obscurcit la visière des robots, la majes-tueuse entrée vitrée du tueur d'abeilles Monsanto, la couleur des cocus, des traîtres et des vendus.

    Nous, cocus de la république, nous, traîtres à la patrie qui nous asservit, nous, vendus au libertarisme, au communalisme, nous voulons le RICARD de couleur jaune en toutes matières (Référendum d'Initiative Citoyenne, Apolitique, Républicain et Démocratique).

    À cette nuit, compagnes et compagnons dans la cabane à l'enseigne Le Fouquet's/La Guinguet's. Le pastaga, le pastis sera gratis.

 

É Say Salé, Ouagadougou,

17 novembre 2018-19 mars 2019

texte à paraître dans le livre ronds-points inaugurant la nouvelle maison d'édition La Petite barque à Gardanne.

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Chantier constituant/19 mars/19 H/Maison des Comoni

15 Mars 2019 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #J.C.G., #agora, #agoras, #écriture- lecture, #pour toujours

la Maison des Comoni (des comme au nid); citation de Thomas Jefferson
la Maison des Comoni (des comme au nid); citation de Thomas Jefferson
la Maison des Comoni (des comme au nid); citation de Thomas Jefferson

la Maison des Comoni (des comme au nid); citation de Thomas Jefferson

 2 intervention de Marilyne au théatre liberté (5mn)
après les questions auxquelles elle répond
(éclairage des vote et lieux de citoyenneté)
 
 
interventions de Norbert au théatre Liberté
 
intervention de Jean-Claude au théatre Liberté
 
intervention de Klyde au théatre Liberté

après l'agora 2019 au Zénith Oméga du 18 janvier, 1300 participants avec en particulier Etienne Chouard

après l'assemblée citoyenne au Royal du 20 janvier pour tenter de fédérer les différents groupes de GJ, 100 participants

après les deux débats culture et citoyenneté, 

le 17 février au Théâtre Liberté, 150
et le 25 février à Châteauvallon, 60
dont on peut espérer qu’ils se poursuivront 
en tenant compte des propositions qui ont pu être faites de plus d’horizontalité, de plus de participation citoyenne aux décisions (festival des possibles, école du gai savoir)
après "le grand débat national" organisé par une députée LREM avec un ministre LREM au Palais Neptune, 250 participants le 11 mars

 

le mardi 19 mars à 19 H  les citoyens et GJ intéressés par leur pouvoir constituant disposeront de la Maison des Comoni au Revest pour un chantier constituant

 

la jauge est de 200
on sera efficace si on est entre 80 et 100
venez avec vos cahiers, stylos, propositions, réflexions
vous pouvez utiliser ou pas le cadre du one man show national
4 axes 
la transition écologique, 
la fiscalité et les dépenses publiques, 
la démocratie et la citoyenneté, 
l’organisation de l’état et des services publics
vous pouvez aussi prendre le petit livre rouge à 4 € de la constitution et voir ce qu’il faut abroger, supprimer, modifier …
vous pouvez aussi être constituant comme en Irlande, en Suisse ...
 
c’est un chantier ouvert aux GJ et aux citoyens, revestois en particulier, mais pas seulement
chacun y vient en son nom propre
 
nous ne nous sommes pas souciés du calendrier du one man show national car le débat est ailleurs, à l’initiative des gens et des GJ
d’autant que pas mal de gens ont fait l’expérience de la non-prise en compte sur le site national de leurs doléances
et que nous avons déjà été averti que ce débat ne changerait rien au cap au pire décidé par le méprisant (privatisations à tout va, braderie des acquis du CNR…)
le cap au pire est au pouvoir
le cap du changement est dans la rue, sur les ronds-points et partout où ça grenouille, cogite, discute, fait lien 
combat à durée indéterminée, asymétrique 
et dans l'asymétrie, c’est souvent celui d'en bas qui gagne (Indochine puis Viet-Nam, Algérie…), pas toujours 
donc pas de triomphalisme
 
une réunion préparatoire (pas du style politburo qui chapeaute, donc ouverte à qui est intéressé) aura lieu samedi 16 mars à 17 H au bar Le Terminus à la gare 
après la manif sur le climat
qui est peut-être le moment clef d’une forme de convergence nationale et mondiale
 
il y a des ateliers qui ont déjà travaillé, sur le RIC notamment (Référendum d'initiative citoyenne à 4 fonctions, constituante, législative, abrogatoire, révocatoire)
7 séances de travail de l’atelier de la maison de la méditerranée, 
lisibles sur la page FB gilets jaunes permanence toulon
ainsi que la synthèse des cahiers de doléances des citoyens de Toulon, renvoyés à la maison de la méditerranée par la municipalité
le but sera de partager les travaux des uns et des autres
(en vue d’une synthèse ?)
et de travailler à la votation du 14 juillet à l’initiative des citoyens  proposée sur FB par le groupe fermé dont on peut devenir membre
Action RIC national pour le 14 juillet 2019
le  dossier Action RIC en PDF est téléchargeable sur la page FB du groupe

on peut aussi trouver matière sur la page pour faire émerger un Mouvement révolutionnaire général

https://www.facebook.com/groups/1475089759293969

ou sur la page RIC PACA

https://www.facebook.com/groups/220992852135820

ou sur la page coordination nationale gilets jaunes arts et cultures

https://www.facebook.com/groups/366776560784820/

et pour savoir de quoi on parle ce montage à partir de différentes interventions d'Etienne Chouard

https://www.facebook.com/100009945343886/videos/827965017545002/

et pour donner envie de légiférer, ce fait divers racontée par une FEMEN, vécu le 14 mars à Toulouse

déjà 31 femmes tuées par violences conjugales depuis le début de l'année

C’EST « MA » FEMME ! 

Il est tôt. Dans le métro direction "Balma Gramont". 
Je consulte, à moitié endormie, mes notifications, quand un couple s’installe en face de moi. 
Dès le premier arrêt, la jeune femme se lève déterminée à sortir. L’homme l’arrête, guoguenard, et la rassoit. 
Devant mon regard étonné, il s’excuse d’un large sourire. 
Deux arrêts plus tard, la femme tente à nouveau de partir. Il lui barre le passage de tout son corps, et la pousse à se rassoir. 
Aussitôt, il m’adresse un éclat de rire et me fait un clin d’œil complice. 

Mon « Ça t’amuse ? » le cloue sur place ! 
Son air amusé se mue en un masque terrifiant. 
Je continue : 
-"Tu fais quoi là, tu la lâches et tu laisse la partir !"
Furieux, il saisit la femme par le cou brusquement. Elle pousse un cri de douleur. Et il la maintient contre lui, soumise et à sa merci. Elle a du mal à respirer. Elle est tétanisée.
Je m’emporte, lui hurle de la laisser tranquille. Il est tellement sidéré qu’il la relâche et me répond comme si cette phrase allait tout excuser et tout justifier : 
-"C’est ma femme !"

