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bric à bracs d'ailleurs et d'ici

Et quoi l'éternité ?

7 Octobre 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #J.C.G., #album, #cahiers de l'égaré, #développement personnel, #pour toujours, #spectacle, #écriture- lecture, #théâtre

flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse

flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse

Un concepteur : Dominique Lardenois

Deux interprètes : Dominique Lardenois, Katia Ponomareva

pensées particulières avant la traversée 
pour Cyril, Michel dont le maire, Ange Musso, nous avait annoncé la disparition le 28 septembre 2001, à 17 H sur le palier
pour les 81 ans de JP, le 29 septembre
pour Annie, partie le 29 novembre 2010
pour V. P. en traitement de choc pour un cancer généralisé
pour Katheline, en train de partir en unité de soins palliatifs à Lyon
(elle sera très présente dans la prochaine oeuvre poétique de Nouria Rabeh : Ode à l'humanité suivie de Territoires de la Joie)
pour Alain, en traitement pour un cancer, depuis ce 29 septembre
NB : je n'ai pas corrigé les maladresses du document livré; elles font partie du moment partagé
dispositif scénique, les deux interprètes : Dominique Lardenois, Katia Ponomareva

dispositif scénique, les deux interprètes : Dominique Lardenois, Katia Ponomareva

ET QUOI L’ ETERNITE ?

UNE TRAVERSEE DANS L’ŒUVRE DE JCG-VITA NOVA

Choix des textes Dominique Lardenois

Interprétation : Katia Ponomavera, Dominique Lardenois

Lecture réalisée le vendredi 29 septembre à la Maison des Comoni ( Le

Revest-les-Eaux)

Lardenois

Présentation de la soirée :

Bonsoir à toutes, bonsoir à tous, bonsoir Monsieur le Maire du Revest les Eaux.

Merci beaucoup d’être en notre compagnie pour partager notre traversée dans

les écrits de Jean-Claude Grosse.

Bonsoir Katia

Bonsoir Jean-Claude.

Comme tu l’as souhaité, tu vas donc découvrir en même temps que notre

public les textes que nous avons choisis pour faire notre traversée.

Mais avant de commencer un petit récapitulatif de tes activités littéraires.

Tu interviens si j’ai oublié quelque chose d’important !

Donc entre 1997 et 2021, tu as, publié 15 livres, Théâtre, poésie, essais, poème

récit,

Et puis, en février 2022, tu publies un seizième livre que tu intitules : Et ton

livre d’éternité ?

Quel livre !

Un roman polyphonique de six cent soixante six pages que tu as écrit durant

deux années.

Tu publies sur tes blogs qui sont consacrés aux questions politiques et sociales,

au développement personnel et à l'éveil spirituel, de très nombreuses notes de

lecture puis tu n’hésites pas à fait part de tes réflexions et de tes prises de

positions sur des domaines très variés.

1Jean-Claude , on peut te voir faire des choses que l’on dit ordinaires comme

par exemple faire tes courses en préférant les circuits courts, boire un café, te

promener dans la garrigue ou conduire ta voiture …

Mais lorsque tu écrits, tu te métamorphoses !

Lorsque tu écrits tu deviens E. Say Salé (ton hétéronyme africain) ou JCG,

(celui qu’on appelle communément J.C) ou Lui-Je, hiérosolymitain d’Avers sous

les eaux depuis le Déluge et d’Avers sur les eaux Et de Corps ça vie ou Vita

Nova.

Je ne connaissais évidement pas le mot Hiérosolymitain et j’ai regardé dans le

dictionnaire, alors : Hiérosolymitain nom masculin qui signifie habitant de

Jérusalem

Dans tes écrits comme dans ta vie, tu traces un chemin très singulier et

atypique avec une démarche profonde, sérieuse argumentée et engagée.

Ce qui n’empêche pas l’humour.

Cette traversée sera subjective, chacune et chacun d’entre vous pourrait en

proposer d’autres, elle ne pourra pas rendre – compte de tout ce que tu as

écrit. Merci de nous le pardonner !

Elle est (sauf coup de tonnerre) prévue pour une durée d’une heure.

Pour conclure cette soirée de manière amicale un pot vous est offert par la

municipalité du Revest-les-Eaux

Vous pourrez aussi, si vous le souhaitez, vous procurer les ouvrages de Jean-

Claude. J’ai cru comprendre qu’il serait à prix réduit ? Tu confirmes Jean-

Claude ?

Vous dire enfin que cette soirée est soutenue par Les Cahiers de l’Égaré, Les

quatre 4 Saisons du Revest et d’ailleurs, La Municipalité du

Revest-les Eaux. En partenariat et avec le soutien de TPM et du Pôle.

Merci beaucoup à eux

Merci à l’équipe technique de la Maison des Comoni qui nous ont très bien

accueillis.

N’oubliez pas tout à l’heure de rallumer vos téléphones portables.

Bonne soirée

2Jean-Claude est-ce que tu une idée du texte avec lequel nous allons commencer

notre traversée ?

On va commencer avec un poème

Il fait partie des 92 poèmes que tu as écrit entre 1958 et 2000 et qui sont

regroupés dans La Parole éprouvée.

C’est un poème que tu as écrit en 1999 pour Les 4 Saisons de Revest aventure

de théâtre et de poésie depuis 1983 et pour L’Agora de La Maison des Comoni

espace de pensée libre, gratuit depuis 1995

Il est dédicacé à Florence, Michelle, Jacqueline, Malika, Jean-Louis, Alex, Cyril,

Rachid, Philippe, Joël, Paul, Michel, Florence, Jacques et Béatrice.

Il a pour titre

(DES) APPRENTISSAGE DE LA BÊTISE, DE LA MAÎTRISE

C’est un poème autobiographique

J’ai commencé le 25 octobre 1940,

jour de ma naissance criée

en maternité-celle des fleurs-du côté d’Ollioules.

menue maman sans son homme

-mon père-du côté de Dakar.

Il faisait nuit-une heure du matin-

c’était minuit dans le siècle de Trotsky assassiné,

nuit et brouillard sur l’Europe nettoyée par Hitler.

Ignorant, je ne savais pas, je ne pouvais crier.

Grandissant, on apprend. Coupable, on devient.

De parents coupables d’innocence.

Nous vivions en zone libre, au temps des restrictions,

dans une France coupée en deux et collabo.

27 novembre 1942. Sabordage de la Flotte.

Un obus dans ma chambre à Rodeilhac. -Maman m’a raconté-

Un obus dans ma chambre qui n’a pas explosé. J’eus la vie sauve,

perdis l’usage d’un œil le gauche

jusqu’à la Libération où je fus rétabli dans ma vision.

3Avant ma longue errance dans le labyrinthe de l’Histoire, je jouais à des jeux

touchants.

Il faisait un temps de guerre froide sur le monde coupé en deux.

Ignorant, je ne savais pas, je ne pouvais crier

que les coupables torturés, abattus, enfermés au goulag étaient innocents.

