Le couple conscient/Lydie Bader
par temps de gilets jaunes, il n'est pas anecdotique de lire ce livre; hommes et femmes des ronds-points et des avenues, boulevards, rues, places, comment se rencontrent-ils, se parlent-ils ? quelles visions de la vie, du sens de la vie ont-ils ? 50 ans d'évolution des mentalités ne sont-ils pas à prendre en compte ?
Le couple conscient
Lydie Bader
Dangles 2008
Comment découvre-t-on un livre important ? Surtout paru, 10 ans avant. Pas en librairie. À l'occasion d'un échange avec des amis en recherche. Il faut des proximités dans les cheminements spirituels, intérieurs et partagés (le cercle de lecture qui fonctionne depuis 2 fois au Cercle du Revest est un tel lieu d'échanges, 7 à 11 personnes se retrouvent pendant deux heures et parlent de livres les accompagnant)
Le couple conscient est un livre qui malgré ses 10 ans parle très justement de l'évolution des identités masculines et féminines, des évolutions des couples et des familles (avec les enfants), en lien avec des évolutions sociétales. Le pluriel s'impose car la cartographie dessinée par Lydie Bader révèle la variété, l'hétérogénéité des cheminements inconscients, conscients, destructeurs, régressifs, authentiques, responsables. Cette variété des cheminements est illustrée par 62 fiches de films, dont nombre de films majeurs qu'il serait bon de revisionner 40 ou 50 ans après. Ce choix du cinéma pour illustrer les propos des 25 Essais montre en quoi le 7° art sait voir et donner à voir ce qui s'apparente à des cas cliniques.
L'année charnière est 1968 avec toutes les libérations, émancipations qui en ont découlé. Mais il ne suffit pas d'un mouvement collectif, de mouvements collectifs, d'intelligence collective pour que les parcours individuels ou de couple se libèrent, s'émancipent des patterns sclérosants, des modèles de comportement acquis dès l'enfance par imitation, répétition et sous la contrainte. Formatés comme on dit aujourd'hui, on n'a pas nécessairement conscience qu'on véhicule par exemple une culpabilité judéo-chrétienne liée aux tabous concernant le corps, la nudité, la sexualité infantile, la sexualité adolescente, adulte. La conscience de cette culpabilité ne suffit pas non plus à nous en débarrasser. Il y faut un travail sur soi qui n'est possible que quand on a compris que ce nettoyage des contentieux entre hommes et femmes, ce nettoyage du poids des traditions, des non-dits est de notre responsabilité personnelle, quand on s'affranchit de la position victimaire, qu'on s'affranchit du renvoi de la responsabilité de notre situation (personnelle, de couple, de mère, de père) sur l'autre, le bourreau (la société, l'époux, le père, la mère, l'épouse).
La lecture des fiches (62) est passionnante et éprouvante. Passionnante parce que facilitant des retours sur images de films vus, il y a si longtemps, parce que donnant l'envie de voir des films non vus, je pense à Mary de Ferrara ou à Eternal sunshine in a spotless mind de Michel Gondry. Éprouvante parce que s'y étalent les souffrances vécues par jeunes filles, jeunes hommes, hommes immatures, femmes-enfants, femmes objets, machos, femmes et hommes absents à eux-mêmes, un enfer dantesque. Ces souffrances sont souvent le prix à payer pour une inconscience, un refus de bouger, un refus de se remettre en question, un choix illusoire (« l'amour romantique », le mariage par sécurité...). Certains vont jusqu'au sacrifice, suicide, viol accepté, vide existentiel, dépression. Le film non cité de Claude Lelouch, Il y a des jours … et des lunes (1989), parcourt magistralement toute la gamme des relations humaines, de l'attirance au rejet ; treize personnages se cherchent, s'évitent, se croisent.