Impassible, je lui réponds qu’elle est la femme de personne et qu’elle ne s’appartient qu’à elle-même. Il bat en retraite. 

Je m’adresse alors à la jeune femme: 
- Madame, cet homme est violent, voulez vous que j’appelle la police ? Elle secoue la tête. 

- "Madame, regardez moi ! Est ce que vous avez peur ?"
Elle balbutie un oui étouffé dans un mauvais français. 

- "Madame, je peux vous aider, venez avec moi."
Elle me regarde avec des yeux désespérés. 
Je suis bouleversée. Elle me souffle, appeurée : "impossible".

Son conjoint se met à m’insulter. 
- "Appelle la police si tu veux ! T'es qui pour me parler comme ça. Elle est à moi." Je lui tiens tête. Je suis furieuse. Tout le wagon me regarde.
Puis arrive le terminus, il saisit sa femme par le cou et sort, dominant. 
Au passage des barrières, il salue l’agent de sécurité du métro d’un signe de la tête. 

Mon sang ne fait qu’un tour, j’interpelle l’agent Tisséo ! 
- "Monsieur, vous connaissez cet homme, donnez moi son nom. il est violent !"
L’agent marmonne que c'est un habitué. 
Je lui explique tout. 
-"Si vous le connaissez c'est qu'il travaille dans vos services ! "
Il nie en me répondant qu’il n’est pas flic, mais qu’agent. Qu’il ne peut rien faire ! 

-« Alors à quoi servez-vous ds ce cas ? Vous êtes là pour faire la sécurité ou pour saluer les agresseurs ? »

Il hausse les épaules. 
Une colère sourde va m’habiter toute la journée. Mais je vous jure que le regard de cette femme, à jamais...

Sophia Antoine,

ce texte paraîtra dans le livre barricade, le livre ronds-points concocté par la petite barque, jeune maison d'édition de Gardanne

pièce créée au Revest en 2003 à la Maison des Comoni, deux soeurs victimes d'inceste, l'une ne veut rien entreprendre contre le beau-père, l'autre finit par se rendre à la police, la mère "découvre", le beau-père les déclare consentantes

pièce créée au Revest en 2003 à la Maison des Comoni, deux soeurs victimes d'inceste, l'une ne veut rien entreprendre contre le beau-père, l'autre finit par se rendre à la police, la mère "découvre", le beau-père les déclare consentantes

sans oublier les morts de la rue,

déjà 77 pour 2019, 566 pour 2018

HOMMAGE AUX MORTS DE LA RUE 
2 AVRIL 2019. JARDIN VILLEMIN

11H30 A 14H30 
RASSEMBLEMENT A 13H
 

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GJ en atelier théâtre/atelier théâtre avec GJ

26 Janvier 2019 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #J.C.G., #agora, #agoras, #cahiers de l'égaré, #pour toujours, #spectacle, #écriture- lecture, #Gilets Jaunes, #théâtre, #assaisonneur

pour un vol de voix sur la culture et l'art mettant en jeu les silencieux sous regard médusant
pour un vol de voix sur la culture et l'art mettant en jeu les silencieux sous regard médusant
pour un vol de voix sur la culture et l'art mettant en jeu les silencieux sous regard médusant
pour un vol de voix sur la culture et l'art mettant en jeu les silencieux sous regard médusant
pour un vol de voix sur la culture et l'art mettant en jeu les silencieux sous regard médusant

pour un vol de voix sur la culture et l'art mettant en jeu les silencieux sous regard médusant

« Il y eut un temps où les textes qu'aujourd'hui nous appellerions «littéraires» (récits, contes, épopées, tragédies, comédies) étaient reçus, mis en circulation sans que soit posée la question de leur auteur; leur anonymat de faisait pas de difficulté. » 
Michel Foucault

Contre l'appropriation du logos par la pensée propriétaire de la personne et de l'auteur :

« C'est pourquoi il faut s'attacher au commun. Car le commun unit. Mais lors que le logos est commun aux êtres vivants, la plupart s’approprient leur pensée comme une chose personnelle. »
Héraclite, traduit par Simone Weil, La source grecque, Paris, Gallimard, 1953.

voici un dialogue rendu possible par vol de voix sur FB;

merci aux trois jouteurs jaculatoires : Jean-Marc Adolphe, Salvatore Spada et Tristan Laouen auxquels j'ai volé leurs phrases sans demander d'autorisation ni payer de droits d'auteur, l'assaisonneur

Jean-Marc Adolphe

- La pièce est passionnante, c’est une grande improvisation collective, elle s’écrit au fur et à mesure des jours qui passent, dans le cours des choses.
Aujourd’hui , samedi 26 janvier 2019, c’est l’acte 11. 
Quelques temps forts, ici ou là, ici et là. Une nouvelle revendication est apparue dans les cahiers des doléances du mouvement des Gilets jaunes : meilleure répartition des richesses en général et du don d’ubiquité en particulier.
Le Cours des choses s’invitera ainsi, ce samedi 26 janvier : 
- Au Centre National de la danse, à Pantin, à partir de 14 h : perturbation climatique de l’ « occupation artistique » programmée tout au long de ce week-end en ce noble « établissement public industriel et commercial ».
- Au Théâtre Liberté, à Toulon à 18 h, manifestation non autorisée dans le hall du théâtre, joute oratoire sur le sujet suivant : « La culture est-elle une exception ? »
Ces deux événements sauvages donnent le signal de départ d’un vaste mouvement d’occupation des théâtres, centres d’art, etc., à compter du lundi 28 janvier. Mode d’emploi : armez-vous, de patience, de conviction et de détermination ; invitez-vous par petits groupes de 3 minimum, dans les espaces publics des espaces publics à notre portée ; faites agora sur tous les sujets sensibles ; convoquez presse locale et réseaux sociaux. Faisons table d’hôtes et arbre à palabres, instaurons le débat à hauteur de voix, et décrétons que chaque voix compte. 
Le Cours des choses sera en outre, tout au long de ce week-end, à Commercy, dans la Meuse pour l’assemblée des assemblées, pour préparer le Jour J des situations que nous n’avons pas anticipé ; et ce jour à partir de 17 h, à Paris, Place de la République, pour la première Nuit jaune.