Moi, je jouais ici en démocratie quatrième République, sans savoir ce que c’est,

du côté de Castres.

Là-bas, d’autres enfants jouaient du côté de Moscou, de Pékin aux mêmes jeux

touchants, dans des démocraties populaires à régime totalitaire sans savoir ce

que c’est.

Après l’effondrement du mur de Berlin

quand après les deux mondes il n’y en eut qu’un

je compris que les dictatures à langage unique s’effondrent

quand les démocraties à pensée unique perdurent.

Avant mon séjour prolongé dans le labyrinthe du Politique

où sévit le Minotaure Libéral qui bouffera nos enfants,

j’appris l’élémentaire, le primaire, le secondaire et le supérieur.

Quelle adolescence du désastre chez les enfants de troupe !

Et à Saint- Cyr Coëtquidan, terre de fondrières et d’effondrements,

L’entrée en poésie pour tenter d’en sortir.

Ecriture appliquée sur des cahiers d’égaré.

Du mot qui dénomme croit faire apparaître la chose dans sa lumière

au mot qui monte, pense faire voir le plein de la chose

jusqu’au mot -mais y arriverai-je à cet ultime ?- jusqu’au mot investi par les

vides et les pénombres de la chose.

Car plus je passe, moins j’explique, moins je comprends : l’expérience me

désapprend le monde et l’homme.

4De la poésie fascinée par l’absence de ce qui n’est pas, de la poésie comme

plainte et révolte à la poésie de la présence et de l’acquiescement à ce qui

apparait et disparait.

De la poésie comme volonté de puissance pour désembourber l’avenir

A la poésie comme humilité pour chuchoter ce qui nous ramifie.

Et ce fut le temps de la paix en Algérie.

A l’Algérie française j’avais cru et je suis arrivé dans ce pays libéré de moi/de

mes pieds noirs, de mon Etat

sans être inquiété ou haï.

Prise de conscience des tromperies de tous bords.

Crise de conscience. Démission de l’armée.

Reprise des études en Sorbonne, à Nanterre.

Professeur de letres et de philosophie dans le Nord

aimé d’une élève, l’aimant en retour

ah la légère, l’aérienne ! Etoile et danse !

Vivre d’aimer au temps de Mourir d’aimer.

Mariages civil et religieux, nous athées,

Au beau milieu de l’année.

Une fille nous est venue le jour du deuxième tour des élections de 68.

Après l’exaltation du 13 mai au 6 juin,

Entré en politique avec le souci de transformer le monde

par la vérité et la lutte des classes.

J’ai perdu de vue notre fille et ma femme.

Le militant, 12 ans durant, a oublié d’être mari et père.

30 ans après, on revient là-dessus.

A vu le jour notre deuxième, 3 ans après.

A vu le jour après avoir failli être perdu !

Homme d’écriture et de théâtre comme moi et comme sa sœur.

Du Nord au Sud, ce que nous avons gagné en soleil, nous l’avons perdu en

chaleur.

5Après la révolution mondiale pour changer la vie,

Echec patent

l’action municipale, 12 ans durant,

pour faire du village du Revest, une agora rayonnante,

Pari tenu.

Vie depuis consacré au théâtre, art de la parole et du silence,

Art du dit, du non-dit, du mi-dit

Art de la voix, du regard, du corps,

Art de la présence et du partage

Cet art du rassemblement me tient en éveil, en alerte,

capteur d’inattendu bouleversant

en marge de la déception qui me saisit quand ce qui se passe sur scène est en

représentation.

Me soumettant à l’impératif de l’essentiel, que me faut-il maintenant

entreprendre entre le franchissement de l’an 2000 et le passage à vide ?

Ecouter la symphonie des nuages qui dérivent au dessus de ton toit.

Voir depuis chez moi le théâtre des vents alternes dans l’olivaie.

Commentaire :

Cher Jean-Claude tu as écrit ce poème-portrait à l’aube de l’an 2000. Vingt-trois

années on va se rendre-compte que tu ne t’es pas contenter d’écouter la

symphonie des nuages et voir le théâtre des vents dans l’olivaie.

(Temps)

Lardenois

Puisque nous sommes en automne nous avons choisis de poursuivre notre

traversée avec un texte que vous trouverez dans

ET TON LIVRE D’ETERNITE ?

Il a pour titre :

Vivre les saisons au féminin que tu sois femme ou homme

6Katia

Quand vient l’automne,

Je repense à ces fleurs qui sont nées.

Qui ont parfumé nos âmes.

Je repense à ces fruits délicieux,

Que nous avons cueilli ensemble

Dans notre arbre âme.

Oh mon amour, j’ai tellement de reconnaissance

Pour toutes ces feuilles, toutes ces fleurs, tous ces fruits

Que tu as fait pousser en moi, à travers moi,

A travers d’autres.

J’ai tellement de reconnaisse pour

Toutes ces feuilles, toutes ces fleurs, tous ces fruits,

Que nous avons créés ensemble,

Au bout de nos sourires, de nos regards, de nos mains d’oiseaux, de nos danses

colorées, de nos souffles, de nos joies partagées.

Quand vient l’automne,

Je repense à toutes ces feuilles, toutes ces fleurs, tous ces fruits, toutes ces

graines,

Qui vont tomber en terre.

Et je ressens la sève qui descend,

7Les feuilles qui lentement se rétractent, se détachent des branches.

Tout devient plus craquant et plus sec,

Alors je pense, mon amour, à ce besoin

De retrouver la TERRE

A ce besoin de fondre dans l’humus- amant,

De fondre, à nouveau dans l’obscurité et la chaleur de sa douce présence.

Et je pense à ce temps de recueillement,

Ce lâcher prise après l’été ardent

Et je laisse la sève revenir à la TERRE,

Je laisse mon amour revenir en mon centre plus présent et plus fort.

Ressourcement, transformation

Passage de la lumière à l’obscurité

De l’extérieur à l’intérieur.

Mon cœur porte cet élan des saisons avec moi,

Et je sais que mon amour a autant besoin de fruits mûrs que de branches

d’hiver.

Mon amour, tes belles feuilles toutes gorgées d’été et de chaleur,

Vont ralentir leur activité

Pour nourrir le bois, les directions nues qui se trament au bout des branches,

dans le corps de ton tronc, dans la conscience nue,

Et je pense à ce besoin de renouvellement, de régénérescence.

8Dans la douce fin d’été si sucrée,

Je pense à ma capacité à mourir pour renaître encore,

Je pense au phénix et je pense à l’oiseau

Et je laisse mes plumes se suspendre un instant.

Une profonde introspection commence.

Ce besoin d’être à l’intérieur,

Ce besoin d’habiter l’intérieur,

Ce besoin de prière.

Âme du monde je te reconnais.

Je te reconnais dans ton foisonnement, ta générosité, je te reconnais dans ta

nudité, ton abandon.

