Le couple conscient/Lydie Bader
par temps de gilets jaunes, il n'est pas anecdotique de lire ce livre; hommes et femmes des ronds-points et des avenues, boulevards, rues, places, comment se rencontrent-ils, se parlent-ils ? quelles visions de la vie, du sens de la vie ont-ils ? 50 ans d'évolution des mentalités ne sont-ils pas à prendre en compte ?
Le couple conscient
Lydie Bader
Dangles 2008
Comment découvre-t-on un livre important ? Surtout paru, 10 ans avant. Pas en librairie. À l'occasion d'un échange avec des amis en recherche. Il faut des proximités dans les cheminements spirituels, intérieurs et partagés (le cercle de lecture qui fonctionne depuis 2 fois au Cercle du Revest est un tel lieu d'échanges, 7 à 11 personnes se retrouvent pendant deux heures et parlent de livres les accompagnant)
Le couple conscient est un livre qui malgré ses 10 ans parle très justement de l'évolution des identités masculines et féminines, des évolutions des couples et des familles (avec les enfants), en lien avec des évolutions sociétales. Le pluriel s'impose car la cartographie dessinée par Lydie Bader révèle la variété, l'hétérogénéité des cheminements inconscients, conscients, destructeurs, régressifs, authentiques, responsables. Cette variété des cheminements est illustrée par 62 fiches de films, dont nombre de films majeurs qu'il serait bon de revisionner 40 ou 50 ans après. Ce choix du cinéma pour illustrer les propos des 25 Essais montre en quoi le 7° art sait voir et donner à voir ce qui s'apparente à des cas cliniques.
L'année charnière est 1968 avec toutes les libérations, émancipations qui en ont découlé. Mais il ne suffit pas d'un mouvement collectif, de mouvements collectifs, d'intelligence collective pour que les parcours individuels ou de couple se libèrent, s'émancipent des patterns sclérosants, des modèles de comportement acquis dès l'enfance par imitation, répétition et sous la contrainte. Formatés comme on dit aujourd'hui, on n'a pas nécessairement conscience qu'on véhicule par exemple une culpabilité judéo-chrétienne liée aux tabous concernant le corps, la nudité, la sexualité infantile, la sexualité adolescente, adulte. La conscience de cette culpabilité ne suffit pas non plus à nous en débarrasser. Il y faut un travail sur soi qui n'est possible que quand on a compris que ce nettoyage des contentieux entre hommes et femmes, ce nettoyage du poids des traditions, des non-dits est de notre responsabilité personnelle, quand on s'affranchit de la position victimaire, qu'on s'affranchit du renvoi de la responsabilité de notre situation (personnelle, de couple, de mère, de père) sur l'autre, le bourreau (la société, l'époux, le père, la mère, l'épouse).
La lecture des fiches (62) est passionnante et éprouvante. Passionnante parce que facilitant des retours sur images de films vus, il y a si longtemps, parce que donnant l'envie de voir des films non vus, je pense à Mary de Ferrara ou à Eternal sunshine in a spotless mind de Michel Gondry. Éprouvante parce que s'y étalent les souffrances vécues par jeunes filles, jeunes hommes, hommes immatures, femmes-enfants, femmes objets, machos, femmes et hommes absents à eux-mêmes, un enfer dantesque. Ces souffrances sont souvent le prix à payer pour une inconscience, un refus de bouger, un refus de se remettre en question, un choix illusoire (« l'amour romantique », le mariage par sécurité...). Certains vont jusqu'au sacrifice, suicide, viol accepté, vide existentiel, dépression. Le film non cité de Claude Lelouch, Il y a des jours … et des lunes (1989), parcourt magistralement toute la gamme des relations humaines, de l'attirance au rejet ; treize personnages se cherchent, s'évitent, se croisent.
L'apport essentiel de ce livre est de mettre l'accent sur ce que j'appelle la route de la soie spirituelle qui s'est développée depuis 50 ans. Nous sont venues d'Extrême-Orient des doctrines, des sagesses, des pratiques ouvrant sur l'intelligence du cœur, sur le pouvoir de l'amour (à entendre comme énergie universelle animant tout ce qui vit, qui échange et pas seulement l'état amoureux, la passion = une maladie). L'intuition, la compassion, la mise entre parenthèses du mental, le laisser venir, le lâcher-prise, la bienveillance, l'acceptation de ce qui advient, l'ouverture, l'accueil à l'inattendu, le refus de la projection d'a priori, préjugés sur une personne, une situation sont des apports venus de loin dans l'espace et dans le temps qui changent la vision de l'homme, de la femme, qui tentent d'équilibrer féminin et masculin en chacun des deux, qui tentent de faire la lumière sans oublier la part d'ombre que chacun porte en lui.
Je ne doute pas que ces changements, souvent douloureux, nourrissent le mouvement des Gilets jaunes. Les femmes y sont très représentées. La parole y semble libre. L'écoute semble au rendez-vous. Avec des envies de vie et non plus seulement de survie. À lire donc dans le contexte d'aujourd'hui où un mouvement collectif entraîne les histoires individuelles, chacune à partir de là où en sont des êtres concrets, produisant de l'intelligence collective ne dispensant pas d'un travail personnel. JCG
Le couple conscient propose une réflexion sur l'évolution du couple, dans une vision dynamique d'un monde en mutation, qui a accès aujourd'hui à une conscience plus adulte, permettant de sortir des répétitions sans fin du passé et de devenir responsable de son propre chemin de vie. Au cœur de l'Essai, les deux énergies fondamentales dans toute relation - le masculin et le féminin - sont envisagées dans des échanges nouveaux de partage et de coopération. Le cheminement vers la conscience de soi et la responsabilité ouvre une nouvelle étape de croissance dans l'évolution de l'humanité. Au cours des quarante dernières années, l'intelligence du cœur en tant que partage, solidarité, coopération, conscience humaine s'est imposée peu à peu et propulse l'individu et le couple vers une dimension de conscience spirituelle qui éclaire le sens des anciens héritages et ouvre la voie à une vie créative. Le couple conscient, porteur d'une compréhension synthétique de son histoire, permet d'envisager une famille consciente où la venue de l'enfant s'inscrit dans une responsabilité adulte. L'Essai est illustré de " cas cliniques " puisés dans le cinéma mondial, qui montrent combien le 7e art témoigne en profondeur, avec intelligence et sensibilité de l'Histoire en marche de l'humanité, et combien l'impact qu'il provoque chez le spectateur peut contribuer au cheminement vers la connaissance et la compréhension de soi.
Présentation
Première Partie - Essai : LE COUPLE CONSCIENT 25 essais dont
État des lieux de l’ancien monde – Mai 68 – Le changement inévitable - L’héritage du passé et ses conséquences – La mère et le père, entre toute-puissance et absence - Nouvelle étape de croissance dans le processus évolutif - La responsabilité personnelle - État des lieux au début du 3e millénaire Le débat sur la souffrance des hommes - De la loi du père sévère à la loi du père laxiste
Deuxième partie – Cas cliniques : EXPÉRIENCE CINÉMATOGRAPHIQUE 62 fiches de films sur
La mère et le père - La femme soumise et dépendante - La femme prostituée - La femme qui essaye de s’en sortir, la femme rebelle, révoltée - L’homme en crise - Les blessures du passé et du présent - Les couples et leurs crises - La passion, la sexualité, l’influence de la religion - Le mirage, l’illusion, le rêve
Lydie Bader, est psychothérapeute à Lyon. Dans sa pratique, elle propose une approche globale de la personne, qui intègre la dimension spirituelle.
L’écriture du « Couple conscient » est l’aboutissement d’une recherche qui ressent la nécessité de faire la synthèse entre Orient et Occident, rationalité et sensibilité, et entre des approches occidentales et orientales de la psychologie. La réflexion de l’Essai est nourrie à la fois par le travail clinique, l’observation d’un monde en mutation et un travail spirituel.
Extraits : Nouvelle étape de croissance dans le processus évolutif : la responsabilité personnelle
« L’immaturité et la souffrance affectives constituent une constante récurrente présente chez les personnes qui viennent me consulter. Leur vécu appartient à l’histoire du siècle dernier et a pour cadre des contextes où les mères ont été dominantes dans l’éducation de leurs enfants. Cet état des choses s’est en effet mis en place dans une période historique marquée par des générations de parents qui n’avaient pas une conscience claire du développement de l’enfant et de sa croissance vers une autonomie adulte. C’est dans ce contexte « peu éclairé » par une conscience psychologique que les femmes ont occupé le terrain, en essayant d’être de « bonnes mères ». La responsabilité des pères est tout aussi importante car elle s’est très souvent inscrite en creux dans l’absence et la distance. Ce qui nous semble aujourd’hui un comportement inadéquat, à ajuster, a correspondu à un moment donné à une normalité. Nous constatons aujourd’hui l’immaturité affective qui en est la conséquence. Un regard plus éclairé peut mesurer l’ignorance et le manque de conscience qui en toute « bonne foi » ont mis en place ces situations dont les effets sont bien présents au début du troisième millénaire. Les reproches aux générations passées n’ont pas lieu d’être dans une perspective d’évolution de l’individu. Chaque génération a fait au mieux avec l’ouverture d’esprit et la conscience propres à son époque. Les manques et les blessures dont nous héritons constituent les empreintes du travail d’évolution à réaliser dans la vie à venir pour les générations futures. Chaque individu naît dans un contexte à partir duquel il est amené à évoluer. Les limites de ce contexte contiennent les germes de son évolution future.
Il me semble que nous entrons dans une nouvelle étape de croissance dans le processus évolutif, grâce à une conscience plus éclairée et à une maturation des individus. Ce processus évolutif qui s’est imposé ces quarante dernières années a remis en question le modèle de vies linéaires bien clôturées et sans surprise, et a touché tous les niveaux de la vie individuelle. Accepté ou non, il a ouvert ce qui était figé et inadapté à la situation nouvelle. C’est comme si le potentiel de l’humanité avait actualisé de nouvelles possibilités grâce à une compréhension plus éclairée du chemin à parcourir.
Il est difficile pour les jeunes générations de comprendre l’énorme saut en avant qui a été accompli en quarante ans. La remise en question de l’obéissance aveugle à des forces d’oppression et d’autorité a ouvert le champ de la responsabilité personnelle et de la réflexion après mai 68. Les individus progressent aujourd’hui vers un état plus adulte, grâce à une prise de conscience de leur responsabilité personnelle dans ce qui leur arrive et de leurs possibilités d’action.
Ce qu’on a parfois appelé « l’émergence spirituelle » à partir des années 70-80 reste une dimension un peu floue, semblable à une zone sans repères où l’individu tâtonne à la recherche d’une identité plus entière, comme poussé par une force intérieure animée d’une énergie nouvelle qui s’impose.
La capacité d’assumer une responsabilité personnelle dans son propre cheminement, au-delà des normes et des possibilités officielles et reconnues, me semble un indicateur intéressant de la maturité en train d’émerger dans la société actuelle, et que je constate dans la démarche thérapeutique en particulier. Elle me semble en lien avec une ouverture d’esprit et une attitude intérieure capables de ressentir et de décider ce qui est bon pour soi, comme si les anciens repères étaient en décalage avec les besoins nouveaux. Cette nouvelle attitude, à l’opposé de l’état d’esprit de « l’État providence » se démarque par une capacité « d’investir » pour soi afin de cheminer vers un bien-être ou un mieux-être. Cet investissement non remboursé par la Sécurité Sociale engage la responsabilité de l’individu et suppose une réflexion par rapport à ses propres choix.
Pour moi, ces nouvelles attitudes constituent un chemin de maturité, dans lequel un individu autonome a coupé les cordons ombilicaux le reliant à des repères auxquels il a besoin d’ajouter de nouvelles dimensions. »
Lydie Bader
Commentaires sur quelques idées phares du livre :
L’auteur commence par situer le contexte de son propos en relatant les nombreux changements de ces 40 dernières années, subi par le monde occidental.
« Ces bouleversements ont modifié les comportements et les besoins des individus dans leur vie relationnelle, sociale, familiale et intime.
[…] Cette situation nouvelle touche tous les individus. Ils y répondent souvent par des attitudes opposées d’adhésion, de confiance et d’ouverture, ou bien de refus de peur et de repli sur soi.»
L’auteur met en avant la quête de sens qui anime désormais tout un chacun. Celui de trouver le sens de sa vie dans un monde qui souffre de par ces paradoxes et ces contradictions.
Pour elle, « la question du sens s’inscrit aujourd’hui dans la réflexion prioritaire de l’individu qui cherche un nouveau souffle, dégagé des anciens conditionnements, des anciens préjugés et des anciennes habitudes » .
Nous savons que conditionnements, préjugés et habitudes sont des éléments tenaces et pouvant selon moi s’inscrire dans un inconscient collectif et/ou familial… Il s’agit ici d’un enchevêtrement qui s’élabore depuis notre prime enfance en suivant les étapes connues du développement de l’enfant. Ce dernier est relatif à la relation avec la mère, le père, la famille nucléaire, les pairs, l’école et pour finir les formations ainsi que le travail. En incluant toutes les expériences et les caractéristiques de la personnalité de chacun dans toute leur unicité. Il apparaît donc clairement que cette quête et ce souhait de s’en dégager n’est pas une mince affaire. C’est pourquoi je pense en tant qu’éducatrice spécialisée que dans le contexte mondial actuel il peut être sain de réapprendre la recherche du sens de la vie et donc la compréhension du passé, pour faciliter celle du présent et permettre l’anticipation du futur. Aussi bien d’un point de vue personnel et donc relatif à soi et à sa famille que d’un point de vue global en ce qui concerne la planète Terre.
De nos jours, « l’hyperconnectivité », les infos Tv font que nous pouvons avoir un œil sur la planète tout en restant aveugles…
« « Le « Village global » évoqué au début des années 70 est devenu notre réalité quotidienne. Que nous le voulions ou non, nous faisons partie de la grande famille humaine en marche vers son avenir. Cette ouverture de nos vies à l’échelle mondiale est source de peur chez beaucoup d’individus. » .
Et pour cause ! C’est notre conception de l’humanité dans toute sa diversité qui a changé entièrement ! Anciennement, les informations nous parvenaient avec du recul, les histoires d’atrocités lointaines paraissaient irréelles et les générations des années 90 en Europe grandissaient dans un climat de relative paix, mais les années passent et les enfants grandissent en même temps que la prolifération des réseaux internet dans le monde !! Ouvrant la communication sur la planète entière, permettant l’accès aux images les plus atroces en temps réel, donnant la possibilité à de nombreux humains de s’exprimer, d’analyser, de contester, de proposer, d’exister aux yeux du monde entier et par là même de voir le monde entier exister devant leurs yeux ! Quel choc de se rendre compte que les villages reconstruits du Moyen-âge, les histoires sur les famines sont encore une réalité de nos jours dans certaines parties du monde !!! Qui plus est par la faute des êtres humains !!!
« La remise en question de la société en mai 68, les hippies, le mouvement d’émancipation des femmes, les voyages entre Orient et Occident […] ont participé d’une manière ou d’une autre à une évolution dont nous ne percevons peut-être pas encore tous les effets » .
L’auteur poursuit en abordant le principe médian qu’elle définit comme la voix de l’âme ou de la conscience supérieure et explique que ce dernier devient une réalité du monde aujourd’hui […] « Au-delà de la conscience du mental analytique séparateur, elle s’extériorise à travers toutes les manifestations individuelles et collectives qui appellent à plus d’équilibre, de partage et de coopération dans le respect de la dignité humaine et aussi de façon spectaculaire lors de grandes catastrophes, quand la souffrance humaine balaie les résistances et donne accès à la dimension du cœur, à l’amour fraternel qui offre généreusement son aide et abolit les frontières de l’égoïsme. Cette vitalité du cœur n’est pas encore inscrite dans un comportement régulier, mais elle est possible et constitue un espoir pour l’évolution de l’humanité. » .
L’espoir de voir comme le dit la chanson, les premiers devenirs les derniers et inversement. Où de manière plus idéologique espérer un peu plus d’égalité pour l’humanité. Cesser de voir la souffrance partout et devoir pour la rendre plus supportable détourner les yeux ou endormir son cerveau en le plaçant littéralement sur le mode pause ! Plongeant jusqu’au cou dans les jeux d’argent, les séries TV, les drogues, l’alcool et tout ce qui peut détourner notre attention, tout ce qui peut anesthésier nos sens et surtout, surtout faire disparaît tout ce mal-être qu’on distingue assez mal !
Lydie Bader expose une vision différente, « aujourd’hui je propose l’âme comme expérience à vivre, au-delà du mental qui analyse et décortique. La connaissance de l’âme ne relève pas de la religion, mais d’une psychologie qui relie le psychisme inférieur au psychisme supérieur. Le psychisme inférieur est le champ d’exploration de la psychologie traditionnelle qui organise l’investigation humaine autour du conscient et de l’inconscient de la personnalité. Les limites de cette exploration ont déjà été pointées par le précurseur qu’a été C.G.Jung qui, avec l’inconscient collectif, à relié l’être humain à son destin collectif et à son potentiel qu’il appelle l’expérience de l’âme » . L’auteur pense en tant que psychothérapeute et je le pense également en tant qu’éducatrice spécialisée, que quelqu’un (patient-public) vient en thérapie (en rendez-vous) « accompagné non seulement de sa famille personnelle, au sens symbolique du mot, mais aussi de la grande famille humaine à laquelle il appartient et dont il partage l’héritage » .
État des lieux de l’Ancien Monde : Mai 68, le changement inévitable.
« La révolte des étudiants en mai 68 a servi de déclencheur à cet énorme changement indispensable et salvateur. « Il est interdit d’interdire », l’imagination au pouvoir », furent des slogans récurrents au cours de ces mois ardents ou les étudiants renvoyèrent dos à dos l’Église, l’ordre, la morale, les familles et les institutions. Les repères religieux et familiaux étaient devenus des carcans d’asservissement à travers leurs dogmes et leurs structures cristallisées. Leur fonctionnement avait organisé l’écrasement de la sensibilité, de l’imagination et de la maturation des individus. […] La violence de mai 68 dans les actes et dans les mots donna la mesure des souffrances accumulées à travers une soumission silencieuse et passive et sonna le glas de la répression prolongée des hommes et des femmes.
Elle marqua la fin de la domination de la culture judéo-chrétienne qui avait imposé un clivage entre le corps et l’esprit, entre les valeurs matérielles et spirituelles et donc entre les valeurs masculines et féminines.
Le péché et la culpabilité, ainsi que la peur de l’enfer et de la damnation éternelle avaient conditionné des générations d’individus à obéir aux diktats de la théologie. Le message d’amour du Christ « Aimez-vous les uns les autres » avait depuis longtemps été remplacé par un message de terreur, au nom du pouvoir, du contrôle, de l’ordre et de la morale.
Les hommes avaient occupé le devant de la scène politique, culturelle, sociale et religieuse et avaient pris en main l’évolution du monde. La condition des femmes marquée du sceau de l’infériorité par le corps tabou avait été surtout canalisée vers les rôles de mères, d’épouses, de religieuse, de vierges et de saintes, ou à l’autre extrême de prostituées. Les années 60 marquèrent d’une certaine façon le paroxysme d’une situation devenue intolérable et certainement aussi dépassée. Les rôles dévolus aux hommes et aux femmes volèrent en éclats d’un seul coup.