L'apport essentiel de ce livre est de mettre l'accent sur ce que j'appelle la route de la soie spirituelle qui s'est développée depuis 50 ans. Nous sont venues d'Extrême-Orient des doctrines, des sagesses, des pratiques ouvrant sur l'intelligence du cœur, sur le pouvoir de l'amour (à entendre comme énergie universelle animant tout ce qui vit, qui échange et pas seulement l'état amoureux, la passion = une maladie). L'intuition, la compassion, la mise entre parenthèses du mental, le laisser venir, le lâcher-prise, la bienveillance, l'acceptation de ce qui advient, l'ouverture, l'accueil à l'inattendu, le refus de la projection d'a priori, préjugés sur une personne, une situation sont des apports venus de loin dans l'espace et dans le temps qui changent la vision de l'homme, de la femme, qui tentent d'équilibrer féminin et masculin en chacun des deux, qui tentent de faire la lumière sans oublier la part d'ombre que chacun porte en lui.
Je ne doute pas que ces changements, souvent douloureux, nourrissent le mouvement des Gilets jaunes. Les femmes y sont très représentées. La parole y semble libre. L'écoute semble au rendez-vous. Avec des envies de vie et non plus seulement de survie. À lire donc dans le contexte d'aujourd'hui où un mouvement collectif entraîne les histoires individuelles, chacune à partir de là où en sont des êtres concrets, produisant de l'intelligence collective ne dispensant pas d'un travail personnel. JCG
Le couple conscient propose une réflexion sur l'évolution du couple, dans une vision dynamique d'un monde en mutation, qui a accès aujourd'hui à une conscience plus adulte, permettant de sortir des répétitions sans fin du passé et de devenir responsable de son propre chemin de vie. Au cœur de l'Essai, les deux énergies fondamentales dans toute relation - le masculin et le féminin - sont envisagées dans des échanges nouveaux de partage et de coopération. Le cheminement vers la conscience de soi et la responsabilité ouvre une nouvelle étape de croissance dans l'évolution de l'humanité. Au cours des quarante dernières années, l'intelligence du cœur en tant que partage, solidarité, coopération, conscience humaine s'est imposée peu à peu et propulse l'individu et le couple vers une dimension de conscience spirituelle qui éclaire le sens des anciens héritages et ouvre la voie à une vie créative. Le couple conscient, porteur d'une compréhension synthétique de son histoire, permet d'envisager une famille consciente où la venue de l'enfant s'inscrit dans une responsabilité adulte. L'Essai est illustré de " cas cliniques " puisés dans le cinéma mondial, qui montrent combien le 7e art témoigne en profondeur, avec intelligence et sensibilité de l'Histoire en marche de l'humanité, et combien l'impact qu'il provoque chez le spectateur peut contribuer au cheminement vers la connaissance et la compréhension de soi.
Présentation
Première Partie - Essai : LE COUPLE CONSCIENT 25 essais dont
État des lieux de l’ancien monde – Mai 68 – Le changement inévitable - L’héritage du passé et ses conséquences – La mère et le père, entre toute-puissance et absence - Nouvelle étape de croissance dans le processus évolutif - La responsabilité personnelle - État des lieux au début du 3e millénaire Le débat sur la souffrance des hommes - De la loi du père sévère à la loi du père laxiste
Deuxième partie – Cas cliniques : EXPÉRIENCE CINÉMATOGRAPHIQUE 62 fiches de films sur
La mère et le père - La femme soumise et dépendante - La femme prostituée - La femme qui essaye de s’en sortir, la femme rebelle, révoltée - L’homme en crise - Les blessures du passé et du présent - Les couples et leurs crises - La passion, la sexualité, l’influence de la religion - Le mirage, l’illusion, le rêve
Lydie Bader, est psychothérapeute à Lyon. Dans sa pratique, elle propose une approche globale de la personne, qui intègre la dimension spirituelle.
L’écriture du « Couple conscient » est l’aboutissement d’une recherche qui ressent la nécessité de faire la synthèse entre Orient et Occident, rationalité et sensibilité, et entre des approches occidentales et orientales de la psychologie. La réflexion de l’Essai est nourrie à la fois par le travail clinique, l’observation d’un monde en mutation et un travail spirituel.