La section zapatiste du nord Gâtinais, les forces insurgées des Cévennes maquisardes, le Front de libération des arbres fruitiers, le conseil d’admirations du festival des humanités, l’assemblée générale des pingouins de Wallis et Futuna alliés aux zoulous de toutes les banlieues du monde, l’armée librement consentie de la résistance donquichottesque, le Parti poétique des outremers en archipel, la confrérie des danseurs de Saint-Guy, l’alliance oblique des chtis d’Alsace-Lorraine, des basques d’Occitanie, des Antillais de Moscou-sur-Hudson, les vigies de la clairière du grand n’importe quoi, le comité de jumelage entre les communes de Pasolini et Jankélévitch, la délégation interministérielle au nomadisme gitan, le cercle des poètes qui apparaissent, l’Organisation des Nations Désunies, le mouvement des coquelicots bleus, la confédération internationale pour la résurgence des lucioles, les instances dirigées de l’atelier Refaire le monde, le gouvernement en exil de l’organisation secrètement libertaire Hop, là, boum, se joignent d’ores et déjà au Cours des choses, pour écrire collectivement le chant constituant de ce qui nous constitue. 
 Ce qui nous rassemble est plus important que ce qui nous divise. Faisons immense débat jusqu’à renverser la table verte des négociations qui ne mènent à rien et dresser le couvert des agapes qui nous attendent, 
La présidence par intérim du Cours des choses, en tournée du gouvernement en exil de toutes les évidences passées, constitué de 7 sages et de sagesses, avec juste un zeste de folie, se réunit en conclave tout le week-end, dans la plaine de la Mitidja, en pays berbère, histoire de commencer à dresser l’Atlas des désirs en attente de réalisation.
Bonne journée à toutes et tous. Faisons place nette à la révolution qui vient.

 

 

 
 

Salvatore Spada

 

- Acte I acte II acte III acte IV acte V acte VI acte VII acte VIII acte IX acte X acte XI > notre théâtre s'écrit ailleurs > le confortable fauteuil pour bien dormir dans la salle de théâtre est resté vide de sa représentation bourgeoise au petit scandale à succès. Le théâtre de la représentation aura été court circuité > l'atelier de théâtre n'a plus besoin de son public numéroté, l'atelier de théâtre se fait sans public ajouté ? L'atelier de théâtre a déserté les salles de théâtres ? Vas-tu au théâtre ? Non je fais atelier de théâtre. L atelier de théâtre rencontre sa sortie de la société du spectacle?

On ne fait pas du théâtre sans oser court-circuiter son propre dispositif de pouvoir. Notre art sera alors art du court-circuit sans public ajouté. Vidons les confortables fauteuils de théâtre et osons l'atelier > non plus finalisé à la scène bourgeoise avec public ajouté > l'écriture passe ailleurs. C'est le fait même que l'écriture de théâtre passe ailleurs que dans les salles de théâtre que notre atelier de théâtre vide les salles de théâtre de son dispositif de pouvoir.

 

Tristan Laouen

 

- Et si le silence, relatif ou assourdisssant selon, du milieu artistique et culturel face au mouvement des gilets jaunes avait son explication dans le fait que l’art et la culture sont devenues en France depuis 30 à 40 ans de nouvelles formes de gouvernementalité des populations qui rêvent de publics spectateurs et consommateurs et ne sont jamais autant satisfaites que quand elles parviennent à faire assoir des publics pour leur servir la soupe ?

 

La politique et la consommation culturelles ont pour objectif de former et d’encadrer le peuple et sa volonté générale, qui manquent tous deux, pour leur substituer des publics assis et spectateurs, gouvernés par leurs opinions.
Les publics assis et spectateurs existent partout là où le peuple se gouverne par la toxicomanie de la doxa et l’immobilisme inoffensif de la consommation culturelle.
Les publics assis et spectateurs applaudissent au spectacle du monde tel qu’il va, comme les ânes vont aux urnes, les moutons au supermarché, les fourmis au travail, les sourds aux scènes de musiques actuelles et les philosophes à l’université.

 

Sarkhosny inaugurait jeudi 13 octobre 2011, le centre Pompidou mobile à Chaumont sur Marne, deux jours avant le 15 octobre 2011, date annoncée de la révolution mondiale . Devant des toiles de Klein, de Picasso, de Matisse, il a déclaré, avant de railler les propositions d’augmentation du budget de la culture de T’art’inn Aubry : « La culture est la réponse à la crise. Quand il y a crise, drame, aller au musée, au spectacle vivant, c’est la solution ». Reprise présidentielle du « supplément d’âme » de Bergson, malgré les dénégations, surajouté à la catharsis d’Aristote quand ce n’est pas plus trivialement le « panem et circenses » de Juvénal et des césars de la Rome antique.
Sarkhosny réaffirme aujourd’hui la politique culturelle comme nouvelle forme de gouvernementalité (Foucault) des sociétés de contrôle (Deleuze). Certes, Sarkhosny fait figure d’amateur en comparaison de l’orfèvre que fut Jack Langue. Mais ce qui s’installe, à droite comme à gauche, par delà les sociétés disciplinaires d’autrefois, c’est la culture comme substitut à la politique tout court, un énorme outil de dépolitisation se parant des vertus de l’émancipation intellectuelle. Car la démocratie du tout culturel nous plonge tous les jours dans un bain ludique et anesthésiant qui prend le relai de la propagande informationnelle. Celui du présent perpétuel de biens culturels à disposition qui nous donne l’illusion de savoir et de choisir, qui fait de nous des humains cultivés, repus, satisfaits et bientôt pétrifiés … Les publics harcelés par la nouvelle armée des « médiateurs culturels » sont partout conviés à se mettre en rang dans les queues des musées, à payer pour s’assoir au spectacle avant qu’on leur serve la soupe. Et le théâtre, le centre d’art contemporain, la scène de musiques actuelles, le cirque politique et médiatique et les écrans, fusionnent dans un parc de loisirs étendu désormais aux dimensions du monde.
Nausée soudain. L’art peut-il quelque chose au visage de méduse de la culture ?

 

« Plus l'homme cultive les arts, moins il bande.
Il se fait un divorce de plus en plus sensible entre l'esprit et la brute.
La brute seule bande bien, et la fouterie est le lyrisme du peuple. »
Charles Baudelaire, Mon coeur mis à nu.

Gilets jaunes - La belle et la bête (#Apprivoiser)

GILET JAUNE·DIMANCHE 20 JANVIER 2019

Candide : Qui est cette nageuse qui défie ce grand requin blanc?

Marianne : Ocean Ramsey, une biologiste marin.[1]

Candide : La réalité dépasse parfois la fiction.

Marianne : A vrai dire, elle la dépasse toujours. Car il se trouve toujours des hommes et des femmes pour faire dévier le “réel” de sa trajectoire et ringardiser en quelque sorte la fiction que l’on tenait jusqu’alors pour la réalité. C’est vrai en sciences mais c’est vrai aussi s’agissant de nos trajectoires existentielles.

Candide : De quelle fiction parles-tu?