Après une très longue période passée à obéir comme une enfant obéit à ses parents, l’humanité occidentale avait grandi au point de devenir un adolescent. Sa crise d’adolescence explosa comme un grand feu libérateur en mai 68. La jeunesse des années 60 sentit le besoin de couper le cordon ombilical avec un héritage devenu trop lourd- la soumission à une morale et à une autorité rigides et intransigeantes – et revendiqua le droit de décider ce qui était bon pour elle. Les digues de la morale furent emportées par le flot des nouveaux désirs qui s’exprimèrent avec la fougue et l’impétuosité d’énergies trop longtemps contenues et réprimées.
Il devint interdit d’interdire. À la soumission aveugle de nos parents aux codes moraux succéda pour les nouvelles générations l’impérieux besoin de faire l’expérience de la vie. Au début des années 60, la découverte des philosophies orientales avait semé les germes d’une autre vision de l’existence et de relation à l’univers. La toute-puissance de la logique masculine fut confrontée à la découverte de la sensibilité et de l’intuition des Orientaux.
[…] Dans la foulée de mai 68, les femmes se réveillèrent et commencèrent leur longue marche pour sortir du ghetto où elles étaient emprisonnées depuis trop longtemps.
[…] La Loi de Neuwirth (1967) et la loi de Veil ( 1975) donnèrent aux femmes le droit de disposer de leur corps et la possibilité d’une sexualité orientée vers le plaisir. La pilule et la possibilité de recourir à une I.V.G en cas de grossesse non désirée commencèrent à transformer la vie des couples » .
Je pense que cela n’a pas transformé que la vie des couples !! Nous savons à présent que l’arrivée d’un enfant sera vécue de différentes manières selon qu’elle est désirée ou non. Prenons la perspective d’un enfant désiré par les deux futurs parents doté d’un peu de recul et de réflexion concernant cette importante décision. L’investissement psychique des parents permettra dans l’idéal d’établir des relations saines. Je veux dire par là que cette démarche permet et facilite le travail qui consiste pour chaque mère à mettre toutes les chances de son côté afin de respecter l’ensemble des conseils relatifs à sa grossesse. Je pense que cette conscience des choses par le couple, facilite pour la maman son abstention face à l’absorption de substances néfastes pour l’enfant et aux comportements violents pendant cette période un peu particulière qu’est une grossesse.
Parce que nous savons, que le stress pour les mamans est loin d’être positif pour leurs corps et donc pour celui de leur invité. Nous savons que le bébé entend dans les derniers mois passés dans le ventre de sa mère qu’il est sensible à la musique, reconnaît les voix à sa naissance et particulièrement celle du père qui lui a parlé pendant sa gestation, etc. Puisque nous savons tout cela il devient de nos jours moins difficile de donner toutes ces chances, possibilités, avantages à ses enfants, mais dans le cas contraire… Quelle énorme perte, n’est-ce pas, tout ce gâchis et ce potentiel…
Je ne voudrais pas vous laisser penser que je fais l’apologie du savoir unique, mais à défaut d’avoir perdu une grande partie de nos instincts primaire (sans connotation négative à primaire) je réfléchis avec ce que j’ai sous la main enfin sous l’œil et dans l’esprit.
De plus, nous savons également qu’un couple préparé à l’impact et aux changements relatifs à la naissance d’un enfant est davantage enclin à résister aux bouleversements consécutifs à un tel événement. Contrairement aux idées reçues, l’arrivée d’un enfant ne renforce pas le couple en tout cas pas dans l’immédiat ! Qui dit changement, dit besoin d’adaptation pour y faire face au mieux. Le processus d’adaptation ne s’élabore pas d’un trait de baguette magique, il s’agit donc d’une période d’adaptation où chacun individuellement et ensemble en couple, chacun donc des deux acteurs fait face aux nombreux bouleversements. Cet état de fait en plus de l’accumulation de fatigue qu’un nouveau-né entraine met en exergue les fragilités, les tensions, les non-dits, les refoulements présents au sein du couple parental.
L’auteur poursuit en ces termes : « À la fin des années 60 et au début des années 70, la nouvelle liberté acquise s’accompagne de dérives inévitables après tant d’obscurantisme. Mai 68 a ouvert la porte à des explorations diverses, les unes allant dans le sens d’une revanche du corps, les autres dans le sens d’une expérience différente de la spiritualité. Les paradis artificiels de la drogue découverte lors de voyages en Orient tentèrent beaucoup de jeunes, en quête d’un ailleurs, d’un au-delà du quotidien médiocre et routinier proposer par la société. ».
J’ai envie de dire qu’à l’heure actuelle la médiocrité et la routine du quotidien sont davantage accentué par la puissance des médias qui nous bombardent d’images toujours plus sensationnelles, qui transforment des hommes en superhéros et dont les techniques permettent de faire toujours mieux illusions. Confondant le réel dans l’irréel, le vrai du truqué, le brut du transformé dans une quête toujours plus folle vers une perfection des apparences, des personnes, des évènements et des histoires !! Il y a de quoi avoir des complexes en voyant au quotidien nos maladresses, nos cheveux décoiffés et un jour sur deux nos yeux cernés !!!
« Mais cette quête d’un niveau de conscience et de perception différentes se révéla très vite une voie sans issue. Beaucoup de jeunes assoiffés de liberté se brisèrent les ailes dans les « trips psychédéliques ». Leur chute, souvent mortelle, fut à la mesure de leurs espoirs. La disparition prématurée de trois icônes de la musique de l’époque- Jim Morrison des Doors, Jimmy Hendrix et Janis Joplin - mort par overdose, semble-t-il, refroidit beaucoup de jeunes.[…]
La nouvelle liberté du corps des femmes les exposa très vite à un nouvel esclavage, celui de l’image du corps imposé par une société qui décida que la minceur était l’idéal, la norme. Le corps cessa d’être tabou, mais il devint une marchandise, un objet conditionnable, malléable au gré de la mode. La majorité des femmes occidentales tomba dans le piège de la minceur au cours des années 70/80. Le corps des femmes, tabou jusqu’alors, devint un objet sexuel largement exposé et exploité par la publicité.[…] Avant le sexe se vendait sous le manteau, après il se vendit ouvertement.
[…] le sexe fait vendre. Le marketing créer les valeurs de notre société. L’idéal des soixante-huitards qui avaient entrevu un monde libéré de la répression s’est dilué au fil des années, récupéré par les marchands du sexe et les marchands tout court. » !!!
Il apparaît ainsi que ces dérives sont une réaction proportionnelle à l’action…ce qui donne l’espoir de peut-être retrouver tôt ou tard quelque chose de plus équilibré. Cependant, les effets positifs et les dérives négatives de cette période se font encore sentir de nos jours.
« Le mariage qui avait été la valeur sûre fut bousculé. Les valeurs qui poussaient autrefois les couples à rester ensemble, même lorsque la relation était dans une impasse totale, ont été remplacées par une capacité de remise en question et de changement, inexistante jusqu’alors. […] L’obéissance excessive des ainés aux normes et aux codes poussa les jeunes générations à un refus total de toute autorité qui puisse imposer des normes. ».
Sarah, éducatrice spécialisée
/image%2F0551669%2F20190109%2Fob_80b347_coquelicots.jpg)
Que se passe-t-il ? Que faire ? - Blog de Jean-Claude Grosse
les gilets jaunes de Commercy (4F, 4H) lisent leur déclaration; face à face; Tuche, président en grève avec des gilets jaunes contre le CAC 40; Le couple conscient de Lydie Bader, livre importa...
http://les4saisons.over-blog.com/2019/01/que-se-passe-t-il-que-faire.html
Aaron Swartz, génie d'internet, suicidé à 26 ans
couverture du livre rassemblant les écrits d'Aaron Swartz, génie d'internet, suicidé le 11 janvier 2013, à 26 ans, couverture du livre de Flore Vasseur consacré à Aaron Swartz
je fais remonter cet article du 11 janvier 2018 évoquant Aaron Swartz à travers le récit de Henri Aparis paru dans le Cervantes-Shakespeare publié le 23 avril 2015
.....................................................................
Récit shakespearo-cervantesque, publié par Les Cahiers de l'Égaré, pour le 23 avril 2015, 399° anniversaire de la mort de Will et de Miguel, sous le titre: 23 abril 2015, Ghostly Events, signé par Henri Aparis que l'éditeur n'a pas l'heur de connaître.
Il a pris comme point de départ, deux personnages, Nicholas Valtz et Aaron Swartz.
Ces deux destins sont-ils liés ? quelles intrications fantômes entre eux et avec Cervantes et Shakespeare ? Ajoutons à cela que le squelette de Richard III découvert en 2012 a été inhumé en 2015 à Leicester. De plus, à la date du 23 avril 2015, il y a des gens qui vont décéder. Parmi eux, des gens liés par intrications fantômes à mes personnages, offerts par l'actualité. Je pense à Sigismund Krzyzanowski, mort à Moscou en 1950, enterré on ne sait toujours pas où, ayant vécu Rue involontaire, quartier de l'Arbat à Moscou, rue située sur les plans mais introuvable dans la réalité. JCG
Nicholas Valtz, directeur général des ventes inter-actifs à Goldman Sachs a été retrouvé flottant, accroché à un cerf-volant, le 20 juillet 2014 par les membres de sa famille, allés le chercher alors qu’il ne revenait pas d’une sortie en kitesurf.
Nicholas Valtz, 39 ans, a été retrouvé dans Napeague Port près de l’extrémité est de Long Island, Lazy Point, selon la police d’East Hampton, dans l’État de New York. Il était encore novice en kitesurf.
Le kiteboard est une convergence entre la planche à voile et le parapente qui a attiré les cadres techniques, y compris les co-fondateurs de Google Inc. Serguey Brin et Larry Page. Aussi appelé kitesurf, il propulse les coureurs dans l’eau à une vitesse de plus de 40 miles par heure (64 km par heure).
En Mars 2008, Valtz s’était rasé la tête pour amasser des fonds pour la recherche sur le cancer infantile, selon le site de la Fondation Saint-Baldrick.
Valtz appréciait les produits de technologie et les voitures rapides, selon le site, se référant en 2012 , au mariage de son beau-frère dans lequel il était garçon d’honneur.
« Nous sommes profondément attristés par cette tragédie et nos pensées sont dirigées vers la famille de Nick », a déclaré Michael DuVally, un porte-parole de Goldman Sachs basé à Manhattan, dans un communiqué envoyé par courriel.
Nicholas Valtz, qui a intégré l’entreprise en 2000, a été promu directeur général en 2010. En tant que directeur des ventes croisées d’actifs, il a contribué à la gestion des commandes pour des clients commerciaux et élaboré produits et idées entre les différents types de titres. Sa femme, Sashi Valtz, travaille aussi chez Goldman Sachs en tant que chef des ventes mondiales tiers recherche. Le couple vit dans un condominium de 3000 pieds carrés (278 mètres carrés) à Brooklyn, Bridgehampton, New York. Il a deux enfants, garçon et fille.
Nicholas Andrew Valtz est né en septembre 1974 à Paris et a obtenu un diplôme de l’Université de Harvard en 1996, selon le New York Times et le site Internet de Harvard. L’école indique également qu’il était lauréat depuis 3 ans d’un diplôme en escrime.
Il y avait du don quichotte chez ce chevalier servant de la finance. Escrimeur, il estoquait à qui mieux mieux.
Le 11 janvier 2013, Aaron Swartz s'est suicidé par pendaison dans son appartement de Brooklin. Son procès fédéral en lien avec ces accusations de fraude électronique devait débuter le mois suivant. En cas de condamnation, il encourait une peine d'emprisonnement pouvant atteindre 35 ans et une amende s'élevant jusqu'à 1 million de dollars.
Le lendemain, le MIT annonce l'ouverture d'une enquête interne pour déterminer le rôle joué par l'institution dans le suicide du jeune homme « depuis le moment où des activités inhabituelles ont été détectées sur le réseau à l'automne 2010 jusqu'à aujourd'hui ». Elle sera menée par Hal Abelson, fondateur des Creative Commons et également directeur au sein de l'université.
Le même jour, la famille et les proches de Swartz mettent en place un site web à sa mémoire.
Plusieurs initiatives voient le jour à la suite de son décès : sur Twitter, plusieurs chercheurs publient notamment leurs travaux en accès libre en forme d'hommage à son engagement, et une archive contenant une grande part des documents issus de JSTOR est mise en ligne sur The Pirate Bay (ce qui peut être vu comme une manifestation de l'Effet Streisand). Une pétition est également mise en place sur le site de la Maison Blanche pour réclamer la démission de la procureur à l'initiative de l'affaire, signée par plus de 10 000 personnes au lendemain du décès. Le site du MIT subit un défacement de quelques heures affichant un message de soutien d'Anonymous, qui dénonce les pressions du gouvernement américain et appelle à une réforme du système du copyright et de la propriété intellectuelle. Le 19 janvier 2013, WikiLeaks indique que Aaron Swartz faisait partie de ses sources, sans toutefois pouvoir le prouver.
En février 2013, l'hacktiviste Jeremy Hammond (emprisonné pour avoir hacké l'entreprise Stratfor et transmis les informations à WikiLeaks) écrit une lettre ouverte dans laquelle il condamne le gouvernement américain pour sa responsabilité dans la mort d'Aaron Swartz.
Le 26 juillet 2013, Hal Abelson remet au président du MIT le rapport de l'enquête interne initiée après le suicide de Swartz. Celui-ci conclut que le MIT a eu une attitude neutre pendant la période qui a suivi l'arrestation de Swartz, ne cherchant ni à ce qu'une procédure criminelle soit lancée contre lui ni à le défendre. Les rapporteurs notent que, par sa position de neutralité dans cette affaire, le MIT n'a sans doute pas été à la hauteur de son rôle de leader dans la technologie de l'information.
Très tôt, Swartz s'intéresse à l'informatique, à Internet et à la culture qui leur sont associés. À 13 ans, il reçoit le ArsDigitaPrize, qui récompense les jeunes gens ayant créé des sites non commerciaux « utiles, éducatifs et collaboratifs »2. Le titre lui donne droit à un voyage au MIT, où il rencontre des personnalités importantes du web. Il participe, à l'âge de 14 ans, à l'élaboration de la spécification 1.0 du format RSS
En 2002, il lance le Google Weblog, le premier blog non officiel sur Google(www.google.blogspace.com)3 et, en 2005, il rejoint Alexis Ohanian et Steve Huffman les fondateurs de Reddit site d'actualités qu'ils lancent ensemble cette même année. Lorsque Reddit est racheté par Condé Nast, une incompatibilité de principes ou de visions le force à vendre ses parts et à quitter son poste3.
En 2007, il crée le site Jotti, un site permettant de créer une page Web le plus simplement possible (entrer un titre, un texte, et cliquer sur publier). Il devient par la suite membre du W3C et du RDF Core Working Group et élabore, avec John Gruber, le langage Markdown.
Aaron Swartz était un wikipédien actif. En 2006, il s'est présenté à l'élection du conseil d'administration de la Wikimedia Foundation et a publié sur son blog un texte intitulé « Qui écrit Wikipédia ? », dont la conclusion résumait en quelque sorte sa profession de foi. Tout en réfutant rigoureusement l'analyse de Jimmy Wales selon laquelle l'essentiel de l'encyclopédie est écrite par une minorité d'experts très productifs, les « insiders », tandis que la majorité des autres intervenants n'effectuent que des modifications mineures et ponctuelles, Aaron Swartz plaidait pour un élargissement de la base de ces « outsiders » minoritaires. Encourager et faciliter le travail des contributeurs ponctuels devrait même, selon lui, constituer un objectif pour les « insiders », afin de garantir que l'encyclopédie en ligne reste à la fois experte, de qualité, et « wiki », ouverte.
« Si Wikipédia est écrit principalement par des collaborateurs occasionnels, sa croissance implique de faciliter ces contributions occasionnelles et de les rendre plus gratifiantes. Au lieu d'essayer d'extorquer davantage de travail à ceux qui passent leur vie sur l'encyclopédie en ligne, il faut élargir la base de ceux qui ne contribuent que de temps en temps. »
Le 19 juillet 2011, il est accusé d'avoir téléchargé 4,8 millions d'articles scientifiques disponibles dans JSTOR(soit la quasi-totalité du catalogue) et suspecté de vouloir les mettre en ligne pour un accès payant ce qui aurait été considéré comme vol pour recel (en réalité le but de cette action n'a jamais été expliqué par Aaron Swartz). L'organisation JSTOR n'a pas pris l'initiative d'une telle démarche judiciaire, c'est le procureur des États-Unis, Carmen M. Ortiz, nommée par Barak Obama en 2009, qui a engagé des poursuites contre Aaron Swartz dans le but de le faire arrêter.
D'après la plainte, c'est entre le 24 septembre 2010 et le 6 janvier 2011 que Swartz utilise plusieurs méthodes pour récupérer les documents. Il entre notamment par effraction dans la salle de câblage informatique du MIT via les conduits de ventilation, en portant un casque de vélo pour dissimuler son identité. La quantité de téléchargements aurait fait s'effondrer plusieurs serveurs de JSTOR, conduisant à un blocage de l'accès des utilisateurs du MIT au réseau.
Alex Stamos, témoin expert engagé aux côtés d'Aaron Swartz dans l'affaire, révèle sur son blog les circonstances et les modalités de l'action du jeune homme :
Le réseau du MIT offrait aux étudiants (au moment des faits) une adresse IP routable via un DHCP non identifié, sans contrôle des abus. Chacun pouvait donc s'identifier sur le réseau et se voir confier une adresse IP, ce qui est très rare pour un réseau de campus.
Cette organisation était le résultat d'une politique explicite de l'établissement, ce que le directeur de la sécurité des réseaux de l'université a admis face aux représentants de Swartz au cours du procès en décembre. L'université avait choisi de ne pas protéger le réseau d'abus éventuels, comme le téléchargement d'un grand nombre de fichiers simultanément.
Toujours au moment des faits, JSTOR autorisait un nombre illimité de téléchargements par les membres du réseau du MIT. Le site n'avait mis en place aucun outil pour empêcher les téléchargements abusifs (comme la mise en place de CAPTCHA, l'enregistrement pour le téléchargement de plusieurs fichiers, ou encore un avertissement pour l'utilisateur). Techniquement, Swartz n'a donc pas « hacké » le site JSTOR : il a seulement mis en place un script Python qui listait les URLs des articles de journaux, puis en envoyait la requête au serveur.
Swartz n'a rien fait pour dissimuler son identité, n'a usé d'aucun système de chiffrement et n'a même pas effacé son historique de navigation. Il a cependant changé son adresse MAC et fourni une fausse adresse mail (via Mailinator), se déclarant comme « Gary Host » (abrégé en « Ghost » - « fantôme » en anglais).
Après la révélation de ses agissements, Aaron Swartz retourne les disques durs contenant les articles, en promettant de ne pas les diffuser. JSTOR décide alors de ne pas entamer de poursuites judiciaires, le bureau du procureur et le MIT maintiennent cependant leurs poursuites.
Le 11 janvier 2013, Aaron Swartz se suicide.
Le 11 janvier 2013, Aaron Swartz se suicidait à 26 ans.