Extraits : Nouvelle étape de croissance dans le processus évolutif : la responsabilité personnelle
« L’immaturité et la souffrance affectives constituent une constante récurrente présente chez les personnes qui viennent me consulter. Leur vécu appartient à l’histoire du siècle dernier et a pour cadre des contextes où les mères ont été dominantes dans l’éducation de leurs enfants. Cet état des choses s’est en effet mis en place dans une période historique marquée par des générations de parents qui n’avaient pas une conscience claire du développement de l’enfant et de sa croissance vers une autonomie adulte. C’est dans ce contexte « peu éclairé » par une conscience psychologique que les femmes ont occupé le terrain, en essayant d’être de « bonnes mères ». La responsabilité des pères est tout aussi importante car elle s’est très souvent inscrite en creux dans l’absence et la distance. Ce qui nous semble aujourd’hui un comportement inadéquat, à ajuster, a correspondu à un moment donné à une normalité. Nous constatons aujourd’hui l’immaturité affective qui en est la conséquence. Un regard plus éclairé peut mesurer l’ignorance et le manque de conscience qui en toute « bonne foi » ont mis en place ces situations dont les effets sont bien présents au début du troisième millénaire. Les reproches aux générations passées n’ont pas lieu d’être dans une perspective d’évolution de l’individu. Chaque génération a fait au mieux avec l’ouverture d’esprit et la conscience propres à son époque. Les manques et les blessures dont nous héritons constituent les empreintes du travail d’évolution à réaliser dans la vie à venir pour les générations futures. Chaque individu naît dans un contexte à partir duquel il est amené à évoluer. Les limites de ce contexte contiennent les germes de son évolution future.
Il me semble que nous entrons dans une nouvelle étape de croissance dans le processus évolutif, grâce à une conscience plus éclairée et à une maturation des individus. Ce processus évolutif qui s’est imposé ces quarante dernières années a remis en question le modèle de vies linéaires bien clôturées et sans surprise, et a touché tous les niveaux de la vie individuelle. Accepté ou non, il a ouvert ce qui était figé et inadapté à la situation nouvelle. C’est comme si le potentiel de l’humanité avait actualisé de nouvelles possibilités grâce à une compréhension plus éclairée du chemin à parcourir.
Il est difficile pour les jeunes générations de comprendre l’énorme saut en avant qui a été accompli en quarante ans. La remise en question de l’obéissance aveugle à des forces d’oppression et d’autorité a ouvert le champ de la responsabilité personnelle et de la réflexion après mai 68. Les individus progressent aujourd’hui vers un état plus adulte, grâce à une prise de conscience de leur responsabilité personnelle dans ce qui leur arrive et de leurs possibilités d’action.
Ce qu’on a parfois appelé « l’émergence spirituelle » à partir des années 70-80 reste une dimension un peu floue, semblable à une zone sans repères où l’individu tâtonne à la recherche d’une identité plus entière, comme poussé par une force intérieure animée d’une énergie nouvelle qui s’impose.
La capacité d’assumer une responsabilité personnelle dans son propre cheminement, au-delà des normes et des possibilités officielles et reconnues, me semble un indicateur intéressant de la maturité en train d’émerger dans la société actuelle, et que je constate dans la démarche thérapeutique en particulier. Elle me semble en lien avec une ouverture d’esprit et une attitude intérieure capables de ressentir et de décider ce qui est bon pour soi, comme si les anciens repères étaient en décalage avec les besoins nouveaux. Cette nouvelle attitude, à l’opposé de l’état d’esprit de « l’État providence » se démarque par une capacité « d’investir » pour soi afin de cheminer vers un bien-être ou un mieux-être. Cet investissement non remboursé par la Sécurité Sociale engage la responsabilité de l’individu et suppose une réflexion par rapport à ses propres choix.