Marianne : De celle que nous projetons sur l’écran de notre pensée réfléchissante. Rappelle-toi, le monde est un vaste miroir dans lequel nous nous mirons. Soit nous admettons que l’image qu’il nous tend est la conséquence de notre façon de l’envisager, et décidons de réformer notre entendement pour changer l’ordre des choses ; soit nous brisons le miroir et nous perdons toute chance de nous amender et par la même de transformer le monde... En l’espèce, cette jeune nageuse que nous voyons sur la photo a décidé de changer l’ordre des choses, celui qui tend à réduire le requin à sa réputation de mangeur d’hommes. Spinoza a fait la même chose, mais avec l’homme.

Candide : Que veux-tu dire?

Marianne : Que Spinoza s’oppose explicitement à Hobbes selon lequel l’homme, dans l’état de nature, est un loup pour l’homme, autrement dit un prédateur, et qu’il faut en conséquence “accorder au Léviathan, à l’Etat sécuritaire, tous les moyens nécessaires pour le dompter.”[2]. Spinoza n’est pas un bisounours. Il sait que l’homme est envieux par nature et que « si nous imaginons que quelqu’un prend de la joie à un objet qu’un seul peut posséder, nous nous efforcerons d’obtenir qu’il n’en ait plus la possession[3] » Mais contrairement à Hobbes, Spinoza pense qu’il est dans la nature de l’homme de s’amender et de transformer les passions mauvaises en vertus. Mieux : pour Spinoza, c’est l’Amour qui est cause de tout. C’est parce que “ tous veulent être loués ou aimés par tous [qu’]ils se tiennent tous réciproquement en haine. »[4] Comprendre nos affects, apprivoiser notre véritable nature, c’est se donner la possibilité de transformer la haine en amour, la peur en courage, l’avarice en générosité, etc. et de faire que l’homme devienne “un dieu pour l’homme”! [5] Mais pour cela, il faut s’apprivoiser. Apprivoiser sa nature véritable et apprivoiser l’autre, l’altérité, qui souvent nous apparaît de prime abord comme une menace.

C’est ce qu’a fait Ocean Ramsey. Elle a apprivoisé sa peur et le requin, refusant de réduire ce dernier à son statut de prédateur :

Si le pouvoir était mû par des sentiments aussi honorables que ceux de cette biologiste marin, il chercherait à apprivoiser sa peur et le mouvement des Gilets jaunes.

Candide : De quoi le pouvoir peut-il bien avoir peur?

Marianne : Ne sous estime pas la peur des élites. Leur peur est d’autant plus grande qu’ils ont beaucoup à perdre, leurs privilèges mais aussi et surtout la haute estime qu’ils ont d’eux-mêmes. Apprivoiser les Gilets jaunes, ce serait comme admettre que leur parole est légitime. Or pour les élites, toutes les paroles ne se valent pas. Elles incarnent, du moins le pensent-elles, la voix de la raison tandis que le peuple exprimerait celle des passions.

Candide : Et ce n’est pas le cas?

Marianne : S’il en était ainsi, elles feraient en sorte de ne pas exacerber les passions mauvaises parmi les gens du peuple. Or que cherche le Président en désignant les Gilets jaunes de “foule haineuse” et en les qualifiant d’homophobes, de racistes, d’antisémites, de séditieux , si ce n’est à faire du mouvement une menace et à nourrir dans l’opinion un sentiment de Haine et d’Angoisse ? Ce n’est pas pour rien que les hommes de pouvoir, et les médias qui les soutiennent, jouent sur la peur. Ayons à l’esprit que le JT de TF1 ouvre depuis de très nombreuses années sur une musique angoissante, tirée du film Les dents de la mer :

Candide : Quel est leur but?

Marianne : Provoquer la sidération et donc le sentiment d’impuissance et la soumission. La sidération, c’est lorsque « le désir d’éviter [un] mal futur est réprimé par la peur d’un autre mal, de sorte qu’on ne sache plus celui qu’on préfère, […] notamment lorsque les deux maux que l’on craint sont parmi les plus grands »[6] En l’espèce, il s’agit de réprimer par l’escalade de la violence le désir des Gilets jaunes d’échapper au destin que leur préparent les élites, dont ils pensent qu’il est sans avenir, à tort ou à raison.

Candide : Que peuvent faire les Gilets jaunes pour ne pas tomber dans ce piège?

Marianne : Apprivoiser leurs propres peurs et apprivoiser ceux qui leur sont hostiles.

Candide : Comment fait-on?

Marianne : Le renard de Saint-Exupéry nous aide à y voir clair : apprivoiser, « ça signifie “créer des liens” », dit-il au petit prince.

Candide : Créer des liens?

Marianne : Oui, comme la Belle et la Bête. Au début, la Bête est repoussante. Mais peu à peu, la Belle apprend à vivre avec la Bête, et même à l’apprécier. Sa peur se dissipe à mesure que leur relation devient plus harmonieuse. Ils finissent par se compléter et avoir besoin l’un de l’autre. Jusqu’à l’épisode final où, surmontant ses dernières réticences, la Belle embrasse la Bête, métamorphosant celle-ci en Prince, qu’il n’avait jamais cessé d’être.

Candide : Qu’il n’avait jamais cessé d’être?

Marianne : Oui, comme le requin n’a jamais cessé d’être du Prince. Mais c’est nous qui l’habillons de l’habit du prédateur. A ce titre, il est dangereux. Mais il est une autre façon de le voir et de se comporter avec lui. Alors le requin, respecté dans sa dimension princière, n’est plus du tout le même. Comme le dit le petit prince à l’aviateur : “On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.”

Bien sûr, il reste très dangereux pour qui ne l’a pas apprivoisé, autrement dit pour qui n’a pas appris à le connaître. Comme le dit très justement Ocean Ramsey, faisant sienne une phrase de l’environnementaliste Baba Dioum : « les gens ne protègent que ce qu’ils aiment et ils n’aiment que ce qu’ils comprennent.» Voilà qui fait singulièrement écho à la doctrine de Spinoza pour qui l’Amour coïncide avec la Connaissance. Et c’est pourquoi le conseil d’Océan (!) au titan révolté Prométhée résonne encore avec tant de force à nos oreilles : “Connais-toi toi-même, et, t’adaptant aux faits, prends des façons nouvelles.”

Mettre fin à la domination et à la prédation excessive des hommes, cela passe par nous apprivoiser les uns les autres. Cela suppose des lieux où il est possible de se côtoyer sans décliner son identité, sans qu’il soit besoin de dire qui on est, pourquoi on est là, sans avoir à se justifier. C’est ce que font les Gilets jaunes sur les ronds-points. Des liens se créent. Sur quoi déboucheront-ils? Sur quelque chose de peut-être totalement inédit.

(A suivre...)