J'en ai fait un des deux personnages d'un drame survenu le 23 abril 2015 / Ghostly Events paru dans Cervantes / Shakespeare, cadavres exquis, pour le 399° anniversaire de la mort des deux géants de la littérature mondiale.
Lors d'une Assemblée Générale des actionnaires de G3C, la banque de Nicholas Valtz :
Nicholaïus Valtzecko – Pharaon, j'achète verbaliser. Donne !
Pharaon Swartzecki – Verbaliser n’appartient à personne.
Nicholaïus Valtzecko – fermez ses comptes qui ne lui appartiennent pas ; sans carte, sans chéquier, il va voir comme la vie est simple.
Pharaon Swartzecki – je tape : voluter Pharaon (il disparaît de l'écran)
Nicholaïus Valtzecko – (sur l'écran, une invitation s'affiche : choisissez votre orthographe, voluter, volupter,
ça tape érupter, erreur 303, énergie négative,
recommencez, ça : éructer, erreur 202, contre-énergie,
ça : voleter, accepté, énergie positive)
vite, téléportez-moi à Lazzi Punto ; suspendu à mon kitesurf, je vole au-dessus de l'eau
(erreur de transcription, je coince la bulle oh dessus d'eau),
me culbite dans l'air (erreur de transcription, bitôcul) ;
verbaliser fait n'importe quoi ; les petits verbes énergisants s'autonomisent, intriquants intrigants maniant la trique étriquant
(sur l'écran s'inscrit entretriquants = sodocoSmique)
Pharaon Swartzecki – comment s'entretriquent deux clones à distance, quel est le double fantôme de Nicholaïus Valtzecko
(apparaît le clone quantique de Nicholaïus Valtzecko)
Nicholaïus Valtzecko – vu ce qui se passe, verbaliser est hors de contrôle
extrait de l'épilogue :
"Pharaon Swartzecki a été suicidé le 23 avril 2015, par pendaison dans son appartement de Lee Street à Brooklin. Mis en examen pour verbalisation abusive visant à liquider les comptes des banques, il s’apprêtait à affronter la procureure Carmencita M. Orties, nommée par le président Baruk Aboimoi. Elle était bien décidée à obtenir sa condamnation comme liquidateur, mensonge d'État pour faire un exemple.
Pharaon Swartzecki a laissé ce message : J’aimerais reposer dans un endroit qui ne sente pas trop la mort. Il serait bien que mon corps ait accès à de l’air et qu’on m’évite deux mètres de terre sur la tête. Laissez les orties pousser sur ma tombe – et qu'elles piquent.
La procureure Carmencita M. Orties mourra le 23 avril 2015 d'une balle perdue en sifflant ses chiens Barcino et Butron dans la rue de Pharaon Swartzecki, Lee Street.
Le président Baruk Abamoi mourra le 23 avril 2015 de la désintégration d'un drone égaré au-dessus de la Maison Blanche lors de son hommage au clone biologique de Nicholaïus Valtzecko, directeur général de G3C retrouvé flottant, pendu au cerf-volant de son kitesurf, le 23 avril 2015 à Lazzi Punto, à l'âge de 39 ans. Il avait mis sur la paille, lors de la crise des subprimes, trois millions de ménages américains et la G3C. Il s'en était bien relevé, aidé par le président Baruk Abamoi.
Le 23 avril 2015, pour les cent ans de la relativité générale, l'espace devient élastique, le temps se met à passer de temps en temps."
Ce qu'il reste de nos rêves
de Flore Vasseur
Parution le 9 Janvier 2019, Éditions Équateurs
Quand on étudie une trajectoire, on démarre forcément par la question des origines. D’où viennent les comètes ? Quelle est la force qui les propulse ?
Inconnu du grand public, Aaron Swartz est un demi dieu pour les activistes de la liberté d’expression et de l’accès à la connaissance, l’homme à broyer pour les autorités américaines.
Depuis l’age de 8 ans, il programme et défend un Internet libre. Avant tout le monde, il perçoit le projet mortifère de la Silicon Valley, l’influence de l’argent en politique, l’organisation de la médiocrité comme ultime projet de domination. Il n’a qu’une idée, d’une ambition aussi absolue que désespérée : sauver le monde.
Surdoué, idéaliste, devenu beau à tomber et millionnaire, il mord la ligne jaune en 2011. La justice américaine le ferre comme une bête. Le gouvernement d’Obama l’attaque en nom propre et le menace de prison à vie. Le 11 janvier 2013, le petit ange de l’Internet est retrouvé pendu à la fenêtre de son appartement de Brooklyn. Suicide ou suicidé ? Mais de quoi l’homme du Yes We Can et le système qui le porte ont-ils eu si peur ? De la jeunesse, de la beauté ou de l’intelligence d’Aaron ?
L’Amérique, l’enfance, l’Internet, Aaron Swartz représente tout ce que j’ai aimé. Mort il est un message envoyé à celles et ceux qui ambitionnent de s’émanciper de leur sort d’individu conditionné. C’est l’histoire du jeune prodige qui nous voulait libres. Et qui, disparu, nous laisse avec une question : quel est le prix à payer pour une idée ?
Ce qu’il reste de nos rêves est un road trip auprès des pionniers de l’Internet et une chasse au fantôme dans l'Amérique de Trump, sidérée par sa monstruosité. C'est la chronique d’un enterrement de première classe : celui de la liberté. Et la quête de l'unique parade : l'amour, à en mourir, de la vie et de la dignité.
Flore Vasseur
le livre où est paru le drame consacré aux ghostly events du 23 abril 2015, il y en eut beaucoup pour ce 399° anniversaire de la mort de Miguel et de Will
/https%3A%2F%2Fstatic.usbeketrica.com%2Fimages%2Fthumb_840xh%2F58f9c5dcdfc1a.jpg)
Aaron Swartz, " celui qui pourrait changer le monde "
Blaise Mao et Louise Hermant Programmeur informatique, hacktiviste, intellectuel boulimique de savoirs, défenseur acharné de la libre circulation des idées... Aaron Swartz était un peu tout cel...
https://usbeketrica.com/article/aaron-swartz-celui-qui-pourrait-changer-le-monde
un portrait de Aaron Swartz
/https%3A%2F%2Fi.ytimg.com%2Fvi%2F7ZBe1VFy0gc%2Fhqdefault.jpg)
The Internet's Own Boy HD VOSTFR
Ce film raconte l'histoire de Aaron Swartz, programmeur de génie et activiste de l'information. Depuis l'aide qu'il a apportée au développement de RSS, l'un des protocoles à la base d'Internet,...
https://www.youtube.com/watch?v=7ZBe1VFy0gc&feature=youtu.be
avec sous-titres français
La boucherie industrielle du 22 août 1914 à Rossignol
/image%2F0552430%2F201311%2Fob_475501f0ca97b4fe3dd8451757c91117_1415427.jpg)
Il y a 100 ans : 14-18 / Yves Gibeau/Le chemin des dames - Les Cahiers de l'Égaré
Quelle connerie la guerre ! article emprunté au blog de Didier Long Le brouillard de Rossignol Qui connaît le village de Rossignol en Belgique ? C'est pourtant là que sont tombés au champ d'hon...
article emprunté au blog de Didier Long
Le brouillard de Rossignol
Qui connaît le village de Rossignol en Belgique ? C’est pourtant là que sont tombés au champ d’honneur 27 000 soldats français le 22 aout 1914. C’est cette terrible journée et le contexte qui l’a rendue possible que nous raconte Jean-Michel Steg dans Le Jour le plus meurtrier de l’histoire de France, 22 aout 1914 (Fayard).
27 000 morts français en une journée, moitié moins côté allemand. Derrière cette abstraction comptable Jean-Michel Steg, financier de profession, remarque que c’est en un jour autant de mort que pendant toute la guerre d’Algérie qui dura de 1954 à 1962, presque la moitié de soldats américains tués pendant la guerre du Vietnam entre 1969 et 1975 (58 000 soldats américains tués en 16 années de combat)… Et pourtant qui connaît la bataille de Rossignol. Car derrière l’abstraction mathématique, le constat clinique qui met à distance et anesthésie l’émotion note Jean-Michel Steg : « plus je travaille sur les circonstances de la mort, il y a un siècle, de ces milliers d’hommes, et plus leur humanité m’envahit, rendant souvent l’écriture plus difficile encore qu’elle ne l’est déjà pour moi ».
"Un livre sur la mort violente au XXe siècle"
Comment un tel nombre de morts dans un espace aussi restreint a-t-il été possible se demande l’habitué des chiffres ? Le killing field, à la sortie de Rossignol sur la route de Neufchâteau mesure seulement quelques dizaines de mètres de large pour un peu plus d’une centaines de mètres de long. Tout déploiement était impossible car la forêt est entourée de marécage, le traquenard parfait. Les soldats pénétraient « dans un véritable entonnoir de feu, dense et continu » . En filigranne de cette question comptable c’est l’absurdité de la mort industrielle au XXème siècle qu’interroge Jean-Michel Steg qui avoue écrire, « un livre sur la mort et plus particulièrement sur la mort violente au XXe siècle ». Un livre trés personnel qu’il a mis des années à écrire en forme de solde de tout compte.
Le killing field
JM Steg décrit minutieusement et avec recul tous les facteurs qui ont conduit à ce désastre : tactiques (ignorance des mouvements de l’adversaire), techniques (la guerre menée avec des armes d’une puissance létale inconnue qui oblige le soldat à s’enterrer au lieu de combattre debout ou à cheval sabre au clair), politiques et idéologiques, culturels… Une partie des troupes faisait partie la 3ème division d’infanterie coloniale: dont la Ière et la 3ème brigade d’infanterie coloniale (1er, 2eme, 3eme et 7eme RIC), soit deux fois 6 800 hommes, ainsi que le deuxième Régiment d’artillerie de campagne coloniale (36 canons); mais aussi le 3ème régiment de chasseurs d’Afrique avec 600 cavaliers. Tous seront anéantis.
troupes coloniales en manoeuvre, Août 1914
La « furia francese », faux-nez de l’incompétence militaire française
Après-guerre on accusa la « furia francese », cette furie française qui permit aux troupes de Charles VIII se repliant en France après avoir échoué dans la tentative d’occuper Naples, de vaincre une armée supérieure en nombre. Cette furia francese « l’offensive à outrance » aurait servi d’axiome stratégique inapproprié en ce jour analysa-t-on après-guerre (d’où la ligne Maginot ! défensive elle). Mais aussi… le brouillard (le modèle littéraire est celui de Victor Hugo à Waterloo)… En réalité un grand vide stratégique (le Génie Joffre n’a pas de plan de bataille et il n’est pas Napoléon… le général de Langle de Cary analysera aprés guerre "nous ne savions rien nous ne savions rien des intentions du général en chef. C’est sa méthode d’agir avec le seul concours de son entourage intime, sans consulter ses commandants d’armée, sans même les mettre au courant, autrement que par les instructions et les ordres qu’il leur envoie"), l’organisation française médiocre, les renseignements inexacts, les troupes –dont les soldats coloniaux, peu mobiles restent exposées à découvert, debout, officiers en tête sous le bombardement d’artillerie pendant que l’ennemi caché dans la forêt tire à bout portant à la mitrailleuse à travers les feuillages, sans compter « L’incompétence, l’annihilation progressive de la volonté du commandement français », l’incapacité de donner un ordre de repli pour reculer devant le feu … expliquent en partie ce désastre.
Mais par-dessus tout ce qui frappe c’est « le décalage entre l’évolution technologique profonde du matériel et la rigidité des systèmes de pensée et d’organisation des militaires », les français partaient dans une guerre industrielle moderne avec un « harware résolument du XXe siècle », et un software des siècles précédents, « dans leurs mains il y avait des mitrailleuses ; dans leur tête ils étaient encore à Austerlitz ».
Les pertes qui vont sembler considérables à l’Etat-major côté allemand vont conduire à arrêter 108 civils du village de Rossignol, accusés d’être de « franc-tireurs », « entassés dans des wagons à bestiaux […] d’où il sont extraits le 26 aout au matin en gare d’Arlon au Luxembourg, pour être fusillés par groupe de dix le long d’un talus ». Une première européenne qui fera florès note-t-il.
Rossignol, cimetière de l’orée du bois
Une leçon européenne
Le livre de Jean-Michel Steg, qui allie à la fois une description chiffrée, minutieuse des faits, des armes… est traversé par une forme de modestie dans le style, la fragilité humaine de celui qui tente simplement de comprendre et d’éclaircir, non seulement le brouillard du petit matin de la bataille de Rossignol, une journée qui symbolise la folie meurtrière qui va déchirer le XXe siècle. Ce memento mori,[1] est à la fois une anamnèse des disparus morts au champ d’honneur, de ces hommes français-mais aussi de l’Afrique coloniale, que la mémoire européenne a préféré oublier, est indispensable aujourd’hui.
On peut lire en filigrane de cette folle journée meurtrière de l’histoire de France un ensemble de questions qui ont traversé l’histoire de l’Europe et conduit à son déclin. Aprés la perte de l’Alsace et une partie la Lorraine en 1871, la revanche de 1918 aboutira au démantèlement de l’ancien empire austro-hongrois. La "belle", la seconde guerre mondiale, devait rétabli la Grande Allmemagne, Hitler rêvait de Germania. Cette absurdité conduira à l’extermination des juifs d’Europe dont Jean-Michel, le fils d’ Ady Steg, connait parfaitement la mémoire des disparus.
Les 40 millions de morts de la première guerre mondiale doivent s’ajouter aux 50 millions de morts de la seconde guerre. Une « épopée européenne » en forme de suicide collectif qui a redessiné la carte de l’Europe. En 1913, l’Europe avec la Russie et représentaient 50% de la production industrielle mondiale et produisaient 90% des prix Nobel (61 sur 65). Depuis 1950 cette part est passée de 50 à 35% de l’économie mondiale. La perte de leadership européen, la mort ou la fuite des élites intellectuelles, scientifiques, artistiques… est directement corrélée aux deux grands conflits mondiaux qui ont ensanglanté l’Europe au XXe siècle. La raison occidentale arrivée à son apogée industrielle a aussi bien produit les sciences et les techniques qui ont permis à l’homme de maitriser la nature, que la mort de masse. Cela vaut la peine d’être médité.
La mémoire de chaque européen est hantée, souvent à son insu, par cette gratuité des massacres de masse qui se sont produits. Chacun connait le nom d’un proche qui apparait sur ces monuments de village qui célébraient à distance les tristes victoires du front. L’Holocauste par son aspect gratuit et blasphématoire est le sommet de cette absurdité folle : les nazis ont voulu tuer le peuple de la révélation, la racine des valeurs des peuples d’Europe.
Cette mémoire du passé engage notre avenir. Le passé nous convoque. Qu’est ce que l’Europe, quel est notre projet commun ? Quelle amitié franco-allemande à l’heure des politiques purement gestionnaires ? Quels projets nationaux, régionaux et européens voulons nous construire dans le concert des nations du monde ? Quelle y serait la place des religions ?
La remontée en force des nationalismes en Europe actuellement avec des ‘airs connus’: « La France aux français, la Russie aux Russes, L’Allemagne d’abord, Les arabes à la mer, etc… » en réaction à la provincialisation européenne dans la mondialisation d’une part, et à la peur de l’immigration à l’heure où le modèle d’intégration français échoue, d’autre part [2], doivent passer au blind test de ces catastrophes qui nous habitent et dont le jour le plus meurtrier de l’histoire de France est l’archétype.
Jean-Michel Steg, dans ce livre trés personnel, citant George L. Mosse interroge le concept de brutalisation: « le mythe de la guerre a-t-il provoqué un phénomène d’indifférence pour la vie individuelle qui se perpétuerait encore de nos jours ? ». L’acceptation d’un état d’esprit issu de la Grande guerre entrainerait-il la poursuite d’attitudes agressives sous d’autres formes en temps de paix ? C’est-à-dire aujourd’hui. La mémoire des disparus peut nous protèger de notre folie.
Le killing field, à la sortie de Rossignol sur la route de Neufchâteau mesure seulement quelques dizaines de mètres de large pour un peu plus d’une centaines de mètres de long.
Les lieux communs d'aujourd'hui / Christian Godin
Le traité de l'argumentation, un livre essentiel de 1958, réédité; les 3 tomes de critique de la vie quotidienne de Henri Lefebvre
Les lieux communs d'aujourd'hui
Christian Godin
collection L'esprit libre
Champ Vallon
J'ai découvert ce livre à la librairie Baba Yaga à Bandol en allant au vernissage de l'exposition Du papier à l'oeuvre à l'Espace Saint-Nazaire rassemblant les œuvres de 14 artistes du papier.
Ayant tenté une thèse de sociologie des lieux communs sous la direction de Henri Lefebvre, à Nanterre entre 1967 et 1969, thèse inachevée, je n'ai jamais oublié ce qui m'avait motivé dans le choix de ce sujet : le rôle des lieux communs dans la vie quotidienne, leur poids idéologique, leur rôle dans les résistances aux changements, dans l'évolution lente, très lente des mentalités. Ces formules toutes faites qui accompagnent nos propos, émaillent nos discussions, qui se présentent comme évidences, vérités éternelles, qui sont utilisées comme arguments, preuves, méritaient d'être étudiées d'un point de vue sociologique, pas simplement comme outils de discours. Classer les lieux communs selon l'origine socio-économique (lieux communs propres aux travailleurs, aux médecins, aux commerçants, aux jeunes), géographique (lieux communs propres aux chtis, aux Marseillais) du locuteur, selon l'âge (ceux des retraités, ceux des actifs), le sexe (F, H)... dégager leurs fonctions selon les situations dialogiques les plus fréquentes (brèves de comptoir, mariages, enterrements, matchs, fêtes, disputes conjugales et familiales, déclarations séductrices et amoureuses, discours de départ en retraite, discours d'accueil dans un nouveau poste, discours des prêtres accompagnant les grands moments de la vie...), c'était un défi qui me tentait beaucoup. J'avais pris au sérieux la Critique de la vie quotidienne (en 3 tomes, chez L'Arche) de Henri Lefebvre. J'avais 27 ans en 1967, j'enseignais déjà dans un lycée du nord, français en 5° et philo en terminales (quel bonheur, ce grand écart) et en même temps, je fréquentais la Sorbonne et Nanterre. J'étais rimbaldien (parce que poète ?, aujourd'hui encore, j'ai deux T-shirts avec photo et quatrain de Rimbaud), à la fois pour le dérèglement de tous les sens, la pratique des correspondances horizontales et verticales et pour changer la vie (avec ce bémol de taille, changer la vie, pour moi, c'était prendre la vie quotidienne dans toute son épaisseur, lui enlever son poids d'ennui, de répétition d'habitudes, de lassitude, la valoriser – je m'éloignais donc de l'apologie des loisirs – parce que la vie quotidienne c'est quasiment tout notre temps de vie, des temps morts des transports au temps de travail, aux temps domestiques). Je me souviens d'avoir écrit des pages et des pages dans un cahier que je possède toujours et dans lequel je décris minutieusement comment « poétiser » les moments de vie quotidienne. Je crois bien que ce programme de valorisation de la vie quotidienne m'a guidé, nourri dans l'assumation consciente des moments constitutifs d'une journée : je dis encore bonjour le jour, j'ai tout un tas de petits rituels qui m'accompagnent, renouvelables, rien de systématique, rien de pesant, du spontané, pas d'originalité à tout prix, adhésion à ce que je dis et fais, prise en compte des surprises offertes par la vie ou provoquées (il suffit de s'adresser aux gens et souvent, souvent, ce sont quelques minutes de bonheur qu'on se donne même si sont évoqués les malheurs du moment).