Pour moi, ces nouvelles attitudes constituent un chemin de maturité, dans lequel un individu autonome a coupé les cordons ombilicaux le reliant à des repères auxquels il a besoin d’ajouter de nouvelles dimensions. »
Lydie Bader
Commentaires sur quelques idées phares du livre :
L’auteur commence par situer le contexte de son propos en relatant les nombreux changements de ces 40 dernières années, subi par le monde occidental.
« Ces bouleversements ont modifié les comportements et les besoins des individus dans leur vie relationnelle, sociale, familiale et intime.
[…] Cette situation nouvelle touche tous les individus. Ils y répondent souvent par des attitudes opposées d’adhésion, de confiance et d’ouverture, ou bien de refus de peur et de repli sur soi.»
L’auteur met en avant la quête de sens qui anime désormais tout un chacun. Celui de trouver le sens de sa vie dans un monde qui souffre de par ces paradoxes et ces contradictions.
Pour elle, « la question du sens s’inscrit aujourd’hui dans la réflexion prioritaire de l’individu qui cherche un nouveau souffle, dégagé des anciens conditionnements, des anciens préjugés et des anciennes habitudes » .
Nous savons que conditionnements, préjugés et habitudes sont des éléments tenaces et pouvant selon moi s’inscrire dans un inconscient collectif et/ou familial… Il s’agit ici d’un enchevêtrement qui s’élabore depuis notre prime enfance en suivant les étapes connues du développement de l’enfant. Ce dernier est relatif à la relation avec la mère, le père, la famille nucléaire, les pairs, l’école et pour finir les formations ainsi que le travail. En incluant toutes les expériences et les caractéristiques de la personnalité de chacun dans toute leur unicité. Il apparaît donc clairement que cette quête et ce souhait de s’en dégager n’est pas une mince affaire. C’est pourquoi je pense en tant qu’éducatrice spécialisée que dans le contexte mondial actuel il peut être sain de réapprendre la recherche du sens de la vie et donc la compréhension du passé, pour faciliter celle du présent et permettre l’anticipation du futur. Aussi bien d’un point de vue personnel et donc relatif à soi et à sa famille que d’un point de vue global en ce qui concerne la planète Terre.
De nos jours, « l’hyperconnectivité », les infos Tv font que nous pouvons avoir un œil sur la planète tout en restant aveugles…
« « Le « Village global » évoqué au début des années 70 est devenu notre réalité quotidienne. Que nous le voulions ou non, nous faisons partie de la grande famille humaine en marche vers son avenir. Cette ouverture de nos vies à l’échelle mondiale est source de peur chez beaucoup d’individus. » .
Et pour cause ! C’est notre conception de l’humanité dans toute sa diversité qui a changé entièrement ! Anciennement, les informations nous parvenaient avec du recul, les histoires d’atrocités lointaines paraissaient irréelles et les générations des années 90 en Europe grandissaient dans un climat de relative paix, mais les années passent et les enfants grandissent en même temps que la prolifération des réseaux internet dans le monde !! Ouvrant la communication sur la planète entière, permettant l’accès aux images les plus atroces en temps réel, donnant la possibilité à de nombreux humains de s’exprimer, d’analyser, de contester, de proposer, d’exister aux yeux du monde entier et par là même de voir le monde entier exister devant leurs yeux ! Quel choc de se rendre compte que les villages reconstruits du Moyen-âge, les histoires sur les famines sont encore une réalité de nos jours dans certaines parties du monde !!! Qui plus est par la faute des êtres humains !!!
« La remise en question de la société en mai 68, les hippies, le mouvement d’émancipation des femmes, les voyages entre Orient et Occident […] ont participé d’une manière ou d’une autre à une évolution dont nous ne percevons peut-être pas encore tous les effets » .