Et je descends dans ton essence pour effleurer avec toi l’âme plus grande qui

nous berce toi et moi et nous demande d’écarter encore nos antennes célestes

Pour propager, cultiver cette atmosphère du souffle

Dans chaque recoin du monde,

Avec ce souffle amoureux,

D’un espoir à trouver, d’une paix à toucher.

fin de traversée

fin de traversée

(Temps)

Lardenois

DANS

LES ENFANTS DU BAÎKAL

Il était une fois le Baïkal et une goutte d’eau

9Katia

C’est un conte !

Un dialogue entre un Grand-père et sa Petite Fille qu’il appelle sa Fetite Pille.

Lardenois

Le Grand Père : Tu veux voyager ?

Katia

La Fetite Pille : Oui loin !

Lardenois

Alors on est parti !

Katia

Où ça ?

Lardenois

Au lac Baïkal

Katia

C’est où ?

Lardenois

Vers l’est, à 10 000 kilomètres de la Méditerranée.

Katia

Comment on y va ?

Lardenois

Par l’imagination

Katia

Oui, mais en vrai ?

Lardenois

En vrai, avec le Méditerranée-Baïkal un train pour les rêveurs.

Katia

10On part quand ?

Lardenois

Le 28 juillet à 7 heures du matin.

Katia

Combien on passe de jours dans le Méditerranée-Baïkal ?

Lardenois

7 jours pour Oulan- Oudé

Katia

Qu’est ce qu’on y fait ?

Lardenois

On voit de nouveaux visages, de nouveaux paysages, on traverse des rivières,

on passe sous des montagnes, on entend la musique des roues…

Katia

C’est bien voir de nouveaux visages ?

Lardenois

C’est ce qui est le plus passionnant, chaque visage raconte son histoire.

Katia

Moi, j’entends rien quand je regarde.

Lardenois

Il faut voir avec les yeux du cœur pour entendre l’histoire muette d’un visage !

Katia

Raconte-moi les arrêts sur image.

Lardenois

On commence par lequel ?

Katia

11Oulan- Oude c’est la qu’on descend pour aller au lac. Comment on va au lac ?

Lardenois

Un mini bus puis en bateau pour aller à Baklany. C’est une plage de sable ocre

réservée à deux poètes. Dasha et Lisa.

Katia

Elles vivent comment ?

Lardenois

Seules, dans une isba en bois, elles pêchent, chassent, cueillent des baies

Katia

Elles n’aiment pas les gens ?

Lardenois

Si, mais elles les aiment trop ! Les gens sont toujours décevants quand tu les

aimes trop !

Katia

Je t’aime beaucoup alors tu me déçois ?

Lardenois

Sans doute, je ne suis pas à la hauteur des histoires que je veux te raconter.

Katia

Ca c’est vrai : le minibus, le bateau, tu peux faire mieux ! Dis- moi quelque

chose qui me parle…

(temps)

Lardenois

Il était une fois une goutte d’eau sur une feuille de bouleau Elle s’appelait

Baïkala . C’était une goutte de rosée qui comme toutes les gouttes de rosées

accrochées à des branches, devait tomber dans le lac.

12Pourquoi refusa-t-elle ce destin ? Elle savait, vieux savoir, que si elle tombait

elle perdrait sa singularité, qu’elle se fondrait dans la masse. Elle se croyait

unique.

Le bargouzine avait beau souffler, la petite goutte d’eau résistait, et s’accrochait

à la feuille.

Ce n’est pas le vent qui eut raison d’elle mais le soleil. C’était en août. Elle

s’évapora.

Liquide, elle était devenue vapeur.

Lourde elle était devenue légère.

Elle avait rejoint un nuage, elle avait changé d’état.

Les gouttes de nuage c’est comme des semences. Quand elles tombent en

pluie sur la terre, tout ce qui attend de naître se met à pousser.

Ca lui plaisait d’être la semence universelle, de faire naître, de faire grandir, de

faire vivre.

FP : moi, j’ai envie de grandir ! Est ce que je pourrai rencontrer Baïkala ?

GP : Bien sûr ! On part au Baïkal ; on attend la prochaine pluie et Baïkala, la

goutte d’eau, tombée du ciel descendra spécialement pour toi et viendra se

loger…….. dans ton nombril.

Katia :

Dans mon nombril ?

Lardenois

Oui dans ton nombril ! Le nombril d’or, l’omphalos c’est ici dans ton nombril

que se relient les eaux utérines donnant naissance et les eaux torrentielles

donnant la vie.

Tu es une manifestation sacrée de la Vie !

Katia

Ah bon ?

Tu délires pas un peu avec mon nombril ?

Maman dit que t’es un putain de nombriliste.

13Pardon pour putain c’est son mot.

(Temps)

Lardenois

Commentaire : Le premier vers de ton poème autobiographique débute par «

J’ai commencé », alors que dire sur le commencement ?

DANS

JOURNAL D’UN EGARE

QUE DIRE SUR LE COMMENCEMENT ?

Katia

Que dire sur le commencement ?

Quand un commencement commence

Un chemin se met à cheminer

Jusqu’à une fin

Qui y met fin.

Lardenois

Le commencement contient-ils le chemin et la fin ?

Il y a des tenants de cet abrutissement.

Si le commencement ne contient rien

Et si la fin ne dit rien

Y a-t-il encore chemin ?

Katia

DESTIN ?

14Lardenois

HASARD ?

Katia

Tout commencement est arbitraire.

Il n’y a pas de point zéro

Le point zéro de tout big bang est inaccessible,

Tu ne peux tout réinventer, tout recréer

Pars de ce qui t’est donné

Et que tu ne peux refuser.

Pars de cette violence qui t’est faite

Et que tu peux organiser.

Dieu nous a donné la Terre.

Nous la lui rendrons retournée, cultivée.

Il a fait l’animal humain

Nous lui rendrons l’Homme.

Lardenois

50 années plus tard tu relis Jean-Claude, ces quatre derniers vers

Réécoutons-les !

Katia

Dieu nous a donné la Terre.

Nous la lui rendrons retournée, cultivée.

Il a fait l’animal humain

Nous lui rendrons l’Homme.

Lardenois

Tu relis donc ces quatre vers et tu écris :

15J’ai osé écrire cela il y a 50 ans en 1966 ?

J’ai osé mêler Dieu à notre aventure terrestre et cosmique.

J’ai aussi osé évoquer par trois fois un « Nous

»

: espoir d’unité et d’élévation

très affirmé. .

Qui oserait, aujourd’hui, croire au « Nous

»

?

Aujourd’hui, je vois triompher le « Moi ».

Du « Nous » exacerbé au « Moi » enflé, tel est notre trajet majori

(Temps)

Katia

DANS

L’ÎLE AUX MOUETTES

DELAVIEDELAMORTMÊLEES (écrit comme un seul mot ?)

Lardenois

Méditation poétique sur le hasard et la mort

Katia

Au clocher de Corsavy

vieux de quelques siècles

midi sonne

le temps passe

elle se rapproche

Lardenois

Sirène de pompier

barri d’amunt

attroupement de voisins

que se passe t-il ?

16Katia

C’est Francine elle a un malaise cardiaque.