Ce contexte explique je pense mon absence d'hésitation quand j'ai repéré ce livre chez Baba Yaga.
La préface de 6 pages dit beaucoup sur l'intérêt que certains ont porté aux lieux communs, à commencer par Flaubert avec son dictionnaire des idées reçues ou catalogue des opinions chics (il a eu le projet de combattre la bêtise, son Bouvard et Pécuchet est une charge contre la bêtise des savoirs reçus sans distance), suivi par Léon Bloy, exégèse des lieux communs, traquant les lieux communs catholiques, par Jacques Ellul, nouvelle exégèse des lieux communs, traquant des lieux communs plutôt politiques. Les fonctions essentielles des lieux communs sont énoncées, fonction idéologique de masquage de la réalité, d'occultation de la réalité, d'inversion de la réalité, fonction de barrage à la discussion, au dialogue, à la contradiction.
154 lieux communs d'aujourd'hui sont traités alphabétiquement par Christian Godin. Pour l'essentiel des stéréotypes d'origine politique, médiatique (les grands pourvoyeurs de langue de vent et de lange de bois, les confisqueurs de la vie démocratique publique puisque la communication s'est imposée contre le débat argumenté et contradictoire : il n'y en a plus) mais aussi quelques lieux communs issus des conversations privées (il y a du bon et du mauvais en tout ; on ne fait pas le bonheur des gens malgré eux). Au passage, Christian Godin introduit des considérations historiques, remarquant par exemple que les proverbes, autrefois lieux de la sagesse populaire, ne sont plus utilisés par la jeunesse, montrant, autre exemple, les transformations subies par le lieu « la dignité » au temps de l'aristocratie, puis des Lumières et au temps de la post-modernité avec ceux qui réclament le « droit de mourir dans la dignité » où se dit l'indignité de ceux qui veulent provoquer, accompagner la mort de ces vivants qui ont perdu leur dignité, devenus « légumes », « épaves ».
Prenons le lieu « différence », il faut respecter les différences. Imparable ! Y a-t-il une pensée amenant à cette injonction ? Il est évident que deux êtres humains sont différents dans les faits mais ce sont deux êtres humains, ils ont en commun d'être humains et je décide de respecter cette humanité en eux, je lui reconnais une valeur universelle, ils sont égaux en droits à moi, je les considère comme une fin, non comme un moyen, le respect est une valeur ajoutée, une valeur morale créée par l'homme, au moment des Lumières, par Kant bien sûr. Le respect des différences est donc un lieu commun idiot, on respecte ce qui est commun aux différences, l'humain. Alors pourquoi ce lieu ? La différence indique une relation, la différence est le contraire de l'identité. On est différent de. Mais avec ce lieu, la différence est substantialisée, la différence devient l'identité. Je dois respecter le fait qu'il est noir, noir est son identité = sa différence. Je dois respecter l'homosexuel, le transgenre, chaque trait identitaire entraîne obligation de respect de la différence. S'instaure une impossibilité de ne pas aimer tel mode ou style de vie, l'impossibilité de critiquer telle croyance, telle attitude. Le droit à la différence sert à mettre à l'abri de la pensée critique et de la discussion tel individu, telle culture, tel goût, telle transgression (le respect des différences ira-t-il jusqu'à respecter le sadisme de l'officier nazi?)
Un livre d'accompagnement pour diminuer la part de bêtise, de connerie, de « commerie » que nous véhiculons, croyant que ce que nous disons nous est propre alors que nous perroquons (du nom « perroquet »), répétons des idées reçues, des lieux communs. D'où la force du texte de Francis Ponge : Rhétorique.
« Je suppose qu'il s'agit de sauver quelques jeunes hommes du suicide et quelques autres de l'entrée aux flics ou aux pompiers. Je pense à ceux qui se suicident par dégoût, parce qu'ils trouvent que « les autres » ont trop de part en eux-mêmes.
On peut leur dire : donnez tout au moins la parole à la minorité de vous-mêmes. Soyez poètes. Ils répondront : mais c'est là surtout, c'est là encore que je sens les autres en moi-même, lorsque je cherche à m'exprimer je n'y parviens pas. Les paroles sont toutes faites et s'expriment : elles ne m'expriment point. Là encore j'étouffe.
C'est alors qu'enseigner l'art de résister aux paroles devient utile, l'art de ne dire que ce que l'on veut dire, l'art de les violenter et de les soumettre. Somme toute fonder une rhétorique, ou plutôt apprendre à chacun l'art de fonder sa propre rhétorique, est une œuvre de salut public.
Cela sauve les seules, les rares personnes qu'il importe de sauver : celles qui ont la conscience et le souci et le dégoût des autres en eux-mêmes.
Celles qui peuvent faire avancer l'esprit, et à proprement parler changer la face des choses. »
Ainsi, tel homme politique, impliqué dans une affaire de corruption, mettra en avant l'honneur de sa femme et de ses enfants ; tel autre réveillera le zèle de ses compatriotes en faisant référence aux « anciens », à « la mère patrie », au « déclin des valeurs », etc.
Comme le montre cet exemple, le thème peut être reformulé par un mot ou un groupe de mots (ici : l'école), tandis que la thèse peut être reformulée par une phrase verbale (ici : l'école telle qu'elle existe n'est plus adaptée au monde contemporain).
À la thèse soutenue par l'auteur s'oppose la thèse adverse, ou thèse réfutée.
- Un argument est abstrait, général : il fait le plus souvent appel à la logique.
- Un exemple est plus concret, plus particulier, voire même anecdotique.
- soit il s'adresse à la raison de son destinataire, auquel cas il tente de le convaincre ;
- soit il essaie de toucher les sentiments du récepteur, auquel cas il passe par la persuasion.
- la présence plus ou moins nettement marquée du locuteur : « je », termes modalisateurs (indiquant une évaluation, une vision subjective), mots mélioratifs ou péjoratifs… ;
- la présence de l'interlocuteur : l'auteur s'adresse parfois directement au lecteur (pronom « vous »), lui pose des questions, l'interpelle… ;
- des interrogations rhétoriques, c'est-à-dire dont la réponse est en quelque sorte contrainte ;
- le pronom « on » qui offre des possibilités multiples : « on » généralisant, permettant de délivrer une sentence ; « on » inclusif, dans lequel l'auteur et/ou le lecteur sont compris ; « on » exclusif, grâce auquel l'auteur se détache d'un groupe pour montrer que son opinion diffère.
- des liens logiques de cause, de conséquence, de concession… ;
- une structure logique, visible en particulier dans l'emploi de paragraphes distincts ;
- des figures de style : amplification, images… ;
- un ou plusieurs registres (suivant les intentions de l'auteur) : ironique, satirique, polémique…
- l'essai est un ouvrage, de forme assez libre, dans lequel l'auteur expose ses opinions (cf. Montaigne, Les Essais) ;
- le pamphlet est un écrit satirique, souvent politique, au ton virulent (Voltaire) ;
- le plaidoyer est la défense d'une cause, le réquisitoire est une accusation ;
- le manifeste est une déclaration écrite, publique et solennelle, dans laquelle un homme, un gouvernement ou un parti expose un programme ou une position (on trouve ainsi des manifestes de groupes d'artistes, autour d'un programme esthétique : cf. Le Manifeste du surréalisme) ;
- la lettre ouverte est un opuscule souvent polémique, rédigé sous forme de lettre ;
- la préface est un texte placé en tête d'un ouvrage pour le présenter, en préciser les intentions, développer ses idées générales (Préface de Cromwell, ou encore Préface du Dernier Jour d'un condamné, de Victor Hugo) ;
- l'éloge, le panégyrique, le dithyrambe sont des textes marquant l'enthousiasme et l'admiration que leur auteur voue à quelque chose ou quelqu'un.
- l'éditorial est un article émanant de la direction du journal. Il engage la responsabilité du rédacteur en chef et de l'ensemble du journal, tout en restant une parole individuelle (celle du journaliste qui le signe) ;
- le billet d'humeur est une courte chronique où le rédacteur s'adresse en son nom à une ou plusieurs personnes, sur un sujet d'actualité ;
- un journal peut également publier une lettre ouverte : cf. le célèbre J'accuse, de Zola, paru dans l'Aurore.
- la fable (La Fontaine) ;
- le conte (Perrault, Le Petit Chaperon rouge) et le conte philosophique(Voltaire, Candide) ;
- l'apologue (récit souvent bref contenant un enseignement : on voit que les deux premières formes citées appartiennent au genre de l'apologue) ;
- l'utopie (genre littéraire dans lequel l'auteur imagine un univers idéal, par exemple l'abbaye de Thélème, chez Rabelais) et la contre-utopie (1984, d'Orwell) ;
- le dialogue (parfois dialogue philosophique, cf. Diderot, ou Sade) ;
- le théâtre (Marivaux, L'Île des esclaves).
Mais l'argumentation ne se contente pas de réclamer un « style », un talent d'écriture. Elle passe parfois par la fiction, c'est-à-dire que, paradoxalement, elle utilise l'imaginaire afin de soutenir une opinion sur un élément bien réel. Cette association de l'argumentation et de la fiction existe dès les premiers récits fondateurs : dans L'Iliade et L'Odyssée d'Homère, ou encore dans les chansons de geste du Moyen Âge, s'opère une alliance entre le récit d'exploits et l'exaltation de valeurs, de positions, que l'auteur cherche à faire partager à ses auditeurs ou lecteurs. Pourquoi donc ce « détour » par la fiction ? La Fontaine écrit, dans les Fables, à propos de l'apologue :
Ou plutôt il la tient captive
Controverse sur la déclaration de Villeurbanne (mai 1968)
Il y a des lignées dans le théâtre français, des lignées qui clivent. Celle de Jean Dasté a été "liquidée" en mai/juin 1968 en particulier durant les "journées de Villeurbanne".
Tout notre système de décentralisation théâtral forgé après guerre a été bloqué net par une poignée de metteurs en scène qui ont réussi à s'approprier le "réseau", à le développer et finalement en hissant Jack Lang sur le podium à en exclure définitivement tout prétendant fidèle. La destruction du FIC (fond d'intervention culturel) fut l'oeuvre fondatrice d'un ministre certes populaire mais qui confisqua durablement les arts et la culture au profit d'une minorité influente dans chaque ville grâce au dispositif des Scènes nationales. Ce dispositif capta les édifices de l'Education populaire à des fins d'élitisme (pour tous?).
Nous avons peut être une chance historique (50 ans après) de revisiter l'histoire et de faire des contres journées de Villeurbanne.
Bruno Boussagol (metteur en scène et comédien de la compagnie Brut de Béton Productions)
/https%3A%2F%2Fwww.sortirdunucleaire.org%2Fimages%2Fimage_defaut_6.jpg)
Bruno Boussagol, un metteur en scène engagé
Dans quel contexte as-tu créé la compagnie Brut de Béton ? J'ai créé la compagnie au début des années 90 à Clermont-Ferrand. Je souhaitais développer un théâtre de création à partir de...
http://www.sortirdunucleaire.org/Bruno-Boussagol-un-metteur-en
/https%3A%2F%2Fdiacritik.com%2Fwp-content%2Fuploads%2F2018%2F02%2F12829279_135424216878.jpg)
Jean Dasté (1904-1994) : le père de la décentralisation théâtrale
En dehors du monde des passionnés de théâtre, et même parmi les aficionados qui, chaque année vont au in ou au off d'Avignon, il est fort probable que le nom de Jean Dasté n'évoque peut-êtr...
https://diacritik.com/2018/02/06/jean-daste-1904-1994-le-pere-de-la-decentralisation-theatrale/
Pour resituer le contexte de la déclaration de Villeurbanne (après le 20 mai 1968), on pourra lire et réfléchir sur la pièce de Denis Guénoun : Mai, juin, juillet aux éditions Les solitaires intempestifs.
Une déclaration de Denis Guénoun faite récemment aux journées de Nantes (BIS 2018, Biennale internationale du spectacle vivant, 17-18 janvier 2018) permet de faire le point sur les ambiguïtés et contradictions durables de la déclaration de Villeurbanne.
/idata%2F0002777%2Fblog%2Fmai-juin-juillet--187x300.jpg)
Mai, juin, juillet/Dans les théâtres de 1968/Denis Guénoun - Les Cahiers de l'Égaré
Mai, juin, juillet Dans les théâtres de 1968 Denis Guénoun Les Solitaires Intempestifs J'ai lu cette pièce récente en Avignon entre le 10 et le 13 juillet, en trois temps comme sa construction...
/https%3A%2F%2Fdenisguenoun.org%2Fwp-content%2Fuploads%2FIMG_0015.jpg)
Sur la "Déclaration de Villeurbanne" (mai 1968) - Denis Guénoun
Dans le cadre de la Biennale internationale du spectacle vivant (Nantes, 17-18 janvier 2018), j'ai été invité par Fabien Jannelle à faire une brève intervention sur la " Déclaration de Villeu...
http://denisguenoun.org/2018/01/21/declaration-de-villeurbanne-mai-1968/
Apparemment ce qui suit est sans rapport avec les effets de la controverse de Villeurbanne
Je viens de faire paraître un livre à 24 voix, 12 F, 12 H sur une série de photos prises en selfie par une femme augmentée par le chagrin
c’est donc un livre choral avec et pour une femme augmentée par le chagrin, une gisante, 24 orants, 24 Orphée
pour moi maintenant si on
(on, désignant un passeur, un transmetteur, un partageur, un homme de passion et de bienveillance, un qui a choisi de se tenir le plus possible à l'écart du système marchand) n’a pas pour objectif que tout le monde s’exprime en inventant sa façon de s'exprimer, pas en singeant les formats dominants (clips, shows, gros romans, pièces sur le bruit du monde, chansons et musiques dites actuelles, cirque, jonglage...)
si on n'a pas pour objectif que chacun crée son art de vivre sa vie, avec ses heurs, bonheurs, malheurs, pas en singeant les modèles dominants donnés à imiter, consommer, jeter, renouveler, et rien à voir avec les soi-disant arts de vivre, l'art de vivre méditerranéen, crétois, l'american way of life...
alors merde à l’art, aux artistes qui pullulent, sont en concurrence, mis en concurrence par les gens de culture, et qui ululent, crowdfundinguent, s'auto-produisent et revendiquent leur participation à l'économie, nous représentons 3% du PIB
merde aux gens de culture qui pullulent et pompent le fric, eux qui ont du pouvoir, si peu, si peu mais s'y croient avec de moins en moins d’argent et revendiquent aussi leur participation à l'économie, nous représentons plus que l'industrie automobile
monde de merde à l’image caricaturale du monde de requins et prédateurs de toutes sortes des hautes sphères qui ne tournent pas rond.
IMAGINONS: 1700 spectacles en Avignon l'été dans le off soit 1700 X 20000 € de location de salle mini = 34.000.000 € dépensés pour une illusion : on va être vu par des directeurs et des critiques et on va tourner. Ô les tristes calculs de jeunes plein d'énergie, aptes au système D et réussissant à survivre, certes souvent dans la galère mais survivre.
IMAGINONS: 1700 compagnies investissent la France profonde, désertée par les paysans, peu récupérée par les alternatifs et ils construisent leur habitat durable, écolo, leur salle de répétition, leur jardin en permaculture, leurs équipements en énergie verte, des oasis donc avec école Montessori, des jardins d'Épicure, le philosophe pour des temps comme le nôtre de fin de civilisation (lire le Sur Épicure de Marcel Conche qui se tient à l'écart du grand tapage médiatique)
IMAGINONS; les musiciens, les écrivains, les plasticiens, les architectes, tous ceux capables de comprendre qu'il n'y a pas d'avenir dans ce monde marchand abandonnent les villes à leur pourrissement et à leur ratisation proliférante et vont retrouver la dure et saine vie dans les collines et les bois comme D.H Thoreau ou comme avait imaginé Jack London
mais ce n'est qu'un rêve
Travail de l'éditeur que je suis (refusant les manuscrits envoyés comme ça), il s'agit du travail d'une après-midi seulement : fiche pour le dépôt légal à la Bibliothèque Nationale de France, contrat d'auteur, référencement Electre et grands sites de vente en ligne, approvisionnement du distributeur-diffuseur Soleils à Paris (20 exemplaires au démarrage), envoi des livres commandés par les particuliers, écrire un ou plusieurs articles sur mes 3 blogs et mes 2 sites, envoi ciblé par mail à un fichier de 500 acheteurs potentiels, incitation à la vente par les auteurs ou des amis sur leur réseau (5€ de ristourne pour le vendeur)
ce que je ne fais pas: service de presse à la soi-disant grande presse ni même à la soi-disant presse locale ni à une quelconque soi-disant célébrité littéraire ou animateur pseudo-amoureux d'écritures; ça écarte plein de monde, ouf!; pas de livres offerts, chacun se l'achète, pour me mettre à l'écart du système marchand, il me faut amortir le coût de fabrication
vente en direct: 15 € vont aux Cahiers de l'Égaré, vente en librairie via le distributeur: 15€ - 58% (28% pour le distributeur, 30 à 36% pour le libraire selon, la FNAC, le plus gourmand, Amazon aussi); la vente en librairie ne m'intéresse pas, pas de dépôts, je me fous de leurs coups de coeur; pas davantage de demande d'aides publiques, dossiers, dossiers, merde; encore moins de salons ou fêtes du livre; bien sûr j'ai connu ça et je connais le bilan
ça va faire 30 ans que je fais cela avec plus ou moins de conviction, toujours bénévolement; merde au système marchand qui oblige à travailler pour vivre
La déclaration de Villeurbanne, vous comprenez que je m'en moque.
Ses enjeux même contradictoires ne sont pas à la hauteur.