L’auteur poursuit en abordant le principe médian qu’elle définit comme la voix de l’âme ou de la conscience supérieure et explique que ce dernier devient une réalité du monde aujourd’hui […] « Au-delà de la conscience du mental analytique séparateur, elle s’extériorise à travers toutes les manifestations individuelles et collectives qui appellent à plus d’équilibre, de partage et de coopération dans le respect de la dignité humaine et aussi de façon spectaculaire lors de grandes catastrophes, quand la souffrance humaine balaie les résistances et donne accès à la dimension du cœur, à l’amour fraternel qui offre généreusement son aide et abolit les frontières de l’égoïsme. Cette vitalité du cœur n’est pas encore inscrite dans un comportement régulier, mais elle est possible et constitue un espoir pour l’évolution de l’humanité. » .
L’espoir de voir comme le dit la chanson, les premiers devenirs les derniers et inversement. Où de manière plus idéologique espérer un peu plus d’égalité pour l’humanité. Cesser de voir la souffrance partout et devoir pour la rendre plus supportable détourner les yeux ou endormir son cerveau en le plaçant littéralement sur le mode pause ! Plongeant jusqu’au cou dans les jeux d’argent, les séries TV, les drogues, l’alcool et tout ce qui peut détourner notre attention, tout ce qui peut anesthésier nos sens et surtout, surtout faire disparaît tout ce mal-être qu’on distingue assez mal !
Lydie Bader expose une vision différente, « aujourd’hui je propose l’âme comme expérience à vivre, au-delà du mental qui analyse et décortique. La connaissance de l’âme ne relève pas de la religion, mais d’une psychologie qui relie le psychisme inférieur au psychisme supérieur. Le psychisme inférieur est le champ d’exploration de la psychologie traditionnelle qui organise l’investigation humaine autour du conscient et de l’inconscient de la personnalité. Les limites de cette exploration ont déjà été pointées par le précurseur qu’a été C.G.Jung qui, avec l’inconscient collectif, à relié l’être humain à son destin collectif et à son potentiel qu’il appelle l’expérience de l’âme » . L’auteur pense en tant que psychothérapeute et je le pense également en tant qu’éducatrice spécialisée, que quelqu’un (patient-public) vient en thérapie (en rendez-vous) « accompagné non seulement de sa famille personnelle, au sens symbolique du mot, mais aussi de la grande famille humaine à laquelle il appartient et dont il partage l’héritage » .
État des lieux de l’Ancien Monde : Mai 68, le changement inévitable.
« La révolte des étudiants en mai 68 a servi de déclencheur à cet énorme changement indispensable et salvateur. « Il est interdit d’interdire », l’imagination au pouvoir », furent des slogans récurrents au cours de ces mois ardents ou les étudiants renvoyèrent dos à dos l’Église, l’ordre, la morale, les familles et les institutions. Les repères religieux et familiaux étaient devenus des carcans d’asservissement à travers leurs dogmes et leurs structures cristallisées. Leur fonctionnement avait organisé l’écrasement de la sensibilité, de l’imagination et de la maturation des individus. […] La violence de mai 68 dans les actes et dans les mots donna la mesure des souffrances accumulées à travers une soumission silencieuse et passive et sonna le glas de la répression prolongée des hommes et des femmes.
Elle marqua la fin de la domination de la culture judéo-chrétienne qui avait imposé un clivage entre le corps et l’esprit, entre les valeurs matérielles et spirituelles et donc entre les valeurs masculines et féminines.
Le péché et la culpabilité, ainsi que la peur de l’enfer et de la damnation éternelle avaient conditionné des générations d’individus à obéir aux diktats de la théologie. Le message d’amour du Christ « Aimez-vous les uns les autres » avait depuis longtemps été remplacé par un message de terreur, au nom du pouvoir, du contrôle, de l’ordre et de la morale.