Lardenois

En réalité c’est trop tard.

Rupture d’anévrisme.

Katia

Dans son lit Francine discutait avec deux amies

Des voisines

Elle dit J’ai la tête qui tourne

elle la rejette en arrière

pousse un râle,

ce fut tout

C’était terminé.

Lardenois

La page est tournée

les volets sont fermés

Francine n’est plus

Katia

Des paroles s’envolent.

Lardenois

c’est le destin

Katia

c’était son heure

Lardenois

c’était écrit, c’est la vie !

Katia

La vie continue dit une autre femme

Lardenois

Plus tard

je m’interroge

minuit sonne

le temps passe

elle se rapproche.

17Que disent ces paroles de survivants ?

La vie continue oui

pour chacun de ces vivants

moi y compris

qui vous écris.

Katia

Dans le Grand Livre de la Nature

il n’y a qu’une inscription

nous sommes mortels

A l’échelle du temps immense

nous ne sommes qu’une éloïse

dans la nuit éternelle

Lardenois

A notre échelle

cette petite part de temps et de vie

qui nous est donnée par le hasard

comment pouvons-nous la vivre ?

Katia

Don du hasard

la vie

Lardenois

Don du hasard

toi moi

Katia

Don du hasard

ta mort avant la mienne

Lardenois

Dans ce grand jeu de hasard sans règles et sans lois sans calculs de probabilités

comment jouer ?

Katia

Entre le Tout ( avec un grand T) et le Rien ( avec un grand R)

chacun doit trouver sa juste mesure

18ce n’est pas Tout

ce n’est pas Rien

ce n’est pas Tout ou Rien

c’est un tout petit peu du Tout

c’est un petit peu plus que Rien

Lardenois

Vivre en homme de raison

c’est penser

clarifier un peu de l’incompréhensible

un peu de l’indescriptible

Katia

Chacun de nous est libre

de donner la signification

et la valeur qu’il veut

à sa vie

Lardenois

Moi,

Je n’ai pas envie d’ajouter

de la laideur au monde

mais un peu de beauté

de pensée

Katia

Ce fut sans doute aussi le choix de vie de Francine

Son sourire

sa bonté

sa beauté

étaient les signes de ce qu’elle était

de ce qu’elle était devenue.

(Temps)

19Lardenois

DANS

L’ÎLE AUX MOUETTES

La vie est comme un zèbre, une bande blanche, une bande noire…

Katia

Imagine que ta vie soit comme un zèbre une bande blanche, une bande noire.

Quel temps accorderas-tu à ta vie privée. Lequel à ta vie publique. Lequel à tes

passions, tes talents. Lequel à ton métier ?

Lardenois

Distingues le temps que tu accorderas à ton corps, à ton esprit, à ton âme, le

temps que tu accorderas à ta femme, à vos enfants, à tes parents, aux amis, aux

voisins, aux lointains, à la politique, à la morale, à l’éthique, à la culture, à

l’humanitaire, à la lecture, au cinéma, au pastis, à l’amour, au travail…

Katia

Demandes- toi ou tu vas choisir de vivre ? Ville, campagne, montagne, au fond

des bois, au bord de la mer

Lardenois

Demandes- toi si tu veux vivre sédentaire, sécurisé ou nomade précarisé. Si tu

veux vivre dans une hutte, une isba, une yourte, une maison ou une caravane !

Katia

Demandes- toi si tu veux vivre en accumulant des biens de toutes sortes, en

consommant, en polluant, en détruisant ou en réduisant tes besoins, tes désirs

et en vivants sobrement.

Lardenois

Demandes toi si tu veux vivre en solitaire, en dérangeant le moins possible

l’ordre des choses et en refusant de changer le monde

Ou si tu veux vivre en épicurien, cultivant l’amitié,

Katia

20Ou si tu veux vivre en homme de la grande et de la petite responsabilité en

cherchant à donner sens et valeur à sa vie, à donner le meilleur de TOI –MÊME

plutôt qu’à prendre ou à réclamer, sans hurler à la mort ou aboyer à la lune.

Katia et Lardenois A deux

A toi de jouer !

le discours improvisé, sincère du Maire, Ange Musso

le discours improvisé, sincère du Maire, Ange Musso

(Temps)

Katia

Je pars

Lardenois

Où ?

Katia

Au Baïkal !

Lardenois

DANS

LES ENFANTS DU BAÏKAL

L’invitation à la vie (extrait)

Katia

Personnages :

Lardenois

Le fils

Katia

La mère

Lardenois

Le père

Katia

La sœur

(Temps)

21Katia

Le fils

Lardenois

Je pars

Katia

Le père

Lardenois

Où ?

Katia

Le fils

Lardenois

Au Baïkal

La mère :

Katia

Pourquoi ?

Le fils :

Lardenois

Un amour là-bas

Katia

Le père :

Lardenois

Bonne raison !

La mère :

Katia

Ce n’est pas une raison.

22Le fils :

Lardenois

Elle s’appelle Baïkala

La mère :

Katia

Elle est comment ?

Le fils :

Lardenois

Pure comme le lac.

La mère :

Katia

Folle du cul comme tu les aimes.

Le fils :

Lardenois

Maman !

Katia

Le père :

Lardenois

Que fait-elle ?

Katia

Le fils :

Lardenois

Elle chante le Baïkal.

Katia

Le père :

23Lardenois

Tu vas vivre d’amour et d’eau fraîche ?

Katia

Le fils :

Lardenois

A peu prés.

La mère :

Katia

Et ta santé ?

Le fils :

Lardenois

Le Baïkal protège ceux qui l’aiment et qui s’aiment.

Katia

Le père :

Lardenois

Qu’est ce que tu lui trouves à ce lac ?

Katia

Le fils :

Lardenois

Écoute-le !

La mère :

Katia

Et à elle ?

Le fils :

Lardenois

24Ecoute- la !

La sœur :

Katia

Je pars avec toi ….

(Temps)

Katia

Le fils:

Lardenois

On va répéter ici !

Les comédiens :

Katia

En pleine nature ?

Lardenois

T’es dingue !

Katia

On va dans le mur !

Le fils:

Lardenois

Oui ici !

Où vois- tu un mur ?

Cet endroit du Baïkal s’appelle BAKLANY .

Au large l’île aux Mouettes. Vous les entendez ?

La sœur :

Katia

Oui, c’est bien ici. Dans la forêt c’est parfait.

25Lardenois

Les comédiens :

Katia

Quel vacarme !

Lardenois

Pourquoi tu nous infliges ça ?

Katia

Le fils :

Lardenois

Où veux-tu répéter La Forêt d’Ostrovski ?

Les comédiens :

Katia ou à deux

Dans un théâtre !

Katia

Le fils:

Lardenois

Vous n’avez rien compris au théâtre russe !

Les comédiens :

Katia

En pleine nature,

Lardenois

Sans le moindre confort,

Katia

T’es dingue !

Le fils:

Lardenois

26Oui ici, à BAKLANY

on est au plus prés de la taïga. De ses cadeaux, de ses dangers.