Mon slogan serait : Tous artistes, tous écrivains, tous photographes,
chacun son expression, chacun son art de vivre sa vie
pas la vie comme oeuvre d'art
pas l'art pour émanciper, élever, éduquer, éveiller
pas la culture dominante qui ne se reconnaît pas comme telle, alibi de la domination marchande avec son discours émancipateur, démocratisateur et ses pratiques de management à l'américaine, travail en openspace, séparation entre direction, personnel et techniciens, entre gens de culture et artistes
chacun son art de vivre sa vie c'est-à-dire en conscience, y en a, y veulent de la pleine conscience, beaucoup de moments dans le silence, parfois du rire, des sourires tout pleins, des gestes doux et tendres, pas besoin de créativité renouvelable 24 H sur 24, juste de l'attention, là, à 10 cms, regarde et tu déplaces la petite pierre, la brindille, ah, ça fait un cupidon...et t'es frappé en plein coeur par l'amour
mais purée que c'est simple l'amour,
y en a qui aiment compliquer à souhait
y en a qui veulent pas entendre le souffle aimant à côté d'eux, tant pis pour eux
j'aime les bienheureux, les simples d'esprit et de coeur qui ont le coeur net et direct
de Salvatore Spada, ces saillies iconoclastes, radicales, à tenter de pratiquer
j'aimerais bien réussir à ouvrir , une maison d’édition> lettre de rencontre > et mettre en pratique le nouveau principe en dialectique de désir et subversion du sujet que> TOUT LECTEUR EST AUTEUR. Et se débarrasser enfin de la maison d’édition liée à l'Auteur . Pas d'auteur chez nous , chez nous il n'y a que des lecteurs . Personnellement je veux signer comme lecteur2 de mon texte et non pas comme auteur1 > le lecteur2 subvertit l'auteur1 > (subvertir ne suffit pas il faut aussi savoir dissoudre > savoir du deux) les élites des auteurs> à mépris inconscient des ses lecteurs > ils sont démolies en poussier d’étoile et en atelier de lecteur > ca change tout dans la dynamique de rencontre > ça ouvre un champ inédit. Te dis-tu auteur ? encore un Auteur ? non, désolé ici on est tous lecteurs on n a plus besoin d auteurs, maintenant on sait bien s'émanciper des auteurs , on a reussi notre cap > et c'est un savoir nouveau de s’émanciper de tout auteur > toi aussi tu peux (savoir) t’émanciper de ton auteur . L'auteur par définition c'est son élite, un auteur est en lui tout seul une élite . Le lecteur est en lui tous seul l’émancipation vivante de toute élite inconscient> vive notre lecteur des trois écologies en fonction trou , manque et vide.
"Je te fabrique l’illisible> tu vas le lire et tu vas te donner un futur, ton futur . Nomme tes trois écologies pour trois fonctions > fonction trou , fonction manque, et fonction vide . Nomme tes trois bucoliques . Ouvre tes trois écoles inattendues pour faire trou , pour faire manque et pour faire vide . Je te dis TROU, Je te dis MANQUE , je te dis VIDE. Je te dis inattendu. Je te dis rencontre . Je te dis miracle de rencontre . Je te dis , dis moi quelque chose, même le silence est parole . On va faire sortie , on va occuper les lieux de sortie avec un ciseau (tourbillon d'un trou comme transfert du temps), une pierre (perte d'un manque comme fantasme de réalité) et un papier (lettre vide au bord de sa pure extériorité comme symptôme ) . On va nommer la sortie et on va la faire tourbillon d'un TROU , on va faire trou, et on va la faire perte, tu vas nommer ta perte pour un MANQUE , on va faire manque, et on va la faire lettre au bord du VIDE, on va faire vide. Du spectacle on peut bien s'en passer pour se donner sortie de rencontre . Une rencontre nous sort du monde du spectacle , non, une rencontre n est pas un spectacle pour son public endormi.Une expo c'est pour dormir , une pièce de theatre c'est pour dormir, un film c'est pour dormir . Une rencontre c'est pour nous sortir d' une expo, d'un theatre , d'un cinema >sortir> veut dire que > tout lecteur est auteur > sortir veut dire que > tout le monde est Un artiste femme ,qu'il n'y a pas d'artiste homme, heureusement pour nous et pour les bords des orifices et pour les lettres d'amour. [Déménagement> les nouveaux Bucoliques> un pièce , une expo , un film et ton corps politique comme pièce de theatre, comme expo, et comme film pour nous sortir du monde du spectacle et de son endormissement généralisé ]: »
"Si je rentre moi aussi dans le marché de l'art ce n est pas pour me mettre en concurrence INÉVITABLE et FATALE avec les autres artistes comme moi (pauvres imbéciles )> mais pour devenir moi même, moi même, moi même, x 3 > un donateur d ordres, un spéculateur, un vrai capitaliste, en créant un nouveau marché , le marché des collectionneurs , et en le mettant en concurrence avec le première marché , le marché des artistes déjà existant > collectionneur contre artiste et artiste contre collectionneur > voila ce qu'il faut mettre en oeuvre pour en tirer moi avec quelque copain tout le profit et en rire comme un capitaliste sait faire en créant , sans fin, des imbéciles serviles et vils> prêts à tout pour obéir à la sacrée loi du marché> l' intouchable loi de l’intouchable marché de l’intouchable profit de l’intouchable mort à crédit> la tienne, oui , la tienne > tu en as tout le droit et le crédit. Il n'y a aucun profit de l'Un qui ne met pas en concurrence l'Autre , il n y a pas profit de l'Un qui ne provoque pas une division mortel et suicidaire dans l'Autre . Il n'y a pas de profit qui ne produit pas un conflit chez l'autre . Profit de l'Un > conflit de l'Autre > le profit de l'Un c'est le suicide de l' Autre > voilà la règle numéro UN d'un bon capitaliste, c'est effrayant oui> le profit de l'Un> monde sans futur pour l'Autre > monde sans futur > c'est effrayant , oui , c'est effraiant> mais il faut bien comprendre que pour un bon capitaliste tous les gens sont bêtes, considérés comme des bêtes parce que ils tombent très très très facilement et sans problème , sans aucun problème, ni avis critique, aucun, dans laLA miseMISE enEN concurrenceCONCURRENCE fatale et suicidaire et ça marche toujours, et ça marche à tous les coups et ça marche , et ça marche, et ça marche, et au nom du bon sens (servitude volontaire) et alors à quoi bon les considérer des humaines> des vrais crétins plutôt . [Dérangement et Déménagement > DD > une pièce de Dénonciation politique> DDD> d’après les Bucoliques de Virgile] »
Naissance de Charlot/Footlights
C'est le 7 février 1914 qu'apparaît pour la 1° fois à l'écran, le personnage de Charlot, 104 ans aujourd'hui. Charlot est sans doute un des personnages les plus intéressants inventés par le cinéma muet. Guillaume Le Blanc en fait la figure de la précarité dans son essai L'insurrection des vies minuscules.
Charlot sans doute m'inspirera pour un monologue qu'on me demande d'écrire: faire rire du noir du monde actuel et à venir. Défi qui me tente beaucoup. Je vois déjà que le fil rouge du funambule sera une histoire de place. Suis-je à ma place, à la bonne place, n'ai-je pas pris votre place, y a-t-il de la place pour tout le monde, toutes les places sont prises, attendez votre tour, on peut décliner un nombre important de situations, c'est la lutte des places. C'est le titre de ma 1° pièce.
En octobre 2014 a été publié le seul roman de Charlie Chaplin, Footlights, écrit en 1948, après avoir été oublié pendant 60 ans dans des tiroirs à Bologne. Footlights inspira le scénario de Limelight, le dernier film américain de Chaplin (1952).
JCG
Publié le 07/02/2014 à 03H33, mis à jour le 31/07/2014 à 19H46 par Culture box, francetvinfo
Charlie Chaplin n’a pas attendu de créer le personnage de Charlot pour être acteur. Son premier film sous la défroque du célèbre vagabond est sorti le 7 février 1914. Aujourd’hui, Charlot a donc 100 ans ! Déjà célèbre et promise à une carrière plus importante encore, sa silhouette reconnaissable entre toutes devint rapidement une icône, sinon l’icône emblématique du cinéma.
Enfant de la balle Le 16 avril 1889, Charles Spencer Chaplin naît dans un foyer miséreux de Londres. Le père est la plupart du temps absent du domicile conjugal et sa mère, qui a mille peines à joindre les deux bouts, sera internée en hôpital psychiatrique, alors qu’il n’a que 14 ans. Charles est cependant un enfant de la balle : sa mère, Hannah, était artiste de music-hall en galère et son père, Charles Sr., chanteur populaire... alcoolique.
Charles monte toutefois très tôt sur les planches, remplaçant sa mère dans un rôle à l’âge de cinq ans sur une scène d’Alderschot (sud-ouest de l’Angleterre). Une prestation qui ne devint pas une habitude, mais une voie dans laquelle l’encouragea Hannah, détectant chez sa progéniture une « sorte de talent ». Quand il a dix ans, son père le fait intégrer, grâce à son réseau, la troupe de danseur, très populaire, des Eight Lancashire Lads. Le jeune garçon se produira ainsi sur les scènes de music-hall en 1899 et 1900. Mais il n’a guère de goût pour la danse et désire devenir acteur de comédie. Toujours scolarisé, en parallèle, il abandonne l’école à l’âge de 13 ans et devient ouvrier dans une usine, enchaînant les petits jobs à droite, à gauche.
Inscrit chez un agent artistique à 14 ans, il trouve rapidement sa place comme comique et jouera notamment dans une adaptation théâtrale de Sherlock Holmes qui l’emmène en tournée jusqu’en 1906. Il enchaîne les rôles, ne cessant de gagner en notoriété, jusqu’à être en haut de l’affiche quand il a 18 ans. Mais la notoriété n’est pas encore au rendez-vous. Chaplin avant Charlot Le frère cadet de Charles, Sidney, avait rejoint la célèbre troupe britannique comique de Fred Carnot comme première vedette, ce qui lui permit de l’y introduire. Après diverses prestations plus ou moins convaincantes, il obtient un rôle principal en 1910 qui lui permet d’être ovationné par le public et la presse. Karno l’emmènera par deux fois en tournée aux Etats-Unis, où les critiques le saluent comme "l’un des meilleurs artistes de pantomime". C’est lors de sa deuxième tournée, qu’un responsable de la Motion Picture Company l’ayant repéré au théâtre lui proposa un contrat pour remplacer la vedette du studio californien Keystone, Fred Mace, désireux de prendre sa retraite. Les studios hollywoodiens sortent alors de terre et Chaplin y débarque en décembre 1913, sous la gouverne de Mack Sennett qui dirige la Keystone. Le nouvel arrivant n’est pas convaincu par les comédies qu’on lui offre, les qualifiant de "grossières". Sa première prestation, dans "Pour gagner sa vie" où sa silhouette est calquée sur celle de Max Linder, ne lui apporte que déception.
Il profita néanmoins de cette période pour observer le cinéma à l’œuvre, ce qui ne sera pas inutile par la suite, quand il deviendra réalisateur. Mais dès son deuxième film pour la Keyston, Chaplin introduit son personnage de vagabond, qui ne s’appelle pas encore Charlot, dans "L’Etrange aventure de Mabel" où sa fameuse silhouette apparaît pour la première fois à l’écran.
L'Etrange aventure de Mabel (1914), première apparition du costume de Charlot (11 mn)
Pour l’heure, tout est dans le costume : "Je voulais que tout soit une contradiction : le pantalon ample, la veste étriquée, le chapeau étroit et les chaussures larges… J'ai ajouté une petite moustache qui, selon moi, me vieillirait sans affecter mon expression. Je n'avais aucune idée du personnage mais dès que je fus habillé, les vêtements et le maquillage me firent sentir qui il était. J'ai commencé à le connaître et quand je suis entré sur le plateau, il était entièrement né", écrira Chaplin dans son autobiographie, "The Happiest Days of my Life". Le vagabond devient Charlot Le premier film où Charlie Chaplin donne à son personnage le patronyme de Charlot sort le 7 février 1914 : "Charlot est content" ("Kid Auto Races at Venice") signé Henri Lehman. Etrangement, le film sortit en salle deux jours avant "L’Etrange aventure de Mabel", alors qu’il fut réalisé après.
Charlot est content de lui (1914) première apparition de Charlot sous le patronyme
Ses suggestions auprès des metteurs en scène concernant son personnage sont systématiquement refusées, mais dénotent très tôt son ambition de contrôler sa vie artistique. Son cinquième film a le titre prémonitoire de "Charlot fait du cinéma" et voit le vagabond, engagé comme acteur, créer un pugilat sur le plateau. Il parvient à convaincre Mack Sennett de passer derrière la caméra tout en restant acteur, et réalise son premier film, sorti en mai 1914, "Un béguin de Charlot" (ou "Charlot est encombrant" – "Caught in the Rain" en VO). Depuis qu’il est à la Keystone, Chaplin a adopté un rythme de travail de stakhanoviste, travaillant six jours sur sept, et bouclant un film par semaine !
"Un béguin de Charlot" (1914), première réalisation de Charlie Chaplin (9m58)
Le succès, plutôt le triomphe, va rapidement grandissant, aux Etats-Unis comme à l’international. Il impose son véritable style et tournera quasiment toutes ses comédies pour le studio. Charlot apparaît dans un premier long métrage d’une heure quinze, dirigé par Mack Sennett en novembre 1914, "Le Roman comique de Charlot et Lolotte", où Charlot dépouille une brave campagnarde avant de se marier avec elle quand il apprend son riche héritage… Charlot, phénomène culturel Son contrat à la Keystone arrive à terme à la fin 1914. Trop gourmand, Chaplin est remercié par Sennett. Le salaire hebdomadaire de 1000 dollars réclamé est augmenté par les studios Essanay qui lui offrent 1250 dollars par semaine. Il est maître de ses films et découvre une jeune secrétaire, Edna Purviance, qu’il dirige dans « Charlot fait la noce », puis dans 35 films au total. Jusqu’alors dépourvu de vie sentimentale, en s’investissant corps et âme dans son travail, Chaplin vivra une idylle avec elle jusqu’en 1917, première de ses nombreuses conquêtes et quatre mariages qui alimenteront la chronique. Jusqu’alors mauvais garçon, un rien méchant, le personnage de Charlot s’adoucit, ce qui fait le bonheur de la critique qui lui accorde plus d’attention, avec notamment « Le Vagabon » (1915), puis « Charlot, garçon de banque ». Après sa silhouette vestimentaire, le personnage acquérait une psychologie plus compassionnelle, voire mélancolique, qui ne le quittera plus.
Chaplin n’est pas dans le cinéma depuis deux ans, que son succès dépasse ce seul domaine. Il devient un véritable phénomène culturel aux Etats-Unis, comme à l’étranger, s’expatriant dans la bande dessinée, la chanson, les figurines et poupées. A partir de 1922, le peintre Fernand Léger en fait plusieurs représentations graphiques, déduite du cubisme, allant jusqu’à réaliser et filmer un pantin animé à l’effigie de Charlot dans "Ballet mécanique" en 1924.
"Le Ballet mécanique" (1924) de Fernand Léger
Charlot enchaîne les studios En fin de contrat en décembre 1915, Chaplin se fait encore plus gourmand. Déclinant les offres des majors Vitagraph, Fox et Universal, il accepte de rejoindre la Mutual qui lui offre un pont d’or pour en faire un des hommes les mieux payés du monde, avec un studio qui lui est propre. Le vagabond est devenu millionnaire. Ce que ne manquera pas de lui reprocher la presse, le patron de la Mutual leur rétorquant "Nous pouvons nous permettre de payer ce large salaire annuel à M. Chaplin car le public veut Chaplin et paiera pour le voir". Les historiens du cinéma estiment que les films de Charlot réalisés à la Mutual sont parmi les meilleurs de l’acteur-réalisateur, parmi lesquels : "Charlot policeman", "Charlot fait une cure", "L’Immigrant" ou "Charlot s’évade". Après la Mutual, Chaplin passe à la First National de 1918 à 1922, avec comme agent artistique son frère Sidney, et construit son propre studio. "Une vie de chien" en 1918 est qualifié par le père de la critique de cinéma française, Louis Delluc, comme "La première œuvre totale de cinéma". L’acteur s’engage alors dans l’effort de guerre, battant campagne dans tous les Etats-Unis, puis réalise et interprète "Charlot soldat", où le personnage est projeté dans les tranchées : énorme succès en 1918.
"Une vie de chien" (1918) de Charlie Chaplin : extrait
Il réalise en 1921 un de ses plus grands films, largement inspiré de sa vie de misère en Angleterre et de sa malheureuse expérience sentimental avec l’actrice Mildred Harris, âgée de 17 ans : "The Kid". Toujours vagabond, Charlot n’en devient pas moins le tuteur d’un gosse espiègle et turbulent qui lui en fait voir des vertes et des pas mûres… A partir du "Kid", Chaplin ne réalisera plus de de court-métrage, s’en tenant strictement aux longs.
"The Kid" (1921) de Charlie Chaplin : extrait
Les Artistes Associés Au début des années 20, Chaplin réclamant toujours plus d’argent, plus de temps et plus d’indépendance pour ses films, quitte la First National pour fonder avec l’actrice Mary Pickford, l’acteur Douglas Fairbanks et le réalisateur D. W. Griffith la maison de distribution United Artist (Les Artistes associés) qui existent toujours de nos jours. Le quatuor, composé des plus grands acteurs et réalisateurs de leur temps, crée un précédent à Hollywood, les cinéastes ayant pour la première fois le plein contrôle sur leur création.
Le studio écope pourtant d’un premier échec signé Chaplin, sans Charlot, "L’Opinion publique" (1922), un mélodrame. Le public ne répond pas à l’appel, qui ne jure décidément que par Charlot. Le cinéaste se rattrape avec "La Ruée vers l’or" en 1925, un de ses meilleurs films et le plus complexe à réaliser, avec 600 figurants, des décors démesurés et des effets spéciaux complexes. Le film réclame 16 mois de tournage. Charlot y est prospecteur dans les montagnes enneigées du Montana, affrontant la rudesse du climat et cherchant autant l’or que l’amour. Le film contient parmi les scènes les plus célèbres de son répertoire, avec l’épisode où, mort de faim, Charlot mange ses chaussures, la danse des petits pains, pour laquelle, comme à son habitude, Chaplin écrivit la musique, et la bascule de la cabane au sommet d’un pic enneigé, qui servira d’affiche.
"La Danse des petits pains" dans "La Ruée vers l'or" (1925) de Charlie Chaplin
En 1928, Chaplin sort "Le Cirque" qui lui vaut de recevoir un Oscar d’honneur lors de la première cérémonie de l’académie des Arts et Techniques "pour sa polyvalence et son génie à jouer, écrire, mettre en scène et produire ‘Le Cirque’". Et pour quelques chefs-d’œuvre de plus Avec l’arrivée du parlant en 1927, les cartes se brouillent. Chaplin s’oppose catégoriquement à cette avancée technologique, estimant que cet ajout tue l’art du visuel, de la pantomime, alors qu’il se voit mal donner une voix à Charlot. Sans parler du problème que posait la vente des films à l’étranger, l’image seule, sans dialogue relevant de l’universel. C’est pourquoi il tourne toujours en muet en 1928 "Les Lumières de la ville", tout en interprétant Charlot, avec une jeune actrice, Virgina Cherril, dans le rôle d’une aveugle à laquelle il se dévoue pour lui financer une opération des yeux. Malgré son anachronisme avec le succès populaire du parlant, le film est un grand succès et la critiques voit en lui "le meilleur jeu d'acteur et le plus grand moment de l'histoire du cinéma" (James Agee).
"Les Lumières de la ville" (1928) de Charlie Chaplin : extrait
Après une pause de 16 mois au cours desquels Chaplin voyage en Europe (France et Suisse), puis au Japon, il revient à Los Angeles et constate les ravages de la Grande Dépression qui lamine les Etats-Unis. Nombre de ses films précédents mettaient Charlot dans des conditions dorénavant subies par ses contemporains ("Une Vie de Chien", "L’Immigrant", "Le Kid"…). Mais ce qui le frappe le plus sont les conditions de travail des ouvriers, avec les nouvelles conditions mises en œuvre, le travail à la chaine, dérivé du stakhanovisme russe. Il en déduit un de ses films les plus célèbres,"Les Temps modernes", toujours sous la défroque de Charlot, vêtu d’une salopette dans l’usine, tout en persistant à réaliser un film muet, sorti en 1936, alors que le procédé est devenu obsolète. Charlot y interprète toutefois une chanson inarticulé et nonsensique, "Charabia", comme pour mieux dénoncer ce que représente l’absurdité du parlant à ses yeux… ou à ses oreilles. Mais l’on y entend la voix de Charlot pour la première fois. Il y dirige dans le second rôle une jeune actrice de 21 ans, Paulette Goddard, qui devient sa troisième épouse. Succès mitigé, à l’époque, sans doute à cause de son discours anticapitaliste. Une partie de la critique ne s’y est pas ralliée pour la même raison.