Notes :

[1] http://oceanramsey.com/

Voir aussi : https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/01/18/des-plongeurs-nagent-avec-un-requin-blanc-de-six-metres-de-long-au-large-d-hawai_5411000_3244.html

[2] https://mailchi.mp/timetophilo/lhomme-peut-il-tre-un-dieu-pour-lhomme

[3] Prop.32, Partie III, Ethique [4] Scolie, proposition 31, partie III, Ethique [5] Scolie, proposition 35, partie IV [6] Scolie, proposition 39, partie III, Ethique

 

" MACRON DANS SON BUNKER , Le JDD du 27 janvier 2019
par Gilles Revault d'Allonnes

EXCLUSIF - Du saccage de l’Arc de Triomphe, le 1er décembre, à l’allocution télévisée d'Emmanuel Macron, le 10, comment l’Elysée a vécu une crise sans précédent.

Sous la Ve République, c'est une première. Vendredi 7 décembre, les collaborateurs qui seront de permanence le lendemain visitent un secteur du palais de l'Élysée qui leur est d'ordinaire interdit. Brigitte Macron s'est jointe à eux. À la veille de l'acte IV du mouvement des Gilets jaunes, le petit cortège, guidé par des hommes du service de sécurité, accède au fameux PC Jupiter, le bunker ultrasecret réservé au Président et à son état-major en cas d'attaque thermonucléaire. "On nous a expliqué qu'en cas d'alerte c'est là qu'il faudrait peut-être se réfugier", indique un témoin.

Le samedi précédent, des manifestants ont déferlé sur les avenues qui mènent à la place de l'Étoile et pris d'assaut l'Arc de Triomphe. Saccages, flammes, charges violentes contre les CRS. Certains ont lancé des appels à marcher sur l'Élysée. Les plans des égouts du quartier circulent sur les réseaux sociaux, un vent d'insurrection souffle sur la capitale. Même les gendarmes du commandement militaire de la présidence n'en mènent pas large. Et si, la prochaine fois, les émeutiers réussissaient à forcer la porte?

On s'est vraiment cru à la veille du 10 août 1792

"Ce jour-là, on s'est vraiment cru à la veille du 10 août 1792", poursuit le même collaborateur, en référence à la prise des Tuileries, tournant de la Révolution qui précipita la chute de la monarchie. Dans les ministères, l'atmosphère est tout aussi pesante. "On m'a demandé d'enlever de mon bureau tous les documents confidentiels et d'emporter mon ordinateur, au cas où, raconte un conseiller. Ça en dit long sur le climat du moment."

Un "Crève !" dont il parlera longtemps
Au moment de l'attaque contre l'Arc de Triomphe, Emmanuel Macron était à Buenos Aires pour le G20. Dès sa descente d'avion et sans même faire un crochet par l'Élysée, le dimanche 2 décembre, il s'est rendu dans le quartier dévasté des Champs-Élysées. Il y a essuyé des sifflets. Le mardi soir, il est parti pour Le Puy-en-Velay, où la préfecture de la Loire venait d'être incendiée par des Gilets jaunes. L'étape a tourné au cauchemar. Un enragé s'est jeté sous les roues de sa voiture pour bloquer le passage, puis des agents préfectoraux, que des casseurs avaient menacé de "griller comme des poulets", sont tombés dans ses bras, en pleurs.

À la caserne de gendarmerie, le chef de l'État doit sortir par l'arrière afin d'éviter les Gilets jaunes regroupés devant le bâtiment. Scène stupéfiante : le Falcon présidentiel doit même décoller en urgence parce que des manifestants s'approchent de l'aérodrome ; il devra redescendre peu après pour embarquer précipitamment le chef de l'État et son staff. Et puis il y a les huées, les injures lancées sur le passage de son véhicule, et ce mot terrible quand il a baissé la vitre de sa portière : "Crève !" Choqué, il en parlera à tous ses proches les jours suivants.

Les gens sont arrivés à un degré de haine qui interpelle

"Les gens sont arrivés à un degré de haine qui interpelle", s'inquiète-t-il. Un de ses familiers résume : "Macron n'était jamais allé sur un rond-point. Là, il a vu des gens déchaînés face à lui, c'était la première fois." Un autre ajoute : "Ce jour-là, il a découvert la vraie haine des irréductibles." Le Président tombe de haut. Sibeth Ndiaye, sa conseillère pour les relations avec la presse, confie le soir même aux macronistes de la première heure avec qui elle dîne : "On vient de vivre un niveau de violence hallucinant."

Brigitte Macron, la plus choquée
La plus bouleversée, c'est Brigitte Macron. Elle ne comprend pas que l'image de son mari soit à ce point dégradée sur les ronds-points occupés, sur les banderoles, dans les slogans. Aux critiques haineuses portées contre lui, elle répond : "Ce n'est pas lui!" Mais elle semble d'autant plus désorientée qu'elle aussi est la cible de propos outrageants. Ce qui renforce le désarroi du Président. "Il est très touché pour Brigitte, comme Pompidou l'avait été pendant l'affaire Markovic", décrit un proche (en allusion au scandale de 1968 dans lequel les calomnies couraient sur la vie privée de l'épouse du Premier ministre). "Elle vivait un truc inattendu, ajoute ce témoin, disproportionné et d'une violence inouïe…"

Il est très touché pour Brigitte, comme Pompidou l'avait été pendant l'affaire Markovic

Pourquoi tant de haine? La question est posée, en réunion de cabinet, cette semaine-là, par un conseiller : "Connaissant le Président, sa qualité humaine, son empathie, sa chaleur, comment se fait-il que beaucoup de Français ne le supportent plus?" Le secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler, a opiné : "Tu as tout à fait raison !" Mais personne n'a donné la réponse. Encore moins une solution pour y remédier. Hormis, peut-être, la nécessité pour Macron de faire momentanément profil bas. L'intéressé a reçu le message : si c'est sa personne qui déclenche la rage, mieux vaut disparaître des écrans, au moins quelques jours. Rester caché.

Deux semaines plus tard, il renoncera d'ailleurs à aller se recueillir le 8 janvier sur la tombe de Mitterrand à Jarnac, en Charente, comme il l'avait envisagé, à l'occasion du 23e anniversaire de sa mort. Un simulacre de procès tenu par des Gilets jaunes à Angoulême suivi de la décapitation à la hache d'un mannequin à son effigie l'en dissuadera. En ce début décembre, les ministres, eux aussi, annulent pour raisons de sécurité des déplacements prévus en province. Avec le mutisme présidentiel, l'exécutif semble tétanisé. Un ministre en témoigne : "Il y avait une grande paralysie parce que tout le monde attendait l'oracle. On attendait que le Président nous dise ce qu'il fallait penser…"

Quand Le président ne sait pas quoi dire
Mais Macron ne parle pas. En fait, il ne sait pas quoi dire. Le 15 novembre, juste avant l'éclosion du mouvement des Gilets jaunes, il a parlé sur TF1, en direct du porte-avions Charles-de-Gaulle. Son aveu d'impuissance – "Je n'ai pas réussi à réconcilier les Français avec leurs gouvernants" – a fait un flop. Qu'ajouter, maintenant que ce divorce s'est changé en fureur? Des ministres sont sortis troublés d'une réunion à l'Élysée ; deux racontent avoir vu le chef de l'État "livide, agité, parlant à toute vitesse en faisant des gestes brusques, on ne l'avait jamais vu comme ça".