Les comédiens :

Katia

La nature est insupportable.

Lardenois

Tes idées sont insensées.

Katia

La nature pour éprouver l’art !

Le fils:

Lardenois

Vous préférez l’artifice ?

Les comédiens :

Katia

Ta nature, elle nous emmerde.

Lardenois

On l’emmerde et toi avec.

Katia

On se casse !

Le fils :

Lardenois

C’est ça cassez-vous ! J’ai pas besoin de vous !

La sœur :

Katia

Je reste !

Le fils:

27Lardenois

C’est comme ça dans toutes les aventures artistiques.

L’art ça dérange ou ce n’est pas de l’art.

(Temps)

Katia

Lui- Je, n’attend plus du théâtre qu’il lui donne de la voix, qu’il lui ouvre la voie,

une voie.

Il a pourtant fait partie du milieu, bénévolement pendant 22 ans et créateur du

festival de théâtre d’Avers sous les eaux puis directeur des 4 Saisons d’Avers sur

les eaux dans la Maison des Romanich de 1983 à 2004.

Il a cru, par passion, à la nécessité de soutenir la création artistique, de

l’écriture à la mise en scène, de soutenir et susciter des formes innovantes et

l’émergence de jeunes créateurs.

Ce fut une période passionnante qu’il ne renie pas

Mais Lui-je a pris conscience progressivement vers 2017/2019 que pour lui, le

vrai travail est à faire sur soi et par soi.

Pas d’agir sur les autres, d’influencer les autres.

Pas d’être agi par les autres.

Au théâtre, au spectacle, on est dans la représentation, pas dans la présence,

pas dans le présent.

Au théâtre je suis spectateur, je ne suis pas acteur de mon destin de mes choix

de vie à mes risques et péril.

Le théâtre, lieu de représentation est comme la politique représentative :

Enjeux de pouvoir

Le théâtre, lieu de représentation est comme la politique représentative :

Luttes de pouvoir.

28(Temps)

Lardenois

Ah le Théâtre !

(à Jean-Claude)

Jean-Claude, entre 1997 et 2017 tu as écrit et publié 7 pièces de Théâtre !

(Bravo)

Cinq pièces sous ton propre nom : Jean-Claude Grosse

Katia

La Vie en jeu

Lardenois

La Lutte des places

Katia

Le Libre jeu

Lardenois

La où ça prend fin

Katia

Et Histoire de places

Lardenois

Et trois autres pièces sous le nom de ton hétéronyme E.Say. Salé

Katia

Moi, Avide 1erl’Elu

Lardenois

EAT (manger, pisser, écrire) au temps des queues de cerises

Katia

Et Vols de voix Farce PESTILENTIELLE à l’occasion de la présidentielle 2017

 

Lardenois

Nous avons cherché dans le dictionnaire la signification de ce mot étrange

Hétéronyme

Katia

En littérature un hétéronyme est un pseudonyme utilisé par un écrivain pour

incarner un auteur fictif qui possède une vie propre et un style littéraire

particulier.

Lardenois

C’est clair ?

Ton Hétéronyme : E Say Salé est un auteur congolais qui vit à Ouagadougou, il

écrit des farces et il est aussi est cinéaste.

(A Jean-Claude)

C’est bien ça Jean-Claude ?

Katia

Vols de voix comportent 169 personnages

Le questionneur de merde

Lardenois

Le soliste qui œuvre en sous-sol

Katia

Arlette du musée Grévin

Lardenois

Le repentiste

Katia

Persil et Omo

Lardenois

La dératée des champs

30Katia

La servante du grand méchant loup

Lardenois

Sigmund et Jacques

Katia

L’entre deux-chaises

Lardenois

Un habitant de gogoland monsieur Gogo

Katia

L’ultraculpabilisateur néo libéral de gauche

Lardenois

L’anartiste … et bien d’autres !

Katia

169 personnages qui se partagent 235 répliques dont celle du Romain à succès

en 1956

Lardenois

Réplique du Romain à succès

Le député était préoccupé. Il essayait de se rappeler à quelle formation

politique il appartenait. Son parti s’était scindé en deux, les éléments de chaque

tronçon se repliant eux-mêmes par des systèmes d’imbrications vers trois

formations diverses, lesquelles exécutaient un mouvement tournant autour

du centre afin de s’y substituer, cependant que le centre lui-même subissait un

glissement vers la gauche dans ses éléments centripètes et vers la droite dans

ses éléments centrifuges.

Le député était à ce point dérouté qu’il en venait à se demander si son devoir

de patriote n’était pas de suscité lui-même la formation d’un groupement

nouveau, une sorte de noyau centre-gauche-droite avec apparentements

périphériques lequel pourrait fournir un pivot stable aux majorités tournantes,

31indépendamment des charnières qui articulaient celles-ci intérieurement, et

dont le programme politique pourrait être justement de sortir du rôle de

charnière pour accéder au rôle de pivot.

De toute façon, conclut le député, le seul moyen de s’y retrouver était d’avoir

un groupe à soi.

Katia

Le député leva brusquement vers le barman un regard désemparé.

 

en flagrant délire d'écoute
en flagrant délire d'écoute

en flagrant délire d'écoute

(Temps)

Katia

Nous allons à présent quitter le cauchemar du député pour un moment de

rêve qui se trouve dans «

Journal d’un égaré

»

C’est le Rêve d’une école de la vie

Un texte dédié au philosophe à Marcel Conche que tu nommes Epicure de

Corrèze

Lardenois

Je rêve d’une école de la vie de trois classes.

Katia

Une classe pour apprendre à raconter. Pour seize enfants de 6 à 9 ans.

Lardenois

Une classe pour apprendre à s’émerveiller. Pour seize adolescents de 11 à 14

ans.

Katia

Une classe pour apprendre à penser et à vivre vraiment. Pour seize jeunes gens

de 16 à 19 ans.

32Des gosses des rues. Pas voulus. Des survivants du travail précoce, du sida

général, de la guerre perpétuelle. Des adolescents à la dérive sur

l’amertumonde.

Lardenois

La classe des petits seraient confié à un aède. Homère par exemple. Ils seraient

assis en rond 8 garçons et 8 filles. Ca commencerait par des questions. Homère

leur raconterait des histoires. Ils commenteraient ces histoires. Ils les

raconteraient à leur tour puis ils en inventeraient.

Katia

La classe des moyens seraient confiée aux poètes : Linos, Orphée, Sappho et à

un peintre, vieux de 33 000 ans, celui de la grotte Chauvet. Linos ferait entendre

un chant très ancien sur le soleil, Orphée inventerait un poème d’éternité, avec

Sappho ils gouteraient à l’inachevé, l’homme de Chauvet les aiderait à

impressionner les murs, à faire vibrer la lumière, à donner corps a l’esprit.