"Les Temps modernes" (1936) de Charlie Chaplin : Charlot chante "Charabia"
The End Le dernier film réalisé et interprété par Chaplin dans le costume de Charlot est aussi son premier réalisé en "parlant". "Le Dictateur" sortit en 1940, alors qu’Hitler venait de déclencher la Seconde guerre mondiale et occupait la France. Chaplin tenait absolument à réaliser un film sur le Führer. Etonnant de voir ce qui rapproche les deux hommes, aux idéaux aussi contradictoires : tous les deux sont nés à quelques jours d’intervalles ; ils sont issus de milieux sociaux défavorisés et connurent un destin international ; tous deux portent une petite moustache juste sous l’arête nasale… Charlot n’y est plus le vagabond, mais un barbier juif victime d’une dictature en Europe, mais également Adenoïd Hynkel, parodie évidente d’Hitler, comme si l’assimilation entre les deux signifiait que le dictateur était un "charlot". Le Sujet est très délicat à l’époque : les Etats-Unis fournissent des armes à l’Allemagne, Hollywood évite tout sujet se référant à l’Europe, Washington n’entrant en guerre qu’en 1941, alors que le film est tourné en 1939, quand les nazis envahissent la Pologne. Son indépendance acquise depuis United Artists permet toutefois à Chaplin de faire ce qu’il veut.
"Le Dictateur" (1940) de Charlie Chaplin : la danse du ballon
Le film, très attendu, connût un grand succès et demeure une des meilleures productions de son auteur. Il affirme l’engagement politique et social que défend Chaplin, depuis des années, ce qui va se retourner contre lui. Taxé de communiste, poursuivi dans divers procès pour mauvaises mœurs (10 ans après, ce sont d'autres mots plus explicites qu'il faudrait employer, il s'agit de pédophilie), la vie de Chaplin ne se résume plus qu’à une suite de procès qui l’éloignent des plateaux. Charlot est mort, mais pas Chaplin. Mort ? Charlot est immortel ; dès que le mot "cinéma" vient aux lèvres, son image apparaît. L’un des plus grands cinéastes de son temps poursuivra son œuvre jusqu’en 1967 ("La comtesse de Hong-Kong"), mais c’est une autre histoire. Parti en Europe en 1951, son visa de retour aux Etats-Unis était révoqué le lendemain même de son départ. Après avoir connu la reconnaissance internationale grâce à sa carrière aux Etats-Unis, mais y ayant connu la gloire comme la déchéance, Chaplin déclarait : "Que je revienne ou non dans ce triste pays avait peu d'importance pour moi. J'aurais voulu leur dire que plus tôt je serais débarrassé de cette atmosphère haineuse, mieux je serais, que j'étais fatigué des insultes et de l'arrogance morale de l'Amérique."
S’il n’a pas pour autant connu la misère dans cette dernière partie de sa carrière, engendrant lui-même une dynastie de comédiens, Chaplin est resté fidèle à Charlot, paria contre l’establishment. Il y demeure viscéralement identifié pour l'éternité, avec comme crédo l’indépendance.
/https%3A%2F%2Fwww.francetvinfo.fr%2Fpictures%2FiT9oXO5M7k_c_12HHhoZ8bJ8Its%2F1500x843%2F2019%2F04%2F12%2Fchaplin_1931.jpg)
Charlot, roi du cinéma depuis 100 ans
Charlie Chaplin n'a pas attendu de créer le personnage de Charlot pour être acteur. Son premier film sous la défroque du célèbre vagabond est sorti le 7 février 1914. Aujourd'hui, Charlot a d...
https://www.francetvinfo.fr/culture/cinema/charlot-roi-du-cinema-depuis-100-ans_3384839.html
/https%3A%2F%2Fwww.cinecomedies.com%2Fwp-content%2Fuploads%2F2014%2F10%2Flivre-charles_chaplin-footlights.jpg)
Footlights de Charlie Chaplin enfin publié | CineComedies
Resté dans des tiroirs pendant près de 60 ans, , le seul roman écrit par Charlie Chaplin, rédigé en 1948, et qui a servi d'inspiration à son film (Les Feux de la rampe , 1952), a enfin été ...
http://www.cinecomedies.com/news/livres/footlights-de-charlie-chaplin-enfin-publie/
/https%3A%2F%2Fwww.humanite.fr%2Fwp-content%2Fuploads%2F2014%2F10%2Fcahrlot_0.jpg)
L'hypothèse Charlot - L'Humanité
La chronique philo de Cynthia Fleury."Chaplin s'est mû en Charlot pour parcourir l'espace et le temps, la modernité, ses rêves et ses blessures." ...
https://www.humanite.fr/en-debat/la-chronique-de-cynthia-fleury/lhypothese-charlot
L'insurrection des vies minuscules
Revue de livre de philosophie : L'insurrection des vies minuscules Chronique WEB de Catherine PORTEVIN. Book paru dans la rubrique Notre sélection du n° de Philosophie Magazine (version web)...
http://www.philomag.com/les-livres/notre-selection/linsurrection-des-vies-minuscules-10518
/https%3A%2F%2Fi.ytimg.com%2Fvi%2Ff6668cr_O2Q%2Fhqdefault.jpg)
1914 Charlie Chaplin Twenty Minutes of Love - The First Film Directed by Charlie Chaplin (Charlot)
The first film directed by Charlie Chaplin. Relased on 1914.
1° film réalisé par Chaplin, 1914
/https%3A%2F%2Fi.ytimg.com%2Fvi%2FeZhSvSvMBgU%2Fhqdefault.jpg)
Extrait du film "les Temps modernes". Charlot pour gagner sa vie est embauché dans un restaurant. A la fin il doit chanter mais il ne se rappelle jamais des paroles.
les temps modernes
L'art c'est la vie - débat

dans Disparition aux Cahiers de l'Égaré
L'art c'est la vie
Éditorial d'un vieux numéro de la revue
(Art absolument)
Polémique : l’État et l’art contemporain_(l’état de l’art contemporain en France)
«… aussi intéressante soit-elle toute esthétique qui devient hégémonique produit ses suiveurs, ses “académiciens” et, de novatrice, devient non seulement normative mais répétitive – ennuyeuse…»
«… l’État n’a pas à faire prévaloir tel ou tel “réseau” d’influence, mais l’excellence là où elle se trouve. Surtout, il ne doit exclure aucun médium…»
Lorsque nous avons reçu la pétition L’art c’est la vie, qui circule parmi les artistes plasticiens, bien que nous soyons aux antipodes du vocabulaire employé, nous avons été frappés par l’exaspération non feinte dont elle témoigne, mais surtout par le fait qu’elle soit signée par plusieurs artistes que nous estimons et auxquels nous avons consacré un dossier important sur leur œuvre dans l’un de nos numéros.
Cette pétition qui, en substance, remet en question « la dérive de la politique de l’État français en matière d’art contemporain », nous a donné le désir d’interroger, par le biais d’un questionnaire plus global, quelques-uns des artistes signataires ainsi que des personnalités du monde de l’art (collectionneurs, galeristes, intellectuels, institutionnels) dont nous n’ignorons pas qu’elles sont suffisamment indépendantes d’esprit pour avoir leur propre point de vue.
Car, bien entendu, c’est par la pluralité des points de vue que nous parviendrons à faire un constat “objectif” de ce qui est à mettre au crédit de l’État en matière d’art contemporain, mais aussi ses dysfonctionnements, voire ses effets pervers.
Comme les lecteurs le savent, depuis le début de la création de notre revue en mai 2002, nous défendons les liens entre l’art du passé et celui du présent ; les artistes en France ; la diversité des médiums (peinture, sculpture, photographie, vidéo, installation), mais également des générations, des origines, des esthétiques… tous thèmes que les rédacteurs et les signataires de L’art c’est la vie abordent. D’où, pour nous, la nécessité de préciser notre position.
Nous sommes contre tout art “officiel” (déclaré ou implicite). Par éthique : l’art officiel fonctionne toujours par exclusion ; et par goût : aussi intéressante soit-elle, toute esthétique qui devient hégémonique produit ses suiveurs, ses “académiciens” et, de novatrice, devient non seulement normative mais répétitive – ennuyeuse. Y a-t-il un art “officiel” en France ? Vu du reste de l’Europe et des États-Unis, force est de constater que, à chaque fois que vous interrogez un conservateur ou un artiste de ces différents pays, il vous répond que non seulement les galeries françaises ne promeuvent pas suffisamment leurs artistes (où sont vos peintres ? Vos sculpteurs ? Vos photographes ?) mais que l’État français soutient presque exclusivement un art “critique et politique”, influencé par les conceptuels radicaux des écoles de New York et de Los Angeles des années soixante-dix (voix communautaires, féminisme, critique de la société de consommation, etc.), et que ce n’est évidemment pas avec ce courant – déjà inscrit dans l’histoire de l’art du XXe siècle – que nous parviendrons à émerger sur le marché international (notons, pour ceux que cela intéresse, que ce dernier privilégie depuis toujours la peinture, la sculpture, et depuis peu le dessin et la photographie dite “plasticienne”).
Que l’on ne se méprenne pas : notre revue est très impliquée dans la confrontation de l’art à l’histoire – aux tragédies de l’histoire. C’est bouleversant de voir comment les artistes qui les ont subies ou y sont sensibles répondent avec leurs faibles moyens – humainement, symboliquement – à la toute puissance de la barbarie. Mais de toute évidence, si Guernica est un chef-d’œuvre, c’est parce qu’il est autant une réponse au scandale du bombardement en 1937 de la petite ville basque espagnole qu’un renouvellement des formes produites par Picasso lui-même… Pour le dire autrement : à se satisfaire d’une simple dénonciation (encore que, en France, vous remarquerez que l’on ne dénonce pas grand-chose : il s’agit plutôt d’une “attitude”), l’art “critique et politique” n’est plus un art, mais un message : de l’information. Et si, aujourd’hui, nous pouvons voir l’œuvre d’un Malevitch, d’un Tatline, d’un Rodchenko, d’un Dziga Vertov ou d’un Eisenstein, c’est évidemment moins pour leur message qui, pour nombre d’entre eux, se voulaient propagandistes d’un avenir radieux inhérent à l’enthousiasme lyrique de la révolution d’Octobre, que par le formidable jaillissement de nouvelles formes nécessaires à l’efficacité de ce message : mais – autre leçon de l’Histoire – toujours dans l’exemple soviétique (on pourrait citer n’importe quel autre État totalitaire) – les “bureaucrates” ont tué soit physiquement soit psychiquement les “artistes”; et, cette lamentable mise au pas de leur propre avant-garde artistique par les tenants du Réalisme stalinien devrait en faire méditer plus d’un.
Cela dit, soyons clair : l’art n’est pas unidimensionnel. Si l’art “critique” a sa nécessité, il n’est pas le seul. L’art est, par définition, multiplicité, diversité, ouverture. C’est même ce qui différencie les grandes œuvres des autres. Si – aujourd’hui – vous pouvez relire Dostoïevski ou revoir Rembrandt, c’est parce qu’il y a plusieurs niveaux de lecture, plusieurs “régimes” du regard que vous percevez au fur et à mesure de votre propre expérience ; c’est parce que, bien qu’issues d’un contexte, surgies de lui, ces œuvres s’en affranchissent pour devenir nos contemporaines. D’aucuns diront : tout cela est dépassé (autre variante : du passé faisons table rase !). Nous ne leur rétorquons pas. Nous citerons Robert Storr, chef du département des peintures et sculptures du MOMA de New York et actuel directeur de la biennale de Venise : « Des confrontations sérieuses entre le travail des jeunes générations et celui toujours actif des précédentes, voilà où est l’avenir de l’art comme il l’a toujours été. » Et aussi : « Lancer des tendances, suivre la vague, voire flairer ou anticiper le goût ne m’intéressent pas beaucoup. Aujourd’hui, ce que font les artistes est tellement varié et si largement dispersé qu’il est réellement futile de se préoccuper comme jadis de “tendance artistique majeure”, ou même, pour être plus polémique, de vérité majeure. »
Il faut que l’État se méfie de sa propre tendance à l’instrumentalisation. Pour nous, outre son rôle prépondérant en matière d’infrastructures culturelles pouvant permettre de voir les artistes vivant en France (si nous ne défendons pas “nos” artistes, qui le fera ?) et en matière d’éducation artistique (nous y reviendrons dans un prochain numéro), il ne doit en aucun cas privilégier une esthétique au détriment d’une autre. Surtout, il ne doit exclure aucun médium : quels sont ceux qui – en France – ont décrété que la peinture et la sculpture étaient périmées alors qu’elles sont toujours d’actualité dans le reste du monde ? Au nom de quoi ? Au bénéfice de qui ? L’État n’a pas à faire prévaloir tel ou tel “réseau” d’influence, mais l’excellence là où elle se trouve. Il doit soutenir tous ceux qui promeuvent la diversité de l’art en France : d’une part, parce qu’à notre connaissance, il n’y a pas “d’art français”, et d’autre part, parce que comme ce fut le cas dans le foisonnement de l’entre-deux-guerres, une multitude d’artistes d’ici et d’ailleurs créent dans notre pays. Ce n’est pas seulement une réalité, c’est également une spécificité qui, si elle est mise en avant, peut – sans doute – emporter l’adhésion internationale (à ce sujet, une proposition : en complémentarité à ce qui est principalement montré depuis deux décennies dans les institutions muséales françaises, il nous semble qu’il serait judicieux d’organiser une grande exposition donnant à voir la peinture et la sculpture créée en France depuis les années soixante-dix jusqu’à nos jours…).
Encore un mot : nous ne prétendons aucunement détenir la “vérité”. Nous essayons simplement de répondre – avec nos propres moyens – au désarroi exprimé par les artistes eux-mêmes. C’est pour cela que, pour avoir une idée plus juste de la réalité de “l’état de l’art contemporain en France”, nous avons besoin de points de vue personnels (et indépendants). De ceux qui s’expriment ici et que nous remercions chaleureusement. Du vôtre – si vous le désirez – en rejoignant la rubrique Débats de notre site www.artabsolument.com. Notre souhait est que, par-delà les positions esthétiques de chacun, par-delà les inévitables (et souhaitables) divergences d’analyse, le débat ait lieu…

L’État et l’art contemporain en France
Pour ouvrir le débat, nous avons décidé d’interroger une quinzaine d’artistes et de professionnels de l’art (galeristes, collectionneurs, sociologues, institutionnels) dont nous sommes loin d’ignorer que, par-delà les effets de mode, ils ont su garder leur indépendance d’esprit.
De la différence entre un artiste et un créatif
1 | Qu’est-ce qu’un artiste pour vous aujourd’hui ? Doit-on faire un distinguo entre un créatif (dans le sens où un couturier de grand talent, par exemple, lorsqu’il présente sa nouvelle collection, la crée) et un artiste qui, certes, peut vendre ce qu’il produit, mais dont l’œuvre – l’enjeu symbolique – n’est pas directement liée à cela ? Autrement dit, doit-on faire une différence entre les “artistes” qui sont liés à une nécessité intérieure et les “créatifs” qui répondent le plus souvent à une commande extérieure ? Ou, au contraire, pensez-vous que, de nos jours, tout le monde est artiste et que de faire une distinction entre les arts majeurs et mineurs, les médiums de l’art (la peinture, la sculpture, la photographie, la vidéo, etc.), et la publicité, la mode ou le design, n’est pas pertinent ?
L’art et le public
2 | On sait que, de nos jours, aller au musée, voir de grandes expositions, s’intéresser à l’art, est devenu l’un des pôles symboliques de notre société. Nous ne pouvons certes que nous en réjouir. Cela dit, sans les clefs pour mieux percevoir l’œuvre, que se passe-t-il au juste ? Ne doit-on pas se défier de la tendance à “l’art spectacle”, au “divertissement”, au “zapping” que certaines manifestations dites grand public induisent ? Si oui, comment y remédier ? Par l’éducation artistique à l’école ? Par une plus grande place de l’art et de la culture dans les grands médias nationaux ?
L’art contemporain et l’État
3 | Quel rôle l’État doit-il jouer ? Quelle(s) réforme(s) l’État devrait-il entreprendre pour que la diversité des artistes vivant en France soit mieux représentée – à Paris, mais aussi en région, et ce, évidemment, quels que soient leur médium, leur génération ou leur origine ?
Y a-t-il un art officiel en France ?
4 | Y a-t-il le choix préférentiel d’une “esthétique” au détriment de toutes les autres par les principales institutions françaises (musées nationaux, centres d’art contemporain, FRAC, CulturesFrance, etc.) – une “esthétique” qui, au fil des ans, est devenue quasi officielle ? Si oui, laquelle ? Et pour quelles raisons ?
La place de la France ?
5 | Aujourd’hui, comme ce fut le cas dans l’entre-deux-guerres, des artistes de toutes origines résident en France. Comme on le sait, la diversité (Picasso, Brancusi, Chagall, Man Ray, etc.) a fait partie intégrante de la prépondérance de la France par rapport aux autres nations du marché de l’art. Or, aujourd’hui, les artistes de la “scène française” sont peu ou prou marginalisés. Quelles sont pour vous les priorités nécessaires pour leur reconnaissance ? Comment concevez-vous le rôle des galeries ? Des fondations ? Des collectionneurs privés ? Du mécénat ? Des foires d’art contemporain ?
Histoire de l’art
6 | Sans les cinéphiles, tout le monde ignorerait le cinéma d’auteur. Sans les lecteurs passionnés de littérature, les bons écrivains qui finissent par émerger de l’édition courante. Dans les arts plastiques, les tenants de “l’avant-garde” – en déniant toute validité au regard d’autrui (des autres artistes, des critiques, des conservateurs de musée, des collectionneurs, du premier cercle des amateurs d’art, du public éclairé, etc.) – semblent cautionner une amnésie générale de l’histoire des formes permettant la promotion de “nouveautés” déjà fort éculées. Autrement dit : l’histoire de l’art (c’est-à-dire la chronique des mouvements et des œuvres qui créent un avant et un après) continue-t-elle à se constituer malgré l’uniformisation esthétique produite par les inévitables effets de modes, ou est-elle vouée à disparaître ?
Son œuvre, qui fut l’une des premières à s’exposer dans la rue, mêle le dessin, l’affiche, la photographie et l’installation. Témoignant de combats sociaux, humanitaires et/ou poétique, elle allie l’élégance plastique à l’inscription ponctuelle dans un lieu. Incontournable. Signataire de la pétition.