Pour la première fois, il a eu l'air dépassé par les événements

Soudain, le superprésident paraît fragile, amoindri. Un de ces ministres ajoute : "Avant, il avait toujours réponse à tout ; cette fois, il cherchait mais il ne trouvait pas, il hésitait. Pour la première fois, il a eu l'air dépassé par les événements." Un de ses amis s'en émeut : "Il a maigri. Quand tu le touches, il n'y a plus rien…" Le président du Sénat, Gérard Larcher, qui s'entretient plusieurs fois avec lui, au téléphone ou de visu, durant cette période, confie à son entourage l'avoir trouvé fatigué et fébrile. À la fin d'un de leurs tête-à-tête, Macron l'a surpris en lui agrippant le bras et en lui soufflant : "Vous ne me lâchez pas, hein?"

L'exécutif au bord de la crise de nerfs
Édouard Philippe et Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur, sont envoyés au front. Objectif : montrer que la priorité du pouvoir est de rétablir l'ordre face aux fauteurs de troubles. "On pense qu'on peut casser le mouvement sur le sécuritaire", décrypte un conseiller. Castaner est encouragé à se déployer dans les médias pour incarner un mélange de sévérité et de sérénité. Mais avec l'électricité qui est dans l'air, ce n'est pas gagné. Il va falloir lâcher du lest. Le Premier ministre lui-même en convient. "Après le week-end du 1er décembre, on a compris qu'il faudrait renoncer à la taxe carbone", souligne un de ses amis.

Si on recule, si on lâche maintenant, ça sera difficile

Le mardi 4 décembre, dans un salon au premier étage de Matignon, le petit déjeuner hebdomadaire des chefs de la majorité commence par un topo introductif d'Édouard Philippe. S'il n'évoque pas explicitement l'abandon de la taxe carbone, il prévient qu'il va faire des annonces en ce sens. Le leader des sénateurs En Marche, François Patriat, tord le nez : "Si on recule, si on lâche maintenant, ça sera difficile." D'autres estiment au contraire que cela n'est pas assez : "Ce n'est pas ça qui aura l'effet de souffle suffisant pour éteindre la contestation", estime l'un des présents. Mais la décision est prise, l'heure est aux concessions. Le Premier ministre, en conférence de presse, annonce le retrait de la hausse de taxe qui a enflammé le pays. Est-ce par maladresse ou parce qu'il désapprouve la mesure? Philippe parle de "suspension", alors que les Gilets jaunes attendent une annulation.

Embarras parmi les commentateurs – a-t-on bien compris ? –, flottement dans la majorité, vive irritation à l'Élysée. Alors que les Gilets jaunes, Nicolas Dupont-Aignan et la droite hurlent à l'"entourloupe", la présidence annonce qu'il ne s'agit pas de "suspendre", mais bien d'"annuler" la hausse. Dans l'hémicycle, le Premier ministre reçoit le communiqué comme un uppercut. Pour lui, le camouflet est rude. "Il l'a vécu comme un couac qui rajoutait au bordel, explique un conseiller. Il était très marri de la chose."

Macron veut éviter la cacophonie
Le chef du gouvernement se montre de plus en plus tendu, lui aussi. Quelques tics lui reviennent : cette façon de taper du poing dans la paume de sa main, d'enlever ses lunettes, de les mâchouiller, de les faire virevolter entre ses doigts… Les deux têtes de l'exécutif sont au bord de la crise de nerfs, et les ministres nagent en plein brouillard. Le mercredi soir, François de Rugy, invité d'une chaîne de télévision, appelle Macron pour être sûr de ne pas se tromper : oui, répond le Président, il faut bien parler d'"annulation"…

S'il ne s'exprime pas au grand jour, Macron reste attentif. Il veut éviter la cacophonie, qui donnerait l'impression d'un pouvoir à la dérive. Au conseil des ministres du 5 décembre, il rappelle que, au premier tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, François Asselineau et Nicolas Dupont-Aignan avaient recueilli à eux quatre "plus de 40 % des voix" (en réalité, 46,5 %) : "Cela traduisait un malaise en France, et ce même malaise s'exprime aujourd'hui." Que la fronde fasse de lui une cible, "ça fait partie du job", relativise-t-il.

Il y a des règles auxquelles personne n'échappe : dans un conflit, on paie, et on ouvre les négos

Son ami et conseiller Jean-Marc Borello, patron du groupe SOS, ne dit pas tout à fait la même chose : "Que réformer soit douloureux, c'est pas un scoop. On s'y attendait. Ce qu'il ne comprend pas, c'est l'intensité de la violence." Pour chercher les clés d'un phénomène qui le trouble, Macron consulte également, durant la semaine, ceux avec qui il aime croiser sa réflexion : Philippe Grangeon, historique de la CFDT, ancien cadre dirigeant de Capgemini, qui conseilla François Hollande et dont l'influence grandit dans l'écosystème présidentiel ; François Sureau, avocat et écrivain, défenseur des libertés publiques et des droits de l'homme.

Ces deux-là désapprouvent l'inflexibilité budgétaire prônée à Matignon et à Bercy, et relayée par le secrétaire général de la présidence, Alexis Kohler. Vieux routiers du social, Borello et Grangeon recommandent d'ouvrir les vannes pour soutenir le pouvoir d'achat. Borello résume, lapidaire : "Il y a des règles auxquelles personne n'échappe : dans un conflit, on paie, et on ouvre les négos."

La note de Richard Ferrand
Le 6 décembre, en réunion de cabinet, Macron présente une analyse élaborée sur la "triple crise" que révèle selon lui le mouvement des Gilets jaunes : "crise politique, crise morale, crise de l'information". Amer, il déplore que les chaînes d'information continue l'aient "transformé en personnage de téléréalité". Le samedi 8 décembre dans l'après-midi, alors que les manifestants marchent à nouveau dans Paris et que de nouvelles violences éclatent, il réunit sa garde rapprochée : outre Alexis Kohler et le conseiller spécial Ismaël Emelien, il y a là l'ancien ministre chiraquien Jean-Paul Delevoye, le président de l'Assemblée, Richard Ferrand, ainsi que François Bayrou et Philippe Grangeon, qui participent à la discussion par téléphone. Tous quatre plaident pour des gestes forts. Les propositions de chacun sont passées en revue : la prime pour les forces de l'ordre, une aide aux retraités, la défiscalisation des heures supplémentaires, l'organisation d'un grand débat national.