Les hommes avaient occupé le devant de la scène politique, culturelle, sociale et religieuse et avaient pris en main l’évolution du monde. La condition des femmes marquée du sceau de l’infériorité par le corps tabou avait été surtout canalisée vers les rôles de mères, d’épouses, de religieuse, de vierges et de saintes, ou à l’autre extrême de prostituées. Les années 60 marquèrent d’une certaine façon le paroxysme d’une situation devenue intolérable et certainement aussi dépassée. Les rôles dévolus aux hommes et aux femmes volèrent en éclats d’un seul coup.
Après une très longue période passée à obéir comme une enfant obéit à ses parents, l’humanité occidentale avait grandi au point de devenir un adolescent. Sa crise d’adolescence explosa comme un grand feu libérateur en mai 68. La jeunesse des années 60 sentit le besoin de couper le cordon ombilical avec un héritage devenu trop lourd- la soumission à une morale et à une autorité rigides et intransigeantes – et revendiqua le droit de décider ce qui était bon pour elle. Les digues de la morale furent emportées par le flot des nouveaux désirs qui s’exprimèrent avec la fougue et l’impétuosité d’énergies trop longtemps contenues et réprimées.
Il devint interdit d’interdire. À la soumission aveugle de nos parents aux codes moraux succéda pour les nouvelles générations l’impérieux besoin de faire l’expérience de la vie. Au début des années 60, la découverte des philosophies orientales avait semé les germes d’une autre vision de l’existence et de relation à l’univers. La toute-puissance de la logique masculine fut confrontée à la découverte de la sensibilité et de l’intuition des Orientaux.
[…] Dans la foulée de mai 68, les femmes se réveillèrent et commencèrent leur longue marche pour sortir du ghetto où elles étaient emprisonnées depuis trop longtemps.
[…] La Loi de Neuwirth (1967) et la loi de Veil ( 1975) donnèrent aux femmes le droit de disposer de leur corps et la possibilité d’une sexualité orientée vers le plaisir. La pilule et la possibilité de recourir à une I.V.G en cas de grossesse non désirée commencèrent à transformer la vie des couples » .
Je pense que cela n’a pas transformé que la vie des couples !! Nous savons à présent que l’arrivée d’un enfant sera vécue de différentes manières selon qu’elle est désirée ou non. Prenons la perspective d’un enfant désiré par les deux futurs parents doté d’un peu de recul et de réflexion concernant cette importante décision. L’investissement psychique des parents permettra dans l’idéal d’établir des relations saines. Je veux dire par là que cette démarche permet et facilite le travail qui consiste pour chaque mère à mettre toutes les chances de son côté afin de respecter l’ensemble des conseils relatifs à sa grossesse. Je pense que cette conscience des choses par le couple, facilite pour la maman son abstention face à l’absorption de substances néfastes pour l’enfant et aux comportements violents pendant cette période un peu particulière qu’est une grossesse.
Parce que nous savons, que le stress pour les mamans est loin d’être positif pour leurs corps et donc pour celui de leur invité. Nous savons que le bébé entend dans les derniers mois passés dans le ventre de sa mère qu’il est sensible à la musique, reconnaît les voix à sa naissance et particulièrement celle du père qui lui a parlé pendant sa gestation, etc. Puisque nous savons tout cela il devient de nos jours moins difficile de donner toutes ces chances, possibilités, avantages à ses enfants, mais dans le cas contraire… Quelle énorme perte, n’est-ce pas, tout ce gâchis et ce potentiel…
Je ne voudrais pas vous laisser penser que je fais l’apologie du savoir unique, mais à défaut d’avoir perdu une grande partie de nos instincts primaire (sans connotation négative à primaire) je réfléchis avec ce que j’ai sous la main enfin sous l’œil et dans l’esprit.
De plus, nous savons également qu’un couple préparé à l’impact et aux changements relatifs à la naissance d’un enfant est davantage enclin à résister aux bouleversements consécutifs à un tel événement. Contrairement aux idées reçues, l’arrivée d’un enfant ne renforce pas le couple en tout cas pas dans l’immédiat ! Qui dit changement, dit besoin d’adaptation pour y faire face au mieux. Le processus d’adaptation ne s’élabore pas d’un trait de baguette magique, il s’agit donc d’une période d’adaptation où chacun individuellement et ensemble en couple, chacun donc des deux acteurs fait face aux nombreux bouleversements. Cet état de fait en plus de l’accumulation de fatigue qu’un nouveau-né entraine met en exergue les fragilités, les tensions, les non-dits, les refoulements présents au sein du couple parental.