« Flatter le sentiment de caste, d’être une élite d’avant-garde éclairée… Après “l’art qui interroge l’art”, ça se resserre : l’art qui ne parle qu’au milieu de l’art. »
1 | Vous avez raison de commencer par ça. Cette espèce de flou, de “tout égal”, “tout se vaut” qui s’est développé au début des années Lang est sûrement une des causes des dérives que nous connaissons aujourd’hui. C’est durant cette période – et ça n’a fait que s’aggraver – que l’on a assisté à la nomination de fonctionnaires culturels émergents qui ont instillé dans le domaine de l’art des comportements tendance venus de la communication et de la mode. Il y a quelques jours, un ami collectionneur qui venait d’acquérir un Rebeyrolle m’a raconté qu’un de ces inspecteurs de l’art lui avait dit : « Vous avez vingt ans de retard… » Ce n’est pas ce qui se porte cette année.
2 | Je doute que l’on puisse vraiment “y remédier”. Cet art que vous qualifiez “spectacle” ou “zapping” est naturellement sécrété et modelé par la marchandisation généralisée de la société. Face à ce constat – excusez-moi, j’anticipe sur la question suivante –, le rôle de l’État pourrait être d’œuvrer à rééquilibrer les choix dictés “hégémoniquement” par le marché et ses ramifications. Je pense par exemple à ce qui s’est passé pour les arts dramatiques. Si, face au théâtre privé et à sa nécessaire rentabilité, il n’y avait eu les maisons de la culture puis les centres dramatiques et les scènes nationales, des œuvres comme celles de Koltès ou de Vinaver auraient-elles pu atteindre une vraie audience ? Les propositions de Vitez, Françon, Lavaudant, Py ou Sivadier, trouver leur public ? Dans le domaine des arts plastiques, les représentants du secteur public ont servilement choisi de s’aligner sur les choix du marché international et des modes imposées qui l’accompagnent. Une anecdote récente et révélatrice pour étayer ce constat : la commission chargée de choisir les œuvres liées à l’installation du tramway à Nice a abouti à la décision d’implanter une œuvre de Jeff Koons sur la place principale de la ville. Peut-on faire un choix plus convenu, plus servilement subordonné ? Qui n’a pas son caniche ? Finalement, aux dernières nouvelles, l’œuvre était trop chère, la ville y aurait renoncé ! Pour revenir à la question, bien sûr il faut souhaiter un vrai projet de sensibilisation artistique à l’école. On y rencontre des expériences remarquables qui reposent beaucoup sur la générosité, l’enthousiasme, la culture des professeurs. Souvent, ça frise l’apostolat. Il faudrait une volonté politique, c’est-à-dire aussi des moyens. Mais la question reste le rôle, la fonction de l’art au sein de la société.
3 | À voir le bilan de quelques décennies de politique “arts plastiques”, la question n’est-elle pas plutôt : l’État (et son ministère de la Culture) doit-il jouer un rôle ? Récemment, Mme Tasca a déclaré que les arts plastiques étaient entre les mains d’une nomenklatura. Dommage qu’elle n’ait pas fait ce constat lorsqu’elle était rue de Valois ! Il s’est en effet constitué – et tous les ministres de la Culture depuis trente-cinq ans y ont contribué – un véritable quadrillage du territoire, un “normatage” à la fois bureaucratique et mondain de la création. En 1984 déjà, j’ai assisté à cette scène : un conseiller artistique disait au directeur d’une galerie municipale « Si tu ne fais pas les conceptuels Allemands, t’as plus un sou. » On peut, depuis, collecter une multitude de diktats de cet ordre.
Sans que rien dans leur parcours, leur expérience ne le justifient, des fonctionnaires décident de ce qu’est, de ce que doit être l’art d’aujourd’hui. Fonctionnaires parés de tout le confort et les sécurités que cela assure… Il leur faut paraître audacieux et subversifs ! Ce désir, conjugué à la naïve et narcissique obsession de n’avoir rien loupé, en fait des gogos prêts à avaler les plus indigentes transgressions et (en se promouvant), les promouvoir. On mesurera combien, conformisme en creux, ce fonctionnement est symétrique et, dans le fond, héritier de la bourgeoisie du XIXe siècle, refusant toute innovation. On a les Bouguereau que l’on mérite. Combien de ces expositions aux provocations convenues, qui n’avaient pour objectif implicite que les commissaires apparaissent eux-mêmes pour les créateurs. Le beurre, l’argent du beurre et…
Parce qu’il aboutit à des diktats, des radiations, des censures, qu’il porte atteinte à des principes démocratiques de base, qu’il participe de fait au rejet de l’art d’aujourd’hui et en fausse gravement l’appréhension, il est évident qu’il faut remettre en cause le pouvoir dirigiste et opaque octroyé au clergé autoproclamé de l’art contemporain. Je sais, bien sûr, que certains dans ces services ont une autre conception de leur rôle et qu’ils tentent de lutter contre ces dérives… mais la peau du pachyderme est épaisse. En même temps, on pourrait se demander si ce type de comportement, notamment cette propension à s’aligner sur les goûts (des) dominants, n’est pas comme la nature de cette fonction. Un responsable de la DAP m’a assuré récemment : « Tu sais, j’ai engagé des types qui n’étaient pas dans la ligne… Six mois après, ils faisaient les mêmes choix que les autres. » Pour limiter ces formatages que génèrent les dogmatismes bureaucratiques successifs, il serait nécessaire que les institutions œuvrent essentiellement à diversifier, à multiplier les sources de commandes, de propositions, de projets d’expositions et les sources de stimulation et de financement à tous les niveaux et dans tous les secteurs de la société (régions, communes, associations, entreprises, syndicats, comités d’entreprise). Qu’elles visent à favoriser l’éclosion du plus large éventail d’œuvres dans la plus grande diversité de formes, de technologies, de médiums. C’est-à-dire le contraire du “normatage” en cours.
4 | Une esthétique officielle exigerait des choix étayés, une pensée, des critères… C’est dire qu’on ne peut pas parler d’esthétique officielle, il s’agit plutôt de clans officiels, d’artistes officiels promus en fonction des modes et des stratégies personnelles, des plans de carrière de fonctionnaires au goût et à l’échine assez souples pour aimer ce qu’il faut aimer, quand il faut l’aimer… On pourrait répertorier un jour les passions successives de certains et leurs retournements de veste… se souvenir de ces spécialistes de l’art contemporain qui professaient que la peinture était une vieillerie dont il n’y avait plus rien à attendre et qui ont trouvé subitement génial tel peintre (méprisé la veille) dès lors qu’un collectionneur éminent – c’est-à-dire riche et influent – en avait acquis quelques œuvres. Le néo-académisme en cours (qu’est-ce que l’académisme, sinon l’art fait directement pour le musée ?) est adaptable. Il peut aller du presque rien à prétention conceptuelle au bric-à-brac étalagiste kitsch. L’objet trivial, le kitsch, la dérision sont tendance… pendants plastiques de l’idéologie “fin de l’histoire”. Ce ne sont pas des choix innocents… Il est bon aussi que les œuvres n’aient aucune résonance, aucun sens en dehors des systèmes de référence convenus, en cours dans le milieu. Flatter le sentiment de caste, d’être une élite d’avant-garde éclairée… Après “l’art qui interroge l’art”, ça se resserre : l’art qui ne parle qu’au milieu de l’art.
5 | Sachant que nos institutions sont notablement mieux dotées que celles des pays comparables, cette marginalisation dit assez l’échec de la politique menée. J’espère que d’autres répondant à cette question sauront donner le pourcentage d’artistes travaillant en France exposés au centre Pompidou…
6 | Comme pour le cinéma ou la littérature, il existe des passionnés d’art plastique, j’en ai la preuve chaque jour. L’uniformisation esthétique dont vous parlez ne concerne qu’une partie ciblée de la création, celle qui pour l’essentiel propose des œuvres fabriquées à dessein pour plaire et répondre à la demande du moment. Mais l’histoire a montré que les œuvres véritablement novatrices, exigeantes et chargées, qui ne parlent pas que d’elles-mêmes, mais de l’art, de notre temps, des hommes, de leur vie, de leur mort, sont rarement celles promues par les instances officielles de légitimation.

dans Disparition aux Cahiers de l'Égaré
D'autres réponses sur le site de la revue
Visite à Marcel Conche
du 6 au 9 juin 2017, visite à Marcel Conche (95 ans passés) avec François Carrassan;
le 6, bouchons et ralentissements grâce aux Pentecôtistes qui rentrent après un jour de plus pour éviter les bouchons; merci !
nous passons 2 H en fin d'après-midi avec Marcel (nous sommes à Treffort) qui continue à réfléchir et à écrire sur des questions qui l'interpellent (quelles traces son éducation chrétienne a-t-elle laissé dans son oeuvre ? la morale ?);
le 7 au matin, visite du monastère de Brou, deux bonnes heures, je m'attarde devant le retable de Marie appelé les 7 joies de Marie (le 1° juillet, je leur fais le coup des 7 joies de Madeleine aux écrivents de l'été du Léthé à La Coquette), je médite devant le crâne d'une cellule de moine:
cher Hamlet, tes questions to be or not to be ne sont pas mes questions, je ne suis qu'éloise dans la nuit éternelle comme dit Montaigne et ne mérite pas le nom d'être, tout apparaît pour disparaître selon la métaphysique de l'apparence absolue de Marcel, ta conception de la non-séparation entre dormir, rêver, mourir peut-être, je ne la pratique pas, mais il est vrai que depuis peu, je suis sensible à l'unité corps-esprit, à l'intelligence sous les automatismes et l'inconscient, à la permanence sous l'impermanence, à l'éternité sous le temps qui passe (je vais t'écrire plus longuement);
à la librairie, je tombe sur Hildegarde de Bingen et sa petite pharmacie domestique, un ensemble incroyable de remèdes naturels (ils auront droit à regarder les recettes le 1° juillet pour se guérir de leurs mots émaux);
à midi, repas en famille, longs échanges avec le petit-fils, je n'ai pas le réflexe de ramener Marcel au centre des échanges, il est un peu mis de côté, malaise; notre hôtesse est chaleureuse, elle a accueilli un couple de réfugiés kosovar, sans papiers, accueil un peu difficile jusqu'à ce que la maire du village les reçoive officiellement;
le soir, nous optons pour l'auberge bressane, face au porche de l'église du monastère de Brou, au soleil couchant; préparatif des soirées son et lumière, nous avons droit à des musiques sacrées et profanes, le service est impeccable, un peu surréaliste avec le maître d'hôtel, Jérôme, un tentateur des plaisirs de bouche, repas sublime avec des plats de grande classe et mignardises diverses accompagnés de Manicle, servi dans des verres armoirés AB, je déguste avec et pour AB1, AB2, une improbable AB3, jeux de quel inconscient ? nous avons choisi le menu du marché dit le jardin du pêcheur, je vais féliciter le chef Jean-Pierre Vullin, la chef pâtissière Ginette, je demande à Jérôme si je peux avoir un défilé de 3 calèches en 3D avec la comtesse qui dîne à côté de nous, ce sera pour la prochaine fois, répond-il, le prévenir 48 H avant;
le 8, direction le lac Genin sur demande expresse de Marcel, il y a amené Émilie, Pilar Sanchez, Catherine; promenade dans les herbes fleuries,
je m'essaie à dire, trébuche, je connais si peu les noms, je me contente de voir, savourer la biodiversité, je suis dans le vent et sous le vent, je n'ai pas mon portable, je ne l'emporte jamais et ne peux donc utiliser l'application permettant de reconnaître les plantes; je vais la chanter la biodiversité ne sachant distinguer bleuets, luzerne, trèfle, pâquerettes...;
au retour, nous passons 2 H 1/2 avec Marcel, le petit-fils est là; à un moment Marcel me demande: quand tu décides quelque chose, est-ce que tu sais ce que tu fais, courte réflexion, il me semble que non mais j'assume les effets pervers s'il y en a, eh bien je crois que quand j'ai décidé de partir en Corse, je ne savais pas ce que je faisais; tout le reste du temps a porté sur l'épisode Émilie, qu'est-ce qui l'avait fasciné chez elle, il le sait, le dit, le petit-fils conteste,
(le livre Le Silence d'Émilie édité aux Cahiers de l'Égaré, sorti en 2010, a obtenu le prix Jean-Jacques Rousseau, épuisé);
passionnantes nos interrogations permanentes sur nos amours qui restent toujours et pour toujours mystérieuses donc vivantes ?
passage au caveau du Revermont, caverne d'alcoolibabacool, achat de deux bouteilles de Bugey, un blanc, le spleen de Pauline qui sera là le 1° juillet, un rouge, l'ode à Madeleine, au centre de nos écritures ce jour-là, passage à la fromagerie de Treffort, inscrite sur la route du Comté, quelques chèvres, du comté, du bleu de Bresse;
le 9, retour sans problème de ralentissement; heureux de retrouver la maison, la chatte, les âmes et leurs ombres lumineuses; photos François Carrassan
Les entretiens d'Altillac 2 - Blog de Jean-Claude Grosse
Je rendrai visite à Marcel Conche durant le week-end de Pentecôte, les 11-12 et 13 juin 2011. J'aurai avec moi, le livre Avec Marcel Conche auquel ont contribué 28 auteurs et qui est sorti des ...
http://les4saisons.over-blog.com/article-nouvelles-de-marcel-conche-80523101.html
où il est question d'Émilie
/idata%2F0242346%2Fimagesblog%2FMarcel.jpg)
Note sur le silence d'Émilie/ J.C.Grosse - Les agoras d'ailleurs
Note sur le silence d'Émilie Je ne connais pas Émilie. Je ne connais que ses lettres à Marcel Conche, publiées dans Confession d'un philosophe et dans le Journal étrange. Je ne saurais pas dir...
où il est question du silence d'Émilie
La poésie en politique, dans la vie, à l'école
On a vu l'impact de la lecture de poèmes bien interprétés lors des réunions publiques de Jean-Luc Mélenchon, pendant la campagne présidentielle du 1° tour. Hugo, Eluard, Ritsos, Prévert et d'autres sont venus conclure ces réunions, donnant un souffle différent, élargissant l'horizon, faisant monter une autre émotion, quelque chose de moins éphémère que la parole politique, un moment d'éternité aussi intense que la minute de silence pour les noyés de la Méditerranée à Marseille (le seul à avoir eu un tel geste, merci).
La poésie dans la vie, c'est la lire, la dire, l'écrire. Elle accompagne, apaise, par exemple, il y a des poèmes de "deuil" magnifiques quand on a perdu quelqu'un, je pense à celui d'Elizabeth Frye:
Ne reste pas là à pleurer devant ma tombe,
Je n'y suis pas, je n'y dors pas...
Je suis le vent qui souffle dans les arbres
Je suis le scintillement du diamant sur la neige
Je suis la lumière du soleil sur le grain mûr
Je suis la douce pluie d'automne...
Quand tu t'éveilles dans le calme du matin, Je suis l'envol de ces oiseaux silencieux
Qui tournoient dans le ciel...
Alors ne reste pas là à te lamenter devant ma tombe
Je n'y suis pas, je ne suis pas mort !
Pourquoi serais-je hors de ta vie simplement
Parce que je suis hors de ta vue ?
La mort tu sais, ce n'est rien du tout.
Je suis juste passé de l’autre côté.
Je suis moi et tu es toi.
Quel que soit ce que nous étions l'un pour l'autre avant,
Nous le resterons toujours.
Pour parler de moi, utilise le prénom
Avec lequel tu m'as toujours appelé.
Parle de moi simplement comme tu l'as toujours fait.
Ne change pas de ton, ne prends pas un air grave et triste.
Ris comme avant aux blagues qu'ensemble nous apprécions tant.
Joue, souris, pense à moi, vis pour moi et avec moi.
Laisse mon prénom être le chant réconfortant qu'il a toujours été.
Prononce-le avec simplicité et naturel,
Sans aucune marque de regret.
La vie signifie tout ce qu'elle a toujours signifié.
Tout est toujours pareil, elle continue, le fil n’est pas rompu.
Qu'est-ce que la mort sinon un passage ?
Relativise et laisse couler toutes les agressions de la vie,
Pense et parle toujours de moi autour de toi et tu verras,
Tout ira bien.
Tu sais, je t'entends, je ne suis pas loin, Je suis là, juste de l’autre côté.
On comprend alors l'importance de la poésie à l'école.
J'ai édité en 2004 un livre de 400 pages, 1 Kg, Pour une école du gai savoir; il m'en reste; 3 auteurs (Philippe Granarolo, philosophe, adjoint à La Garde, Laurent Carle et moi-même); pages 247 à 252, on trouve des textes poétiques de jeunes et les deux dernières pages, 392, 393, sont deux poèmes d'élèves de 6°; le livre s'achève sur cette citation de Flaubert : la civilisation est une histoire contre la poésie;
Les Cahiers de l'Égaré ont édité aussi 5 Printemps des poètes dans les collèges du Var (2000-2004), livres présentant les poèmes obtenus par la BIP, brigade d'intervention poétique, une trentaine de poètes intervenant une journée dans 30 collèges; et puis, ça s'est arrêté; les sous, vous savez, il paraît que des fois, il n'y en a plus et puis, ça s'est arrêté l'année où j'ai été éjecté de la Maison des Comoni; c'était une opération financée par le Conseil Général du Var, à l'initiative de Rémy Durand, détaché et attaché culturel de l'IA du Var et de l'Académie de Nice; je faisais partie de la BIP. J.C. Grosse
Voici un vieil article d'Evelyne Charmeux sur ce sujet. Il date d'avril 2008. Comme quoi les blogs ont aussi leur éternité.
La mémoire : quel rapport avec la récitation ? Et avec la poésie ?
Georges Jean, immense poète et théoricien de la poésie en classe, disait : "Il faut tuer la récitation pour sauver la poésie". Apparemment, nos dirigeants n'ont pas lu Georges Jean, et n'ont sans doute ni lu, ni écrit beaucoup de poésie... Les nouveaux programmes qui, avec la démagogie qui les anime, réintroduisent ce terme familier (mais non dépourvu de connotations inquiétantes), nous amènent à réfléchir sur la poésie en classe et sur le rôle de la mémoire dans l'éducation de nos petits.
Parlons de poésie d'abord : on en parle si peu aujourd'hui !
Je voudrais commencer par donner la parole à ceux qui, en leur temps, ont dit des choses, bien oubliées aujourd'hui, mais essentielles sur la poésie et l'école. En commençant par rappeler le cri d'alarme poussé par Josette Jolibert, en 1971, à ce propos, sous le titre : "Il faut réconcilier poésie et pédagogie".
Nous sommes tous des sous-développés en poésie, comme lecteurs et comme créateurs .
Pour combien d’entre nous la poésie est-elle autre chose qu’un “supplément d’âme” occasionnel ?
Et quelle poésie,
plus récente que celle de Baudelaire,
et autre que celle qui “veut dire” quelque chose immédiatement ?
Pour combien d’entre nous René Char ou tel autre poète de notre temps sont-ils confrontation quotidienne?
Et combien d’entre nous écrivent ? créent ?
Prenons-en acte sans nous culpabiliser. C’est une situation historiquement datée. Il est facile de situer les responsabilités en posant ces questions :
quelle formation ?
quelle disponibilité ?
quel environnement culturel ?
quand a-t-on sollicité notre créativité ?
Quand on lit cela, on ne peut qu'être bouleversés : il y a trente-sept ans que ces choses ont été dites, et qu'y a-t-il eu de changé depuis ?