Lardenois

La classe des grands serait confiée à un élu, battu aux élections, à un chef

d’entreprise en faillite, à un directeur de pompe funèbres en retraite et à un

philosophe très ancien. Anaximore, Héraclite, Parménide, Empédocle. 8 filles et

8 garçons en quête de soi, de l’autre qui se poseraient des questions : qu’est ce

que l’homme ? Qu’est ce que la nature ? Qu’est ce que vivre vraiment ? Qu’est

ce que devenir soi ?

Katia

En quelques semaines ils se sèvreraient des jeux vidéo, des modes

vestimentaires, langagières et comportementales

Lardenois

En quelques mois, les multinationales de la mal bouffe, du divertissement

formaté, de la manipulation des cerveaux seraient en faillite

Katia

En quelques siècles ils renonceraient aux vains désirs

Lardenois

33En quelques millénaires ils renonceraient aux illusions…

Katia

Nous avons pris l’initiative de faire parvenir tes propositions au Ministre de

l’Education Nationale de la Jeunesse. Nous sommes toujours dans l’attente de

sa réponse.

 

dans le hall
dans le hall

dans le hall

(Temps)

Lardenois

Nous poursuivons notre traversée avec un poème toujours extrait de La Parole

éprouvée

LE PREMIER MOT (extrait)

34Redis- moi le mot

Venu frapper là où cogne ma vie

Venu me réveiller au cœur de Paris.

Redis-moi ce mot

Ce sortilège de l’adolescence

Qui toujours devant mes yeux danse

Comme un merveilleux quiproquo.

Redis-moi dis

Ce mot que tu m’as dit

Ce mot d’amour

Le premier mot de notre premier jour.

Un coup de fouet

Comme des embruns

Petit pont d’amour

Qui durera toujours.

DANS

L’ÎLE AUX MOUETTES

Portrait de la femme aimée depuis 40 ans

Katia

35Apparemment, c’est une femme de l’absence. Toujours ailleurs. Perdues dans

ses pensées. Fille d’air et de rêve.

Mais à la pratiquer, avec amour, depuis quarante ans, j’ai compris que c’est une

femme de la présence, une présence légère dans le présent. Elle ne pèse pas.

Elle ne pose pas. Avec elle, tout est danse.

Le présent n’est pas que l’instant. C’est le moment de maintenant avec une

pointe de souvenir. Une fleur chaque jour pour notre chat parti sans retours ;

Son nom parfois et alors, une bouffée de nostalgie.

Elle est attachée à tout ce à quoi elle a donné de l’amour. Des photos et des

mots pour les disparus, la mère, d’une embolie qu’elle embellit, le fils et le

frère, dans le même accident.

Des cartes aux anniversaires. Des cadeaux sans destinataires pour les recevoir.

Quelle aptitude à ne rien laisser mourir malgré la souffrance, évidente,

inconsolable.

Chaque objet est à la fois d’hier et de maintenant, pas figé, souvent déplacé.

L’œil toujours sollicité par quelque nouveauté, une disposition rare, un

rapprochement inattendu, un éloignement surprenant.

Tout ce qu’elle aime est sans cesse repris, reconsidéré. Petits rien qui changent

tout.

Combats de chaque instant contre la dégradation, l’usure, l’habitude, l’oubli.

La maison vit, est habitée. Pas d’ennui possible avec une femme qui fait de sa

maison, de notre vie, un récit, un poème.

Avec elle, les simples jours deviennent les simples beaux jours, embellis par le

regard, le sourire radieux qu’elle pose sur les choses et sur les gens. Les tristes

jours deviennent les inoubliables tristes jours adoucis par son sourire

mélancolique.

Elle rayonne d’amour. Solaire, elle donne le meilleur d’elle, une écoute qui

apaise angoisses et peines, aide à mettre en mots, petits maux et grandes

douleurs.

Mais de ses angoisses et souffrances, vous ne saurez rien, les mots ne sont pas

pour elle. Elle ne s’en sert pas pour elle.

36Tout se passe dans le regard, souvent mouillé, toujours caché.

La légère, l’aérienne ! Depuis quarante ans, elle me fait la vie légère.

Je l’aime sans comprendre pleinement la force du don qui l’habite.

Mais en la vivant pleinement, passant des heures à contempler son visage sur

lequel je ne vois pas passer l’âge.

Elle a l’âge de son cœur, celui de l’adolescente qui m’a choisi une fois pour

toute.

Mon désir d’elle et mon amour pour elle sont restés intacts à son contact.

(Temps)

Lardenois

La mère :

Katia

Pourquoi n’appelle-t-il pas ? Ca fait déjà quinze jours. J’ai peur.

Le père :

Lardenois

C’est impossible d’appeler depuis là-bas. C’est brouillé, coupé. Rien ne passe.

La mère :

Katia

Pourquoi est-il allé là-bas, alors ?

Le père :

Lardenois

Pour se couper de tout.

La mère :

Katia

Pour se couper de nous ? Comment peut-il se retrouver, s’il fait disparaitre les

traces ? S’il est sans passé, sans projet ?

Le père :

37Lardenois :

Il n’est pas sans passé, sans projet. Il ouvre une parenthèse pour vivre au

présent. Loin de tout à 10 000 kilomètres de chez nous.

La mère :

Katia

Qu’il se dépêche de la refermer !

Le père :

Lardenois

Ca pourrait être un idéal de vie, vivre au présent, sans passé, sans projet, une

parenthèse qui s’ouvre à la naissance, qui se ferme à la mort

La mère :

Katia

Qu’est ce que tu racontes ? Appelle-le. Dis lui de revenir de suite.

Le répondeur :

Lardenois

Ligne en dérangement… ligne en dérangement… Indépendant de notre

volonté…

La mère :

Katia

Insiste !

Le père :

Lardenois

Je te dis que les lignes sont mauvaises. Entre deux ouragans ils essaient de

réparer mais ils n’ont jamais assez de temps.

Katia

Le Répondeur :

Lardenois

38Mauvais numéro…. Plus de correspondant…

La mère :

Katia

Recommence !

Le répondeur :

Lardenois

Mauvais numéro… Plus de correspondant… inutile d’insister … libérer la ligne

pour d’autres appels…

La mère :

Katia

Refais le numéro

Le répondeur :

Lardenois

Bon numéro… laissez votre message…

Katia

Le père :

Lardenois

C’est papa. Dés que tu reçois ce message, appelle. Ta mère s’inquiète !

La mère :

Katia

Mon chéri c’est maman. J’espère que tout va bien. Je t’embrasse.

(Temps)

Lardenois

La mère :

Katia

Pourquoi ? Pourquoi ?

39Le père :

Lardenois

Pourquoi lui ?

La mère :

Katia

Pas lui. Ce n’est pas vrai. Appelle-le. Dis –lui de revenir.

Le répondeur :

Lardenois

Ligne… occupée… ligne… occupée … ligne… occupée

Katia

Le père :

Lardenois

Il y a dû y avoir un ouragan. Leur central disjoncte.

La mère :

Katia

S’il y a une chance, je veux qu’on la saisisse. Rappelle-le !

Le répondeur :

Lardenois

En ligne… signal …

Katia

Le père :

Lardenois

Le message a changé.