Macron avance l'idée de la prime de 100 euros pour les salariés les plus modestes. Ferrand, qui a préparé une note sur la façon de prendre la parole, pose la question : "Mea culpa ou non?" Lui plaide pour un acte de contrition public. Macron retient la suggestion, tout comme celle du grand débat. En fin d'après-midi, sa religion est faite : il annoncera lundi à la télévision une grande concertation nationale et diverses mesures sociales, pour une enveloppe estimée au bas mot à 10 milliards d'euros. C'est ce qu'il indique dans la foulée à Édouard Philippe, qui, une fois encore, encaisse. Un proche en témoigne : "Quand tu sors de dix-huit mois de bagarre budgétaire auprès de chaque ministre, où tu as porté l'ambition du redressement des comptes, et que d'un coup tu comprends qu'il faut accepter d'ouvrir les vannes, c'est un renoncement. Et c'est très douloureux."

Réunions de calage à l'Élysée
Le dimanche, les réunions de calage se succèdent à l'Élysée. L'après-midi, Macron rédige lui-même son allocution télévisée du lendemain, 20 heures. Jusqu'au bout, la haute Macronie est divisée. Avec Philippe Grangeon, Stéphane Séjourné, conseiller politique du Président, et le numéro deux de La République en marche, Pierre Person, tentent de convaincre Macron qu'il faut reconnaître le vote blanc – une revendication des Gilets jaunes. In extremis, il l'ajoutera à sa liste de courses, que seule une poignée de confidents a pu lire en intégralité avant l'allocution du lundi.

"Tout le monde appelait tout le monde en demandant : "tu sais ce qu'il va dire?", rapporte un conseiller. Les ministres voulaient savoir qui allait manger son chapeau." Mais rien ou presque ne filtre. "L'effet de blast, notamment des 100 euros de prime, n'aurait pas été le même." Pour donner ampleur et solennité au mouvement qui se prépare, Macron reçoit les présidents de l'Assemblée et du Sénat, ceux des grandes associations d'élus, les dirigeants des syndicats. Mais devant eux non plus, il ne se dévoile pas.

L'explication entre Macron et Kohler
La déclaration est enregistrée en une prise, le lundi, à 19 heures. Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, et le jeune secrétaire d'État Gabriel Attal sont briefés par téléphone quelques minutes avant la diffusion pour pouvoir en faire le service après-vente, aussitôt après, dans les médias. Au bout du fil, Macron leur semble avoir retrouvé sa voix des bons jours. Il veut que tout soit clair. Sa consigne : sur les heures supplémentaires, arrêter le langage "techno", ne plus dire "défiscalisation" ni "désocialisation", mais qu'on parle d'heures supplémentaires "sans impôts ni charges". "On n'a jamais fait autant d'un seul coup sur les salaires", souligne-t-il. In extremis, il appelle aussi la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, juste avant qu'elle n'entre sur le plateau de France 2. La liaison est médiocre et le temps presse : ils n'échangeront que quelques mots.

Le lendemain, le Président et son secrétaire général ont une explication. Alexis Kohler, d'ordinaire impeccablement aligné sur les positions du Président, était opposé à tout recul face aux Gilets jaunes. "C'est trop tard, il fallait le faire avant", estime-t-il. Un autre proche de Macron approuve : "On a manqué de réactivité, on aurait dû faire tout ça une semaine plus tôt." Macron, lui, estime qu'il a au moins repris l'initiative. À l'issue de cette semaine où son pouvoir a semblé vaciller, il juge avoir évité la crise de régime. La crise politique, elle, est encore devant lui." 

 

pièce éditée par Les Cahiers de l'Égaré, pièce d'actualité, 50 ans après

pièce éditée par Les Cahiers de l'Égaré, pièce d'actualité, 50 ans après

À comparer avec de Gaulle fin mai 1968. La pièce La révérence raconte (éditée aux Cahiers de l'Égaré, elle passe au Comédia à Toulon le 26 avril):

Si l’année 1968 fut la révolte de la jeunesse, elle fut aussi le prélude d’un grand chambardement politique. L’année qui suivit de Gaulle quittait le pouvoir en démissionnant de son poste de Président la République : il tirait sa révérence politique avant de tirer, quelques mois plus tard, sa révérence parmi les vivants. Récit d’un homme face à son destin, stupéfait d’un monde qu’il ne maitrise plus, la pièce va nous plonger dans les tout derniers jours de ce fameux mois de mai, lors d’un secret voyage à Baden-Baden en Allemagne, dans les contradictions et les enjeux de la dernière convulsion révolutionnaire que la France ait connue.
Texte : Philippe Chuyen et José Lenzini
Mise en scène : Philippe Chuyen

(Philippe Chuyen doit écrire La révérence 2 en partenariat avec les GJ qui vont l'aider pour la fin)

ou suite à inventer par les EAT, l’association indispensable et incontournable des écritures du réel et des bruits du monde (ne le prenez pas mal, c’est de l’humour)

cela dit, on va voir ce que va donner le livre barricade ou livre rond-point initié par Raphaël Rubio et à paraître aux éditions de la petite barque qui prend l’eau de Lionel Parrini à Gardanne (livre pluriel, projet chapeau !)

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Agora Zénith Omega Toulon

19 Janvier 2019 , Rédigé par grossel Publié dans #Gilets Jaunes, #J.C.G., #agora, #agoras, #pour toujours, #théâtre, #écriture- lecture

Agora Zénith Omega Toulon
Agora Zénith Omega Toulon
Agora Zénith Omega Toulon
Agora Zénith Omega Toulon

Agora citoyenne du 18 janvier 2019

Zénith Omega / Toulon

 

J'avais choisi d'assister à cette 1° agora citoyenne organisée par des gilets jaunes de Toulon, parce que suivant le travail d'Etienne Chouard depuis le référendum de 2005. Il était dans la liste des gens que les cafés-citoyens de la médiathèque d'Hyères voulaient inviter (3 ans, 2014-2017, une trentaine d'agoras). Je rappelle aussi quelques 70 agoras à la Maison des Comoni au Revest de 1995 à 2004 ou aux Chantiers de la Lune à La Seyne dont une bonne partie publiées ou sur internet dans les pages du blog les agoras d'ailleurs. Je rappelle ces faits et chiffres car un événement ne naît pas ex-nihilo et on ignore souvent comment les ruisselets souterrains d'hier alimentent en eau vive l'aujourd'hui.

En plein mouvement des GJ, c'était une opportunité à vivre, sans faire la fine bouche, sans le filtre des a priori idéologiques, sans les réserves liées à des rumeurs.