Pourtant, à cette époque, sous l'impulsion des propositions que Georges Jean avait développées dans le chapitre intitulé : "Poésie et approche de la langue poétique" du Plan de Rénovation de l'enseignement du français à l'Ecole Elémentaire, (dont il faut savoir qu'il devait devenir texte officiel, avec l'accord du ministre de l'époque, mais qui subit le veto absolu de Monsieur Georges Pompidou, nouveau président de la République), les propositions concrètes ne manquaient pas.
je souhaite ici faire connaître à nos collègues, quelques extraits au moins du texte de G. Jean, ne serait-ce que pour pouvoir les comparer à ce que disent les nouveaux programmes.
Il serait tout d'abord préférable de remplacer le terme de « récitation » par celui de « poésie ».
Non que la mémorisation des textes poétiques soit abandonnée mais parce que la "récitation" — la diction, plutôt — proprement dite n'est et ne doit être qu'un moment dans l'activité de poésie qu'il est souhaitable de voir instituer à tous les niveaux de l'enseignement élémentaire. (...)
La poésie est propre à rendre à l'enfance ce que l'enfance lui a donné. Et à susciter chez l'enfant le besoin de dire, enfin, tout ce que l'on a à dire, et à le faire partager.
La poésie aurait donc à l'école élémentaire la double fonction de «donner à voir» et de provoquer chez l'enfant le désir de rendre conscient l’inexprimable.
il serait bon d'introduire le plus souvent possible au cours de la classe, des lectures de un ou plusieurs poèmes, lectures faites par le maître ou par des enfants, que traverse la poésie.
Chaque semaine, le ou les textes ayant obtenu la plus grande audience ou celui qui plaît tout particulièrement à un enfant ou au maître, seraient plus spécialement étudiés en vue de la diction et éventuellement de la mémorisation.
Il s'agit d'une imprégnation plus globale qu'analytique et qui concerne aussi bien la sensibilité et l'imaginaire que la conscience claire des formes du discours. On ne cherchera pas à fixer des structures, mais à faciliter pour les enfants qui le désirent la constitution d'un « trésor » personnel de poèmes, susceptible de renaître à chaque appel. Cependant on n'oubliera jamais que la poésie est une langue « qui parle et qui se parle » et l'on accordera la plus grande importance à la perception par l'enfant de la respiration, de la prosodie, de l'accentuation, de l’articulation des textes poétiques. Le premier souci de celui qui dit un poème devrait être de faire entendre le poème, sans le trahir. En même temps, il devrait chercher à ne pas effacer l’originalité unique de sa voix. Car il ne s'agit pas de sacrifier la personnalité de chaque enfant à une perfection académique ou faussement expressive. On se gardera même dans ce sens d'imposer de l'extérieur une expression, une intonation qui ne peut provenir que du seul respect du texte. La plus grande difficulté résultant de cette orientation nouvelle concerne sans doute le choix des textes. « Le meilleur choix de poème est celui que l'on fait pour soi » disait Eluard. C'est-à-dire qu'il y a beaucoup à attendre dans ce domaine de la curiosité, de la sensibilité, de la culture des maîtres. Par ailleurs, il n'est pas vain de parler à ce sujet, « d'expériences poétiques », dans la mesure où le maître et les enfants «essaient» les textes les plus divers et retiennent ceux qui semblent convenir aux uns et aux autres, et même s'inscrivent dans certaines circonstances précises.
Je voudrais souligner, dans ce très beau texte, l'immense respect de l'enfant qui l'anime et le sens poétique profond qui s'en dégage.
Aujourd'hui, que trouve-t-on dans le projet de nouveaux programmes ?
1- Pour l'école maternelle : "Dire ou chanter une dizaine de comptines avec une bonne prononciation".
Il n'est pas précisé ce qu'est une "bonne" prononciation...
Il est vrai que dès la grande section, il s'agit d'avoir en plus "un ton approprié". On ne précise pas non plus ni à quoi doit être approprié ce ton, ni en quoi il consiste.
2- Au CP et au CE1 : "Dire de mémoire de courts poèmes ou des comptines, en mentionnant le titre et l'auteur, en respectant le rythme et en ménageant des respirations, et sans commettre d'erreurs (sans oublis ou substitutions)".
Avouez que c'est là une conception délicieusement romantique, et tout à fait propre à éveiller le sens poétique des enfants ! Josette Jolibert doit être rassurée...
3- Quant aux CE2, CM1 et CM2, ils devront "dire sans erreurs et de manière expressive, une dizaine de textes en prose ou de poèmes"
Comme plus haut, on ne précise pas ce qu'est une "manière expressive", mais on peut surtout remarquer que la sanction des erreurs prime de toute évidence le sentiment poétique... On est loin des "moments de poésie" ; on est loin du "trésor" personnel et de la langue "qui parle et qui se parle ", on est très loin de la culture.
Il est donc incontestable que le retour de ce terme de récitation a fait disparaître non seulement le terme de "poésie", mais tout l'esprit de cette "rose inutile et nécessaire" (G. Jean), dont le rôle dans l'éducation est une évidence démontrée depuis toujours.
Mais il y a plus grave.
Je vois dans l'utilisation de ce terme, — amalgame (encore un) entre mémoire et récitation —, une volonté, sans doute parfaitement consciente, de mise au pas des élèves.
Avez-vous remarqué que toutes les formes d'obscurantisme, religieux ou non, n'enseignent qu'avec de la récitation de textes appris par cœur ? Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi ?
C'est que, figurez-vous, pendant qu'on récite, on ne pense pas ! La récitation occupe tout le cerveau qui n'a plus besoin même de comprendre ce qu'il débite, et qui se laisse dévorer de l'intérieur par des mots étrangers à lui.
Rien à voir avec la mémoire, qui est nourriture de la pensée et qui se nourrit elle-même, non point d'apprentissage par cœur, mais de mille, cinq mille lectures. C'est en lisant et en relisant des poèmes chaque jour, avec le texte sous les yeux — parce que la poésie ne souffre pas que l'on ait des trous de mémoire, et parce que le vécu poétique n'a rien à voir avec un contrôle de mémorisation — que la mémoire se nourrit.
Qu'elle soit chose essentielle et qu'il faille la développer, cela va de soi.
Le problème, c'est que jamais le fait de "réciter" n'a développé la mémoire, ni quoi que ce soit d'autre, du reste.
Ce qui est essentiel, c'est de savoir par cœur des quantités de textes (pas une "dizaine"... !). Et ce n'est pas du tout pour les réciter : Ils servent, ces textes, à fabriquer le miel culturel de chacun, celui qui fait réfléchir, qui structure la pensée et qui équilibre la personne. La mémoire, il faut le répéter, n'existe et ne se développe que par des lectures, encore et toujours recommencées.
Est-il certain qu'une méthode syllabique d'enseignement d'icelle prépare bien à cela ?
Commentaires de Christian Montelle
Pour inspirer l'amour et non la haine des poèmes, le récital de poésie commence à être connu : il marche vraiment très bien. De nombreux collègues peuvent en témoigner.
Le récital de poésie
Bon ! la récitation ennuie à mourir beaucoup d’élèves, même si elle en réjouit d’autres. Comment la rendre attractive ? Imaginez-vous (souvenir…) en train de dire un poème devant des camarades qui ne vous écoutent pas, puisque tous connaissent déjà le texte par cœur, et à l’intention d’un professeur qui ne guette que vos oublis ; vous voilà donc en train de réciter un poème que vous n’aimez pas forcément et que vous avez plus ou moins compris. Cette perspective vous plonge-t-elle dans l’allégresse ou dans la morne acceptation d’une corvée inévitable ? Ne peut-on imaginer de donner vie de façon plus jubilatoire aux beaux poèmes de notre patrimoine ? Je veux en présenter une, parmi tant d’autres, et qui plaît beaucoup aux élèves : le récital. Avec mes élèves nous avons constitué au fil des ans des fichiers de poésie, un pour les 6e/5e et un autre pour les 4e/3e. Nous approchons des trois cents poèmes dans chaque fichier : que des beaux, des bons, des gouleyants, des signifiants, des qui nous plaisent (le maître participe au choix), en toute subjectivité. Fiches au format B5, poèmes collés proprement, et comprenant au verso une notice sur l’auteur.
Le travail sur la voix, évoqué plus haut, a été effectué, des poèmes étant lus par le professeur ou les élèves comme exemples. Le récital est annoncé avec quinze jours d’avance (ou un mois…). Des paquets de fiches sont distribués à chaque élève. Lecture silencieuse, choix du poème que chacun va « offrir » à la classe (ou à un auditoire plus large).
Le jour du récital arrive, réservé à la classe aujourd’hui. Consignes : après la musique de début (une musique qui reviendra de temps en temps lors des silences, une musique douce, un peu envoûtante : Suite pour violoncelle de Bach, par exemple), seule la poésie aura la parole. Aucun commentaire d’élève ou de professeur, mais tout le monde, y compris le professeur, pourra dire, lire, chanter, crier, psalmodier — en un mot donner voix — à un ou plusieurs poèmes, du lieu de la classe qu’il choisira, de la façon qui lui semblera convaincante. Le récitant doit articuler, prendre son temps, car les autres ne connaissent pas son poème ; il leur offre, d’amitié, le texte qui l’a conquis lui-même. L’écoute est maximale, le silence d’une densité incroyable. Il faut avoir vécu une de ces séances pour savoir l’émotion que peut engendrer un poème dit, vraiment dit, quand le silence est un berceau dans lequel la parole prend une vie nouvelle. La musique clora doucement la séance et permettra de revenir dans le monde de la classe où, toutefois, aucun jugement ne sera porté, aucune note ne sera donnée. En effet, cette prestation est tellement personnelle et authentique que ce serait juger la personne de façon terrible que d’ajouter quelque chose à la voix entendue. Ces récitals plaisent tellement aux enfants qu’ils sont une récompense : Monsieur, s’il vous plaît, on prépare un récital de poèmes ? Je ne rêve pas : essayez !
Bien sûr, un récital peut être donné à une autre classe qui rendra la pareille, à des parents lors d’une fête, mais cela est secondaire. Le premier objectif visé est l’émotion partagée qui fonde la classe, pas la représentation qui place le poème au second plan.
Une variante peut être amenée, en fin d’année, lorsque la diction est bien maîtrisée : c’est l’enregistrement au caméscope. Il est recommandé d’utiliser un micro de proximité de bonne qualité pour garder toute l’émotion contenue dans les voix. Une caméra qui fait des gros plans, qui tourne autour du récitant, qui glisse sur le public, voilà de bons exercices, assez faciles, pour mettre en pratique les études sur l’image. La cassette/CD/DVD audio ou vidéo pourra être dupliquée pour les familles, passée sur le circuit interne ou la radio du collège, proposée à quelque cyberjournal : offrir un poème à un enfant du bout du monde !
Extrait de :Christian Montelle, La parole contre l'échec scolaire, l'Harmattan, 2005
Chère Eveline,
Vous écrivez :
"Ce qui est essentiel, c'est de savoir par cœur des quantités de textes (pas une "dizaine"... !). Et ce n'est pas du tout pour les réciter : Ils servent, ces textes, à fabriquer le miel culturel de chacun, celui qui fait réfléchir, qui structure la pensée et qui équilibre la personne. La mémoire, il faut le répéter, n'existe et ne se développe que par des lectures, encore et toujours recommencées. "
En tout cas, je pense que le poème n'existe pas tant qu'il ne s'est pas envolé dans la parole. Le poème fait plus souvent ressentir que réfléchir. Ressentir par le fait qu'il ouvre de façon différente nos yeux sur le monde.
Le poème est aussi musique et, comme une partition, il a besoin d'être interprété. Quel plaisir peut-on éprouver à lire une partition bouche fermée ?
Chacun interprète le poème de façon différente et c'est un formidable plaisir de partager cette diversité qui enrichit chaque auditeur.
On peut lire, réciter, psalmodier, chanter les poèmes. Qu'importe si on leur donne des ailes ! Les ailes du désir. Les ailes du plaisir. Les ailes du partage.
Revenir à la récitation ancienne n'a pas tout à fait ces objectifs ! La récitation-corvée tuera encore un peu plus la poésie !
Le Chercheur/Lars Muhl/Flammarion
Le Chercheur
Lars Muhl
Flammarion 2017
C'est sur proposition de Flammarion que je me suis retrouvé lecteur en avant-première de ce 1° tome d'une trilogie de Lars Muhl, O manuscript, comprenant The Seer, The Magdalene, The Grail.
The Seer, Le Voyant, Le Chercheur a été publié en 2012.
Traduit pour la 1° fois en français, Le Chercheur, est le récit d'une série de rencontres initiatiques entre le narrateur et le Voyant. Ayant de lui-même renoncé à une carrière de musicien, ayant renoncé à la plupart des illusions auxquelles aspirent la plupart des gens, réussite, reconnaissance, argent, pouvoir, vivant solitaire et de peu, le narrateur semble avoir atteint le fond car il n'a pas encore pleine conscience de la fausseté des artifices et paillettes qui attirent la plupart.
Il entreprend un voyage en train depuis Copenhague jusqu'en Espagne, voyage décrit en plusieurs épisodes, alternant avec le récit des rencontres, des expériences et leçons données par le Voyant. Entre chaque épisode de ce voyage, des rencontres ou plutôt dans un premier temps, des réponses à des invitations.
Il se rend là où un mystérieux interlocuteur l'invite à se rendre, révélant ainsi une disponibilité propice à l'initiation. Il en a déjà fini avec d'innombrables freins et liens, avec d'innombrables peurs. C'est au pied de Monségur que le mystérieux personnage, le Voyant, va se montrer, lui faisant vivre des montées ardues et des rencontres annoncées.
En grimpant cette montagne réelle, il va découvrir ce pour quoi il est destiné, ce qu'il désire vraiment qui consiste à « être présent en tant qu'être humain », sacrée montagne, autrement plus ardue que celle de Monségur.
L'initiation passe par des expériences, celle du sac à dos que le Voyant charge de pierres réelles, métaphores ou symboles de poids psychiques dont il doit se libérer, se soulager.
Le Voyant a des « pouvoirs » extraordinaires mais prenons le mot « pouvoir » avec précaution puisque ce mot est récusé par le Voyant. Pour un lecteur n'ayant pas été initié, cela ressemble à des pouvoirs. En réalité, c'est parce qu'il se hisse à une conscience nouvelle, plus globale que les niveaux de conscience acquis et transmis, parce qu'il réussit à se rendre isogyne, seulement et pleinement humain, non-déterminé par le genre, non-personnalité, disponible sans limites qu'il est capable de modifier, de transformer l'état de celui qui fait appel à lui, en dernier recours, pour le guérir de sa maladie ou le sortir de son état moribond car il est d'abord malade, il se meurt de ses pensées nocives. Ce sont nos poisons qui nous empoisonnent. Et c'est parce qu'il est en harmonie avec l'univers, qu'il est synchrone avec le flux de la Vie qu'il peut aider l'autre, induire en lui cette harmonie. Il est responsable de cet autre qui se livre à lui. Et peut donc répondre concrètement à la question que puis-je faire pour lui ?
La question de Hamlet, être ou ne pas être, doit retrouver toute sa force de questionnement. Pour être, il faut savoir ce qu'on n'est pas, se purifier, se raffiner, se rendre invisible, gagner en élégance et en humour, (l'humour doit être désarmant et donc me désarmer, surtout quand je me heurte à un obstacle, à un échec ; de lourd, le rendre léger), développer attention et concentration, remplacer l'instinct par l'intuition, devenir un véritable artiste c'est-à-dire être à l'écoute de l'harmonie universelle, en harmonie avec les lois universelles, devenir un danseur cosmique. Ce qu'est sans doute la Dona, la gitane croisée à Malaga dont l'élégance naturelle (elle est l'élégance) éclipse toutes les beautés artificielles qui cherchent à se mettre en valeur sur la Promenade.
De Vinci est décrit comme un ambassadeur de visions, transformant ce qu'il recevait dans un esprit identique à celui contenu dans ce qu'il recevait. L'artiste a pour mission de transformer ce qu'il a reçu avec sa conscience qu'il s'est exercé à aiguiser, à rendre extrêmement sensible, venu de l'humain et du cosmique. Et de lui proposer l'exercice de visualisation de la flamme d'une bougie. Deux sortes de lumières sont évoquées, la lumière bleu gaz qui renvoie à toutes les énergies physiques, la lumière dorée qui renvoie à l'énergie spirituelle.
Pour quelqu'un qui est en recherche spirituelle, ce récit est nourricier. Nombre de leçons, de formules sont audibles, parlantes, incitatives à un travail de dépouillement. Évidemment, on sent des influences venues de l'étude de nombreux textes des traditions et de la mystique. Assez peu de considérations de nature scientifique. Quand cela se produit, ça ne m'a pas semblé convaincant, par exemple les 24 énergies présentes dans une pièce et représentant les mésusages antérieurs de « son » pouvoir par le Voyant.
Pour conclure, ce récit d'initiation n'est pas austère. Le narrateur comme le Voyant sont aussi de bons vivants, aimant bons plats, bons vins, aimant se promener, profiter des lieux comme des gens.
Lars Muhl est entré en 2013 dans la liste Watkins des guides spirituels, le Dalaï Lama en 1° position, Deepak Chopra en 4°, Lars Muhl en 90°. Paulo Coelho est 7°, Jodorowsky, 27°, Benoît XVI, 33°, Rupert Sheldrake, 87°. Aucun des "maîtres" français: Matthieu Ricard, Frédéric Lenoir, Laurent Gounelle, Christophe André, Alexandre Jollien, Jacques Salomé. Bizarre cette liste anglo-saxonne.
On trouve sur you tube des vidéos, hélas aucune en français. Ce livre édité par Flammarion vient donc à propos.
Jean-Claude Grosse
/https%3A%2F%2Fi.ytimg.com%2Fvi%2F0GDEi7OuARw%2Fhqdefault.jpg)
The Gate of Light by Lars Muhl (new version)
Lars Muhl visits "the holiest place on Earth" - Cave 4 at Qumran, in the Judaean Desert of the West Bank, where most of the Dead Sea Scrolls were discovered. But it was also the place where Yeshua ...
https://www.youtube.com/watch?v=0GDEi7OuARw&feature=youtu.be
la porte de lumière
/image%2F0551669%2F20170104%2Fob_cf05f4_ge-nes.jpg)
Le fabuleux pouvoir de vos gènes/Deepak Chopra - Blog de Jean-Claude Grosse
deux livres stimulants, accessibles, sans concessions Le fabuleux pouvoir de vos gènes Deepak Chopra, 2016 Livre de 384 pages, le fabuleux pouvoir de vos gènes demande de l'attention et de la ...
http://les4saisons.over-blog.com/2017/01/le-fabuleux-pouvoir-de-vos-genes/deepak-chopra.html
/image%2F0555840%2F20180602%2Fob_6b594c_images.jpeg)
Petit manuel de navigation pour l'âme / Sabrina Philippe / Flammarion - Les agoras d'ailleurs
de la part d'un gardien de phare bien à terre, un manuel de navigation sur l'immense mer dont il ne voit qu'une petite partie, paradoxe Petit manuel de navigation pour l'âme Sabrina Philippe ...