La mère :

Katia

Raison de plus insiste !

40Le répondeur :

Lardenois

Ne donne pas signe de vie. Ne donne pas signe de vie. Renouvelez votre appel.

Katia

Le père :

Lardenois

Comment savoir la vérité ?

La mère :

Katia

Je veux que ce ne soit pas vrai. Recommence.

(Temps)

Katia

Le répondeur :

Lardenois

Nous n’avons pu rétablir les lignes d’urgence. .. Adressez votre prière.

La mère :

Katia

Mon fils n’entend plus ce que j’ai à lui dire. Comment lui parler ?

Le répondeur :

Lardenois

Le répondeur n’est pas fait pour apporter des réponses…. Le répondeur n’est

pas fait pour apporter des réponses

La mère :

Katia

A quoi sert- il alors ?

Le répondeur :

41Lardenois

Le répondeur sert à annoncer la disparition d’un abonné et à recevoir les

condoléances.

La mère :

Katia

Ca ne m’est d’aucun secours, je veux entendre sa voix. Aidez- moi à le

rejoindre !

Le répondeur :

Lardenois

Mauvais numéro… parti sans retour … destination inconnue… La voix de votre

correspondant a été coupée… Voulez vous faire une réclamation ?

Katia

La mère :

Rends nous notre fils !

Lardenois

Le père :

Rends nous la voix de notre fils !

Katia

Le répondeur :

Lardenois

Une voix coupée… est impossible… à réentendre. Une voix coupée… est

impossible… à réentendre.

 

(Temps)

Lardenois

8 années plus tard

Katia

42L’épousée : Tu te souviens ? Je t’avais demandé de dénoncer le contrat avec le

répondeur.

Lardenois

L’épousé : Oui, il nous avait répondu : peut-on se passer du Répondeur ?

Katia

Tu te souviens ? J’ai insisté sur l’éternité de l’instant syncope.

Je me demande où peut bien être passé l’instant syncope ?

Lardenois

Ca revient à se demander… où va le passé ?

Katia

C’est ce que je te demande, je vais passer. Où vais-je passer ?

Tu ne dis rien ?

Regarde- moi !

Je sais que je vais passer.

Où vais-je passer ?

Tu peux me répondre ?

Lardenois

Je n’ai pas la réponse à cette question et je ne veux pas que tu passes pour

aller dieu sait où ! Tu restes avec nous, tu dois rester avec nous. Quand on

passe c’est qu’on le décide !

Katia

Oui ! J’ai sans doute décidé de m’en aller. Plus rien ne me retient ici. Je vois bien

que je ne peux abolir le temps ni remplir le blanc du temps. Ca m’épuise ce

combat.

Lardenois

Pourquoi vouloir finir avant la fin ? Pourquoi vouloir arriver en avance là où ca

prend fin ?

Katia

43Tu connais la fin ?

Lardenois

Non

Katia

Alors, je peux mettre le point final…

Lardenois

Tu as décidé de finir la partie ?

Katia

Non, ça se décide en secret dans le ventre !

Lardenois

Partir de façon volontaire c’est ce que tu désires en secret ?

Katia

Je n’en sais rien.

Réponds à ma question :

Je sais que je vais passer où vais-je passer ?

Lardenois

Personne ne peut répondre à cette question !

Katia

Allez, fais un effort !

Tout ce que j’ai été

Tout ce que j’ai fait, ça a eu lieu une fois pour toutes, pour toujours, sans

possibilité d’être effacé, ça va bien quelque part non ?

Lardenois

Je n’en sais rien. Nous oublions ce que nous avons fait, ce que nous avons été.

Parfois ça ressurgit avec un goût de la madeleine.

44Katia

Ca, c’est ce qui se passe durant le temps de notre vie. Durant le temps fini de

notre vie.Mais il y a l’autre temps, celui dans lequel je vais entrer

définitivement, le temps éternel, infini.

Lardenois

Tu nous fais mal !

Katia

Ce n’est pas ce que je veux. Je veux la vérité en face !

Lardenois

Tu veux la mort en face ? Celle de toute chose pour toujours ?

Katia

Oui, il y a des choses à penser sur ce qui se passe quand on passe.

Qu’est ce que nous devenons ?

Lardenois

Les Répondeurs religieux ont leur réponse.

Katia

Réponses toutes prêtes, pour tous, je veux que l’on cherche par nous même !

Lardenois

Tu te rends compte de ce que tu me demandes, penser l’impensable, ton

passage de vie à trépas. C’est surhumain. Ce qui est humain c’est notre

promesse : « A notre amour, jour après jour, jusqu’à ce que ça fasse toujours ».

Seize mille huit cent cinq jours 16805 aujourd’hui, mon p’tit chat !

Katia

J’arrive au bout de mon temps de vie

Mais pas à la fin de ce qui a eu lieu,

Puisqu’il sera toujours vrai

Que ça a eu lieu

avant la soirée, clown's not dead (j'aime beaucoup cette attitude, être son clown)

avant la soirée, clown's not dead (j'aime beaucoup cette attitude, être son clown)

(Temps)

Lardenois

EN MARCHE

Nous étions jeunes

Nous marchions vite

Nous nous laissions porter par la puissance de nos muscles

Leur énergie nous exaltait l’âme

Leur effort tendu et souple ne nous menait nulle part

Nos cœurs se gonflaient aux vents du large

Des ailes nous poussaient.

Katia

Sur la scène, un vieil homme assis, de dos, face à la caméra de son ordinateur.

Le vieil homme

Lardenois

Pourquoi je m’installe là aujourd’hui, mercredi 25 octobre 2020, à 6 heures du

matin ?

C’est mon anniversaire, 80 ans.

Arrivé au monde depuis déjà 5 heures.

80 ans.

Donc le temps existe.

Katia

Faut-il en douter ?

Lardenois

46Arrivé au monde.

Donc le monde existe

Katia

Faut-il en douter ?

Lardenois

Réveil sans réveil entre 4 et 5 heures.

J’ai accompli mes petits rituels du matin.

Laudes joyeuses

Bonjour le jour, nouveau jour, merci la vie.

Bonjour mes chéris, vivants et autrement vivants, vous les trans-parents. Que

cette journée de plus soit une journée de paix, de silence….

Katia

Où vais-je passer ? M’as-tu demandé avant de passer. Ce que tu m’as fait

découvrir avant de passer c’est que le temps ne se perd ni ne se retrouve.

Chaque instant passe mais il ne s’efface pas. Il s’inscrit comme vérité dans le

temps de l’éternité, enregistré pour toujours.

Eternellement vraies les traces de chair, les effluves de caresses, les signatures

de mains tendres que tu as laissées dans ton cahier d’amour, sans mots, ni

chiffres….

Lardenois

Le livre d’éternité que chacun écrit n’est pas à rendre à la fin de sa vie

Katia

Il n’y a pas de bibliothèques pour conserver nos livres d’éternité

Ni à l’intérieur du cerveau ni à l’extérieur

Il n’y a que le présent.