Très content de cette soirée (arrivée à 17 H 30, retour à 22 H 30).
Une belle salle (entre 1000 et 1500 d'après moi, 1200 ai-je lu), variée, calme, pas du tout chauffée par des hystériques; pas de bronca anti-Macron ou anti-riches ou anti-merdias; pas besoin de défouloir; des gens déterminés à prendre ce qui est bon pour mener leur combat, s'instruire, se saisir d'outils, en adultes, après des décennies d'infantilisation par le système élections = piège à cons puisque élire des représentants c'est ne plus pouvoir voter les lois.

L'image méprisante du peuple d'en bas par les gens qui se croient en haut a été ridiculisée par ces gens venus parfois de très loin, offrant l'image de gens sereins.
Des intervenants (5, Etienne Chouard, Régis Chamagne, Stéphanie Gibaud, Charly Noël,Jules Ngan qui réussit à introduire, un peu confusément mais on a compris, une dimension spirituelle, celle de l'amour) posés, respectant le temps imparti, applaudis sans excès; un appel à être joyeux, contre ceux qui font régner la laideur, parfaitement entendu car on entendait bien, et il y avait de l'écoute, aujourd'hui on dit écoute bienveillante (émouvante minute de silence aux victimes de la répression).

C'était très pédagogique avec exercices en live, deux exercices pour expérimenter ce que c'est qu'être constituant à un, à plusieurs, sur un rond-point (un rond-point constituant, c'est déjà une commune libre), dans une commune (ça m'a fait penser à la liste citoyenne Agir avec vous maintenant, qui s'est présentée en 2008 au Revest) et par cercles de plus en plus larges (Condorcet) donc en conquête de souveraineté, là, ici, maintenant, sans attendre le bon vouloir des représentants. Il fut question du RIC, du RAC (trouvaille d'un participant, au jeu des acronymes, on trouve bien sûr le RICARD, le RIC ART), de l'ancien monde (l'american way of life), du nouveau monde (Russie-Chine-Inde ...), de l'Europe et du Frexit, des lanceurs d'alerte (dont Julian Assange de Wikileaks, on aurait pu citer Denis Robert, Edward Snowden, Aaron Swartz), des journalistes aux ordres, des monnaies libres, de la monnaie locale La Fève à Toulon.
Ce n'était pas dispersé; les intervenants nous poussaient à sortir de la position de représenté, de soumis à des élections de représentants nous trahissant depuis belle lurette pour devenir constituant, rédacteur des règles communes; des formules revigorantes, des références à Proudhon, au fédéralisme, aux anarchistes (l'anarchie c'est l'ordre sans le pouvoir).
L'exemple du risque de rétablissement de la peine de mort par un RIC en lien avec une forte émotion collective m'a paru convaincant (le délai entre l'initiative et le vote, le temps des débats). Les exemples sur les délégués pouvant représenter les GJ, pour combien de temps, sur quel mandat... m'ont paru éclairants.

Ce fut une soirée d'éducation politique et populaire visant rien moins qu'à donner aux citoyens confiance dans leur pouvoir constituant. Discussion sous forme de questions écrites avec prise de parole au micro, intervenants tirés au sort, une bonne douzaine dont un Guadeloupéen en gilet jaune SDF, Soumis au Droit Français, évoquant la grande grève démarrée le 20 janvier 2009 à La Guadeloupe sous le leadership du LKP contre la vie chère et qui dura 44 jours et proposant des micro-actions aux caisses de super-marchés.

J'ai entendu aussi bien des femmes que des hommes ; quant aux deux animatrices, elles firent dans la fluidité.
Merci aux GJ de Toulon qui se réunissent le mercredi à la Maison de la Méditerranée pour l'organisation réussie de cette AGORA citoyenne.

 

Article de Var-Matin du 19 janvier

 

 

Un millier de Gilets jaunes étaient présents hier soir au Zénith Oméga de Toulon. Étienne Chouard, chantre de la démocratie participative, a rappelé la priorité du référendum d’initiative citoyenne
Si le mouvement des Gilets jaunes ne semble pas s’essouffler (la mobilisation de samedi dernier en atteste), occuper les ronds-points a ses limites. Les sympathisants en sont conscients et c’est pour trouver une suite à leur action qu’ils ont investi hier soir le Zénith Oméga de Toulon. Une première « agora » préparée en dix jours et avec peu de moyens financiers à laquelle ont assisté quelque mille personnes.

Parmi elles, Judith. Pour cette jeune femme, pas question de participer au grand débat national. « Une mascarade. Je n’ai pas envie de débattre pour rien avec Macron. De toute façon, il a déjà toutes les réponses », lâche-t-elle. Non, si Judith a fait le déplacement, « c’est pour soutenir le référendum d’initiative citoyenne. Parce que les citoyens doivent participer davantage à la société ».

Le RIC. Ça tombe bien, il n’était pratiquement question que de ça hier soir dans la salle de spectacle toulonnaise. Ainsi, dès l’entrée, les participants pouvaient signer une pétition pour demander son instauration. Et sur le devant de la scène, une grande banderole affichait l’inscription suivante : « Référendum d’initiative citoyenne - Agissez pour la démocratie ».

COMBAT CONTRE LA LAIDEUR DU SYSTÈME

Et quel meilleur promoteur du RIC que son porte-drapeau historique : Étienne Chouard. Tête d’affiche de la soirée, Étienne Chouard sait comment parler à son public. Pour lui, dans une liste d’une quarantaine de doléances, si les Gilets jaunes doivent en sortir une seule, c’est le RIC. « Une pépite qui permettra d’obtenir tout le reste. Car le RIC n’est pas législatif, mais constituant. Il permettra aux représentés d’écrire de nouvelles règles de la représentation. Et quand un peuple écrit lui-même la constitution, il n’y a plus de place pour un tyran ». Une intervention d’un quart d’heure à peine, mais chaudement applaudie par la salle.

Bien sûr, les médias, cibles régulières des Gilets jaunes, en ont encore pris pour leur grade. Invitée surprise, Stéphanie Gibaud, lanceuse d’alerte, a mis en doute l’impartialité des médias français « très majoritairement aux mains d’une poignée de milliardaires », avant d’inviter les Gilets jaunes qui ont « envie de plus de liberté en France, à soutenir WikiLeaks et Julian Assange », son fondateur.

Troisième invité à intervenir, Régis Chamagne, colonel de l’armée de l’air en retraite, a prophétisé, apparemment non sans délectation (?), l’effondrement de l’Union européenne et des États-Unis. Il a ensuite déclaré, là encore sous les applaudissements de la salle : « Le mouvement des Gilets jaunes a du sens. Il est pertinent. C’est le combat pour l’émancipation, la liberté, l’égalité et la fraternité. Le combat du beau et de l’élégance contre la laideur du système ».

 

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