L’auteur poursuit en ces termes : « À la fin des années 60 et au début des années 70, la nouvelle liberté acquise s’accompagne de dérives inévitables après tant d’obscurantisme. Mai 68 a ouvert la porte à des explorations diverses, les unes allant dans le sens d’une revanche du corps, les autres dans le sens d’une expérience différente de la spiritualité. Les paradis artificiels de la drogue découverte lors de voyages en Orient tentèrent beaucoup de jeunes, en quête d’un ailleurs, d’un au-delà du quotidien médiocre et routinier proposer par la société. ».
J’ai envie de dire qu’à l’heure actuelle la médiocrité et la routine du quotidien sont davantage accentué par la puissance des médias qui nous bombardent d’images toujours plus sensationnelles, qui transforment des hommes en superhéros et dont les techniques permettent de faire toujours mieux illusions. Confondant le réel dans l’irréel, le vrai du truqué, le brut du transformé dans une quête toujours plus folle vers une perfection des apparences, des personnes, des évènements et des histoires !! Il y a de quoi avoir des complexes en voyant au quotidien nos maladresses, nos cheveux décoiffés et un jour sur deux nos yeux cernés !!!
« Mais cette quête d’un niveau de conscience et de perception différentes se révéla très vite une voie sans issue. Beaucoup de jeunes assoiffés de liberté se brisèrent les ailes dans les « trips psychédéliques ». Leur chute, souvent mortelle, fut à la mesure de leurs espoirs. La disparition prématurée de trois icônes de la musique de l’époque- Jim Morrison des Doors, Jimmy Hendrix et Janis Joplin - mort par overdose, semble-t-il, refroidit beaucoup de jeunes.[…]
La nouvelle liberté du corps des femmes les exposa très vite à un nouvel esclavage, celui de l’image du corps imposé par une société qui décida que la minceur était l’idéal, la norme. Le corps cessa d’être tabou, mais il devint une marchandise, un objet conditionnable, malléable au gré de la mode. La majorité des femmes occidentales tomba dans le piège de la minceur au cours des années 70/80. Le corps des femmes, tabou jusqu’alors, devint un objet sexuel largement exposé et exploité par la publicité.[…] Avant le sexe se vendait sous le manteau, après il se vendit ouvertement.
[…] le sexe fait vendre. Le marketing créer les valeurs de notre société. L’idéal des soixante-huitards qui avaient entrevu un monde libéré de la répression s’est dilué au fil des années, récupéré par les marchands du sexe et les marchands tout court. » !!!
Il apparaît ainsi que ces dérives sont une réaction proportionnelle à l’action…ce qui donne l’espoir de peut-être retrouver tôt ou tard quelque chose de plus équilibré. Cependant, les effets positifs et les dérives négatives de cette période se font encore sentir de nos jours.
« Le mariage qui avait été la valeur sûre fut bousculé. Les valeurs qui poussaient autrefois les couples à rester ensemble, même lorsque la relation était dans une impasse totale, ont été remplacées par une capacité de remise en question et de changement, inexistante jusqu’alors. […] L’obéissance excessive des ainés aux normes et aux codes poussa les jeunes générations à un refus total de toute autorité qui puisse imposer des normes. ».
Sarah, éducatrice spécialisée
Que se passe-t-il ? Que faire ? - Blog de Jean-Claude Grosse
les gilets jaunes de Commercy (4F, 4H) lisent leur déclaration; face à face; Tuche, président en grève avec des gilets jaunes contre le CAC 40; Le couple conscient de Lydie Bader, livre importa...
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