Lardenois

47L’éternité c’est le présent.

Et notre livre d’éternité s’écrit au présent

Se rend au présent.

Katia

Il n’y a ni début ni fin

Ni passé, ni naissance, ni mort, ni d’ici bas, ni de très-haut !

Lardenois

C’est par notre présence au présent que nous participons.

Katia

Présence selon les choix mouvant de chacun

Lardenois

Présence plus au moins consciente, agissante, aimante

Katia

La présence la plus créatrice possible est pour certains la plus souhaitable, la

plus désirable, la plus épanouissante, la plus joyeuse….

(temps)

Lardenois

L’été prochain, je repartirai au Baïkal

Pendant les quatre jours et quatre nuits de Transsibérien dans le wagon de

queue, par la porte donnant sur la voie, je regarderai le temps s’enfuir.

Devant, le train avalera le temps présent, traverse par traverse.

Katia

Moi, je regarderai s’éloigner les traverses arrières quelques centaines de

mètres après

Quelques secondes plus tard je ne les verrai plus mais elles ne disparaitront pas

pour autant

Lardenois

48Ta dak, ta dak ta dak ta dak ta dak ta dak ta dak

Katia

Le bruit solidien du train sur les rails

Me dira le temps qui passe…

Lardenois

dak ta dak ta dak

C’est au Baïkal que je me sens au plus prés des évidences du Temps :

Le contraire de ce que j’ai pensé trop longtemps :

Non la mort de tout,

Le refroidissement éternel, l’oubli perpétuel

Le Jamais Plus

Plus Jamais

Nervermore.

Katia

Mais tout coule,

Chaque seconde passe,

Se métamorphose en éternité d’une seconde Bleu Giotto,

Forever.

Pour toujours !

Lardenois

Premier épilogue emprunté au Livre VI de Et ton livre d’éternité ?

Katia

La naissance de Je Suis Vita Nova

Lardenois

Je Suis Vita Nova naquit le 25 décembre 2020.

Ce fut une naissance personnelle et confidentielle.

49Lui-Je avait mis en place un rituel pour le spécial solstice d’hiver 2020, qui

commençait le 21 décembre.

Le 21 décembre lui a été offerte une sacrée réponse (une réponse sacrée).

A la question : Qui suis-je ?

Katia

Sa fille, très sarcastique lui dit : « Tu es Dieu »

Lardenois

Elle adore son père.

Et il a répondu sans réfléchir : «

Oui c’est vrai, je suis divin, comme toi, comme

tout ce qui existe. Ce Dieu est personnel et incarné. C’est pourquoi pour

épitaphe, je souhaite : Ci Gît Dieu. »

A quoi un ami bienveillant à rajouté :

Katia

«

Le Vrai, Pas l’Autre ! »

Lardenois

Le 25 décembre 2020,

Lui-Je, Hyérosolymitain d’Avers sous les eaux depuis le Déluge, d’Avers sur les

eaux et de Corps ça vie, celui qu’on appelle communément J.C

Un peu allumé, un peu illuminé,

Ayant passé 80 ans,

Après des décennies d’errance et d’égarement

Décida de se donner une nouvelle identité.

Katia

Voilà qui Je Suis : Je suis Vita Nova.

Lardenois

Vita Nova se reconnait plurivers, multivers plus qu’univers

50Katia

Il se reconnait divers, ondoyant, contradictoire.

Lardenois

Il se reconnait semblable à une large bande sonore passante et à un large

spectre lumineux

Katia

Il se reconnait d’hiver, de printemps, d’été, d’automne, saisonnier

Lardenois

Il se reconnait impermanent, incohérent plus que cohérent, dispersé plus

qu’unifié, tout en sachant, sentant, éprouvant le passage à l’éternité de tout ce

bouillonnement.

Katia

Sorti en Livres VI des 9 cercles de l’Enfer, Vita Nova ne connut pas la phase

purgative et se retrouva au paradis sur terre.

Lardenois

Son ermitage est sur une colline d’Avers sur les eaux !

Katia

Second épilogue

Adresse de l’auteur à ses lectrices et à ses lecteurs à propos de Et ton livre

d’éternité ?

Lardenois

J’ai été happé par cette aventure d’écriture, en somnambule, en funambule,

sans plan, sans personnages, sans péripéties.

Katia

J’ai été littéralement possédé, porté par un flux me traversant, un flow créatif

par lequel je me suis laissé entraîner sans censure, sans jugement de surplomb,

laissant converger comme ça venait, souvenirs,

Lardenois

51Projets,

Katia

Réels,

Lardenois

Imaginaire,

Katia

Humour,

Lardenois

Pulsions intenses

Katia

Et moments présents.

Lardenois

Je ne regrette pas d’avoir suivi la voix qui m’a poussé à l’écriture.

Même si des bilans sont faits, il ne s’agit pas, me semble t’il, d’un bilan de vie,

d’une autobiographie, d’un exercice narcissique de satisfaction, d’auto-

satisfaction du travail accompli, du chemin parcouru.

Katia

Il me semble que l’essentiel est dans une transformation, une métamorphose

de l’auteur, tardive, surprenante, le surprenant ô combien.

Lardenois

C’est sur cette métamorphose que prend fin notre insolite traversée

sur la terrasse du bar de la Fontaine, une bande d'amis
sur la terrasse du bar de la Fontaine, une bande d'amis

sur la terrasse du bar de la Fontaine, une bande d'amis

la soirée du 29 septembre s'est passée
de 19 H 00 à 23 H
puis pour une dizaine d'amis jusqu'à 1 H 30
sur la terrasse du bar de la Fontaine
autour d'un magnum de La Baratonne
c'est passé, une fois pour toutes
mais le passé ne s'efface pas 
s'il est vrai (?) que ce qui se passe et passe
il sera toujours vrai que ça s'est passé
(là, doit commencer une réflexion sur la vérité 
soi-disant absolue, universelle, éternelle
doute nécessaire)
ce fut une des thématiques essentielles de la soirée
de la traversée
merci à Dominique Lardenois et Katia Ponomareva pour leur traversée d'une heure
merci à l'équipe technique : Yves, Jérôme, Laurent 
merci à Ange Musso, pour son discours improvisé et sincère
merci au service municipal, chargé de la restauration, pour l'impeccable et copieux buffet
merci aux présents, pour leur présence et leurs réactions
merci à l'amie descendue exprès de Paris
merci à l'amie descendue exprès de Lyon
merci pour les échanges pendant le buffet
(ébranlé par les malaises de Michelle et Sylvie, la fragilité de Marie-France, leur ai dit de prendre bien soin d'elles
félicitations à la retraitée Mü Geb, depuis 15 H, le 29 septembre)
merci à tous ceux qui par mail, SMS, FB se sont manifestés
merci aux absents remarqués
aux annoncés absents
merci à la pleine lune
à l'automne d'été indien
une autre traversée semble se dessiner
pour le printemps 
au Canard en Bois de Marcel Moratal
à Montréal-les-Sources
à 1500 m
dans la Drôme
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